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Full text of "Cours d'analyse infinitésimale"

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COURS  D'ANALYSE  INFINITÉSIMALE 


COURS 


d'Analyse  Infinitésimale 


PAR 


Ch.-J.  de  la  Vallée  Poussin 

Professeur  b.  l'Université  de  Louvain 
Membre  de  l'Académie  Royale  de  Belgique 


TOME  I 

Troisième  édition 
Considérablement  remaniée 


LOUVAIN 

A.  Uystpruyst-Dieudonné 

ÉDITEUR 

10,  rue  de  la  Monnaie,   10. 


PARIS 

Gauthier-Villars 

ÉDITEUR 

55,  Quai  des  Grands  Augustins,  55. 


1914 


lllf 


JXa  ^  ÎU«4  f^  t^^WjJJIis^^^^^d^  Sif^. 


Avertissement  de  la  troisième  édition. 


Le  texte  de  cette  troisième  édition  a  été  revu  avec  le  plus 
grand  soin  et  nous  lui  avons  apporté  un  grand  nombre  d'amé- 
liorations de  détail.  Toutefois  nous  ne  signalerons  ici  que  les 
modifications  les  plus  importantes. 

En  ce  qui  concerne  la  partie  élémentaire  ou  le  grand  texte, 
nous  avons  abandonné  l'ancienne  définition  de  la  différentielle 
totale  et  adopté  celle  de  Stolz  (*).  La  supériorité  de  cette  défi- 
nition a  été  mise  en  lumière  par  les  travaux  de  MM.  S.  Pier- 
PONT  (**),  Fréchet  (***)  et  surtout  W.  H.  Young  (****).  Elle  est 
indiscutable  ;  les  théorèmes  découlant  plus  directement  des 
principes,  la  théorie  de  la  différentiation  des  fonctions  explicites 
et  implicites  devient  plus  serrée  et,  par  le  fait,  plus  satisfai- 
sante. Signalons  encore  que  nous  avons  précisé  les  démonstra- 
tions relatives  aux  applications  géométriques  en  introduisant 
les  hypothèses  de  continuité  ou  de  dérivabilité  au  fur  et  à 
mesure  de  leur  nécessité  seulement. 

Passons  maintenant  aux  théories  plus  élevées  données  dans 
le  petit  texte.  Nous  avons  rejeté  dans  l'introduction  et  simplifié 
la  théorie  de  la  mesure  des  ensembles  qui  embarrassait  précé- 
demment le  chapitre  relatif  aux  intégrales  définies.  Nous  avons 
refondu  tout  entière  la  théorie  de  l'intégrale  de  Lebesgue,  mais 
nous  avons  conservé  le  procédé  que  nous  avions  introduit  précé- 
demment pour  remonter  de  la  dérivée  à  sa  primitive.  Plusieurs 


(*)  Stolz.  Grunzuge  der  Differeniiaî  und  Integral-Rechnung,  1. 1,  Leipzig  ; 
I893. 

(")  J.  PlERPONT.  Theory  of  fonctions  ofreal  variables,  t.  I,  Bos'on  ;  igoS. 

(•")  M.  Fréchet.  Sur  la  Notion  de  différentielle  totale.  Nouvelles  aiiuales 
de  mathématiques,  4*^  série,  t.  XII  ;  191a. 

(****)  W.  H.  Young.  The  fundamental  theorems  of  Differeniiaî  Calculas, 
Cambridge,  1910. 


VI  AVERTISSEMENT  DE  LA  TROISIEME  EDITION 


années  d'expérience  et  nos  recherches  personnelles  nous  ont 
suffisamment  montré  ses  avantages  et  sa  fécondité.  Aussi  bien 
son  utilité  apparaîtra-t-elle  dans  deux  paragraphes  nouveaux, 
l'un  consacré  au  problème  du  changement  de  variable  dans  une 
intégrale  définie,  problème  qui  paraît  recevoir  ici  sa  solution 
définitive,  l'autre  consacré  à  la  recherche  de  la  primitive  d'une 
dérivée  seconde  généralisée,  question  fondamentale  dans  la 
théorie  des  séries  de  Fourier. 

Nous  avions  donné,  dès  notre  première  édition,  une  démon- 
stration très  intuitive  du  théorème  de  Jordan  sur  les  courbes 
fermées.  On  lui  a  reproché  de  n'être  qu'indiquée  (*).  Parmi  d'au- 
tres, ce  reproche  est  le  seul  qui  nous  ait  paru  réellement  fondé. 
C'est  pourquoi  l'on  trouvera  dans  cette  édition  la  démonstration 
développée  dans  tous  ses  détails.  Pour  éviter  toute  équivoque, 
il  convient  d'ajouter  que  nous  considérons  tous  les  termes  de 
cette  démonstration  comme  susceptibles  d'un  sens  purement 
arithmétique. 

Puisse  ce  livre  inspirer  le  goût  de  la  réflexion  et  rendre  ser- 
vice aux  jeunes  gens  qui  désirent  approfondir  les  principes  de 
l'Analyse. 

Louvain,  le  12  septembre  igiS. 


(*)  Encyclopédie  des  sciences  mathématiques,  t.  II,  v.  I,  p.  loo. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


INTRODUCTION 


§  I.  Nombres  réels i 

§  2.  Variables  réelles.  Théorie  des  limites 8 

§  3.  Des  fonctions  d'une  variable  réelle 20 

§  4,  Fonctions  de  plusieurs  variables  réelles        ....  27 

§  5.  Fonctions  élémentaires 3o 

§  6.  Nombres  complexes Sy 

§  7.  Variables  complexes  et  fonctions  rationnelles  d'une  variable 

complexe 42 

§  8.  Des  ensembles  en  général.  Leur  puissance  .        .       -.        .  44 

§  g.  Ensembles  de  points 49 

§  10.  Fonctions  considérées  dans  un  ensemble   ....  56 

§11.  Mesures  des  ensembles  linéaires 5g 

§  12.  Fonctions  mesurables  d'une  variable 67 

§  i3.  Fonctions  (d'une  variable)  à  variation  bornée.  Fonctions 

absolument  continues 72 

CHAPITRE  I. 

Dérivation  des  fonctions  explicites  d'une  variable. 

§  I.  Dérivées  et  différentielles 77 

§  2.  Propriétés  de  la  dérivée.  Nombres  dérivés  ....  92 

§  3.  Dérivées  et  différentielles  successives   .         .        .        .        .  102 

CHAPITRE  II. 

Formule  de  Taylor.  Applications  diverses. 

î^  I.  Formules  de  Taylor  et  de  Maclaurin    .        .        .         .        .  108 

§  2.  Vraies  valeurs  des  expressions  indéterminées       .         .        .  121 

§  3.  Maximes  et  minimes  des  fonctions  d'une  seule  variable      .  120 

§  4.  Décomposition  d'une  fraction  rationnelle  en  fractions  simples  i34 

CHAPITRE  III. 

Fonctions  explicites  de  plusieurs  variables. 

§  1.  Dérivées  partielles  et  différentielles  partielles  ou  totales  des 

fonctions  de  deux  variables 139 


VIII  TABLE  DES  MATIERES 


§  2.  Extension  à  un  nombre  quelconque  de  variables        .        .       i5o 
§  3.  Extension  de  la  formule  de  Taylor  aux  fonctions  de  plu- 
sieurs variables iSj 

§  4.  Maximes  et  minimes  (extrêmes)  libres  des  fonctions  de  plu- 
sieurs variables iSg 

CHAPITRE  IV. 

Fonctions  implicites.  Changement  de  variables. 

§  I.  Théorèmes  d'existences 167 

§  2.  Différentiations  des  fonctions  implicites       .        .        .        .171 

§  3.  Extrêmes  liés i?^ 

§  4.  Changement  de  variables 180 

CHAPITRE  V. 

Intégrales  indéfinies.  Méthodes  classiques  d'intégration. 

§  I .  Procédés  généraux  d'intégration 190 

§  2.  Intégration  des  fractions  rationnelles 200 

§  3.  Intégration  des  irrationnelles  algébriques     ....  207 

§  4.  Intégration  des  fonctions  transcendantes      ....  217 

CHAPITRE  VI. 

Théorie  élémentaire  des  intégrales  définies. 
Intégrale  de  Riemann.  , 

§  I.  Intégrales  définies  considérées  comme  limites  de  sommes  .  229 
§  2.  Relation  entre  les  intégrales  définies  et  indéfinies.  Calcul 

des  intégrales  définies 237 

§  3.  Intégrale  de  Riemann 25o 

CHAPITRE  VIL 

Intégrale  de  Lebesgue. 

§  I.  Définition  et  propriétés  de  l'intégrale  de  Lebesgue      .        .  257 

§  2.  Recherche  des  fonctions  primitives 268 

§  3.  Intégration  par  substitution 280 

§  4,  Théorèmes  sur  la  dérivée  seconde  généralisée.  Recherche 

de  sa  fonction  primitive» 285 

CHAPITRE  VIII. 

Formules  fondamentales  de  la  théorie  des  courbes  planes. 

§  I.  Tangente  et  normale  aux  courbes  planes      ....      292 


TABLE  DES  MATIERES  IX 


§  2.  Longueur  d'un  arc  de  courbe  plane.  Inclinaison  de  la  tan- 
gente      3o3 

§  3.  Sens  de  la  concavité.  Points  d'inflexion  des  courbes  planes  3o6 

§  4.  Courbure  et  développée  d'une  courbe  plane.        .        .        .  3o8 

CHAPITRE  IX. 

Formules  fondamentales  de  la  théorie  des  surfaces 
et  des  courbes  gauches. 

§  I.  Tangente  à  une  courbe.  Longueur  d'un  arc.  Plan  tangent 

à  une  surface 324 

§  2.  Plan  osculateur.  Courbure  et  torsion  des  courbes  gauches.      335 

CHAPITRE  X. 

Calcul  des  aires,  des  arcs  et  des  volumes. 
Evaluation  approchée  des  intégrales  définies. 

§  I .  Quadrature  des  aires  planes 357 

§  2.  Rectification  des  courbes 368 

§  3.  Courbes  continues.  Courbes  fermées 374 

§  4.  Courbes  rectiiiables  et  quarrables.  Intégrales  curvilignes    .  38o 

§  5.  Vclurne  d'un  solide.  Aire  d'une  surface  de  révolution.        .  386 

§  6.  Calcul  des  intégrales  définies  par  approximation.        .        .  392 

CHAPITRE  XI. 

Des  séries. 

§  I .  Généralités  sur  les  séries  à  termes  constants.  Séries  positives  Sgg 

§  2.  Séries  numériques  quelconques.  Opérations  sur  les  séries  .  409 

§  3.  Séries  de  fonctions 417 

§  4.  Séries  potentielles 426 

§  5.  Développement  des  fonctions  réelles  en  séries  potentielles. 

Discussion  du  reste 4.33 

§  6.  Fonctions  entières  élémentaires.  Exponentielles  imaginaires  441 


COURS  D'ANALYSE  INFINITESIMALE 


INTRODUCTION 

§  1.  Nombres  réels 

1.  Nombres  rationnels.  —  Les  nombres  entiers  et  les  nombres 
fractionnaires  positifs  ou  négatifs,  y  compris  le  nombre  zéro, 
forment  l'ensemble  des  nombres  rationnels.  Nous  supposerons 
que  l'on  connaît  les  propriétés  les  plus  élémentaires  de  ces 
nombres  et  que  l'on  sait  effectuer  sur  eux  les  quatre  opérations 
fondamentales  de  l'arithmétique.  Toutefois  il  y  a  lieu  de  rap- 
peler ici  les  propriétés  suivantes  : 

1°  L'ensemble  des  nombres  rationnels  est  ordonné,  c'est-à- 
dire  que  de  deux  nombres  rationnels  différents  a  et  b  l'un  est 
plus  grand  que  l'autre,  par  exemple  b  est  plus  grand  que  a,  ce 
qu'on  écrit 

a  <  b  ou.  b  >  a. 

La  notion  d'ordre  exprimée  par  cette  relation  se  réduit  d'ail- 
leurs à  cette  seule  propriété  du  signe  d'inégalité  que  si  a  est  < 
b  et  b  <  c,  on  a,  aussi  a  <  c. 

2!^  Entre  deux  nombres  rationnels  différents  a  et  b,  on  peut 
toujours  en  intercaler  une  infinité  d'autres  >  que  l'un  et  <  que 
l'autre.  On  dit  qu'un  ensemble  de  nombres  qui  jouit  de  cette 
propriété  est  un  ensemble  dense  et  cette  propriété  s'appelle  la 
densité. 

2.  Nombres  irrationnels.  —  L'introduction  des  nombres  irra- 
tionnels repose  sur  les  considérations  suivantes  : 

Supposons  que  par  un  procédé  quelconque,  et  nous  allons  en 
indiquer  plusieurs,  on  ait  partagé  tous  les  nombres  rationnels 
en  deux  classes,  une  classe  iiiféri<'ui-e  A  et  une  classe  supérieure 


INTRODUCTION 


B,  telles  que  tout  nombre  a  de  la  première  soit  <  que  tout 
nombre  b  de  la  seconde.  Un  tel  partage  s'appelle  une  coupure. 
D'abord  il  est  clair,  ce  partage  étant  fait,  que,  si  le  nombre  a 
est  de  la  classe  A,  il  en  sera  de  même  j)Our  tout  nombre  <  a  et 
que,  si  b  est  de  la  classe  B,  il  en  sera  encore  de  même  pour 
tout  nombre  >  b.  Ce  premier  point  admis,  je  dis  que  trois  cas 
pourront  se  présenter  : 

1°  La  classe  inférieure  A  renferme  un  nombre  m  plus  grand 
que  tous  les  autres  de  la  même  classe,  de  sorte  que  tout  nom- 
bre <  m  est  de  la  classe  A  et  tout  nombre  >  m  de  la  classe  B. 
Le  nombre  m  sépare  donc  la  classe  A  de  la  classe  B  et  nous 
l'appelons  le  nombre  frontière  des  deux  classes. 

2°  La  classe  supérieure  B  renferme  un  nombre  m  plus  petit 
que  tous  les  autres  de  la  même  classe.  Dans  ce  cas  encore,  m 
est  la  frontière  des  deux  classes  :  tout  nombre  <  m  est  de  la 
classe  A  et  tout  nombre  >  m  de  la  classe  B. 

Ces  deux  premiers  cas  s'excluent  l'un  l'autre,  car,  s'il  y 
avait  deux  nombres  frontières  différents  m  et  m',  tous  les 
nombres  compris  entre  m  et  m'  seraient  à  la  fois  de  la  classe  A 
et  de  la  classe  B,  ce  qui  est  en  contradiction  avec  la  définition 
de  ces  classes.  Donc,  s'il  y  a  un  plus  grand  nombre  dans  la 
classe  A,  il  n'y  en  a  pas  de  plus  petit  dans  la  classe  B,  et  réci- 
proquement. 

Ces  deux  premiers  cas  sont  faciles  à  réaliser.  Il  suffit  de  se 
donner  un  nombre  quelconque  m,  on  range  les  nombres  <  m 
dans  la  classe  A,  les  nombres  >  m  dans  la  classe  B.  Le  nom- 
bre m  peut  encore  se  ranger  dans  l'une  ou  dans  l'autre.  On 
obtient  ainsi,  à  son  choix,  le  premier  ou  le  second  des  deux  cas 
que  nous  venons  d'examiner.  Nous  disons,  dans  l'un  et  dans 
l'autre,  que  le  nombre  m  détermine  la  coupure  (A,  B)  et  que 
cette  coupure  est  rationnelle. 

3*^  Enfin  il  peut  se  faire  qu'il  n'y  ait  pas  de  plus  grand  nombre 
dans  la  classe  A  ni  de  plus  petit  nombre  dans  la  classe  B.  Des 
considérations  très  simples  conduisent  à  une  semblable  coupure. 
Soit,  par  exemple,  m  un  nombre  >  0  non  carré  parfait  ;  tous 
les  nombres  rationnels  pourront  se  ranger  en  deux  classes  A  et 
B,  la  classe  A  contenant  tous  les  nombres  négatifs  et  les  nom- 
bres positifs  dont  le  carré  est  <  m,  la  classe  B  les  nombres 


NOMBRES  REELS 


positifs  dont  le  carré  est  >  m.  Il  n'y  aura  pas  de  plus  grand 
nombre  dans  la  classe  A,  car,  étant  donné  un  nombre  quel- 
conque a  dont  le  carré  est  <  m,  on  peut  en  trouver  un  autre 
plus  grand  en  extrayant  la  racine  carrée  de  m  par  défaut  avec 
un  nombre  suffisant  de  décimales  pour  que  le  carré  de  cette 
racine  soit  plus  rapproché  de  m  que  ne  l'est  de  a*.  Pour  une 
raison  analogue,  il  n'y  aura  pas  de  plus  petit  nombre  dans  la 
classe  B. 

Lorsque  cette  circonstance  se  présente,  nous  disons  que  la 
coupure  est  irrationnelle.  Il  n'y  a  plus  de  nombre  frontière 
séparant  les  deux  classes,  car  ce  nombre  ne  pourrait  être  que 
le  plus  grand  de  A  ou  le  plus  petit  de  B.  Nous  créons  alors  un 
nouveau  symbole,  par  exemple  \/2,  7t,...,  défini  par  la  condition 
d'être  plus  grand  que  tous  les  nombres  de  A  et  plus  petit  que 
tous  ceux  de  B,  et  nous  disons  que  ce  nouvel  élément,  qui  s'in- 
tercale entre  les  nombres  rationnels,  est  un  nombre  irrationnel. 
L'ensemble  des  nombres  irrationnels  correspond  à  toutes  les 
coupures  possibles.  Chaque  nombre  irrationnel  est  défini  par 
la  coupure  (A,  B)  qui  lui  correspond,  et  nous  pouvons  désormais 
le  représenter  par  une  lettre  tout  comme  un  nombre  rationnel. 
Lorsqu'un  nombre  irrationnel  a  est  compris  entre  deux  nom- 
bres rationnels  a  et  6  dont  la  différence  est  égale  ou  inférieure 
à  une  fraction  positive  e,  on  dit  que  a  et  5  sont  des  valeurs  ap- 
prochées par  défaut  ou  par  excès  de  a  à  moins  de  e  près.  Un 
nombre  irrationnel  a  étant  défini,  on  peut  toujours  en  trouver 
des  valeurs  aussi  rapprochées  que  l'on  veut,  ainsi  qu'il  résulte 
du  théorème  suivant  : 

Soit  a  le  nombre  irrationnel  défini  par  la  coupure  (A,  B)  ; 
quelque  petite  que  soit  la  fraction  positive  e,  on  })eut  trouver 
respectivement  dans  les  classes  A  et  B  deux  nombres  a  et  b  dont 
la  différence  soit  é^-ale  à  e. 

En  effet,  soit  a,  un  nombre  de  A,  la  progression 

a,,     a,  -f  e,     a,  +  2e,     a,  -}- 3e,... 

croissant  indéfiniment,  renfermera  un  premier  terme  de  la 
classe  B,  par  exemple  a,  +  ne  ==  t.  Alors  le  nom.bre  précédent 
a  -=  a,  4-  (/?  —  i)  e  sera  de  la  classe  A  et  ces  deux  nombres  a  et  b 
satisferont  aux  conditions  du  théorème. 


4  INTRODUCTION 


3.  Nombres  réels.  —  L'ensemble  des  nombres  rationnels  et  des 
nombres  irrationnels  forme  Vensemble  des  nombres  réels. 

Pour  l'ordonner,  il  faut  indiquer  les  relations  de  grandeur 
entre  ses  éléments.  Pour  cela,  il  ne  reste  plus  à  définir  que 
celles  entre  nombres  irrationnels. 

Soit  a  un  nombre  irrationnel  défini  par  la  coupure  (A,  B)  ; 
un  nombre  irrationnel  a'  sera  égal  à  a,  s'il  est  défini  par  la  même 
coupure,  c'est-à-dire  s'il  est  aussi  supérieur  à  tous  les  nombres 
de  A  et  inférieur  à  tous  ceux  de  B  ;  mais  a'  sera  différent  de  a 
s'il  existe  un  nombre  rationnel  compris  entre  eux.  Ainsi  a'  sera 
>  a  s'il  est  >  qu'un  nombre  de  B,  il  sera  <  a  s'il  est  <  qu'un 
nombre  de  A. 

Le  théorème  suivant  prouve  que  la  densité  est  aussi  une 
propriété  de  l'ensemble  des  nombres  réels  : 

Entre  deux  nombres  réels  différents,  on  peut  toujours  inter- 
caler un  nombre  rationnel  et,  par  suite,  une  infinité. 

Si  les  deux  nombres  sont  irrationnels,  le  théorème  se  confond 
avec  la  définition  même  de  l'inégalité.  Si  l'un  des  nombres  est 
irrationnel  et  défini  par  la  coupure  (A,  B),  tandis  que  l'autre 
est  rationnel,  celui-ci  sera  de  la  classe  A  ou  de  la  classe  B  et 
ne  pourra  être  ni  le  plus  grand  de  A  ni  le  plus  petit  de  B,  la 
conclusion  est  donc  la  môme.  Enfin  le  théorème  est  supposé 
connu  (n**  i,  2°)  si  les  deux  nombres  sont  rationnels. 

L'ensemble  des  nombres  réels  jouit  d'une  propriété  que  ne 
possédait  pas  l'ensemble  des  nombres  rationnels  et  que  l'on  peut 
exprimer  par  le  théorème  suivant  : 

Si,  par  un  procédé  quelconque,  on  fait  une  coupure  (A,  B) 
dans  l'ensemble  des  nombres  réels,  c'est-à-dire  si  l'on  partage  ces 
nombres  en  deux  classes  A  et  B,  telles  que  tout  nombre  de  la 
première  soit  <  que  tout  nombre  de  la  seconde,  il  existe  néces- 
sairement un  nombre  frontière,  rationnel  ou  non,  m,  qui  déter- 
mine la  coupure,  c'est-à-dire  tel  que  tout  nombre  <  m  soit  de  la 
classe  A  et  tout  nombre  >  m  de  la  classe  li. 

Kn  effet,  soit  m  le  nombre  rationnel  ou  irrationnel  qui  fait  la 
frontière  des  deux  classes  de  nombres  rationnels  respective- 
ment comprises  dans  A  et  dans  B.  Tout  nombre  rationnel  >  m 
est  de  la  classe  B  et  tout  nombre  rationnel  <  m  de  la  classe  A. 
llcste  à  montrer  que  ces  conclusions  subsistent  pour  un  nombre 
irrationnel. 


NOMBUKS   REELS 


Mais  cela  s'aperçoit  de  suite,  car  un  nombre  irrationnel  >  m 
est  >  qu'une  infinité  de  nombres  rationnels  >  m,  lesquels  sont 
de  la  classe  B,  donc  il  est  de  la  classe  B  ;  un  nombre  irrationnel 
<  m  est  <  qu'une  infinité  de  nomlires  rationnels  <  ni  et  est 
avec  eux  de  la  classe  A. 

Les  considérations  i)récé(lentes  laissent  eucore  incomplète  la 
définition  mathématique  des  nombres  irrationnels,  il  reste  à  y 
ajouter  les  définitions  des  quatre  opérations  fondamentales 
de  l'arithmétique. 

4.  Symétrique  d'un  nombre  réel.  —  Nous  appelons  symétrique 
d'un  nombre  rationnel  ce  nombre  changé  de  signe.  La  définition 
peut  s'étendre  aux  nombres  irrationnels.  Soit  a  un  nombre 
irrationnel  défini  par  la  coupure  (A,  li)  ;  désignons  par  —  B  la 
classe  formée  parles  symétriques  des  nombr(^s  de  B  et  par  —  A 
la  classe  formée  par  les  symétriques  des  nombres  de  A  ;  tout 
nombre  rationnel  étant  le  symétrique  d'un  autre  et  tout  nombre 
de  lu  classe  —  B  <  que  tout  nombre,  de  la  classe  —  A,  la  cou- 
pure ( —  B.  —  A)  définit  un  nombre  irrationnel  que  nous  dési- 
gnerons par  —  a  et  que  nous  appellerons  le  symétritpie  de  a.  On 
aura  encore  d'après  cette  définition  —  ( —  a)  --  a, 

5.  Nombres  positifs  et  négatifs.  Valeur  absolue.  —  Les  nombres 
positifs  sont  ceux  qui  sont  >  0  et  ils  sont  >  qu'une  infinité  de 
nombres  rationnels  également  jjositifs.  Les  nombres  négatifs 
sont  ceux  qui  sont  <  0  et  ils  sont  <  (qu'une  infinité  de  nombres 
rationnels  négatifs.  Si  un  nombre  est  négatif,  son  symétrique 
est  positif.  Celui  des  deux  nombres  a  ou  —  a  (]ui  est  positif 
s'appelle  la  valeur  absolue  de  a  et  se  désigne  par  |ai. 

6.  Inverse  d'un  nombre  réel.  —  Soit  a  un   nombre  différent  de 

zéro  ;  s'il  est  rationnel  son  inverse  est  -  ou  i  :  a.    Supposons  a 

a 

irrationnel  ;  alors  a  partage  tous  les  nombres  rationnels  de 
même  signe  que  lui  en  deux  classes  A  et  B,  dont  la  connaissance 
suffit  évidemment  pour  le  définir.  Désignons  par  B""'  la  classe 
formée  par  les  inverses  des  nombres  de  B  et  par  A-'  la 
classe  formée  par  les  inverses  des  nombres  de  A.  Tout  nombre 
rationnel  autre  que  zéro  étant  l'inverse  d'un  autre,  la  coupure 
(B-'j  A')  de  tous  les  nombres  rationnels  de  même  signe  que  a 


INTRODUCTION 


en  deux  classes  définit  un  nombre  irrationnel  de  même  signe, 
que  nous  désignerons  par  i  :  a  et  que  nous  appellerons  encore 
l'inverse  de  a. 

7.  Addition.  —  Soient  a  et  a'  deux  nombres  réels  quelconques. 
Désignons  par  a  et  a',  b  et  b' ,  des  nombres  rationnels  quel- 
conques satisfaisant  aux  conditions  : 

n<  a.  <b,  a'  <  a'  <  6'. 

Tous  les  nombres  de  la  forme  a -\-  a'  seront  <  que  ceux  de  la 
forme  6  +  //.  D'ailleurs  on  pourra  supposer  (n°  2)  les  valeurs 
de  a  et  de  [)  suffisamment  rapprochées  de  a,  celles  de  a'  et  de  b' 
suffisamment  rapprochées  de  a',  pour  que  les  différences  b  —  a, 
b'  —  a'  et  par  suite  (b  -{-  b')  —  (a  -f-  a')  deviennent  aussi  petites 
que  l'on  veut. 

Je  dis  qu'il  existe  un  nombre  réel  a"  et  un  seul  >  que  tout 
nombre  de  la  forme  a  -{-  a'  et  <  que  tout  nombre  de  la  forme 
b  +  b'  et  dont  ces  deux  sommes  représentent  des  valeurs  aussi 
rapprochées  que  l'on  veut  par  excès  ou  par  défaut,  Ce  nombre 
a"  s'appelle  la  somme  de  a  et  de  a'  et  se  désigne  par  a  -\-  7.'. 

En  effet,  considérons  la  coupure  (A,  B)  de  l'ensemble  des 
nombres  réels,  la  classe  B  contenant  ceux  qui  surpassent  tous 
les  nombres  de  la  forme  a  -}-  a'  et  la  classe  A  lès  autres  nombres. 
En  particulier,  tous  les  nombres  de  la  forme  a  -\-  a'  sont  de  la 
classe  A  et  tous  ceux  de  la  forme  b  -{-  b'  de  la  classe  B.  Comme 
il  n'y  a  pas  de  plus  grand  nombre  de  la  forme  a  -f-  a'  ni  de  plus 
petit  de  la  forme  b  +  b' ,  le  nombre  frontière  a"  entre  les  deux 
classes  A  et  B  sera  plus  grand  que  tous  les  premiers  et  plus 
l>etit  que  tous  les  seconds.  Il  reste  donc  seulement  à  montrer 
que  le  nombre  qui  jouit  de  cette  propriété  est  unique.  A  cet 
effet,  remarquons  que,  s'il  existait  deux  nombres  fixes  toujours 
supérieurs  aux  nombres  a  -j-  a'  et  inférieurs  aux  nombres  b  +  b', 
on  pourrait  trouver  deux  nombres  rationnels  r  et  r'  compris 
entre  ces  nombres  fixes  et  qui  jouiraient  de  la  même  propriété. 
Or  ceci  est  impossible,  car  on  peut  supposer  la  différence 
{b  +  b')  —  (a  +  a')  inférieure  à  r  —  ;•'. 

Cette  définition,  qui  contient  comme  cas  particulier  celle  de 
l'addition  des  nombres  rationnels,  permet  de  vérifier  immé- 


NOMBRES  REELS 


diatement  que  l'on  a  conservé  les  propriétés  commutative  et 
associative  de  l'addition,  exprimées  par  les  équations  : 

a  -{-  a'  =  a.'  -\-  et., 
(a  4-  a')  +  a"  =  a  -j-  (a'  +  a"), 

que  l'on  a  encore 

a  +  0  -  a,         a  +  (—  a)  =  0, 

enfin  que  la  valeur  absolue  d'une  somme  ne  peut  surpasser  la 
somme  des  valeurs  absolues  de  tous  ses  termes. 

8.  Multiplication,  —  Soient  a  et  a'  deux  nombres  réels  positifs  : 
désignons  encore  par  a  et  b,  a'  et  b'  des  nombres  rationnels  et 
positifs  quelconques  assujettis  à  vérifier  les  inégalités  : 

a  <  a.  <  b,  a'  <  a.'  <  b' . 

Tous  les  produits  de  la  forme  aa'  sci'ont  <  que  ceux  de  la 
forme  bb'  et  l'on  pourra  supposer  les  différences  b  —  a,  //  —  a 
et  bb'  —  aa'  aussi  petites  que  l'on  voudra.  On  montrera,  en 
raisonnant  comme  dans  le  cas  de  l'addition,  qu'il  existe  un 
nombre  réel  positif  et  un  seul  a"  >  que  tout  produit  de  la  forme 
aa'  et  <  que  tout  produit  de  la  forme  bb'.  Ces  produits  peuvent 
être  supposés  aussi  rapprochés  (ju'on  veut  du  nombre  a".  Celui- 
ci  se  nomme  le  produit  des  nombres  a  et  a'  et  se  désigne  pur  aa'. 

Si  l'un  des  deux  nombres  a,  a'  ou  tous  les  deux  sont  négatifs, 
la  définition  du  produit  se  ramène  à  la  précédente  par  la  règle 
des  signes,  c'est-à-dire  par  les  relations 

aa'  =  —  a  (—  a')  =  (—  a)  (—  a'). 

Ces  définitions  permettent  de  vérifier  immédiatement  que  l'on 
a  conservé  les  propriétés  commutative,  associative  et  distribu- 
tive  de  la  multiplication,  exprimées  par  les  relations  générales  : 

aa'  =  a'a,       (aa')  a"  =  a  (a'a"),       a  (a'  +  a")  =  aa'  -\-  aa". 

On  a  encoi'c 

a.  ^  =  I .  a.  1  -  a,  |  aa'  |  -  |  a  |    |  a'  |  . 

Enfin  un  produit  de  plusieurs  facteurs  ne  peut  être  nul  que 
si  l'un  des  facteurs  est  nul  et  est  toujours  nul  dans  ce  cas. 

9.  La  soustraction  est  l'opération   inverse  de  l'addition.  Sous- 


8  INTRODUCTION 


traire  a'  de  a  c'est  déterminer  le  nombre  qu'il  faut  ajouter  à  a' 
pour  obtenir  a.  Ce  nombre  s'appelle  la  différence  de  a  et  a'  et  on 
le  désigne  par  a  —  a'.  Pour  le  déterminer,  posons  x  =  n  —  a'  ; 
on  aura  la  condition  a'  -|-  a'  -^  a,  et,  en  ajoutant  —  a'  aux  deux 
membres,  on  obtient,  par  les  propriétés  de  l'addition,  x  =  a.  -\- 
( —  a').  Donc  la  différence  a  —  a'  s'obtient  en  ajoutant  à  a  le  sy- 
métrique de  a'.  Cette  règle  ramène  la  soustraction  à  l'addition 
et  prouve  que  cette  opération  a  toujours  une  solution  et  une 
seule. 

10,  La  division  est  l'opération  inverse  de  la  multiplication. 
Diviser  a  par  a'  c'est  déterminer  un  nombre  dont  le  produit  par 
a'  reproduise  a.  Ce  nombre  s'appelle  le  quotient  de  a  par  a'  et  se 
représente  par  a  :  a'.  Pour  le  déterminer,  posons  x  =  a  :  a'  ;  on 
aura  la  condition  x  a'  ==  a.  Si  a  n'est  pas  nul,  on  peut  multiplier 
les  deux  membres  de  cette  égalité  par  i  :  a',  et  on  en  tire,  jjar  les 
propriétés  de  la  multiplication,  a:  ^  a  (i  :  a').  Donc  le  quotient  de 
a  par  a'  est  égal  au  produit  de  a  par  l'inverse  de  a'.  Cette  règle 
ramène  la  division  à  la  multiplication  et  prouve  que  cette 
opération  a  toujours  une  solution  et  une  seule,  pourvu  que  le 
diviseur  soit  différent  de  zéro. 

11  est  maintenant  facile  de  montrer  que  toutes  les  règles  de 
l'algèbre  élémentaire  pour  la  transformation  et  la  combinaison 
des  égalités  et  des  inégalités,  subsistent  avec  les  quantités 
généralisées.  Nous  ne  nous  y  arrêterons  pas  davantage. 

§  2.  Variables  réelles.  Théorie  des  limites 

1 1 .  Continuité  de  l'ensemble  des  nombres  réels.  —  Les  nombres 
réels,  c'est-à-dire  les  nombres  tant  rationnels  qu'irrationnels, 
servent  à  exprimer  la  mesure  des  grandeurs  continues,  lon- 
gueurs, aires,  volumes,  etc.  On  dit  aussi  que  l'ensemble  des 
nombres  réels  est  un  ensemble  continu  et  l'on  peut,  au  point  de 
vue  mathématique,  définir  la  continuité  de  cet  ensemble  par  les 
deux  propriétés  suivantes  : 

1"  Entre  deux  nombres  réels  différents  on  peut  toujours  en 
intercaler  une  infinité  d'autres  >  que  l'un  et  <  que  l'autre. 

2."  Si  l'on  partage  tous  les  nombres  réels  en  deux  classes  A  et 
B,  telles  que  tout  nombre  de  A  soit  <  que  tout  nombre  de  B, 


THEORIE  DES  LIMITES 


ces  deux  classes  seront  séparées  par  un  nombre  frontière  m 
qui  sera  le  plus  grand  de  A  ou  le  plus  petit  de  B,  mais  tout 
nombre  <  m  sera  de  la  classe  A  et  tout  nombre  >  m  de  la 
classe  B. 

Nous  avons  montré  dans  un  paragraphe  précédent  (n'^  3) 
comment  on  peut  démontrer  ces  propriétés  en  toute  rigueur, 
en  les  faisant  reposer  sur  des  définitions  purement  arithmé- 
tiques. Mais,  quand  on  applique  les  nombres  réels  à  la  mesure 
des  grandeurs  concrètes,  on  admet  comme  un  postulat  qu'à 
toute  grandeur  correspond  un  nombre  et  réciproquement. 

12.  Bornes  d'un  ensemble  de  nombres.  —  Souvent  on  considère 
l'ensemble  fini  ou  infini  de  tous  les  nombres  qui  satisfont  à 
certaines  conditions  précises.  Par  exemple,  on  peut  considérer 
l'ensemble  deâ  restes  d'une  division,  celui  des  réduites  d'une 
fraction  continue  (limitée  ou  non),  celui  des  nombres  ration- 
nels, celui  des  fractions  proprement  dites  comprises  entre  0 
et  I,  etc.  La  notion  des  bornes  d'un  ensemble  est  alors  fonda- 
mentale. 

Un  ensemble  est  borné  supérieurement  si  l'on  peut  assigner 
un  nombre  A  plus  grand  que  tous  ceux  de  l'ensemble  ;  il  sera 
borné  inférieurement  si  l'on  peut  assigner  un  nombre  a  plus 
petit  que  tous  ceux  de  l'ensemble.  S'il  est  borné  dans  les  deux 
sens,  on  dira  simplement  qu'il  est  borné. 

Quand  un  ensemble  est  borné  supérieurement,  il  existe  un 
plus  petit  nombre  qui  n'est  inférieur  à  aucun  de  ceux  de  l'en- 
semble :  c'est  la  frontière  des  deux  classes  de  nombres  A  et  B, 
A  contenant  les  nombres  inférieurs  à  un  nombre  au  moins  de 
l'ensemble,  et  B  les  autres  nombres.  Cette  frontière  s'appelle  la 
borne  supérieure  de  l'ensemble.  C'est  le  plus  petit  nombre  de 
la  classe  B,  car  il  ne  peut  y  en  avoir  de  plus  grand  dans  la 
classe  A.  L'ensemble  d'un  nombre  limité  de  nombres  est  évi- 
demment borné  par  le  plus  grand  d'entre  eux,  mais  un  ensemble 
infini  peut  ne  pas  renfermer  un  nombre  plus  grand  que  tous  les 
autres  (égalité  non  exclue).  Dans  ce  dernier  cas,  la  borne 
supérieure  n'est  pas  un  nombre  de  l'ensemble  et  l'on  dit  qu'elle 
est  inaccessible.  C'est  ainsi  que  la  borne  supérieure  des  frac- 
tions comprises  entre  0  et  i  est  i  et  n'appartient  pas  à  l'ensem- 
ble (car  I  n'est  pas  une  fraction). 


10  INTKODtJCTION 


De  même,  un  ensemble  borné  inférieurement  admet  une  borne 
inférieure  :  c'est  le  plus  grand  nombre  qui  n'est  supérieur  à 
aucun  de  ceux  de  l'ensemble. 

En  résumé,  on  voit  (jne  si  m  et  M  sont  les  bornes  inférieure 
et  supérieure  d'un  ensemble  l)orné,  l'ensemble  ne  contient 
aucun  nombre  <  m  ni  >  M,  mais  il  en  contient  certainement 
de  <  m  +  e  et  de  >  M  —  e  quelque  petit  que  soit  le  nombre 
positif  e. 

La  différence  entre  les  bornes  supérieure  et  inférieure  s'ap- 
pelle Voscillaton  de  l'ensemble. 

13.  Variables  réelles  en  général.  —  Soit  ;v  une  variable  réelle, 
c'est-à-dire  une  quantité  qui  passe  par  une  infinité  de  valeurs 
réelles.  Considérons  l'ensemble  de  toutes  les  valeurs  que  peut 
recevoir  x.  Si  cet  ensemble  est  borné  supérieurement  ou  infé- 
rieurement, la  variable  x  est  aussi  bornée  supérieurement  ou 
inférieurement  et  les  bornes  de  l'ensemble  sont  les  bornes  supé- 
rieure ou  inférieure  de  x. 

On  dit  que  la  variable  x  varie  dans  r intervalle  (a,  b),  lorsqu'elle 
peut  recevoir  toutes  les  valeurs  comprises  entre  a  et  b,  y  com- 
pris ces  valeurs  extrêmes.  Nous  supposons  toujours,  sauf  indi- 
cation contraire,  que  l'on  a  a  <  6.  Ces  nombres  sont  donc  les 
bornes  inférieure  et  supérieure  de  x  et  elles  sont  accessibles. 

Si  X  reçoit  toutes  ces  mêmes  valeurs  sauf  la  seule  valeur  a, 
ou  bien  sauf  la  seul  valeur  b,  ou  bien  encore  sauf  les  deux  seules 
valeurs  a  et  6,  on  écrit  respectivement,  pour  indiquer  que  ces 
bornes  sont  alors  inaccessibles,  que  ;x;  varie  dans  les  intervalles 
(a  +  0,  b).  ou  bien  (a,  b  —  0),  ou  enfin  (a  ~\-  0,  b  —  0). 

Quand  x  peut  prendre  toutes  les  valeurs  comprises  entre  a 
et  b  et  ces  deux  valeurs  elles-mêmes,  on  dit  que  x  varie  dans 
(;et  intervalle  au  sens  large.  Au  contraire,  x  varie  dans  l'inter- 
valle (a,  b)  au  sens  étroit  si  x  ne  peut  pas  prendre  les  valeurs 
a  et  /). 

Les  valeurs  de  x  qui  sont  >  a  et  <  fc  sont  dites  intérieures  k 
l'intervalle  (a,  b).  Quand  x  varie  dans  l'intervalle  (a,  b)  au  sens 
étroit,  x  ne  prend  donc  que  les  valeurs  intérieures  à  l'inter- 
valle (a.  b). 

La  variation  de  x  se  représente  géométriquement  par  le 
déplacement  d'un  point  sur  une  droite  indéfinie  00'  ;  on  porte 


THEORIE  DES  LIMITES  II 


sur  00'  une  longueur  OX  =  x  dans  un  sens  déterminé  par  le 
signe  de  ;x;.  Sauf  indication  contraire,  on  suppose  la  droite 
horizontale  et  les  segments  positifs  comptés  de  gauche  à  droite. 
Par  allusion  à  cette  représentation,  une  valeur  particulière  de 
X  s'appelle  un  point,  la  valeur  x  ^  aie  point  a,  etc. 

14.  Limite  d'une  variable.  —  Soit  x  une  variable  réelle  qui 
passe  successivement  par  une  infinité  de  Valeurs  suivant  une 
loi  quelconque,  de  telle  sorte  qu'à  chaque  valeur  prise  par  x, 
on  puisse  distinguer  les  valeurs  qui  précèdent  de  celles  qui 
suivent  et  qu'aucune  valeur  de  x  ne  soit  la  dernière.  On  dit 
que  X  tend  vers  une  limite  déterminée,  si  les  valeurs  succes- 
sives de  X  se  rapprochent  d'un  nombre  déterminé  a,  de  telle 
sorte  que  la  différence  .v  —  a  finisse  par  décroître  en  valeur 
absolue  en  dessous  de  tout  nombre  positif  donné  e  si  petit 
qu'il  soit.  On  dit  alors  que  .v  a  pour  limite  a  et  l'on  écrit 

lim  X  =  a. 

Suivant  cette  définition,  une  même  variable  ne  peut  pas 
tendre  simultanément  vers  deux  limites  différentes  a  et  b 
{b  >  a),  car  {x  —  a)  et  {x  —  b)  ne  peuvent  être  simultanément 
inférieurs  en  valeur  absolue  à  la  moitié  de  (6  —  a). 

Si  les  valeurs  de  x  finissent  par  surpasser  définitivement  tout 
nombre  assignable,  on  dit,  par  extension,  que  .v  a  une  limite 
infinie  et  tend  vers  -\-  ce. 

De  même,  si  x  décroît  définitivement  en  dessous  de  tout 
nombre  négatif  assignable,  on  dira  que  x  a  pour  limite  —  oo. 

15.  Plus  grande  et  plus  petite  limite.  —  Considérons  encore  une 
variable  x  qui  passe  successivement  par  une  infinité  de  valeurs 
finies.  Si  oc  est  bornée  supérieurement,  il  y  a  des  nombres 
auxquels  x  finit  par  rester  définitivement  inférieur.  Si  ceux-ci 
ont  une  borne  inférieure  A,  on  l'appelle  la  plus  grande  limite 
de  X  ;  et  on  écrit 

lim  X  =  K. 

De  même,  si  x  est  bornée  inférieurement,  il  y  a  des  nombres 
auxquels  x  finit  par  rester  définitivement  supérieur.  Si  ceux-ci 


12  INTRODUCTION 


ont  une  borne  supérieure  a,  on  l'appelle  la  plus  petite  limite  de  x 

et  l'on  écrit 

lim  .V  =^  a. 

Les  plus  gi'ande  et  plus  petite  liinites  s'appellent  aussi  les 
limites  d' indétermination,  de  .v. 

Si  la  variable  .y  est  bornée  supérieurement  et  intérieurement, 
ces  deux  limites  existeront  toujours  et  seront  comprises  entre 
les  bornes  supérieure  et  inférieure  de  x,  la  coïncidence  avec 
ces  bornes  étant  également  possible. 

La  plus  grande  limite  A  est  donc  définie  par  cette  propriété 
que,  quelque  petit  que  soit  le  nombre  positif  e,  la  variable  a* 
finit  par  rester  <  A  +  e,  tandis  qu'elle  n'est  jamais  définitive- 
ment <  A  —  e.  —  Pareillement,  la  ])lus  petite  limite  a  est  définie 
par  cette  propriété  (jue  la  variable  ,v  finit  ])ar  rester  >  h  —  e, 
tandis  ([u'elle  n'est  jamais  définitivement  >  a  +  e.  D'api-ès  cela. 
A  est  supérieur  ou  égal  à  a. 

Si  les  deux  limites  a  et  A  sont  différentes,  on  peut  prendre  e 
assez  petit  jjour  que  A  —  e  soit  encore  >  a  4-  e  ;  dans  ce  cas, 
a;  oscille  indéfiniment  dans  tout  l'intervalle  de  a  +  e  à  A  —  e  et 
en  sort  :  jc  ne  peut  avoir  de  limite  déterminée.  Au  contraire,  si 
\  —  a,  X  finit  par  rester  dans  un  intervalle  (a  —  e,  a  +  e)  aussi 
resserré  qu'on  le  voudra  et  .v  a  pour  limite  a.  De  là.  le  théo- 
rème suivant  : 

La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'une  uariable  x 
ait  une  limite  finie  et  déterminée  est  qu'elle  soit  bornée  et  que 
l'on  ait 

lim  .V  =  lim  .v. 

Lorsque  a*  n'est  pas  borné  supérieurement,  on  dit,  par  exten- 
sion, que  sa  plus  grande  limite  est  4-  x  :  si  x  n'est  pas  borné 
ini'érieurement,  on  dit  encore  que  sa  plus  })etite  limite  est  —  go. 

Si  la  variable  x  a  une  limite  infinie,  soit  +  ^o  soit  —  x>,  on  dit 
encore  que  les  plus  grande  et  plus  petite  limites  coïnc  dent  et 
sont  égales  à  cette  limite  infinie. 

Avec  (îette  extension,  la  relation 

lim  .Y  =  lim  x 

expi-ime  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  v  ait  une 
limite  (finie  ou  infinie). 


TIIÉORIK  DEK  JilMITKS  13 


16.  Critère  de  convergence  (Cauchy).  —  La  condition  nécessaire 
cl  su/flsiintc  pour  (jaune  variable  x  qui  passe  par  une  succeft- 
sion  illimitée  de  valeurs,  ait  une  limite  finie  et  déterminée  est 
que,  à  tout  nombre  positif  si  petit  <ju'il  soit  z.  corresponde  au 
moins  une  valeur  de  x  qui  diffère  de  moins  de  e  de  toutes  les 
suivantes. 

Il  est  clair  que,  dans  ce  cas,  la  variable  a-  est  bornée  et  je  dis 
que  ses  plus  grande  et  plus  petite  limites  A  et  a  ne  peuvent 
différer. 

Sinon,  en  effet,  on  pourrait  choisir  un  nombre  positif  e'  assez 
petit  pour  que  a  -\-  e'  fût  encore  <  A  —  e',  la  variable  x  oscille- 
rait indéfiniment  d'un  de  ces  deux  nombres  à  l'autre  (même  en 
les  dépassant),  aucune  valeur  de  x  ne  pourrait  donc  différer  de 
toutes  les  suivantes  d'une  quantité  inférieure  à  la  moitié  de  cet 
intervalle,  ni,  par  suite,  inférieure  à  e  (si  e  est  supposé  moindre 
que  cette  moitié). 

La  condition  est  donc  suffisante.  Il  est  évident  qu'elle  est 
nécessaire,  car,  si  les  valeurs  de  a:  se  rapprochent  indéfiniment 
d'un  nombre  a,  elles  finissent  ])ar  différer  aussi  peu  qu'on  veut 
les  unes  des  autres.  Le  théorème  est  démontré. 

Le  critère  de  convergence  est  plus  simple  si  la  variable  x  est 
monotone,  c'est-à-dire  si  elle  est  :  soit  constamment  croissante 
(ou  stationnaire),  soit  constamment  décroissante  (ou  station- 
naire).  On  l'énonce  comme  il  suit  : 

Si  la  variable  x  varie  toujours  dans  le  même  sens  (est  mono- 
tone), la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'elle  ait  une 
limite  finie  est  qu'elle  soit  bornée. 

En  effet,  si  la  variable  est  croissante,  elle  tendra  vers  sa 
borne  supérieure  A,  car  elle  ne  peut  surpasser  A,  tandis  qu'elle 
surpasse  définitivement  tout  nombre  moindre.  De  même,  si  elle 
décroit,  elle  a  sa  borne  inférieure  pour  limite. 

On  énonce  souvent  cette  i-ègle  en  disant  qn  une  variable  qui 
varie  toujours  dans  le  même  sens  a  une  limite  finie  ou  infinie. 

Les  critères  de  convergence  sont  généraux  et  s'appliquent 
quel  que  soit  le  mode  de  variation  de  a*. 

Ces  modes  sont  très  variés.  Tantôt  x  tendra  vers  sa  limite 
d'une  manière  continue  en  passant  par  toutes  les  valeurs  inter- 
médiaires, tantôt  d'une  manière  discontinue  en  passant  par  une 


i4 


INTRODUCTION 


suite  illimitée  de  valeurs  isolées.  Dans  ce  dernier  cas,  il  arrive 
le  plus  souvent  que  les  valeurs  successives  de  x  peuvent  être 
toutes  numérotées  dans  l'ordre  de  leur  succession  : 

X  =  Xi,  X2,  X^,...  Xn  ,...  X„+p,... 

Tel  est  le  cas  pour  les  sommes  successives  des  termes  d'une 
série,  les  réduites  successives  d'une  fraction  continue,  etc.. 
Le  critère  de  Cauchy  peut  alors  s'énoncer  comme  il  suit  : 

La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  la  suite  x^,  x.^, 
Xa,...  Xn,...  azï  une  limite  finie  et  déterminée  est  qu'à  tout  nom- 
bre positif  s  si  petit  qu'il  soit,  corresponde  un  indice  n  tel  que 
la  condition 

I  ^n+p  —  ^n    i    *--  ^ 

ait  lieu  pour  tous  les  indices  n  +  P  supérieurs  à  n. 

17.  Limite  d'une  fonction.  —  Quand  les  valeurs  d'une  variable 
y  sont  déterminées  par  celles  que  reçoit  une  autre  variable  x, 
on  dit  que  y  est  une  fonction  de  x. 

Il  peut  alors  se  faire  que,  quand  on  donne  à  x  une  suite  de 
valeurs  ayant  pour  limite  a  (la  valeur  a  elle-même  étant  généra- 
lement exclue),  la  suite  des  valeurs  correspondantes  de  y  ait 
pour  limite  b.  On  écrit  alors  , 

lim  y  =  b. 

x=a 

La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  y  ait  une  limite 
finie  b  quand  x  tend  vers  a  est  donc  qu'à  tout  nombre  positifs 
corresponde  un  nombre  positif  l,  tel  que  l'inégalité  |  :v  —  a  ]  <  0 
entraîne  \  y  —  b  \  <  e. 

Si  l'on  observe  qu'une  valeur  de  y  suffisamment  éloignée  dans 
la  suite  correspond  à  une  valeur  de  .v  suffisamment  voisine  de  a, 
on  voit  que  le  critère  de  convergence  de  Cauchy  prend  la  forme 
suivante  : 

La  condition  nécessaire  et  sufpsante  pour  que  y  ait  une  limite 
finie  quand  x  tend  vers  a  est  qu'à  tout  nombre  positif  e  corres- 
ponde un  nombre  positif  à  tel  que,  à  deux  valeurs  de  x  qui  dif- 
fèrent de  a  de  moins  de  8,  correspondent  deux  valeurs  de  y  qui 
diffèrent  entre  elles  de  moins  de  e. 

Il  est  important  de  remarquer  que  y  peut  avoir  une  limite 


THÉORIE  DES  LIMITES  l5 


quand  on  fait  tendre  x  vers  a  par  une  suite  de  valeurs  soumises 
à  certaines  restrictions,  par  exemple  toutes    >    a,  ou  toutes 
rationnelles,  etc.  Ce  sont  alors  ces  A^aleurs  seulement  que  l'on 
doit  considérer  dans  la  condition  de  convergence. 
On  représente  souvent  par 

lim  y.  Uni  y, 

x=a-\-o  x=a—o 

les  limites  de  y  quand  x  tend  vers  a  en  restant  soit  >  a,  soit  <  a. 

Si  y  a  une  plus  grande  ou  une  plus  petite  limite  quand  x 
tend  vers  a,  on  pourra  aussi  les  représenter  par 

iim  y     ou     lim  y. 

x=a  x=a 

Si  y  a  une  limite  b  quand  x  tend  vers  T'infini,  c'est  à  dire  si, 
y  diffère  aussi  peu  qu'on  veut  de  5  à  condition  que  x  soit  suffi- 
samment grand,  les  notations  seront  analogues  aux  précédentes 
en  faisant  a  =  oo. 

Ces  considérations  s'étendent  aux  fonctions  de  plusieurs 
variables.  Si  la  valeur  de  ii  dépend  des  valeurs  de  x,  y,...  on 
dira  que  u  a  pour  limite  m  quand  ;x:,  y,...  tendent  respectivement 
vers  a,  b,...  d'une  manière  quelconque,  si  à  tout  e  positif  cor- 
respond un  8  positif  tel  que  la  différence  |  w  —  m  \  soit  <  e 
sous  la  condition  que  \  x  —  a  \  ,  \  y  —  b  \  ,,..  soient  <  8. 

Il  est  souvent  utile  d'observer  que,  si  u  et  ly  dépendent  des 
mêmes  variables,  on  a  évidemment 

iim  (u  -f  y)  <C  lim  u  -\-  lim  v. 

Cette  relation  est  susceptible  d'un  grand  nombre  de  formes 
équivalentes,  en  vertu  de  l'identité 

lim  u  =  —  lim  (—  //). 

En  changeant  d'abord  le  signe  de  v,  ensuite  u  en  u  -f  v,  on  a 

lim  (u  —  v)  ^  lim  u  —  lim  v, 

lim  («  -f  /))  >  lim  u  +  lim  v, 

lim  (m  —  y)  ^  lim  u  — ïim  v 

et,  en  changeant  les  signes  des  deux  membres,  puis  ceux  de  u,  v, 

lim  {u  —  y)  >  lim  u  —  Uni  « 
lim  (a  -\-  v)  ^  lim  u  -f  lïm  v,  etc. 


l6  INTRODUCTION 


Toutes  ces  relations  s'a^jerçoiveiit  d'ailleurs  directement 
comme  la  première. 

1 8 .  Principes  de  la  théorie  des  limites.  —  I.  La  limite  d'une  somme, 
d'une  différence,  d'un  produit  de  variables  qui  tendent  vers  des 
limites  finies  et  déterminées,  est  égale  à  la  somme,  à  la  différence, 
au  produit  de  ces  limites.  La  limite  d'un  quotient  de  varia- 
bles qui  tendent  vers  des  limites  finies  et  déterminées,  est  égale 
au  quotient  de  ces  limites,  pourvu  que  la  limite  du  dénumi- 
nsbteur  soit  différente  de  zéro. 

Ces  propositions  se  démontrent  toutes  de  la  même  façon, 
choisissons  la  dernière  comme  exemple.  Soient  deux  variables  x 
et  r  ayant  respectivement  pour  limites  a  et  6  ;  on  pourra  poser 

X  =  a  -\-  oL,         y  ^  b  -{-p, 

a  et  p  ayant  pour  limite  zéro.  On  en  tire 

X      a     a  +  a      a     cb  —  ^a 

Si  b  est  différent  de  zéro,  cette  dernière  quantité  peut  être 
rendue  aussi  petite  que  l'on  veut  avec  a  et  (3,  donc  -~  a  pour  li- 
mite r  • 

De  la  combinaison  des  propositions  précédentes,  on  déduit 
le  théorème  suivant  : 

II.  Soit  K(a%  r,...)  une  expression  rationnelle  quelconque  des 
variables  x,  y,...,  c'est-à-dire  une  expression  dont  le  calcul  ne 
comporte  que  les  quatre  opérations  fondamentales,  si  les  varia- 
bles x,  y...  ont  respectivement  pour  limites  a,  b,...,  R  (x,  y...) 
aura  pour  limite  R  (a,  b,...). 

Ce  théorème  est  soumis  toutefois  à  cette  restriction  que,  si 
parmi  les  opérations  à  effectuer  sur  les  nombres  a,  b,...  figure 
une  division,  le  diviseur  ne  soit  pas  nul. 

III.  Si  deux  variables  restent  constamment  égales  et  si  l'une 
tend  vers  une  limite  déterminée,  finie  ou  infinie,  l'autre  tend 
vers  la  même  limite. 

En  effet,  si  u  a  pour  limite  a,  u  —  a  décroit  indéfiniment  ; 
ëi  u  =  V,  V  —  a  -=  u  —  a  décroît  aussi  indéfiniment  et  y  a  aussi 
pour  limite  a.  La  démonstration  est  analogue  si  la  limite  est 
infinie. 


THEORIE  DES  LIMITES 


^7 


IV.  Une  quantité  variable  qui  reste  constamment  comprise 
entre  deux  autres  qui  ont  la  même  limite  finie  ou  infinie,  tend 
aussi  vers  la  même  limite. 

En  effet,  si  w  est  compris  entre  deux  variables  u  et  /;  qui 
tendent  vers  a  fini,  w  —  a  sera  compris  entre  u—aetv~a  qui 
décroissent  indéfiniment  et  décroîtra  lui-même  indéfiniment. 
Donc  w  a  pour  limite  a.  Le  raisonnement  est  analogue  si  la 
limite  est  infinie. 

19,  Méthode  des  limites.  —Lorsqu'on  a  obtenu  une  relation 
entre  des  variables  qui  subsiste  pour  une  infinité  de  valeurs  des 
variables,  on  peut,  en  s'appuyant  sur  les  principes  précédents, 
y  remplacer  les  variables  par  leurs  limites.  Cette  opération 
porte  le  nom  de  passage  à  la  limite.  Cette  nouvelle  opération 
qui  s'ajoute  aux  quatre  opérations  fondamentales  de  l'arithmé- 
tique, caractérise  Vanalyse  infinitésimale. 

La  méthode  des  limites  consiste  à  trouver  des  relations  entre 
les  quantités  ])ar  passage  à  la  limite. 

La  méthode  des  limites  se  décompose  en  plusieurs  branches 
suivant  la  nature  des  variables  que  l'on  considère  dans  ce  pas- 
sage à  la  limite  (séries,  produits  infinis,  fractions  continues, 
calcul  différentiel,  calcul  intégral). 

20.  Méthode  infinitésimale.  —  Lorsqu'une  quantité  variable  a 
pour  limite  zéro,  on  dit  que  c'est  une  quantité  infiniment  petite 
ou  un  infiniment  petit.  Au  contraire,  une  quantité  in liniment 
grande  est  une  quantité  variable  qui  augmente  au-delà  de  toute 
limite  assignable. 

La  méthode  infinitésimale  est  celle  où  l'on  se  sert  de  la  con- 
sidération des  infiniment  petits.  Dans  le  calcul  différentiel,  on 
considère  les  quantités  comme  limites  du  rapport  de  deux 
infiniment  petits.  Dans  le  calcul  intégral,  on  les  considère 
comme  limites  d'une  somme  d'un  nombre  indéfiniment  croissant 
d'infiniment  petits. 

Dans  les  questions  où  on  les  considère,  on  établit  le  plus 
souvent,  entre  les  divers  infiniment  petits  que  l'on  rencontre, 
une  classification  très  importante,  qui  s'appuie  sur  les  défini- 
tions suivantes  : 

On  dit  qu'une  quantité  a  est  infiniment  petite  par  rapport  à  une 

2 


l8  INTRODUCTION 


autre  ^,  lorsque  le  rapport  ^  a  pour  limite  0.  Au  contraire,  les 
deux  infiniment  petits  sont  du  même  ordre  si  leur  rapport  a  une 
limite  finie  et  différente  de  zéro. 

Dans  beaucoup  de  questions,  on  est  amené  à  choisir  un 
infiniment'  petit  particulier  a,  que  l'on  appelle  infiniment  petit 
principal,  et  qui  sert  à  classer  tous  les  autres.  Un  infiniment 
petit  du  même  ordre  que  a  s'appelle  alors  du  premier  ordre  et 
un  infiniment  petit  de  l'ordre  de  ol^  est  de  l'ordre  r. 

Lorsqu'une  quantité  est  décomposée  en  une  somme  de  termes 
qui  sont  des  infiniment  petits  d'ordres  différents,  on  donne  le 
nom  de  terme  principal  à  celui  qui  est  de  l'ordre  le  moins  élevé. 

On  appelle  expression  asymptotique  d'une  quantité  une  ex- 
pression qui  n'en  diffère  que  par  un  infiniment  petit  d'un  ordre 
assigné. 

21.  Principes  de  substitution  des  infiniment  petits.  —  Les  avan- 
tages de  la  méthode  infinitésimale  résultent  des  deux  principes 
fondamentaux  connus  sous  ce  nom. 

I.  La  limite  du  rapport  de  deux  infiniment  petits  a.  et  ^  n'est 
pas  changée  quand  on  leur  substitue  respectivement  deux 
autres  infiniment  petits  a'  et  (3',  pourvu  que  -^et-^y  «len^  pour 

limite  l'unité. 
En  effet,  de  l'identité 

a'   _a       _a^       J_ 

on  conclut,  par  les  principes  de  la  méthode  des  limites, 

lim  ^7-  =  lim  yr  hm  —  lim  -^  =  lim  ^  - 

La  remarque  suivante  sert  souvent  à  reconnaître  que  le  rap- 
port de  deux  infiniment  petits  tend  vers  l'anité  : 

Si  (3  reste  compris  entre  deux  infiniment  petits  «  et  a'  dont  le 
rapport  tend  vers  l'unité,  il  en  sera  de  même  des  rapports  p  :  a 
et  ^  :  a'. 

En  effet,  en  divisant  les  inégalités 

a  >  ^  >  a' 

par  a  supposé  positif,  il  vient 

S  a 

I  >-^>  — 

a  a 


THKORIE  DES  LIMITES  I9 


et,  comme  a':  a  est  suppose  tendre  vers  ruiiité,  il  suit  du  prin- 
cipe TV  (n"  18)  {[ue  ^  -/i  tend  vers  l'unité.  La  même  démonstra- 
tion s'applique  au  rapport  (B  :  a'. 

]I.  La  limite  d'une  somme  d'infiniment  petits  de  même  signe 

a,,  ajj, (x„,  dont  le  nombre  n  augmente  indéfiniment,  n'est 

pas  changée  quand  on  remplace  ces  infiniment  petits  par  d'au- 
tres [3,,  ^2,.,,,  [tn>  pourvu  que  les  rapports  ^z  :  o-i  tendent  unifor- 
mément vers  l'unité. 

Le  mot  uniformément  doit  être  entendu  en  ce  sens  que,  (juel- 
que  petit  que  soit  e  positif,  on  peut  prendre  n  assez  grand 
pour  qu'on  ait,  quel  que  soit  l'indice  /, 

I— e  <  -^  <  I  -f  e. 

«e 

S'il  en  est  ainsi,  on  aura,  en  supposant  les  a  positifs, 
(i— e)  a^  <  Pi  <  (i  -t-e)»,; 
puis,  en  additionnant  toutes  les  inégalités  semblables, 

(i-e)i:a,<  S(ï,<  (i  +e)Xa, 
et,  par  conséquent, 

I  — e  <  ^  <  I  -he. 
La, 

D'ailleurs,  e  étant  aussi  petit  qu'on  le  veut  avec  — ,  on  en 
conclut 

«1  +  «2  -h +  «u 

ce  qui  exige  que  pi  +  P^  4- pn  et  «i  +  «^  -i- +  a„  aient  la 

même  limite  finie,  nulle  ou  infinie. 

Ces  deux  principes  généraux  peuvent  revêtir  un  autre  énoncé 
moyennant  la  remarque  suivante  : 

Quand  deux  infiniment  petits  a  et  ol'  ont  pour  limite  de  leur 
rapport  l'unité,  leur  différence  8  est  infiniment  petite  par  rap- 
port à  chacun  d'eux,  et  réciproquement. 

En  effet,  l'équation  Ô  =  a  —  a'  peut  s'écrire 

L-1  _ 

a'  ~    a'         ^* 
J.e  second  membre  ayant  pour  limite  zéro,  il  en  est  de  même 


20  INTRODUCTION 


du  premier  et  S  est  infiniment  petit  par  rapport  à  a'.  Récipro- 
quement, si  0  est  infiniment  petit  par  rapport  à  a',  B  :  a'  tend 
vers  zéro,  et,  par  conséquent,  a  :  a'  tend  vers  l'unité, 

Les  principes  de  substitution  peuvent  donc  aussi  s'énoncer 
comme  il  suit  : 

On  peut,  sans  changer  la  limite  d'un  rapport  ou  d'une  somme 
d'infiniment  petits,  négliger  dans  chaque  terme  une  quantité 
infiniment  petite  par  rapport  à  lui. 

Toutefois  l'énoncé  de  ce  principe  doit  être  complété,  dans  le 
cas  d'une  somme,  par  la  condition  contenue  sous  le  mot  unifor- 
mément dans  l'énoncé  primitif. 

L'utilité  de  ces  principes  consiste  en  ce  qu'ils  permettent  de 
négliger  dans  bien  des  cas  précisément  les  parties  des  infini- 
ment petits  qui  font  la  difficulté  du  problème. 

§  3.  Des  fonctions  d'une  variable  réelle. 

22.  Fonctions  d'une  variable.  —  Etant  données  deux  variables 
X  et  y,  on  dit  qu'elles  sont  fonctions  l'une  de  l'autre  dans  le 
sens  le  plus  général,  s'il  existe  une  dépendance  quelconque  entre 
les  valeurs  que  l'on  peut  attribuer  à  ces  deux  variables.  En  géné- 
ral, on  considère  une  des  deux  variables  comme  indépendante, 
par  exemple  x.  La  valeur  de  x  peut  être  choisie  à  volonté, 
mais,  x  étant  donnée,  y  n'est  plus  arbitraire.  On  dit  alors  que  y 
est  fonction  de  ;x;  et  cette  dépendance  s'exprime  par  la  notation 

y  =  f{x)- 

On  étudie  dans  les  éléments  des  mathématiques  un  certain 
nombre  de  fonctions  relativement  simples,  dont  les  propriétés 
sont  bien  connues  et  que  l'on  représente  par  des  symboles  par- 
ticuliers. Ce  sont  les  fonctions  élémentaires  : 

x'^,  A^ ,  sin  X,  etc. 

On  dit  que  la  fonction  f{x)  est  uniforme,  ou  univoque,  ou  à 
détermination  simple,  si  elle  n'est  susceptible  que  d'une  seule 
valeur  pour  chaque  valeur  de  x,  telles  sont  A^  ,  sin  x,...  Au  con- 
traire, la  fonction  est  multiforme,  ou.  plurivoque,  ou  à  détermi- 
nations multiples,  si  elle  est  susceptible  de  plusieurs  valeurs 
pour  chaque  valeur  de  x.  Telle  est  la  fonction  \Jx  qui  peut  rece- 
voir deux  valeurs  de  signes  contraires  pour  chaque  valeur  de  x. 


FONCTIONS  I)  UNE  VARIABLE  REELLE  21 

On  classe  les  fonctions  en  fonctions  explicites  ou  implicites 
suivant  que  la  relation  entre  y  et  x  est  donnée  par  une  équa- 
tion résolue  par  rapport  à  la  fonction  y  ou  non  résolue  par 
rapport  à  cette  fonction  ;  en  fonctions  algébriques  ou  transcen- 
dantes suivant  que  la  relation  entre  y  et  x  peut  ou  ne  peut  pas 
être  exprimée  par  une  équation  dont  les  deux  membres  sont 
des  polynômes  entiers  en  x  et  en  y,  Les  fonctions  algébriques 
se  partagent  elles-mêmes  en  rationnelles  ou  irrationnelles,  sui- 
vant que  l'équation  qui  lie  y  à  x  est  du  premier  degré  par  rap- 
port à  y  ou  ne  l'est  pas.  Une  fonction  rationnelle  s'exprime 
donc  par  le  quotient  de  deux  polynômes  en  x  ;  en  particulier,  si 
elle  se  réduit  à  un  polynôme,  on  dit  qu'elle  est  rationnelle  et 
entière. 

Lorsque  la  relation  y  =  f{x)  qui  lie  y  à  .v  peut  être  résolue 
par  rapporta  a',  de  telle  sorte  qu'on  en  tire  A'  =  'f(3'),  la  fonc- 
tion (p(y)  s'appelle  la  fonction  inverse  de  f{x).  C'est  ainsi  que 
les  fonctions  x^,  A^,  sin  a,  tgx,...  ont  respectivement  pour 

inverses  x"^,  Log  x,  arc  sin  x,  arc  tg  x,  etc. 

La  variation  d'une  fonction  se  représente  géométriquement 
en  utilisant  les  principes  de  la  géométrie  analytique.  On  trace 
généralement  deux  axes  rectangulaires  OX  et  OY,  par  rapport 
auxquels  on  détermine  les  coordonnées  x  et  y  d'un  point. 
L'équation  y  -=  f{x)  sera  généralement  celle  d'une  courbe  plane, 
que  l'on  considère  comme  une  représentation  géométrique  de 
la  fonction  f{x). 

Remarque.  —  11  arrive  souvent  que  l'on  est  amené  à  consi- 
dérer une  constante  ou  bien  la  variable  indépendante  elle-même 
comme  des  cas  particuliers  d'une  fonction.  Il  n'y  a  là  rien  qui 
doive  surprendre,  car  ces  cas  particuliers  se  rencontrent  déjà 
dans  les  fonctions  élémentaires  et  ce  sont  même  les  plus  sim- 
ples. Ainsi,  la  fonction  x*^  se  réduit  à  i  pour  m  =  0  et  à  a  pour 
m  =^  I.  Dans  la  représentation  géométrique  correspondante, 
la  courbe  se  réduit  à  une  droite,  parallèle  à  l'axe  des  x  ou  bis- 
sectrice de  l'angle  des  axes. 

23.  Oscillation  d'une  fonction  dans  un  intervalle.  —  Si  la  fonction 
/"(a-)  est  bornée  dans  l'intervalle  (a,  b),  c'est-à-dire  quand  x 
varie  dans  (a,  b),  elle  a,  comme  on  le  sait  (i3),  une  borne  infé- 


22  INTRODUCTION 


rieure  m  et  une  borne  supérieure  M.  La  différence  M  —  m  entre 
les  bornes  supérieure  et  inférieure  de  /(^v)  dans  l'intervalle  (a,  b) 
s'appelle  Voscillation  de  la  fonction  dans  cet  intervalle.  Si  la 
fonction  n'est  pas  bornée  dans  l'intervalle  (a,  b),  on  dit  que  son 
oscillation  est  infinie  dans  cet  intervalle. 

Suivant  ces  définitions,  si  l'oscillation  de  f{x)  est  finie  et 
égale  à  M  —  m  dans  l'intervalle  {a,  b)  et  que  l'on  partage,  cet 
intervalle  en  plusieurs  autres  consécutifs  par  des  points  inter- 
médiaires :  I"  la  borne  supérieure  de  la  fonction  sera  encore  M 
dans  un  au  moins  des  intervalles  partiels  et  ne  pourra  surpas- 
ser M  dans  aucun  ;  a°  la  borne  inférieure  sera  m  dans  un  au 
moins  des  intervalles  partiels  et  ne  sera  inférieure  à  m  dans 
aucun  ;  3"  la  somme  des  oscillations  dans  les  intervalles  par- 
tiels sera  au  moins  égale  à  M  —  m  et  l'oscillation  ne  sera  supé- 
rieure à  M  —  m  dans  aucun  de  ces  intervalles.  Enfin,  si  l'oscilla- 
tion de  f{x)  est  infinie  dans  l'intervalle  (a,  b),  elle  le  sera 
encore  dans  un  au  moins  des  intervalles  partiels. 

24.  Oscillation  en  un  point.  Définitions  relatives  à  la  continuité.  —  Si 
la  fonction  f{x)  n'est  bornée  dans  l'intervalle  (a  —  8,  a  -f  5)  pour 
aucune  valeur  positive  si  petite  qu'elle  soit  de  8,  on  dit  que 
Voscillation  de  f{x)  est  infinie  au  point  a.  Sinon  l'oscillation 
de  f{x)  dans  l'intervalle  (a  —  5,  a  -f  8),  qui  est  constante  ou 
décroissante  quand  8  diminue,  tend  vers  une  limite  déterminée 
quand  8  tend  vers  0.  Cette  limite  est  Voscillation  de  f{x)  au 
point  a. 

Si  l'oscillation  est  nulle  en  ce  point,  la  fonction  est  continue 
au  point  a,  ou  pour  x  —  a.  —  La  fonction  f{x)  est  donc  conti- 
nue au  point  a,  si  f{x)  a  pour  limite  f{a)  quand  x  tend  vers  a 
d'une  manière  quelconque. 

L'oscillation  définie  ci-dessus  est  Voscillation  totale  âu  point  a, 
par  opposition  avec  les  oscillations  à  gauche  et  à  droite  du  point  a 
qui  se  définissent  comme  la  première,  mais  en  considérant  les 
limites  des  oscillations  dans  les  deux  intervalles  (a  —  8,  a)  et 
(a,  a  +  o).  D'après  ces  définitions,  toutes  les  oscillations  sont 
des  quantités  essentiellement  positives  ou  nulles. 

La  fonction  f{x)  est  continue  à  droite  du  point  a  si  son  oscil- 
lation est  nulle  à  droite  du  point  a.  Elle  est  continue  ù  gauche 


PONCTIONS  n'UNK  VARIABLE  REELLE  2,3 

du  point  a  si  son  oscillation  est  nulle  à  gauche  du  point  a.  Si  les 
deux  oscillations  sont  nulles,  la  fonction  est  continue  au 
point  a. 

La  fonction  f'{x)  est  continue  dans  l'intervalle  (a,  b)  si  elle 
est  continue  pour  toutes  les  valeurs  de  x  comprises  entre  a  et  h. 
à  droite  du  point  a  et  à  gauche  du  point  b. 

Elle  est  continue  dans  le  voisinage  du  point  a,  si  elle  l'est 
dans  l'intervalle  (a  —  s,  a  +  e)  à  partir  d'une  valeur  positive 
suffisamment  petite  de  e. 

Si  la  fonction  /"(a)  n'est  pas  continue  pour  jc  =  a  ou  dans 
l'intervalle  (a,  b),  elle  est  discontinue  au  point  a  ou  dans  l'inter- 
valle (a,  b).  —  Si  elle  est  discontinue  au  point  a,  celui-ci  est  un 
point  de  discontinuité. 

25.  Continuité  des  fonctions  composées.  —  1.  La  somme,  le  pro- 
duit le  quotient  de  deux  fonctions  continues  au  point  a  ou  dans 
l'intervalle  (a,  b),  sont  des  fonctions  continues  en  ce  point  ou 
dans  cet  intervalle,  à  moins  qu'une  fonction  prise  comme  divi- 
seur ne  s'annule. 

Ces  théorèmes  résultent  immédiatement  des  principes  cor- 
respondants de  la  théorie  des  limites  (n**  i8).  Démontrons,  par 
exemple,  le  dernier.  Soient  /(.v)  et  F{x)  deux  fonctions  conti- 
nues au  point  a  ;  si  F  (a)  n'est  pas  nul  et  si  .v  tend  vers  a. 
la  limite  du  quotient  f{x)  :  F  (.y)  sera  égale  au  quotient  des 
limites  f{a)  :  F  (a).  Donc  f{x)  est  continue  au  point  a.  En  second 
lieu,  si  f{x)  et  F(.y)  sont  continues  dans  l'intervalle  (a,  b)  et  que 
y{x)  ne  s'annule  pas  dans  cet  intervalle,  le  quotient  /(.v)  :  F(jc) 
sera  continu  pour  toutes  les  valeurs  de  .\',  donc  dans  l'inter- 
valle (a,  b). 

II.  Soient  u  =  f{x)  et  y  =  F(u);  si  f{x)  est  continue  pour 
X  =  a  et  F{u)  continue  pour  u  =-  f{a),  y  sera  fonction  continue 
de  X  au  point  de  a. 

On  a,  en  effet,  x  tendant  vers  a. 

lim  V[f{x)  =  F[lim  f{x)]  =  K[/(a)]. 

Nous  concluons  de  là  que  les  fonctions  composées  par  addi- 
tion, multiplication,  division  ou  superposition  du  signe  fonc- 
tionnel ne  peuvent  être  discontinues  que  si  l'une  des  fonctions 
composantes  est  discontinue  ou  si  l'une  des  fonctions  prises 
comme  diviseur  s'annule. 


24  INTRODUCTION 

26.  Théorème.  —  Soit  e  un  nombre  positif  ;  s'il  est  impossible, 
en  intercalant  un  nombre  convenable  de  points  de  subdivision 
entre  a  et  b,  de  partager  l'intervalle  (a,  b)  en  intervalles  consé- 
cutifs, de  telle  sorte  que  l'oscillation  de  f{x)  soit  <  e  dans  cha- 
cune de  ces  parties  consécutives,  il  existe  dans  l' intervalle  (a,  b) 
un  point  au  moins  où  l'oscillation  de  f{x)  est  ^  e.  Ce  point  peut 
être  a  ou  b,  mais  c'est  alors  l'oscillation  à  droite  du  point  a  ou 
celle  à  gauche  du  point  b  qui  sera  ^  e. 

Admettons  que  l'impossibilité  supposée  dans  cet  énoncé  ait 
lieu  pour  l'intervalle  (a,  b)  et  partageons  cet  intervalle  en 
deux  autres  par  son  point  milieu.  L'impossibilité  subsistera 
dans  l'une  au  moins  de  ces  deux  parties,  sinon  elle  n'existerait 
pas  dans  l'intervalle  total.  Soit  (a^,  6,)  celle  des  deux  moitiés 
dans  laquelle  l'impossibilité  subsiste,  ou  l'une  quelconque  des 
deux  moitiés  si  l'impossibilité  subsiste  dans  toutes  les  deux. 
Partageons  de  même  (ai,  b^  en  deux  parties  égales  et  désignons 
par  (aj,  b^)  l'une  des  deux  moitiés  dans  laquelle  l'impossibilité 
subsiste  encore.  Partageons  {a^,  b.^)  en  parties  égales  et  conti- 
nuons ainsi  de  suite.  Nous  formerons  deux  suites  de  nombres 
aj,  âg,..  an,.,  et  b^,  b^,..  b,i,..  l'une  stationnaire  ou  croissante, 
l'autre  stationnaire  ou  décroissante,  et  tendant  vers  la  même 
limite  c,  puisque  bn  —  an  -=  (6  —  a)  :  2"  a  ppur  limite  0.  Le 
point  c  appartient  donc  à  un  intervalle  (a„ ,  bn  )  aussi  petit  que 
l'on  veut  et  intérieur  à  (a,  b)  dans  lequel  l'oscillation  de  f(x) 
est  ^  e.  Donc  l'oscillation  au  point  c  est  ^  e.  Enfin,  si  c  coïn- 
cide avec  a  ou  avec  b,  l'oscillation  se  détermine  en  ne  tenant 
compte  que  des  valeurs  de  f{x)  à  droite  de  a  ou  à  gauche  de  b, 
ce  qui  achève  la  démonstration  du  théorème. 

27.  Propriétés  des  fonctions  continues  d'une  variable.  —  1.  Si  la 
fonction  f{x)  est  continue  au  point  a  et  ne  s'annule  pas  en  ce 
point,  elle  sera  de  même  signe  que  f{a)  dans  l' intervalle  (a  —  5, 
a  -f-  8),  pourvu  qu'on  choisisse  B  suffisamment  petit. 

En  effet,  f{x)  ayant  pour  limite  f{a)  quand  x  tend  vers  a,  on 
peut  choisir  8  assez  petitpour  que  f{x)  soit  plus  rapproché  de  f{a) 
que  ne  l'est  0,  sous  la  condition  \  x  —  a  \  <  8.  Cela  fait,  f{x) 
aura  le  signe  de  f[a)  dans  l'intervalle  (a  —  8,  a  +  8). 

II.  Si  f{x)  est  continue  dans  l'intervalle  {a,  b),  elle  est  bornée 
supérieurement  el  inférieurement  dans  cet  intervalle. 


PONCTIONS  D  UNE  VARIABLE  RÉELLE  25 

Ce  théorème  est  une  conséquence  immédiate  de  celui  du 
n°  26.  Puisque  f{x)  n'a  pas  de  discontinuité  dans  l'intervalle 
(a,  b),  on  peut,  le  nombre  positif  e  étant  donné,  trouver  un  mode 
de  division  de  cet  intervalle  en  parties  telles  que  l'oscillation 
de  f{x)  soit  ^  e  dans  chacune  d'elles.  Soit  n  le  nombre  de  ces 
parties  ;  la  fonction  f{x)  restera  comprise  entre  f{a}  —  n  e  et 
/•(a)  +  /ie. 

ni.  Si  la  fonction  f{x)  est  continue  dans  l'intervalle  (a,  b), 
ses  bornes  supérieure  et  inférieure  sont  toujours  accessibles, 
c'est-à-dire  qu'il  existe  toujours  au  moins  deux  valeurs  de  x 
dans  l'intervalle  (a,  b)  qui  donnent  respectivement  à  f{x)  ses 
plus  grande  et  plus  petite  valeurs  M  et  m  (Weierstrass). 

Faisons  la  démonstration  pour  la  borne  M.  A  cet  effet,  con- 
sidérons la  fonction  continue,  non  négative,  M — f[x).  Cette 
fonction  peut  décroître  en  dessous  de  tout  nombre  positif  e, 
puisque  f{x)  peut  surpasser  tout  nombre  inférieur  à  M .  Donc  la 
fonction  i  :  [M  —  /(-^)1  peut  surpasser  tout  nombre  assignable 
et  elle  n'est  pas  bornée  dans  l'intervalle  (a,  b).  Par  conséquent, 
cette  nouvelle  fonction  est  discontinue  (II),  ce  qui  n'a  lieu 
(n"  25)  que  si  M  —  f{x)  s'annule  dans  l'intervalle  (a,  b). 

IV.  Si  la  fonction  f{x)  est  continue  dans  l'intervalle  (a,  b)  et 
qu'on  divise  cet  intervalle  en  intervalles  partiels  consécutifs,  à 
tout  nombre  positif  2z,  si  petit  qu'il  soit,  correspond  un  nombre 
S  tel  que  l'oscillation  de  f{x)  dans  chaque  intervalle  partiel  soit 
inférieure  à  2£,  pourvu  que  l'amplitude  de  chaque  intervalle 
partiel  soit  inférieure  à  S.  (Cantoh), 

En  effet,  on  peut  trouver  un  premier  mode  de  décomposition, 
tel  que  l'oscillation  de  f{x)  soit  inférieure  à  e  dans  chaque  inter- 
valle partiel,  sinon  la  fonction  aurait  une  oscillation  >  e  en  un 
point  de  l'intervalle  (a,  b)  et  ne  serait  pas  continue  (n°  26).  Soit  8 
l'étendue  du  plus  petit  de  ces  intervalles.  Si  l'on  considère  un 
autre  mode  de  subdivision  en  intervalles  <  8,  un  intervalle  de 
ce  second  mode  de  subdivision  ne  pourra  empiéter  sur  plus  de 
deux  intervalles  du  premier  mode.  Donc  l'oscillation  de  la  fonc- 
tion dans  cet  intervalle  ne  supassera  pas  la  somme  des  oscilla- 
tions de  f{x)  dans  deux  intervalles  du  premier  mode.  Elle  res- 
tera, par  conséquent,  inférieure  à  e  -{-  e  =  2e. 


26  INTRODUCTION 


On  énonce  souvent  ce  théorème  en  disant  qu'une  fonction 
continue  dans  un  intervalle  (a,  h)  l'est  uniformément  dans  cet 
intervalle. 

V.  Si  la  fonction  /(a)  est  continue  dans  l'intervalle  (a,  b)  et 
si  f{a)  et  f{b)  sont  de  signes  contraires,  f{x)  s'annule  pour  une 
valeur  ^  de  x  comprise  entre  a  et  b. 

Marquons  entre  a  et  b  une  suite  de  points  consécutifs  assez 
rapprochés  pour  que  la  variation  de  f{x)  soit  <  e  d'un  point  au 
suivant,  ce  qui  est  possible  quelque  petit  que  soit  e  (IV).  Si  la 
fonction  ne  s'annule  pas  en  l'un  de  ces  points,  elle  change  de 
signe  entre  deux  points  consécutifs  où  sa  valeur  absolue  sera 
<  £.  Donc  I  :  f{x)  surpasse  i  :  e  en  valeur  absolue  quelque  petit 
que  soit  e,  et  cette  fonction  n'est  pas  bornée  ni  continue,  ce  qui 
n'a  lieu  (25)  que  si  f{x)  s'annule  dans  l'intervalle  (a,  b). 

VI.  Si  la  fonction  f{x)  est  continue  dans  (a,  b),  elle  prend, 
dans  cet  intervalle,  toute  valeur  comprise  entre  f{a)  et  f{b). 

En  effet,  soit  A  une  quantité  comprise  entre  ces  deux  valeurs  ; 
la  fonction  continue  f{x)  —  A,  prenant  des  valeurs  de  signes 
contraires  pour  x  =  a  et  x  =  b,  s'annule  en  un  point  intermé- 
diaire Ç  et  l'on  a,  par  conséquent,  f{^)  =  A. 

On  énonce  cette  propriété  en  disant  qu'une,  fonction  continue 
dans  un  intervalle  (a,  b)  ne  peut  passer  d'une  valeur  à  une  autre 
sans  passer  par  toutes  les  valeurs  intermédiaires. 

Exercices. 

1.  Soit  X  une  valeur  positive  et  [x]  le  plus  grand  entier  contenu 
dans  X.  On  considère  la  fonction  x  —  [x].  Prouver  :  1°)  qu'elle  est  dis- 
continue pour  les  valeurs  entières  de  x  et  continue  pour  les  autres 
valeurs;  2°)  que  sa  borne  inférieure  est  0  et  sa  borne  supérieure  i, 
dans  tout  intervalle  comprenant  un  nombre  entier;  3°)  que  cette  borne 
inférieure  est  accessible  et  cette  borne  supérieure  inaccessible. 

2.  La  fonction  sin  -~  est  définie,  sauf  pour  ;t  =  0  ;  on  lui  donne,  pour 

compléter  sa  définition,  la  valeur  0  pour  a;  =  0.  Prouver  :  i»)  que  cette 
fonction  est  discontinue  pour  a;  ^  0  et  que  son  oscillation  en  chaque 
point  est  égale  à  2  ;  2°)  que  cependant,  dans  tout  intervalle  compre- 
nant le  point  0,  la  fonction  ne  peut  passer  d'une  valeur  à  une  autre 
sans  passer  par  toutes  les  valeurs  intermédiaires. 

3.  On  définit  la  fonction  ??  [x)  en  posant  <p  {x)  ^  -  quand  x  est 


FONCTIONS  DE  PLUSIEURS  VARIABLES  REELLES  27 


rationnel  et  égal  à  une  fraction  irréductible  ±  p  :  q  et  'f  (x)  ^=  0  quand 
X  est  irrationnel.  Prouver  :  i»)  que  o  (x)  est  continue  pour  toute  valeur 
irrationnelle  de  x  ;  2°)  discontinue  pour  toute  valeur  rationnelle  ; 
3")  que  l'oscillation  est  égale  à  la  fonction  elle-même. 

Cet  exemple  prouve  qu'il  existe  des  fonctions  telles  qu'il  y  ait, 
dans  tout  intervalle  si  petit  qu'il  soit,  une  infinité  de  points  où  elles 
sont  continues  et  une  infinité  d'autres  où  elles  sont  discontinues. 

4.  On  peut  définir  la  continuité  en  un  point  et  dans  un  intervalle 
(a,  b)  comme  au  n»  24,  mais  en  ne  donnant  à  la  variable  indépendante 
X  que  des  valeurs  rationnelles.  Ceci  posé,  soit/(;»;)  une  fonction  définie 
pour  les  valeurs  rationnelles  de  x  seulement,  et  continue  pour  toutes 
ces  valeurs  dans  l'intervalle  (a,  b).  Existe-t-il  une  fonction  F{x),  conti- 
nue pour  toutes  les  valeurs  réelles  de  x  dans  l'intervalle  (a,  b)  et  qui 
coïncide  avec /(a;)  pour  x  rationnel? 

R.  Oui,  si  la  continuité  de/{x)  est  uniforme  [c'est  à  dire  si  la  pro- 
priété IV  du  n»  27  s'applique  kf{x)]  ;  non  dans  le  cas  contraire.  On  le 
prouvera  en  montrant  que,  dans  le  cas  de  l'affirmative, /(;t)  tend  vers 
une  limite  déterminée  F  (a)  quand  x  tend  vers  une  valeur  irration- 
nelle a. 

§.  4.  Fonctions  de  plusieurs  variables  réelles. 

28.  Des  variables,  des  fonctions  et  de  leurs  limites.  —  Si  les  valeurs 
que  reçoit  la  variable  u  dépendent  des  valeurs  qu'on  attribue  à 
plusieurs  autres  variables  x,  y,...  on  dit  que  u  est  une  fonction 
de  ces  variables  et  l'on  écrit  u  -^  f{x,  y,.--)*  ^^  fonction  est 
uniforme,  ou  univoque,  oxik  détermination  simple, — multiforme, 
ou  plurivoque,  ou  à  déterminations  multiples,  selon  qu'elle  est 
susceptible  d'une  seule  ou  bien  de  plusieurs  valeurs  pour 
chaque  système  de  valeurs  de  x.  y,...  La  fonction  est  algébrique 
ou  transcendante,  rationnelle  ou  irrationnelle,  implicite  ou  e.v- 
plicite  comme  dans  le  cas  des  fonctions  d'une  seule  variable. 

On  dit  que  les  variables  x,  y,...  varient  dans  le  domaine  rec- 
tangulaire D  limité  par  les  valeurs  ai  et  ag  de  x,  b^  et  b^^  de  y.-.. 
lorsqu'on  peut  donner  à  x,  y,...  respectivement  toutes  les  va- 
leurs comprises  entre  ces  limites  et,  de  plus,  ces  valeurs-limites 
elles-mêmes.  Les  points  où  l'une  des  variables  au  moins  prend 
une  de  ses  valeurs-limites  forment  la  frontière  du  domaine  D. 
Les  autres  points  sont  intérieurs  au  domaine  D. 

Plus  généralement,  les  variables  x,  y,...  peuvent  prendre 
tous  les  systèmes  de  valeurs  qui  satisfont  à  certaines  inégalités 
de  la  forme  F  {x,  y,...)  >  0  où  F  est  continue.  On  dit  encore, 


a8  INTRODUCTION 


dans  ce  cas,  qu'elles  varient  dans  un  domaine  D,  défini  par  ces 
conditions.  Sur  la  frontière  du  domaine  une  des  inégalités  se 
change  en  égalité. 

Lorsque  les  variables  (.v,  y,...)  varient  dans  un  domaine  D,  la 
fonction  f{x,  y,...)  peut  être  bornée  supérieurement  et  infé- 
rieurement.  Dans  ce  cas,  ses  bornes  supérieure  et  inférieure 
et  son  oscillation  se  définissent  comme  dans  le  cas  des  fonctions 
d'une  seule  variable. 

Ce  que  nous  avons  dit  (n°  22)  de  ces  divers  éléments,  dans  le 
cas  où  l'on  considère  le  partage  d'un  intervalle  en  plusieurs 
autres,  peut  évidemment  se  répéter  si  l'on  considère  le  partage 
en  plusieurs  autres  d'un  domaine  D. 

29.  Représentation  géométrique.  —  Quand  on  considère  deux 
variables  x  et  y  seulement,  leur  variation  simultanée  se  repré- 
sente géométriquement  par  le  déplacement  d'un  point  M  du  plan 
qui  a  pour  coordonnées  rectangulaires  x  et  y.  Le  domaine  D 
limité  par  les  valeurs  a,  et  aj  de  x,  fe,  et  b^  de  y  est  alors  figuré 
par  le  rectangle  dont  les  côtés  ont  pour  équations  x  =  ai, 
X  —  a^  et  y  ^  by,  y  =^  b2.  Quand  x  et  y  varient  dans  ce  domaine, 
le  point  représentatif  du  système  peut  prendre  toutes  les  posi- 
tions comprises  dans  l'intérieur  et  sur  le  contour  du  rectangle. 
Par  allusion  à  cette  représentation,  un  système  de  valeurs  de 
X  et  y  s'appelle  un  point,  le  système  a,  b  le  point  (a,  b),  etc.  La 
représentation  géométrique  s'étend  au  cas  de  trois  variables  à 
condition  de  considérer  le  déplacement  du  point  M  dans  l'es- 
pace. Dans  ce  cas,  un  domaine  rectangulaire  est  figuré  par  un 
prisme  rectangle. 

Plus  généralement,  dans  le  cas  de  deux  variables,  on  peut 
faire  varier  le  point  x,  y  dans  la  portion  du  plan  limité  par  un 
contour  fermé.  Le  domaine  D  comprend  alors  tous  les  points 
de  la  courbe  frontière  et  de  la  région  intérieure. 

Dans  le  cas  de  trois  variables,  le  point  x,  y,  z  peut  varier 
dans  un  domaine  I)  limité  par  une  surface  fermée.  Cette  surface 
est  la  frontière  du  domaine. 

Au  delà,  la  représentation  géométrique  fait  défaut,  mais  il 
est  commode  d'étendre  la  terminologie  au  cas  général,  le  point 
variant  alors  dans  l'hyperespace. 


FONCTIONS  DE  PLUSIEURS  VARIABLES  REELLES  29 

30.  Définitions  relatives  à  la  continuité.  —  Une  fonction  f{x,  y,...) 
est  continue  au  point  (a,  b,...)  si  f{x,y,...)  a  pour  limite  f(a,  l),...) 
quand  x,  y,...  tendent  respectivement  vers  a,  b...  d'une  manière 
quelconque,  c'est-à-dire  quand  \  x  —  a  \  -{-  \  y  —  b  \  ~{-  ...  tend 
vers  0  ;  ou,  ce  qui  revient  encore  au  même,  si  l'oscillation  de 
f{x,  y,...)  dans  le  domaine  infiniment  petit  limité  par  les 
valeurs  a  ±  t  de  x,  b  zk  'r\  de  y,...  a  pour  limite  0  quand  t,  yj,... 
tendent  vers  0. 

La  fonction  f{x,  y,...)  est  continue  dans  un  domaine  1)  si  elle 
est  continue  en  tout  point  intérieur  à  ce  domaine  et  en  tout 
point  de  sa  frontière.  Seulement,  sur  la  frontière  du  domaine  D, 
la  condition  de  continuité,  exprimée  par  l'équation 

lim  f{x,  y,...)  =  /"(lim  x,  lim  y,...), 

est  seulement  relative  au  cas  où  les  variables  tendent  vers  leurs 
limites  sans  sortir  du  domaine  D. 

La  fonction  est  continue  dans  le  voisinage  d'un  point  {a,  b,...) 
lorsqu'elle  est  continue  dans  un  domaine  suffisamment  petit 
comprenant  ce  point  dans  son  intérieur  (au  sens  étroit). 

Lorsqu'une  fonction  n'est  pas  continue  au  point  (a,  b,...),  elle 
est  discontinue  en  ce  point. 

D'après  ces  définitions,  une  fonction  peut  être  continue  par 
rapport  à  chaque  variable  x,  y,...  variant  seule,  sans  l'être  par 
rapport  à  l'ensemble  de  ces  variables. 

31.  Continuité  des  fonctions  composées.  —  1.  La  somme,  le  pro- 
duit, le  quotient  de  deux  fonctions  continues  sont  des  fonctions 
continues,  sauf  si  une  fonction  prise  comme  diviseur  s'annule. 

La  démonstration  est  la  même  que  pour  les  fonctions  d'une 
seule  variable  (n°  25). 

II.  Si  u,  V...,  sont  des  fonctions  continues  de  x,  y...,  et  si 
F  (u,  V,...)  est  une  fonction  continue  de  u,  v,...,  F  sera  aussi 
fonction  continue  de  x,  y.... 

Faisons  tendre  x,  y,...  vers  .Yq,  yo,---  et  soient  u^,  Vç,....  les 
valeurs  de  u,  v,...  en  ce  point.  Les  fonctions  étant  continues, 
on  aura  effectivement  : 

lim  F  {u,  V,...)  =  F  (lim  u,  lim  v,...)  =  F  (uo,  Vo,...). 

De  là,  nous  concluons  encore  que  les  fonctions  composées  de 
plusieurs  variables  ne  peuvent  devenir  discontinues  que  si  l'une 


30  INTRODUCTION 


des  lonctioiis  composantes  devient  diseontiniie  ou  si  l'on  doit 
faire  une  division  pai"  zéro.  Ce  résultat  généralise  eelui  obtenu 
au  n°  23  et  le  renferme  eomme  cas  particuliei*. 

32.  Convergence  uniforme.  —  Soit  f{x,  y,  z,...)  une  fonction  de 
plusieurs  variables.  Il  se  peut  qu'elle  tende  vers  une  limite 
déterminée  'f  {y,  z,...)  quand  on  fait  tendre  a'  vers  une  valeur 
particulière  a.  On  dit  que  f{x,  y,  z,...)  converge  uniformément 
vers  sa  limite  dans  un  domaine  déterminé  y,  3,...  si,  à  tout 
nombre  ])ositif  e,  correspond  un  nombre  8,  iNOÉPENnAN'i  m-:  y, 
z,...,  tel  qu'on  ait 

(1)  \f{x,y,z,...)-f(y,z,...)\  <e, 

sous  la  seule  condition  |  a-  —  a  |  <  8,  et  cela  dans  tout  le  domaine 
y,  z,...  considéré. 

La  fonction  f{x,  y,  z,...)  peut  aussi  converger  vers  une  limite 
©  {y,  z,...)  quand  x  tend  vers  l'infini.  Pour  que  la  convergence 
soit  uniforme,  il  faut  qu'à  tout  nombre  e  corresponde  un  nom- 
bre N  INDÉPENDANT  DE  y,  Z,...,  tel  quc  la  relation  (1)  ait  lieu  sous 
la  seule  condition  a  >  N  dans  tout  le  domaine  y,  z,...  considéré. 

Ainsi,  par  exemple,  la  l'onction 

I 
x—y 

a  pour  limite  0  quand  x  tend  vers  l'infini,  et  cela  pour  chaque 
valeur  de  y,  mais  la  convergence  n'est  pas  uniforme  si  y  peut 
varier  d'une  manière  quelconque,  car,  quelque  grand  que  soit 
X,  on  peut  encore  choisir  y  de  manière  à  rendre  la  fonction 
aussi  grande  qu'on  veut. 

§  5.  Fonctions  élémentaires*. 

33.  Exposants  fractionnaires.  —  Dans  sa  signification  primitive, 
un  exposant  indique  le  nombre  des  facteurs  égaux  d'un  produit  : 


(*)  Les  déliuitions  des  fonctions  exponentielle  et  logarithme  appar- 
tiennent aux  éléments  de  l'algèbre.  Ces  définitions  et  les  propriétés  fon- 
damentales de  ces  fonctions  sont  déjà  familières  à  ceux  qni  abordent 
l'étude  de  l'analyse  infinitésimale.  Kn  les  rai)pelant  brièvement  ci-des- 
sous, notre  but  est  de  les  rattacher  aux  principes  généraux  et  de  faire 
saisir  dans  sou  ensemble  la  chaîne  des  déductions  qui  y  conduisent. 


FONCTIONS  ÉLÉMENTAIRES  3l 

.V"  désigne  le  produit  de  îu  facteurs  égaux  à  .v.  On  généralise 
déjà  en  algèbre  élémentaire  la  notion  des  exposants  par  la  défi- 
nition des  exposants  fractionnaires  et  négatifs.  Si  a  désigne  un 
nombre  positif  quelconque,  l'équation  a:"  =  h,  où  n  est  un  entier 
positif,  a  une  racine  positive  et  une  seule  que  l'on  appelle  la 

racine  arithmétique  n^"^'^  de  a.  On  la  représente  par  "\/a  ou  a". 

m. 

On  pose  ensuite,  par  définition,  a"  =  ^^\la^,  a:"  =■  i,  a-    «  =  —, 

a  désignant  une  fraction  quelconque.  Ces  définitions  suffisent 
pour  établir,  sans  aucune  difficulté,  toutes  les  règles  du  calcul 
des  exposants  rationnels  positifs  et  négatifs.  Nous  supposerons 
ces  résultats  acquis  dans  les  éléments. 

34.  Fonction  exponentielle.  —  Soit  a  un  nombre  positif,  la  défi- 
nition de  la  fonction  a^  résulte  de  celle  des  exposants  fraction- 
naires pour  toutes  les  valeurs  rationnelles  de  .v.  Lorsque  x 
varie  sans  cesser  d'être  rationnel,  la  fonction  a^  est  continue 
pour  chaque  valeur  de  x  et  elle  varie  en  croissant  de  0  à  i  et  de 
I  à  00  quand  a:  lui-même  varie  dans  le  même  sens  de  —  x  à  0  et 
de  0  à  00.  Cette  i^ropriété  permet  de  définir,  par  un  passage  à  la 
limite,  la  fonction  a^  pour  les  valeurs  irrationnelles  de  .v  et  de 
donner,  par  conséquent,  la  définition  des  exposants  irration- 
nels. Si  a  est  irrationnel,  a'=^  est  la  limite  de  a^  quand  x  tend 
vers  a  sans  cesser  d'être  rationnel.  La  fonction  a^  se  trouve 
maintenant  définie  pour  toutes  les  valeurs  réelles  de  x,  elle  est 
encore  constamment  croissante  avec  .v  et  continue  pour  toutes 
les  valeurs  de  cette  variable. 

Les  propriétés  essentielles  de  la  fonction  exponentielle  sont 
exprimées  par  les  équations 

a^  a'^  =  a^  +  î',         (a^  "')  -=  a"»^. 

(yelles-ci  se  démontrent  directement  dans  le  cas  des  exposants 
fractionnaires  et  elles  s'étendent,  par  un  passage  à  la  limite, 
au  cas  des  exposants  irrationnels.  Nous  supposerons  encore  ces 
résultats  acquis  dans  les  éléments. 

35.  Fonction  log-arithme.  Puissance  quelconque.  —  Soit  a  un  nom- 
bre >  1  ;  le  logarithme  d'un  nombre  positif/»,  dans  le  système 
de  logarithmes  dont  la  base  est  a,  est  l'exposant  auquel  il  faut 


32  INTRODUCTION 


élever  a  pour  reproduire  m.  Tout  nombre  positif  m  a  un  loga- 
rithme et  un  seul  dans  la  base  a,  car,  a^  croissant  de  0  à  x 
quand  x  croît  de  —  oo  à  4-  co»  l'équation  a^  =  m  a  une  racine  et 
une  seule.  înTous  représenterons  cette  racine  par  LogaA*. 

La  fonction  JjOgaX  est  définie  par  là  pour  toutes  les  valeurs 
réelles  et  positives  de  .v  sauf  x  =  0  ;  elle  croît  successivement 
de  —  GO  à  0,  de  0  à  I  et  de  I  à  l'infini,  quand  x  lui-même  croît 
de  0  à  I  de  I  à  a  et  de  a  à  l'infini.  Elle  est  continue  pour  toutes 
les  valeurs  de  x  sauf  x  =  0. 

Les  propriétés  fondamentales  du  logarithme  correspondent  à 
celles  de  l'exponentielle  a^,  elles  sont  exprimées  par  les  équa- 
tions : 

Log«  A-  -h  Loga  y  =  Loga  xy,        Loga  x"^  =-  m  Log«  x. 

Lorsque  la  variable  x  est  positive,  une  puissance,  x*^ ,  est  dé- 
finie par  ce  qui  précède  pour  toutes  les  valeurs  réelles  de  a. 
On  a,  en  effet,  le  logarithme  étant  pris  dans  la  base  A, 

Cette  fonction  s'exprime  donc  par  les  fonctions  exponentielle 
et  logarithme.  Elle  est  continue  pour  toutes  les  valeurs  posi- 
tives de  X. 

36.  Logarithmes  naturels.  Nombre  e.  —  Les  logarithmes  naturels 
sont  ceux  qui  ont  pour  base  le  nombre  e  que  nous  allons  défi- 
nir. Comme  on  le  verra,  ce  sont  ceux  qui  se  présentent  le  plus 
naturellement  dans  le  calcul  différentiel  et  nous  n'en  aurons 
guère  d'autre  à  considérer.  Nous  conviendrons  de  désigner  par 
LogA  a;  le  logarithme  de  a  dans  la  base  A,  et  par  LogA  (sans  in- 
dice) son  logarithme  naturel. 

On  définit  d'abord  le  nombre  e  comme  limite  de  l'expression 

'+^ 

quand  n  est  un  entier  qui  tend  vers  l'infini,  et  cette  limite  est 
finie  et  déterminée,  car  nous  allons  montrer  (juc  cette  expres- 
sion est  croissante  et  bornée. 

Elle  est  croissante,  car  elle  se  développe  par  la  formule  du 
binôme  dans  une  somme  de  n  4-  i  termes  : 


INTRODUCTION  33 


i.2...pV     Wv     ny    V         /i    y 

Or  le  nombre  des  termes  augmente  avec  n  et  chaque  terme 
aussi. 

Ensuite  l'expression  est  bornée,  car  le  terme  de  rang  {p  -4-  i)  • 
(écrit  en  dernier  lieu)  est  moindre  que 

I  I 

< 


1.2.,. p      2P-'^' 
et  la  somme  entière,  moindre  que 

Donc  le  nombre  e  est  compris  entre  2  et  3.  Nous  apprendrons 
plus  tard  le  moyen  de  le  calculer.  Sa  valeur  approchée  est 

e  =  2,7  1828  1828  459045  ... 

Théorème.  —  Plus  généralement,  a  tendant  vers  0  d'une  ma- 
nière quelconque,  on  a 

i_ 
lim  (i  4-  a)«  =  e. 

En  effet,  si  a  est  positif,  i  :  a  est  compris  entre  deux  entiers 
consécutifs  n  et  n  +  i  qui  augmentent  à  l'infini,  et  l'on  a 

r\n+i 


I         A"  *  /  T\' 


1 


Donc  (I  +  a)='  est  compris  entre  deux  quantités  qui  ont  pour 
limite  e  : 


^+.^T  :ri4-^-.^  et  ri+^T.r. - 


Si  a  est  négatif  et  >  —  i,  on  pose  i  +  a  =  i  :  (i  +  p),  de  sorte 
que  (3  tend  vers  0  en  restant  positif,  et  l'on  a 

(l+a)a=(H-{3)    ?     =(i+|3).(i4.p)P, 

ce  qui  ran)ène  au  cas  précédent. 

3 


34  FONCTIONS  ÉLÉMENTAIRES. 

37.  Fonctions  circulaires  directes.  —  Les  fonctions  trigonomé- 
triques  sont  définies  dans  les  éléments  par  des  considérations 
géométriques.  Nous  supposerons  connues  leurs  propriétés  les 
plus  élémentaires. 

Toutes  les  fonctions  trigonom étriqués  peuvent  se  définir  au 
moyen  de  l'une  d'elles,  considérée  comme  fondamentale,  par 
exemple  sin^x,  au  moyen  des  formules  : 

cosa;  =  sin  ( a*  ),  tg^;  = —,  cotA'  =  tg(  -—x  ), 

sec  A'  = ,      cosec  a  — 


cosA  sinx 


Dans  toute  l'étendue  de  ce  cours,  les  angles  sont  supposés 
mesurés  par  la  longueur  de  l'arc  qu'ils  interceptent  sur  la  cir- 
conférence de  rayon  un.  Dans  les  formules  précédentes,  x  dé- 
signe donc  un  arc  de  cercle. 

38.  Fonctions  circulaires  inverses.  —  Les  fonctions  circulaires 
étant  périodiques,  reprennent  la  même  valeur  pour  une  infinité 
de  valeurs  de  la  variable.  Donc  leurs  inverses,  ayant  une  infinité 
de  valeurs  pour  chaque  valeur  de  la  variable,  sont  des  fonctions 
à  déterminations  multiples.  Nous  allons  montrer  toutefois  que 
l'on  peut  associer  ces  valeurs  entre  elles,  de  manière  à  définir 
une  infinité  de  fonctions  distinctes,  dont  chacune  sera  uniforme 
et  continue  et  constituera  une  branche  de  la  fonction. 

1^  La  fonction  y  =-  arc  sin  x  est  la  fonction  inverse  du  sinus, 
c'est  la  fonction  implicite  y.  définie  par  l'équation 

X  =  sin  y. 
Quand  y  croît  de  —  -  à  +  -,  x  passe  une  seule  fois  par  cha- 
cune des  valeurs  comprises  entre  —  i  +  i.  Donc,  à  chaque  va- 
leur de  X   dans  l'intervalle  (—  i,  +  i),  ne  correspond  qu'une 
seule  valeur  de  y   dans  l'intervalle  (^— -,  + -j.  Nous  dirons 

que  cette  valeur  est  la  valeur  principale  de  arc  sin  x. 

La  valeur  principale  de  arc  sin  x  varie  d'une  manière  conti- 
nue avec  X  et  elle  croît  de  —  -  à  -f  -  quand  x  croît  de  —  i  à 
+  I  ;  elle  d^éfinit  la  branche  principale  de  la  fonction  et  nous 
considérerons  celle-là  chaque  fois  que  le  contraire  ne  sera  pas 
dit  expressément. 


INTRODUCTION  35 


La  fonction  arc  sin  x  a  une  infinité  d'autres  branches.  Mais 
il  est  facile  de  les  ramener  à  la  princiipale.  En  effet,  les  seules 
valeurs  qui  laissent  sin  y  invariable  s'obtiennent  en  changeant 
y  en  Tc  —  y  ou  en  ajoutant  à  ces  deux  arcs  un  nombre  k  entier 
(positif  ou  négatif)  de  circonférences.  Donc  toutes  les  autres 
valeurs  de  l'arc  sinus  s'expriment  au  moyen  de  la  principale 
par  les  deux  formules  : 

y  =  arc  sin  x  +  2kr.,         y  =  {i^  —  arc  sin  x)  +  a/c-, 

où  l'on  donne  à  arc  sin  x  sa  valeur  principale.  En  même  temps, 
chacune  de  ces  formules  définit,  pour  chaque  valeur  de  k,  une 
branche  distincte  de  la  fonction. 

La  fonction  arc  sin  x  n'a  de  sens  jusqu'ici  que  si  x  est  com- 
pris dans  l'intervalle  ( —  i,  -f  i)  ;  en  dehors  de  cet  intervalle, 
l'expression  arc  sin  x  ne  représente  plus  rien. 

2°  La  fonction  y  =-  arc  cos  x  se  ramène  à  la  précédente  par 
les  relations  : 

X  ^  cos  y  ^  sin  (  ; y 

y  =  ai'c  sm  x, 

arc  cos  x  = arc  sm  x. 

2 

La  valeur  principale  de  arc  cos  x  s'obtient  par  cette  formule 
en  donnant  la  sienne  à  arc  sin  x.  C'est  une  fonction  uniforme 
et  continue  de  x,  qui  varie  de  tt  à  0  quand  x  varie  de  —  i  à  4-  i. 
et  c'est  la  branche  principale  de  la  fonction.  Les  autres  branches 
s'obtiennent  en  fonction  de  la  principale  par  les  formules  '. 

y  =  2/f  TT  4-  arc  cos  x,        y  =  a/c  tt  —  arc  cos  .v. 

Comme  l'arc  sinus,  l'arc  cosinus  n'a  de  sens  qiie  si  la  variable 
est  comprise  dans  l'intervalle  ( —  i,  -f  i). 

3"^  La  fonction  y  =  arc  tg  x  a,  pour  chaque  valeur  de  .v,  une 
valeur  et  une  seule  satisfaisant  aux  conditions  : 

<  arc  tg  A'  <  -  . 

2  ^2 

C'est  sa  valeur  principale,  qui  définit  la  branche  principale 

de  la  fonction.  Elle  croît  de -'  à  +  -  quand  x  croit  de  —  oc  à 

2  2  ^ 


36  FONCTIONS  ÉLÉMENTAIRES 

4-  00  .  Les  valeurs  de  l'arc  pour  lesquelles  la  tangente  reprend 
la  même  valeur  diffèrent  entre  elles  d'un  multiple  de  n  ;  donc 
les  autres  branches  de  la  fonction  arc  tg  x  s'expriment,  au 
moyen  de  la  première,  par  la  seule  formule 

y  =  arc  tg  ^  +  kn. 

4°  Les  autres  fonctions  inverses  se  ramènent  aux  précédentes 
par  les  formules,  correspondant  aux  trois  dernières  du  ii2_37  : 

arc  cot  X  = arc  tg  x, 

1 
arc  sec  x  ==  arc  cos  —, 

X 

.     I 
arc  cosec  x  =  arc  sm  - . 

X 

Exercices. 

1.  Toute  fonction  f{x)  gui  reste  bornée  dans  l'intervalle  (0,  e)  et  qui  satis- 
fait, pour  toutes  valeurs  réelles  de  x  et  de  y,  à  la  relation 

f{x+y)=^f{x)+Ay) 

est  de  la  forme  f{x)  =  ax,  a  constant  (e  peut  être  aussi  petit  'qu'on  veut). 

En  raisonnant  de  proche  en  proche,  on  déduit  d'abord  de  la  relation 
donnée  que  l'on  a  ,  w  et  «  étant  des  entiers  quelconques, 

f{mx  +  «)  =  mf(x)  +  «/  (i). 

Prenons  w  >  i  :  e  ;  faisons  varier  x  d'une  manière  quelconque  dans 

l'intervalle  (0,  —  )  et  faisons  tendre  l'entier  n  vers  l'infini.  La  variable 

\      m  J 

mx  -{-n  =  ^  tendra  vers  l'infini  d'une  manière  arbitraire  et  l'on  déduira 
de  l'équation  précédente,  puisque /(a;)  reste  bornée  par  hypothèse, 

lim       /(?)       ..rnf{x)  +  nf{i)_ 

—  =  lim . j{i)  —  a. 

ç==oo^  mx  -\-  n 

Prenons  ensuite  m  =  0  et  faisons  tendre  m  vers  l'infini  ;  on  déduira 
de  la  même  équation,  en  tenant  compte  du  résultat  précédent, 

f{x)  ^Vim        f^A=.f(^^)  =  a. 
X         m  =^  <X)      mx 

2.  La  seule  fonction  qui  reste  bornée  dans  V intervalle  (0,  e),  qui  n'est  pas 
constamment  nulle  et  qui  satisfait  pour  toute  valeur  de  x  à  l'égalité 

f{x+y)=^f{x)f{y) 

est  la  fonction  f{x^  =-  A^ ,  A  constant.  (Quelque  petit  que  soit  s). 


INTRODUCTION  3^ 


On  déduit  d'abord  de  cette  relation /(2;tr)  -^f{xYJ[z)  ■=.  f(^x)f{z-~x)  ; 
donc  :  i°  f{x)  est  toujours  positif;  2°  s\  f{t)  n'est  pas  nul,  la  limite 
inférieure  àef{x)  est  >  0  dans  l'intervalle  (0,  e). 

On  posera  donc  Log/W  =  tp  {x),  tf  {x)  sera  borné  dans  l'intervalle 
(0,  e)  et  on  appliquera  la  propriété  de  l'exercice  précédent. 

On  remarquera  :  lo  que,  dans  ces  théorèmes,  on  ne  postule  pas  la 
continuité  de  la  fonction  ;  2°  que,  si  l'on  ne  considérait  que  les  valeurs 
rationnelles  de  x,  il  serait  inutile  de  supposer  d'avance /(at)  borné. 

§  6.  Nombres  complexes. 

39.  Notation  du  nombre  complexe,  —  On  donne  le  nom  de  nom- 
bre complexe  ou  imaginaire  à  l'ensemble  de  deux  nombres  réels 
a  et  b,  rangés  dans  un  certain  ordre,  et  l'on  représente  et 
ensemble  par  la  notation 

a  +  bi. 

Les  expressions  de  cette  forme  sont  soumises  à  des  règles  de 
calcul  conventionnelles.  C'est  dans  l'énoncé  de  ces  règles  que 
consiste  la  définition  mathématique  des  quantités  complexes. 
Le  symbole  /  n'a  aucun  sens  par  lui-même,  il  sert  seulement  à 
maintenir  séparés  l'un  de  l'autre  les  deux  nombres  a  et  6  qui 
jouent  un  rôle  différent  dans  les  opérations  que  nous  allons 
définir.  Le  signe  +  sert  à  marquer  la  connexion  des  deux  nom- 
bres a  et  6  et  son  emploi  se  justifiera  de  lui-même  un  peu  plus 
loin. 

Le  calcul  des  quantités  complexes  repose  sur  les  huit  conven- 
tions suivantes  que  nous  indiquerons  en  les  numérotant  : 

40.  Premières  conventions.  —  La  première  convention  est  rela- 
tive à  l'égalité.  On  écrit 

(1)  a  +  6/  =  a'  4-  bi', 

si  l'on  a  séparément  a  =-  a'  et  6  =-  b'.  de  sorte  qu'une  équation 
entre  quantités  complexes  revient  à  deux  équations  entre  quan- 
tités réelles. 

Les  trois  conventions  suivantes,  où  la  notation  elle-même 
joue  un  rôle  essentiel,  sont  exprimées  par  les  trois  équations  : 

(II)  a-hOi  =  a, 

(III)  0-\-bi  =  bi, 

(IV)  0  -fi/  =  /. 


38  NOMBRES  COMPLEXES 


Elles  font  rentrer  respectivement  dans  l'ensemble  des  quan- 
tités complexes  les  quantités  réelles,  les  expressions  de  la 
forme  bi  que  l'on  appelle  purement  imaginaires  et  enfin  le  sym- 
bole i  lui-même  que  l'on  appelle  Yunité  imaginaire. 

Les  quantités  réelles  rentrant  maintenant  dans  les  quantités 
complexes,  il  faudra  prendre  soin,  dans  les  définitions  sui- 
vantes, de  n'introduire  aucune  règle  qui  contredise  celles  déjà 
établies  pour  les  quantités  réelles. 

La  règle  II  montre  qu'une  quantité  imaginaire  n'est  nulle  ou 
égale  à  zéro  que  si  l'on  a  séparément  : 

a  =  0,         6  =  0. 

La  quantité  réelle  et  positive  sja^  -\-  b^  s'appelle  le  module  de 
la  quantité  (a  \-  bi)  et  se  représente  par  \  a  +  bi  \  .  Un  nombre 
complexe  est  nul  si  son  module  est  nul  et  seulement  dans  ce  cas. 

4 1 .  L'addition  et  la  multiplication  sont  définies  par  les  équations 

(V)  (a  +  bi)  -i-  (a'  +  b'i)  ==  (a  +  a')  +  (6  +  b'}i, 

(VI)  (a  +  bi)  (a'  +  b'i)  -  {aa'  —  bb')  -|-  {ab'  +  a'b)i, 

que  l'on  est  en  droit  de  poser,  car  elles  se  réduisentàdes  identités 
quand  leurs  termes  sont  réels.  Donc  la  somme  et  le  produit  de 
deux  nombres  complexes  sont  de  nouveaux  nombres  complexes 
entièrement  déterminés.  Il  est  à  peine  nécessaire  de  faire  re- 
marquer que  ces  définitions  sont  faites  de  manière  à  conserver 
les  propriétés  commutative,  associative  et  distributive,  qui 
correspondent  aux  relations  : 

a  +  P  =  P  4-  a, 

(a  +  i3)  +  Y  =  a  +  (P  -f  y), 

aux  relations  analogues  dans  la  multiplication  et  à  l'équation 

a([3  +  y)  =  a§  +  aY. 

Les  équations  Y  et  VI  donnent  lieu  à  des  cas  particuliers 
remarquables  ; 

1°  Eu  égard  à  II  et  III,  l'équation  V  montre  que  a  +  bi  est  la 
somme  des  deux  nombres  a  et  bi.  Le  nombre  a  est  la  partie 
réelle  de  a  -f  bi  et  le  nombre  bi  est  sa  partie  imaginaire. 

2°  Eu  égard  à  IV,  l'équation  VI  montre  aussi  que  bi  est  le 
produit  des  deux  nombres  b  et  i. 

Il  résulte  de  là  que  l'emploi  des  signes  d'opération  dans  la 


INTRODUCTION  Sg 


notation  du  nombre  complexe  a  4-  bi  ne  peut  prêter  à  aucune 
confusion. 

3°  Si  l'on  fait,  dans  l'équation  VI,  a  -^  a'  —  0  et  b  =  b'  =  i, 
elle  se  réduit  à 

i'  =  —  i. 

Donc  tous  les  calculs  relatifs  à  l'addition  et  à  la  multiplica- 
tion des  quantités  complexes  pourront  se  faire  par  l'application 
des  règles  du  calcul  algébrique  habituel,  à  condition  de  traiter 
le  symbole  i  comme  une  quantité  dont  le  carré  serait  égal 
à —  I.  Cette  propriété  explique  comment  il  se  fait  que  le  nom- 
bre i  se  soit  introduit  en  algèbre  sous  la  forme  \/  —  i.  L'usage 
que  l'on  a  fait  de  cette  notation  sans  la  définir  a  fait  considérer 
parfois  l'existence  des  quantités  complexes  comme  une  sorte  de 
paradoxe. 

4°  Si  l'on  fait,  dans  l'équation  VI,  a'  =  a  et  b'  =  —  b,  elle 
donne 

(a  +  bi)  (a  —  bi)  =^a^  -\-  b^. 

Deux  quantités  complexes  qui  ne  diffèrent  que  par  le  sig-ne 
de  la  partie  imaginaire  sont  dites  conjuguées.  On  voit  que  le 
produit  des  deux  quantités  conjuguées  est  réel  et  positif  et  égal 
au  carré  du  module  de  chacune  de  ces  deux  quantités.  La  quan- 
tité a^  +  ^^  s'appelle  aussi  la  norme  de  la  quantité  complexe 
a  ±  bi. 

42.  La  soustraction  et  la  division  sont,  par  définition,  les  opéra- 
tions inverses  de  l'addition  et  de  la  multiplication. 

Soustraire  (a'  +  bi)  de  (a  -|-  bi)  c'est  déterminer  le  nombre 
X  -\-  yi  qui  vérifie  la  condition 

(a  +  bi)  =  (a'  +  b'i)  +  (x  4-  yi)  =  (a'  -f  x)  -{-  {b'  -j-  y)i. 

Ce  nombre  x  -\-  yi  se  représente  par  (a  +  bi)  —  (a'  4-  b'i).  On 
aura  doilc,  par  la  définition  de  l'égalité, 

(VII)        (a  -h  bi)  —  (a'  -f  b'i)  =  (a  —  a')  -h  {b  —  b')i 

et  cette  équation  définit  la  soustraction. 

Diviser  (a  4-  ^0  par  (a'  -\-Lb')i  c'est  trouver  un  nombre  x  -|-  yi 
appelé  quotient  qui  vérife  la  condition 

(a  4-  bi)  -  (a'  +  b'i)  {x  -\-  yi), 

ou,  en  multipliant  les  deux  membres  par  a'  —  b'i, 


4o  NOMBRES  COMPLEXES 


(a  +  M)  (a'  -  b'i)  =  (a'^  +  b'')  {x  +  yi). 

Le  quotient  se  représente  par    ,   ,    ,,.  et  l'on  a 

a  +  b  i 

/VTTT\        a  +  bi    _  faa'  +  bb'^        fba'  —  aô' 


Cette  équation  définit  la  division.  Elle  montre  que  la  division 
est  toujours  possible  et  conduit  à  un  résultat  unique  et  bien 
déterminé  pourvu  que  le  diviseur  ne  soit  pas  nul. 

43,  Théorème.  —  Si,  dans  une  somme,  un  produit,  une  diffé- 
rence, un  quotient  de  nombres  complexées,  on  remplace  chaque 
terme  par  son  conjugué,  les  résultats  seront  aussi  remplacés  par 
leurs  conjugués.  C'est  ce  qui  résulte  immédiatement  des  for- 
mules précédentes.  Donc,  dans  toute  relation  entre  quantités 
complexes  qui  ne  comporte  que  les  quatre  opérations  ration- 
nelles, il  est  permis  de  remplacer  i  par  —  i. 

Soit,  par  exemple,  l'équation 

(a  +  bi)  (a'  +  b'i)  =  {aa'  —  hb')  +  /  (a//  +  hsi')  ; 

en  la  multipliant  membre  à  membre  avec  sa  conjuguée,  on  trouve 

(a2  +  62)  (a'2  +  6'2)  =.  (aa'  —  bb'y  +  {ab'  +  ba'f 

Donc  le  module  (la  norme)  d'un  produit  est  égal  au  produit 
des  modules  (des  normes)  de  chaque  facteur. 

On  conclut  de  là  qu'un  produit  de  plusieurs  facteurs  s'annule 
seulement  si  l'un  des  facteurs  est  nul. 

44.  Théorème.  —  Le  module  d'une  somme  ne  peut  pas  surpas- 
ser la  somme  des  modules  de  chaque  terme. 

Ce  théorème  se  vérifie  d'abord  pour  les  deux  nombres  i  et 
(a  +  bi),  c'est-à-dire  que  l'on  a 


I  -r  \Ja'  +  Z>2  ^  V(i  +  a)'  +  bK 
En  effet,  élevée  au  carré,  cette  relation  revient  à  la  suivante 


2  sja^  +  b^  ^  2a, 

qui  est  apparente  et  dans  laquelle  l'égalité  ne  peut  avoir  lieu 
que  si  b  est  nul  et  a  positif,  donc  a  +  bi  réel  et  positif. 

Ensuite  la  démonstration  s'étend  au  cas  général.  En  effet, 
soient  a  et  a'  deux  nombres  différents  de  zéro,  et  p  leur  quotient 
a'  :  a  :  ou  a 


INTRODUCTION  ^i 


I  a  1  +  I  a'  I   =   I  a  I  (1  +  1  M  ) 
I  a  +  a'  I  -  I  a  I    |  i  +  M  • 

Donc  I  a  -f-  a'  |  sera  inférieur  à  |  a  |  +  |  a'  |  sauf  si  ^  est  réel 
et  positif. 

D'autre  part,  le  module  d'une  somme  est  au  moins  égal  à  la 
difjféi-encc  des  modules  de  ses  deux  termes,  car  les  deux  relations 

ia±a'  I  <   |a|  +  |a'  I  , 
I  a  ±  a'  I   >  I  a  I  -  I  a'  I  , 

se  ramènent  Tune  à  l'autre  par  le  changement  de  a  en  a  =F  a'. 

45.  Représentation  géométrique  des  quantités  complexes.  —  La 
quantité  complexe  (a  -f  bi)  se  représente  géométriquement  par 
une  droite  de  longueur  et  de  direction  déterminée,  menée  à 
partir  d'une  origine  arbitraire,  et  ayant  comme  projections 
suivant  deux  axes  rectangulaires  les  quantités  a  et  b. 

Si  cette  droite  est  menée  à  partir  de  l'origine  des  coordon- 
nées, son  extrémité  M  s  pour  coordonnées  rectangulaires  a  et  b. 
Le  point  M  s'appelle  Vaffixe  (Cauchy)  de  la  quantité  complexe 
et  peut  aussi  lui  servir  de  représentation  géométrique. 

Les  coordonnées  polaires  r  et  9  de  l'affixe  M  jouent  un  rôle 
important  dans  l'étude  de  la  quantité  complexe.  Elle  sont  défi- 
nies par  les  relations  a^  r  cos  ^,  b  =  r  sin  G  ;  d'où 

a  .    .       b 


r  =  yJa^  -i-  b^,  cos9=-,        sin  9  =- 

r  /• 

Le  rayon  vecteur  r  est  le  module  de  la  quantité  complexe. 
L'angle  9  s'appelle  son  argument,  il  n'est  déterminé  qu'à  un 
multiple  près  de  2tt  quand  a  et  b  sont  donnés. 

Cette  représentation  géométrique  et  la  considération  du  mo- 
dule et  de  l'argument  ont  un  intérêt  particulier  dans  les  diverses 
opérations  précédemment  définies. 

La  somme  de  plusieurs  nombres  complexes  est  représentée 
géométriquement  par  la  résultante  des  droites  représentatives 
de  ses  termes. 

Si  l'on  fait  le  produit  et  le  quotient  de  deux  nombres  com- 
plexes 

a  -}-  bi  =-  r  (cos  9  -|-  i  sin  9) 
a'  +  b'i  =--  r'  (cos  9'  -f  i  sin  9'), 


42  VARIABLES  COMPLEXES 

on  trouve,  par  les  propriétés  connues  des  fonctions  trigonomé- 
triques, 

(a  +  bi)  (a'  +  b'i)  =  rr'  [cos  (9  +■  0')  +  i  sin  (ô  +  6')], 

l+||  =  ^[eOB(e_e')  +  ,-Bin(e-9') 

Donc  le  module  d'un  produit  est  égal  au  produit  des  modules 
de  ses  facteurs  et  son  argument  à  la  somme  de  leurs  arguments  ; 
le  module  d'un  quotient  est  égal  au  quotient  des  modules  de  ses 
deux  termes  et  son  argument  à  la  différence  de  leurs  arguments. 

§  7.  Variables  complexes  et  fonctions  rationnelles 
d^une  variable  complexe. 

46.  Variables  complexes.  —  Si  a;  et  y  sont  deux  variables 
réelles,  x  -f  yi  est  une  variable  complexe. 

Si  X  et  y  ont  respectivement  pour  limites  a  et  b,  on  dit  que 
X  -\-  yi  3b  pour  limite  a  -f  bi  et  l'on  écrit 

lim  (x  4-  yi)  =  a  4-  bi. 

La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  x  +  yi  ait  pour 
limite  a  -\-  bi  est  que  la  quantité 


I  (x  +  yi)  -  (a  +  bi)  I  =--  \{x  -  af  4-  (y  —  bf 

ait  pour  limite  0. 

Cette  condition  est  suffisante,  car,  si  ce  radical  tend  vers 
zéro,  chacune  des  quantités  de  valeur  absolue  moindre  {x  —  a) 
et  {y  —  b)  aura  pour  limite  0.  Elle  est  nécessaire,  car  ce  radical 
tend  aussi  vers  0  avec  (;x"  —  a)  et  {y  —  b). 

Le  critère  de  convergence  de  Caucliy  (n^  i6)  s'étend  de  lui- 
même  aux  variables  complexes. 

La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'une  variable 
complexe  z  qui  passe  par  une  succession  illimitée  de  valeurs  ait 
une  limite  finie,  est  qu'à  tout  nombre  i)Ositif' donné  s,  corres- 
ponde une  valeur  de  z  qui  diffère  de  moins  de  e  de  toutes  les 
suivantes. 

Les  principes  généraux  relatifs  à  la  limite  d'une  somme,  d'un 
produit,  d'un  quotient  de  variables  réelles  (n°  i8)  s'appliquent 
évidemment  aussi  aux  variables  complexes. 

Une  variable  complexe  qui  a  pour  limite  0  est  dite  infiniment 


INTRODUCTION  4^ 


petite.  Pour  qu'une  variable  complexe  soit  infiniment  petite,  il 
est  nécessaire  et  suffisant  que  son  module  soit  infiniment  petit. 

47.  Polynôme  entier.  —  Soit  z  une  variable  complexe,  et 

f(z)  =  Ao  z"  +  A,2"-^  +  ...  +  A„ 

un  polynôme  de  degré  n  à  coefficients  réels  ou  complexes.  A 
chaque  valeur  de  z  correspond  une  valeur  bien  déterminée  de 
ce  polynôme.  On  peut  donc  dire  que  ce  polynôme  est  une  fonc- 
tion de  la  variable  complexe  z.  De  plus,  c'est  une  fonction  con- 
tinue pour  toute  valeur  de  z,  ce  qui  veut  dire  que,  si  l'on  fait 
tendre  z  vers  une  valeur  particulière  a  d'une  manière  quel- 
conque, on  aura  la  condition 

lim  f{z)  =  fia). 

On  démontre,  en  algèbre,  que  le  polynôme  f(z)  peut  toujours 
se  décomposer  en  un  produit  de  facteurs  linéaires 

f{z)  =  Ao{z-a)\z-^r  ..., 

les  lettres  a,  p,...  désignant  des  quantités  réelles  ou  complexes 
et  A,  [ji,...  des  entiers  positifs.  Le  polynôme  ne  peut  s'annuler 
que  pour  les  valeurs  2  =  a,  2  =-  p,...  que  l'on  appelle  ses  racines. 
Celles-ci  sont  simples  ou  multiples  :  les  nombres  "k,  p.,...  sont 
les  degrés  de  multiplicité  des  racines  respectives  a,  ^,...  La 
somme  X  +  [J^  +  •••  est  égale  à  n.  On  énonce  cette  propriété  en 
disant  qu'un  polynôme  de  degré  n  a  toujours  n  racines. 

48.  Fonction  rationnelle.  —  Le  quotient  de  deux  polynômes, 

est  ce  qu'on  appelle  une  fonction  rationnelle  de  z.  Sa  valeur  est 
bien  déterminée  pour  toute  valeur  de  z  qui  n'annule  pas  le 
dénominateur.  On  a,  d'après  les  principes  rappelés  plus  haut 
(no  46), 

lim  f{z)  =  fia), 

sauf  si  a  annale  le  dénominateur.  Donc  une  fonction  ration- 
nelle est  continue,  sauf  pour  les  valeurs  de  2  qui  sont  racines 
du  dénominateur  et  qui  rendent  la  fraction  infinie. 


44  PUISSAJÏCE  DES  ENSEMBLES 

Quand  le  dénominateur  se  réduit  à  une  constante,  la  fraction 
se  réduit  à  un  polynôme  entier.  On  dit  aussi  qu'un  polynôme 
est  une  fonction  rationnelle  et  entière  de  z. 

L'expression  P  (z)  :  Q  {z)  est  une  fraction  proprement  dite 
lorsque  le  degré  du  numérateur  est  moindre  que  celui  du  déno- 
minateur. Si  P  était  du  même  degré  ou  de  degré  plus  élevé  que 
Q,  en  effectuant  la  division,  on  décomposerait  P  :  Q  en  un 
quotient  entier  et  une  fraction  proprement  dite. 

§  8.  Des  ensembles  en  général.  Leur  puissance. 

49.  Puissance  d'un  ensemble.  —  Un  ensemble  est  une  collection 
d'objets  ou  d'éléments  quelconques  en  nombre  fini  ou  infini.  Nous 
avons  déjà  parlé  de  l'ensemble  des  nombres  entiers,  de  celui  des 
nombres  rationnels,  réels...  Mais  on  peut  aussi  considérer  l'ensemble 
des  polygones  inscrits  dans  une  courbe,  l'ensemble  des  fonctions  de  x, 
l'ensemble  des  équations  algébriques,  etc. 

On  dit  que  deux  ensembles  E  et  Ei  ont  même  puissance  (Cantor)  si 
l'on  peut  établir  une  correspondance  parfaite  ou  uniforme  entre  les 
éléments  des  deux  ensembles,  de  sorte  qu'à  chaque  élément  de  l'un 
corresponde  un  élément  de  l'autre  et  réciproquement. 

Si  les  deux  ensembles  soni  finis,  c'est-à-dire  composés  d'un  nombre 
limité  d'objets,  l'idée  de  puissance  se  confond  avec  celle  du  nombre 
des  objets.  Une  collection  finie  ne  peut  avoir  le  même  nombre  qu'une 
de  ses  parties  ;  au  contraire,  on  peut  établir  une  correspondance  par- 
faite entre  une  collection  infinie  et  l'une  de  ses  parties.  C'est  ainsi,  par 
exemple,  que  l'on  peut  établir  une  correspondance  parfaite  entre  tous 
les  nombres  entiers  et  tous  les  nombres  pairs,  chaque  nombre  entier 
correspondant  au  nombre  double  :  l'ensemble  des  nombres  pairs  a 
même  puissance  que  celui  de  tous  les  entiers. 

Après  les  ensembles  finis,  les  plus  simples  sont  les  ensembles 
dénombrables. 

50.  Ensembles  dénombrables.  —  a)  Un  ensemble  qui  a  la  même 
puissance  que  celui  des  nombres  entiers  i,  2,  3,...  «,...  est  un  ensemble 
dénombrable.  C'est  donc  un  ensemble  dont  on  peut  numéroter  tous 
les  éléments,  car,  à  chaque  élément,  correspond  un  entier  qui  sera  son 
numéro.  Par  conséquent,  les  éléments  peuvent  être  distingués  par  un 
indice  et  rangés  dans  une  suite  illimitée 

«1,       %,...       Un...., 

analogue  à  la  suite  des  entiers  où  chaque  terme  est  précédé  et  suivi 
d'un  autre. 


INTRODUCTION  4^ 


b)  Tout  ensemble  d'éléments  u  {r,  s,...  t)  qui  se  distinguent  par  les  valeurs 
d'un  nombre  limité  de  paramètres  ou  d'indices  r,  s,...  t  susceptibles  de  toutes  les 
valeurs  entières  i,  2,...  «,...,  est  un  ensemble  dénombrable. 

Soit,  en  effet,  r-\-s-\-...-\-t^n  la  somme  de  ces  indices  ;  il  n'y 
a  qu'un  nombre  limité  d'éléments  pour  chaque  valeur  de  n  et  on  peut 
les  numéroter  ;  on  peut  donc  numéroter  tous  les  éléments  en  commen 
çant  par  la  plus  petite   valeur  de   n  et  en  passant  successivement  aux 
valeurs  plus  grandes. 

En  particulier ,  l'ensemble  des  nombres  rationnels  positifs  est  dénombrable,  car 
ces  nombres  peuvent  se  mettre  sous  forme  de  fraction  irréductible 
p  :  q  =  u  {p,  q)  et  ils  se  distinguent  par  deux  indices.  D'ailleurs,  l'en- 
semble de  tous  les  nombres  rationnels  est  aussi  dénombrable,  en  vertu  du 
théorème  suivant  : 

c)  L'ensemble  formé  par  la  réunion  d'un  nombre  limité  d^ ensembles  dénom- 
brables  est  dénombrable,  car  on  peut  numéroter  d'abord  tous  les  premiers 
éléments,  puis  tous  les  seconds,  etc.  —  Plus  généralement,  l'ensemble 

formé  par  la  réunion  d'une  infinité  dénombrable  d'ensembles  dénombrables  est 
dénombrable,  car  on  peut  désigner  par  u  (m,  n)  le  w'«'"*  élément  du  «'<*»«« 
ensemble,  de  sorte  que  les  éléments  de  l'ensemble  total  se  distinguent 
par  deux  indices  :  celui-ci  est  dénombrable. 

dj  Toute  infinité  d'éléments  comprise  dans  un  ensemble  dénombrable  est 
dénombrable. 

En  effet,  on  peut  ranger  les  éléments  de  l'ensemble  partiel  dans 
l'ordre  où  ils  se  rencontrent  dans  l'ensemble  total  (supposé  dénombré). 

e)  On  ne  change  pas  la  puissance  d'un  ensemble  non  dénombrable,  si  Von 
supprime  une  partie  de  ses  éléments  formant  un  ensemble  dénombrable. 

Partageons  un  ensemble  E  non  dénombrable  en  deux  autres  D  et 
E'  dont  D  soit  dénombrable  :  nous  écrirons 

E  =  D  +  E'. 

L'ensemble  E'  ne  sera  pas  dénombrable,  sinon  E  le  serait  aussi  (c). 
Partageons  arbitrairement  E'  en  deux  ensembles  D'  et  E"  dont  D'  soit 
dénombrable  ;  nous  pouvons  encore  écrire 

E'  =-  D'  4-  E". 

Soit  (D  +  D')  l'ensemble  dénombrable  (c)  formé  par  la  réunion  de  D 
et  D'  ;  il  vient 

E  =  (D  +  D')  +  E",  E'  =  D'  +  E" 

Donc  E  a  même  puissance  que  E',  car  on  peut  établir  une  corres- 
pondance uniforme  entre  les  deux  ensembles  D  -f-  D'  et  D'. 

fj  Réciproquement,  on  ne  change  pas  la  puissance  d'un  ememble  non  dénom- 
brable en  lui  ajoutant  un  ensemble  dénombrable. 

En  effet,  l'ensemble  somme  n'est  pas  dénombrable,  donc  sa  puis- 
sance ne  change  pas  quand  on  en  retranche  l'ensemble  ajouté  {ei. 


46  PUISSANCE  DBS  ENSEMBLES 

51.  Ensembles  qui  ont  la  pui8Sâ.nce  du  continu.  —  a)  Un  ensemble 
qui  a  la  même  puissance  que  celui  des  nombres  réels  compris  entre 
0  et  1,  est  un  ensemble  qui  a  la  puissance  du  continu. 

L'ensemble  des  nombres  compris  dans  un  intervalle  {a.  b)  quel- 
conque a  la  puissance  du  continu,  car  la  relation  a;  =  a  +  (è  —  a)  y  fait 
correspondre  à  tout  nombre  x  de  l'intervalle  {a,  b)  un  nombre  jv  com- 
pris entre  0  et  i  et  réciproquement. 

b)  V ensemble  des  nombres  irrationnels  de  V intervalle  Oi  a  aussi  la  puissance 
du  continu. 

En  effet,  la  suppression  de  l'ensemble  dénombrable  des  nombres 
rationnels  ne  change  pas  la  puissance  de  l'ensemble  des  nombres  entre 
0  et  I  (  n"  5o,  d  et  e). 

c)  Un  ensemble  qui  a  la  puissance  du  continu  n'est  pas  dénombrable. 
Considérons  l'ensemble  des  nombres  irrationnels  de  l'intervalle  ôi. 

Ils  se  développent  chacun  d'une  seule  manière  en  fraction  continue 
illimitée  (sans  partie  entière).  Supposons,  par  impossible,  que  ces 
nombres  puissent  se  ranger  dans  une  suite  dénombrable  Xx,  x^,...  Xn  ,... 
et  soit,  en  général, 

l    n       n  n        \ 

x„  =  [a^,  a^,...  a«,...j 

le  développement  de  Xn.  On  peut  écrire  immédiatement  une  fraction 
continue,  de  valeur  irrationnelle  <  i, 

x  =  {bx,bi,...b„,...), 

non  comprise  dans  la  suite,  en  prenant  bi  différent  de  a[,  è^  différent 
de  a^,...  &„  différent  de  a",...  Donc  le  dénombrement  n'est  pas  com- 
plet :  l'ensemble  considéré  n'est  pas  dénombrable. 

d)  En  réunissant  deux  ensembles  (sans  éléments  communs)  E  £^  Ei  qui  ont  la 
puissance  du  continu,  on  forme  un  ensemble  E  +  Ei  qui  a  la  puissance  du 
continu. 

En  effet,  on  peut  faire  correspondre  E  aux  nombres  compris  entre 
0  et  I,  El  aux  nombres  compris  entre  i  et  2  (i  exclu),  alors  E  +  Ei 
correspond  aux  nombres  de  l'intervalle  (0,2)  :  sa  puissance  est  celle 
du  continu. 

e)  Plus  généralement,  l'ensemble  formé  par  la  réunion  d'une  infinité  dénom- 
brable d'ensembles  (sans  éléments  communs)  qui  ont  la  puissance  du  continu,  a 
encore  la  même  puissance. 

En  effet, soient  Ei,  E2,...  E„  ,...  ces  ensembles;  choisissons  une  suite 
de  nombres  croissants  a^,  a^,,...  an,...  ayant  une  limite  b.  Faisons  cor- 
respondre El  aux  nombres  compris  entre  ai  et  a-i,  E^  aux  nombres 
compris  entre  «2  et  ^3  («o  exclu),  et  ainsi  de  suite  ;  l'ensemble  somme 
correspondra  aux  nombres  compris  entre  aetb  {b  exclu)  ;  il  aura  donc 
la  puissance  du  continu. 

En  particulier,  l'ensemble  de  tous  les  nombres  réels  a  la  puissance  du 
continu,  puisqu'ils  appartiennent  à  une  infinité  dénombrable  d'm- 
tervalles  consécutifs. 


INTRODUCTION  4? 


f)  Tout  ensemble  d'éléments  ufai,  a^,...  an,...)  gai  se  distinguent  par  les 
valeurs  d'une  infinité  dénombrable  de  paramètres,  a,  susceptibles  des  deux 
valeurs  0  et  i,  a  la  puissauce  du  continu. 

On  fait  correspondre  les  éléments  u  aux  nombres  de  l'intervalle 
(0,i)  en  écrivant  ceux-ci  dans  le  système  binaire,  lequel  n'emploie  que 
les  deux  chiffres  0  et  i. 

L'ensemble  de  toutes  les  fractions  illimitées  écrites  avec  0  et  i, 

0,  «1  «2...  On  ... 

correspond  bien  uniformément  à  celui  des  éléments  u,  mais  pas  à 
celui  des  nombres  de  l'intervalle  (o,i),  car  un  même  nombre  rationnel 
dont  le  dénominateur  est  une  puissance  de  2  admet  deux  représen- 
tations différentes  en  fraction  illimitée  (l'une  avec  une  infinité  de  0, 
l'autre  avec  une  infinité  de  i).  Par  exemple, 

I 

^0,100  ...  =0,0111 ... 
2 

L'ensemble  des  fractions  illimitées  correspond  donc  à  l'ensemble 
des  nombres  de  l'intervalle  (0,1)  avec,  en  plus,  celui  des  nombres 
rationnels  précédents.  Mais  celui-ci  est  dénombrable,  de  sorte  que  la 
puissance  de  l'ensemble  des  fractions,  donc  de  l'ensemble  des  u,  reste 
celle  du  continu  (n»  5o,f). 

g)  Tout  ensemble  d'éléments  u  (xi,  x-i,...  Xr,...)  qui  se  distinguent  par  les 
valeurs  d'un  nombre  fini  ou  d'une  infinité  dénombrable  de  paramètres  x 
susceptibles  d'un  ensemble  de  valeurs  ayant  la  puissance  du  continu,  a  encore 
la  puissance  du  continu. 

En  effet,  en  vertu  de/,  la  valeur  de  A;r  peut  se  définir  par  celles  (0  ou  i) 
d'une  infinité  dénombrable  de  paramètres  correspondants  : 

flri,  ari,...  ars,...  (uu  iudice  variable). 

Mais  alors  l'élément  u  (x^,  x.,,...  Xr,...)  est  défini  par  les  valeurs 
(0  ou  i)  de  l'infinité  dénombrable  {n°  5o,  c)  des  paramètres  ars  (deux 
indices  variables),  ce  qui  ramène  au  théorème  précédent. 

52.  Critérium  d'égalité  pour  les  puissances  (*).  —  Soient  AetB  deux 

ensembles  ;  si  l'on  peut  faire  correspondre  à  tous  les  éléments  de  A  des  éléments 
différents  de  B  et  à  tous  ceux  de  B  des  éléments  différents  de  A,  les  deux 
ensembles  ont  même  puissance.  Autrement  dit,  5^  A  a  même  puissance  qu'une 
partie  de  B  et  B  même  puissance  qu'une  partie  de  A,  les  deux  ensembles  h  et  B 
ont  même  puissance. 

Désignons  par  ôA  la  partie  de  A  qui  a  même  puissance  que  B  et  par 
rA  l'ensemble  restant  ;  par  aB  la  partie  de  B  qui  a  même  puissance 
que  A  et  par  pB  l'ensemble  restant.  Nous  pourrons  écrire 

A  =  èA-f-rA,  B  =  aB  +  pB, 


(*)  Les  résultats  des  11°  52  et  53  ne  seront  pas  utilisés  dans  la  suite  du  cours. 


^8  PUISSANCE  DES  ENSEMBLES 

et,  bK  ayant  la  puissance  de  B,  il  suffit  d'établir  que  A  et  6A  ont  même 
puissance. 

Remarquons  que  tout  ensemble  Ai  qui  a  la  puissance  de  A  admet 
un  partage  qui  correspond  à  celui  de  A,  car,  après  avoir  établi  la 
correspondance  entre  A  et  Ai  on  peut  réunir  dans  un  ensemble  èAi 
les  éléments  de  Ai  qui  correspondent  à  ceux  de  6Aet  dans  un  ensemble 
rBi  les  éléments  de  Ai  qui  correspondent  à  ceux  de  rh.  En  parti- 
culier, l'ensemble  aB  peut  ainsi  se  partager  en  deux  autres,  baB  et 
roB.  A  ce  point  de  vue,  on  peut  donc  considérer  b  eir  comme  des 
symboles  d'opération,  applicables  à  tout  ensemble  de  même  puissance 
que  A,  et  destinés  à  le  partager  en  deux  autres  de  mêmes  puissances 
que  6A  et  rh.  Entre  ces  deux  opérations,  on  aura  donc  les  relations 
symboliques  : 

[■=b-\-r,  r  =1  — b. 

De  même,  on  peut  interpréter  les  lettres  a  et  p  comme  deux  signes 
d'opération,  applicables  à  tout  ensemble  de  même  puissance  que  B, 
par  exemple  ôA,  et  fournissant  respectivement  deux  ensembles  abA 
et  pèA  de  mêmes  puissances  que  aB  et  pB  respectivement.  On  aura 
encore 

I  =  fl  +  p,  p  =-  I  —  fl, 

Ceci  entendu,  la  démonstration  est  très  simple. 

Nous  pouvons  former  une  suite  illimitée  d'ensembles  ayant  alterna- 
tivement mêmes  puissances  que  A  ou  que  B  comme  c'est  indiqué 
ci-dessous  : 

A,  bPi.,  abA.,  obabA,... 

Chaque  ensemble  contient  tous  les  suivants.  Désignons  par  D 
l'ensemble  (infini,  fini  ou  nul)  des  éléments  communs  à  toute  la  suite. 
On  peut  obtenir  D,  en  supprimant  dans  A  :  d'abord  les  éléments 
étrangers  à  bA,  puis  les  éléments  de  bA  qui  sont  étrangers  à  abA,  etc. 
Il  vient 

D  =  A  —  (A  —  èA)  —  (*A  —  flèA)  —  ... 

Ces  parenthèses  sont  alternativement  des  ensembles  des  types  r 
et  p  ;  on  peut  donc  écrire 

A  =  D  -j-  yA  +  p*A  +  rabA  +  ^babA  +  ... 

Supprimons  rA  de  part  et  d'autre  et  intervertissons  les  termes  en  r 
et  en  p,  il  viendra,  en  observant  que  A  —  rA  est  bA, 

6A  =  D  +  rabA  +  p6A  +  rababA  +  pbabA  -\- ... 

On  voit  ainsi  que  A  et  bA  sont  décomposés  en  une  infinité  dénom- 
brable  d'ensembles  ayant  deux  à  deux  même  puissance.  On  établira 
la  correspondance  entre  A  et  bA  en  faisant  correspondre  les  éléments 
des  ensembles  de  même  rang  dans  les  deux  sommes  écrites  ci-dessus. 
Tous  les  éléments  auront  leurs  correspondants. 


ENSEMBLES  DE  POINTS  49 


53.  Puissance  de  l'ensemble  des  fonctions.  —  Comme  application  du 
théorème  précédent,  montrons  que  l'ensemble  des  fonctions  continues  d'une 
variable  a  la  puissance  du  continu. 

Une  fonction  continue  de  x  est  définie  par  les  valeurs  qu'elle  prend 
aux  points  rationnels,  donc  par  un  ensemble  dénombrable  de  para- 
mètres (soumis  encore  à  certaines  restrictions).  La  puissance  de  l'en- 
semble est  donc  au  plus  égal  à  celle  du  continu  (n^  5i,  g).  Elle  ne  peut 
être  moindre,  car,  à  chaque  nombre  différent  N,  on  peut  faire  corres- 
pondre une  fonction  continue  différente,  prenant  la  valeur  N  pour 
x=^  a.  Donc  cette  puissance  est  égale  à  celle  du  continu. 

D'après  cela,  l'ensemble  de  toutes  les  fonctions  continues  d'une  variable  peut 
être  compris  dans  une  famille  F  (x,  c)  à  un  seul  paramètre  arbitraire  (chaque 
fonction  correspondant  à  une  valeur  particulière  du  paramètre). 
Toutefois  ¥{x,  c)  ne  sera  pas  fonction  continue  des  variables  x,  c, 
car  alors  V{x,  x)  -\- 1  serait  une  fonction  continue  non  comprise  dans 
la  famille  (elle  diffère  de  chaque  ¥{x,  c)  pour  x  =  c). 

Par  contre,  l'ensemble  de  toutes  les  fonctions  discontinues  de  x  a  une  puissance 
supérieure  à  celle  du  continu.  En  effet,  il  est  impossible  de  les  comprendre 
toutes  dans  une  famille  F{x,  c)  dépendant  d'un  paramètre  c  qui  varie 
de  0  à  I,  puisque  F(.r,  x)  -|-  i  n'est  pas  comprise  dans  la  famille. 

§  9.  Ensembles  de  points. 

54.  Dimensions.  Puissance  des  ensembles  de  points.  —  Soient  x,  y,... 
des  variables  réelles.  Chaque  système  de  valeurs  particulières  de  ces 
variables  s'appelle  un  point  :  les  valeurs  àe  x,y,...  sont  ses  coordonnées. 
Un  ensemble  de  points  a  autant  de  dimensions  qu'il  entre  de  variables  dans 
la  définition  de  ses  points.  L'ensemble  est  linéaire  s'il  n'y  a  qu'une 
variable,  et  les  points  sont  alors  situés  sur  une  droite.  Les  points  sont 
dans  un  plan  s'il  y  a  deux  variables  ;  dans  l'espace,  s'il  y  en  a  trois  ; 
dans  un  espace  à  «  dimensions,  s'il  y  en  a  n. 

On  peut  considérer  l'ensemble  des  points  d'un  carré  dans  le  plan, 
celui  des  pomts  d'un  cube  dans  l'espace  et,  plus  généralement  encore, 
celui  des  points  d'un  cube  dans  l'hyperespace  à  n  dimensions.  On 
pourrait  penser  que  la  puissance  de  l'ensemble  augmente  avec  ses 
dimensions,  mais  il  n'en  est  rien.  Tous  ces  ensembles  ont  la  puissance 
du  continu  (n»  5i,  g),  parce  qu'ils  sont  définis  par  un  certain  nombre 
de  paramètres  (leurs  coordonnées)  qui  varient  dans  un  intervalle,  par 
exemple  entre  0  et  i.  Donc  le  nombre  des  dimensions  est  sans  influence  sur  la 
puissance  (Cantor). 

55.  Bornes  d'un  ensemble  de  points.  Point-limite.  Ensemble  dérivé. 

—  Un  ensemble  est  borné  si  chacune  des  coordonnées  variables  est 
bornée  et  les  bornes  des  variables  sont  les  bornes  de. l'ensemble.  En  par- 
ticulier, un  ensemble  linéaire  est  borné  par  deux  valeurs  a  et  è  de  x. 


50  INTRODUCTION 


Soient  (a,  b,...)  et  {a',  b',...)  deux  points/»  et^'  ;  on  appelle  distance 
des  deux  points  la  quantité 


Si  l'ensemble  est  borné,  la  distance  de  deux  de  ses  points  l'est  aussi 
et  elle  a  une  borne  supérieure  que  l'on  appelle  le  diamètre  de  l'ensemble. 

Etant  donnée  une  suite  illimitée  de  points  différents  pi,  pi....  pn  ,... 
on  dit  qu'un  point  />  est  la  limite  de  cette  suite,  si  la  distance ^^«  a  pour 
limite  0  quand  n  tend  vers  l'infini. 

On  nomme  point-limite  d'un  ensemble  E  tout  point  p  (appartenant  ou 
non  à  E)  qui  est  la  limite  d'une  suite  de  points  de  E.  Donc,  si/>  est  un 
point-limite,  on  peut,  quelque  petit  que  soit  8  positif,  trouver  un  point 
de  E  dont  la  distance  à  p  soit  <û.  Réciproquement,  tout  point  p  jouis- 
sant de  cette  propriété  est  un  point-limite. 

Observons  que,  si  l'on  peut  trouver  un  point  de  E  dont  la  distance  à  p 
soit  <  8  quel  que  soit  8,  on  peut  en  trouver  une  infinité.  C'est  pourquoi 
on  donne  aussi  aux  points-limites  le  nom  de  points  d'accumulation  de 
l'ensemble.  Les  points  de  E  qui  ne  sont  pas  des  points-limites  sont 
des  points  isolés. 

L'ensemble  des  points-limites  de  E  est  un  nouvel  ensemble  que  l'on 
désigne  par  E'  et  que  l'on  appelle  le  dérivé  de  E. 

56.  Ensembles  complémentaires.  Points-frontières.  Distance  d'un 
point  à  un  ensemble.  —  Soit  E  un  ensemble.  Si  cet  ensemble  ne  con- 
tient pas  tous  les  points  possibles  (dans  l'espace  considéré),  les  points 
qui  n'appartiennent  pas  à  E  forment  un  nouvel  ensemble  Ei.  Les 
deux  ensembles  E  et  Ei  sont  appelés  complémentaires. 

Soit  p  un  point  de  E,  on  dit  qu'il  est  intérieur  à  E  et  extérieur  à  Ei 
si  l'on  peut  assigner  un  nombre  positif  o,  tel  que  tout  point  p'  dont  la 
distance  à  p  est  <8  soit  aussi  un  point  de  E. 

Tout  point  qui  n'est  ni  intérieur  ni  extérieur  à  E  ne  l'est  pas  non 
plus  à  El  et  s'appelle  un  point-frontière  de  chacun  des  deux  ensembles. 

Soit  q  un  point  non  compris  dans  l'ensemble  E  ;  la  distance  du 
point  ^  à  un  point  quelconque  ^  de  E  a  une  borne  inférieure  (qui  peut 
être  nulle).  Cette  borne  c'est  la  distance  du  point  q  à  l'ensemble  E. 

Si  E  et  H  sont  deux  ensembles  sans  points  communs,  la  distance  des 
deux  ensembles  est  la  borne  inférieure  de  la  distance  entre  un  point  de 
l'un  et  un  point  de  l'autre. 

D'après  cela,  un  point  extérieur  à  E  est  un  point  dont  la  distance  à  E 
n'est  pas  nulle  ;  un  point  intérieur,  un  point  dont  la  distance  au  complé- 
mentaire El  n'est  pas  nulle  ;  un  point-frontière,  un  point  de  E  ou  de  Ei 
dont  la  distance  à  l'autre  ensemble  est  nulle.  Un  point  de  Ei  dont  la 
distance  à  E  est  nulle  est  un  point-limite  de  E.  Définissons  une  fonction 


ENSEMBLES  DE  POINTS  5l 

t  {x,y...)  égale  à  i  en  tout  point  de  E,  et  à  0  en  tout  autre  point  :  les 
points-frontières  seront  évidemment  les  points  de  discontinuité  de 
cette  fonction. 

Tout  ensemble  compris  dans  un  domaine  rectajigulaire  R  et  qui  ne  contient 
pas  tous  les  points  de  ce  domaine  admet  au  moins  un  point- frontière. 

En  effet,  soient  p  et  /»'  deux  points  du  domaine  dont  le  premier  seul 
appartienne  à  E.  Faisons  varier  le  point  {x,y,...)  en  ligne  droite  de 
p  k  P'  'Aa.  fonction  e{x,  y,...),  qui  ne  dépend  que  d'une  variable  sur 
cette  droite,  passera  de  i  à  0.  Comme  elle  ne  passe  pas  par  les  valeurs 
intermédiaires,  elle  est  discontinue  en  un  point  au  moins  de  cette 
droite  :  celui-ci  sera  un  point-frontière. 

57.  Ensembles  fermés.  —  On  dit  qu'un  ensemble  E  esi  fermé  s'il 
contient  tous  les  points  de  son  dérivé  E'. 

Tout  ensemble  E'  dérivé  d'un  autre  E  est  fermé. 

En  effet,  soient  28  un  nombre  positif  arbitraire  et  p"  un  point-limite 
de  E'.  Je  dis  que  p"  est  aussi  un  point-limite  de  E.  En  effet  p"  est  à 
une  distance  <ô  d'un  point  p'  de  E',  qui  est  lui-même  à  une  distance 
<8  d'un  point  de  E.  Donc  p"  est  à  une  distance  <28  d'un  point  de  E 
et  est  un  point-limite  de  E.  Donc  E',  contenant  ses  points-limites,  est 
fermé. 

58.  Principe  de  Bolzano-Weierstrass.  —  Tout  ensemble  borné  E  qui 
contient  une  infinité  de  points,  renferme  au  moins  un  point-limite. 

Considérons,  pour  fixer  les  idées,  un  ensemble  borné  E  à  deux  dimen- 
sions. On  peut  l'enfermer  dans  un  rectangle  R.  Divisons  ce  rectangle 
en  morceaux  par  des  transversales  :  il  y  aura  au  moins  un  morceau  Ri 
contenant  une  infinité  de  points.  Divisons,  de  même,  Ri  en  morceaux 
plus  petits:  il  y  aura  encore  un  morceau  Rg  contenant  une  infinité  de 
points.  Poursuivons  indéfinitivement  cette  subdivision,  de  manière  à 
former  une  suite  illimitée  de  régions  Ri,  Rg,  R3,...  contenant  toutes  une 
infinité  de  points,  chacune  intérieure  à  toutes  les  précédentes  et  décrois- 
sant indéfiniment  dans  tous  les  sens.  Ces  régions  auront  évidemment 
un  point  p  pour  limite.  Ce  point  p  sera  à  l'intérieur  de  toutes  les 
régions  R  ou  sur  leur  contour  et  ce  sera  un  point-limite,  puisqu'il  y  a 
une  infinité  de  points  de  E  aussi  rapprochés  de  lui  qu'on  le  voudra. 

59.  Points  de  condensation  d'un  ensemble.  —  On  appelle  point  de 
condensation  (Lindelof)  un  point  p  tel  qu'il  y  ait  une  infinité  non  dénom- 
brable  de  points  de  E  à  une  distance  du  point  p  inférieure  à  S,  quelque 
petit  que  soit  le  nombre  positif  S. 

Tout  ensemble  de  points  E  qui  nest  pas  dénombrable,  admet  au  moins  un 
point  de  condensation,  qu'il  soit  borné  ou  non. 

Considérons,  pour  fixer  les  idées,  un  ensemble  E  à  deux  dimensions. 
On  peut  toujours  supposer  R  assez  grand  pour  que  l'ensemble  des 


52  INTRODUCTION 


points  de  E  compris  dans  un  cercle  de  rayon  R  autour  de  l'origine  ne 
soit  pas  dénombrable.  Sinon,  en  donnant  à  R  une  suite  dénombrable 
de  valeurs  Ri,  R^,...  R«  ,,..  croissante  l'infini,  on  pourrait  décomposer 
E  dans  une  infinité  dénombrable  d'ensembles  dénombrables,  formés 
respectivement  :  le  premier  des  points  compris  dans  le  cercle  de 
rayon  Ri  ;  le  second,  des  points  compris  entre  les  cercles  de  rayons 
Ri  et  R^  ;  le  troisième,  des  points  compris  entre  les  cercles  R2  et  R3, 
et  ainsi  de  suite  :  l'ensemble  E  serait  dénombrable. 

On  est  ainsi  ramené  à  démontrer  le  théorème  pour  un  ensemble 
borné.  Il  suffit,  pour  cela,  de  répéter  la  démonstration  du  théorème 
de  Bolzano  Weierstrass  (n»  58)  en  remplaçant  les  mots  :  infinité  de  points 
par  infinité  non  dénombrable  de  points  et  point- limite  par  point  de  condensation. 

60.  Ensembles  parfaits.  —  On  appelle  ensemble  par/ait  un  ensemble 
qui  coïncide  avec  son  dérivé  E'.  D'après  cela,  un  ensemble  parfait  est 
un  ensemble  fermé  qui  ne  contient  pas  de  point  isolé. 

L'ensemble  K  des  points  de  condensation  d'un  ensemble  E  non  dénombrable, 
est  un  ensemble  parfait. 

Il  faut  prouver  :  1°)  que  K  est  fermé  ;  2°)  que  K  ne  contient  pas  de 
point  isolé  : 

D'abord  tout  point-limite,  p/,  de  K  appartient  à  K,  car  il  y  a  des 
points  de  K  aussi  voisins  qu'on  veut  de  p',  donc  aussi  une  infinité  non 
dénombrable  de  points  de  E,  et  p'  est  un  point  de  condensation.  Donc 
K  est  fermé. 

2°  Il  faut  montrer  que  tout  point  p  de  K  n'est  pas  un  point  isolé. 
Soient  Si,  Bo,...  S„,...  une  suite  de  quantités  positives  décroissantes 
ayant  pour  limite  0  ;  supposons,  par  impossible,  qu'il  n'y  ait  pas 
d'autre  point  de  condensation  que  p  dans  un  rayon  Sj  autour  de  ce 
point.  L'ensemble  des  points  de  E  situés  à  une  distance  <8i  du  point 
p  se  partagera  dans  une  infinité  dénombrable  d'ensembles  dénom- 
brables, formés  respectivement  des  points  dont  la  distance  à  p  est 
comprise  entre  o^  et  S^,  entre  So  et  03,  etc.  Donc  cet  ensemble  serait 
dénombrable  et  p  ne  serait  pas  un  point  de  condensation  de  E. 

61.  Théorème  de  Cantor-Bendixson.  —  Tout  ensemble  fermé  F  est  dénom- 
brable ou  peut  se  décomposer  en  un  ensemble  par/ait  P  et  un  ensemble  dénom- 
brable D. 

J'observe  d'abord  que  F  (supposé  non  dénombrable)  contient  tous 
ses  points  de  condensation.  En  effet,  tout  point  de  condensation  de  F 
est  évidemment  un  point-limite  de  F",  donc  un  point  de  F  (car  F, 
étant  fermé,  contient  ses  points-limites). 

Soient  donc  P  l'ensemble  des  points  de  F"  qui  sont  des  points  de 
condensation,  et  D  l'ensemble  des  autres  pomts  de  F  ;  P  est  parfait 
(n"  60)  ;  reste  à  montrer  que  D  est  dénombrable. 


KNSKMBLKS  PARFAITS  LINEAIRES  53 

A  cet  effet,  je  remarque  que,  quelque  petit  que  l'on  se  donne  le 
nombre  positif  S,  l'ensemble  des  points  de  E  dont  la  distance  àP 
(no  56)  surpasse  8,  est  dénombrable  ;  sinon  cet  ensemble  admettrait  un 
point  de  condensation  {n°  5q),  il  renfermerait  des  points  infiniment 
voisins  de  ce  point  de  condensation  (qui  est  un  point  de  P)  et  sa 
distance  à  P  ne  serait  pas  >  o. 

Ceci  posé,  D  peut  se  décomposer  dans  une  infinité  dénombrable 
d'ensembles  dénombrables  formés  respectivement  :  le  premier  des 
points  dont  la  distance  à  P  surpasse  S  ;  le  second  des  points  restants 
dont  la  distance  à  P  surpasse  o  :  2  ;...  le  «'«"'«  des  points  restants  dont 
la  distance  à  P  surpasse  8:2",  etc.  On  atteindra  bien  ainsi  tous  les 
points  de  D,  car  un  point  déterminé  qui  ne  serait  pas  à  distance  finie 
de  P  serait  un  point-limite  de  P  et  appartiendrait  non  à  D  mais  à  P 
qui  est  parfait.  Donc  D  est  dénombrable. 

62.  Structure  d'un  ensemble  parfait  linéaire.  —  Un  ensemble  linéaire 
est  un  ensemble  de  points  sur  une  droite,  ou  un  ensemble  de  valeurs 
d'une  seule  variable.  Nous  nous  contenterons  de  considérer  les 
ensembles  bornés,  ce  qui  ne  porte  pas  atteinte  à  la  généralité  des 
conclusions. 

Soit  P  un  ensemble  borné  et  parfait,  il  sera  borné  par  deux  points 
a  et  b  {a  <^b)  qui  lui  appartiennent  (car  un  ensemble  parfait  contient 
ses  points-limites).  Si  P  comprend  tous  les  points  de  l'intervalle  ab  ou, 
plus  généralement,  d'un  nombre,  fini  et  déterminé,  d'intervalles  com- 
pris entre  a  et  b,  l'ensemble  est  complètement  défini  par  la  connais- 
sance de  ces  intervalles.  C'est  l'hypothèse  la  plus  simple.  Supposons 
que  ce  ne  soit  pas  le  cas. 

Soit  q  un  point  de  l'intervalle  ab  qui  n'appartient  pas  à  P  ;  ce  point 
partage  l'ensemble  P  en  deux  autres  :  un  ensemble  Pi  formé  des  points 
de  P  qui  sont  à  gauche  de  q  et  un  ensemble  P2  formé  de  ceux  qui 
sont  à  droite  de  q.  Les  deux  ensembles  sont  parfaits.  L'ensemble  Ps 
a  pour  borne  supérieure  un  point  M  de  P  et  l'ensemble  Po,  pour 
borne  inférieure  un  point  N  de  P.  Donc  ni  M  ni  N  ne  coïncide  avec  q  ; 
et  q  tombe  dans  un  intervalle  MN  dont  les  extrémités  seules  appar- 
tiennent à  P.  On  dit  que  l'intervalle  MN  ainsi  défini  est  un  intervalle 
coniigu  à  l'ensemble  P  (Baire).  Tout  point  de  l'intervalle  ab  qui  n'appar- 
tient pas  à  P  est  donc  intérieur  au  sens  étroit  à  un  intervalle  contigu 
à  l'ensemble  P. 

Ceci  posé,  l'ensemble  des  intervalles  contigus  à  l'ensemble  P  est 
nécessairement  dénombrable,  car,  comme  ces  intervalles  n'empiètent 
pas,  il  n'y  en  a  qu'un  nombre  limité  dont  l'amplitude  surpasse  un 
nombre  donné.  On  s'en  assure  en  remarquant  que  la  somme  de  ces 
amplitudes  ne  peut  surpasser  celle  de  l'intervalle  ab  qui  contient  tous 
ces  intervalles.  Donc  ces  intervalles  peuvent  se  dénombrer  en  les 
rangeant  par  ordre  de  grandeur  décroissante. 


54  INTRODUCTION 


De  là  le  théorème  de  Cantor  :  ^ 

Un  ensemble  parfait  P  s'obtient  en  supprimant  de  V intervalle  ab  qui  le  con- 
tient tous  les  points  intérieurs  à  un  ensemble  dénombrable  d'intervalles  MN 
sans  points  communs,  et  même  sans  extrémités  communes  (car  P,  étant  parfait, 
ne  peut  contenir  de  point  isolé). 

Réciproquement,  si  l'on  supprime  de  Vititervalle  ah  tous  les  points  intérieurs 
à  une  infinité  dénombrable  d'intervalles  sans  points  communs  ni  extrémités 
communes,  l'ensemble  P  restant  sera  parfait. 

D'abord  il  reste  un  ensemble  de  points  P,  puisque  les  extrémités 
des  intervalles  ne  sont  pas  enlevées  ;  d'oîi  il  suit  encore  qu'un  inter- 
valle qui  ne  renferme  plus  de  points  de  P  a  été  enlevé  en  une  fois. 
Montrons  que  P  est  :  i»  fermé  ;  2"  sans  points  isolés  : 

lo  Tout  point  étranger  à  P  est  intérieur  (au  sens  étroit)  à  un  inter- 
valle enlevé  et  ne  peut  être  un  point-limite  de  P.  Donc  P  est  fermé. 

2"  Un  point  isolé  de  P  ne  pourrait  être  que  l'extrémité  commune  de 
deux  intervalles  enlevés.  Donc  P  est  sans  points  isolés. 

63.  Ensembles  parfaits  linéaires  qui  ne  sont  denses  dans  aucun  inter- 
valle. —  On  dit  qu'un  ensemble  est  dense  lorsque,  entre  deux  points  de 
l'ensemble,  on  peut  toujours  en  trouver  un  troisième  et,  par  suite,  une 
infinité.  On  peut,  par  le  procédé  de  suppressions  indiqué  ci-dessus, 
construire  des  ensembles  parfaits  qui  ne  sont  denses  dans  aucun  inter- 
valle. En  voici  d'ailleurs  un  exemple  très  simple.  Nous  nous  bornons, 
pour  simplifier,  à  l'intervalle  01. 

L'ensemble  P  de  toutes  les  fractions  décimales  (limitées  ou  non)  qui  s' écrivent 
avec  les  chiffres  0  et  1,  est  parfait  et  nest  dense  dans  aucun  intervalle  (*). 

En  effet,  cet  ensemble  est  fermé,  car  une  fraction  étrangère  à  l'en- 
semble n'est  pas  limite  de  fractions  de  l'ensemble.  Il  ne  contient  pas 
de  point  isolé,  car  on  peut,  en  modifiant  des  décimales  très  éloignées, 
altérer  aussi  peu  qu'on  veut  une  fraction  de  l'ensemble.  Il  est  donc 
parfait.  Enfin  il  n'est  dense  dans  aucun  intervalle,  car  il  y  a,  dans  tout 
intervalle,  des  fractions  qui  s'écrivent  avec  d'autres  chiffres  que  0  et  i 
et  appartiennent,  par  conséquent,  à  des  intervalles  contigus  à  P. 

64.  Ensembles  ordonnés  et  semblables.  Application  de  deux  ensembles 
l'un  sur  l'autre.  —  Un  ensemble  E  est  ordonné,  lorsque  ses  éléments 


(*)  Plus  généralement,  est  dans  ce  cas  l'ensemble  de  toutes  les  fractions 
illimUées  dans  la  base  de  numération  B  qui  prennent  une  partie  seulement 
des  chiffres  0,  i,  2,...B  — i  (au  moins  deux  et  le  chiffre  B  —  i  ne  peut 
être  pris  sans  0).  —  Est  encore  dans  ce  cas  l'ensemble  de  toutes  les  frac- 
tions continues  illimitées  qui  s'écrivent  avec  un  nombre  hmite  de  quotients 
incomplets  différents.  —  La  démonstration  se  fait  comme  celle  du  texte.  — 
Il  serait  facile  de  générahser  encore  bien  davantage  ces  modes  de  généra- 
tion. 


ENSEMBLES  PARFAITS  LINÉAIRES  55 

sont  rangés  dans  un  ordre  déterminé,  de  telle  sorte  que,  étant  donnés 
deux  éléments  quelconques  a  et  è  de  l'ensemble,  l'un  précède  l'autre. 
Cette  notion  comporte  que,  si  a  précède  6  et  si  è  précède  c,  a  précède  c. 

Les  ensembles  de  nombres  ou  de  points  sur  une  droite  peuvent  tou- 
jours être  ordonnés  en  rangeant  les  nombres  par  ordre  de  grandeur. 

Lorsque  deux  ensembles  sont  ordonnés  et  de  même  puissance  et  que 
l'on  peut  établir,  entre  leurs  éléments,  une  correspondance  uniforme 
dans  laquelle  l'ordre  relatif  des  éléments  est  conservé,  on  dit  que  les 
deux  ensembles  sont  semblables. 

La  loi  qui  définit  la  correspondance  s'appelle  une  application  d'un 
des  ensembles  sur  l'autre. 

65.  Similitudes  de  tous  les  ensembles  parfaits  linéaires  non  denses.  — 

Soient  P  et  P'  deux  ensembles  parfaits  linéaires  non  denses,  compris 
sur  les  segments  ab  et  a'b'.  On  peut  les  appliquer  l'un  sur  l'autre  de 
manière  que  l'ordre  de  grandeur  entre  les  éléments  correspondants  soit 
conservé.  Nous  allons  réaliser  cette  application  en  faisant  correspondre 
les  intervalles  S  contigus  à  P  à  ceux  S'  contigus  à  P',  de  manière  que 
les  intervalles  correspondants  soient  disposés  dans  le  même  ordre  sur 
les  deux  segments  ab  et  a'V. 

Pour  cela,  faisons  correspondre  un  intervalle  Sj  de  P  à  un  intervalle 
oi  de  P'  (ces  deux  intervalles  étant  le  plus  grand  possible)  ;  puis  un 
intervalle  ^2  entre  a  et  Si  à  un  intervalle  Sg  entre  a'  et  Sj,  et  un  inter- 
valle ^3  entre  Sj  et  6  à  un  intervalle  83  entre  8^  et  b'  (tous  quatre  le  plus 
grand  possible).  Continuons  ainsi  indéfiniment  à  prendre  dans  chaque 
ensemble  un  intervalle  (le  plus  grand  possible)  entre  chacun  de  ceux 
déjà  choisis  et  à  faire  correspondre  ceux  qui  tombent  entre  les  inter- 
valles déjà  correspondants  ;  nous  rencontrerons  tous  les  intervalles  et 
nous  les  disposerons  dans  le  même  ordre. 

L'application  de  P'  sur  P  en  résulte,  car,  les  extrémités  des  inter- 
valles se  correspondent  uniformément  dans  le  même  ordre  et,  avec 
elles,  tous  leurs  points-limites,  puisque  les  ensembles  sont  fermés.  Or 
ce  sont  là  tous  les  points  de  P  et  P'  ;  donc  la  correspondance  entre  P 
et  P'  est  parfaite. 

Deux  ensembles  parfaits  non  denses  quelconques  sont  donc  applicables  l'un  sur 
l'autre  avec  conservation  des  points-limites. 

66.  Application  (incomplète)  d'un  ensemble  parfait  non  dense  sur  le 
continu.  Puissance  des  ensembles  parfaits.  —  Une  application  rigou- 
reuse d'un  ensemble  P  parfait  et  non  dense  sur  le  segment  01  est 
impossible,  parce  que  les  extrémités  d'un  intervalle  contigu  à  P  sont 
deux  points  de  P  entre  lesquels  il  n'y  en  a  pas  d'autre,  tandis  qu'entre 
deux  nombres,  il  y  en  a  toujours  une  infinité.  Mais  l'application  peut 
être  réalisée,  sauf  pour  l'infinité  dénombrable  de  ces  extrémités.  Nous 
allons,  en  effet,  démontrer  le  théorème  suivant  ; 


56  INTRODUCTION 


Si  P  est  un  ensemble  parfait  no7i  dense,  on  peut  faire  correspondre  uniformé- 
ment et  DANS  LE  MÊME  ORDRE  DE  GRANDEUR  ks  nombres  de  r ensemble  P  et 
ceux  de  l'ititervalle  oi,  sauf  que  les  deux  extrémités  d'un  intervalle  contigu  à  P 
correspondront  au  même  nombre  du  segment  oi. 

Comme  deux  ensembles  parfaits  non  denses  sont  applicables  l'un 
sur  l'autre,  il  suffit  d'établir  le  théorème  pour  un  ensemble  particulier. 

Considérons  donc  l'ensemble  de  toutes  les  fractions  décimales,  limi- 
tées ou  non,  dont  le  développement  ne  contient  que  les  deux  chiffres 
différents  0  et  i.  C'est  un  ensemble  parfait  non  dense  (no  63).  Pour 
réaliser  la  correspondance  par  ordre  de  grandeur  avec  le  segment  oi, 
il  suffit  de  faire  correspondre  chaque  fraction  décimale  à  celle  qui 
s'écrit  de  la  même  manière  dans  la  base  de  numération  2.  Chaque 
nombre  du  segment  oi  s'obtient  ainsi  une  fois,  sauf  les  nombres  ra- 
tionnels dont  le  dénominateur  est  une  puissance  de  2.  Chacun  de  ceux- 
ci  admet  deux  expressions  différentes  dans  la  base  2,  l'une  finie  et 
l'autre  pas  (par  exemple,  o.i  et  o,oiii...).  Ces  deux  expressions  repré- 
sentent dans  la  base  lo  deux  nombres  différents,  entre  lesquels  ne 
peut  donc  exister  aucun  autre  nombre  de  l'ensemble  P.  Ces  deux 
nombres  différents  sont,  par  conséquent,  les  extrémités  d'un  intervalle 
contigu  à  P  et  ils  ont  le  même  correspondant  sur  le  segment  oi. 

Un  ensemble  dénombrable  pouvant  être  négligé,  on  conclut  de  là 
que  tout  ensemble  parfait  a  la  puissance  du  continu.  (Le  théorème  est  évi- 
dent pour  un  ensemble  parfait  dense,  celui-ci  contenant  un  intervalle 
entier). 

67.  Fonctions  définies  par  la  correspondance  précédente. —  La  corres 
pondance  par  ordre  de  grandeur  entre  les  nombres  jv  d'un  ensemble 
parfait  non  dense  P  et  tous  ceux  x  du  segment  oi,  définit  une  fonction 
y  --=  cp  {%)  discontinue  et  croissante  dans  toute  portion  du  segment  oi.  La 
fonction  est  ambiguë  en  chaque  point  de  discontinuité,  où  j  peut 
désigner  les  deux  extrémités  de  l'intervalle  contigu  correspondant, 
mais  on  lève  l'ambiguité  en  choisissant  toujours  l'extrémité  de  gauche. 

D'autre  part,  si  l'on  considère  a;  comme  fonction  dey,  on  obtient 
une  fonction  continue  x  =  '^  {y),  stationnaire  ou  croissante,  mais  qui  pos- 
sède des  intervalles  de  stationnement  entre  deux  valeurs  quelconques 
de  X.  On  suppose,  en  effet,  x  stationnaire  chaque  fois  que  y  parcourt 
un  intervalle  contigu  à  P. 

§  10.  Fonctions  considérées  dans  un  ensemble. 

68.  Définitions.  —  Une  fonction /d'une  ou  plusieurs  variables  est 
définie  sur  un  ensemble  E  de  points  (chaque  point  ayant  les  valeurs 
des  variables  pour  coordonnées)  si  l'on  donne  la  valeur  de  cette  fonc- 
tion en  chaque  point  de  l'ensemble. 

Les  bornes  supérieure  ou  inférieure  et  V oscillation  de  la  fonction/ dans  E 
se  définissent  comme  dans  le  cas  d'un  intervalle  (n»  23). 


FONCTIONS  CONSIDEREES  DANS  UN  ENSEMBLE  57 

Soit  p  un  point-limite  de  E.  Si  E  est  fermé,  ce  sera  un  point  de  E  non 
isolé  ;  mais  nous  ne  supposons  pas  que  E  soit  fermé,  de  sorte  que  p 
peut  être  hors  de  E.  Considérons  l'ensemble  des  points  de  E  dont  la 
distance  au  point  j!»  ne  surpasse  pas  un  nombre  positif  donné  ô.  L'os- 
cillation de /dans  cet  ensemble  partiel  tend  vers  une  limite  déterminée 
(ou  reste  infinie)  quand  S  tend  vers  0,  cette  limite  (ou  l'infini)  est 
\' oscillation  {relative  à  E)  de  f  au  point-limite  p . 

Si  cette  oscillation  est  nulle,  on  dit  que  f  est  continue  {relativement  à  E) 
au  point  p.  —  En  particulier  donc,  la  fonction/ est  continue  en  un 
point/»  de  E  non  isolé,  quand  la  valeur  de /en  un  point  de  E  qui  tend 
vers/»  a  pour  limite  la  valeur  de /au  point  ^. 

Si  la  fonction /est  continue  (relativement  à  E)  en  chaque  point  non 
isolé  de  E,  on  dit  qu'elle  est  continue  sur  E. 

Il  résulte  de  ces  définitions,  comme  au  n»  25,  que  la  somme,  le  pro- 
duit, le  quotient  de  fonctions  continues  sont  encore  continues  {en  un  point  ou  sur 
E),  sauf  si  une  fonction  prise  comme  diviseur  s'annule. 

Lorsqu'une  fonction  n'est  pas  continue  (en  un  point  ou  sur  E),  on  dit 
qu'elle  est  discontinue  (en  ce  point  ou  sur  E,  toujours  relativement  à  E). 

69.  Fonctions  discontinues  sur  un  ensemble  parfait,  —  Considérons 
maintenant  un  ensemble  parfait  P,  auquel  cas  les  points-limites  se 
confondent  avec  ceux  de  l'ensemble. 

Pour  faciliter  le  langage,  appelons  portion  de  P  la  partie  de  P  com- 
prise dans  un  domaine  (d'autant  de  dimensions  que  P)  contenant 
intérieurement  un  point  au  moins  de  P.  Cette  portion  de  P  (contenue 
dans  un  intervalle,  une  aire,...)  sera  encore  un  ensemble  parfait. 

Quand  la  fonction/ est  discontinue  sur  P,  deux  cas  seulement  sont 
possibles  : 

1°)  Quelque  petit  que  soit  e  positif,  il  y  a,  dans  toute  portion  de  P, 
des  points  de  P  où  l'oscillation  de /(relativement  à  P)  est  <  e.  On  dit, 
dans  ce  cas  (Dmi),  que  f  est  ponctuellement  discontinue  sur  P. 

2°)  Il  existe  une  valeur  positive  de  e  et  une  portion  de  P,  telles  que, 
dans  cette  portion,  l'oscillation  de/ soit  >  e  en  chaque  point  de  P.  On 
dit  alors  que /est  totalement  discontinue  sur  P. 

Il  y  a  lieu  de  remarquer  le  théorème  suivant  : 

Si  la  fonction  f  est  ponctuellement  discontinue  sur  un  ensemble  parfait  P, 
il  y  a  dans  toute  portion  de  P  des  points  où  f  est  continue. 

Pour  fixer  les  idées,  considérons  un  ensemble  à  deux  dimensions. 
Soit  Si,  e^,  s„  ,...  une  suite  positive  convergeant  vers  0.  Quand  l'oscil- 
lation de /est  <  e  en  un  point  p,  on  peut  décrire  autour  de  p  un  cercle, 
tel  que  l'oscillation  de /dans  la  portion  de  P  comprise  dans  ce  cercle 
soit  <  e.  Donc,  puisqu'on  peut,  par  hypothèse,  trouver,  dans  l'intérieur 
de  tout  cercle,  un  point  ^  satisfaisant  à  cette  condition,  on  peut  former 


5Ô  INTRODUCTION 


une  suite  illimitée  de  cercles  Ci,  C;^,...  C« ,...,  chacun  intérieur  à  tous 
les  précédents  et  tels  que  l'oscillation  de/ sur  la  portion  de  P  comprise 
dans  C«  soit  <  £«  .  Les  centres  de  ces  cercles  ont  au  moins  un  point- 
limite  p  intérieur  à  tous  les  cerclas,  l'oscillation  en  ce  point  sera  infé- 
rieure à  tous  les  £«  (donc  nulle)  et  /  sera  continue  en  ce  point  de  P. 
Comme  le  même  raisonnement  s'applique  dans  toute  portion  de  P,  le 
théorème  est  démontré. 

70.  Propriétés  des  fonctions.  —  I.  Soit  F  un  ensemble  fermé  ;  l'ensemble 
E  des  points  de  F  où,  V oscillation  (relative  à  ¥ )  de  la  fonction  f  est  ^  s, 
est  un  ensemble  fermé. 

En  effet,  si  p  est  la  limite  d'une  suite  de  points  pi,  p^,...  où  l'oscilla- 
tion de /est  ^  e.  />  est  un  point  de  F  où  l'oscillation  sera  évidemment 
^  e.  Ce  point-limite  appartient  donc  à  l'ensemble  E. 

II.  Soit  F  un  ensemble  borné  et  fermé.  Si,  étant  donné  un  nombre  positif  z, 
on  ne  peut  pas  lui  faire  correspondre  un  nombre  S,  tel  que  l'oscillation  de  la 
fonction  f  dans  toute  partie  de  F  de  diamètre  <  S,  soit  <  e,  il  y  a  au  moins 
un  point  de  ¥  où,  l'oscillation  [relative,  à  ¥)  de  f  sera  ^  e. 

En  effet,  étant  donnée  une  suite  de  nombres  positifs  Sj,  S2,...  tendant 
vers  0,  on  peut  lui  faire  correspondre  une  suite  de  portions  de  F  de 
diamètres  <  81,  <  «î,...  où  l'oscillation  est  toujours  ^  e.  Soient  pi, 
pi,...  des  points  de  F  pris  dans  ces  portions  successives  ;  F"  étant  borné, 
ils  ont  au  moins  un  point-limite  p  (appartenant  à  l'ensemble  fermé  F). 
Ce  point  est  intérieur  à  un  domaine  aussi  petit  qu'on  veut  contenant 
une  infinité  de  portions  successives  de  F  où  l'oscillation  est  ^  e.  Elle 
est  donc  aussi  "5=  £  au  point  p. 

71.  Fonctions  continues.  —  I.  Une  fonction,  continue  sur  un  ensemble 
borné  et  fermé  ¥,  est  uniformément  continue  sur  l'ensemble. 

Cela  veut  dire  qu'à  tout  nombre  positif  e  correspond  un  nombre  8, 
tel  que  l'oscillation  de  la  fonction  soit  <  e  dans  toute  portion  de  F  de 
diamètre  <  8,  ce  qui  est  un  cas  particulier  du  théorème  précédent 
(70,  II). 

II.  Une  fonction  qui  est  continue  sur  un  ensemble  borné  et  fermé  F,  est 
aussi  bornée. 

C'est  une  conséquence  de  la  propriété  précédente. 

Soit  A  le  diamètre  de  l'ensemble  F  ;  prenons  8  assez  petit  pour  que 
l'oscillation  de  la  fonction  soit  <  t  dans  toute  portion  de  F''  de  diamètre 
<  8,  puis  l'entier  n  assez  grand  pour  que  «0  soit  >  A  ;  l'oscillation  de 
la  fonction  dans  ¥  sera  <  m. 

III.  Une  fonction  continue  sur  un  ensemble  borné  et  fermé  atteint  ses 
bornes  inférieure  et  supérieure  dans  l'ensemble.  (Même  démonstration  qu'au 
n»  27,  III). 


MESURE  DES  ENSEMBLES  LINEAIRES  5g 


72.  Ensemble  d'un  seul  tenant.  —  Un  ensemble  parfait  est  d'un  seul 
tenant,  si,  étant  donnés  arbitrairement  deux  points  petq  de  l'ensemble 
et  un  nombre  positif  o,  on  peut  former  une  suite  de  points  de  l'ensemble 
Pi  Piy  p2,---  pH,  q,  allant  de />  à  jet  telle  que  la  distance  de  deux  points 
consécutifs  soit  <  S  (*). 

Avec  cette  définition,  les  deux  propriétés  suivantes  s'établissent 
comme  celles  V  et  VI  du  n»  27  : 

Si  une  fonction  continue  prend  deux  valeurs  de  signes  contraires  dans  un 
ensemble  parfait   d'un  seul  tenant,  elle   s'annule   en    un  point   de   T ensemble. 

Une  fonction,  continue  dans  un  ensemble  parfait  d'un  seul  tenant,  ne  peut 
passer  d'une  valeur  à  une  autre  dans  Pensemble  sans  passer  aussi  par  toutes 
les  valeurs  intermédiaires. 

73.  Remarque.  —  Les  définitions  et  les  théorèmes  précédents  s'ap- 
pliquent, en  particulier,  au  cas  où  l'ensemble  considéré  devient  le 
continu,  soit  un  intervalle,  soit  une  aire,  un  volume,  etc.  Les  limites 
de  l'intervalle,  de  l'aire,  etc.  sont  comprises  dans  l'ensemble  s'il  est 
fermé  (et,  par  suite,  parfait). 

§11.  Mesure  des  ensembles  linéaires. 

La  question  de  la  mesure  des  ensembles  de  points  a  été  posée  de 
diverses  manières.  MM.  Borel  et  Lebesgue  lui  ont  donné  une  solu- 
tion complètement  satisfaisante,  que  nous  allons  exposer.  Mais  nous 
nous  bornerons  ici  aux  ensembles  linéaires,  renvoyant  au  tome  II 
pour  l'extension  aux  ensembles  de  plusieurs  dimensions. 

74.  Lemmes  préliminaires.  —  Définitions.  Nous  dirons  qu'un  en 
semble  de  points  E  est  enfermé  au  sens  étroit  dans  un  ensemble  d'in- 
tervalles a,  si  tout  point  de  E  est  intérieur  au  sens  étroit  à  l'un  au 
moins  des  intervalles  a,  ou  bien  s'il  existe  au  moins  deux  intervalles  a 
contigus  dont  ce  point  soit  la  frontière  commune.  Dans  ce  second  cas, 
le  point  est  donc  intérieur  au  sens  étroit  à  l'ensemble  de  deux  inter- 
valles a  réunis. 

Par  contre,  les  points  de  E  sont  enfermés  au  sens  large  dans  l'ensem- 
ble des  intervalles  a,  si  tout  point  de  E  est  intérieur,  au  sens  large 
seulement,  à  l'un  au  moins  des  intervalles  a. 

Nous  commencerons  par  un  lemme  fondamental  qui,  à  part  une 
légère  variante  dans  l'énoncé,  est  dû  à  M.  Rorei..  Cette  variante  n'a 
aucune  importance  en  elle-même,  mais  elle  facilite  l'exposition  de  ce 
qui  suivra. 


(*)  Un  ensemble  fermé  doué  de  cette  propriété  serait  parfait. 


6o  INTRODUCTION 


Lemme  I.  —  Si  les  points  de  l'intervalle  {a,  h)  sont  enfermés  au  sens  étroit 
dans  un  ensemble  d'intervalles  a  en  nombre  infini,  on  peut  extraire  de  cet  en- 
semble un  système  d'intervalles  a  en  nombre  fini  jouissant  de  la  même  pro- 
priété {Tout  point  de  {a,  b)  est  iniirieur  au  sens  étroit  à  un  intervalle  a  ou 
à  l'ensemble  de  deux  d'entre  eux). 

Supposons,  par  impossible,  aue  la  proposition  ne  s'applique  pas  à 
l'intervalle  {a,  b).  Divisons  cet  intervalle  en  deux  autres  par  son  point 
milieu  ;  il  y  aura  au  moins  une  des  deux  moitiés  à  laquelle  le  théo- 
rème ne  s'appliquera  pas  non  plus.  Partageons  celle-ci  en  deux  autres 
parties  égales  et  continuons  ainsi  de  suite.  Nous  formerons  une  suite 
illimitée  d'intervalles  auxquels  le  théorème  ne  s'appliquera  pas.  Ces 
intervalles  successifs  de  plus  en  plus  petits,  chacun  contenu  dans  les 
précédents,  ont  pour  limite  un  point  X  de  l'intervalle  {a,  b).  Ce  point 
X  appartiendrait  donc  à  un  intervalle  aussi  petit  qu'on  veut  auquel  le 
théorème  ne  s'appliquerait  pas.  Mais  ceci  est  impossible,  car  X  est 
intérieur  (au  sens  étroit)  à  un  intervalle  formé  d'un  ou  de  deux  a  et  le 
théorème  s'applique  évidemment  à  tout  intervalle  intérieur  (au  sens 
étroit)  à  celui-ci  et  contenant  X. 

Lemme  IL  —  Si  tous  les  points  d'un  intervalle  {a,  b)  sont  enfermés  au 
sens  étroit  dans  une  infinité  dénombrable  d'intervalles  a,i  ag,...  la  somme  Sa 
des  longueurs  des  intervalles  ol  sera  supérieure  à  la  longueur  de  l'intervalle  {a,b). 

En  effet,  tous  les  points  de  {a,  b)  étant  intérieurs  à  un  nombre  limité 
des  intervalles  a  en  vertu  du  lemme  précédent,  la  somme  de  ces  inter- 
valles en  nombre  fini  vaut  au  moins  b  —  a,  donc  la  somme  de  tous  les 
intervalles  dépasse  b  —  a. 

Lemme  IIL  —  Si  tous  les  points  d'un  intervalle  {a,  b)  sont  contenus  dans 
une  infinité  dénombrable  d'intervalles  d'amplitudes  aj,  a^,...  qui  n'empiètent 
PAS  LES  UNS  SUR  LES  AUTRES  {mais  peuvent  avoir  une  extrémité  commune) 
et  qui  sont  eux-mêmes  compris  dans  l'intervalle  {a,  b),  on  a 

Sa  =  è  —  a. 

D'une  part,  quel  que  soit  n,  on  a  évidemment  ai  -f-  «2  +  — \-'^n  < 
b  —  a  \  donc,  à  la  limite.  Sa  ^  6  —  a. 

D'autre  part,  soit  £1,  z^,...  s» ,...  une  suite  de  quantités  positives  ayant 
une  somme  infiniment  petite  e  ;  désignons  par  Pi,  Pa.---  la  suite  des 
intervalles  ai,  a2,..,  respectivement  élargis  de  Si,  êg,...  de  chaque  côté. 
Tous  les  points  de  {a,  b)  étant  intérieurs  aux  |3,  on  a,  par  le  lemme  pré- 
cédent, Sp  ^  è  —  a.  Mais  Sp  =  Sa  -[-  2£  ;  il  vient  donc  Sa  >  ô  —  a  —  2e. 

Comparons  les  deux  inégalités  obtenues,  nous  en  concluons,  puis- 
que t  est  infiniment  petit,  que  Sa  =  è  —  a. 

Lemme  IV.  —  Si  tous  les  points  d'un  ensemble  E  peuvent  être  enfermés- 
au  sens  étroit  dans  un  ensemble  dénombrable  d'intervalles  ai,  ag,...  ils  peuvent 
l'être  au  même  sens  dans  un  ensemble  d'intervalles  Pi,  P2,...  n'empiétant 
PAS  et  contenus  dans  les  a. 


MESURE  DES  ENSEMBLES  LINÉAIRES  6l 

On  forme,  en  effet,  la  suite  des  intervalles  ,3,  en  retranchant  de 
l'intervalle  a„,  pour  «  ==  2,  3,...,  les  parties  communes  avec  les  inter- 
valles précédents  «i,  «g,...  a„_i.  On  remplace  ainsi  a„  par  un  nombre 
limité  d'intervalles  (3  ou  bien  on  le  supprime  entièrement.  Ainsi  un 
point  contenu  dans  a«  au  sens  étroit,  l'est  aussi  dans  l'ensemble  limité 
des  P  formés  avec  «j,  a^,...  <x„. 

Remarque.  —  Si  les  longueurs  des  intervalles  a  ont  une  somme  finie 
Sa,  il  est  clair  que  l'on  aura  Sp  ^  Sa. 

Lemme  V.  —  Si  tous  les  points  d'un  ensemble  E  sont  enfermés  dans  un 
ensemble  composé  de  deux  infinités  dénombrables  d'intervalles  a,,  a.^,...  ,3i  Pg.--- 
{les  a  n  empiétant  pas  les  uns  sur  les  autres,  ni  les  ,3  non  plus),  si  de  plus 
les  sommes  Sa,  S8  des  longueurs  de  ces  intervalles  ont  des  valeurs  finies,  on 
peut  enfermer  l'ensemble  E  dam  un  système  d'intervalles  y  {n'empiétant  pas)' 
contenus  dans  les  a,  p  de  telle  sorte  que  l'on  ait 

Sa  +  Sp  =  Sv  +  S  (ap). 

On  désigne  par  S  (a[3)  la  somme  des  longueurs  des  parties  (ap)  communes 
aux  a  et  aux  ,3,  On  aperçoit  d'ailleurs  immédiatemment  que  les  (aj3)  forment 
une  suite  dénombrable  d'intervalles  n'empiétant  pas. 

Pour  former  une  suite  d'intervalles  y  satisfaisant  à  l'énoncé,  rangeons 
les  a,  [3,  dans  une  suite  unique 

«1)   Pi.   ='2.   Pe.---  ««,   ?«.••• 

et  supprimons,  comme  plus  haut,  dans  chaque  intervalle  de  cette 
suite  les  parties  communes  avec  les  intervalles  qui  précèdent.  Chaque 
intervalle  a„  ou  P«  sera  ainsi  (s'il  n'est  pas  supprimé)  remplacé  par  un 
nombre  limité  d'intervalles  y.  En  procédant  ainsi,  nous  rencontrerons 
successivement  et  une  seule  fois  chaque  partie  commune  (a^)  qui  sera 
retranchée.  On  aura  donc 

.    Sy  =  Sa  +  S|3— S(aj3). 

Lemme  VI.  —  Si  tous  les  points  de  l'intervalle  {a,  b)  sont  enfermés  dans 
deux  infinités  dénombrables  d'intervalles  ai,  a,,...  pi,  '^^■z,...  contenus  dans 
{a,  b),  les  et  n'empiétant  pas  ni  les  p  non  plus  ;  on  a 

Sa  +  S3  =  (è-a)  +  S(aP), 

la  somme  S  (alB)  s' étendant  à  l'ensemble  dénombrable  des  intervalles  communs 
aux  a  et  aux  P,  lesquels  n'empiètent  pas  non  plus. 

C'est  la  conséquence  du  lemme  précédent,  où  il  faut  remplacer  Sy 
par  b  —  a,  en  vertu  du  lemme  III  [tous  les  points  de  {a,  b)  étant  con- 
tenus dans  les  y  et  tous  les  y  dans  {a,  b)]. 

75.  Mesures  extérieure  et  intérieure  d'un  ensemble.  Ensembles  mesu- 
rables. —  Dans  ce  qui  suit,  nous  ne  considérons  que  des  ensembles 
bornés  et  contenus  dans  un  même  intervalle  {a,  b).  Un  ensemble  étant 
désigné  par  E,  nous  appelons  CE  son  complémentaire  relativement 
à  l'intervalle  (a,  b),  c'est-à-dire  que  CE  sera  formé  des  points  de  (a,  b) 
non  contenus  dans  E. 


62  INTRODUCTION 

Soit  E  un  ensemble  ;  nous  pouvons  enfermer  ses  points  dans  un 
ensemble  fini  ou  une  infinité  dénombrable  d'intervalles  a^  «j,,...  Soit 
Sa  la  somme  des  longueurs  de  ces  intervalles.  Par  définition,  la  mesure 
extérieure  nie  E  est  la  borne  inférteure  de  toutes  les  sommes  Sa  pos- 
sibles. D'après  cela,  quelque  petit  que  soit  le  nombre  positif  s,  pour 
tout  ensemble  E,  on  peut  trouver  un  système  d'intervalles  aj,  ol^,... 
contenant  tous  les  points  de  E  et  tel  qu'on  ait 

Wg  E  ^  Sa  <  »î«.  E  +  2- 

Dans  cette  définition  de  la  mesure  extérieure,  il  est  d'ailleurs  indif- 
férent de  dire  que  l'ensemble  est  enfermé  au  sens  étroit  ou  bien  aîi  sens 
large,  que  les  intervalles  empiètent  ou  n'empiètent  pas  (Lemme  IV). 

Soient  maintenant  CE  le  complémentaire  de  E  (relativement  à  l'in- 
tervalle (a,  h)  et  me  (CE)  la  mesure  extérieure  de  cet  ensemble.  Par 
définition,  la  mesure  intérieure  de  E  est  la  quantité 

mi  E  —  {b  —  a)  —  me  (CE). 

Cette  quantité  ne  peut  être  négative,  car  l'intervalle  {a,  b)  contient 
CE  et,  par  suite,  b  —  a  est  au  moins  égal  à  me  (CE). 

D'autre  part,  la  mesure  intérieure  de  E  ne  peut  surpasser  sa  mesure 
extérieure.  En  effet,  enfermons  (au  sens  étroit)  E  dans  un  système 
d'intervalles  a  et  CE  dans  un  système  d'intervalles  §,  les  points  de 
(a,  b)  seront  enfermés  au  même  sens  dans  les  a,  p.  Donc,  par  le 
lemme  II. 

Sa  +  S{3^(è-a); 

et,  en  faisant  tendre  Sa  et  Sp  vers  leurs  limites  inférieures, 

We  E  +  »ï«  (CE)  ^  i  —  a, 
w<,  E  ^  mi  E. 

Ces  définitions  sont  évidemment  telles  qu'un  ensemble  ne  peut  être 
de  mesure  (intérieure  ou  extérieure)  moindre  qu'une  de  ses  parties. 

Lorsque  les  mesures  extérieure  et  intérieure  d'un  ensemble  E  sont 
égales,  cet  ensemble  est  mesurable  et  sa  mesure,  wE,  est  la  valeur 
commune  de  me  E  et  mt  E.  Il  résulte  immédiatement  de  là  que,  si  un 
ensemble  E  est  mesurable,  son  complémentaire  l'est  aussi. 

76.  Opérations  sur  les  ensembles.  —  On  peut  effectuer  sur  des 
ensembles  donnés  diverses  opérations  : 

1°)  On  peut  réunir  tous  les  points  qui  appartiennent  à  plusieurs  ou  à 
une  infinité  dénombrable  d'ensembles  Ei.  E;.,...  Cette  opération  peut 
être  considérée  comme  une  addition  et  V ensemble-somme  se  désigne  par 

E1  +  E2+... 

2")  On  peut  retrancher  d'un  ensemble  Ei  ceux  de  ces  points  qui 
appartiennent  à  un  ensemble  E2.  Cette  opération  peut  être  considérée 
comme  une  soustraction  et  V ensemble- différence  se  désigne  par 

El  —  Eg. 


MESURE  DES  ENSEMBLES  LINEAIRES  63 

3°)  On  peut  prendre  la  partie  commune  à  plusieurs  ou  à  une  infinité 
dénombrable  d'ensembles  Ei,  Ej.,...  Cette  opération  correspond  à 
certains  égards  à  la  multiplication.  Nous  représenterons  l'ensemble 
commun  par 

El  E2... 

L'addition  et  la  multiplication  ainsi  définies  sont  des  opérations 
associatives  et  commutatives  et  la  multiplication  est  distributive  vis-à-vis  de 
l'addition  et  de  la  soustraction,  c'est-à-dire  que 

(Ei±E2)E3  =  Ei  EaiE^E^. 

La  vérification  est  immédiate. 

Par  contre,  les  propriétés  générales  des  opérations  ne  s'étendent 
pas  à  la  soustraction.  En  particulier,  on  peut  bien  poser 

(E  -  E,)  +  (E,  -  E3)  =  (E  +  E,)  -  E', 

mais  E'  ne  contient  qu'une  partie  de  (Ei  -|-  E3),  à  savoir  les  points  de 
El  contenus  dans  E  sans  l'être  dans  (E.<  —  E3)  et  ceux  de  E^  contenus 
dans  E;  sans  l'être  dans  (E  —  Ei).  Cette  remarque  nous  servira  tout 
à  l'heure  (no  78,  1). 

Nous  allons  montrer  que  les  opérations  précédentes,  étant  etiec- 
tuées  sur  des  ensembles  mesurables,  conduisent  a  de  nouveaux 
ensembles  mesurables.  A  cet  effet,  nous  allons  faire  connaître  au 
no  suivant  un  caractère  distinctif  des  ensembles  mesurables.  Mais 
nous  avons  d'abord  une  remarque  à  faire  : 

Si  deux  ensembles  Ei  et  Eg  sont  de  mesure  (extérieure)  <  e,  l'en- 
semble El  +  Eo  sera  de  mesure  (extérieure)  <  2£.  D'autre  part,  quel 
que  soit  E3,  les  ensembles  E,  —  E3  et  Ei  E3  contenus  dans  Ei  seront 
a  fortiori  àe  mesure  (extérieure)  <£. 

77.  Théorème.  —  La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'un  ensemble 
E  soit  mesurable,  est  que,  quelque  petit  que  soit  t  positif,  l'ensemble  E  puisse  se 
décomposer  comme  il  suit 

E==è-\-e'  —  e", 

S  désignant  l'ensemble  d'un  nombre  limité  d'intervalles,  e'  et  e"  deux  ensembles 
de  mesures  (extérieures)  <  t.  Alors  la  mesure  de  E  est  comprise  entre 
les  deux  limites  «ê  i  e. 

La  condition  est  nécessaire.  Montrons,  en  effet,  que  si  E  est  mesu- 
rable, il  admet  la  décomposition  indiquée.  Pour  cela,  enfermons  E 
(mesurable)  dans  une  infinité  dénombrable  d'intervalles  a  n'empiétant 
pas  et  CE  dans  des  intervalles  ^  n'empiétant  pas  de  manière  que  l'on  ait 

la  4-  2,3  <  w  E  +  w  CE  -f  e  -=  b—a  +  e. 

On  a,  d'autre  part,  par  le  lemme  VI  (n»  74), 

Sa  -f  Sp  -  è— a  +  S  ^afl), 

d'où,  en  comparant,  1'  (a^)  <  e. 


64  INTRODUCTION 


Soit  maintenant  S  l'ensemble  d'un  nombre  suffisant  d'intervalles  a 
pour  que  l'ensemble  e  des  intervalles  restants  soit  de  mesure  <  e.  On  a 

E  =  ê  +  tfE  — Ô(CE). 

Mais  ^E  est  un  ensemble  e'  de  mesure  <  e  et  ê(CE)  est  un  ensemble 
e"  contenu  dans  les  (a^)  donc  aussi  de  mesure  <  e,  ce  qui  prouve  la 
proposition. 

En  second  lieu,  la  condition  est  suffisante,  car,  si  elle  est  remplie, 
E  et  CE  étant  respectivement  contenus  dans  &-\-e'  et  Cê  +  «",  on  a 
les  inégalités  : 

nie  E  <  mê  -{-  B,  nie  CE  <  mCQ>  -\-  t, 

et,  en  retranchant  la  seconde  de  b  —  a  =  b  —  a, 

ntiKy  mê  —  £. 

Donc  les  mesures  intérieure  et  extérieure  de  E  sont  comprises  entre 
les  deux  limites  mê  ±  t  aussi  rapprochées  qu'on  veut  et,  par  consé- 
quent, sont  égales.  On  voit,  en  même  temps,  que  wE  est  compris 
entre  ces  mêmes  limites. 

On  peut  caractériser  la  décomposition  requise  dans  le  théorème 
précédent  en  disant  que  tout  ensemble  mesurable  se  compose,  à  deux 
infiniment  petits  près,  d'un  nombre  fini  d'intervalles. 

78.  Théorèmes  relatifs  aux  opérations  sur  les  ensembles  mesurables. 

—  Théorème  I.  —  Si  les  ensembles  Ei  et  E^>  sont  mesurables,  il  en  est  de 
même  pour  les  ensembles  : 

El  +  Ei,  El  E2,  El  —  Eo. 

Mettons,  en  effet,  E,  et  E.^  sous  la  forme  indiquée  dans  le  théorème 
précédent  : 

El  ^  êi  +  «1  —  «1  ,  E2  =  êo  -[-  h  —  «2  ) 

on  aura 

El  +  E2  =  (Si  +  &,)  +  {A  +  4)  -  e", 

où  «"  est  contenu  (n»  76)  dans  («[' +  4')- Or  (^i  +  ^2) -st  formé  d'un 
nombre  limité  d'intervalles,  tandis  que  {e^  +  e^  et  {e^  +  e^  )  sont  de 
mesures  <  2£,  donc  Ei  -\-  Eo  est  mesurable  par  le  théorème  précédent. 

Les  deux  autres  résultats  se  ramènent  au  précédent  par  la  considé- 
ration du  complémentaire.  On  a,  en  effet, 

C(E,E2)  =  CEi  +  CE2,        C(Ei  -  E2)  ^  CEi  +  E2. 

Théorème  II.  —  Si  les  deux  ensembles  Ei  et  E-,  sont  mesurables  et 
sans  point  commun,  on  a 

m  (El  +  E2)  =  w  El  +  w  Eg. 


INTRODUCTION  65 


La  décomposition  de  Ei  +  E2  indiquée  dans  la  démonstration  pré- 
cédente prouve  {n°  77)  que  la  mesure  de  Ei  +  E2  est  la  limite,  pour  e 
infiniment  petit,  de  w  (S,  +^2)-  Mais,  pour  un  nombre  limité  d'inter- 
valles, on  a,  sans  difficulté, 

m  (êi  -|-  ê2)  =  w  êi  -\-  m  ê2  —  "*  (®l  ^2)' 
Comme  mêi  et  m  §2  tendent  vers  /»  Ei  et  w  E2,  il  reste  à  montrer  que 
m{&i  §2)  tend  vers  0.  Or  êy  et  S2  sont  respectivement  contenus  dans 
El  +  ^1  et  E2  +  «2  >  donc  S1S2  l'est  dans 

(El  +  .;')  (E2  +  4')  =  El  E2  +  El  e'J  +  (E2  +  4')  4', 

et  a  fortiori  dans  {el  +  ^i  )  puisque  Ei  E2  est  nul.  Donc  m$i  &2  <  2e. 

Corollaire.  —  Si  Ei  ei  E2  sont  mesurables  et  E2  contenu  dans  Ki,  on  a 
m  (El  —  E2)  =  w  El  —  m  E2. 

Cette  équation  revient,  en  effet,  à^  celle  que  nous  venons  d'établir, 
en  écrivant 

w(Ei  —  E2)  +  wEg  =  wEi. 

Théorème  III.  —  Soit  Ei,  E2,...  une  infinité  dénombrable  d'ensembles 
mesurables  contenus  dans  l'intervalle  (a,  b)  ;  soit  ensuite  E  l' ensemble-somme 
El  -|-E2+...  ;  l'ensemble  E  est  mesurable.  De  plus,  si  les  ensembles  sont 
sans  points  communs,  on  a 

wE  =  wEi+ȔE2  +  ... 
Supposons  d'abord  les  ensembles  sans  points  communs. 
Posons 

S„^Ei+E2+-  +  E«  ..   <         T,      c     ,   T^ 

On  aura,  en  observant  d'abord  que  E  contient  S„ ,  puis  en  appli- 
quant le  théorème  I, 

w,-  E  >  w  S„  =  w  El  +  w  E2  H h  ^»  E«  , 

ce  qui  prouve  que  la  série  positive  2wE„  est  convergente.  Prenons 
donc  n  assez  grand  pour  qu'on  ait,  t  positif  étant  donné, 

m,  E„+i  +  m  E«+2  +  •••  <  e, 

et  enfermons,  pour^  =  i,  2,  3,...  l'emsemble  E„+p  dans  un  système 

d'intervalles  a  dont  la  somme  soil<  »»E„+>  +  -V-  Alors  l'ensemble 
^«  ^=E«-|-i  -|-  E«-(-2  -f  •••  est  enfermé  dans  un  système  d'intervalles  a, 
dont  la  somme  est  moindre  que 

m  E».-)-i  +  -  j  +  im  E«+2  -\ — i"  )  +  •"  <  2e. 

On  en  conclut 

nte'E  <mSn-\-  2e. 


66  MESURE  DES  ENSEMBLES 


Comparons  avec  l'inégalité  relative  à  ;»/E  et  passons  à  la  limite 
pour  e  =  0  ;  on  en  conclut  le  résultat  énoncé  : 

me  E  -^  niiE  =  w  E  ^  lim  (w  S«  )  =  w  Ei  +  w  Eo  -\ — 

Si,  en  second  lieu,  les  ensembles  E«  ont  des  points  communs,  l'en- 
semble E  sera  encore  mesurable,  car  on  peut  écrire 

E --- E, -f  (Eo  —  El)  +  (E3  -  E,  -  E,)  + -, 
ce  qui  ramène  au  cas  précédent,  en  vertu  du  théorème  II. 

Théorème  IV.  —  Si  d'un  ensemble  mesurable  E  on  retranche  tous  les 
points  qui  appartiennent  à  une  infinité  dénombrable  d'ensembles  mesurables 
El,  E.;  ...,  tous  les  ensembles  E,  Ei,  E^,...  étant  contenus  dans  un  intervalle 
(a,  b),  l'ensemble  restant  E  —  Ei  —  E.^  —  ...est  encore  mesurable.  De  plus, 
si  El,  Eo,...  sont  sans  points  communs  et  tous  contenus  dans  E,  on  a 

»ï(E  — El  —  E )  =  wE  — wEi  -wE-, 

D'abord  l'ensemble  E'  =  E,  +  Eo  +  •••  est  mesurable  par  le  théo- 
rème III,  donc  E  —  El  —  E2 ou  E  —  E'  l'est  par  le  théorème  II. 

Ensuite,  si  Ej,  E,,...  sont  sans  points  communs,  on  a,  par  le  théo- 
rème III, 

m  E'  ^  m  E,  +  w  E.^  +  •••• 

et,  par  le  corollaire  du  théorème  I, 

m  (E  —  E,  -  E, )  --  w  (E  —  E')  =  w  E  -  w  E', 

ce  qui  prouve  la  seconde  partie  du  théorème  énoncé. 

Théorème  V.  —  Soit  Ei,  E.»,...  une  infinité  dénombrable  d'ensembles 
mesurables,  leur  partie  commune  E  =  Ej  E.^...  est  mesurable. 

Ce  théorème  se  ramène  au  théorème  IV  en  observant  que 

CE  =  CE, +CE. +  ••• 

Théorème  VI.  —Soit  E^  E.^...  une  infinité  dénombrable  d'ensembles 
mesurables  dont  chacun  contient  tous  les  précédents  et  qui  sont  tous  contenus 
dans  un  intervalle  (a,  b),  on  a 

»»(Ei+Eo  +  -)-j[i^  (»îE„). 
On  peut,  en  effet,  poser,  dans  cette  hypothèse, 

El  +  E.  +  -  -  El  +  (E,  -  El)  -)-  (E3  -  E,)  +  - 
et  il  vient,  par  les  théorèmes  III  et  I  (corollaire), 

w  (El  +  E.  +  •••)  =  m  El  +  m  (E,  —  El)  +  m  (E3  —  E^)  +  - 

-=  w  El  +  {m  E.  —  m  Ei)  +  (w  E3  —  w  E^)  +  - 
^^lim  {m  E«). 


INTRODUCTION  6y 


Théorème  VII.  —  Inversement,  soit  Ei,  Eo,,..  une  infinité  dénombrable 
d'ensembles  mesurables  dont  chacun  est  contenu  dans  tous  les  précédents  et  qui 
sont  tous  contenus  dans  un  intervalle  [a,  b),  on  a 

w(Ei  E2....)  =  lini  w(E«  ). 

On  a,  en  effet,  dans  cette  hypothèse, 

C(EiE,  ...)=-CEi+CE,  4  ■■• 

Donc  il  vient,  par  le  théorème  précédent, 

m  C  (El  E2  ...)  =  lim  m  (C  E„  ) 

et,  en  retranchant  les  deux  membres  de  {b  —  a), 

m  (El  Eo...)  ^  lim  {m  E«  ). 

79.  Constrnctioii  d'ensembles  mesurables.  Ensembles  mesurables  B.  — 

Un  ensemble  qui  se  réduit  à  un  seul  point  est  évidemment  mesu- 
rable et  a  pour  mesure  zéro.  D'autre  part,  un  ensemble  qui  se  réduit 
à  un  intervalle  (avec  ou  sans  les  extrémités)  est  évidemment  mesurable 
et  a  pour  mesure  la  longueur  de  l'intervalle. 

En  combinant  entre  eux  les  points  et  les  intervalles  par  addition  et 
soustraction  ou  en  prenant  l'ensemble  commun  à  une  suite  d'ensem- 
bles donnés,  on  obtient  des  ensembles  de  plus  en  plus  complexes  et 
qui  sont  encore  mesurables  en  vertu  des  théorèmes  du  n»  précédent. 
Ce  sont  ceux-là  qui  ont  été  particulièrement  considérés  par  M.  Borel. 
C'est  pourquoi  on  les  appelle  les  ensembles  mesurables  B. 

Les  ensembles  mesurables  B  sont  les  plus  importants  des  ensembles 
mesurables.  Quand  on  connaît  leur  mode  de  construction,  on  peut  en 
même  temps  déterminer  leur  mesure  en  utilisant,  à  chaque  opération 
consécutive,  le  théorème  correspondant  du  numéro  précédent. 

Un  ensemble  dénombrable  s'obtient  par  l'addition  d'une  infinité  dénom- 
brable de  points.  C'est  donc  un  ensemble  mesurable  B  et  sa  mesure 
est  nulle,  en  vertu  du  théorème  III. 

Un  ensemble  par/ait  s'obtient  en  soustrayant  d'un  intervalle  {a,  b)  une 

infinité  dénombrable  d'intervalles  distincts  a,,  a^, C'est  donc  un 

ensemble  mesurable  B  et  sa  mesure  est  {b  —  a)  —  a^  —  (x.>  —  ....,  en 
vertu  du  théorème  IV. 

Un  ensemble  fermé  est  la  somme  d'un  ensemble  parfait  et  d'un  ensem 
ble  dénombrable.  C'est  donc  un  ensemble  mesurable  B  et  sa  mesure 
est  celle  de  l'ensemble  parfait  qu'il  contient,  en  vertu  du  théorème  I. 

80.  Théorème.  —  Si  la  mesure  extérieure  de  V ensemble  E  est  égale  à  k, 
E  est  contenu  dans  un  ensemble  E'  mesurable  B  et  de  même  mesure  k.  -- 
Réciproquement,  si  m,  E  -^  A,  E  contient  un  ensemble  E"  mesurable  B  et  de 
mime  mesure  k. 

Les  deux  théorèmes  se  ramènent  l'un  à  l'autre  par  la  considération 
des  ensembles  complémentaires.  Démontrons  donc  le  théorème  direct. 


68  MESURE  DES  ENSEMBLES 

Soit  ei,e2....e„  ,...  une  suite  de  quantités  positives  ayant  pour  limite  0. 
Nous  pouvons  enfermer  E  dans  un  ensemble  E  (e«  ),  mesurable  B, 
formé  d'intervalles  aj,  ag,...  n'empiétant  pas  et  tel  que 

»t  E  (e„  )  =  Sa  <  A  +  £«. 

Alors  E  est  aussi  enfermé  dans  l'ensemble  mesurable  B  : 

p:'  =  E(ei)E(e2)...E(e«)... 
et  l'on  a 

w  E'  <  w  E  (e«  )  <  ^  +  e«. 

Donc  (e«  étant  infiniment  petit)  mR'  ^k  (donc  =  k). 

Remarque.  —  En  particulier,  si  E  est  mesurable,  il  est  contenu  dans 
un  ensemble  E'  et  contient  un  ensemble  E",  tous  deux  mesurables  B 
et  de  même  mesure  que  lui. 

81.  Emsembles-limites  (Complets  ou  restreints).  — Soit  Ei,  Eg,... 
une  infinité  dénombrable  d'ensembles.  M.  Borel  appelle  ensemble-limite 
complet  de  cette  suite,  l'ensemble  E  formé  des  points  qui  appartiennent 
à  une  infinité  d'entre  eux.  Il  appelle  ensemble-limite  restreint  de  la  même 
suite,  l'ensemble  R  des  points  qui  appartiennent  à  tous  les  ensembles 
Ek  à  partir  d'une  valeur  suffisamment  grande  de  n  (qui  peut  d'ailleurs 
dépendre  du  point  considéré). 

Les  ensembles-limites  peuvent  s'exprimer  à  l'aide  des  opérations 
étudiées  précédemment.  On  a,  en  effet, 

R  =  (El  E2  E3....)  +  (E2  E3..)  +  (E3 ...)  +  ... 

car  un  point  de  R  appartient  à  tous  les  termes  du  second  membre  à 
partir  d'un  certain  rang  ;  et,  réciproquement,  un  point  qui  appartient 
au  second  membre  appartient  à  l'un  de  ses  termes,  donc  aussi  à  R. 

D'autre  part,  on  a 

E  =  (El  +  E,  +  Es  +  ■••)  (E2  +  E3  +  •••)  (E3  +  •••)  -, 

car  un  point  de  E  appartient  à  tous  les  facteurs  du  second  membre  ; 
et,  réciproquement,  un  point  qui  appartient  à  tous  les  facteurs  du 
second  membre  appartient  à  une  infinité  de  E«  ,  donc  à  E. 

Ces  relations  prouvent  d'abord  que,  si  les  ensembles  de  la  suite  sont 
mesurables,  il  en  est  de  même  des  ensembles-limites  E  et  R.  Mais 
elles  fournissent  des  renseignements  sur  les  mesures  de  E  et  de  R.  On 
peut,  en  effet,  énoncer  les  théorèmes  suivants,  qui  s'en  déduisent  : 

TiLÉoRÈME  I.  —  Si,  parmi  les  ensembles  mesurables  Ei,  E2,...,  tous 
compris  dans  un  intervalle  fini  {a,  b),  il  y  en  a  une  infinité  de  mesure  ^  k, 
r  ensemble-limite  complet  E  aura  une  mesure  5>  k- 

En  effet,  en  retranchant  de  la  suite  une  partie  des  ensembles  E«,  on 

ne  peut  que  réduire  l'ensemble-limite  complet  E.  On  peut  donc  sup- 


INTRODUCTION  69 


poser  dans  la  démonstration  tous  les  ensembles  de  mesure  ^  k. 
Appliquant  alors  le  théorème  VII  du  no  78  à  l'expression  de  E  ci-des- 
sus, on  obtient 

m  E  =  lim  m  (E«  +  E«+i  -| — )  ^  lim  w  E«  >  A. 

Théorème  II.  —  Si,  parmi  les  ensembles  mesurables  Ej,  E2,."  tous 
compris  dans  {a,  b),  il  y  en  a  une  infinité  de  mesure  ^  k...  l'ensemble-limite 
restreint  R  aura  une  mesure  ^  k. 

En  effet,  en  retranchant  de  la  suite  une  partie  des  ensembles  E«,  on 
ne  peut  qu'augmenter  l'ensemble-limite  restreint  R.  On  peut  donc 
supposer  dans  la  démonstaation  tous  les  ensembles  de  mesures  ^  k. 
Appliquant  alors  le  théorème  Vil  du  no  77  à  l'expression  de  R,  on 
obtient 

w  R  =  lim  m  (E«  E«+i  ■••)  ^  lim  m^„^k. 

§  12.  Fonctions  mesurables  d'une  variable  (*). 

82.  Fonctions  mesurables.  —  Soit/(;t?)  une  fonction  univoque  de  ;i; 
dans  un  ensemble  F,  sa  valeur  peut  être  infinie  mais  de  signe  déter- 
miné. Soient  ensuite  A  et  B  deux  nombres  fixes  (A  <  B).  Nous  dési- 
gnerons respectivement  par  les  notations  : 

E(A</<B),        E(/>A),        E{/=A), 
E(A</^B),        E(/^A),  etc. 

les  ensembles  des  points  de  F  où  la  fonction/(;t)  satisfait  à  la  condi- 
tion indiquée  entre  parenthèses.  Ainsi  le  premier  ensemble  est  celui 
des  points  de  F  oùf{x)  est  >  A  mais  <  B. 

Ceci  posé,  nous  dirons,  avec  M.  Lebesgue,  que  cette  fonction  est 
mesurable  dans  l'ensemble  F,  si  l'ensemble 

E(/>A) 

est  mesurable  quel  que  soit  A.  —  Si,  de  plus,  cet  ensemble  est  mesu- 
rable B,  nous  dirons  que  la  fonction  est  mesurable  B. 

Il  suit  évidemment  de  cette  définition  que  si  une  fonction  est  mesu- 
rable dans  deux  ensembles  Fi  et  Fg,  elle  est  mesurable  dans  l'ensem- 
ble-somme  Fi  +  Eg. 

Si  la  fonction /(;r)  est  mesurable,  l'ensemble  E  (/<  A)  est  mesu- 
rable, l'ensemble  E  (A  </<  B)  également  (comme  différence  de  deux 
ensembles  mesurables)  ;  enfin  l'ensemble  E  (/=  A)  est  aussi  mesura- 
ble, car  c'est  la  partie  commune  à  l'infinité  dénombrable  des  ensembles 

e(^A-^</<A+^^,        «  =  i,  2,  3 

Donc  les  ensembles  E  (/>  A),  E  (A  ^/<  B),  E  (A  </  <  B),  qui 


(*)  Pour  celles  de  plusieurs  variables,  voir  le  tome  II. 


70  P^ONCTIONK  MESURABLES 

ne  diffèrent  d'autres  qui  précèdent  que  par  l'addition  ou  la  soustrac- 
tion d'un  ensemble  mesurable,  sont  mesurables  aussi. 

Remarque.  —  On  peut  aussi  bien  définir  une  fonction  mesurable 
par  la  condition  que  l'un,  toujours  le  même,  des  deux  ensembles  : 

E(/>A),     E(/<A), 

soit  mesurable  quelque  soit  A,  car  un  raisonnement  calqué  sur  le 
précédent  montrerait  que  tous  les  ensembles  rencontrés  ci-dessus 
sont  encore  mesurables.  Il  en  résulte  évidemment  que,  si  /  est 
mesurable, — /l'est  aussi. 

Toute  fonction  continue  dans  un  ensemble  fermé  F,  est  mesurable  (B)  dans 
cet  ensemble,  car  l'ensemble  E  (/>  A)  étant  fermé,  est  mesurable  (B). 

83.  Opérations  sur  les  fonctions  mesurables.  —  l.  La  somme  et  la 
différence  de  deux  fonctions  finies  et  mesurables  dans  un  ensemble  F,  sont 
des  fonctions  mesurables  dans  F. 

En  effet,  soient/ et  cf  deux  fonctions  mesurables.  Je  dis  que/+  o 
est  mesurable,  c'est-à-dire  que  l'ensemble  E  =  E  (/-f  «p  >  A)  est  me- 
surable. En  effet,  cet  ensemble  est  la  somme  de  l'infimté  dénombrable 
des  ensembles  mesurables  : 

E(/>r).  E(cp  >  A-;'), 

formés  des  points  communs  à  E  (/  >  r)  et  E  («p  >  A  —  r),  quand  on 
donne  à  r  toutes  les  valeurs  rationnelles  positives  et  négatives  (car, 
si  /+  'f  est  >  A,  on  peut  trouver  un  nombre  rationnel  r  </tel  qu'on 
ait  encore  y  +  œ  >  A).  Donc  E  est  mesurable  (no  78,  III). 

Le  théorème  se  démontre  pour  une  différence  en  remplaçant  o  par 
—  cp  qui  est  mesurable  avec  «•  (n»  précédent). 

II.  Le  produit  de  deux  fonctions  finies  et  mesurables  dans  F  est  mesurable 
dans  F. 

Toute  fonction  mesurable  /  est  la  différence  /i  —  fz  de  deux 
fonctions  mesurables  jamais  négatives  (/i  étant  égal  à  /  aux  points 
où  /  est  positif  et  à  0  ailleurs,  —  /a  égal  à  /  aux  points  où  /  est 
négatif  et  à  0  ailleurs).  Donc,  en  vertu  de  la  propriété  précédente, 
il  suffit  de  faire  la  démonstration  pour  deux  fonctions  /  et  cp  jamais 
négatives.  Le  raisonnement  est  alors  analogue  au  précédent.  Il  faut 
prouver  que,  si  K  >  0,  l'ensemble  E  =  E  (/œ  >  A)  est  mesurable,  ce 
qui  résulte  de  ce  que  cet  ensemble  est  la  somme  de  tous  les  ensembles 

E  (/  >  r)  E(  tp  >  —  j  quand  on  donne  à  r  toutes  les  valeurs  ration- 
nelles positives. 

III.  L'inverse  d'une  fonction  mesurable  dans  F  et  qui  ne  s'annule  pas  est 
mesurable.  On  a,  en  effet, 

E  (^>  P^i  =-  E  (f<  ^A,  si /et  A  sont  positifs  ; 

E  (^0  >  ^v  >  A  ^  --  E  (  0  >/  >  -^  J,  si /et  A  sont  négatifs. 


INTRODUCTION  "Jl 


IV.  Le  quotient  des  deux  fonctions  finies  et  mesurables  dans  F  est  mesu- 
rable dans  F,  pourvu  que  le  diviseur  ne  s'annule  pas. 

Cette  propriété  est  la  conséquence  des  deux  précédentes. 

84.  Limites  de  fonctions  mesurables,  —  Théorème  I.  Si  une  suite 

de  fonctions  tnesurables  f^,  f.>,...  fn  ,-.■  converge  vers  une  limite  finie  ou  infi- 
nie-dans un  ensemble  F,  la  fonction-limite  f  est  mesurable  dans  F. 
Donnons-nous  un  nombre  positif  t.  Tout  point  de  l'ensemble 

E=E(/>A) 

appartient  évidement,  pour  n  suffisamment  grand,  à  l'ensemble  me- 
surable 

E  («,  e)  =  E  (/«  >  A  —  £). 

Donc  tout  point  de  E  appartient  à  V ensemble-limite  restreint  Ee  de  la 

suite  E(i,  t),  E(2,  e),   E(3,    t) ,  lequel  est  mesurable;  et  cela, 

quelque  petit  que  soit  e. 

Réciproquement,  tout  point  exclu  de  E  est  exclu  de  E  (/>  A  —  s) 
pour  £  assez  petit  ;  il  est  alors  exclu  de  Ee,  car  il  l'est  de  E  {n,  z)  pour 
n  assez  grand. 

Donc  l'ensemble  E  est  V ensemble-limite  restreint  de  la  suite  des  en- 
sembles Es,  obtenue  en  donnant  à  s  une  suite  de  valeurs  £],  t.,,... 
e»,...  tendant  vers  0  :  E  est  mesurable. 

Théorème  II.  —  Les  limites  d'indétermination  (plus  grande  et  plus  petite 
limites)  d'une  suite  de  fonctions  mesurables  f^,  f.,,...  fn  ,...  sont  mesurables 
dans  F. 

En  effet,  soit,  pour  chaque  valeur  de  x,  '^m,7t  {x)  la  fonction  égale 
à  la  plus  grande  des  m-\-  n-{  i  fonctions  : 

fm,       fm^i,-'-       fm+n  • 

C'est  une  fonction  mesurable  dans  F,  car  on  a 

E  (<}/,«.«  >  A)  -----  S  E  (  fm+k  >  A). 

Or  la  plus  grande  limite  de  la  suite /i,/o,...  est  la  limite  de  '^m.n^ 
quand  n  d'abord  et  m  ensuite  tendent  vers  l'infini  :  elle  est  donc 
mesurable  par  le  théorème  I.  (Démonstration  analogue  pour  la  plus 
petite  limite). 

Remarque.  —  Les  fonctions  continues  étant  mesurables  {n^  82),  les 
limites  et  les  limites  d'indétermination  de  fonctions  continues  le 
seront  aussi. 

85.  Théorème  sur  la  convergence.  —  Soit  f,  fi,---  fn ,...  une  suite 
de  fonctions  mesurables  qui  converge  vers  une  limite  finie  f{x)  dans  un  en- 
semble mesurable  M  ;  soient  ensuite  z  un  nombre  positif  arbitraire  et  E«  l'en- 
sembU  des  points  de  E  où,  l'on  a 

\/-fn\>t. 


72  FONCTIONS  A  VARIATION  BORNÉE 


Je  dis  qu'à  tout  nombre  positif  0  si  petit  quil  soit,  on  peut  faire  corres- 
pondre un  nombre  positif  N,  tet  que  Von  ait 

m  E„  <  0,     SI  «  ^  N. 

En  effet,  si  par  impossible  cette  condition  ne  se  réalisait  pas,  il  y 
aurait  une  infinité  de  E«  de  mesures  ^  ô.  Alors  l'ensemble-limite 
complet  des  E«  aurait  une  mesure  ^  ô  (no  81,  I)  :  il  renfermerait 
donc  certainement  des  points.  Soit  x  l'un  d'eux,  il  y  aurait  une 
infinité  de  valeurs  de  n  pour  lesquelles 

auquel  cas, /«(at)  n'aurait  pas  pour  limite /(;tr). 

§  13.  Fonctions  (d'une  variable)  à  variation  bornée. 
Fonctions  absolument  continues. 

86.  Définition  des  fonctions  à  variation  bornée.  —  Soient  jv  ==f{x)  une 
fonction  de  x,  univoque  et  bornée  dans  un  intervalle  fini  [a,  b),  et  X  un 
point  de  cet  intervalle.  Donnons  à  x  une  suite  de  valeurs  croissantes 
Xi  =  a,  X2,  Xs,...  Xn  ,  x„+i  =  X  ;  soient  yi,  Vi,...  y„+i  =  Y  les  valeurs 
correspondantes  de  j'.  P'aisons  la  somme  des  différences  successives 
de  y  ;  nous  aurons 

n 

(1)  ^{y^+i—yi)  =  y—yi=P  —  n, 

1 

p  désignant  la  somme  des  différences  positives  et  —  n  celle  des  diffé- 
rences négatives.  Désignons  encore  par  t  la  somme  des  différences 
absolues  ;  nous  aurons 

(2)  t=î\yi+,-y,    \=P  +  n. 

Les  valeurs  extrêmes  a  et  X  restant  fixes,  les  trois  sommes^,  n,  t 
dépendent  encore  du  nombre  et  de  la  position  des  valeurs  inter- 
médiaires. Faisons  varier  ces  deux  éléments  de  toutes  les  manières 
possibleg  ;  si  l'une  des  trois  sommes  est  bornée,  les  deux  autres 
sommes  le  seront  aussi,  en  vertu  des  équations  (i)  et  (2).  Quand 
il  en  sera  ainsi,  nous  dirons  que  y  est  une  fonction  à  variation  bornée 
entre  a  et  X  (C.  Jordan). 

Dans  cette  hypothèse,  on  peut  choisir  successivement  les  points 
intermédiaires  de  manière  que  p  s'approche  indéfiniment  de  sa  borne 
supérieure  P.  Les  équations  (i)  et  (2)  montrent  que  n  et  ^  tendront 
en  même  temps  vers  leurs  bornes  supérieures  N  et,  T  et  ces  équa- 
tions elles-mêmes  deviendront,  à  la  limite, 

Y— _yi-=P  — N,  T  =  P  +  N.  , 

Cette  dernière  quantité  T  s'appelle  la  variation  totale  de  _y  dans  l'inter- 
valle (a,  X). 


INTRODUCTION  ^3 


Nous  allons  faire  connaître  maintenant  quelques  propriétés  impor- 
tantes des  sommes  p,  n,  i  et  de  leurs  bornes  supérieures  P,  N  et  T. 

87.  Théorèmes  sur  les  fonctions  à  variation  bornée.  —  Lemme.  —  Si 

Von  ajoute  une  nouvelle  valeur  intermédiaire  \  entre  Xk  et  Xk^i,  la  somme  t 
peut  augmenter  mais  non  décroître  ;  elle  augmente  d'ailleurs  tout  au  plus  du 
double  de  r oscillation  de  y  dans  l'intervalle  {x/c,  x/c+i). 

Soit  T,  la  valeur  dey  au  point  ^  ;  l'adjonction  de  ce  pomt  remplace 
dans  t  le  terme  unique  |  y^+i  —yk  \  par  deux  autres,  dont  la  somme 
est  au  moins  égale,  |  yk^i  —  ^j  i  -}-  |  ti  —yk  \  .  D'autre  paît,  chacun  de 
ces  nouveaux  termes  est  au  plus  égal  à  l'oscillation  de  j/ entre  ;ir;{.  et 
Xk^i.  Donc  t  ne  peut  croître  de  plus  du  double  de  cette  limite. 

Théorème  I.  —  Si  y  est  continue  et  a  variation  bornée,  les  sommes  p,  n,  t 
ont  respectivement  P,  N  et  T  pour  limites  quand  les  valeurs  intermédiaires 
de  X  se  rapprochent  indéfiniment  les  unes  des  autres. 

Le  théorème,  vrai  pour  une  des  trois  sommes,  le  sera  pour  les  deux 
autres.  Démontrons-le  pour  t  seulement. 

Pour  cela,  il  faut  montrer  que  la  somme  /relative  à  un  système  S  de 
points  intermédiaires  surpasse  T  —  2e,  quelque  petit  que  soit  le  nombre 
positif  donné  2£,  pourvu  que  les  intervalles  de  ces  points  soient  assez 
petits. 

On  peut  d'abord,  par  définition  de  T,  trouver  un  système  de  points 
S'  tel  que  la  somme  correspondante  t'  vérifie  la  condition  ^'  >  T  — e. 
Soit  V  le  nombre  des  pomts  de  S'.  Je  dis  que  le  système  de  points  S 
fournira  une  somme  /  >  T  —  2e,  pourvu  que  ses  intervalles  soient 
assez  petits  pour  que  l'oscillation  dey  soit  <  e  :  v  dans  chacun  d'eux. 
Considérons,  en  elïet,  un  troisième  système  de  points  S",  formé  de 
la  réunion  de  ceux  de  S  et  S',  et  soit  t"  la  somme  correspondante. 
Comme  il  faut  ajouter  v  points  au  plus  pour  passer  de  S  à  S",  il  faut  v 
accroissements  au  plus,  tous  moindres  que  a  :  v  (Lemme  précédent), 
pour  passer  de  t  à  /".  On  a  donc  /+  e  >  t".  Mais,  d'autre  part,  S"  se 
forme  aussi  par  l'adjonction  de  nouveaux  points  à  S'.  Donc  t"  >  t'  et 
<r fortiori  /"  >  T  —  e.  Nous  obtenons  donc  l'inégalité  à  démontrer 
t+z>T-e. 

Théorème  IL  —  Si  y  est  à  variation  bornée  dans  l'intervalle  {a,  b),  elle 
est  de  même  nature  dans  toute  portion  {a,  X)  de  {a,  b)  et  les  quantités  P, 
N,  T  sont  des  fonctions  stationnaires  ou  croissantes  de  X. 

Donnons  à  x  une  suite  de  valeurs  intermédiaires  entre  a  et  è  et  pre- 
nons X  au  nombre  de  ces  valeurs.  Considérons  la  suite  des  valeurs 
correspondantes  de  y.  La  somme  des  différences  absolues  de  ces  va- 
leurs entre  a  et  X  sera  moindre  que  la  somme  analogue  entre  a  eib. 
Donc,  si  cette  derrière  est  bornée,  la  première  l'est  aussi  et  y  est  à 
variation    bornée  dans  l'intervalle  (a,  X).   Le  même  raisonnement 


74  FONCTIONS  A  VABLA.TION  BORNÉE 

prouve  que  T,  qui  est  la  borne  de  la  somme  précédente,  ne  peut  pas 
diminuer  quand  X  augmente.  La  démonstration  est  analogue  pour 
P  et  N. 

Théorème  III.  —  Si  y  est  à  variation  bornée  dans  F  intervalle  {a,  X)  et 
qu'on  partage  cet  intervalle  en  deux  autres  par  un  point  c,  la  variation 
totale  T  de  y  dans  l'intervalle  (a,_X)  est  la  somme  des  variations  totales  Ti 
et  T2  dans  (a,  c)  et  dans  {c,  X). 

En  effet,  on  peut  former  une  somme  t  relative  à  l'intervalle  [a,  X) 
et  infiniment  voisine  de  T  ;  d'ailleurs  on  peut  supposer  que  c  soit  pris 
comme  point  de  subdivision,  car  on  augmente  ^  en  l'ajoutant.  Mais 
alors  t  est  la  somme  de  deux  sommes  analogues  ^i  et  t^  relatives  aux 
intervalles  (a,  c)  et  {c,  X)  donc  t  est  <  Ti  +  Tg  et  sa  limite  T  ^  Ti  +  T2. 

Inversement,  on  peut  former  deux  sommes  ti  et  t^  infiniment  voi- 
sines de  Ti  et  de  T2  respectivement,  alors  ti  +  t^  est  une  somme  ^  <  T, 
donc  Ti  +  T2  <  T. 

Comparant,  on  voit  que  T  ^  Ti  +  T2. 

Théorème  IV.  —  Si  la  fonction  y  =f{x),  supposée  à  variation  bornée, 
est  continue  en  un  point  X,  les  sommes-limites  P,  N  ^^  T  sont  des  fonctions 
continues  de  X  en  ce  point. 

La  continuité  d'une  des  trois  sommes  entraine  celle  des  deux  autres. 
Il  suffit  donc  de  prouver  celle  de  T, 

Montrons  d'abord  que  l'oscillation  w  de  T  à  droite  du  point  X  est 
nulle. 

Soit  T  la  variation  totale  àey  dans  l'intervalle  (X,  X  +  S)  ;  eu  égard 
au  théorème  précédent,  w  est  la  limite  de  t  quand  0  tend  vers  0  ;  par 
suite,  on  a  w  ^  T. 

Donnons-nous  maintenant  un  nombre  positif  arbitraire  e  et  divisons 
l'intervalle  (X,  X  +  ô)  pai  les  points  $1  =  Xi,  ^2.  U,---  de  manière  que 
l'on  ait 

\f{U)  -/(X)    I    +    I  f{U)  -f{U)    I    +  -   >  T  -  s. 

Soient  tj  et  -z^,  les  variations  totales  àey  dans  les  intervalles  (X,  Ço) 
et  ($0,  X  +  S)  respectivement  ;  on  aura 

^2   >    I  /(^S)  -f{l,)-+  ■■■■   >  -,-  ^  -   I  /($2)  -/(X)   I    , 

en  vertu  de  la  relation  précédente.  Donc  a  fortiori,  puisque  w  est  aussi 
^-ci  lequel  =  x  —  x.,, 

<o<x-T2<e+i/(y-/(X)l 

Mais  on  peut  faire  tendre  e  vers  0  et  $2  vers  X,  donc, /étant  continue 
au  point  X,  on  a  oj  =  0. 

On  montre  d'une  manière  analogue  que  l'oscillation  de  T  est  nulle 
à  gauche  du  point  X,  ce  qui  achève  la  démonstration. 


INTRODUCTION  7^ 


Corollaire.  —  Si  la  fonction  à  variation  bornée,  y,  est  continue  dans 
rintervalh  {a,  b),  P,  N  et  T  sont  fonctions  continues  de  X  dans  {a,  b). 

88.  Propriétés  des  fonctions  à  variation  bornée.  —  I.  Une  fonction  à 
variation  bornée,  y,  est  la  différence  de  deux  fonctions  bornées,  positives  et  non 
décroissantes  dans  l'intervalle  {a,  b)  et,  de  plus,  continues  en  tout  point  où  y 
est  continue.  Réciproquement,  la  différence  de  deux  fonctions  bornées  et  non 
décroissantes  est  une  fonction  à  variation  bornée. 

Nous  avons  vu  (n»  86)  que,  Y  étant  la  valeur  de  y  au  point  X,  on  a 

Y==(vi  -fP)-N. 

Donc  Y  est  la  différence  de  deux  fonctions  de  X  bornées  et  non  dé- 
croissantes. Ces  fonctions  sont,  de  plus,  continues  si  y  est  continue 
(no  87).  On  peut  faire  en  sorte  que  ces  deux  fonctions  soient  positives 
et  même  essentiellement  croissantes  si  l'on  veut  ;  il  suffît,  en  effet,  d'ajou- 
ter aux  deux  termes  de  cette  différence  une  même  quantité  croissante 
et  suffisamment  grande,  par  exemple 

i_V,  I  +(X-a). 

Réciproquement,  si  ^  et  m  sont  deux  fonctions  de  x  bornées  et  non 
décroissantes,  la  fonction  z  —  uestk  variation  bornée.  En  effet,  la 
différence  des  valeurs  àe  z  —  u  pour  deux  valeurs  Xk  et  XkJ^i  de  x  est 
au  plus  égale  à  la  somme  des  accroissements  de  ^  et  de  «  dans  cet 
intervalle.  Donc  la  somme  de  toutes  ces  différences  entre  deux  valeurs 
extrêmes  de  x  ne  peut  surpasser  la  somme  des  accroissements  de  z  et 
de  u  entre  les  mêmes  valeurs,  et  2  —  m  est  à  variation  bornée. 

II.  La  somme,  la  différence  et  le  produit  de  deux  fonctions  à  variation 
bornée  sont  des  fonctions  de  même  nature.  U  inverse  i  :y  d'une  fonction  à 
variation  bornée  sera  aussi  de  même  nature,  pourvu  que  \  y  |  reste  supérieur 
à  un  nombre  positif  fixe. 

La  première  partie  se  démontre  immédiatement  en  considérant  les 
deux  fonctions  y  et  y'  comme  les  différences  z  —  ueiz'  —  u'àe  deux 
fonctions  positives  non  décroissantes.  On  a  en  effet, 

y  -j- v'  =  {z  +  z')  —  (m + «'),     y  —y'  =  (•^  +  «')  —  ("  +  ^')y 

yy'  ^  (zz'  -H  uu')  —  (zu'  -f-  uz'). 

La  dernière  partie  se  vérifie  aussi  facilement,  en  observant  que,  si 
I  y  !  est  >  [J.,  la  somme  : 


t  =  I 


yk+i     yk 


=  2 


yk^-i—yk 


yAy*+i 


^jj^\yi+i-y^ 


reste  toujours  inférieure  à  un  nombre  fixe. 

89.  Fonctions  absolument  continues.  —  Définition.  —  Une  fonction 
f{x)  est  absolument  continue  (Vitali)  dans  un  intervalle  {a,  b),  si  la  somme 
des  différences  {ou  aussi  bien   des  oscillations)  de  f{x)    dans    un    nombre  fini 


76  FONCTIONS  A  VARIATION  BORNEE 

OU  dans    une    infinité    dénombrablc    d'intervalles    contenus    dans    {a,  h),    tend 
vers  0  avec  la  somme  des  amplitudes  de  ces  intervalles. 

Il  est  effectivement  indifférent  de  dire  différence  ou  oscillation  dans 
cette  définition,  car,  si  la  somme  des  différences  àe  f(x)  est  en  valeur 
absolue  <  S  dans  tout  ensemble  d'intervalles  a  tel  que  Sa  <  e,  la 
somme  des  oscillations  àef{x)  dans  ces  a  sera,  comme  nous  allons  le 
montrer,  ^  2S. 

En  effet,  de  chaque  intervalle  a,  on  peut  extraire  un  intervalle  P  tel 
que  la  différence  absolue  àe  f{x)  dans  ce  [3  diffère  aussi  peu  qu'on  veut 
de  l'oscillation  de  f{x)  dans  cet  a.  Pour  l'ensemble  des  P,  les  sommes 
des  différences  positives  et  des  différences  négatives  sont  respective- 
ment <  S  en  valeur  absolue,  car  S^  <  e  ;  celle  des  différences  absolues 
est  donc  <  2S  et,  par  conséquent,  la  somme  des  oscillations  de  f{x) 
dans  les  a  esl;  aussi  :^  2S. 

Théorème  I.  —  Une  fonction  absolument  continue  dans  un  intervalle 
{a,  b)  est  à  variation  bornée  dans  cet  intervalle. 

En  effet,  supposons  le  contraire  et  divisons  (a,  b)  en  parties  infini- 
ment petites.  Il  y  aura  au  moins  une  de  ces  parties  où  ia  variation 
totale  de/(;»^)  sera  infinie.  On  peut  donc  faire  croître  indéfiniment  la 
somme  des  différences  àef{x)  dans  un  ensemble  d'intervalles  extraits 
eux-mêmes  de  cette  partie  infiniment  petite  et/{;i;)  n'est  pas  absolu- 
ment continue. 

Théorème  II.  — Si  f{x)  est  absolument  continue  dans  {a,  b),  sa  varia- 
tion totale  dans  {a,  x)  est  aussi  une  fonction  absolument  continue  T{x). 

En  effet,  si  T  n'est  pas  absolument  continue,  on  peut  trouver  une 
suite  d'intervalles  a,  de  somme  Sa  aussi  petite  qu'on  veut,  où  la  somme 
des  différences  de  T,  c'est-à-dire  des  variations  totales  de  /,  surpasse 
un  nombre  positif  fixe  8.  Or  on  peut  décomposer  chaque  «  en  parties 
consécutives  assez  petites  pour  que  la  somme  des  différences  absolues 
de  /  dans  l'ensemble  des  parties  d'un  même  a,  diftere  aussi  peu  qu'on 
veut  de  la  variation  totale  de  /  dans  cet  a,  donc  aussi  pour  que  la 
même  somme  étendue  à  tous  les  a  surpasse  S.  Donc  f{x)  n'est  pas 
absolument  continue,  ce  qui  est  contre  l'hypothèse. 


COURS  D'ANALYSE  INFINITESIMALE 


CHAPITRE  I, 

Dérivation  des  fonctions  explicites  d'une  variable. 


§  1 .  Dérivées  et  difiFérentielles. 

90.  Dérivée,  Fonctions  dérivables.  —  Soit  y  =■-  f{x)  une  fonction 
univoque  dans  un  interv^alle  (a,  b)  et  x  un  point  de  cet  inter- 
valle ;  donnons  à  x  un  accroissement  positif  ou  négatif  ^x  ^=  h, 
que  nous  appellerons  aussi  différence  de  x,  l'accroissement  ou 
la  différence  correspondante  Aj  de  la  fonction  sera  f{x  -\-  h)  — 
f{x)  et  le  rapport  de  ces  accroissements, 

^y  ^    f(x  +  h)-f(x) 
^x  h 

Si  ce  rapport  tend  vers  une  limite  finie  ou  infinie  lorsque  h 
tend  vers  zéro  d'une  manière  quelconque,  cette  limite  s'appelle 
la  dérivée  de  f{x)  au  point  x  et  elle  se  représente  par  f{x) 
(Lagrange),  par  D  f{x)  (Arbogast)  ou  Dxf(x)  (Cauchy). 

Si  ce  rapport  tend  vers  une  limite  quand  h  tend  vers  0  par 
des  valeurs  positives,  cette  limite  est  la  dérivée  à  droite  au 
point  X.  De  même,  la  dérivée  à  gauche  est  la  limite  du  rapport 
quand  h  reste  négatif.  Quand  ces  deux  dérivées  sont  égales,  la 
fonction  a  une  dérivée  unique  au  point  a',  ou  tout  simplement 
une  dérivée  :  celle  que  nous  avons  définie  tout  d'abord. 

Si  la  fonction  f{x)  admet  une  dérivée  (unique)  en  tout  point 
intérieur  de  l'intervalle  (a,  b)  et,  de  plus,  une  dérivée  à  droite 
en  a  et  une  dérivée  à  g-uuche  en  b,  elle  est  dérivable  dans  (a,  b). 

Il  est  d'abord  évident  qu'une  fonction  ne  peut  être  dérivable 
dans  un   intervalle  (a,  b)  qu'à  la  condition  d'être  finie  en  tout 


78 


CHAPITRE  I.  FONCTIONS  EXPLICITES  D  UNE  VARIABLE 


point  intérieur  à  cet  intervalle,  car  une  fonction  n'a  pas  de  dé- 
rivée (unique)  en  un  point  où  elle  est  infinie  (*).  Mais  nous 
avons  aussi  le  théorème  suivant  : 

Toute  fonction  qui  a  une  dérivée  finie  pour  une  valeur  don- 
née de  X  est  continue  en  ce  point. 

E]n  effet,  soit  e  une  quantité  qui  tend  vers  0  avec  h,  on  a 

lim  [f\x  +  h)  —  f{x)]  -  lim  h  [f  (x)  +  e)  =  o. 

91.  Cas  particuliers.  —  1.  Si  f{x)  se  réduit  à  une  constante,  sa 
dérivée  est  nulle.  En  effet, 

lim  /•(■>■• +  ^)-Ax)   „  ,i„  0       0. 
h  h 

11.  Si  f{x)  =  x,  sa  dérivée  est  égale  à  l'unité.  En  effet, 

, .      (x-\-  h)  —  X      , .     h 

lim  ^— — ,— =  hm  r  ==■  ^^ 

h  h 


92.  Signification  géométrique  de  la  dérivée.  —  C'est  le  problème 
des  tangentes  aux  courbes  planes  qui  a  conduit  à  la  considéra- 
tion des  rapports  d'infiniment  petits  et  à  la  définition  de  la 
dérivée.  Nous  allons  montrer,  en  effet,  que  la  détermination 
d'une  tangente  à  une  courbe  i)]ane  revient  à  celle  de  la. dérivée 
d'une  fonction. 
Considérons  une  courbe  rapportée  à  des  axes  rectangulaires 

ou  obliques,  et  soient  x  et  y  les  coor- 
données d'un  point  M  de  la  courbe 
(fig.  i),  celle-ci  ayant  pour  équation 

y  =  fi^^)- 

Pour  définir  la  tangente  à  la  courbe 

au  point  M,  considérons  une  sécante 

'    MM'  menée  par  ce  point  ;  si,  lorsque 

le  point  M  '  se  rapproche  indéfiniment 


Fig.  i. 


(*)  Par  exemple,  si  la  fouctiou  f{x)  était  liuie  de  part  et  d'autre  d'un 
point  a;  où  elle  égale  à  -(-  oc,  ses  dérivées  à  droite  et  à  gauche  existeraient 
au  point  a-  mais  seraient  différentes,  à  savoir  respectivement — x  et  4-*- 


INTRODUCTION  79 


du  point  M,  la  sécante  MM'  tend  vers  une  position  limite  MT, 

cette  droite-limite  est  la  tangente  à  la  courbe  au  point  M. 

Le  point  M  étant  donné,  la  détermination  de  la  tangente 

revient  à  celle  de  son  coefficient  angulaire  t.  Appelons  a  le 

coefficient  angulaire  de  la  sécante  MM'  et  désignons  par  x  4-  àx 

et  y  -\-  Aj  les  coordonnées  du  point  M'.  Menons  MP  parallèle 

à  OX  :  on  aura 

_  PM'^Ay 

°  ~~  MV      ^x' 

Quand  M'  se  rapproche  indéfiniment  de  M,  a  tend  vers  t  ; 

donc 

■  •     ^.V      1-      f{x-\-  ^x)  —  f{x)         ,, 
^x  àx  '   ^ 

La  dérivée  de  la  fonction  f{x)  est  égale  au  coefficient  angu- 
laire de  la  tangente  à  la  courbe  qui  a  pour  équation  y  =  f'(x), 
cette  tangente  étant  menée  au  point  de  coordonnées  x,  y. 

93.  Différentielle.  —  Nous  dirons  qu'une  fonction  y  —  f{x)  est 
diff'érentiable  en  un  point  x  si  elle  est  finie  et  déterminée  aux 
environs  de  ce  point,  et  si,  donnant  à  x  un  accroissement  arbi- 
traire Aoc,  la  différence  A/'(-v)  correspondante  peut  se  décom- 
poser en  une  somme  de  deux  termes  : 

(1)  ^f'{x)  =  A  A  A-  +  &^x, 

A  étant  indépendant  de  A.v,  et  e  tendant  vers  0  avec  A.v.  Alors 
le  premier  terme  qui  est  simplement  proportionnel  à  ^x  prend 
le  nom  de  différentielle  de  y  et  se  désigne  par  dy  ou  df{x) 
(Leibniz).  On  a  donc 

df(x)  =  AAa:. 

Mais,  quand  Aa:  tend  vers  0,  on  tire  de  l'équation  (1) 
Hm  ^^  ^  f'{x)  =  A, 

ce  qui  prouve  que,  si  f{x)  est  différentiable,  f'{x)  a  une  valeur 
finie  et  déterminée.  Kécii)r()([uenient,  si  f'{x)  a  une  valeur  finie 
A,  l'équation  (1)  a  lien  par  définition  de  la  dérivée.  Donc  la 
condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  la  fonction  fix) 
soit  différentiable  au  point  x  est  qu'elle  ait,  en  ce  point,  une 
dérivée  finie  et  déterminée,  ce  f/i//  exige  quelle  soit  continue,  et 
alors  on  a 

(2)  df{x)  =  f'{x)  ^x. 


8o  CHAPITRE  I.  FONCTIONS  EXPLICITES  d'UNE  VARIABLE 

Lr  différentielle  d'une  fonction  est  donc  le  produit  de  sa  déri- 
vée, supposée  existante  et  finie,  par  une  différence  arbitraire 
^x  attribuée  à  la  variable  indépendante  oc. 

Il  est  à  remarquer  que  l'équation  (1)  prend  ainsi  la  forme 

Aj  =  dy  -\-  î.  ^x. 

Dans  le  cas  particulier  où  f{x)  se  réduit  à  x,  on  sait  que 
f{x)  =  I,  et  l'équation  précédente  se  réduit  à 

dx  ~  Ax. 

Donc  la  différentielle  de  la  variable  indépendante  se  confond 

avec  la  différence  généralement  arbitraire  de  cette  variable. 

La  formule  (1)  peut  ainsi  être  remplacée  dans  le  cas  général 

par 

(3)  df{x)  =  f'{x)  dx. 

Donc  la  différentielle  d'une  fonction  est  le  produit  de  sa  déri- 
vée par  la  différentielle  de  la  variable  indépendante. 
Si  l'on  divise  par  dx,  on  trouve 

df{x) 


(4)  /'(^) 


dx 


Donc  la  dérivée  d'une  fonction  est  égale  au  rapport  de  la  diffé- 
rentielle de  la  variable  à  la  différentielle  de  la  fonction,  ce  qui 
fournit  une  nouvelle  expression  de  la  dérivée  (Leibniz)  et  celle 
qui  est  le  plus  employée. 

Remarque.  —  La  substitution  de  dx  à  ^x  dans  l'équation  (1) 
n'a  rien  de  nécessaire,  mais  elle  est  consacrée  par  l'usage  et  cet 
usage  est  justifié.  Nous  verrons  en  effet  (n°  gS,  V)  que  l'équa- 
tion (3)  est  plus  générale  que  (1)  :  celle-ci  suppose  que  ;x;  soit  la 
variable  indépendante,  tandis  que  l'équation  (3)  n'est  pas  sou- 
mise à  cette  restriction. 

94.  Sigfnifleation  g-éométrique  des  différentielles.  —  La  différentielle 
aussi  est  susceptible  d'une  interprétation  géométrique  qui  se 
rattache  à  celle  de  la  dérivée.  Considérons  encore  la  courbe 
(fig.  i)  qui  a  pour  équation 

y  =  f  (^)- 

Menons  la  tangente  au  point  M  de  coordonnées  x  et  y.  Don- 


DÉRIVÉES  ET  DIFFERENTIELLES  8l 

lions  ensuite  à  x  un  accroissement  arbitraire  Ajc  et  soit  M"  le 
point  de  la  tangente  qui  a  pour  abscisse  x  -\-  i^x.  On  a  ^x  =  MP 
et  l'accroisseinent  correspondant  de  l'ordonnée  de  la  tangente 
est  PM".  Or  PM"  :  MP  est  le  coefficient  angulaire  f{x)  de  la 
tangente  ;  il  vient  donc 

M"P  =  (MP)  f  (x)  =  ^x  /"(tv)  =  df{x). 

Donc  la  différentielle  de  f{x)  est  égale  à  l'accroissement  de 
l'ordonnée  de  la  tangente  à  la  courbe  y  =  f{x),  lorsque  l'on 
passe  de  l'abscisse  x  du  point  de  contact  à  une  autre  abscisse 
X  +  A.x\ 

95.  Règ-les  de  dérivation.  —  L'opération  par  laquelle  on  déter- 
mine la  dérivée  d'une  fonction  s'appelle  dérivation  ;  celle  par 
laquelle  on  détermine  la  différentielle,  différentiation.  Le  pre- 
mier objet  du  calcul  différentiel  est  d'établir  les  règles  de  ces 
opérations. 

Nous  examinerons  d'abord  le  cas  où  la  fonction  proposée  est 
composée  au  moyen  d'un  certain  nombre  de  fonctions  plus 
simples,  dont  la  dérivée  sera  toujours  supposée  déterminée  et 
finie. 

1.  DÉRIVÉE  d'une  SOMME.  —  Soit  y  ^  u  -\-  V  —  «;  4- ...  une 
somme  algébrique  de  fonctions  ayant  des  dérivées  connues 
u',  v'  w' ,...  Donnons  à  x  un  accroissement  ^x  et  désignons  i^ar 
Ay,  Az/,  ^v,  \w,...  les  accroissements  correspondants  des  fonc- 
tions :  on  a  : 

A>-_  Au      Al»      Afy 

Aa'~~Aa:      Aa;       Âa; 

d'où,  en  faisant  tendre  Aa  vers  zéro  et  en  passant  à  la  limite, 

r'  =  u'  -f  v'  —  »/  -f  •  ■ 

En  multipliant  les  deux  membres  par  dx,  il  vient 

dy  =  du  +  dv  —  dw  +  ■•• 

Donc  la  dérivée  (ou  la  différentielle)  d'une  somme  algébrique 
de  fonctions  est  la  somme  des  dérivées  (des  différentielles)  de 
chacune  de  ces  fonctions. 

II.  DÉRIVÉE  d'un  produit.  —  Soit  y  =  uv  un  produit  de  deux 
fonctions  ajant  des  dérivées  u'  et  v  .  On  a  : 

6 


82  CHAPITRE  I.  FONCTIONS  EXPLICITES  d'UNE  VARIABLE 

Ay^(»  +  A»)(»  +  Au)-m,^|u  ^         ^^A» 

A.Y  Aa-  ^x  ^  '  àx 

et ,  en  faisant  tendre  Aa-  vers  zéro, 

V  =  lim  -r—  lim  (v  4-  Au)  4-  ii  lini  -r—  =  ii'u  4-  v'ii. 
Aa-  \      1         /    f  ^^ 

En  multipliant  par  dx,  on  trouve 

dy  =  udv  ^  V  du. 

Donc  la  dérivée  (ou  la  différentielle)  d'un  produit  de  deux 
facteurs  est  égale  à  la  somme  de  chacun  des  facteurs,  multipliés 
respectivement  par  la  dérivée  (ou  la  différentielle)  de  l'autre. 

Si  u  se  réduit  à  une  constante  a,  sa  dérivée  et  sa  différentielle 
sont  nulles,  donc 

l).ai7  =---  a.  Du,        d.au  =  a  du. 

On  voit  que  la  dérivée  (ou  la  différentielle)  du  produit  d'une 
fonction  par  une  constante  est  égale  au  produit  de  la  constante 
par  la  dérivée  (ou  la  différentielle)  de  la  fonction.  On  exprime 
cette  propriété  en  disant  qu'un  facteur  constant  peut  sortir  du 
signe  de  dérivation  (ou  de  différentiation). 

On  aura,  par  la  même  règle, 

D.uvw  =  vwDu  4-  uD.vio  =  vwDu  +  uwDv  +  uuTfw 

et,  en  généi'al,  quel  que  soit  le  nombre  des  facteurs, 

/Dw  ,   Dy      Bw    , 
D.uvw...  =  uvw...    -A 1 \- 

\  u  V  w 

si  l'on  fait  «  =  y  =  w  =  •••  et  si  l'on  suppose  le  nombre  des 
facteurs  égal  à  m,  il  vient  (m  entier) 

Dii^  -=  mW^-^  Du. 

En  particulier,  ai  u  =  x, 

Da:^"  =  mx'^-K 

Si  l'on  multiplie  les  deux  dernières  équations  par  dx,  il  vient 

fdu      dv      dw  \ 

\u         V         w  J 

du"^  =  mu^'^-^du. 

TII.  Dkrivke  d'un  QUOTIENT.  —  Soit  r  =  -  ;  on  a 

-'y 


DÉRIVÉES  ET  J)IFFKRENTIELLES  83 


u  4-  Aw      II        A«  Ay 


ùkX  ^x  y  (f  +  Aw) 

d'où,  en  passant  à  la  limite, 


,      vu'  —  u  v' 

y  - 


v^ 

Si  l'on  multiplie  par  dx,  il  vient 

,  ,  H      V  du  —  u  dv 

dy  =  (/  -  = 5 . 

V  v^ 

Dans  le  cas  particulier  où  u  se  réduit  à  une  constante  a,  sa 
dérivée  est  nulle  et  il  vient 


a 

Di) 

rfï  = 

du 

—    :=rr 

—  a  -- 7> 

=  —  a  — ^ 

V 

y2  ' 

V 

«2 

IV.  DÉRIVÉE  d'une  fonction  INVERSE.  —  Soit  y  =  f{x)  une 
fonction  admettant  une  fonction  inverse,  de  telle  sorte  qu'on  ait 
X  =  (j)  (y).  Si  l'une  de  ces  fonctions  admet  une  dérivée  différente 
de  zéro,  l'autre  fonction  aura  aussi  une  dérivée  et  celle-ci  s'ob- 
tiendra immédiatement. 

Supposons  connue  la  dérivée  de  f  par  exemple.  On  a 

Ay         I  .       ,.     Aa-         ,  ,  , 


il  viendra  donc,  à  la  limite,  si  ç'(y)  n'est  pas  nul. 

Donc  la  dérivée  de  y  considérée  comme  fonction  de  x  csl 
l'inverse  de  la  dérivée  de  x  considérée  comme  fonction  de  y. 

Si  l'on  reijrésente  par  un  indice  la  variable  considérée  comme 
indépendante  dans  la  dérivation,  en  d'autres  termes,  celle  par 
rapport  à  laquelle  on  dérive,  la  règle  précédente  peut  s'écrire 


D„A- 

V.  DÉRIVÉE  d'une  fonction    DE    FONCTION.  —  SoiCllt  V*  =  F  (il) 

et  II  =■  f{x),  de  sorte  ([ue  y  s'exprime  eu  fonction  de  u,  u  étant 
lui-même  fonction  de  a\  Sui)posons  toujours  (pie  F  (»)  et  /'(a) 


84  CHAPITRE  I.  FONCTIONS  EXPLICITES  d'UNE  VARIABLE 

aient  des  dérivées  finies  et  déterminées  V  (u)  et  f  (x).  Ou  a 

AyAy  Au 
A3c~Aw'Âa- 

et,  à  la  limite,  Au  tendant  vers  zéro  avee  Aa", 

v'==F'(n)/-'(.v). 

Donc  la  dérivée  de  y  pur  rapport  à  x  est  le  produit  des  déri- 
vées, supposées  existantes  et  finies,  de  y  par  rapport  à  u  et  de  u 
par  rapport  à  x.  Si  ces  darnières  dérivées  n'existaient  pas,  la 
règle  ne  serait  plus  applicable,  mais  il  n'en  résulterait  pas 
nécessairement  que  y  n'admît  pas  de  dérivée  par  rapport  à  .v. 

Si  l'on  multiplie  l'équation  précédente  par  dx,  on  obtient 

dy  =  F'  {u)du. 

Donc,  si  y  -=  F  (u),  dy  s'exprime  au  moyen  de  du  comme  si  u 
était  la  variable  indépendante.  Toutefois  cette  règle  suppose 
F  {u)  et  u  dil'férentiables. 

Cette  règle  fondamentale  montre  que  la  différentielle  d'une 
fonction  de  x  se  calcule  toujours  par  les  mêmes  règles,  qu'elle 
soit  exprimée  directement  en  fonction  de  x  ou  au  moyen  de 
variables  auxiliaires. 

96.  Dérivées  des  fonctions  élémentaires.  —  I.  Exponentielle.  Ou 
a,  par  définition  de  la  dérivée, 

, .       px+h  _  pT  f       pfi T 

B  er  .-.   lim  _f ^_  _  g.r  h  m  ^        ^  . 

/î^d  Ji  h—o        II 

Posons  e'^ —  i  ==  a,  d'où  h  =  Log(i  -|-  a)  ;  a  aura  pour  limite  0 
avec  h.  Donc  (n"  36) 

,.      e'^ —  I       ,.  a  I  I 

lim   -  , =  Iim  = -, 7-  = =  =: —  I. 

h  Log(i4-a)      ^.      ^       /     ,     x^      ^^8'^ 

lim  Log  (i  +  a)« 

Il  vient  ainsi 

D  e^  -=  e^ . 

Donc  la  fonction  e'^  se  reproduit  par  dérivation, 

La  dérivée  d'une  autre  exponentielle  quelconque  s'obtient  par 

la  règle  des  fonctions  de  fonctions.  On  a 

D  A^  =  D  e'  L"gA  -^  f>^LogA  D  (^y.  Log  ^)  _  A^^Log  A. 

II.  Logarithme.  —  Considérons  d'abord  les  logarithmes  pris 

dans  la  base  A  et  soit 

y  =  LogA  X. 


DÉRIVÉES  KT  DIFFÉRRNTIELLES  85 

Cette  fonction  est  l'inverse  de  l'exponentielle  x  =  A^  et  sa 
dérivée  se  calcule  par  la  règle  des  fonctions  inverses.  On  a 

jy  ^  I  ^  I ^  I 

^^       DyX      À^'LogA"  A-LogA' 
En  particulier,  si  les  logarithmes  sont  naturels,  on  a 

D  Log  X  =  —  . 

III.  Puissance.  —  Soit  a  un  nombre  donné,  et  x  une  variable 
positive.  On  a,  par  les  propriétés  des  logarithmes, 

^o  __  ga  Log  X 

On  en  tire,  par  les  propriétés  des  logarithmes, 

D  x«  =  e^^ogx  j)  (^^  Log  x)  ■=  x(^-  =  ax«-*. 

Donc,  la  règle  établie  précédemment  (n»  95,  II)  pour  a  entier, 
est  générale. 
En  particulier,  si  a  ^^^  -,  on  a 

jysjx 


2\Jx 

IV.  Fonctions  trigonométriques.  —  1''  Soit  d'abord  y  =  sin  .v. 
On  a,  par  définition, 

•    /      ,    L\         •  sm  -  cos    X  -] I 

I)y  ^  lim ^ -jf ■ — =  2  lim p^ --. 

Or  cos  ix-\ —  j  a  pour  limite  cos  a*,  il  vient  donc,  en  rem- 
plaçant h  :  2  par  a, 

Dr  =  cos  A'  ^^"^ . 

•^  a=o       a 

On  sait,  par  les  éléments  de  trigonométrie,  qu'un  are  moin- 
dre qu'un  quadrant  est  compris  entre  son  sinus  et  sa  tangente. 
Donc,  si  a  est  positif,  on  a 

sin  a  <  a  <  tg  a,         d  ou         i  <  —r — -  < 


sin  a      cos  a 

Ainsi,  si  a  tend  vers  zéro  en  restant  positif,  -v —  reste  com- 

^  sm  a 


86  CHAPITRE  1.  FONCTIONS  EXPLICITES  d'uNE  VAKIABLE 

pris  entre  deux  quantités  qui   ont  pour  limite  l'unité  et  l'on  a 
aussi  (n»  i8,  TV) 

lim  —. ^  I. 

SI  11  a 

D'ailleurs,  comme  a  :  siii  a  ne  change  pas  quand  a  change  de 
signe,  cette  limite  subsiste  pour  a  négatif,  et  on  peut  la  substi- 
tuer dans  la  valeur  de  Dy,  ce  qui  donne 

D y  ==  D  sin  a-  =  cos  x. 

u"  On  a  ensuite,  par  la  règle  des  fonctions  de  fonctions, 

1)  cos  X  ^-  D  sin  f ""*^*  j  "^  ^'^^  ( "^  ]  -^  ( "^  j' 

D  cos  A'  =  —  sin  X. 
3"  La  règle  pour  dériver  un  quotient  donne 

sin  X      cos  X  D  sin  x  —  sin  x  D  cos  a; 


D  tg  A  =  D 


cos  A  COS''  X 

I 


I)  tg  A  = 


COS*^  A 

4"  On  trouve,  de  mémo. 

I)  sec  A  =:=  D    == 5 —  =  ts  «V  sec  a. 

Vcos  A  /      cos^  A 

5"  Enfin,  en  changeant  a  en  ( a  j  dans  les  deux  dernières 

fonctions,  on  obtient,  par  la  règle  des  fonctions  de  fonctions, 

D  cot  A  = r-o — .         J^  cosec  A  =  —  cot  a  cosec  a. 

sm'^  A 

V.  Fonctions  trigonométriques  inverses.  —  i"^  Soit,  en  j)re- 
mier  lieu,  y  =  arc  sin  a  ;  la  branche  principale  est  définie  (n"  38) 
par  les  conditions 

<  y  <    . 

Pour  en  trouver  la  dérivée,  appliquons  la  règle  des  fonctions 
inverses.  On  a  a  =  sin  y,  donc 


DyX  =  cos  y  =  \Ji  —  sin^  y  =  \/i  —  a^. 
Ce  radical  doit  être  pris  avec  le  signe  +,  car  cos  y  est  positif 
quand  y  varie  de  —  _-  à  +  -.  On  a  don** 


DERIVEES  ET  DIFFERENTIELLES  87 


BpX  =  +  Vi  — ^^ 

I 


D^y  =  D  arc  sm  x  = 


Les  autres  branches  de  arc  sin  x  se  partagent  en  deux  classes, 
liées  à  la  principale  par  les  deux  formules  (n°  38)  : 

y  ~  arc  sin  ;x:  -\-  ikv:, 
y  =  (k  —  arc  sin  x)  +  2/cTr. 

Les  premières  auront  donc  même  dérivée  que  la  branche 
principale  et  les  secondes,  une  dérivée  de  signe  contraire. 

2°  La  dérivée  de  y  =  arc  tg  x  s'obtient  aussi  par  la  règle  des 
fonctions  inverses.  On  a  ;x;  ^  tg  y  ;  donc 

Dy  X 5 —  ==  I  +  tg2  y  =  I  +  A'^ 

"         cos^  y  '     o  ^ 

On  en  conclut 

Da?y  =  D  arc  tg  5C  = 


I  +  X-' 


et  le  résultat  est  le  même  pour  toutes  les  branches  de  la  fonction. 

3°  Les  dérivées  des  autres  fonctions  circulaires  inverses  se 

calculent  au  moyen  des  dérivées  précédentes  par  les  formules  : 

D  arc  cos  a;  =  D  f arc  sin  5C  j  ---^  —  D  arc  sin  x, 

f-TZ  ^ 

D  arc  cot  a  —  D  I arc  tg  ^  i  =  —  D  arc  tg  x, 

D  arc  sec  ^v  =  D  arc  cos  - 


^    V'-^ 


x  sjx^'-  —  1  ' 


D  arc  cosec  Jc  =  D  arc  sin  —  = — 

^  X  sjx^  —  I 

97.  Différentielles  des  fonctions  élémentaires.  —  Ces  différentielles 
s'obtiennent  en  multipliant  les  dérivées  par  dx.  On  obtient 
ainsi  le  tableau  suivant,  qu'il  est  indispensable  de  connaître 
par  cœur  : 


88  CHAPITRE  I.  FONCTIONS  EXPLICITES  d'uNE  VARIABLE 


d  x^  =  a  x^  ^  dx  d  \Jx  =  — ^ — 

2\Jx 

dx 
rf  A*  =  A^  Log  Adx  d  LogA  a*  = 


x  Log  A 

d\ 
d  e^  =  e^dx  d  Log  x 


d  sin  .V  =  cos  x  dx  d  arc  sin  .v  =  — 

V 

^  *8-  ^^^  =  t;^^—  d  arc  tg  x 


X 

dx 


1+^2 

dx 


cos-  X 

d  sec  a;  ==  tg  x  sec  a-  dx  d  arc  sec  a; 

xsjx^ — I 
d  cos  a;  -  —  sin  a  r/A  (/  arc  cos  x  =^  —  d  arc  sin  a 

dx 
d  cot  A  =  —  g -^^2  ^.  cZ  arc  cot  a  =  —  rf  arc  tg  a 

d  cosec  A  =  —  cot  A  cosec  a  dx     d  arc  cosec  a  =  —  d  arc  sec  x 

Il  est  essentiel  de  remarquer  que  les  formules  de  ce  tableau 
subsistent  encore  quand  on  y  remplace  la  variable  a  par  une 
fonction  quelconque  ii  de  a.  Ainsi 

(/  A"  ==  A"  Log  A  du,      etc. 

98.  Différentiation  des  fonctions  composées.  —  Les  règles  géné- 
rales du  11°  96  et  les  formules  du  tableau  précédent  suffisent 
pour  déterminer  la  différentielle  d'une  fonction  explicite  quel- 
conque y,  pourvu  qu'elle  soit  exclusivement  composée  par 
addition,  soustraction,  multiplication,  division  ou  superposition 
du  signe  fonctionnel  au  moyen  des  fonctions  élémentaires.  En 
effet,  par  l'introduction  de  variables  auxiliaires,  on  ramènera 
la  fonction  y  à  des  sommes,  produits,...  de  simples  lettres  ou  à 
des  fonctions  élémentaires  d'une  seule  lettre.  La  différentielle 
s'exprimera  par  les  règles  des  n*^^  95  et  97  au  moyen  des  diffé- 
rentielles des  variables  auxiliaires.  On  recommencera  la  même 
opération  pour  calculer  les  différentielles  des  variables  auxi- 
liaires et  l'on  continuera  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que  les  diffé- 
rentielles puissent  s'exprimer  en  fonction  de  a  et  de  dx  seule- 
ment. En  éliminant  alors  les  variables  auxiliaires  et  leurs 
différentielles,  on  obtiendra  dy  en  fonction  de  a  et  de  dx.  Pour 
trouver  la  dérivée  Dy,  il  suffira  de  diviser  par  dx. 

Avec  un  peu  d'exercice,  ces  calculs  se  font  très  rapidement. 


DÉRIVÉES  KT  DIFFÉRENTIELLES  89 

On  peut  même  se  dispenser  d'introduire  de  nouvelles  lettres  et 

la  série  des  substitutions  se  fait  mentalement.  Soit,  par  exemple, 

à  trouver  la  différentielle  de  e^'"^  cos  .y  ;  on  a  successivement 

fi^e^inx  coj.  ^y  ^  cos  X  (/.e»'"^  +  esin^  d.cos  X 

=  cos  X  fiSina?  (/.gin  x  —  e^'"^  sin  x  dx 

_  esina;  (cos^  X  —  sill  x)  dx. 

Remarques.  —  Certaines  fonctions  de  fonctions  revêtent  par- 
fois une  forme  sous  laquelle  le  mode  de  composition  n'est  pas 
immédiatement  apparent,  et  il  faut  alors  les  transformer  avant 
de  les  différentier. 

C'est  le  cas  pour  les  fonctions  u^  et  Log„u,  dans  lesquelles  ii 
et  V  désignent  des  fonctions  de  x.  On  commencera  par  les 
exprimer  au  moyen  d'une  base  constante,  par  exemple  e  ;  on 
aura  ainsi 

^  Log-u' 

et  les  différentielles  s'obtiennent  alors  par  les  règles  précédentes. 
La  dérivée  logarithmique  de  y  est  la  dérivée,  y'  :  y,  de  son 
logarithme.  La  dérivée  y'  s'en  déduit  en  multipliant  celle-ci 
par  y.  Soit,  par  exemple,  y  =  u^'v^;  on  aura 

Log  y  =  V  Log  u  -\~  u  Log  u, 

y'       •  T         ,    (  T        ,   *^"'  ,  w*^' 

^  —  V  Log  u  -4-  «'  Log  u  -\ 1 

Cet  exemple  montre  qu'il  est  souvent  commode  de  passer  par 
la  dérivée  logarithmique  pour  calculer  la  dérivée  de  y. 

99.  Exception  aux  règles  précédentes.  —  Les  règles  de  dérivation 
des  fonctions  composées  supposent  l'existence  des  fonctions 
composantes  et  de  leurs  dérivées.  Si  cette  condition  vient  à 
manquer  en  certains  points  exceptionnels,  les  règles  ordinaires 
ne  s'appliqueront  plus  en  ces  points-là,  et  il  faudra  un  calcul 
direct  pour  s'assurer  de  l'existence  de  la  dérivée  et  pour  la  dé- 
terminer. 

Considérons  l'exemple  classique 

f{x)  =  x'^  sin    . 

Sauf  au  point  x  --=  0,  cette  fon(rtion  est  bien  définie,  continue 
et  elle  a  pour  dérivée 


90  CHAPITRE  I.  FONCTIONS  EXPLICITES  D  UNE  VARIABLE 


/■'  (x)  =  2x  sin COS  -  . 

^     '  X  X 

Achevons  de  définir  f{x)  en  faisant  f{0)  =  0,  de  sorte  que  f{x) 
est  encore  continué  au  point  0.  Comme  sinus  de  i  :  0  n'a  pas  de 
sens,  les  règles  de  dérivation  ne  s'appliquent  pas  au  point  0. 
Cependant  f  (0)  existe  et  se  calcule  directement.  Puisque 
/■(O)  =  0,  on  a,  par  définition. 

/'(0)=.^''^o^  =  liniAsin^  =  0. 
^  '       /i  =  0    h  h 

Il  faut  remarquer  que  f'{x)  ne  tend  ici  vers  aucune  limite 
quand  x  tend  vers  0,  auquel  cas  cos  (i  :  x)  oscille  indéfiniment 
entre  —  i  et  4-  i.  Cet  exemple  prouve  donc  que  f{a)  peut  avoir 
une  valeur  déterminée,  sans  être  la  limite  de  f{x)  quand  x  tend 
vers  a. 

100.  Extension  des  définitions  au  cas  d'une  variable  complexe.  — 
Soit  z  =  X  -{-  yi  une  variable  complexe  ;  la  dérivée  d'un  polj'-- 
nome  ou  d'une  fraction  rationnelle  f{z)  se  définit  comme  dans 
le  cas  d'une  variable  réelle.  C'est  la  limite,  f  (z),  vers  laquelle 
tend  le  rapport 

f{z-]-h)-f{z) 
h 

des  accroissements  (réels  ou  complexes)  correspondants  de  la 
l'onction  et  de  la  variable  quand  celui-ci  tend  vers  zéro  d'une 
manière  quelconque.  Lorsque  cette  limite  n'existe  pas,  la  fonc- 
tion n'a  pas  de  dérivée  pour  la  valeur  considérée  de  z. 

Les  différentielles  se  définissent  en  multipliant  les  dérivées 
par  la  différentielle  dz  de  la  variable  indépendante.  Cette  der- 
nière différentielle  n'est  autre  chose  que  l'accroisssment  arbi- 
traire h  =  ùix  -\-  f  Aj  que  l'on  attribue  à  cette  variable. 

Les  règles  qui  ont  été  établies  (n*'  gS)  pour  dériver  une  somme, 
un  produit,  un  quotient  de  deux  fonctions,  une  puissance  entière 
de  la  variable  indépendante,  règles  qui  résultent  immédiatement 
de  la  définition  de  la  dérivée  comme  limite  d'un  quotient, 
subsistent  intégralement  dans  le  cas  où  la  variable  est  complexe. 
Ces  règles  suffisent  pour  dériver  un  polynôme  et  une  fraction 
rationnelle. 


DERIVEES  ET  DIFFERENTIELLES  9I 

I.  Si  f{z)  est  un  polynôme  entier, 

on  a 

/•'  (z)  =  7îA„2"-i  +  (n  -  I)  A,z»-'-  4- ...  +  An-i . 

Donc  la  dérivée  d'un  polynôme  est  finie  et  déterminée  pour 
toutes  les  valeurs  de  z  sans  exception. 

II.  Si  f{z)  est  une  fraction  rationnelle,  ses  deux  termes  sont 
des  polynômes  A  (ît  B  ;  et  la  règle  pour  dériver  nn  (|uotieut 
donne 

A       BA'  —  AB' 


riz)^i) 


B  B^ 


Donc  une  fraction  rationnelle  a  une  dérivée  déterminée  pour 
toutes  les  valeurs  de  z  sauf  les  racines  du  dénominateur  B. 

III.  Lorsqu'un  pol3'nome  est  décomposé  en  facteurs  linéaires, 
sa  dérivée  s'obtient  aussi  par  la  règle  de  dérivation  d'un  ])ro- 
duit.  Soit 

f{z.)  ^-  (z  —  a)"'{z  —  h)^  ...  : 


on  aura 


/'{z)  =  (z-a)m{z-br.., 


ni       .        "        1 


...1 


_z  —  a       z  —  h  j 

La  dérivée  logarithmique  serait,  plus  simplement. 

/■'  (^  _  _"L^  4_  __? u 

/•(s)       z  —  a'^z  —  b  "^  "■■ 

Remarque.  —  Comme  nous  le  verrons,  on  se  sert  souvent  de 
la  considération  des  variables  complexes  pour  obtenir  plus 
facilement  des  résultats  relatifs  aux  variables  réelles.  Ceux-ci 
en  effet,  se  déduisent  comme  cas  particuliei's  des  premiers  en 
supposant  (|ue  la  variable  devienne  réelle. 

Exercices. 

1.    Démontrer  les  formules  suivantes  : 

,         ,    bx         ah dx  ,  ,        a-\-bx         -zabdx 

d.  rue  tg  —  ==   „  ,    .„  ,  (i.  Log 


a^  -f  b^x-  '  a  —  bx      a^  —  h-  x^ 

dx  X  dx 


i. r.og  (r  4-  \la^  -f  X')  =  --  d.  arc  sin  -  = 


d.  Log  sin  x  =  coix  dx  d.  Log  ces  x  =  —  igx  dx 


92  CHAPITRE  I.  FONCTIONS  EXPLICITES  d'UNE  VARIABLE 

rf.  Logtg-  =  -. —  d.Logigi = 

2       sin  ;»?  V2      47  cos  ;»; 

a-{-btgx  2ab  dx 


/"  b       \  ahdx  .  ^ 

rt.arc  tg   -tgAT  ]=—„ ; — 1   ,„  .    „         d.Log 


i 


tg;i;  +  ^tg3;ir 


a — bigx     a-cos^x — b^sin^x 
dx 
cos^;t^ 


d h  (  —  CCS  X  +  cos%  1  sin  a;  =  4  cos'*;i;  dx. 

2.  Déterminer  les  dérivées  à  droite  et  à  gauche  au  point  0  des  deux 
fonctions  (supposées  nulles  au  point  0)  : 

I  X 

f{x)=xaTctg-,  <p(^)  = 


1  +  /* 
R.  On  a 

i+«A 
lim  -^— —  =:  arc  tg    —  y-    = ,        lim  ^  ^       '  —  —  - 


k  \      hj  2'  —h  1' 

Ces  deux  dérivées  sont  donc  différentes. 
3.  Montrer  que  f{x)  =  x  sin  ~  (supposé  nul  pour  ;»;  =  0)  n'a  pas  de 

X 

dérivée  au  point  ;»r  =  0. 

E.  Le  rapport /(Â)  :  A  est  égal  à  sin  (1  -.h)  et  ne  tend  vers  aucune 
limite  quand  h  tend  vers  0. 

§  2.  Propriétés  de  la  dérivée.  Nombres  dérivés. 

101.  Théorème  —  Soit  y  =  f{x)  ;  si  l'on  suppose  ^x  infiniment 
petit,  et  /■'  (x)  fini  et  différent  de  0  au  point  donné  x,  Ay  et  dy 
sont  deux  infiniment  petits  dont  le  rapport  a  pour  limite 
runité. 

En  effet,  on  a,  par  définition  de  la  dérivée, 

^  =  r(x)  +  e. 

e  ayant  pour  limite  0  avec  A.v.  D'où,  en  divisant  par  f  [x)  qui 
n'est  pas  nul  par  hypothèse,  et  en  observant  que  dy  =  f  {x)  ^x, 

^  -  I  + 


dy  ■    f'ix)' 

Le  théorème  résulte  de  cette  égalité,  dans  laquelle  e  :  /'  {x) 
a  pour  limite  O  avec  ^x. 


PROPRIÉTÉS  VF.  LA   DÉUIVÉE  ()3 

Donc,  quand  Ajc  est  infiniment  petit,  Ay  et  dy  sont  deux 
infiniment  petits,  susceptibles  d'être  substitués  l'un  à  l'autre 
sous  les  conditions  exposées  plus  haut  (n"  21).  On  doit  se  garder 
toutefois  de  les  confondre  entre  eux  (*). 

102.  Fonction  croissante,  décroissante  en  un  point,  —  Si  /'  (x)  est 
positif  au  point  x,  le  quotient  ùiy  :  Aa:  a  une  limite  positive, 
donc  A>"  est  différent  de  ()  et  de  même  signe  que  àx  pour  les 
valeurs  suffisament  petites  de  |  A.v  |  .  On  dit,  dans  ce  cas,  que 
la  fonction  est  croissante  au  point  x. 

Si,  au  contraire,  f(x)  est  négatif,  A  y-  et  A.v  sont  de  signes 
contraires  pour  les  valeurs  suffisamment  petites  de  ^x.  Dans 
ce  cas,  la  fonction  est  décroissante  au  j)oint  x. 

Il  résulte  de  là  que,  si  i''[x)  n'est  pas  nul,  la  fonction  [{x) 
admet  toujours,  dans  le  voisinage  immédiat  du  point  .v,  des 
valeurs  supérieures  et  inférieures  à  celle  qu'elle  acquiert  au 
point  A'.  Les  valeurs  supérieures,  par  exemple,  s'obtiendront  à 
droite  du  point  a-  si  la  fonction  est  croissante,  cl  à  gauche  si 
elle  est  décroissante.  Cette  simple  remar([ue  sert  de  base  à  la 
proposition  suivante,  connue  sous  le  nom  de  théorème  de  liolle, 
quoique  Kolle  ne  l'ait  énoncée  que  pour  un  polynôme. 

103.  Théorème  de  Rolle.  —  Si  la  fonction  f(x),  continue  dans 
l'intervalle  (a,  b),  s'annule  pour  x  =  a  et  pour  x  =  b  et  admet 
une  dérivée  unique  (finie  ou  infinie)  en  tout  point  intermédiaire 
(a,  b  pouvant  être  exclus),  cette  dérivée  s'annulera  en  l'un  des 
poin ts  in termédiaires . 

En  effet,  f{x)  a  une  plus  grande  valeur  M  et  une  plus  petite 
valeur  m  dans  l'intervalle  (a,  b)  (n"  27,  111).  Si  M  et  m  sont  nuls 
tous  deux,  f{x),  étant  égale  à  zéro  dans  tout  l'intei-vallc,  est  une 
constante  et  sa  dérivée  sera  nulle  dans  tout  l'intervalle.  Dans 
ce  cas,  le  théorème  est  dénu^ntré.  Si,  au  contraire,  M  (ou  m)  est 
différent  de  zéro,  la  fonction  f\x)  atteindra  cette  plus  grande 
(ou  plus  petite)  valeur  (n"  27,  111),  pour  une  valeur  ;  de  .v  com- 
prise entre  a  et  b.  On  aura  /''(^)  =  0  ;  car,  s'il  en  était  autrement. 


(*)  Dans  les  ouvrages  (l'upplicalious,  on  a  souvent  le  tort  de  les  confon- 
dre, au  moins  dans  le  langaf^e. 


94  CHAPITRE  I.  FONCTIONS  EXPLICITES  d'uNE  VARIABLE 

la  fonction  f{x)  serait  croissante  ou  décroissante  au  point  Ç  et 
accxuerrait  dans  le  voisinage  immédiat  de  ce  point  des  valeurs 
supérieures  et  inférieures  à  f{^),  comme  on  l'a  montré  au 
n*^  précédent.  Donc  /'(^)  ne  serait  pas  la  plus  grande  (ou  plus 
petite)  valeur  supposée. 

(k)ROLLAiRE.  —  Si  f{x)  rcprcud  la  même  valeur  aux  points  a  et 
b,  sa  dérivée  s'annule  en  un  point  intermédiaire,  car  la  fonction 
f{x)  —  /(a),  qui  a  la  même  dérivée,  s'annule  pour  5C  ==  a  et  pour 
.V  =  6. 

104.  Formule  des  accroissements  finis  (Lagrange).  —  Soit  f{x) 
une  fonction  continue  dans  l'intervalle  (a,  b)  tout  entier,  ayant 
une  dérivée  unique  (finie  ou  non)  en  tout  point  intérieur  (au 
sens  étroit)  à  cet  intervalle,  il  en  sera  de  tnême  pour  la  fonction 
(D  (x),  définie  par  l'équation 

cp  (.V)  =  {b-a)  [f{x)  -  /(a)]  -  {X  -  a)  U{b)  -  f{a)]. 

Mais  cette  fonction  s'annule  pour  x  ^  a  et  pour  x  ==  b,  donc, 
en  vertu  du  théorème  de  Eolle,  sa  dérivée, 

<^'{x)  =  {b-a)r{x)-[m-f{a)l 

s'annule  pour  une  valeur  ^  de  x  entre  a  et  b,  d'où 

f(b)-f{a)^{b-a)f>{^). 

Telle  est  la  formule  des  accroissements  finis.  On  la  met  le 
plus  souvent  sous  une  autre  forme.  Remplaçons  a  par  a-  et  b 
par  X  +  h,  alors  i  (qui  est  compris  entre  x  et  ;>c  -I-  h)  peut  être 
remplacé  par  x  -f  6/t,  9  désignant  un  nombre  généralement 
inconnu  >  0  et  <  i.  On  trouve  ainsi 

f{x  \^h)-f{x)  =  hf'{x  +  ^li) 
(0  <  6  <  i). 

La  formule  antérieure  ne  supposait  pas  et  <  b  et,  par  suite, 
h  est,  dans  celle-ci,  de  signe  quelconque. 

La  formule  des  accroissements  finis  est  une  des  formules  fon- 
damentales du  calcul  différentiel.  Elle  est  d'un  usage  continuel. 
On  en  déduit  le  théorème  suivant  : 

105.  Théorème.  —  Toute  fonction  f'{x),  dont  /a  dérivée  est 
constamment  nulle  dans  un  intervalle  (a,  b),  se  réduit  à  une 
constante  dans  cet  intervalle. 


PROPRIÉTÉS  UE  LA  DÉRIVÉE  q5 

Soient,  ou  effet,  a;  et  x  -[-  h  deux  valeurs  de  a*  appartenant  à 
l'intervalle  (a,  b),  on  aura,  par  la  formule  précédente,  en  obser- 
vant que  f{x)  est  continue  (n"  90), 

f{x  4-  /î)  -  f{x)  ^=  0.         d'où        l\x  +  h)  -  /(a), 

c'est-à-dire  que  la  fonction  est  une  constante. 

CoHOLLAiiiE.  —  Deux  fonctions  f{x)  et  cp  (a)  dont  les  dérivées 
sont  finies  et  égales  dans  un  intervalle  (a,  b)  ne  diffèrent  que 
par  une  constante  dans  cet  intervalle. 

En  effet,  la  fonction  /'(a)  —  <p  (a;),  ayant  une  dérivée  constam- 
ment nulle,  se  réduit  à  une  constante  C  et  l'on  a 

/•(A-)  =  =p(A-)  +  C. 

Ce  théorème  est  le  théorème  fondamental  du  calcul  intégral. 
Dans  celui-ci,  on  se  propose  de  trouver  toutes  les  fonctions 
ayant  une  dérivée  connue.  On  voit  que  le  problème  sera  résolu 
si  l'on  peut  en  trouver  une,  car  les  autres  s'en  déduisent  par 
l'addition  d'une  constante. 

106.  Théorème,  — Si  f{x)  a  une  dérivée  f  {x)  et  tend  vers 
l'infini  quand  x  tend  vers  une  valeur  finie  a,  il  est  impossible 
que  /■'  (a")  conserve  une  valeur  finie  quand  x  tend  vers  a. 

En  effet,  si  |  f'{x)  \  avait  une  borne  supérieure  finie  M  dans 
l'intervalle  (a,  b),  la  formule  des  accroissements  finis  donnerait, 
pour  X  compris  entre  a  et  b, 

\f{x)-f{b)\  <U\x-b\ 

et,  comme  on  peut  faire  tendre  a;  vers  a  dans  cette  formule,  on 
voit  que  f{x)  ne  croîtrait  pas  indéfiniment  quand  a-  tend  vers  a. 

107.  Fonction  croissante  ou  décroissante  dans  un  intervalle.  —  Si  la 
dérivée  f  (x)  est  positive  ou  nulle  dans  V intervalle  (a,  b),  sans 
toutefois  être  constamment  nulle,  la  fonction  f(x)  est  croissante 
dans  l'intervalle  (a,  b).  c'est-à-dire  que  (6  étant  >  a)  on  a  f{b) 

En  effet,  quel  ([uc  soit  ,v  entre  a  et  b,  la  formule  des  accrois- 
sement finis  s'applique  aux  deux  intervalles  aA*  et  xb  et  donne 

f{b)-t\x)^{b-x)r{\):^o, 

/•(.v)-A«)  =  (.v-a)r(O>0, 


96  CHAPITRE  1.  FONCTIONS  EXPLICITES  d'uNE  VARIABLE 

d'où  f{b)  ^  f{x)  >  /(â)  ;  et  j'en  conclus  f{b)  >  /"(a),  car  l'égalité 
entraînerait  la  constante  de  f{x)  et  l'on  aurait  partout  f  {x]  =  0, 
contrairement  à  l'hypothèse. 

De  même,  si  f  {x)  est  négatif  ou  nul  dans  l'intervalle  (a,  b), 
sans  toutefois  être  constamment  nul,  la  fonction  f{x)  décroît 
dans  cet  intervalle  :  on  a  f{b)  <  /(a). 

108.  Formule  de  Cauchy.  —  Soient  f{x)  et  V{x)  deux  fonctions 
continues  dans  l'intervalle  (a,  b)et  admettant  des  dérivées  bien 
déterminées  et  finies  en  tout  point  intermédiaire.  Supposons  : 
i''  que  les  deux  dérivées  f  (x)  et  F'{x)  ne  s'annulent  pas  simul- 
tanément entre  ces  limites  et  2'^  que  F{b)  soit  différent  de  F(a). 
On  aura  (Cauchy) 

F(&)-F(a)~F'(0  W^  'î^-^; 

En  effet,  observons  que  la  fonction  de  x 

/•(.v)  [F(6)  -  F(a)]  -  F(A-)  [f{b)  -  f{a)] 

prend  la  même  valeur  aux  points  a  et  b  ;  il  vient,  par  le  théo- 
rème de  Rolle, 

r(i)  [¥{b)  -  F(a)]  -  F'(i)  [f{b)  -  fia)]  =  0. 

Mais  F'(Ç)  n'est  pas  nul,  sinon  les  deux  dérivées  f'{^)  et  F'(0 
s'annuleraient  simultanément  en  vertu  de  cette  relation  (puis- 
que F{b)  —  F(a)  n'est  pas  nul).  Donc  on  peut  diviser  l'équation 
par  F{b)  —  F(a)  et  F'(^),  ce  qui  donne  la  formuie  de  Cauchy. 

Remarque.  —  Si  F'(x)  ne  s'annule  pas  pour  x  >  a  et  <  b,  la 
condition  i"  est  évidemment  vérifiée,  mais  la  condition  a»  le 
sera  aussi,  car,  si  F{b)  était  égal  à  F(a),  la  dérivée  s'annulerait 
en  un  point  intermédiaire. 

La  formule  des  accroissements  finis  n'est  qu'un  cas  particu- 
lier de  celle  de  Cauchy.  11  faut  faire  F(a')  =  x,  ce  qui  est  per- 
mis, puisque  la  dérivée,  F'(x)  =  i,  ne  s'annule  pas. 

109.  Théorème.  —  Si  f(x)  est  continue  dans  l'intervalle  (a,  b), 
à  tout  nombre  positif  z  correspond  un  nombre  S  tel  qu'on  ait 

!    f{x  +  h)-f{x) 


h 


f'{x) 


<  e   si  I  /i  I  <  ô. 


pourvu  que  x  et  x  ~\-  h  appartiennent  à  l'intervalle  (a,  b). 


PROPRIETES  DE  LA  DERIVEE  y 7 

Par  la  formule  des  accroissements  finis,  le  premier  membre 
se  met  sous  la  forme 

\f'{x  +  (ih)-f'{x)\  . 

Mais  on  peut  supposer  l'oscillation  de  la  fonction  continue  f 
moindre  que  e  dans  tout  intervalle  <  6  (n"  27,  IV),  auquel  cas 
cette  différence  est  a  fortiori  <  e. 

Réciproquement,  si  A/*:  àx  converge  uniformément  vers  sa 
limite  f'{x),  celle-ci  sera  fonction  continue  de  x  dans  l'intervalle 
(a,  b). 

Montrons,  en  effet,  que  l'accroissement  de  /'  (x)  peut  être 
rendu  inférieur  à  tout  nombre  donné  3  e,  à  condition  de  rendre 
celui  de  ;x:  suffisamment  petit. 

Prenons  d'abord  h  assez  petit  pour  qu'on  ait,  quel  que  soit  x, 

Donnons  ensuite  à  x  un  accroissement  (positif  ou  négatif) 
suffisamment  petit  pour  que  le  rapport  [f{x -\' h)  —  f{x)']  :  h,  qui 
est  fonction  continue  de  x,  varie  de  moins  que  e  ;  comme  r, 
varie  de  moins  que  2  e,  f'{x)  variera  de  moins  que  3  e. 

110.  Théorème.  —  Si  f{x)  est  continue  et  dérivable  dans  l'inter- 
valle (a,  b),  f'{x)  ne  peut  passer  d'une  valeur  à  une  autre  dans 
cet  intervalle  sans  passer  par  toutes  les  valeurs  intermédiaires 
(Darboux). 

Considérons  d'abord  le  cas  où  f'{a)  et  f'{b)  sont  de  signes 
contraires  ;  je  dis  que  f'{x)  s'annule  entre  a  et  b.  En  effet,  soit, 
pour  fixer  les  idées,  f'{a)  >  0  et  f'{b)  <  0,  la  plus  grande  valeur 
de  f{x),  ne  pouvant  être  atteinte  ni  en  a  ni  en  b,  le  sera  en  un 
point  intermédiaire  5,  où  l'on  aura  donc  /"'(i)  --  0. 

Passons  au  cas  général.  Soit  A  un  nombre  compris  entre  f'(a) 
et  f'{b)  ;  la  fonction  f{x)  —  Aa:  aura  ses  dérivées  de  signes  con- 
traires en  a  et  en  b,  Donc  il  existe  un  point  intermédiaire  où 
r(5)-A=.Oet/-(5)  =  A. 

Il  est  à  remarquer  que  la  propriété  énoncée  dans  ce  théorème 
appartient  aux  fonctions  continues  (n°  27,  VI)  mais  ne  les  carac- 
térise pas. 


98  CHAPITRE  I.  FONCTIONS  EXPLICITES  d'UNE  VARIABLE 


111.  Nombres  dérivés.  —  Soit  f{x)  une  fonction  univoque  de  x  ; 
considérons  le  rapport 

f{x-^h)-f{x) 
h 

Quand  h  tend  vers  zéro  en  restant  positif,  ce  rapport  a  une  plus  grande 
limite  et  une  plus  petite  limite  qui  peuvent  être  finies  ou  infinies  (n"  i5), 
La  première  est  le  nombre  dérivé  supérieur  à  droite,  la  seconde  le  nombre 
dérivé  inférieur  à  droite.  On  les  représente  par  les  symboles  (Dini)  : 

Si  ces  deux  nombres  sont  égaux,  leur  valeur  commune  sera  celle  de 
la  dérivée  à  droite  au  point  x  (n»  90). 

De  même,  la  plus  grande  et  la  plus  petite  limite  du  rapport  précé- 
dent quand  h  tend  vers  0  en  restant  négatif,  sont  les  nombres  dérivés 
supérieur  et  inférieur  à  gauche.  On  les  représente  par  aL  et  X^  et,  s'ils 
sont  égaux,  leur  valeur  commune  est  celle  de  la  dérivée  à  gauche. 

Au  lieu  de  nombres  dérivés,  nous  dirons  aussi  bien  dérivées  supé- 
rieures ou  inférieures  à  droite  ou  à  gauche. 

Si  l'on  change  ;ir  en  —  x,\es  dérivées  à  droite  se  permutent  avec 
celles  de  gauche  ;  si  l'on  remplace  f{x)  par  — f{x),  les  supérieures  se 
permutent  avec  les  inférieures  en  changeant  de  signe. 

Cette  simple  remarque  permet,  dans  bien  des  cas,  d'étendre  immé- 
diatement aux  quatre  nombres  dérivés  un  théorème  établi  pour  l'un 
d'eux. 

112.  Propriétés  des  nombres  dérivés  d'une  fonction  continue.  — 

\.  Si  L  et  l  sont  les  bornes  supérieure  et  inférieure  de  Vun  des  quatre  nom- 
bres dérivés  dans  l'intervalle  ab  {b  >  a)  (*),  et  si  la  fonction  f{x)  est  continue 
dans  cet  intervalle,  on  aura 

b  —  a 

Supposons  qu'il  s'agisse  de  la  dérivée  supérieure  à  droite  A  et  pro- 
posons-nous d'établir  la  seconde  inégalité.  11  suffira  de  montrer  que, 
quelque  petit  que  soit  e  positif,  il  est  impossible  que  l'on  ait 

f{b)-f{a)-{L  +  t){b-a)>0. 

En  effet,  si  cette  inégalité  avait  lieu,  la  fonction  continue 

?  (^)  -/M  -f{a)  -  (L  +  t){x-  a), 


(*)  Pour  déterminer  ces  bornes,  on  ne  doit  pas  tenir  compte  de  la  dérivée 
à  droite  du  point  i  ou  à  gauche  du  point  a,  la  définition  de  ces  nombres  se 
faisant  en  dehors  de  l'intervalle  ab. 


NOMBRES  DERIVES 


99 


qui  est  certainement  négative  pour  x  suffisamment  voisin  de  a  (puisque 
Aa  <  L  +  s),  changerait  de  signe  et  s'annulerait,  par  conséquent,  entre 
a  et  h.  Soitc  sa  plus  grande  racine  inférieure  à  h  ;  pour  x  >  c,  on  aura 
?  {x)  >  0,  donc  cp  (at)  —  cp  (c)  >  0,  c'est-à-dire 

/W -/(C)  -  (L  +  e)  (;»;  -  C)  X). 

donc  hc  serait  ^  L  +  e,  ce  qui  est  contraire  à  la  définition  de  L, 

II.  Les  quatre  nombres  dérivés  ont  la  mime  borne  supérieure  et  la  même 
borne  inférieure  finie  ou  infinie  dans  tout  intervalle  (*)  (Dini), 

Pour  fixer  les  idées,  considérons  les  deux  bornes  supérieures  L  et 
L'  des  deux  dérivées  supérieures  A  et  A'.  Si  x'  et  x"  sont  deux  valeurs 
quelconques  de  x,  le  théorème  précédent  s'applique  à  l'intervalle  x'x" 
et  donne 

f{x")-f{x')  ^^ 

xK  —  x'      <LetqueL'. 

Donc  aucun  nombre  dérivé  ne  peut  surpasser  ni  L  ni  L'  donc  L 
et  L',  ne  pouvant  se  surpasser  l'un  l'autre,  sont  égaux. 

En  particulier,  si  F  un  des  quatre  nombres  dérivés  est  continu  en  un  point 
ou  dans  un  intervalle,  ils  le  sont  tous,  et  la  fonction  (supposée  continue)  a 
une  dérivée  unique  en  ce  point  ou  dans  cet  intervalle. 

Donc  encore,  si  Fun  des  nombres  dérivés  est  constamment  nul,  la  fonction 
f{x)  a  une  dérivée  unique  nulle  et  se  réduit  à  une  constante. 

113.  Fonction  croissante,  décroissante  dans  un  intervalle.  —  Si  l'un 
des  nombres  dérivés  d'une  fonction  continue  f{x)  est  constamment  positif  ou  nul 
(sans  l'être  constamment)  dans  l'intervalle  ab,  la  Jonction  est  croissante  dans 
cet  intervalle,  c'est-à-dire  que  f{b)  >  f{a). 

En  effet,  le  théorème  I  du  n»  précédent  s'applique  aux  intervalles 
(a,  x)  et  {x,  b)  et,  la  borne  inférieure  l  étant  >  0,  on  en  conclut 

/W— /(a)>0,  /(è)  _/(;^)  ^  0. 

Donc  f{b)  >  f{x)  >  f{a)  et  j'en  conclus/(è)  >  f{a),  car  l'égalité  en- 
traînerait la -constante  de/(,r),  et/'(,r)  serait  constamment  nul. 

De  même,  si  l'un  des  nombres  dérivés  est  constamment  négatif  ou  nul 
(sans  Vitre  constamment)  dans  l'intervalle  ab,  la  fonction  continue  f{x)  est 
décroissante  dans  l'intervalle  ab,  c'est-à-dire  que  f{b)  <  /(a). 

114.  Théorème.  —  Soitf{x)  une  fonction  continue  dans  l'intervalle  {a,  b)  ; 
sif{b)  est  plus  petit  {plus  grand)  que  f{a),  l'ensemble  des  points  de  cet  in- 
tervalle où  un  même  nombre  dérivé  de  f{x),  par  exemple  A,  est  négatif  (posi- 
tif) a  la  puissance  du  continu  et  contient  un  ensemble  parfait. 


(*)  Voir  la  note  de  la  page  précédente. 


lOO  CHAPITRE  I.  FONCTIONS  EXPLICITES  D  UNE  VARIABLE 

Soit/(è)  <  f{a).  Prenons  e  positif  assez  petit  pour  que  la  fonction 

?W=/W-/(«)  +  e(^-a), 

nulle  pour  x  =  a,  soit  négative  pour  x^=^b.  Soit  ensuite  c  un  paramètre 
négatif  supérieur  à  cp  (6).  Considérons  la  courbe  j/  =^  i({x)  et  l'horizon- 
tale ^1^=^  ;  la  courbe  est  au-dessus  de  l'horizontale  au  point  a  et  en 
dessous  au  point  b.  Donc  l'horizontale  coupe  la  courbe  entre  les  deux. 
Soit  M  le  point  d'intersection  dont  l'abscisse  X  est  la  plus  grande  :  la 
courbe  sera  sous  l'horizontale  à  droite  du  point  X,  de  telle  sorte  qu'on 
a,  pour  h  positif  assez  petit, 

<p(X  +  ^)-y(X)_^/(X  +  A)-/(X)   ,  _., 
h  ~  h  -t-^^"- 

Donc,  quand  h  tend  vers  0,  il  vient,  à  la  limite,  au  point  X, 

A  +  e  <  0,         d'où         A  <  —  e  <  0. 

A  chaque  valeur  du  paramètre  c  entre  0  et  <f  {h)  correspond  un 
point  X  différent  où  A  est  négatif.  On  voit  déjà  que  l'ensemble  E  de 
ces  points  X  a  la  puissance  du  continu. 

Je  dis  que  l'on  a  aussi  A  <  —  e  aux  points-limites  de  l'ensemble  E. 
Observons,  en  effet,  que  M  se  déplace  vers  la  gauche  quand  l'hori- 
zontale s'élève,  c'est-à-dire  que  X  varie  en  sens  contraire  de  c.  Consi- 
dérons donc  une  suite  de  points  X  tendant  vers  un  point-limite  Xi  (de 
gauche  à  droite  par  exemple)  et  la  droite  variable  y  ^^  c  correspon- 
dante. Celle-ci  descend  alors  constamment  et  tend  vers  une  position- 
limite  y  =  Cl  ;  mais  à  droite  du  point  X,  elle  était  toujours  au-dessus  de 
la  courbe,  donc,  dans  sa  position-limite,  elle  l'est  encore  (le  contact 
étant  possible).  Le  même  raisonnement  que  tout  à  l'heure  s'applique 
donc  encore  au  point-limite  Xi  et  prouve  que  l'on  a  A  +  e  ^  0  en  ce 
point. 

En  définitive,  on  a  A  <  0,  dans  l'ensemble  E  et  son  dérivé,  c'est-à- 
dire  dans  un  ensemble  fermé  ayant  la  puissance  du  continu,  donc 
dans  un  ensemble  parfait  {n^  6i  et  6g). 

Remarque.  —  Si  l'ensemble  E  des  points  où  la  dérivée  supérieure  A  est 
négative  était  de  mesure  nulle,  l'ensemble  Ei  des  poitits  où  cette  dérivée  est 
infinie  négative  contiendrait  aussi  un  ensemble  parfait. 

Prenons,  en  effet,  e  assez  petit  pour  que  f{b)  — f{a)  +  e  soit  encore 
négatif,  et  donnons-nous  une  suite  illimitée  positive  ej,  e,,  £3,...  telle 
que  l'on  ait 

£1  -f  £2  +  83  +...  <  e. 

Enfermons  successivement  E  (au  sens  étroit)  dans  une  infinité  d'm- 
tervalles  a,  puis  d'intervalles  p,  puis  d'intervalles  y,---  tels  que 

2a<Si,      SP<S2,      2y<£3,... 


NOMBRES  DERIVES  101 


Désignons  par  ^{x)  la  somme,  fonction  de  x,  des  longueurs  de  tous 
les  intervalles  a,  ,3,  y,..-  et  portions  de  ces  intervalles  entre  a  etx.  Cette 
fonction  positive  cp(.v)  est  <  £  dans  (a,  b)  ;  elle  est  essentiellement  crois- 
sante (ou  constante)  ;  ses  nombres  dérivés  sont  positifs  (ou  nuls)  par- 
tout, mais,  de  plus,  infinis  en  chaque  point  de  l'ensemble  E,  lesquels 
sont  intérieurs  à  une  infinité  d'intervalles  a,  p,  y,...,  auquel  cas  'f(.r) 
croît  plus  rapidement  que  tout  multiple  de  x. 

Ceci  fait,  la  fonction 

/(^)  +  ?(^)  ,  :: 

ne  peut  avoir  sa  dérivée  supérieure  A  négative  qu'aux  points  de  l'en- 
semble El  contenu  dans  E  oi^i  celle  de/(.r)  est  infinie  négative.  Comme 
on  a  d'ailleurs /(è)  + 'f(6)  </(fl)  + 'f(a),  on  est  ramené  au  théorème 
précédent. 

115.  Théorème.  — Si  nu  nombre  dérivé  d'une  fonction  continue  f{x) 
change  de  signe  dam  un  intervalle  {a,  b),  l'ensemble  E  de  tous  les  points  où 
ce  nombre  a  le  même  signe  contient  un  ensemble  parfait.  Si,  de  plus,  E  est 
de  mesure  nulle,  la  partie  de  E  oîi  le  nombre  dérivé  est  infini  contient  aussi 
un  ensemble  parfait. 

Supposons,  pour  fixer  les  idées,  que  E  soit  l'ensemble  des  points  où 
A  <  0.  Si  A  est  <  0  au  point  x,f{x  -j-  h.)  sera  <  f{x)  à  condition  que  h 
soit  positif  assez  petit,  ce  qui  ramène  au  théorème  précédent. 

116.  Théorème  généralisé  de  Scheeffer.  —  Si,  dans  un  intervalle  (a,  b), 
deux  fonctions  f\{x)  et  fi{x)  ont  leurs  nombres  dérivés  supérieurs  à  droite  : 
1°  finis  en  chaque  point  sauf  peut  être  dans  un  ensemble  ^i,  et  2^  égaux  sauf 
peut-être  dans  un  ensemble  de  mesure  nulle,  les  deux  fonctions  ne  diffèrent  que 
par  une  constante  dans  l'ijitervalle  {a,  b),  à  moins  que  Ei  ne  contienne  un 
ensemble  parfait. 

En  effet,  les  dérivées  supérieures  à  droite  étant  de  plus  grandes 
limites,  on  a,  en  considérant  A  comme  un  symbole  opératoire, 

A(/i-/2)>A/.-A/.. 
Donc/i  — /^  a  son  nombre  dérivé  A  nul  ou  positif  sauf  dans  un 
ensemble  de  mesure  nulle,  et  il  ne  peut  être  infini  négatif  que  si  A/i 
ou  A/2  est  infini,  donc  dans  Ei.  Par  conséquent,  si  Ei  ne  contient  pas 
d'ensemble  parfait,  ce  nombre  dérivé  ne  peut  être  négatif  en  vertu  du 
théorème  précédent,  et  la  fonction/i  — /^  est  constante  ou  croissante 
dans  {a,  b).  Pour  les  mêmes  raisons, /a  — /i  l'est  aussi.  Ces  deux  fonc- 
tions ne  pouvant  être  en  même  temps  croissantes,  elles  sont  constantes. 

Un  ensemble  parfait  n'étant  pas  dénombrable,  le  théorème  précé- 
dent renferme  comme  cas  particulier  l'énoncé  de  ScHEEFbEK  : 

Deux  fonctions  continues  qui,  dans  un  intervalle  [a,  h),  ont  la  même  dérivée 
supérieure  à  droite  finie,  sauf  pour  un  ensemble  dénombrable  de  points,  ne 
peuvent  différer  que  par  une  constante  dans  cet  intervalle. 

Remarque.  —  Le  théorème  précédent  admet  une  sorte  de  réci- 
proque : 


102  CHAPITRE  I,  FONCTIONS  EXPLICITES  d'uNE  VARIABLE 

Une  fonction  dont  les  nombres  dérivés  peuvent  être  infinis  sur  un  ensemble 
parfait  E  de  mesure  nulle,  mais  sont  donnés  et  finis  partout  ailleurs,  demeure 
cependant  arbitraire. 

En  effet,  la  correspondance  entre  les  points  ;t  de  E  et  ceux  y  du 
segment  O-i,  définit  (n°  66)  une  fonction  continue  croissante  x  =  f(jv), 
dort  l'inverse  V  ^  "l'W  est  une  fonction  continue  de  x,  croissante  pour 
les  points  de  E  et  constante  dans  les  intervalles  contigus  à  E.  Soit 
F(j')  une  fonction  continue  arbitraire  ;  la  fonction  ¥{'^x)  aura  sa  dérivée 
huHe"  satif  au  point  de  E  :  elle  demeure  cependant  arbitraire  avec  F. 

§  3.  Dérivées  et  différentielles  successives. 

117.  Définitions.  —  Soit  y  =  f(x)  une  fonction  univoque  d'une 
variable  réelle  x,  ayant  une  dérivée  dans  un  intervalle.  Si  cette 
nouvelle  fonction,  y'  ■=  f'{x),  admet  une  dérivée  en  un  point  x 
de  cet  intervalle,  on  la  représente  par  y",  f"{x)  ou  D*y  et  on 
l'appelle  la  dérivée  seconde  de  y. 

De  même,  la  dérivée  troisième  est  la  dérivée  de  y".  Elle  se 
désigne  par  y'",  f"'{x),  B^y.  On  continue  ainsi  de  suite,  de  sorte 
que  la  dérivée  d'ordre  n  est  la  dérivée  de  celle  d'ordre  n  —  i. 
Elle  se  représente  par  yC",  /'^"'(y)  ou  D*^y. 

Si,  pour  définir  les  dérivées  successsives  au  point  a,  on  ne 
tient  compte  que  des  valeurs  de  x  qui  sont  >  a,  on  obtient  les 
dérivées  successives  à  droite  au  point  a  ;  on  obtient  celles 
à  gauche  si  jc  <  a. 

11  faut  observer  que,  d'après  ces  définitions,  l'existence  d'une 
dérivée  finie  D"  y  au  point  x  exige  celle  d'une  dérivée  D"-*y 
finie  et  déterminée  aux  environs  de  x,  donc  la  continuité  des 
dérivées  d'ordre  moindre  aux  environs  du  même  point. 

Les  dérivées  successives  des  fonctions  rationnelles  d'une 
variable  complexe  se  définissent  comme  quand  la  variable  est 
réelle.  Il  n'y  a  pas  lieu  de  nous  y  arrêter.  Revenons  aux  va- 
riables réelles. 

Si  dy  est  différentiable,  sa  différentielle  est  la  différentielle 
seconde  de  y  et  se  désigne  par  d'^y.  Cette  nouvelle  différentielle 
dépend  de  la  relation  que  l'on  veut  établir  entre  la  variable  x 
et  sa  différence  ^x  ou  dx.  Si  cette  différence  est  la  même  pour 
toutes  les  valeurs  de  x  et  la  même  encore  dans  les  différentia- 
tions  successives,  elle  doit  être  traitée  comme  une  constante 
et  l'on  a 

d*y  =  d.f{x)  dx  =  f\x)  dxK 


DÉRIVÉES  ET  DIFFERENTIELLES  SUCCESSIVES  Io3 

De  même,  la  différentielle  troisième  d^y  est  celle  de  cl^y,  on  a 
d^  =  d.f"{x)  dx^  =  f"'{x)  dx\ 
et  ainsi  de  suite.  En  général, 

rfn  y  =  f(n)  {^x)  d^C"  . 

On  tire  de  là 

,      dy      ,,  d'y  ,„       d"r 

•^       d5c'   ^    dx^'        ^   ^      dx^ 

Donc  la  dérivée  n^^>^^  d'une  fonction  est  le  quotient  de  la 
différentielle  n^éme  de  la  fonction  par  la  puissance  n^ème  de  la 
différentielle  de  la  variable  prise  constante  par  rapport  à  x,  ce 
qui  fournit  une  nouvelle  manière  de  représenter  cette  dérivée  et 
celle  qui  est  le  plus  généralement  employée. 

Remarque.  —  La  condition  que  dx  soit  constant  par  rapport 
à  x  n'empèclie  pas  que  dx  puisse  varier  à  un  autre  point  d.e 
vue.  Ainsi  on  peut  faire  tendre  dx  vers  0,  pourvu  que  ce  soit 
pour  toutes  les  valeurs  de  x  en  même  temps  et  de  la  même 
manière. 

118.  Des  différences  finies,  —  Si  l'on  donne  à  .x;  un  accroisse- 
ment A.\%  la  fonction  continue  f{x)  prendra  un  accroissement 

^f{x)  =  f{x  +  ^x)-f{x), 

que  nous  appellerons  différence  première  de  f{x). 

La  différence  de  la  différence  première  est  la  différence  se- 
conde, elle  se  représente  par  ^^f{x),  et  ainsi  de  suite.  On  prend 
la  différence  Ix  indépendante  de  x,  de  sorte  que 

^•f{x)  =  f{x  -\-  2^x)  —  2fix  4-  ^x)  +  f{x), 
^^f(x)  =  f{x  +  3^x)  -  3/"(.x  +  olx)  4-  3/'(^  +  A.v)  —  f{x), 

et  ainsi  de  suite. 

Il  existe,  entre  ces  différences  successives  et  les  dérivées 
successives  de  f{x),  une  relation  importante  que  voici  : 

(1)         A'V'(^)  =  Aoc"/'(«Xa;  +  ^n^x)     (0  <  9  <  i). 

Elle  suppose  f^^\x)  déterminée  entre  .v  et  a'  +  n\x  (limites 
exclues)  et /i"-*  (a;)  continue  dans  cet  intervalle  entier.  Nous 
appellerons  cela  les  conditions  d'ordre  n.  Pour  /i  =  i,  la  for- 
mule est  exacte  :  c'est   celle  des  accroissements  finis.  Pour 


I04  CHAPITRE  I.  FONCTIONS  EXPLICITES  d'uNE  VARIABLE 


l'établir  en  général,  il  suffit  donc  de  l'étendre  de  l'ordre  n  —  i  à 
n.  A  cet  effet,  remarquons  que  les  conditions  d'ordre  n  pour  f{x) 
entraînent  celles  d'ordre  n  —  i  pour  la  fonction 

^f{x)  =  f{x  +  ^x)  -  f{x). 

Appliquons-lui  donc  la  formule  (1)  pour  l'ordre  n  —  i,  nous 
trouvons 

(2)      ^''f{x)  -  ^x''-'  [f^^-^Xx  +  ^x  4-  e[n— ijax-)  — 

fin-i^x  +  8[n  —  iJAx)] 

Transformons  enfin  la  différence  entre  crochets  par  la  for- 
mule des  accroissements  finis  (dont  l'emploi  est  légitimé  par 
les  conditions  d'ordre  n),  nous  obtiendrons  la  formule  (1). 

La  formule  (2)  conduit  à  un  autre  résultat  important.   Les 
conditions  d'ordre  ir  —  i  qu'elle  suppose  auront  lieu  pour  |  ^x  \ 
suffisamment  petit,  si  /"^"^(a;)  a  une  valeur  déterminée  et  finie. 
On  a,  dans  ce  cas,  par  définition  de  /'(")(.v),  les  e  tendant  vers 
0  avec  A.x, 

P»-%x  f  ^x  -h  e  [/)  —  i]  ^x)  —  /■("-i)(a-) 

=  (i  4-  6n  —  0)  ^xf%x)  +  ^'^x, 
/i«-»)(.v  4-  9  [71  —  i]  Aa')  -  f(^-%x) 

=  (9n  —  0)  ^xf^Xx)  4-  e'^x, 

et,  en  substituant  dans  (2)  la  différence  de  ces  deux  quantités, 
A"/-(x)  -=  ^x"[f''\x)  4-  e],       d'où       lim  — -^  ==  /(«)(a:). 

Donc  la  dérivée  n^^'"^,  supposée  finie  et  déterminée  en  un  point, 
est  la  limite  du  rapport  de  la  différence  n^é>ne  (Jq  /^  fonction  par 
la  puissance  n'^"^'^  de  la  différence  de  la  variable,  quand  cette 
différence,  supposée  indépendante  de  x,  tend  vers  zéro. 

119.  Dérivées  /i«^'»es  ^gg  fonctions  élémentaires.  —  La  détermina- 
tion d'une  dérivée  d'ordre  quelconque  pour  une  fonction  élé- 
mentaire ou  composée,  ne  peut  présenter  d'autre  difficulté  que 
la  longueur  des  calculs,  si  cet  ordre  est  donné  numériquement. 
Mais,  si  l'on  veut  exprimer  la  dérivée  n^^"i('  en  fonction  de  n, 
n  restant  arbitraire,  le  problème  est  plus  difficile.  Toutefois, 
pour  quelques  fonctions  élèment^/ires,  la  solution  est  simple. 


DÉRIVÉES  ET  DIFFERENTIELLES  SUCCESSIVES  lo5 

I.  On  a  trouvé  Dx"  =  ax*^-^  ;  on  en  tire  successivement 
B^x"  =  a  (a  —  i)  a:«-«. 


D";x;«  =  a  (a  —  i)...(a  —  n  -f  i)  a:«-". 

Si  a  est  entier  et  >  0,   cette  dérivée  se  réduira  à  la  con- 
stante a  !  i)our  n  =  a,  et  sera  nulle  pour  n  >  a.  Donc  la  dérivée 
jiième  d'un  polynoiJie  de  degré  <  n  est  identiquement  nulle. 
II.  De  DLog.x  =  x-\  on  tire,  par  la  règle  précédente, 
D"Log  X  =  D«-'  5C-*  =  (—  i)  (—  2)...(—  n  +  i)  x-^ 
D«  Log  x  =  {—  i)«-i  ^^  ~^^^  '  . 

in.  La  formule  DA^=  A^Log  A  donne 

DnA^=  A*(Log  A)«,        D"e^=-p»^. 
TV.  On  a  trouvé 


D  sin  X  =  cos  5C  =  sin  (  x  -}- 


7C 


On  dérive  en  ajoutant  -  à  l'argument,  donc 

D"  sin  X  =  sin  (x'^n-j. 

V.  On  a,  de  même, 

D  cos  .-v  =  cos  Ix  +  -J,         D"  cos  x  =  cos  fx  -\-  n'f) . 

VI .  On  a  trouvé 

D  arc  tg  X  =  -x  ~2  '     ^^^^      ^"  ^^^  tg  x  =  D»^-'  — - — - . 
Mais  on  a,  en  introduisant  les  imaginaires, 


I  +  x^      '2i  \x  —  i     X  -\-  i 

^'"''v-r—2  =  (—  ^y-'in-  i)  !  -^r^ — ^-^ __^__1 

i-i-x^      ^       ^      ^  ^     2il(x  —  i)n       (3C4-0"J 

On  se  débarrasse  des  imaginaires  en  posant 


I      Q  -__  \ /j  _L.    v2 

.V  —  /  =  p  (cos  cp  —  I  sin  cp)    {    "       V    -r  ' 

'  (    <P  -  arc  cot  X  ; 

il  vient,  par  la  formule  de  Moivre, 

I        ^ cos  n  y  +  t  sin  n  y £_ cos  n  y  —  is'mn 

{x  —  /)«  p«  "'     (;c  -f  /)«"  ""  p«        "~ 


I06  CHAPITRE  1.  FONCTIONS  EXPLICITES  d'UNE  VARIABLE 

Par  conséquent, 

D"-*  — - — -  =  (—  i)^-'  -^'^-,—  sin  n  cp, 

D"arc  tg  A'  =  (—  i)"  *  — ^  sin  {n  arc  cot  x). 

(i  +  a;2)^ 

Remarque.  —  Le  calcul  des  dérivées  ri^èmes  peut  être  rattaché 
à  la  formule  de  Taylor.  On  en  trouvera  des  exemples  dans  le 
chapitre  suivant. 

120.  Dérivée  n'^'"^^  d'un  produit.  Formule  de  Leibniz.  —  Soit  iiv 
le  produit  de  deux  fonctions  de  a;  ;  on  a 

D.«u  ^  V  Du  +  u  T>v. 

Dérivons  ;  il  vient,  par  la  règle  précédente, 

D^uy  =  yD^u  +  2  Du.Dw  +  u  D^y. 

Chaque  terme  de  ces  deux  premières  dérivées  et  aussi  des 
suivantes,  est  le  produit  d'une  dérivée  de  u  par  une  dérivée 
de  V,  en  regardant  w  et  u  eux-mêmes  comme  des  dérivées 
d'ordre  0. 

Mais,  dans  la  dérivée  première  Duv,  la  somme  des  indices  de 
dérivation  est  égale  à  i  dans  chaque  terme  ;  dans  la  dérivée 
seconde,  elle  est  égale  à  a  ;  on  voit  de  suite  qu'elle  sera  égale 
à  n  dans  la  dérivée  n""'"''.  On  peut  donc  poser 

(1)     D"  uv  =  A^u  D«  i)  -1-  A,  Dm  D^-^y  f  A2  D'u  D"--u  -f  ••••, 

les  lettres  A  désignent  des  coefficients  numériques  à  détermi- 
ner. Faisons,  pour  cela,  a  étant  une  constante, 

u  =  e't^,         y  =  e^,         d'où         uv  =  e(*+*)^, 
D»«y  =  (1  +  a)«e(i+="^. 

Substituons  ces  valeurs  dans  l'équation  (1)  ;  elle  devient, 
après  suppression  du  facteur  commun  e('+°')^ , 

(I  -f  a)«  =  Ao  +  Aia  +  A^a^  +  •- 
Donc,  a  étant  une  indéterminée,  les  coefficients  Ao,  A^,  A2,... 
sont  ceux  du  binôme.  On  peut  ainsi  donner  à  l'équation  (1)  la 
forme  symbolique  suivante  : 

D"uy  -  (Dh  -f  Dy)". 


DERIVEES  ET  DIFFERENTIELLES  SUCCESSIVES  I07 

Mais  on  convient  d'observer  les  conditions  suivantes  dans  le 
développement  du  second  membre  :  i°  on  écrira  Du  et  Dy  dans 
tous  les  termes,  même  dans  les  termes  extrêmes  où  l'un  d'eux 
reçoit  l'exposant  0  ;  2*^  on  remplacera  ensuite  D«p  par  1)pii, 
Dy9  par  D«  v  et  enfin,  D^u  par  u  et  D^w  par  v. 

121.  Propriétés  des  dérivées  d'une  fonction  rationnelle.  —  Soit  z 
une  variable  complexe  ;  une  fonction  rationnelle  de  z 

est  le  quotient  de  deux  polynômes  P  et  Q  sans  racine  commune. 
Soit  a  une  racine  de  degré  m  de  P,  nous  disons  que  c'est  une 
racine  de  degré  m  de  f{z).  Nous  avons  alors 

fiz)^(z-a)^f{z), 

et(f>(3)  est  une  fonction  rationnelle,  finie  et  non  nulle  pour 
z  =  a.  Dérivons  ;  il  vient 

f  (z)  =  {z-  ar-i[mf{z)  +  (2  -  a)  cp'fz)]. 

La  quantité  entre  crochets  est  une  fraction  rationnelle  qui  ne 
s'annule  plus  pour  z  =  a  ;  d'où  le  théorème  suivant  : 

I.  Toute  racine  de  degré  m  d'une  fonction  rationnelle  f{z)  est 
une  racine  de  degré  (m  —  i)  de  sa  dérivée  ;  en  particulier,  une 
racine  simple  de  f(z)  ne  sera  plus  racine  de  sa  dérivée. 

Si  l'on  applique  ce  théorème,  de  proche  en  proche,  aux  déri- 
vées successives  de  f{z),  on  est  conduit  au  suivant  : 

II.  Toute  racine  de  degré  m  de  f(z)  est  commune  à  f{z)  et  à 
ses  m  —  I  premières  dérivées.  Réciproquement,  toute  racine 
commune  à  f{z)  et  à  ses  {m  —  i)  premières  dérivées  et  qui  n'an- 
nule pas  la  dérivée  d'ordre  m,  est  une  racine  de  degré  m  de  f{z). 

Ces  théorèmes  jouent  un  rôle  important  en  algèbre,  dans  le 
cas  particulier  où  f{z)  se  réduit  à  un  polynôme. 


CHAPITRE  IT. 


Formule  de  Taylor.  Applications  diverses. 


§  1 .  Formules  de  Taylor  et  de  Maclaurin. 

122.  Formule  de  Taylor.  —  Soit  f{x)  une  fonction  continue  et 
univoque  d'une  variable  réelle  x.  La  formule  de  Taylor  a  pour 
objet  de  développer  /"(a  +  h)  suivant  les  puissances  successives 
de  h  jusqu'à  un  certain  ordre.  Pour  l'ordre  n,  cette  formule  est 
la  suivante  : 

('    fia  +  h)  =  fia)  +  -~  fia)  +  ^-f'ia)  +•.. 

Il  faut  supposer  les  dérivées  de  fix)  finies  et  déterminées  au 
point  a  jusqu'à  l'ordre  n  —  i,  alors  cette  formule  définit  la 
quantité  M  en  fonction  de  h  supposé  différent  de  0. 

Le  plus  souvent  h  peut  avoir  un  signe  quelconque  dans  la 
formule  (1)  et  les  dérivées  successives  de  fix)  sont  supposées 
uniques  au  jjoint  a.  Mais,  si  h  est  exclusivement  positif,  la  for- 
mule ne  su]3pose  que  l'existence  des  dérivées  successives  à  droite 
au  point  a,  et  il  doit  être  entendu  que  /'(a),  fia),...  sont  alors 
des  dérivées  à  droite.  Ce  seraient,  par  contre,  des  dérivées 
à  gauche  si  h  était  exclusivement  négatif. 

Le  développement  de  Taylor  se  caractérise  par  la  propriété 
suivante,  dont  l'énoncé  se  précise  en  tenant  compte  de  l'obser- 
vation précédente. 

Théorème.  —  Quand  h  positif  tend  vers  0.  la  quantité  M  tend 
vers  la  dérivée  à  droite  /"^"^(a),  finie  ou  infinie,  mais  supposée 
existante. 


FORMULE  DE  TAYLOB  IO9 


1°  Si  /^"'(^)  ®^^  finie,  soit  e  un  nombre  positif  et  formons  la 
fonction  de  h  : 

<p(A)  ^  f{a)  +  4  /"'(a)  +  -  +  ^[/^"'(a)  4-  e]  -  f{a  +  h). 

Cette  fonction  et  ses  n  —  i  premières  dérivées  (à  droite)  sont 
nulles  au  point  /ï  =  0,  tandis  que  l'on  a,  pour  sa  dérivée  n^"^*"^ 
(à  droite),  ^("'(0)  =  e  >  0.  Donc,  pour  h  positif  et  suffisamment 
petit,  ^("— *)(/i)  est  >  !^(»-*)(0)  et,  par  conséquent,  positif  ;  auquel 
cas  ^("~*^(/i),  étant  croissant,  est  positif  aussi,  et  ainsi  de 
suite  de  proche  en  proche  jusque  <f{h)  >  0.  Au  contraire,  tout 
cela  devient  négatif  si  l'on  remplace  e  par  —  e.  D'où  il  suit  que, 
pour  h  positif  assez  petit,  f{a  -\-  h)  est  compris  entre  les  deux 
expressions  : 

f{a)  +  A  f^a)  +  ...  +  ^-^  [f  n)(a)  =t  e] 

et  par  suite,  M  est  compris  entre  P'^\a)  ±  e.  Donc,  e  étant  aussi 
petit  qu'on  veut,  M  a  pour  limite  f^"\a)  quand  h  positif  tend 
vers  0. 

2°  Si /"'"'(â)  =  —  ^>  ^oit  ^  iiii  nombre  négatif  arbitraire  et 
formons  la  fonction  : 

^{h)  -  f{a)  +  A  r(a)  +    •  +  1^  A  -  l\a  \-  h). 

Nous  aurons  encore  <^'"^(0)  ^=  A  —  P'^\a)  >  0,  de  sorte  que  les 
dérivées  d'ordre  moindre  et  o(/î)  lui-même  sont  de  nouveaux 
positifs  pour  h  positif  et  suffisamment  petit,  auquel  cas  M 
est  <  A.  Donc  M  devenant  inférieur  à  tout  nombre  assignable 
quand  h  positif  tend  vers  0,  M  tend  vers  — c».  De  même,  M 
tendrait  vers  +  oo  si  telle  était  la  valeur  de  la  dérivée  à  droite 
/"(^'(a),  ce  cas  se  ramenant  d'ailleurs  au  précédent  par  le  simple 
changement  de  signe  de  f'{x). 

Si  l'on  remplace  h  par  —  h  dans  la  lormule  (1),  le  théorème 
précédent  est  évidemment  remplacé  par  le  suivant  : 

Quand  h  négatif  tend  vers  0,  la  quantité  M  tend  vers  la  déri- 
vée à  gauche  f'"\a),  finie  ou  infinie,  mais  supposée  existante. 

Unicité  du  développement'.  —  (^uand  /"^"'(a)  est  finie,  la  for- 
mule de  Taylor  exprime  /'(a  4  h)  par  un  développement 

A^  4-  Al  /i  +  Aa/i"  -f  ...  -f  An-ili"-'  +  M/i", 


IIO      CHAPITRE  II.  FORMULE  DE  TAYLOR.  APPLICATIONS 

OÙ  les  A  sont  des  constantes  par  rapport  à  A  et  où  M  est  borné 
quand  h  tend  vers  0. 

Un  tel  développement  n'est  possible  que  d'une  seule  manière, 
donc  par  la  formule  de  Taylor. 

Supposons,  en  effet,  qu'il  y  en  ait  deux  : 

Ao  4-  A,/i  4-  -  -i-  Mh^  =  ao  +  ai/i  H \-  mh'' . 

Nous  allons  montrer  qu'ils  sont  identiques  termes  pour 
termes. 

Faisant  tendre  h  vers  0  et  observant  que  M  et  m  sont  bornés, 
il  vient  d'abord  Ao  —  «o-  Supprimant  ces  termes,  divisant  par  h 
et  faisant  encore  tendre  h  vers  0,  il  vient  A,  =  aj,  etc. 

123.  Reste  de  la  formule  de  Taylor.  —  Le  dernier  terme  de  la 
formule  (1),  lequel  en  a  n  avant  lui,  s'appelle  le  terme  complé- 
mentaire ou  le  reste  de  la  formule  et  il  se  désigne  par  R,j .  La 
formule  (1)  devient  ainsi 

(2)     f{a  +  A)  =  /-(a)  +  A  /•-(«)  +  ..   -f  J}^^  fXn~^)(a)  -|-  R, 

et  nous  avons  une  première  expression  de  lin 

h" 

Nous  savons  seulement  que  M  tend  vers  f^^\à)  quand  h  tend 
vers  0,  et  ceci  ne  suppose  aucune  autre  condition  que  la  seule 
existence  de  f("){a).  Mais  cette  première  expression  ne  nous 
donne  aucun  renseignement  sur  la  grandeur  de  R„  pour  les  va- 
leurs finies  de  h.  Il  y  a  donc  lieu  de  chercher  de  nouvelles 
expressions  de  R„ ,  capables  de  rendre  ce  service. 

Il  faut,  pour  cela,  introduire  de  nouvelles  conditions  plus 
restrictives.  Nous  supposerons  que  /"("~*)(a')  est  continue  dans 
l'intervalle  de  a  k  a  -\-  h  (limites  comprises)  et  que  f('^){x)  est 
seulement  déterminée  dans  cet  intervalle  (limites  exclues). 

Avec  ces  conditions,  on  peut,  comme  nous  allons  le  démon- 
trer, donner  à  Rn  l'expression  suivante,  connue  sous  le  nom  de 
reste  de  Schlômilch  : 


<«>  K»=-iïr^? /'"'(«  +  «'') 


FORMULE  DE  TAYLOR  III 


Dans  celle-ci,  p  est  un  nombre  positif  arbitraire  mais  <  n,  et 

un  nombre  compris  entre  0  et  i. 

Pour  établir  cette  formule,   on  définit  un  nombre  P  par  la 

condition 

APP  =  R„, 

où  R„  est  défini  par  l'équation  (2).   On  fait  a  -\-  h  =  b  q\>  l'on 
considère  la  fonction  de  x  : 

/■(^)  +  ^-  /  W  +  -  +  ^tJt  ^^"~'^(^>  +  {b-x)p^. 

Celle-ci   (qui   est  continue)  prend  la  même  valeur  f{b)  ou 
/■(a  -f  h)  pour  x  =  a&tx  =  b.  Donc  sa  dérivée  (qui  est  existante)  : 

s'annule  au  point  intermédiaire  ç  =  a  +  6/i,  en  vertu  du  théo- 
rème de  Rolle.  De  là,  la  valeur  de  P  : 

^       (n-i)lp'    ^^^  {n-i)\p      '     ^^^'''^^' 

qui  substituée  dans  h^V,  fournit  la  valeur  (3)  de  Rri' 
On  considère  surtout  deux  cas  particuliers  : 
Si  />  «  n,  on  obtient  le  reste  de  Lagrange  : 

n 


I^n=;7j/^")(a  +  e/l). 


Si  p  =^  I,  on  obtient  le  reste  de  Caiichy  : 

^»--      (n_i)!      /"^^Ka  +  eA). 

Lorsque  f{x)  est  indéfiniment  dérivable,  on  peut  se  donner  n 
à  volonté  et,  par  conséquent,  reculer  R^  aussi  loin  qu'on  veut. 
Lorsque  ce  terme  peut  être  rendu  suffisamment  petit  à  condition 
de  prendre  n  assez  grand,  la  formule  de  Taylor  donne  un  pro- 
cédé commode  pour  évaluer  approximativement  les  fonctions. 
Nous  allons  en  voir  des  exemples  un  peu  plus  loin  comme  appli- 
cations de  la  formule  de  Maclaurin. 

Lorsque  le  terme  complémentaire  tend  vers  zéro  quand  n 
tend  vers  l'infini,  on  peut  prolonger  la  formule  indéfiniment  ; 
le  dernier  terme  disparaissant  à  la  limite,  on  obtient  l'expres- 
sion de  f{a  -f  h)  en  série  convergente.  La  question  du  dévelop- 


112      CHAPITRE  II.  FORMULE  DE  TAYLOR.  APPLICATIONS 

pement  des  fonctions  en  série  illimitée  de  Taylor  est  d'une 
extrême  importance,  mais  nous  ne  possédons  pas  encore  les 
ressources  analytiques  nécessaires  pour  la  traiter  commodé- 
ment. Nous  y  reviendrons,  à  la  fin  du  volume,  quand  nous 
aurons  exposé  la  théorie  des  séries. 

124.  Expressions  diverses  de  la  formule  de  Taylor.  —  i°  On  peut 
remplacer  dans  la  formule  (2)  la  variable  h  par  ;v  —  a  ;  l'équa- 
tion devient  ainsi,  en  écrivant  le  reste  de  Lagrange, 

(    t\x)  =  fia)  +  "^  fia)  -\-  ^^^fî^  fia)  +  ... 
(4)  _    '  ^• 

(        +  ^JH^^  f'""-'  («)  +  ^nT^  /"^"^  [a  -h  e  (;x  -  a)]. 

Cette  formule  suppose  fi'^-^x)  continue  de  a  à  5C  et  /"(")(«;) 
déterminée  entre  a  et  a;  seulement. 

2^  On  peut  aussi  remplacer  a  par  x  dans  la  formule  (2),  puis 
faire  passer  /"(«;)  dans  le  premier  membre.  On  trouve,  avec  le 
reste  de  Lagrange, 

fix  -1-  h)  -  fix) = ^  f'ix)-h-  -h  ^^  /■<'^-^)(^)+^  m^ + ^h). 

Supposons  qu'on  prenne  dx  =  h  ;  les  termes  successifs  du 
second  membre  ne  différeront  que  par  les  factorielles  des  diffé- 
rentielles successives  de  fix).  Quant  au  premier  membre,  c'est 
l'accroissement  ^fix)  qui  correspond  à  l'accroissement  arbi- 
traire dx  de  la  variable  x.  La  formule  précédente  peut  donc 
s'écrire  comme  il  suit  : 


(5)  A«.).''û-J  +  <'|p)4-...  +  ^':^  + 


d'^fix) 


n 


x+  bdx. 


Seulement,  dans  le  dernier  terme,  on  doit  remplacer,  ainsi 
que  la  notation  l'indique,  la  variable  ^c  par  x  4-  ^dx.  La  formule 
(5)  donne  l'expression  la  plus  condensée  du  développement  de 
Taylor  et,  comme  on  le  verra,  la  plus  générale. 

125.  Formule  de  Maclaurin.  —  C'est  un  cas  particulier  de 
celle  de  Taylor.  On  pose  a  =  0  et  A  =  ^c  dans  la  formule  (2)  ; 
il  vient 


-1 


fix)  =  /•(o)+  ;-  /-'(o)  +  ^  f '(0)  +  -  +  j^^^:^^  f^--%o)  +  R„ . 


FORMULE  DE  TAYLOR  Il3 


Le  reste  Rn  peut  recevoir  la  forme  de  Schlbmilch  : 

(/i  —  i)\  p    '      ^     ' 
ou  les  formes  particulières  de  Lag-rang-e  et  de  Cauchy  : 

K,.  =  ^,  /■<»)(6.v),      R„ ,.  il^;  _iL_  /-(..^ex). 

Cette  formule  suppose  /("  0(.v)  continue  de  0  à  a;  et  t'W{x)  dé- 
terminée entre  0  et  x.  Le  nombre  0  est  compris  entre  0  et  i. 

Lorsque  les  dérivées  de /"(x)  sont  déterminées  et  continues 
jusqu'à  un  ordre  quelconque,  il  arrive  souvent  que  le  dernier 
terme,  qui  est  seul  inconnu,  peut  être  rendu  aussi  petit  qu'on 
veut  en  donnant  à  n  une  valeur  assez  grande.  Dans  ce  cas,  la 
formule  de  Maclaurin  fournit  un  piocédé  d'évaluation  commode 
de  la  fonction  f{x).  Nous  allons  en  montrer  des  exemples. 

126,  Application  de  la  formule  de  Maclaurin  à  quelques  fonctions 
simples.  —  I.  Exponentielle  e^.  Faisons  /(.v)  =-  e^  dans  la  for- 
mule de  Maclaurin  :  les  dérivées  reproduisant  la  fonction, 
/■W(0)  =  I  et  nous  obtenons,  avec  le  reste  de  J^agrange, 

Quel  que  soit  .v,  ce  reste  tend  vers  0  quand  n  tend  vers  l'in- 
fini, car  x"  :  n!  a  pour  limite  0,  en  vertu  de  l'inégalité  (*) 
n\  >  (Vn)'S  qui  montre  que  la  faetorielle  /»!  croit  infiniment  plus 
vite  que  la  puissance  x^ . 

Pour  .V  =  I,  on  trouve  la  formule  propre  au  calcul  de  e  : 

ù 

"-'+f+n^ i-(7rirî)T+:^r 

Le  dernier  terme  est  <  3  :  /,  !  (puisque  e  est  <  3)  et  devient, 
aussi  petit  que  l'on  veut,  à  condition  de  prendre  n  assez  grand. 


{*)  Multiplions  entre  elles,  lacteur  par  l'acteur,  les  deux  faetorielles  n\ 
où  les  facteurs  seront  rangés  dans  l'ordre  inverse  ;  {n\)^  sera  le  produit  de 
n  facteurs  de  la  forme 

p[n  ~p-\'  i):^n—p-\-p  =  n 
Donc  (/i!)2  est  >  «n  . 

8 


Il4      CHAPITRE  II.  FORMULE  DE  TAYLOR.  APPLICATIONS 

Donc  la  forninle  ])erinet  de  calculer  le  nombre   e  au  degi'é 
d'approximation  que  l'on  désire. 

Remarque.  —  On  tire  de  la  formule  précédente,  en  multipliant 
ses  deux  membres  par  {n  —  i)  !, 

{n  —  r)  !  e  =  nombre  entier  -\ . 

Cette  relation  prouve  que  p  est  irvalionnel,  car,  si  e  était 
rationnel,  il  serait  le  quotient  p  :  q  de  deux  entiers  et  le  pre- 
mier membre  de  la  relation  serait  entier  pour  n  >  q,  tandis  que 
le  second  est  fractionnaire  pour  n  >  3   (donc  a  fortiori  >  e^). 

II.  Exponentielle  A^.  En  changeant  x  en  x  Log  A  dans  la 
formule  précédente,  on  a 

I  (n  —  i)!  ^! 

m.  Fonction  sin  x.  Si  f{x)  =  sin  x,  on  a  (n°  iiy) 

/•(«)(5c)=  sin^x  +  ii-Y- 

Pour  X  =  0,  les  valeurs  de  f{x)  et  de  ses  dérivées  successives 
forment  la  suite  périodique  à  quatre  termes  :  0,  i,0,  —  i  ;  0,  1, 
0,  —  i  ;...  Donc,  si  l'on  suppose  n  =  2A:  4-  i  dans  la  formule  de 
Maclaurin  et  qu'on  y  substitue 

f{^^+%hx)  =  sin    9.V  +  (2/f  -I-  1)  ^    =  (—  i)*  cos  Sa-, 

on  trouve,  en  écrivant  le  reste  de  Lagrange, 

Le  reste  a  pour  limite  0  quand  k  augmente  indéfiniment. 

IV.  Fonction  cos  x.  Si  f{x)  =  cos  x,  on  a  (n°  iry) 

fW{x)  =  (iOsix.-{-  n-\ 

Pour  X  =  0,  les  valeurs  de  f{x)  et  de  ses  dérivées  successives 
forment  la  suite  périodique  à  quatre  termes  :  i,  0,  —  i,  0,  etc. 
Prenons  donc  n  =  ik  dans  la  formule  de  Maclaurin,  et  faisons 
la  substitution 


FORMULE  DE  TAYLOR  Il5 


/•2A(6^)  =  cos  (  G.\--f-2A:- j  =.(~  i)''c'0s9^, 


il  vient,  avec  le  reste  de  Lagrange, 


cos^=i- 


/v2  /v*  yyih — 2  /v2/t 


2!         4!  ^        '         {2k — 2)!      ^        ^    (2A:)! 

Le  reste  a  pour  limite  0  qnaiid  k  augmente  indéfiniment. 

V.  Fonction  Log  (i  +  x).  Prenant  f{x)  =  Log  (i  -\-  x),  on  a 
(n"  119) 

f'ix)  =  — — ,       /•(»)(x)  =  (-  I)"-*  j^-^— ^. 

Log(r  +  X)  =  X  _:-  +  __...  +  (_  i)'^-*-^^^  +  Kn. 
Par  la  formule  de  Lagrange, 

et,  par  celle  de  Caucliy, 

i^n  -  (-  I)  ^  _^  Q^  (^^  _^  Q^  j 

Ces  formules  supposent  toutefois  x  >  —  i,  sinon  les  dérivées 
cesseraient  d'être  déterminées  dans  l'intervalle  {x,  0)  et  la  for- 
mule de  Maclaurin  ne  serait  plus  applicable.  Si  x  est  positif  et 
^  I,  la  formule  de  Lagrange  montre  que  |  E-n  |  est  <  i  :  /i  ;  si 
X  est  négatif  mais  qu'on  ait  x  >  — r>— i,  la  formule  de  Cauchy 
montre  que  |  R„  |  est  <  r":  (i  — r).  Donc,  dans  ces  deux  cas, 
Rn  peut  être  rendu  aussi  petit  qu'on  veut  en  prenant  n  assez 
grand,  et  le  dévelopj)ement  peut  servir  à  calculer  la  fonction. 

VI.  Fonction  (i  +  x)"^.  Formule  du  binôme.  On  a,  dans  ce  cas, 

/■(«)(x)  =  m  (m  —  i) ...  (m  —  n  -f  i)  (i  +  5c)"»-"  ; 
il  vient  donc 

(I  +  «)»•  =  I  +  mx  +  "'(";-')x'+  "'<"-'^<3"'-^x3  +  ... 

n,(m-l)...(m-n+2)^„.. 
1.2  ...  (n  —  i) 

Par  la  formule  de  Lagrange, 

^  m(m-i)...(m-n+i)^.„(^       q^,),„_„ 
i.2...n  ^  '^ 

et,  par  celle  de  Cauchy, 


n—i 


Il6      CHAPITRE  II.  FORMULE  DE  TAYLOR.  APPLICATIOMS 

1.2...  (n  —  i)  ^     '       ^       Vi  +  9a- 

Si  m  est  entier  et  positii"  et  si  l'on  suppose  n  =  m  -|-  i,  le  der- 
nier terme  disparait,  car  le  facteur  {m  —  n  +  i)  s'annule.  On 
retrouve  ainsi  la  formule  du  binôme  de  Newton.  Si  m  est  frac- 
tionnaire ou  négatif,  le  développement  peut  être  poursuivi 
aussi  loin  qu'on  veut,  pourvu  que  x  soit  >  —  i.  Cette  condition 
est  nécessaire  pour  que  la  dérivée  fW{x)  soit  déterminée  dans 
l'intervalle  (0,  x)  quand  n  est  >  m,  de  sorte  que,  si  elle  n'était 
pas  remplie,  la  formule  ne  serait  plus  légitime. 

On  voit,  par  la  formule  de  Lagrange  si  x  >  0,  et  par  celle  de 
Caucliy  si  A"  <  0,  que  R„  tend  vers  0  avec  le  facteur 
m{ni  —  i)...{m  —  ii-^  0  ^n 

1.2...  (71  —  l) 

quand  ii  tend  vers  l'infini,  pourvu  que  la  valeur  absolue  de  x 
soit  <  I.  Kn  effet,  quand  on  change  n  en  n  -\-  i,  ce  facteur  est 
multiplié  par  la  quantité 

m  —  n  /        m\ 

—  X  =  —     I ]x, 

dont  la  valeur  absolue  a  pour  limite  I  x  |  et  devient,  par  consé- 
quent, inférieure  à  un  nombre  positif  k  <  i  à,  partir  d'une  va- 
leur suffisamment  grande  de  n.  Dès  ce  moment,  la  valeur 
absolue  du  facteur  considéré  décroît  plus  rapidement  que  les 
puissances  successives  de  k  et  tend  a  fortiori  vers  0. 

127.  Extension  de  la  formule  de  Taylor  aux  fonctions  rationnelles 
d'une  variable  complexe.  —  Considérons  une  fonction  rationnelle 

P  et  Q  désignant  deux  polynômes  sans  racine  commune.  Si  a 
n'est  pas  racine  de  Q,  la  différence 


/•(-)- 


■/•(a)  H-  ^--^r  (a)  -f  ...  +  ^1^^^  p-^Ka) 


est  une  fonction  rationnelle  de  z  ;  elle  s'annule  ainsi  que  ses 
(n  —  i)  premières  dérivées  pour  z  =  a  ;  donc  elle  admet  z  =  a 
comme  racine  de  degré  n  {n°  121)  et  elle  peut  se  mettre  sous  la 
forme 

(z_-a)- 
n 


^^M, 


FORMULE  DE  TAYLOR  II' 


M  désignant  une  fraction  rationnelle  finie  pour  z  =  a  (n°  121). 
Il  vient  ainsi 

(6)  A2)=^/'(a)+^r(a)+-  ^7^")^/"^"-%)  +  --^^^  M 

et  la  formule  de  Taylor  se  trouve  étendue  au  cas  où  la  variable 
est  complexe. 

De  plus,  pour  ;2  =  a,  on  a  encore  lim  M  =  /(")(«),  car,  en  com- 
parant la  formule  (6)  avec  la  formule  analogue  pour  l'ordre 
n  -f-  I,  où  Mj  sera  l'analogue  de  M,  on  a 

M  =  /*(")(a)  +  ?^M,. 

Remarques.  —  i°  Dans  la  formule  (6),  le  dénominateur  de  la 
fraction  M  est  le  même  que  celui  de  f{z),  car  il  n'y  a  pas  d'autre 
terme  fractionnaire  dans  la  formule. 

2")  Si  f{z)  ou,  plus  généralement,  si  f{z)  :  {z  —  a)"  est  une 
fraction  proprement  dite,  M  est  aussi  une  fraction  proprement 
dite.  En  effet,  divisons  tous  les  termes  de  la  formule  (6)  par 
{z  —  a)";  M  sera  égal  à  une  somme  de  termes  qui  ont  pour 
limite  zéro  et  aura  lui-même  pour  limite  zéro  pour  2  =  00,  ce 
qui  ne  peut  avoir  lieu  que  si  M  est  une  fraction  proprement  dite. 

3°)  Le  développement  de  f{z)  suivant  les  puissances  de  {z  —  a) 
ne  peut  se  faire  que  par  la  formule  (6),  moyennant  la  condition 
relative  à  M,  car  la  démonstration  faite  au  n°  122  s'applique 
aussi  bien  au  cas  actuel. 

128.  Emploi  de  la  méthode  des  coefficients  indéterminés.  Développe- 
ment d'une  fonction  de  fonction.  —  Dans  bien  des  cas,  on  se  propose 
seulement  de  connaître  la  loi  de  formation  des  termes  succes- 
sifs de  la  formule  de  Taylor  et  l'on  ne  s'inquiète  pas  de  l'expres- 
sion du  dernier  terme.  Le  théorème  du  n°  122  qui  établit  l'unicité 
du  développement  permet  alors  de  se  servir  avec  avantage  de 
la  méthode  des  coefficients  indéterminés.  Proposons-nous,  par 
exemple,  de  trouver  le  développement  d'une  fonction  de  fonction. 

Soit  II  =  f{x),  puis  F(u)  une  fonction  composée  de  x  ;  suppo- 
sons connus  les  développements  : 

F(u  +  /f)  —  ¥{u)  =  A,k-{-  A2  k^  -\ h  A„_,  /f"-*  -f  M  k" , 

f{x  +  h)  —  f{x)  -=  a,  /i  -f  a,  h^  -| h  a»-»  A""  '  -\-  m  h"  j 


Il8  CHAPITaE  II.  FOEMUIiE  DE  TAYI,OR.  APPLICATIOIÏS 

nous  allons  en  déduire  celui  de  F  (w  -|-  A)  suivant  les  puissances 
de  h  dans  l'hypothèse  où  Ar  =  f{x  -\-  h)  —  f{x).  Pour  cela,  rem- 
plaçons, dans  le  premier  développement,  k  par  sa  valeur  tirée 
du  second,  il  vient 

F  \f{x  +  h)]-¥  [f{x)]  =  Aj  {a,h  +  a,h'-  +  -^O 

4  A2  (a,/i  +  a,h^  +  ..-y 
+  A3  {a,h  +  a^A^  +  ...y 

-f 

Il  suffit  d'ordonner  par  rapport  aux  puissances  de  h  jusqu'à 
la  {n  —  i)iéme  pour  obtenir  le  résultat  demandé.  Le  dernier 
terme  est  un  polynôme  en  M  et  m  qui  ne  présente  aucun  intérêt 
particulier.    . 

129.  Détermination  des  dérivées  n^èmes  Dérivée  ni«i"«  d'une  fonction 
de  fonction.  —  Le  développement  de  f{x  +  h)  suivant  les  puis- 
sances de  h  et  le  calcul  de  f"\x)  sont  deux  problèmes  équiva- 
lents. En  effet,  cette  dérivée  s'obtient  comme  coefficient  de 
7i":  ni  dans  ce  développement. 

Comme  exemple,  appliquons  le  calcul  du  numéro  précédent 
à  la  détermination  de  la  dérivée  /i*®""®  d'une  fonction  de  fonction 
F(u),  u  étant  égal  à  f{x). 

Le  coefficient  de  h"  dans  le  second  membre  de  la  formule 
qui  termine  le  numéro  précédent,  peut  se  mettre  sous  la  forme 

n 

en  désignant  par  ^a  le  coefficient  de  /i"  dans  l'expression 
(ai/i  +  a^/i-^ +  ...)''. 
La  quantité  §k  se  calculera  donc  par  la  formule  suivante  : 

dans  laquelle  la  sommation  s'étend  à  toutes  les  décompositions 
de  A'  en  une  somme  d'entiers  positifs 

a  -f-  p  +  Y  -f  ...  =  A-, 

satisfaisant,  en  même  temps,  à  la  condition 

a  -f  2.8  -f  Sv  H-  ...  =  n. 


FORMULE  DE  TAYLOR  1 19 


La  dérivée  DS  F(iz)  s'obtiendra  donc  en  multipliant  par  n\  le 
coefficient  de /i".  On  trouve  ainsi,  après  avoir  remplacé  les 
quantités  A  et  a  par  leurs  expressions  sous  forme  de  dérivées, 
la  formule  de  Faa  di  Bruno  ; 

Donc  Pyj  est  un  polynôme  en  Du,  D^u,...  de  dejçré  k  et  de 
poids  n,  c'est-à-dire  que  la  somme  des  indices  de  dérivation  est 
n  dans  chaque  terme.  On  n'obtient  ce  polynôme  sous  forme 
explicite  que  dans  des  cas  particuliers.  (Voir  les  exercices  qui 
suivent). 

Exercices, 

1 .  Dérivée  w'^""*  de  f{e^  )  —  Soient  ^^  =  «  et 

k  ==  ^^+'4  —  e^  =  e^  {e^  —i)  =  e''fh-\ 1-  -  V 

il  faut  chercher  le  coefficient  de  h"  :  n\  dans 

I  1.2 

Comme  k  renferme  k  en  facteur,  h"^  ne  se  trouvera  que  dans  les  n 
premiers  termes.  Le  coefficient  de  à"  :  «!  dans 

V  1.2  y 

s'obtient  en  développant  séparément  ces  exponentielles.  11  sera  de  la 
forme  hme"'^' ,  où  A,n  est  un  coefficient  numérique  : 

Am  =  W*  —  m(m  —  iP -] ^ "  (m  —  2)'" 

1.2 

Donc  le  coefficient  de  h"  :  n\  dans/(M  -f  k)—  f{u)  sera  : 

w,=i  m  ! 

2.  Dérivée  «'*""•  de  «"•**.  —  On  a 

,    ah{2X+h)  ,    a^h^2X-]rhY    , 
I  1.2 


120  CHAPITRE  II.  FORMULE  DE  TAYLOR.  APPLICATIONS 


Cherchant  le  coefficient  de  h"  :  n\,  on  trouve 


.    «(«  — l)(»  — 2)(«  — 3)  ,      ,      ^ 
1.2. 


3.  Dérivée  «'^""^  de  e^ .  —  On  a 


É  ^+/î  —  e^  ==, 


g,     X{X-\-h]  —  I 


=  c^ 


ah 

I r(  I 

X' 


+r+K^To+r+-- 


On  développe  les  puissances  négatives  par  la  formule  du  binôme. 
Alors,  cherchant  le  coefficient  de  h"  :  n\,  on  trouve 

£)«  ^a:-  ^  J: — ^  ^;^    a«  _|_  _  („  _  I  Wa«-i 
;»;2«  L  1 

4.  Dérivée  «'^""^  de/(;t;2).  —  Soit  at^  =  m  ;  on  aura 

•  D''/(a;2)  =  (2;»:)«/('')  («)  +^^^^  {zxy-^-f^-^  {u)  +  - 

Cette  dérivée  s'obtient  en  remplaçant  dans  celle  de  <?«^^  (Exercice  2) 
les  puissances  de  a  par  les  dérivées  successives  de  f{u)  et  en  y  suppri- 
mant le  facteur  e"^".  On  le  justifie  en  observant  que  l'on  a  (n»  129) 

1 

Comme  Vk  est  indépendant  de  /,  on  le  détermine  en  choisissant 
/(m)  =  ef",  auquel  cas  P>i  sera  le  coefficient  de  a'^  e<^". 

5.  Dérivée  «'*"""  de/(  —  ). — Méthode  analogue.  Soit— =«;  on  obtient 


la  dérivée  demandée  au  moyen  de  celle  de  e^ .  Il  faut  supprimer  dans 

a 

celle-ci  (Exercice  3)  le  facteur  e^  et  remplacer  les  puissances  succes- 
sives de  a  par  les  dérivées  successives  de/(«). 

6.  Dérivée  «'^""^  de/(Log  x).  —  Soit  u  =  Log  ;t  ;  si  la  lettre  D  désigne 
des  dérivées  par  rapport  à  m  et  si  l'on  convient  d'effectuer  les  multipli- 
cations algébriquement,  on  a  la  formule  symbolique  : 

r^n/a         ^      mD-i)...(D-«  +  i)/(«) 
D"/(Log;t.')  = 


x*^ 

En  effet,  on  a  d'abord  (no  129) 


VRAIES  VALEURS  121 


(1)  D»/{Logx)  =  llFi/{^){u). 

Faisant,  en  particulier, /(m)  =  e'"*,  ce  qui  ne  change  pas  Pk  , 

(2)  D''e«L'>8a'  =  SP,6  a*  <?<»". 
Mais  on  a,  d'autre  part, 

(3)  D"e^^°e^=  D"x''  =  a{a—i)...  {a  —  n-\- 1)  x^-" 

=  a(a  — i)...(a  — M+i)— . 

Le  second  nombre  de  (i)  se  déduit  de  celui  de  (2),  en  supprimant 
le  facteur  à""  et  en  remplaçant  a^  par  D^/{u).  Si,  au  lieu  de  faire  ce 
changement  dans  (2),  on  le  fait  dans  (3),  on  obtient  la  formule  à 
démontrer, 

§  2.  Vraies  valeurs  des  expressions  indéterminées. 

130.  Définition.  —  Soit  f{x)  une  fonction  de  variable  réelle  qui 
devient  indéterminée  pour  x  =^  a  ;  on  nomme  vraie  valeur  de 
cette  expression  pour  ;x:  =  a  la  limite  vers  laquelle  elle  tend 
quand  x  tend  vers  a.  On  devra  d'ailleurs  spécifier  dans  la  défi- 
nition si  X  tend  vers  a  d'une  manière  quelconque,  ou  bien 
seulement  par  des  valeurs  >  a,  ou  bien  par  des  valeurs  <  a. 

Ainsi,  par  exemple,  la  vraie  valeur  de  sin  x  :  x  pour  x  =  0 
est  I,  et  .X  tend  alors  vers  0  d'une  manière  quelconque.  La  vraie 
valeur  de  xLog  .v  pour  .y  =  0  est  0,  mais  alors  x  tend  vers  0 
en  restant  positif  (la  fonction  n'existant  plus  pour  x  négatif). 

La  définition  de  la  vraie  valeur  s'applique  aussi  aux  fonctions 
rationnelles  d'une  variable  complexe.  Mais,  sauf  le  cas  particu- 
lier qui  va  être  indiqué,  nous  supposerons  dans  tout  ce  qui  suit 
que  la  variable  est  réelle. 

131.  Forme  ^.  —  Cette  forme  se  rencontre  quand  les  deux 
termes  d'une  fraction  f{x)  :  F{x)  sont  des  fonctions  continues 
qui  s'annulent  simultanément  pour  x  =  a.  La  vraie  valeur  se 
détermine  par  l'application  d'une  règle  importante,  connue  sous 
le  nom  de  règle  de  l'Hospital  (*),  et  qui  consiste  à  substituer  au 


(*)  Le  Marciuis  de  l'IIospitiil  n'a  énoncé  cette  règle  que  sous  forme  géo- 
métrique et  dans  le  cas  le  plus  simple  et  il  l'avait  empruntée  à  Jeau 
BernouUi. 


122  CHAPITRE  II.  FORMULE  DE  TAYLOR.  APPLICATIONS 


rapport  des  fonctions  celui  de  leurs  dérivées.  Mais  cette  règle 
peut  être  présentée  sous  deux  formes  différentes  ;  la  première 
est  plus  simple,  mais  la  seconde  se  prête  à  des  extensions  que 
ne  permet  pas  la  première. 

Première  règle.  —  Si  les  deux  fonctions  f{x)  et  F  (a;)  s'an- 
nulent au  point  a  ainsi  que  toutes  leurs  dérivées  successives 
jusqu'à  l'ordre  n  —  i,  si,  de  plus,  les  dérivées  d'ordre  n  existent 
au  point  a  mais  n'y  sont  ni  toutes  deux  nulles  ni  toutes  deux 
infinies,  la  vraie  valeur  (finie  ou  infinie)  de  f{x)  :  F{x)  au  point 
a  sera  f^^^a)  :  F(")(a),  c'est-à-dire  que 

™F(a;)"   F(«)(a)- 

Cette  règle  résulte  de  la  formule  de  Taylor  et  s'applique,  par 
suite,  aussi  aux  fonctions  rationnelles  d'une  variable  complexe. 

Si  l'on  pose  x  =  a  +  /i  et  qu'on  développe  /"(a  +  /i)  et  F(a  +  /i) 
jusqu'à  l'ordre  n,  les  développements  (n°  122)  se  réduisent  à 

f{a  +  /i)  =^  M,  F(a  +  A)  =  ^  M', 

où  M  et  M'  ont  respectivement  pour  limites  les  dérivées  f'^^){a) 
et  F  (")(a)  supposées  existantes  quand  h  tend  vers  0.  Il  s'ensuit 

lim/i^-^l=lim^=i^«i 
™F(a+A)  M'     FW(a)- 

Dans  le  cas  des  variables  réelles,  la  formule  précédente  con- 
serve un  sens,  même  si  les  dérivées  d'ordre  n  sont  différentes  à 
droite  et  à  gauche.  Elle  demeure  vraie  pour  les  dérivées  à 
droite  si  h  est  positif,  et  pour  les  dérivées  à  gauche  si  h  est 
négatif. 

Cette  règle  ne  suppose  aucune  autre  condition  que  celles 
contenues  dans  son  énoncé.  Mais  elle  suppose  a  fini  et  ne  s'étend 
pas  au  cas  où  a  =  oo.  D'autre  part,  si  F  i^){a)  =  0^  elle  montre 
que  la  vraie  valeur  est  infinie,  mais  le  signe  reste  inconnu. 
Enfin  elle  ne  donne  rien  si  les  dérivées  n'existent  pas  au 
point  a. 

La  seconde  règle  exige  des  conditions  plus  délicates  et  s'ap- 
puie sur  la  formule  de  Cauchy  (n°  108), 


VRAIES  VALEURS  I«3 


Deuxième  règle.  —  Si  f{x)  et  F{x),  nuls  au  point  a,  ont  des 
dérivées  f'(x)  et  F '(.y)  dans  le  voisinage  du  point  a,  la  vraie 
valeur  de  f(x):F{x)  au  point  a  sera  la  limite  du  quotient 
f'{x)  :  F'{x)  pour  x  =  a^  pourvu  que  cette  limite  soit  déterminée. 

En  particulier,  si  f'{a)  :  F'(a)  est  encore  de  la  forme  0  :  0,  /a 
vraie  valeur  de  f{x)  :  F{x)  sera  la  même  que  celle  de  f'{x)  :  F'{x) 
supposée  déterminée. 

Cette  règle  subsiste  quand  on  considère  seulement  les  valeurs 
de  X  qui  sont  >  a,  ou  bien  celles  qui  sont  <  a. 

Cette  seconde  règle  est  plus  utile  que  la  première,  parce 
qu'elle  laisse  libre  le  choix  du  procédé  à  suivre  pour  trouver  la 
limite  du  quotient  des  dérivées  :  suppression  de  facteurs  com- 
muns, emploi  de  la  première  règle,  application  répétée  de  la 
seconde,  etc. 

Elle  résulte  immédiatement  de  la  formule  de  Cauchy  (n°  108), 
qui,  /"(a)  et  F(a)  étant  nuls,  se  réduit  à 

F(a-h/ï)     F'(a  +  e/i)     ^"  ^  ^  "^  ^) 

et  il  suffit  d'observer  que  6/i  est  une  même  quantité  dans  les 
deux  termes  de  la  fraction,  qu'elle  a  le  signe  de  h  et  qu'elle 
tend  vers  0  avec  lui. 

Mais  cette  règle  est  soumise  aux  mêmes  conditions  que  la 
formule  de  Cauchy  :  i*>  Les  dérivées  doivent  être  déterminées 
et  finies  au  voisinage  du  point  a  (celui-ci  pouvant  faire  excep- 
tion) ;  2°  le  quotient  f'{x)  :  F'{x)  ne  prend,  quand  x  tend  vers  a, 
qu'un  nombre  limité  de  fois  la  forme  0  :  0  et,  par  conséquent, 
ne  la  prend  plus  à  partir  d'une  valeur  de  x  suffisamment  voisine 
de  a. 

Si  le  quotient  f'{x)  :  F'{x)  n'avait  pas  de  limite  déterminée 
quand  x  tend  vers  a,  il  ne  faudrait  pas  en  conclure  que  la  frac- 
tion proposée  n'en  a  pas,  parce  que  OA  tend  vers  0  suivant  une 
loi  inconnue  dans  la  dernière  équation,  et  cette  loi  peut  être 
telle  que  le  second  membre  ait  une  limite. 

Cas  où  a  =  00.  —  Lorsque  l'existence  des  dérivées  et  les  con- 
ditions précédentes  subsistent  quand  x  augmente  indéfiniment, 
la  seconde  règle  reste  applicable  au  cas  où  a  =  +  <3o  et  au  cas 
où  a  =  —  00.  Ainsi,  dans  le  premier  cas  par  exemple,  ou  a 


124      CHAPITRE  II.  FORMULE  DE  TAYLOR.  APPLICATIONS 


lim-M^lim  ^^^ 


a^=+ooF(^)   x==+o^fl 


X 


On  est  ramené  au  cas  où  a  est  fini.  La  règle  s'applique  et 
donne 


^W       ,.         ^c^^'w 


lim — ^-^=- lim --^— -  =  hm  ',)   [. 

\xj  X^'       \xJ 

132.  Forme -g^.  —  La  règle  de  l'Hospital  (deuxième  règle) 
s'applique  aussi  à  la  détermination  de  la  vraie  valeur  des  frac- 
tions f{x)  :  F{x)  dont  les  deux  termes  croissent  indéfiniment 
en  valeur  absolue,  pour  une  valeur  particulière  a  de  x. 

Cette  règle,  qui  suppose  l'existence  des  dérivées  (sauf  au 
point  a)  reste  toujours  soumise  aux  mêmes  restrictions  :  i°  elle 
conduit  à  un  résultat  déterminé,  fini  ou  infini  ;  2°  les  dérivées 
des  deux  fonctions  sont  finies  et  ne  s'annulent  pas  simulta- 
nément dans  le  voisinage  de  x  ^  a. 

Pour  démontrer  la  règle,  donnons-nous  deux  valeurs  Xo  et  x 
suffisamment  rapprochées  de  a,  pour  que  les  deux  dérivées 
f'{x)  et  F'  {x)  soient  déterminées  dans  leur  intervalle  et  n'aient 
pas  de  racines  communes  (les  deux  valeurs  Xo  et  x  seront  donc 
du  même  côté  du  point  a).  Nous  pourrons  appliquer  la  formule 
de  Cauchy,  et  il  viendra  (^  étant  intermédiaire  entre  Xo  et  x) 

f{x)-f{Xo)  _  f{^  i-f{Xo):f{x)    _/-'(0 
F(a-)  -  F(5Co)      F  (5C)  I  -  F  (Xo)  :  F  (x)     F'  (i)  * 

On  tire  de  là 

f(x)  _  f  (i)  I  -  F(Xo)  ;  F(^) 
F{x)       F'{^)i-f{Xo):f{x)- 

Supposons,  en  premier  lieu,  que /"'(^c)  :  F' (^c)  ait  une  limite 
finie,  A,  pour  x  =  a.  Nous  allons  montrer  que  le  second  mem- 
bre de  cette  équation  peut  être  rendu  aussi  voisin  qu'on  veut 
de  A,  à  condition  que  x  soit  suffisamment  voisin  de  a.  En  effet, 
il  se  compose  d'un  produit  de  deux  fractions  dont  la  première 
est  aussi  voisine  qu'on  veut  de  A,  et  la  seconde  aussi  voisine 
qu'on  veut  de  i.  C'est  ce  que  nous  allons  montrer. 


VKAIES  VAliEUKS  ia5 


D'abord  on  peut  rendre  ^  aussi  voisin  qu'on  veut  de  a,  à  con- 
dition de  prendre  a*o  et  x  suffisamment  voisins  de  a  ;  alors  la 
première  fraction  f'{^)  :  F'(ç)  est  aussi  voisine  qu'on  veut  de  sa 
limite  A.  Par  exemple,  on  peut  rendre  la  différence  <  s. 

Knsuite,  on  peut,  sans  cesser  de  satisfaire  à  cette  condition, 
laisser  Xo  fixe  et  faire  tendre  x  vers  a,  alors  la  seconde  fraction 
a  ses  deux  termes  qui  tendent  vei-s  l'unité,  car  /(a'o)  et  V  (Xo) 
sont  fixes  tandis  que  f{x)  et  F  (x)  sont  infinis.  Donc  la  seconde 
fraction  est  aussi  voisine  qu'on  veut  de  l'unité. 

11  résulte  de  là  que  f{x)  :  F  (x)  a  pour  limite  A  quand  x  tend 
vers  a. 

En  second  lieu,  si  le  rapport  des  dérivées  tend  vers  l'infini, 
la  formule  que  nous  venons  de  discuter  montre  que  /(x)  :  F(x) 
est  aussi  grand  qu'on  veut  avec  f'{^)  :  F'(^).  La  règle  est  encore 
justifiée. 

Hemarques.  —  i")  La  règle  de  l'Hospital  (deuxième  règle) 
reste  applicable  au  cas  où  a  =  oo,  dans  les  mêmes  conditions 
que  pour  la  forme  0  :  0  et  la  démonstration  est  la  même  (n°  i3i). 

2'')  L'application  de  la  règle  de  l'Hospital  au  cas  oo  :  x  peut 
paraître  illusoire,  car,  si  une  fonction  f{x)  devient  infinie  poui" 
une  valeur  finie  a  de  x,  on  sait  que  sa  dérivée  ne  peut  pas  con- 
server une  valeur  finie  quand  x  tend  vers  a  (n''  io6).  Cependant 
cette  règle  est  souvent  utile,  parce  que  le  rapport  des  dérivées 
peut  se  prêter  à  des  transfoi'mations  qui  mettent  sa  vraie  valeur 
en  évidence,  tandis  qu'elles  ne  s'appliquent  pas  au  rapport  des 
fonctions. 

133.  Cas  où  la  seconde  règle  est  en  défaut.  —  LTne  des  conditions 
stipulées  peut  venir  à  manquer  et  l'application  inconsidérée  de 
la  seconde  règle  conduire  à  des  résultats  faux. 

1°)  Le  rapport  des  fonctions  peut  avoir  une  limite  quand  x 
tend  vers  a,  sans  que  celui  des  dérivées  en  ait  une.  Tel  est  le 
cas  pour  les  deux  rapports  suivants,  le  premier  de  la  forme  0  :  0 
et  le  second  de  la  forme  oo  :  oo  : 

.V*  sm  - 

, .  -v       „  ,.      X  —  sinx 

lim  — -     ^     ^  0,  lira  ==  I. 

x:^>     sm  X  x^"         ^ 


126  CHAPITRE  II.  FORMULE  DE  TAYLOR.  APPLICATIONS 

Les  rapports  des  dérivées  ne  tendent  vers  rien,  ce  sont  res- 
pectivement : 

.II 

2x  sin ces  - 

X  X  I  —  COS  X 


COS  X  I 

Toutefois,  si  les  conditions  de  la  seconde  règle  n'ont  pas  lieu, 
celles  de  la  première  sont  satisfaites  pour  le  premier  rapport  : 
les  dérivées  des  deux  termes  sont  0  et  i  pour  .x;  —  0  (n"  99)  et 
leur  quotient  donne  la  vraie  valeur,  0,  de  la  fraction. 

2")  Réciproquement,  le  rapport  des  dérivées  peut  avoir  une 
limite  sans  que  celui  des  fonctions  en  ait  une.  Le  cas  est  plus 
rare,  mais  en  voici  un  exemple.  Le  rapport 

Q-2X  ^Qos  X  -\-  2  sin  x)  _    _^i  -\-  '2tg  X 
e-^(eos  X  -|-  sin  x)  i  -f  tg  5C 

prend  la  forme  0  :  0  quand  ;x;  tend  vers  l'infini.  Sa  vraie  valeur 
est  indéterminée,  car  (i  -f-  2  tg  ^c)  :  (i  -f  tg  a:)  varie  indéfiniment 
de  4-  00  à  —  00.  Au  contraire,  le  rapport  des  deux  dérivées  : 

—  5  e-^  sin  x       5     ^ 
=  — e~"^ 


—  2  e~^sin  X       2 


a  pour  limite  0.  La  règle  est  en  défaut,  parce  que  les  deux  déri- 
vées ont  un  facteur  commun,  sin  x,  qui  s'annule  une  infinité  de 
fois  quand  x  tend  vers  oo. 

134.  Autres  formes  d'indétermination.  —  Les  autres  formes  d'in- 
détermination les  plus  importantes  sont  : 

00  —  00,        0.00     et    0«,     00",     1°°. 

La  première  se  présente  lorsque  les  deux  termes  de  la  diffé- 
rence f{x) — F{x)  augmentent  indéfiniment  pour  a; = a  ;  la  seconde, 
lorsque  des  deux  facteurs  du  produit  f{x).  F  (:x:)  l'un  tend  vers 
zéro  et  l'autre  vers  l'infini.  Ces  deux  formes  se  ramènent  im- 
médiatement à  la  forme  0  :  0  ou  00  :  co,  par  de  simples  transfor- 
mations algébriques,  en  écrivant  ces  expressions  sous  forme  de 
fraction.  Dans  le  premier  cas,  on  pourra  toujours  poser,  par 
exemple, 

Ax)-F(.x-)  =  (-L_^.):(-J^). 
Quant  aux  trois  dernières  formes  d'indétermination,  on  cher- 


VRAIES  VALEURS  I27 


chera  la  vraie  valeur  de  leur  logarithme,  lequel  sera  de  l'une 
des  formes  déjà  examinées.  On  sera  donc  conduit,  dans  tous  les 
cas,  à  appliquer  le  règle  de  riIos])ital. 

135.  Utilisation  de  la  formule  de  Taylor.  —  Dans  la  plupart  des 
cas  où  l'indétermination  ne  disparaît  (ju'après  un  usage  répété 
de  la  règle  de  l'Hospital,  une  application  judicieuse  de  la  for- 
mule de  Taylor  conduira  plus  rapidement  au  résultat  que  la 
règle  en  question.  Ainsi,  quand  la  fonction  <p  (a  -h  /ï)  qui  devient 
indéterminée  pour  h  =  0  est  composée  au  moyen  de  fonctions 
développables  par  la  formule  de  Taylor,  en  substituant  à  ces 
fonctions  ou  à  quelques-unes  d'entre  elles  leur  développement 
suivant  les  puissances  de  h  et  en  poussant  ce  développement 
suffisament  loin,  il  pourra  se  faire,  en  supprimant  les  puissances 
de  h  qui  se  détiuisent,  que  l'indétermination  disparaisse  et  l'on 
obtiendra  la  vraie  valeur  cherchée.  C'est  précisément  ce  que 
nous  avons  fait  (n"  i3i)  pour  établir  la  première  règle. 

Voici  un  exemple.  Si  l'on  remplace  sina:  par 

et  supprime  le  facteur  (îommun  x^,  on  trouve 

,.     X  —  sin.v      ,.     /  1       x^    ,       \      i 

Exercices. 

I.  Forme-.  —  On  a,  x  tendant  vers  zéro, 

..     ^sin(sin;t;)  —  sin- ;r         i 
lim  — 


lim 

^- 

^sina: 

I 

X  — 

sin;ir 

lim 

tgx 

—  X 

2 

X  — 

s\nx 

i;m 

X  — 

tg-r 

i8 


,.     e  —  {^-^xY      e 
lim  - — ^^ —  =  - 


X  2 

—         „  3  lim ; =  - 

x^  5  x^  a 

..     Log{i  +  x-\-x^)  +  Log  {1—X+  x^) 
lim 7— r =  I 

x{e^—  i) 

2.  F^orme  oo  —  co.  —  On  a,  x  tendant  vers  0, 


lim 


—  —  cet-  -^  1  =  r         lim    — — —- T — —  1  = 

\x^  7      3  \.x{i  -\-  x)  x^  j  1 


128  CHAPITRE  II.  FORMULE  DE  TAYLOR.  APPLICATIONS 


f  I        cota;\       I  .      fT.x  —  I    ,  n  \       -n 


3.  Forme  0  :oo. 


lim     ^Log — , —  ^  —  2a  „   1   ^   ^  1 

lim  \iS2x  cotgl  — h  ^  )  =  -•  Hm  log  (2 ]  cotg  —   = 


4 
4.  Formes  d'indétermination  exponentielles 


0°      lim   ;jr^=i  i*     lim  (cos  rt;i;)'=''««<=^«'a^=  g   26.2 


lim         —  arc  tg^r      -=::.  i  lim  (tg;r)'e2^  =  - 

X—— 

4 

cxo       lim   (i  +  ;f)i  =  1  lim  f^-^^  ^'   _ 

a;=4-=o  .T=o  V  ;r  y  ~ 


lim    (— Log;t;)^=i  lim  (cos  aA;) '"^^  =  (  0 

f=+o  -r=o  v^y 

lim  (tg;i?)''"'=-^=i  lim /^-arctg;^' 


5.  Discuter  l'application  de  la  règle  de  l'Hospital  (deuxième  règle) 
aux  exemples  suivants,  dans  lesquels  F'  [x),  dérivée  du  dénomina- 
teur, a  une  infinité  de  racines  : 

lim : =  —  =  4-00 

x=«o  X  —  sin;i;       00 

jj^^ ej^ _2=^i+°o      (0<a<i) 

^=00  ^-^(2  —  sin;tr  — cos;ir)       0        /O     (a  >  i) 

;tr  +  sin  ;ir  cos  ;r  ^        ■    ^, 

lim -7 — , — -. r — r —  =  —  =  indet. 

x=<c{x -\- s\n  X  cos  x)  e^^'^  ^       00 

R.  La  règle  s'applique  au  premier  rapport,  au  second  (seulement  si 
a  >  i).  Elle  ne  s'applique  pas  au  troisième  (elle  conduirait  cependant 
à  un  résultat  déterminé,  0). 

6.  Montrer  que,  si  les  limites  existent  au  second  membre,  on  a 

(Cauchy) 

<iix^ 
lim =   lim  [(f(A'  +  i)  —  t(^)1 

lim    '^{x)è^   liml^). 


MAXIMES  ET  MINIMES  I29 


§  3.  Maximes  et  minimes  (*)  des  fonctions 
d'une  seule  variable. 

136.  Définitions.  —  Si  f{x)  atteint  sa  pins  grande  valeur  dans 
l'intervalle  (A,  B)  en  un  point  a  de  cet  intervalle,  /'(a)  s'appelle 
LE  maxime  de  f{x)  dans  l'intervalle  (A,  B).  De  même,  la  plus 
petite  valeur,  f\b),  serait  le  minime. 

Si  la  valeur  de  f{x)  est  plus  grande  au  point  a  qu'en  tout 
autre  point  suffisamment  voisin,  c'est-à-dire  si  l'on  a,  quel  que 
soit  le  signe  de  h,  sous  la  seule  condition  que  |  h  \  soit  suffi- 
samment petit, 

f{a  +  h)-f{a)<0, 

f{a)  s'appelle  un  maxime  de  la  fonction,  la  fonction  est  maximée 
au  point  a  et  a  est  un  maximant. 

Si  f{x)  est  plus  petite  au  point  a  qu'en  tout  autre  point  suffi- 
samment voisin,  c'est-à-dire  si  l'on  a,  quel  que  soit  le  signe  de 
77  et  sous  la  seule  condition  que  |  h  \  soit  suffisamment  petit, 

/(a-f/ï)-/-(a)>0, 

f{a)  est  UN  minime  de  la  fonction,  celle-ci  est  minimée  au  point 
a  et  a  est  un  minimant. 

Géométriquement,  si  l'on  construit  la  courbe  y  =  f{x).  les 
maximes  et  minimes  correspondront  aux     v 
points  tels  que  M  et  M'  de  la  courbe  (fig.  2), 
où  l'ordonnée  MP  est  plus  grande  et  l'or- 
donnée M'Q  plus  petite  que  les  ordonnées 
suffisamment  voisines. 

Il  importe  de  remarquer  que,   suivant 
ces  définitions,  un  maxime  ou  un  minime  pjg^  2. 

n'est  pas  nécessairement  la  plus  grande  ou  la  plus  petite  valeur 
de  la  fonction  dans  tout  l'intervalle  où  ^c  varie,  mais  seulement 
une  plus  grande  ou  une  plus  petite  valeur  dans  un  intervalle 
suffisamment  petit,  quel  que  réduit  qu'il  faille  le  supposer. 
Rien  n'empêche  donc  qu'une  fonction  ait  plusieurs  maximes  ou 
plusieurs  minimes  dans  un  intervalle  donné. 


(•)  On  dit  aussi  Alaxima  et  Minima.  Nous  suivons  ici  la  terminologie  de 
V Encylopédie  des  Sciences  mathénintiques. 


l3o      CHAPITRE  II.  FORMULE  DE  TAYLOR.  APPLICATIONS 

On  conjugue  les  verbes  maximer  et  minimer.  On  dit  extrémer 
pour  l'un  et  pour  l'autre.  Une  fonction  est  extrémée  si  elle  est 
maximée  ou  minimée.  Un  maxime  ou  un  minime  est  un  ex- 
trême, etc. 

137.  Théorème.  —  Les  seuls  points  où  f{x)  puisse  être  extrêmêe 
sont  ceux  où  sa  dérivée  s'annule  ou  cesse  d'exister. 

C'est  une  conséquence  immédiate  des  remarques  du  n"  102. 
Si  f'{x)  existe  et  n'est  pas  nul,  la  fonction  f{x)  est  croissante 
ou  décroissante  au  point  x  et  acquiert  au  voisinage  de  ce  point 
des  valeurs  plus  grandes  et  des  valeurs  plus  petites  qu'en  ce 
point  :  elle  ne  peut  donc  y  être  extrémée. 

On  remarquera  que  les  points  où  f'{x)  s'annule  sont  ceux  où  la 
tangente  à  la  courbe  y  =  f{x)  est  parallèle  à  l'axe  des  x,  comme 
on  l'a  représenté  dans  la  figure  2. 

Supposons  maintenant  qu'il  s'agisse  de  trouver  les  extrêmes 
d'une  fonction  f{x)  dans  un  intervalle  où  sa  dérivée  première 
existe.  Les  seules  valeurs  de  x  capables  d'extrémer  la  fonction 
seront  les  racines  de  l'équation  f'{x)  =  0.  Soit  a  l'une  d'elles. 
Nous  aurons  par  la  formule  des  accroissements  finis  (0<6<i) 


Aa  +  /.)  -  m  ^  /./(a  +  m)  -  e,.x(«  +  ^^;;)-/» 


Supposons  que  f'{a)  existe  et  soit  différent  de  0. 

Ca  quotient  tend  vers  f  '(a),  quand  h,  donc  ^7?, tend  vers  0  ;  il 
aura  donc  le  signe  de  /""(a)  pourvu  que  h  |  soit  suffisamment 
petit,  même  si  /"'(a)  est  infini.  Donc,  0  et  h^  étant  positifs, 
/(a  +  h)      f{a)  sera  du  signe  de  f"{a).  Il  y  aura  : 

un  maxime  si  f"(a)  <  0,         un  minime  si  /""(a)  >  0. 

Plus  généralement,  supposons  que  la  dérivée  d'ordre  n  exis- 
te au  point  a  et  soit  la  première  qui  ne  s'annule  pas  en  ce  point. 
Développons  f{a  -\-  h)  -  /'(a)  par  la  formule  de  Taylor  jusqu'à 
l'ordre  n.  Tous  les  termes  sont  nuls  sauf  le  dernier,  et  il 
reste  seulement 

n\ 


f(a  +  A)-Aa)  =  ^M, 


où,  comme  on  le  sait  (n°  122),  M  tend  vers  f(^){a)  quand  h  tend 


MAXrWKS  ET  MINIMES  ï3l 


vers  0,  et,  par  suite,  a  le  signe  de  cette  dérivée  pour  |  h  \  assez 
petit,  môme  si  cette  dérivée  est  infinie.  Alors  /*(a  -\-h)  —  /'(a)  a  le 
signe  de  h"  fW{u),  signe  variable  avec  celui  de  h  si  ii  est  impair 
(pas  d'extréraé),  invariable  et  le  même  que  celui  de  f'-"){a)  si  n 
est  pair  (minime  ou  maxime  selon  que  ce  signe  est  -|-  ou  — ). 
De  là,  la  règle  suivante  : 

138.  Première  règle.  —  Pour  trouver  les  extrêmes  d'une  fonc- 
tion continue  f{x)  dans  un  intervalle  où  sa  dérivée  reste  finie, 
on  cherche  les  racines  de  cette  dérivée.  Soit  a  l'une  d'elles.  On 
substitue  cette  racine  dans  les  dérivées  successives  de  f{x)  sup- 
posées existantes  Jusqu'à  ce  qu'on  en  trouve  une  qui  ne  s'annule 
pas  pour  X  =  a.  Si  cette  dérivée  est  d'ordre  impair,  il  n'y  a  pas 
d'extrémé  ;  si  elle  est  d'ordre  pair,  il  y  a  maxime  si  elle  est 
négative,  et  minime  si  elle  est  positive. 

11  n'est  pas  toujours  nécessaire  de  calculer  les  dérivées  se- 
conde, troisième,  etc..  de  f{x)  pour  décider  s'il  y  a  maxime  ou 
minime.  D'autre  part,  la  régie  précédente  ne  s'applique  pas  aux 
points  où  la  dérivée  cesse  d'exister.  Voici  une  autre  règle,  dont 
l'emploi  s'impose  pour  la  discussion  des  cas  où  la  dérivée  est 
discontinue  pour  a-  =  a. 

139.  Deuxième  règle.  —  Soit  /'{x)  une  fonction  ayant  une  dé- 
rivée déterminée  f'{x)  dans  le  voisinage  du  point  a  (le  point  a 
lui-même  pouvant  faire  exception).  Supposons  que  f'{x)  ait, 
dans  le  voisinage  du  point  a,  un  signe  unique  pour  x  <  a,  et 
un  signe  unique  pour  x  >  a.  Faisons  passer  x  par  la  valeur  a 
en  croissant  ;  il  y  aura  :  r"  minime  au  point  a  si  f'{x)  passe  du 
négatif  au  positif  ;  2"  maxime  si  f'{x)  passe  du  positif  au  néga- 
tif ;  5"  ni  maxime  ni  minime  si  f'(x)  ne  change  pas  de  signe. 

En  effet,  f{x)  est  croissant  ou  décroissaut  selon  le  signe  de 
f'{x).  Dans  le  premier  cas,  f{x)  diminue  jusqu'à  ce  que  x  ait 
atteint  la  valeur  a  pour  augmenter  ensuite  ;  dans  le  second, 
f{x)  augmente,  tant  que  x  est  <  a,  pour  décroître  ensuite  ; 
enfin,  dans  le  troisième,  f{.x)  continue  à  croître  ou  bien  continue 
à  décroître  après  que  a:  a  passé  par  la  valeur  a. 

Kemarque.  —  En  principe,  la  première  règle  est  plus  simple 
que  la  seconde,  car  elle  n'exige  que  le  calcul  de  valeurs  parti- 


l32 


CHAPITRE  II.  PORMULE  DE  TAYLOR.  APPLICATIONS 


culières  de  certaines  fonctions,  tandis  qae  la  seconde  demande 
l'étude  de  la  manière  dont  varie  une  fonction,  Cependant,  en 
pratique,  on  rencontre  le  plus  souvent  des  fonctions  bien  con- 
nues dont  le  mode  de  variation  est  familier.  Aussi,  dans  bien 
des  cas  où  la  première  règle  est  applicable,  la  seconde  est 
encore  plus  expéditive. 

140.  Maximes  et  minimes  correspondant  aux  points  de  discontinuité 
de  la  dérivée.  —  Si  f'{x)  devient  discontinue  pour  ;x;  ^  a,  la  se- 
conde règle  indique  qu'il  peut  y  avoir  extrême  de  la  fonction. 
Cela  peut  se  présenter  surtout  de  deux  manières  différentes  : 
i^'  La  dérivée  f'{x)  change  de  signe  en  passant  par  l'infini  quand 
X  passe  par  la  valeur  de  a.  Supposons, 
par  exemple,  que  f'(x)  passe  du  positif  au 
négatif  ;  la  courbe  y  =  f{x)  affecte,  dans 
le  voisinage  de  x  =  a,  l'allure  de  la  courbe 
AB  dans  le  voisinage  du  point  M  (fig.  3). 
Le  point  M  s'appelle  un  point  de  rebrous- 
sement  et  l'on  voit  sur  la  figure  que  l'or- 
J^^ë-  "J"  donné  MP  est  un  maxime.   2"  La  dérivée 

saute  brusquement  d'une  valeur  à  une  autre  valeur  de  signe 
contraire.  Supposons  que  ce  soit  d'une  valeur  négative  à  une 
valeur  positive  ;  la  courbe  y  =  f{x)  affecte  alors,  dans  le  voi- 
sinage de  ;x;  =  a,  l'allure  de  la  courbe  AB  au  point  M'  (fig.  3). 
En  ce  point  la  tangente  passe  brusquement  d'une  inclinaison  à 
une  autre,  de  sorte  qu'en  réalité  deux  courbes  viennent  se  réu- 
nir en  M'  sous  une  inclinaison  différente.  Le  point  M'  est  ce 
qu'on  appelle  un  point  saillant  et  l'on  reconnaît  sur  la  figure 
que  l'ordonnée  M'Q  est  effectivement  minimée. 

Exercices. 

I.  Maximes  et  minimes  d'un  polynôme.  Soit  le  polynôme 

f{x)  =  Ao^'"+  Al  x""-^  +  ••• 

On  trouve  ses  extrêmes  en  étudiant  les  changements  de  signes  de 
sa  dérivée  (règle  II).  Soient  a^,  a^,...  les  racines  réelles  de  degré  impair 
àe  f  {x)  rangées  par  ordre  de  grandeur  décroissante.  On  aura 

f  {x)  =  m  Aox'--'  +  ■■  =  P^o{x-a,t'  {x-a^i\.,  ^{x)  ; 
les  lettres  X  désigneront  des  entiers  impairs  et  i^{x)  sera  nul  ou  positif. 


MAXIMES  ET  MINIMES  l33 


Supposons  Ao  >  0  ;  pour  x  =  +<», /'(;»;)  est  égal  à  -|-  oo,  ensuite /'(;r) 
change  de  signe  chaque  fois  que  x  passe  en  décroissant  par  i\ne  des 
valeurs  «i,  a^,...  Donc/(ai)  est  un  minime, /(ag)  un  maxime,  et  ainsi 
de  suite  alternativement.  Si  Ao  était  négatif,  l'ordre  serait  inverse. 

2.  Maximes  et  minimes  d'une  fraction  rationnelle.  Soit /(;*;)  =  P  :  Q.  Il  faut 
étudier  les  changements  de  signes  de  la  dérivée  (P'Q  —  PQ')  :  Q^  ou,  ce 
qui  revient  au  même,  ceux  du  polynôme  P'Q  —  PQ'.  On  opère  donc 
comme  dans  l'exercice  (i).  Les  racines  réelles  d'ordre  impair  de  ce 
polynôme  rangées  par  ordre  de  grandeur  décroissante  donneront 
alternativement  :  1°  des  minimes  et  des  maximes  si  ce  polynôme  a  son 
premier  terme  affecté  d'un  coefficient  positif  ;  2°  des  maximes  et  des 
minimes  si  ce  coefficient  est  négatif.  11  peut  arriver  qu'une  racine  de 
degré  impair  de  P'Q  —  PQ'  soit  en  même  temps  racine  de  Q.  Dans 
ce  cas,  c'est  une  racine  de  degré  pair  de  Q  et  elle  rend/(Ar)  infinie 
positive  ou  infinie  négative,  mais  il  n'y  a  pas  d'inconvénient  à  consi- 
dérer, par  extension,  une  valeur  semblable  comme  un  maxime  ou 
comme  un  minime  de  la  fonction. 

3.  Maxime  et  minime  de  x'^  —  2x^  +  i- 

R.  La  dérivée  a  deux  racines  simples  :  |^(minimant)etO(maximant). 

4.  Maxime  et  minime  de  — — — . 

x'^  -Y  X  —  I 

R.  L'expression  P'Q  —  PQ'  a  deux  racines  simples  :  2  (minimant) 
et  0  (maximant). 

5.  Maxime  de  (a  +  xf  {a  —  xY ,  <t  q,^ '^  >  0. 

6.  Maxime  de  ^^  (R.  x  =  e)  ;  à^  x^n ,-x''-(vi,  ^  ^  \/—\ 

7.  Maximes  et  minimes  de  e^  sin  x. 

R.  ;ir  =  2^7r (minimant),  Ar=  (2^  +  i)u (maximant). 

4  4 

8.  Montrer  que  la  fonction  (4  cos  x  -}-  cos  2x)  est  maximée  ou  mini- 
mée  en  même  temps  que  cos  x. 

R.  On  a /'(;!;)  =  —  4  sin  ;tr  (i  +  cos  ;v).  Les  changements  de  signes 
de/'{x)  sont  les  mêmes  que  ceux  de  —  sin  x  =  D  cos  x. 

g.  Avec  trois  côtés  égaux  former  un  trapèze  d'aire  maximée. 

R.  Soit  (f  l'angle  à  la  base  du  trapèze.  Il  faut  maximer  la  fonction 

sin  !f  (i  +  cos  f  )  =  4  sin  -  cos^  -,  d'où  <f  =  ôo».  Le  trapèze  est  formé 

par  trois  côtés  et  la  diagonale  d'un  hexagone  inscrit. 

ïo.  Trouver  sur  une  droite  donnée  OX  un  point  P  tel  que  la  somme 
de  ses  distances  à  deux  points  donnés  A  et  B  soit  minimée. 


l34  CHAPITRE  II.  FORMULE  DE  TAYLOR.  APPLICATIONS 

R.  Les  deux  droites  AP  et  BP  doivent  être  également  inclinées 
sur  OX. 

11.  Etant  donné  un  cône  droit,  on  demande  de  le  couper,  parallèle- 
ment à  la  génératrice,  par  un  plan  tel  que  le  segment  parabolique 
résultant  soit  le  plus  grand  possible. 

R.  Soient  a  le  rayon  de  la  base  du  cône,  x  la  portion  de  ce  rayon 
entre  la  génératrice  et  le  plan  sécant.  On  trouve  x  =  a  :  2. 

12.  Dans  un  levier  du  second  genre,  pesant  et  homogène,  quel  doit 
être  le  bras  de  levier  x  de  la  puissance  Q,  pour  que  celle-ci  soit  mini- 
mée,  le  moment  M  de  la  résistance  étant  donné  ? 

R.  Soit  g  le  poids  de  l'unité  de  longueur  du  levier.  On  trouve  gx^=^ 

i3.  Dans  quel  système  de  logarithmes  peut-il  exister  un  nombre 
égal  à  son  logarithme  ? 

R.  Soit  a  le  base  du  système.  Il  faut  que  x  —  loga  x  puisse  s'annuler 
et,  pour  cela,  que  son  minime  soit  négatif.  Ce  minime  a  lieu  pour 
X  ■=  Loga  e.  La  condition  que  le  minime  soit  négatif  donne 

i_ 

a  <  e^  <  1,444667... 

§  4.  Décomposition  d'une  fraction  rationnelle 
en  fractions  simples. 

141.  Objet  de  cette  décomposition.  —  On  appelle  fraction  simple 
une  fraction  dont  le  numérateur  est  une  constante,  et  le  déno- 
minateur une  simple  puissance  d'un  binôme  telle  que  (2  —  a)". 
Nous  allons  montrer,  en  nous  servant  du  développement  d'une 
fraction  rationnelle  par  la  formule  de  Taylor,  que  toute  frac- 
tion rationnelle  peut  se  décomposer  en  un  jpolynome  entier  et 
une  somme  de  fractions  simples.  Nous  verrons  i^lus  tard,  dans 
le  calcul  intégral,  toute  l'importance  de  cette  décomposition. 

142.  Formule  de  décomposition.  —  Soit  à  décomposer  la  frac- 
tion rationnelle 

Si  ce  n'était  pas  une  fraction  proprement  dite,  en  effectuant 
la  division,  on  la  décomposerait  en  un  polynôme  entier  et  une 
fraction  proprement  dite.  Nous  admettrons  donc  que  cette 
oi^ération  ait  été  faite  et  que  f{z)  soit  de  degré  moindre  que  F(s). 

Soient  a,b,...  l  les  racines  réelles  ou  complexes  de  F(2);  o.,^,.., 
)>  leurs  degrés  de  multiplicité  respectifs.  On  a 


DÉCOMPOSITION  EN  FRACTIONS  SIMPLES  l35 


Fi(2)  ayant  toutes  les  mêmes  racines  que  F(s)  sauf  la  .racine  a. 
La  fraction  f{z)  :  Fi(s),  n'étant  plus  infinie  pour  z  -^  a,  peut  se 
développer  par  la  formule  de  Taylor  (n"  127)  sous  la  forme 

(1)     -M.  ^  Ao-i-A,  (z-a)+-.+Aa_,(z-a)«-^+M,(^-a)«, 
d'où,  en  divisant  par  {z  —  a)"  , 

^^>        F{z)-{z-ay^{z-ay-'^      ^z-a^''^' 

Le  dernier  terme  Mj  est,  comme  on  le  sait  (n°  127),  une  frac- 
tion proprement  dite  ayant  pour  dénominateur  F  1(2).  Les  ter- 
mes précédents  sont  des  fractions  simples.  On  est  ainsi  ramené 
à  décomposer  la  fraction 

M  ^AM. 

Pour  cela,  on  recommence  la  même  opération.  On  pose 

F,{z)  =  (z-bYF,{z), 

de  sorte  que  F^iz)  admet  les  mêmes  racines  que  F  (s)  sauf  les 
deux  racines  a  et  b.  En  développant  /,  :  F,  suivant  les  puis 
sauces  de  {z  —  b)  et  en  divisant  par  (2  —  b)" ,  il  vient 

et  on  est  amené  à  décomposer  la  fraction  rationnelle  Mg,  qui  a 
pour  dénominateur  Fo{z). 

On  continue  ainsi  de  suite  de  manière  à  épuiser  toutes  les 
racines  de  F  (2).  Quand  on  arrive  à  la  dernière,  il  n'y  a  plus 
qu'à  décomposer  une  fraction  proprement  dite  de  la  forme 

(2  -  /) 

et  l'opération  s'arrête,  car,  après  avoir  développé  le  polynôme 
cp  (2)  de  degré  <  À  suivant  les  puissances  de  2  —  /,  on  trouve 

sans  nouveau  terme  complémentaire. 


l36  CHAPITRE  TI.  FORMULE  DE  TAYLOIl.  APPLICATIONS 


Substituons  maintenant,  de  proche  en  proche,  dans  l'équa- 
tion (1)  les  développements  de  Mj,  Mg,...  M,  nous  trouverons  la 
formule  de  décomposition  de  f{z)  :  F(z)  en  fractions  simples  : 

f(z)  _      Aq  a, ,    Aa_, 

F  (z)      {z -  a)«  "*"  {z  -  ay-^  ^""  ^  ^^=1^ 

Bo        ,  B,  Bs-i 

^  (^z-b)^  ^  {z-bf''  ^  '  ^  z-b 

+  ••• 

(^z  —  lf^{z  —  l)^-'  ^z  —  l 

143. Unicité  du  développement.  Valeurs  des  coefficients.  —  Le  déve- 
loppement que  nous  venons  d'écrire  n'est  possible  que  d'une 
seule  manière,  et  ses  coefficients  peuvent  se  déterminer  sous 
forme  de  dérivées. 

Pour  le  montrer,  définissons  la  fonction  A{z)  comme  il  suit  : 

Mz)  =  (z  —  aY^^ 

et  multiplions  la  formule  de  décomposition  par  (0  —  a)«  ;  elle 
prend  la  forme 

A(2)  =  Ao  +  Al  (s  —  a)  H 1-  Aa_i  {z  —  a)*-^  +  M  (0  —  a)« , 

M  gardant  une  valeur  finie  pour  z  =  a.  Donc  les  coefficients 
sont  ceux  de  la  formule  de  Taylor  et  nous  avons 

I  !  2  !  *  (a  —  i)  ! 

De  même,  en  posant  B{z)  ^  {z  —  b)^-^^  ,  nous  avons 

et  ainsi  de  suite. 

Ces  formules  peuvent  servir  à  la  détermination  pratique  des 
coefficients.  On  peut  employer  aussi  d'autres  méthodes  que  nous 
allons  indiquer. 

144.  Autres  méthodes  pour  calculer  les  coefficients.  —  i"  Méthode 
des  coefficients  indéterminés.  On  pose  a  priori  la  formule  de 
décomposition,  dont  la  forme  est  connue,  en  laissant  les  numé- 


DÉCOMPOSITION  EN  FRACTIONS  SIMPLES  iSy 


rateurs  indéterminés.  On  chasse  ensuite  les  dénominateurs  en 
multipliant  les  deux  membres  par  F{z).  En  égalant  les  coeffi- 
cients des  mêmes  puissances  de  z,  on  forme  un  système  d'équa- 
tions linéaires  qui  détermine  les  coefficients  inconnus. 

2°  Méthode  de  dérivations  successives.  Soit,  par  exemple,  à  dé- 
terminer les  coefficients  A.  Si  l'on  multiplie  l'équation  (1)  du 
n°  142  par  F  1(2),  qui  est  égal  à  F  (z)  :  (2  —  a)"' ,  il  vient 

A2)-Fj(2)[Ao-fAi(z-a)+...  +  A^_^(2-a)='-*J=(2-a)«M,F,(2), 

d'où  l'on  conclut  que  le  polynôme  du  premier  membre  admet  la 
racine  a  au  degré  a.  Donc  il  s'annule  pour  2  =  a  ainsi  que  ses 
(a  —  i)  premières  dérivées.  En  le  dérivant  (a  —  i)  fois  et  en  ex- 
primant que  ces  conditions  sont  satisfaites,  on  obtient  suc- 
cessivement 

/•(a)-F,  (a)Ao  =  0, 
/•'(a)-F:(a)Ao-F,(a)Ai  =  0, 
f"{a)  -  F['{a)  Ao  -  2F;(a)A,  —  2F,(a)A2  =  0, 

et  ainsi  de  suite.  C'est  un  système  d'équations  récurrentes  qui 
déterminent  de  proche  en  proche  Ao,  A,,  Ag,.,. 

3°  On  peut  arriver  autrement  au  même  système  d'équations. 
On  remplace  z  par  a  +  A  dans  le  polynôme  que  l'on  vient  de 
dériver  successivement,  ce  qui  donne 


f(a  +  h)-¥,{a-\-h) 


Ao  -f-  A,h  +  ...  +  A      h"  ' 

<X—i 


puis  on  ordonne  suivant  les  puissances  de  h  jusque  h'^-^.  Eu 
exprimant  alors  que  les  coefficients  de  toutes  ces  puissances 
sont  nuls,  on  retrouve  le  système  d'équations  qui  précède.  Ce 
sont  ces  derniers  calculs  qui  seront  ordinairement  les  plus 
rapides.  Ils  reviennent  à  effectuer  la  division  de  f{a-\-h)  par 
F, (a  +  A)  en  ordonnant  suivant  les  puissances  croissantes  de  h. 

145.  Cas  des  racines  simples.  Formule  de  Lagrange.  —  Lorsque 
toutes  les  racines  de  F{z)  sont  simples,  le  développement  en 
fractions  simples  se  réduit  à 

f{z)  A      .   _B__^    _^     L 


F{z)    z-a^z-b^'"^j^:rr 


l38  CHAPITRE  II.  FORMULE  DE  TAYLOR.  APPLICATIONS 


Les  coefficients  A,  B...,  se  déterminent  alors  par  les  formules 

*-'™        F(2)  F  (a)'     '^       F'(b)'- 

que  l'on  trouve  par  la  règle  de  l'Hospital  dans  le  cas  où  elle 
s'applique  aux  variables  complexes.  La  fornuile  de  décomposi- 
sition  est  donc  la  suivante  : 

f{z)        /'(a)       I       ,/(_^l_i        , 

1    T,T(/K\  *         ;,!••• 


F(^)  '   F  (a)  2  —  a  '  F'{b)  z  —  b 

La  formule  de  Lagrange  n'est  qu'une  transfonnation  de  la 
précédente.  On  fait  les  substitutions  : 

Y{z)=={z-ii){z-b).^.{z-l), 
F'(a)  =  (a-6)(a-c)...(a-/), 
Y'{b)=^{b-ii){b-c)...{b-l), 


et  l'on  multiplie  par  F  (2)  ;  il  vient 

ÎK-)  -  î^à)  ^^_^^  ^^_^^      (a_/)-^-M^;  (f,_a)-("5_c) ...  (6-/)  ^ 

Cette  formule  s'appelle  la  formule  d'interpolation  de  La- 
grange. On  s'en  sert  pour  construire  la  fonction  f{z),  entière,  de 
degré  <  n,  qui  prend  n  valeurs  données  /(a),  f{b),...  pour  n 
valeurs  données  a,  b,...  l  de  z. 


CHAPITRE  III. 


Fonctions  explicites  de  plusieurs  variables. 


§  1 .  Dérivées  partielles  et  différentielles  partielles 
ou  totales  des  fonctions  de  deux  variables. 

146.  Dérivées  et  différentielles  partielles.  —  Soit  u  ==  f{x,  y)  une 
fonction  continue  et  univoque  de  deux  variables  indépendantes 
.V  et  y.  Si  l'on  attribue  à  y  une  valeur  constante  et  qu'on  fasse 
varier  x,  ii  devient  ane  fonction  continue  de  a'  seul.  Si  elle 
admet  une  dérivée,  celle-ci  se  nomme  la  dérivée  partielle  de  u 
par  rapport  à  x.  Cette  dérivée  partielle  est  ainsi,  par  définition, 
la  limite  du  rapport 

f{x  +  ^x,  y)  —  f(x,  y) 

^x 

quand  la  différence  ^x  tend  vers  0.  On  la  représente  par  l'une 
ou  l'autre  des  notations  suivantes  : 

Ux,y),      Jyœf{x,y)     ou     D,«,         ^fl^ou^. 

ox  ax 

De  même,  en  regardant  x  comme  constant  et  y  comme  va- 
riable, on  forme  le  rapport 

f{x,  y  -f  Ay)  —  f{x,  y) 

Si  celui-ci  tend  vers  une  limite  quand  ^y  tend  vers  zéro, 
cette  limite  est  la  dérivée  partielle  de  u  par  rapport  à  y  et  se 
représente  par  les  symboles,  analogues  aux  précédents  : 

f'vix,  y),         I),f{x,  y),         ^^^^. 

Les  différentielles  partielles  d^u,  dyii  sont,  par  définition, 
les  produits  : 

da:U  =^;^^.  dyU  =^^r. 


l4o      CHAPITRE  m.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES 

des  dérivées  iDartielles  en  a-  et  en  y  par  les  différences  arbi- 
traires Ax  et  Ay  des  variables  correspondantes. 

147.  Différentielle  totale,  —  Rappelons  d'abord  les  définitions 
qui  ont  été  données  pour  une  fonction  u  d'une  seule  variable  x. 
Cette  fonction  est  différentmble  si  son  accroissement  Au  peut  se 
mettre  sous  la  forme 

Au  =  A  Ax  +  e  Aoc, 

où  A  est  indépendant  de  Aa;  et  e  infiniment  petit  avec  Aa% 
auquel  cas  sa  différentielle,  du,  est  la  partie,  A  Ax,  de  Au  qui  est 
simplement  proportionnelle  à  \x. 

Ces  définitions  s'étendent  tout  naturellement  aux  fonctions 
de  plusieurs  variables. 

Considérons  une  fonction  u  de  deux  variables  qui  reçoivent 
respectivement  les  accroissemenls  Aoc  et  Ay,  et  posons,  pour 
abréger  l'écriture, 

p  ==  I  A.X  I  +  I  Ay  1  . 

Nous  dirons  que  u  est  différentiable  au  point  x,  y  si  u  est 
bien  déterminée  aux  environs  de  ce  point  et  si  son  accroissement 
Au  peut  se  décomposer  en  deux  parties  comme  il  suit  : 

(1)  Au  =  (A  Ajc  +  B  Ay)  +  ep, 

A,  B  étant  indépendants  de  ^x  et  Ay,  et  e  infiniment  petit  avec  p. 
Il  est  clair  d'ailleurs  qu'il  est  indifférent  d'écrire  ep  ou 

e'Ajc  4-  e"Ay, 

pourvu  que  e'  et  e"  tendent  vers  0  quand  ^x  et  Ay  tendent  vers  0 
d'une  manière  quelconque. 

Quand  u  est  différentiable,  la  partie  de  Au  qui  est  simplement 
linéaire  en  iix  et  Ay  s'appelle  la  différentielle  totale  de  u  et  se 
représente  par  du.  On  a  donc 

du  =  A  Aat  4-  B  Ay. 

Théorème.  —  La  différentielle  totale  d'une  fonction  différen- 
tiable de  deucc  variables  est  la  somme  de  ses  deux  différentielles 
partielles. 

En  effet,  posant  Ay  =  0  dans  (1),  puis  faisant  tendre  ^x 
vers  0,  on  en  conclut 


DÉRIVÉES  ET  DIFFÉRENTIELLES  PARTIET.LES  ET  TOTALES    l4l 

..      ^u      du        .  ,        -.  du      -, 

lim -r —  =  ^r-=A;        de  même,       -^-~=B. 

Ax      ax  oy 

Par  conséquent, 

(2)  du  =  ^^  Aa:  +  ^^  Ay  =  d^  w  +  ^/j,  u. 

Ceci  montre  que  les  dérivées  partielles  de  u  sont  finies  et  dé- 
terminées en  tout  point  où  u  est  différentiable,  mais  la  réci- 
proque n'est  pas  toujours  vraie. 

Si  l'on  fait  u  =  x,  ow.  u  =  y,  dans  (2),  il  vient 

dx  =  Ax,         dy  =  Ay, 
et,  en  substituant  ces  valeurs  dans  (2),  il  vient 

(3)  du=^ldx-\-^^^dy. 

La  comparaison  des  équations  (2)  et  (3)  appelle  une  remarque 
analogue  à  celle  qui  a  été  faite  dans  le  cas  des  fonctions  d'une 
seule  variable  (n°  98).  L'équation  (3)  est,  comme  nous  le  verrons, 
plus  générale  que  (2).  Celle-ci  suppose  les  variables  x  et  y 
indépendantes,  tandis  que  l'équation  (3)  n'est  pas  soumise  à 
cette  restriction. 

Il  est  essentiel  de  remarquer  que,  la  fonction  u  étant  diffé- 
rentiable au  point  (x,  y),  l'expression  (1)  de  l'accroissement  Au 
prend  maintenant  la  forme  * 

^^^  ^"  =  ^  ^^  +  ^  ^r  +  ep  -  c?«  +  ep. 

Les  équations  (1)  ou  (4)  mettent  d'ailleurs  en  évidence  que 
A«  tend  vers  0  avec  p  (donc  avec  A^c  et  A3')  ;  d'où  la  proposition 
importante  :  Une  fonction  est  continue  en  tout  point  où  elle  est 
différentiable. 

148.  Théorème.  —  Une  fonction  ne  peut  cesser  d'être  différen- 
tiable que  si  ses  dérivées  partielles  cessent  d'être  continues. 

Sous  une  forme  plus  précise  : 

La  fonction  u  =  f{x,  y)  sera  différentiable  au  point  M  {x,  y),  si 
f'y  est  finie  et  déterminée  au  point  M,  fx  déterminée  dans  les 
environs  du  point  et,  déplus,  continue  au  point  M  (ou  vice- 
versaj. 


1^2      CHAPITRE  III.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS   VARIABLES 

Décomposons  la  différence  A/"  en  une  somme  de  deux  autres 
différences  : 

L/'{A-  +  àx,  y  4-  Ay)  -  f{x,  y  +  ^y)]  +  [f{x,  y  +  ^y)  -  f{x,  y)] 

Désignons  par  e',  e"  des  quantités  cxui  tendent  vers  0  avec  les  A. 
Nous  avons  d'abord 

f{x,  y  +  ày)  —  f{x,  y)  =  f^x,  y)^y  -h  e'Ay, 

parce  que  f,j{x,  y)  existe  et  est  finie  ;  ensuite,  par  la  formule 
des  accroissements  finis, 

f{x  -I-  ^x,  y  4-  Ay)  —  f{x,  y  +  Ay)  =  ^xtUx  +  9A.r,  y  +  ^y) 

=  /"k^.  y)^x  +  ^"^x, 

parce  que  f^  est  déterminée  aux  environs  de  M  et  continue  en 
ce  point.  Substituant  cela  dans  l'expression  de  A/',  elle  devient 

A/^  f'a,^x  -f  flAy  -f  e"A.v  +  B'^y. 

Comme  e"AA'  +  e'Aj*  est  de  la  forme  ep,  car  ]  ^x  \  et  |  Ay  | 
sont  <:  p,  cette  relation  est  de  la  forme  (1),  ce  qui  prouve  la 
proposition . 

149.  Remarque,  —  Les  conditions  énoncées  dans  le  théorème 
précédent  et,  en  particulier,  l'existence  des  dérivées  aux  envi- 
rons du  point  M,  ne  sont  nullement  nécessaires  pour  que  la 
fonction  soit  différentlable  en  ce  point.  On  peut  d'ailleurs  donner 
une  expression  assez  simple  de  la  condition  nécessaire  et  suffi- 
sante pour  cela.  A  cet  effet,  désignons,  en  général,  par  Aa^cp  et 
Ayco  les  accroissements  d'une  fonction  'f{x,  y)  provenant  respec- 
tivement des  accroissements  A.x  seul  et  Ay  seul.  Si  l'on  donne 
successivement  ces  accroissements  à  x  puis  à  y,  f{x,  y)  devient 
successivement 

(i  +  A^)/;     puis    (i  +  A,,)  (1  -h  A^)/-^  (I  +  A)/'. 

D'où  la  relation 

Mais,  si  /'est  différentiable,  les  dérivées  partielles  sont  exis- 
tantes et  finies,  on  a  donc 


DÉRIVÉES  ET  DIFFÉRENTIELLES  PARTIELLES  ET  TOTALES    1^3 


Dona  la  comlitioli  nécessaire  et  suffisante  pour  que  f'{x,  y) 
soit  différent iable  en  un  point  (x,  y)  où  ses  deux  dérivées  jtar- 
tielles  sont  finies  et  déterminées,  est  que  la  différence  seconde 
A.r  Ay/*sot7  infiniment  petite  par  rapport  à  p. 

150.  Dérivée  et  différentielle  d'une  fonction  composée  d'une  seule 
variable  indépendante.  —  Soit  u  ==  f(x,  y)  une  fonction  différen- 
tiable  an  point  ^c,  y.  Remplaçons-y  x  et  y  par  deux  fonctions 
d'une  variable  indépendante  unique  t,  différent iables  au  point  t. 
Nous  obtenons  ainsi  une  fonction  composée  de  t.  Pour  calculer 
sa  dérivée  au  point  t,  remarquons  que  la  formule  (4)  subsiste 
indépendamment  de  toute  hypothèse  sur  les  accroissements  ùix 
et  Ay,  de  sorte  que  nous  pouvons  admettre  qu'ils  correspondent 
à  l'accroissement  ^t.  Divisons  alors  la  formule  (4)  par  A/,  il 
vient  (en  écrivant  f  au  lieu  de  u) 

^f{x,y)_^f  ^x  ,  âf  ^y  ^^  ? 


M  âx  M     '  ây    M     '      Af 

Faisons  tendre  Af  et  avec  lui  ^x,  Ar,  e  et  p  vers  0  ;  il  vient, 
à  la  limite,  vu  nos  hypothèses  au  point  t,  en  vertu  desquelles 
A.v  :  Af,  Ar  :  Af  et  p  :  Af  ont  des  limites  finies, 

dfix,y)  ^  df  dx      df  dy 
dt       '    dx  dt  '^  dy  df 

Donc,  si  f{x,  y)  est  différent  iable,  et  si  x,  y  sont  des  fondions 
différentiables  de  t,  la  dérivée  de  f  par  rapport  à  t  est  la  somme 
des  dérivées  partielles  de  f  par  rapport  à  x  et  y  respectivement 
multipliées  par  les  déi-ivées  de  x  et  y  par  rapport  à  t.  C'est  la 
règle  de  dérivation  des  fonctions  composées. 

En  multipliant  cette  formule  par  dt,  on  obtient  la  différen- 
tielle de  f{x,  y),  à  savoir 

D'où  le  théorème  suivant  : 

Si  f{x,  y)  est  différentiable  et  si  x  et  y  sont  deux  fonctions 
différentiables  d'une  même  variable  i,  la  différentielle  de  f{x,  y) 
considérée  comme  fonctions  de  f,  s'exprime  au  moyen  de  x,  y, 
dx  et  dy,  par  la  différentielle  totale  de  f(x,  y)  comme  si  les  va- 
riables x  et  y  étaient  indépendantes. 


l44      CHAPITRE  m.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES 

Remarque.  —  Le  théorème  général  que  nous  venons  d'énon- 
cer renferme,  comme  cas  particuliers,  les  règles  de  dérivation 
d'une  somme,  d'un  produit  et  d'un  quotient  que  nous  avons 
démontrées  séparément  au  chapitre  P'"  (n°  96).  On  vérifie,  en 
effet,  immédiatement  que  les  seconds  membres  des  formules  : 
d{u  -\-v)  =  du  +  dv,  d  uv  ■-=  udv  -\-v  du, 

,u      V  du  —  udv 

d-  = 5 , 

V  v^ 

représentent  respectivement  la  somme  des  différentielles  par- 
tielles des  premiers  membres  par  rapport  à  u  et  à  y. 

151.  Calcul  pratique  des  différentielles  totales.  —  I^e  théorème 
précédent  revient  à  dire  que  les  différentielles  totales  se  cal- 
culent par  les  mêmes  règles  que  les  différentielles  des  fonctions 
composées  d'une  seule  variable.  Si  les  différents  modes  de  com- 
position de  la  fonction  f{x,  y)  sont  de  ceux  qui  ont  été  prévus 
au  chapitre  I,  et  c'est  ordinairement  le  cas,  il  suffira  d'appliquer 
les  règles  établies  dans  ce  chapitre  pour  obtenir  la  différentielle 
totale. 

C'est  ainsi  que  les  règles  de  différentiation  d'une  fonction  de 
fonction,  d'un  quotient  et  d'une  somme  (n''  96)  conduisent  aux 
résultats  suivants  : 

y          X         X  dy  —  y  dx 
d  arc  tg  —  = s=  —  „   .      ., —  ; 

X^ 


— — _     ds/x^'  +  y      2xdx-\-3  y'dy 

d  Log  Va-  +  y^ ^  -^j^^jT  —^W~+¥y~' 

On  voit  que  les  différentielles  totales  s'obtiennent  sans  cal- 
culer séparément  les  dérivées  partielles  et  l'on  évite  ainsi  la 
répétition  inutile  de  certains  calculs. 

D'autre  part,  si  l'on  connaît  la  différentielle  totale  de  f{x,  y), 
on  peut  en  déduire  à  simple  lecture  ses  deux  dérivées  partielles. 
En  effet,  dx  et  dy  étant  des  coefficients  indéterminés,  la  déri- 
vée partielle  par  rapport  à  x  sera  le  coefficient  de  dx,  et  la 
dérivée  partielle  par  rapport  à  y  celui  de  dy,  dans  l'expression 
de  la  différentielle  totale.  C'est  ainsi  que  l'on  tire  immédiate- 
ment du  calcul  fait  plus  haut  : 

d        ^  y         X  à        .    y  y 


DÉRIVÉES  ET  DIFî^ÉRENTIELLES  PARTIELLES  ET  TOTALES        l45 

152.  Dérivées  partielles  du  second  ordre.  —  Soit  u  —  f{x,  y)  une 
fonction  de  deux  variables  indépendantes  ;x;  et  y  ;  ses  dérivées 
partielles  fx  et  fy  seront,  en  général,  des  fonctions  de  x  et  de 
y  et  pourront  admettre  elles-mêmes  des  dérivées  partielles. 
Nous  désignerons  la  dérivée  partielle  de  fx  par  rapport  à  x  par 

fs!:x{X,y)      ou      D^xf     ou        -^y 

et  sa  dérivée  partielle  par  rapport  à  y  par 


fxy  {pc,  y)    ou     T>l-yf    ou 


dxdy 

De  même,  les  dérivées  partielles  de  fy  par  rapport  à  x  et  à  y 
seront  respectivement 

ÎVX  -  ^yxî  -  j^'         îvv  -  i)vvT  -  -^' 


Voici,  concernant  ces  dérivées,  un  théorème  fondamental,  en 
Ttu  duquel  fyx  =  focy,  ce  qui  réduit  à  trois 
bre  des  dérivées  partielles  du  second  ordre. 


vertu  duquel  fyx  =  focy,  ce  qui  réduit  à  trois  seulement  le  nom 


153.  Interversion  des  dérivations.  —  Théorème  I  (Young).  — 
Si  fx  et  fy  sont  déterminés  aux  environs  du  point  x,  y  et  diffé- 
rentiables  en  ce  point,  on  a,  au  point  x,  y, 

'  xy  —  '  yx 

On  obtient  ce  théorème  en  calculant  de  deux  manières  diffé- 
rentes la  différence  seconde  : 

AY=  f{x  f  A,  y  4-  /i)  _  f(x  -i-h,y)~  f(x,  y  +  h)  -f  f{x,  y). 

D'abord  A^est  l'accroissement  éprouvé  par 

?  (-v)  =  f{x,  y-\-h)  —  f{x,  y) 

quand  .v  augmente  de  h,  d'où,  en  appliquant  à  '^(.y)  la  formule 
des  accroissements  finis, 

^'f  =  Kf'x (a*  4-  6A,  r  +  h)  -  /•;  {x  +  0/î,  r)]. 

Mais,  comme  fx  est  différentiable  au  point  .y,  r,  on  a,  par  la 
formule  (4)  du  n°  147,  e'  et  e"  tendant  vers  0  avec  h, 

f'x{x  +  ^h,y  +  h)-f'x (x,  y)  ^  Hhfxx  +  hfxy  +  e'/i, 
f'x  {x  -f-  e/i,  y)  -  /•;  {x,  y)  =  ^hf^x  4-  t"h. 

10 


l46      CHAPITRE  III.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES 

Portant  la  différence  de  ces  deux  quantités  dans  le  crochet, 
on  trouve 

où  e  désigne  encore  une  quantité,  e'  —  e",  qui  tend  vers  0  avec  h. 
D'autre  part,  A^fest  raecroissement  de  la  fonction 

^ (y)  =  f{x-\-h,y)  —  f{x,  y) 

quand  y  augmente  de  h,  en  sorte  que  l'on  trouve,  par  un  calcul 
symétrique  du  précédent. 

Faisant  tendre  h  vers  0,  il  vient  donc 

lllïl  -^^  —  Jxv  —  Jyx' 

Le  théorème  de  Young  postule  l'existence  de  toutes  les  dé- 
rivées secondes  au  point  x,  y,  mais  non  leur  continuité.  Le 
théorème  suivant  de  Schwarz  ne  postule  l'existence  que  de  fxy 
(mais  aussi  sa  continuité)  et  il  peut  être  plus  utile  dans  cer- 
tains cas  : 

Théorème  II  (Schwarz).  —  Si  fer,  fy  et  f'.ly  existent  dans  le 
voisinage  du  point  {x,  y),  et  si  fxy  est  continue  au  point  {x,  y), 
l'autre  dérivée  fyx  existe  aussi  en  ce  point  et  est  identique  à  fxy 

Posons,  pour  simplifier, 

cp  (x)  ^  f{x,y  4   k)  -  f{x,  y)  ; 

on  aura,  par  la  formule  des  accroissements  finis,  qai  s'applique 
deux  fois  de  suite, 

<f{x  +  /ï)  -  f(x)  =  h[r^{x-h^h,y  +  k)-fl{x-\-^h,y)] 
^hkf';^{x  4-QA,j4-9».    ■ 

Cette  dérivée  seconde  est  continue  ;  donc,  en  désignant  par  e 
une  quantité  qui  tend  vers  0  avec  h  et  k,  on  peut  écrire 
cp  (^  +  A)  -  <p  (x)  =  hk[f'^^  {x,  y)  -\-  e]. 

Divisons  d'abord  par  k  et  faisons  tendre  k  vers  0  ;  les  deux 
rapports  cp  :  Te  au  premier  membre  ont  pour  limites  des  dérivées 
f  supposées  existantes  et  l'on  trouve 

fl  {X  +  h,  y)  -  fl  {X,  y)  =  hir;^  {X,  y)  +  e]. 


DÉRIVÉES  ET  DIFFÉRENTIELLES  PARTIELLES  ET  TOTALES  I^"] 


Divisons  maintenant  par  h  et  faisons  tendre  h  vers  0  ;  e  tend 
vers  0,  et  il  vient, par  définition  de  la  dérivée  seconde,  f'    =  f'J 

Donc,  si  les  dérivées  considérées  sont  continues,  les  caracté- 
ristiques ï)x  et  I),/  peuvent  toujours  être  interverties. 

Les  quatre  dérivées  partielles  du  second  ordre  de  la  fonction 
u  =  f{x,  y)  se  réduisent  donc  en  général  à  trois  distinctes  : 

ô'^u         d'^u  d^u  d^u 

dx^'      dxdy       dydx'      dy^  ' 

Cette  notation  a  l'avantage  de  mettre  l'égalité  des  deux  déri- 
vées partielles  en  évidence  et,  quand  on  l'emploie,  on  suppose 
toujours  implicitement  que  les  conditions  nécessaires  pour 
assurer  cette  égalité  sont  remplies  : 

154.  Différentielles  partielles  du  second  ordre.  —  Aux  dérivées 
partielles  du  second  ordre  correspondent  les  différentielles 
partielles,  définies  par  les  équations  : 

,2         d~u    ,   „  ,    ,  d^u     ,    j  ,2         d^u    ,   , 

".r  u  =  -r--  dx-,       d,r diy  u  =  -, — r--  dxdy,  dj,  u  =  -r— „  dy^. 

dx"  ■'         ùx  ây        *  ^        dy-    - 

L'équation  DrD^u  ■=-■  D^D^u  entraîne  donc  aussi  l'égalité 

dojdi^u  =  d>,docU, 

de  telle  sorte  que  l'ordre  de  deux  différentiations  partielles 
successives  par  rapport  à  x  et  à  y  peut  aussi  être  interverti. 

155.  Dérivées  et  différentielles  partielles  d'ordre  quelconque.  —  Le 
théorème  du  n"  i53  se  généralise  de  lui-même.  Concevons  que 
l'on  effectue  sur  une  fonction  u  =  f\x.  y)  un  nombre  quelconque 
de  dérivations  partielles  successives,  les  unes  par  rapport  à  x, 
les  autres  par  rapport  à  y,  dans  un  ordre  arbitraire.  11  suit  de  ce 
théorème  que  l'ordre  de  deux  opérations  consécutives  peut  être 
interverti  quand  elles  se  rapportent  à  deux  variables  diffé- 
rentes, pourvu  que  toutes  les  dérivées  que  l'on  considère  restent 
continues  ou,  plus  généralement,  que  l'on  ne  dérive  que  des 
fonctions  différentiables.  Moyennant  cette  restriction,  on  peut, 
par  la  répétition  de  ces  permutations,  ranger  les  dérivations 
dans  l'ordre  que  l'on  veut  ;  on  peut  faire,  par  exemple,  d'abord 
toutes  les  dérivations  par  rapport  à  x  et  ensuite  toutes  celles 


l48      CHAPITRE  III.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES 

par  rapport  à  y.  Le  résultat  de  m  dérivations  par  rapport  à  x  et 
de  n  dérivations  par  rapport  à  y,  opérées  consécutivement  sur 
la  fonction  u,  est  indépendant  de  l'ordre  suivi  et  peut  se  dési- 
gner par  un  seul  et  même  symbole 

dx^dy^  ' 

Cette  quantité  est  une  dérivée  partielle  de  l'ordre  (m  -\-  n).  En 
la  multipliant  par  dx^dy^,  on  obtient  la  différentielle  partielle 
du  même  ordre 

156.  Difiérentielles  totales  successives.  —  Soit  ii  =  f{x,  y)  une 
fonction  différentiable  des  deux  variables  indépendantes  x  et  y. 
Si  sa  différentielle  totale 

est  différentiable,  dx  et  dy  étant  considérés  comme  des  para- 
mètres constants,  c'est-à-dire  si  ^-  et  -.—  sont  déterminés  aux 

ox       ay 

environs  du  point  considéré  et  différentiables  en  ce  point,  on 
dira  que  ii  est  différentiable  jusqu'au  second  ordre  et  la  diffé- 
tielle  de  du  sera  sa  différentielle  seconde  d^u. 

Cette  différentielle  se  calcule  de  la  même  façon  que  la  précé- 
dente. Mais  on  observe  que  l'on  a,  en  v'ertu  du  théorème  de 
Youug  (u°  i53)  qui  s'applique  quand  du  est  différentiabl  , 

c^u    _  d^u 
dxdy     dydx 

De  plus,  on  convient  d'introduire  les  mêmes  différentielles 
dx  et  dy  dans  les  deux  différentiations  consécutives.  On  trouve 
ainsi 

Les  différentielles  successives  d^u,  d*u,...  se  définissent 
ainsi  de  proche  en  proche.  On  dit  que  u  est  différentiable  jus- 
qu'à l'ordre  n  si  d"-^u  est  différentiable,  donc  si  toutes  les 
dérivées  d'ordre  {n  —  i)  sont  déterminées  autour  du  point  con- 
sidéré et  différentiables  en  ce  point.  Cette  condition  assure  la 


DÉRIVÉES  ET  DIFFÉRENTIELLES  PARTIELLES  ET  TOTALES  I^Q 

légitimité  do  l'interversion  des  dérivations  en  x  et  en  y  et  le 
calcul  se  fait  sans  difficulté. 

On  peut  former  une  expression  symbolique  très  commode  de 
d"«en  remarquant  que,  pour  former  la  différentielle  totale 
d'une  fonction,  il  suffit  de  la  multiplier  par  le  facteur  symbolique 

et  d'effectuer  la  multiplication  comme  si  -r— ,-^-,  d^c  et  frétaient 

dx  Oy  '' 

des  facteurs  algébriques.   On  trouve  ainsi,  en  interprétant  les 
puissances  de  d  comme  des  indices  de  dérivation. 

Ceci  suppose  que  x  et  y  soient  des  variables  indépendantes  ou, 
plus  généralement,  que  dx  et  dy  puissent  être  traitées  comme 
des  constantes  dans  les  différentiations  successives. 

Si  «;  et  y  sont  des  fonctions  différentiables  d'autres  variables 
indépendantes,  dx  et  dy  ont  des  différentielles  successives  d^x, 
d^x,...  d^y,  d^y,...  qui  s'introduisent  dans  les  différentielles 
de  u.  Dans  ce  cas,  on  trouve,  en  faisant  les  calculs, 

et  ainsi  de  suite. 

157.  Méthode  pratique  de  calcul.  —  Pratiquement,  les  différen- 
tielles totales  se  calculent,  non  par  l'addition  des  différeutieiles 
partielles,  mais  par  la  simple  application  des  régies  générales 
du  chapitre  I.  Le  calcul  est  même  si  simple  qu'il  y  a  souvent 
avantage  à  se  servir  de  ces  différentielles  pour  calculer  les 
dérivées  partielles  de  u.  On  traite  alors  x  et  y  comme  des 
variables  indépendantes  dont  les  différentielles  dx  et  dy  sont 
des  constantes  arbitraires.  On  obtient  ainsi  des  résultats  de  la 
forme 

da  =  pdx  4-  qdy,        d-ii  =  rdx^  +  2sdxdy  -\-  tdy^ ,... 
où  p,  q ,  r,  s,  t  sont  des  fonctions  explicites  de  x  et  y.  La  com- 
paraison avec  les  formules  générales  montre  que  l'on  a,  puisque 
dx  et  dy  sont  des  indéterminées, 

^du  du        _  d^ii        _    d^u  d^ii 

^      dx'   ^~dy'   ''~dx''   ^~âxd^''  dy^"" 


l5o      CHAPITRE  ni.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES 

(Jette  méthode  de  calcul  est  surtout  avantageuse  lorsque  l'on 
doit  connaître  toutes  les  dérivées  partielles  d'un  même  ordre. 
C'est  généralement  le  cas  dans  les  applications  géométriques. 

§  2.  Extension  à  un  nombre  quelconque  de  variables. 

158.  Définitions  des  dérivées  et  des  diflPérentielles  premières.  —  Soit 
Il  =  f(x,  y,  :■ )  une  fonction  de  plusieurs  variables  indépen- 
dantes ;  la  dérivée  partielle  de  ii  par  i-apport  à  l'une  d'elles, 
X  par  exemple,  est  la  dérivée  de  a  considérée  comme  fonction 
de  X  seule,  toutes  les  autres  variables  étant  traitées  comme  des 
constantes.  On  la  représente  par  les  symboles  ; 

^  ^^  ^'      ^^  ^^'  ^''  ^'■••^'      ^^f(^'  y'  ^'•••)- 

Les  différentielles  partielles  d^u,  dyU,...  s'obtiennent  en  mul- 
tipliant les  dérivées  partielles  par  les  accroissements  ^x,  Ay,... 
des  variables  correspondantes,  de  sorte  que 

d^u^-^^x,        d,u=^_t,y,... 

La  fonction  u  est  différentiable  au  point  x,  y,...  si  elle  est 
déterminée  aux  environs  de  ce  point  et  si  l'accroissement  Azz 
correspondant  aux  accroissements  Arv,  Ay,...  peut  se  décompo- 
ser dans  la  somme  de  deux  parties  : 

^u  =  {A^x  +  B^y  +  •••)  4-  ep, 
P  =  I  Aiv  I  +  1  Ar  I  +  ... 
dont  la  première  est  simplement  linéaire  en  ^x,  Ay,...  et  où  e 
tend  vers  0  avec  Ax,  Ay,...  c'est-à-dire  avec  p  (*).  Dans  ce  cas, 
la  première  partie  (AA.x;, -f  BAj' +  ...)  se  représente  par  du 
et  s'appelle  la  différentielle  totale  de  u.  Comme  d'ailleurs  A,  B,... 
sont  les  dérivées  partielles  de  u  en  ;x;,  en  y,...,  il  vient 

,         du  .       ,  du  .       , 
du  =  3-  Aa;  +  3—  Ay  -\ — 
dx  dy    -^ 

'Donc  la,  différentielle  totale  est  la  somme  des  différentielles 

partielles. 


(*)  La  définition  ne  sei-ait  donc  pas  changée  si  l'on  posait 

p  =  \/A;i;2  4-  A_y2 -]-... 


DÉRIVÉES  ET  DIFFÉIIENTIELLES  PARTIELLES  ET  TOTALES         l5l 

En  particulier,  pour  u  ==^  x,  pour  u  =  y,...  on  a  respective- 
ment 

dx  =  ^x,        dy  =  tiy,... 

et  du  peut  s'écrire  sous  une  nouvelle  forme 
,        du   ,     ,  du  ,     , 

Cette  nouvelle  forme  a  sur  la  première  l'avanta^ge  d'une  plus 
grande  généralité  comme  nous  le  montrerons  tout  à  l'heure 
(n»  159). 

Si  u  est  differentiable  au  point  x,  y,  nous  pouvons  écrire 

maintenant 

.  du  .       ,  du  . 

^""-d^^^'^d^^y^-^'?' 

e  tendant  vers  zéro  en  même  temps  que  les  accroissements  A.  Il 
suit  de  là  qu'une  fonction  est  continue  en  tout  point  où  elle  est 
differentiable. 

La  démonstration  du  n°  148  se  généralise  d'elle-même,  de 
sorte  qu'une  fonction  ne  peut  cesser  d'être  differentiable  que  si 
ses  dérivées  partielles  cessent  d'être  continues. 

159.  DiflFérentiation  des  fonctions  de  fonctions.  —  Soit  u  une 
fonction  differentiable  des  variables  x,  y,...,  celles-ci  étant 
elles-mêmes  des  fonctions  différentiables  des  variables  indé- 
pendantes 5,  T,,...,  de  sorte  que  u  est  une  fonction  composée  de 
\,  T),...  Je  dis  que  u,  considérée  comme  fonction  de  ^,  r,,...,  est 
differentiable  et  que  sa  différentielle  totale  s'exprime  à  l'aide  de 
Xf  y,...  dx,  dy,...  par  la  même  formule 

,        du  ,     ,  du  ,     , 

que  si  les  variables  x,  y,...  étaient  indépendantes. 

Pour  simplifier  l'écriture,  nous  supposerons  dans  la  démon- 
stration qu'il  n'y  ait  que  deux  fonctions  intermédiaires  x,  y  et 
deux  variables  indépendantes  Ç,  ri.  Posons 

p  =  I  A;x;  I  +  I  Ay  I  ,         p'  =  I  Ai  I  -f  I  At^  I  . 
Nous  aurons,  puisque  ^c,  y  sont  différentiables, 

^^-l^^  +  l^^  +  ^'f- 


l52      CHAPITRE  III.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES 

OÙ  les  quantités  e  tendent  vers  0  avec  p'.  Soit  w  la  valeur  abso- 
lue de  la  plus  grande  de  ces  quantités  e,  et  M  la  valeur  absolue 
de  la  plus  grande  en  valeur  absolue  des  quatres  dérivées  par- 
tielles de  X  et  y.  Nous  aurons,  par  les  équations  (1), 

I  /ix  I  <  (M  +  w)  p',       I  Ay  I  <  (M  +  to)  p' 

et,  par  conséquent, 

4  =  ^ïJ^^2ll  <  ,(M  +  co). 

P  P  V  '        / 

Donc  le  rapport  p  :  p'  reste  fini  et  p  tend  vers  0  avec  p'. 

Ceci  posé,  la  fonction  f{x,  y)  étant  différentiable,  nous  avons 

.         du  .      ,  du  .      , 

^"  =  ^^^  +  ^^^^-'-^P' 

et,  en  substituant  dans  ceci  les  valeurs  (1),  qui  peuvent  s'écrire 

Aa;  =  dx  -\-  e'p',         A3^  =^  dy  -\-  e"p', 


il  vient 


^"  =  (5^<'-  +  |''r)  +  P'Gi  +  .  +  4 


Mais  ceci  prouve  la  proposition,  car  la  dernière  parenthèse 
est  infiniment  petite  avec  p'  et  la  précédente  est,  en  même  temps 
que  dx  et  dy,  linéaire  et  homogène  en  A^  et  Avj.  On  a  donc 

,         du  ,      ,   du  , 
OM  =  -r—  «a;  +  ^r—  dy. 
dx  dy 

Donc,  tant  que  les  fonctions  considérées  sont  différentiables, 
les  différentielles  totales  se  calculent  toujours  de  la  même 
façon,  que  les  variables  soient  indépendantes  ou  ne  le  soient  pas. 

160.  Dérivation  des  fonctions  composées.  —  Si  5C,  y,...  sont  des 
fonctions  différentiables  d'une  variable  unique  t,  la  dérivée  de 
u  =  f{x,  y,...)  par  rapport  à  t  s'obtient  en  divisant  la  différen- 
tielle du  par  dt.  11  vient  ainsi 

du_dudx     dudy 
'dt'dxlt'^dy'dt'^'" 

ce  qui  généralise  la  règle  du  n°  i5o. 

Si  X,  y,...  sont  des  fonctions  différentiables  de  plusieurs 
variables  ^,  7\,...,  les  dérivées  partielles  de  f{x,  y,...)  par  rap- 
port à  ces  variables  se  calculent  par  la  formule  précédente. 


DÉRIVÉES  ET  DIFFÉRENTIELLES  PARTIELLES  ET  TOTALES         I  53 

sauf  que  les  dérivées  de  x,  y,...  sont  des  dérivées  partielles. 
Par  exemple,  on  a 

du  _  du  dx     du  dy 
^~~dx~^^dyd^'^' 

161.  DifFérentiation  des  équations.  —  Soient  x,  y,...  des  variables 
indépendantes.  Si  une  fonction  u  =  f{x,  y,...)  se  réduit  à  une 
constante,  on  a 

Au  =  0,         donc  (par  définition)         du  =  0. 
Réciproquement,  si 

du  ,     .   du 

comme  dx,  dy,.,.  sont  arbitraires,  chacune  des  dérivées  par- 
tielles doit  être  nulle,  u  ne  dépend  d'aucune  des  variables  et  se 
réduit  à  une  constante.  Donc  la  condition  nécessaire  et  suffisante 
pour  que  u  se  réduise  à  une  constante  est  que  l'on  ait  du  =^  0. 
Considérons  maintenant  des  variables  x,  y,...  indépendantes 
ou  non,  satisfaisant  à  l'équation 

f{x,y,...)  =  0. 

Nous  disons  que  cette  équation  est  différentiable  si  la  fonction 
f{x,  y,...)  est  différentiable.  Donc,  si  x,  y,...  sont  différen- 
tiables,  d/"se  calculant  toujours  de  la  même  façon,  on  aura, 
puisque  f  est  constant  et  df  nul, 

Différentier  totalement  une  équation,  c'est  égaler  les  diffé- 
rentielles totales  de  ses  deux  membres.  Le  résultat  que  nous 
venons  d'obtenir  se  formule  dans  le  principe  suivant,  qui  est 
fondamental  : 

Étant  donnée  une  équation  différentiable  entre  un  certain 
nombre  de  variables,  indépendantes  ou  non,  mais  différentiables, 
il  est  toujours  permis  de  différentier  totalement  l'équation. 

162.  Dérivées  et  différentielles  successives,  —  Les  considérations 
émises  dans  le  paragraphe  précédent  se  généralisent  d'elles- 
mêmes  et  il  suffit  d'énoncer  les  résultats. 

Si  l'on  effectue  un  nombre  quelconque  de  dérivations  succès- 


l54      CHAPITRE  III.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE   PLUSIEURS  VARIAULES 

sives  par  rapport  à  des  variables  difféioutes  ;x:,  y,  z,.,.,  l'ordre 
de  deux  dérivations  successives  par  rapport  à  deux  variables 
différentes  peut  toujours  être  interverti,  moyennant  l'hypotlièse 
de  la  continuité  des  dérivées  ou  celle  de  la  différentiabilité  des 
fonctions.  De  la  sorte,  le  résultat  de  m  dérivations  par  rapport 
à  A",  n  dérivations  par  rapport  à  y,  p  dérivations  par  rapport 
à  z,...  effectuées  dans  un  ordre  quelconque  sur  une  fonction 
u  =  f(x,  y-,  z,...),  peut  être  représenté  par  le  sj'^mbole  unique 

dx'^dy^dzPTT,' 

Une  différentielle  sera  dite  différentiable  si  elle  est  formée 
de  dérivées  partielles  différentiables.  Dans  ce  cas,  les  différen- 
tielles totales  successives  se  calculent  en  appliquant  successi- 
vement les  règles  établies  pour  les  différentielles  premières. 
Si  les  variables  x,  y,  z,..,  sont  indépendantes,  la  différentielle 
jiième  ^q  f^y^^  y^  Z,...)  admet  la  forme  symbolique 

dnax.r.z,...)={±^d=c+^dy  +  l^dz  +  ..)y. 

163.  Théorème  d'Euler  sur  les  fonctions  homogènes.  —  Une  fonc- 
tion f{x,  y,  z,...)  est  homogène  par  rapport  aux  variables 
X,  y,  z,...,  lorsqu'elle  vérifie  l'identité 

(1)  f{tx,ty,tz,...)  =  t^f{x,y,z,...), 

t  désignant  une  indéterminée.  L'exposant  m  est  le  degré  d'ho- 
mogénéité de  la  fonction. 

Si  l'on  fait  t  =  -,  l'identité  devient 

X 


fix,y,z,...)  =  x-^f(i,^,l,...y 
(2)  f{x,  y,  z„..)  =  x»^^Ç^, -,-.•). 


c'est-à-dire 


Donc,  si  l'on  divise  une  fonction  homogène  de  degré  m  par 
la  m^^^^  puissance  de  l'une  des  variables,  elle  ne  dépend  plus 
que  des  seuls  rapports  des  variables. 

On  s'assure  immédiatement  qu'une  fonction  qui  vérifie  la  con- 
dition (2)  vérifie  la  condition  (1).  Donc  l'équation  (2)  peut  aussi 
servir  de  définition  des  fonctions  homogènes. 


DÉRIVÉES  ET  DIFFÉRENTIELLES  PARTIELLES  ET  TOTALES    l55 


Dérivons  l'équation  (1)  par  rapport  à  t,  il  vient  identiqueuieni 
xf'^itx,  ty,...)  +  yflitx,  ty,...)  +  -  =  mt^-^f{x,  y,...) 
ou,  en  faisant  f  =  i, 

(3)        xf'^ix,  r,...)  +  yflix,  y,...)  +  ...  =  mf{x.  y,...). 

C'est  dans  cette  identité  que  consiste  le  théorème  d'Euler  : 
La  somme  des  produits  des  dérivées  partielles  d'une  fonction 
homogène  par  les  variables  correspondantes  est  égale  à  la  fonc- 
tion elle-même  multipliée  par  le  degré  d'homogénéité. 

Plus  généralement,  si  l'on  dérivait  l'équation  (1)  n  fois  de 
suite  par  rapport  à  t  avant  de  faire  f  =  i,  on  trouverait,  par  la 
formule  symbolique  du  numéro  précédent, 

{x-^  +  y^-]--Jfix,y,...)==m{m-i)...{m-n-hi)f{x,y„..). 

Exercices. 

i.  Dérivées  partielles  et  différentielles  totales  successives  des 
fonctions  : 

2.  Dérivées  partielles  d'ordre  quelconque  àe/{ax  -\-by  -j-  c). 

^-  dx^dr    ^  <^'"h« /["'+»)  {ax  +by-\rc). 

3.  Appliquer  le  calcul  de  l'exercice  précédent  en  supposant  que/(M) 
soit  une  des  fonctions  : 

C* ,        sin  M,        cosu;        Log  «,    etc.. 

4.  Différentielle  «'^'"»  de  m  =  e<^  f{y). 

R.  On  applique  la  formule  symbolique  du  n°  i56.  On  trouve,  en 
interprétant  les  puissances  de /comme  des  indices  de  dérivation, 


i"  «"*  f{y)  =  c«^  Ifiy)  dy-\-a  dx]"  . 
!  résultat  à  la  fonction  e^  < 
6.  Différentielle  totale  m''""  de  u  =  arc  tg' 
une  première  f 
xdy  — ydx       1 


5.  Appliquer  ce  résultat  à  la  fonction  e^  cos  by. 

X  ' 
R.  Difïérentions  une  première  fois,  il  viendra 

~dx  +  idy      dx  —  idy 


du  = 


xi  -l-jj/2  2» 


x+yi         x—yi  _ 


puis,  en  différentiant  encore  (h  —  i)  fois, 


l56      CHAPITRE  III.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES 


fl'«î^  =  (— l)«-l- 


—   T^! 


(dx  +  idy)"       {dx  —  idyY 


21       |_  {x-{-yiY  {x — yiy* 

Pour  se  débarrasser  des  imaginaires,  on  pose 

X  -\-yi  =  r  (cos  6  +  »  sin  6)        dx  -\-idy  =  ds  (cos  f  -\-i  sin  cp). 

On  a  alors 

^«  «  =  (—  i)n-i  (;j  _  i)  !  /  —  j  sin  n{f  —  C). 

On  peut  aussi  calculer  d'une  manière  analogue  les  dérivées  partielles. 


y.  Différentielle  totale  «'«""*  de  «  =  Log  V^^  +3'^- 
R.  On  trouve  d'abord 


du  = 


xdx-\-ydy       i 


dx  -\-idy      dx  —  i  dy 


x^-\-y^  2  |_    x-{-yt  X — yt 

ensuite,  par  les  substitutions  de  l'exercice  précédent, 

/  ds  \^ 
d'*u  =  {—  i)«-i(«  —  i)  !  (  —  j  cos  «  (cp  —  6). 

Remarque.  Les  résultats  des  exercices  6  et  7  dérivent  immédiatement 
du  calcul  de  d"  Log  z  dans  la  théorie  des  fonctions  d'une  variable 
complexe. 

8.  Sif'^{x  +  ^-  y,  •2')---)  iend  vers  une  limite  déterminée  quand  h  tend 
vers  0,  on  a 

/i  (x,  y,z,...)  =  lim/^  {x  +  h,y,z...). 

R.  Ce  théorème  se  démontre  en  faisant  tendre  h  vers  0  dans  la  rela- 
tion 

/(;.  +  h,y,  z,...)-f(x,  y,  z,...)  _^,^^  ^  ^^^  ^^  ^^^^^^^ 
h 

C'est  donc  une  propriété  de  la  dérivée  des  fonctions  d'une  seule 
variable. 

9.  Si  le  point  x,  y,,.,  est  un  point  de  discontinuité  isolé  de  la  dérivée 
seconde  f  xy  {x ,  y,...),  c'est-à-dire  s'il  n'y  a  pas  d'autre  point  de  discontinuité 
dans  un  domaine  suffisamment  petit  enveloppant  ce  point,  on  aura,  pourvu 
que  ces  limites  existent, 

f';^{x,y,..,)  =  \xmr{x,y^k,...)  =  \imf^^{x,y  +  k,...), 
f';^{x,y,.,.)^Xxmf'nx^h,y,.,.)  =  \xvcvfl{x-^h,y,...Y 

R.  C'est  l'application  du  théorème  précédent. 

10.  Déterminer,  en  appliquant  le  principe  précédent,  les  dérivées 
partielles  du  second  ordre  au  point  x  =y  =  0  de  la  fonction. 


FORMULE  DE  TAYLOR  POUR  PLUSIEURS  VABIABLES       l57 


f{x,  y)  =  ;p2  arc  tg-^  —y^  arc  tg -, 


R.  On  trouve  en  général 


f:M,y)  = 


x^  — y 


On  en  conclut 


/"  (0,  0)  =  lim/"  (;»:,  0)  =  i 
/"  (0,  0)  =  lim/"  (0,>')  =  — I. 

11.  Déterminer  les  dérivées  partielles  à  l'origine  de 

/(^,J'.^)  =  (^  +  ^)'arctg^^-(j'-2)2arctg^-~. 

12.  Déterminer  directement  les  dérivées  partielles  des  deux  exercices 
précédents  en  recourant  à  la  définition  générale  de  la  dérivée. 

§  3.  Extension  de  la  formule  de  Taylor 
aux  fonctions  de  plusieurs  variables. 

164.  Formule  de  Taylor.  —  Considérons  une  fonction  f{x,  y,...) 
de  plusieurs  variables.  La  formule  de  Taylor  a  pour  but  de 
développer  la  différence  /"(a  4  /i,  6  +  A:,...)  —  /(a,  h,...)  sous 
forme  d'une  somme  de  polynômes  homogènes  et  de  degrés  res- 
pectifs I,  2,...  (n  —  i)  par  rapport  aux  accroissements  h,  k,... 
des  variables. 

Le  problème  de  trouver  ce  développement  se  ramène  à  celui 
qui  a  été  résolu  pour  les  fonctions  d'une  seule  variable.  Pour 
abréger  l'écriture,  considérons  seulement  une  fonction  de  deux 
variables. 

Soit  u  =  f{x,  y)  une  fonction  différentiable  jusqu'à  l'ordre  n 
pour  toutes  les  valeurs  de  x  entre  a  et  a  -4-  /i  et  toutes  celles  de 
y  entre  b  Qib  -\-  k.  Soit  ensuite  t  une  nouvelle  variable  indé- 
pendante ;  posons 

De  la  sorte,  u  est  une  fonction  composée  de  t  dont  les  déri- 
vées seront  déterminées  jusqu'à  l'ordre  n  et  continues  jusqu'à 
l'ordre  n  —  i  inclusivement  dans  l'intervalle  (0,  i).  On  a  donc, 
par  la  formule  de  Maclaurin  (n"  i25)  pour  une  seule  variable 
t  (prise  égale  à  i)  et  avec  le  reste  de  Lagrange, 


l58      CHAPITRE  III.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES 


(  (0  <  e  <  i). 

Les  différentielles  dx  =-  hdf  et  dy  =  kdt  étant  constantes,  les 
différentielles  successives  de  f{x,  y)  se  calculent  par  la  formule 
symbolique  du  n°  i56  et  l'on  a 

d'où 
Pour  /  =  0,  on  a  X  -=  a,  y  =  b,  et  la  formule  (2)  prend  la  forme 

Pour  t  -=-  6,  on  a  a;  =  a  +  QA,  y  =  b  -{-  9â-  et  la  formule  (2) 
devient 

r  ^'(9)  =  (^^  +  A-  ^^Jf{a  +  8/1,6  4-  0A-). 

Portons  ces  valeurs  dans  (1),  nous  trouvons  la  formule  de 
Tiiylor  : 

f{a  +  h,b  +  k)-  f{a,  b)  =  (a^  ^^  k  ^  )  Aa,  (>) 

Cette  formule  ne  suppose  pas  la  continuité  des  dérivées  de 
l'ordre  n. 

Lorsque  x  et  3'  sont  des  variables  indépendantes,  on  x>cut 
écrire  h  —  dx,  k  =  dy  ;  si  l'on  remplace  alors  a  par  x  et  b  par 
y  dans  la  formule  (3),  elle  devient 


(3) 


d^f  d'^-^f 


(0  <  0  <  i) 

seulement,   ces  différentielles   sont   maintenant   des   différen- 
tielles totales,   La  notation  employée  pour  le  dernier  terme 


FORMULE  DE  TAYLOR  POUR  PLUSIEURS  VARLABLES       iSq 


signifie  qu'il  faut  remplacer,  dans  les  dérivées  /iièmes  q^i  entrent 
dans  ce  terme,  x  par  x  i-  ^  dx  et  y  par  y  -{-  ^  dy. 

Ces  résultats  s'étendent  d'eux-mêmes  aux  fonctions  d'un 
nombre  quelconque  de  variables.  Ainsi,  pour  trois  variables, 

f(a  +  h,b  +  k,c  +  l)  =  /-(a,  b,  c)  4-  (h^  +  ''^  +  '^)Aa,  b,  c) 

et  ainsi  de  suite. 

165.  Formule  de  Maclaurin.  —  Celle-ci  se  déduit  de  la  formule 
(3)  en  y  faisant  a==h—  0,  h=xetk  =  y.  Nous  écrirons  le 
résultat  comme  il  suit  : 

n..  y)  =  fm  +  (4  +  y  I)  r...  +  ^(«^  +  y  !;)>.,.+••• 

Ces  indices  signifient  qu'après  avoir  calculé  les  dérivées  par- 
tielles, il  faut  y  remplacer  x  et  y  par  0.  La  formule  de  Maclau- 
rin développe  donc  la  fonction  en  une  somme  de  termes  homo- 
gènes et  de  degrés  croissants  en  x,  y. 

§  4.  Maximes  et  minimes  (extrêmes)  libres  des  fonctions 
de  plusieurs  variables. 

166.  Fonctions  de  deux  variables.  —  On  dit  qu'une  fonction 
f{x,  y)  de  deux  variables  indépendantes  est  extrémée  au  point 
(a,  b),  lorsque  la  différence 

f{a  +  h,b  +  k)-f{a,b) 

garde  le  même  signe  pour  toutes  les  valeurs  de  h  et  de  k  infé- 
rieures en  valeur  absolue  à  un  nombre  positif  suffisamment 
petit.  La  fonction  est  maximée  si  cette  différence  est  négative 
et  minimée  si  elle  est  positive.  Les  extrêmes  des  fonctions  de 
plusieurs  variables  indépendantes  sont  appelés  libres.  S'il  y 
avait  des  relations  entre  les  variables,  les  extrêmes  seraient 
liés.  Nous  étudierons  ce  cas  plus  loin. 

Tout  d'abord  la  fonction,  pour  être  extrémée,  doit  l'être  quand 
on  ne  fait  varier  que  :c  seul  ou  y  seul  ;  de  là,  le  théorème  sui- 
vant : 


l6o      CHAPITRE  TII.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES 

Les  seuls  points  où  la  fonction  f{x,  y)  puisse  être  extrémée 
sont  ceux  où  chacune  de  ses  deux  dérivées  partielles  f'^  et  f 
s'annule  ou  cesse  d'exister. 

Supposons  f{x,  y)  différentiable  ;  pour  trouver  ses  extrêmes, 
il  faudra  donc  poser  les  deux  équations  simultanées  : 

ôx        '         dy 

En  résolvant  ces  équations  par  rapport  à  ic  et  à  j,  on  trouve 
généralement  un  certain  nombre  de  solutions.  Soit  x  ^a,  y  =  b 
l'une  d'elles.  Il  reste  à  examiner  s'il  y  a  réellement  maxime  ou 
minime  en  ce  point.  Voici  la  méthode  à  suivre  pour  trancher 
cette  question. 

Supposons  les  dérivées  partielles  premières  différentiables 
au  point  (a,  b).  Développons  la  différence  /"(a  -f  A,  6  +  k)  —  f{a,  b) 
par  la  formule  de  Taylor  en  nous  arrêtant  au  premier  ordre, 
ce  qui  est  légitime  si  |  A  |  et  |  /c  |  sont  assez  petits  (n°  164).  Il 
viendra 

/•(a  -f  A,  6  +  k)-f{a,  b)  =  hfj^a  -f  9/i,  b  -f  9A:)  -f-  kf[{a  +e/i,  6-f  9/c). 

Posons 


r  --=  sjh"^  -\-  k-,         h  —  r  sin  a,         k  —  r  cos  a, 

de  sorte  que  r  est  une  quantité  positive  infiniment  petite  et  a 
un  angle  arbitraire  avec  h  et  k.  Ecrivons  encore,  en  abrégé, 

_  d'f{a,  b)  _  d'aria,  b)  _  d'aria,  b) 

da^       '  dadb     '  db^ 

et  désignons  par  e',  t"  des  quantités  infiniment  petites  avec  r. 
Les  dérivées  partielles  premières  étant  différentiables  au  point 
(a,  b)  et  nulles  en  ce  point,  on  a 

/;(a  +  9A,  fr  +  e/c)  -  %Ah  +  B/f  -f  e'r), 
/•^(a  -h  e/i,  5  +  e/c)  =  9(B/i  +  Ck  -\-  e"r). 

Substituant  ces  valeurs,  la  différence  f{a  -\-  h,  b  -\-  k)  — f{a,  b) 
prend  la  forme 

(1)         9r2[A  sin'^a  -f  2  B  sin  a  cos  a  -[-  C  cos^a  +  e], 

où  e  ^  e'  cos  a  +  e"  sin  a  et  tend  encore  vers  0  avec  r. 

La  considération  de  cette  expression  conduit,  9  étant  positif, 
aux  conclusions  suivantes  : 

1°)  Si  le  trinôme 


EXTRÊMES   LIBRES  l6l 


A  sin*  a  -|-  2  B  sin  a  cos  a  4-  C  cos-  a 

ne  peut  s'annuler,  comme  il  est  fonction  continue  de  a,  il  con- 
servera un  signe  invariable  et  sa  valeur  absolue  restera  supé- 
rieure à  un  nombre  positif  m.  C'est  donc  ce  trinôme  qui  donnera 
son  signe  à  l'expression  (1)  dès  que  l'on  aura  |  e  |  <  m,  donc  à 
partir  d'une  valeur  suffisamment  petite  de  r,  quel  que  soit  a.  Il 
y  aura  maxime  ou  minime  selon  que  le  trinôme  sera  négatif  ou 
positif. 

2**)  Si  le  trinôme  peut  changer  de  signe,  comme  il  donne 
encore  son  signe  à  l'expression  (1),  pour  chaque  valeur  de  a  qui 
ne  l'annule  pas,  à  partir  d'une  valeur  suffisamment  petite  de  r, 
il  n'y  aura  ni  maxime  ni  minime. 

3°)  Enfin,  si  le  trinôme,  sans  pouvoir  changer  de  signe,  peut 
cependant  s'annuler  pour  certaines  valeurs  de  a,  pour  ces  va- 
leurs, le  signe  de  l'expression  (1)  dépend  de  celui  de  e  qui  reste 
inconnu  et  l'on  ne  peut  rien  conclure. 

Les  caractères  analytiques  particuliers  à  ces  trois  cas  sont 
faciles  à  indiquer  : 

Supposons  A  différent  de  zéro.  Le  trinôme  peut  se  mettre 
sous  forme  de  fraction,  comme  il  suit  : 

(A  sin  g  +  B  cos  a)^  +  (AC  —  B'')  cos'^  a 
A 

1°)  Si  AC  —  B*  >  0,  le  numérateur  de  cette  fraction  est  une 
somme  de  deux  carrés  qui  ne  peuvent  s'annuler  ensemble  et  il 
est  toujours  positif.  Donc  le  trinôme  ne  peut  s'annuler  et  a  le 
signe  de  A.  Il  y  a  maxime  si  A  <  0  et  minime  si  A  >  0. 

2")  Si  AC  —  B^  <  0,  le  numérateur  a  des  signes  différents  dans 
les  hypothèses  cos  a  ^  0  et  tg  a  =-  —  B  :  A,  le  trinôme  change 
de  signe  et  il  n'y  a  ni  maxime  ni  minime. 

3°)  Si  AC  —  B*  =  0,  le  numérateur  se  réduit  à  un  seul  carré, 
le  trinôme,  sans  changer  de  signe,  peut  s'annuler.  C'est  le  cas 
douteux. 

Supposons  encore  que  A  soit  nul.  Le  trinôme  se  réduit  à 
cosa  (2B  sin  a  -j-  C  cos  a). 

Si  B  n'est  pas  nul,  cette  expression  change  de  signe  avec 
cosa  supposé  infiniment  petit,  et  il  n'y  a  ni  maxime  ni  minime. 

Enfin,  si  A  et  B  sont  nuls  tous  les  deux,  le  trinôme  se  réduit 

11 


l62      CHAPITRE  III.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES 


à  C  cos-^a,  qui  peut  s'annuler  mais  ne  peut  changer  de  signe. 
C'est  encore  une  fois  le  cas  douteux. 

Cette  théorie  ne  suppose  pas  la  continuité  des  dérivées  se- 
condes ni  même  leur  existence  aux  environs  du  point  (a,  b). 

Remarque.  —  C'est  uniquement  pour  rendre  la  discussion 
plus  claire  qu'on  a  remplacé  h  et  k  par  rsina  et  rcosa,  mais 
cette  substitution  n'est  pas  nécessaire.  Le  raisonnement  peut 
se  faire  directement  sur  le  trinôme 

A  A^  +  2  B  hk  -\-  C  A•^ 

c'est-à-dire  sur  l'ensemble  des  termes  du  second  ordre  de  la 
formule  de  Taylor,  et  les  résultats  obtenus  peuvent  se  résumer 
comme  il  suit  : 

1°  Il  n'y  a  ni  maxime  ni  minime  si  les  racines  de  ce  trinôme 
sont  réelles  et  inégales  ; 

2°  Il  y  a  extrême  si  les  racines  sont  imaginaires  :  maxime  si 
A  est  <  0,  minime  si  A  est  >  0  ; 

3"  Doute,  si  les  racines  sont  égales. 

Pour  trancher  le  cas  douteux,  il  faut  faire  intervenir  des 
termes  d'ordre  plus  élevé,  mais  la  discussion  générale  est  assez 
dfficile  et  ne  peut  trouver  place  ici. 

167.  Fonctions  de  plusieurs  variables.  —  Une  méthode  semblable 
s'applique  aux  fonctions  de  trois  et  d'un  plus  grand  nombre  de 
variables.  Pour  que  f{x,  y,  z)  soit  extrémée  au  point  (a,  b,  c),  il 
faut,  dans  l'hypotlièse  la  différentiabilité,  que  ses  t^ois  dérivées 
partielles  f'^,  f  ,  f'^  s'annulent  en  ce  point,  ou,  ce  qui  revient 
au  même,  que  sa  différentielle  totale  df  soit  identiquement 
nulle.  En  exprimant  que  ces  conditions  sont  satisfaites,  on  ob- 
tient un  système  d'équations  simultanées  dont  les  solutions 
peuvent  fournir  des  extrêmes.  Pour  s'en  assurer,  on  remplace 
X,  y,  z  par  a-{-  h,  b  -\-  k,  c  -\-  l  et  l'on  calcule  d^f,  c'est-à-dire 
l'ensemble  des  termes  du  2''  ordre  en  h,  k,  L  Ce  sera  un  poly- 
nôme homogène  du  second  degré,  qui  devra  avoir  un  signe 
unique.  On  le  transforme  donc  en  une  somme  algébrique  de 
carrés  :  i''  Si  tous  ces  carrés  ne  sont  pas  de  même  signe,  il  n'y 
a  pas  d'extrémé  ;  2°  s'ils  sont  tous  de  même  signe,  il  y  a 
minime  s'ils  sont  positifs  et  maxime  s'ils  sont  négatifs,  pourvu 
qu'ils  ne  puissent  s'annuler  en  môme  temps  que  pour /?  -^  A*  =  /  =  0  ; 


EXTREMES  LIBRES  l63 


3°  si  tous  les  carrés  sont  de  même  signe  mais  peuvent  s'annuler 
ensemble,  le  doute  subsiste. 

168.  Problème.  —  Trouver  la  plus  courte  distance  de  deux 
droites  A  et  B  de  l'espace. 

Soient  a,,  a^,  a^  les  coordonnées  d'un  point  a  de  la  droite  A, 
et  a,,  ^j,  tta  les  cosinus  directeurs  de  cette  droite  ;  les  coordon- 
nées X,  y,  z  d'un  point  quelconque  de  cette  même  droite  peu- 
vent s'exprimer  au  moyen  d'une  variable  indépendante  u  par 
les  formules  : 

/  A  \  ^  —  ^1  _  y  ^2  __  ^  ^3  _ 

a,  ag  ag  * 

De  mêmes,  les  coordonnées  ^,  t\,  ^  d'un  point  quelconque  de 
la  droite  B  s'exprimeront  en  fonction  d'une  seconde  variable 
indépendante  v  par  les  formules  : 

où  b^,  b^,  63  sont  les  coordonnées  d'un  point  b  et  p,,  ^2»  ?3  1^^ 
cosinus  directeurs  de  la  droite  B. 

Soit  8  la  distance  de  deux  points  {x,  y,  z)  et  (^,  yj,  t)  pris  sur 
chacune  des  droites  A  et  B.  On  a 

(1)  ^'=-{1-  xy  +  (n  -  yf  +  (2;  -  z)\ 

C'est  une  fonction  de  u  et  de  y  en  vertu  des  équations  (A)  et 
(B)  et  il  faut  en  chercher  le  minime.  Pour  cela,  il  faut  annuler 
ses  deux  dérivées  partielles.  En  se  servant  des  relations  : 

/   l  —  x  =  p,j;  —  ajW  4-  (^1  —  a,), 
(8)  j    ^  — y- PîP  — «2"  +-(^2  — «2), 

et  en  appliquant  la  règle  de  dérivation  des  fonctions  de  fonc- 
tions, on  trouve  ainsi 

(    -~|J-=(^-^0«.  +(^-y)a2  +  (J;-c)a3-^0, 

(3)  \  .J.2 

Ces  équations  sont  susceptibles  d'une  interprétation  géomé- 
trique immédiate.  En  effet,  désignons  par  t,,  Tj,  t.,  les  cosinus 


l64      CHAPITRE  III.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS   VARIABLES 

directeurs  de  la  plus  courte  distance  q  des  deux  droites  ;  on  a 

(4)  ç  —  X  ==  St„     ri  —  y  =  hr^,     ^  —  z^  8x3, 

et  les  équations  (3)  peuvent  s'écrire 

/5\  j    'i^i  +  ^2^2  +  Tgag  -=  0, 

Elles  expriment  donc  que  la  plus  courte  distance  est  une  per- 
pendiculaire commune  aux  deux  droites  A  et  B.  Les  cosinus 
directeurs  de  la  plus  courte  distance  sont  fournis  par  ces  der- 
nières équations.  En  effet,  si  l'on  pose,  en  abrégé, 

il  vient 


(7) 


'■2 


Ti  T,         T3         yrp2_^rp2_^rp2 


La  valeur  de  la  plus  courte  distance  elle-même  s'en  déduit 
aussi  ;  car,  en  additionnant  les  équations  (4)  multipliées  respec- 
tivement par  T],  T,,  Tj,  il  vient 

puis,  en  remplaçant^  les  parenthèses  par  leurs  valeurs  (2)  et  en 
tenant  compte  des  équations  (5)  et  (7),  on  trouve 

(8)         0  =  T,  {bi  —  a,)  +  T2  (^2  —  a,)  +  ^3  (^3  —  a,) 
_  Ti  {b,  -  aQ  +  T,  {b,-a,)±T,  (h -a,) 

Enfin,  il  reste  encore  à  trouver  les  valeurs  de  11  et  de  v  cor- 
respondant aux  extrémités  de  la  plus  courte  distance.  Pour 
cela,  on  remplace  dans  les  équations  (3)  les  parenthèses  par  les 
valeurs  (2)  et  l'on  trouve,  par  les  propriétés  des  cosinus  direc- 
teurs d'une  droite,  les  deux  équations  suivantes  : 

o7hr  ^  "  ""  ''  ^^^  (^'  K)  — p  =  0, 

(    ~  ^y"  ^  "  ^^^  ^^' ^^  ~~  "  ~  ^  ^  ^' 
où  l'on  a  posé,  en  abrégé, 

j    />  =  (^1— a,)a, +(f;2  — a,)a2  + (i-3  — a3)a3, 
(    q  =  {b,  -  a,)  i3,  -f  {b,  -  a,)  i^,  +  (^3  -  «3)  §3. 


EXTRÊMES  LIBRES  l65 


On  en  tire 

(\r\\      „  =  />  —  q^  cos  (A,  B)  _  p  cos  (A,  B)  —  g 

^^"^  sin2(A,B)      '        "~       sin2(A,B)       ' 

ce  qui  achève  la  solution  du  problème. 

Remarque.  —  On  vérifie  facilement  que  la  solution  précé- 
dente satisfait  aux  conditions  analytiques  d'un  minime.  En 
effet,  on  tire  des  équations  (9) 

.    g     ^  2,  -■      -.      =  —  2  cos  (A,  B),  ,    „     =  2 

Donc  la  quantité  représentée  par  AC  —  B^  dans  la  théorie 
générale  est  égale  à  4  sin^  (A,  B).  Elle  est  positive,  et  il  y  a 
minime  parce  que  la  quantité  A  est  positive. 

Exercices. 

I  •  f^x,  y)  =  x^  +J/3  —  (jxy  +  27. 

R.  Une  solution  :  x^'i,y  =  1  (minime). 

2- /(^,  y)  =  x^-\-y^  —  2x^  -\-4xy  —  2y^ 

R.Trois  solutions  :  x  =  ~^\/2,  y  =  —  \/2  (minime)  ;x  =  —  \/2,y  = 
+  \/2  (minime)  ;x  =  0,y  =  o  (pas  d'extrémé). 

3-  A^,  y)^'X^  —  2xy^  +y  —  j5. 

R.  Une  solution  :  ;ir  =  0,  ji/ =  0  (cas  douteux).  Comme  la  fonction 
peut  se  mettre  sous  la  forme  {x—y^)^—y^,  on  voit  facilement  qu'il 
n'y  a  pas  d'extrémé. 

On  remarquera  que  cependant  la  fonction  /{ht,  kt)  de  t  seul  est 
maximée  pour  t  =  0  quels  que  soient  les  coefficients  h  et  k.  Cet  exemple 
prouve  donc,  contrairement  à  l'affirmation  de  certains  auteurs,  que 
l'existence  d'un  extrême  de /(a  -{-ht,b-[-  kt)  pour  t  =  Oquels  que  soient 
h  et  k,  n'entraîne  pas  l'existence  d'un  extrême  àef{x,y)  au  point  {a,  b). 

4.  Etant  donné  un  triangle,  trouver  dans  le  plan  du  triangle  un 
point  O  tel  que  la  somme  des  carrés  de  ses  distances  aux  trois  som- 
mets soit  minimée, 

R.  Soient  (ai,  b^),  {a.,,  bo),  {a-s,  b-s)  les  coordonnées  rectangulaires  des 
trois  sommets,  (x,  y)  celles  du  point  O.  On  trouve 

S  X  ==  ai -i- 02  +  Ua,  ^  y  =  bi -{- bo -\- ba. 

Le  point  O  est  le  centre  de  gravité  du  triangle. 

5.  Etant  donné  un  triangle,  trouver  dans  le  plan  de  ce  triangle  un 
pomt  O  tel  que  la  somme  de  ses  distances  aux  trois  sommets  soit 
minimée. 

R.  Conservant  les  notations  précédentes,  il  faut  minimer 


l66      CHAPITRE  III.  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES 


/(AT,  j)  -  S  V  (^  -  a,r  +  (  V  -  b,)  (î  =  1 ,  2,  3). 

Soient  ri,  r^,  r^  les  droites  joignant  le  point  O  aux  trois  sommets, 
et  Oi,  62,  O3  leurs  angles  avec  l'axe  des  x.  On  a,  si  les  dérivées  partielles 
s'annulent, 

Y~  =  cos  ^i  +  cos  0^  -\-  cos  O;)  =  0. 

L'axe  des  v  étant  quelconque,  on  en  conclut  que  les  trois  droites 
fi,  r.^,  y,)  font  entre  elles  le  même  angle.  Le  minime  a  lieu  au  point  oîi 
les  trois  côtés  du.  triangle  sont  vus  sous  le  même  angle  (120°).  Ce 
point  est  facile  à  construire  si  les  trois  angles  du  triangle  sont  <  120". 
Mais  si  l'un  des  angles,  A  par  exemple,  est  >  120°,  ce  point  n'existe 
plus.  On  montrera  que,  dans  ce  cas,  le  minime  a  lieu  quand  le  point  O 
vient  coïncider  avec  le  sommet  A  du  triangle.  C'est  un  exemple  remar- 
quable où  l'extrémé  correspond  à  un  point  de  discontinuité  des 
dérivées. 


CHAPITRE  I\5. 

Fonctions  implicites.  Changement  de  variables. 


§  1 .  Théorèmes  d'existences. 

Les  fonctions  implicites  sont  celles  qui  sont  définies  par  des 
équations  non  résolues.  Nous  commencerons  par  démontrer  les 
théorèmes  fondamentaux  sur  les  conditions  d'existence  de  ces 
fonctions.  Il  en  résultera  que  les  équations  différentiables  ne 
définissent  que  des  fonctions  différentiables. 

169.  Théorème  I.  —  Soit  ¥{u,  x,  y,...)  une  fonction  continue 

des  variables  u,  x,  y,...  Supposons  qu'en  un  point  particulier 

M(Uo,  a,  b,...),  la  fonction   F  soit  :  i"  nulle,   2*^  différentiable, 

3"»  douée  d'une  dérivée  F^  non  nulle.  Alors  il  existe  au  moins 

une  fonction    u  =  ^  {x,  y,...)  qui    se    réduit  à  Uq  au  point 

{a,  b,...)  et  qui,  dans  son  voisinage,  satisfait  identiquement  à 

l'équation 

¥{u,  X,  y,...)  =  0  ; 

enfin  toute  fonction  u  qui  possède  ces  deux  propriétés  est  diffé- 
rentiable (donc  continue)  en  ce  même  point  (Young). 

Il  suffira  de  considérer  trois  variables  u,  x,  y.  Puisque  F  est 
nulle  au  point  M  et  que  F[^  ne  l'est  pas,  ou  peut  d'abord  se 
donner  un  S  positif  assez  petit  pour  que 

F  (Wo  —  8,  a,  b)         et         F  (Ho  +  S,  a,  b) 
soient  de  signes  contraires,  car  F  est  une  fonction  croissante  ou 
décroissante  de  u  au  point  Uq.  Ensuite,  puisque  F  est  continue, 
on  peut  se  donner  un  8'  positif  assez  petit  pour  que  les  quantités, 
aussi  voisines  qu'on  veut  des  précédentes, 

F  («„  —  0,  .V,  y)        i'i.        F (//.,  —  ô,  A-,  y) 
soient  aussi  «le  signes  contraires  sous  la  condition  que  \  x  —  a  | 
et  1  y  —  b  \  .soient  <  8'. 


l68  CHAPITRE  IV.  FONCTIONS  IMPLICITES.  CHANGEMENT  DE  VARIABLES 

Ceci  fait,  donnons  nous  un  système  quelconque  x,  y  entre 
ces  limites  ;  ¥{u,  x,  y)  est  une  fonction  continue  de  u  qui 
change  de  signe  entre  zïo  — S  et  Uo  +  8  et  s'annule,  p^r  consé- 
quent, dans  cet  intervalle.  Soit  ii  ^^  (f>  {x,  y)  la  racine  (la  plus 
grande  s'il  y  en  a  plusieurs)  :  ce  sera  une  solution  de  F  =\0  se 
réduisant  à  Uq  au  point  (a,  b). 

Soient  maintenant  Aw,  ^x,  ^y  les  accroissements  correspon- 
dants d'une  telle  fonction  u  et  de  x,  y  à  partir  du  point  (a,  b). 
Puisque  F  est  différentiable  au  point  («o,  a,  b),  on  a 

^  I'  =  (Ko  +  0  ^"  +  {F'„  -r  e')  àx  +  (F;  +  e".)Ay  =  0, 
où  les  e  tendent  vers  0  avec  les  A  et  peuvent  donc  être  supposés 
aussi  petits  qu'on  veut  avec  o  et  B'.  Nous  supposerons  8  et  8'  assez 
petits  pour  que  les  e  soient  <  i  F'    1  qui  n'est  pas  nul.  Alors 

l'équation  précédente  montre  que  A«  tend  vers  0  avec  A^c  et  Ay, 
donc  que  la  fonction  u  est  continue  au  point  (a,  b). 

Cette  équation  montre,  de  plus,  que  la  fonction  est  différen- 
tiable au  point  (a,  b),  car  on  en  tire 

A«  =  -  (F;-|-e')AA;  +  (F;  +  e")Ar 
c'est-à-dire 

f'  f' 

A"  =■  -  -f  ^^  -  -7^  Ay  +  e'" Ax  +  e'^Ay, 
où  les  s  tendent  encore  vers  0  avec  les  A,  donc  avec  ùix  et  Ay. 

Remarques.  —  Si  F^  ejc/sfe  ef  «e  s'annule  pas  au  voisinage 
du  point  (uo,  a,  b),  la  solution  u  de  l'équation  F  =  0  est  unique. 

En  effet,  s'il  y  en  avait  deux  m  et  u',  on  aurait,  contrairement 
à  l'hypothèse,  pour  une  valeur  U  comprise  entre  u  et  u', 

0  =  F  («,  X,  y)  -  F(u',  X,  y)  =  {u-  u')  f;  (U,  x,  y) 
¥u{T],x,y)^Q. 

Si,  déplus,  F  est  différentiable  aux  environs  du  point  {uo>  a,  b), 
la  fonction  u  est  différentiable  au  voisinage  de  (a,  b),  car  la  dé- 
monstration précédente  s'applique  en  chaque  point  (u,  x,  y). 

170.  Théorème  II.  —  Soient  n  fonctions  F,,  Fg,...  Fn  des 
m  -}-  n  variables  x,  y,...  u,  v,  w,...  Supposons  qu'en  un  point 


THEOREMES  d'eXISTENCE 


169 


M  (a,  b,...  Uq,  Wo>  ^0,-"),  f^s  fonctions  F  soient  :  1°  nulles, 
2"  différentiables,  3°  telles  que  le  déterminant 

dF,  d¥\  dF.^ 

du  do  dw 

dFj  dYj  dF^ 

J  =       du  dv  dw 

dFn  dFn   dFn 
du     dv     dw  " 

ne  s'annule  pas  au  point  M.  Alors  il  existe  au  moins  un  sys- 
tème de  fonctions  u,  v,  w,...  des  m  variables  x,  y,...  se  réduisant 
à  Uo,  Vo,  u?o,...  au  point  a,  b,...  et  satisfaisant  identiquement  aux 
équations  Fj  ^^  0,  Fj  =  0,...  F^  =  0  aux  environs  de  ce  point. 
Ensuite  tout  système  de  fonctions  de  x,  y,...  possédant  ces  deux 
propriétés  est  différentiable  au  point  (a,  b,...).  Enfin,  si  les  déri- 
vées partielles  qui  composent  le  déterminant  J  sont  des  fonctions 
continues  de  x,  y,...  u,  v,  w,...  au  point  M,  J  ne  'annule  pas 
au  voisinage  de  M  et  le  système  de  ces  solutions  u,  v,  w,...  est 
unique  (Joung). 

Ce  théorème  se  réduit  au  précédent  quand  il  n'y  a  qu'une 
seule  équation.  Pour  l'établir  en  général,  admettons  qu'il  ait 
été  déjà  établi  pour  n  —  i  équations  et  montrons  qu'il  subsiste 
pour  n. 

Désignons  par  J,,  Jg,...  J„  les  mineurs  relatifs  aux  éléments 
de  la  première  colonne  de  J  ;  on  aura 


(1) 


dF, 
'^'~dû 


4- Js 


dF, 


+  -  +  Jn 


dF„ 


'  du    '        '   ""    du 

Comme  J  ne  s'annule  pas  au  point  M,  il  faut  que  l'un  au 
moins  des  mineurs  ne  s'annule  pas  en  ce  point  et  nous  pouvons 
supposer  que  ce  soit  Jj.  Dans  l'hypothèse  où  les  dérivées  sont 
continues  au  point  M,  J,  ne  s'annulera  pas  non  plus  dans  les 
environs  de  ce  point. 

Or  le  théorème  est  supposé  s'appliquer  pour  {n  —  i)  équa- 
tions. Donc,  Ji  étant  différent  de  zéro,  il  existe  un  système 
(unique  dans  la  dernière  hypothèse)  de  (n  —  i)  fonctions  : 

(2)        v  =  Y  {x,  y,...  u),        w  -  W  {x.  y,,.,  u),... 

de  m  4-  I  variables  indépendantes  x,  y,...  u,  se  réduisant  à 


170  CHAPITRE  IV.  PONCTIONS  IMPLICITES.  CHANGEMENT  DE  VARIABLES 

Vo,  Woy...  au  point  (a,  6,...  u^),  différentiables  en  ce  point  et  satis- 
faisant identiquement  aux  n  —  i  équations  : 

(3)     F2(;x;,y,...«,V,W,...)  =  0,...,Fn(^,r.-«.V,W,...)^0. 

Si  l'on  substitue  ces  fonctions  dans  la  relation  Fi  =»  0  qui 
reste  seule  à  vérifier,  elle  devient 

(4)        Fi  {x,  y,...  u,  V,  W,...)  -  <ï>  {x,  y,...  u)  =  0. 

En  vertu  du  théorème  I,  il  existe  au  moins  une  fonction  u  des 
m  variables  x,  y,...  se  réduisant  à  Uo  au  point  a,  b,...  satisfai- 
sant à  l'équation  précédente  dans  le  voisinage  de  ce  point  et 

différentiable,    pourvu   que  -v-  ne  s'annule  pas  en   ce   point. 

Mais  cette  condition  est  réalisée.  En  effet,  on  a 

du      du       dv    du      dw    du 

Multiplions  cette  relation  par  Ji  et  ajoutons  membre  à  mem- 
bre avec  les  identités  ci-dessous,  multipliées  respectivement 
par  Jg,  Js,...,  identités  qui  s'obtiennent  en  dérivant  par  rapport 
à  u  les  relations  (3)  : 


0  = 


àF\      àF^âV     âF\dW^ 

du       dv   du      dw   du 

dF^  ,  dF.,  d\     dF^  dW 


0  =  ^^  + 


du       dv   du      dw   du         ' 

Il  viendra,  par  l'équation  (1)  et  les  propriétés  des  mineurs 
d'un  déterminant, 

d^  d^ 

J,  3— =  J,        d'où        -— ^J:J,. 
du  du  ^ 

d^ 
Donc,  puisque  J  et  Jj  sont  différents  de  zéro,  ^-  l'est   aussi. 

Enfin,  si  les  dérivées  partielles  sont  continues  au  point  M, 

d^ 
la  solution  u  est  unique,  puisque  -r-  ne  s'annulera  pas  non  plus 

dans  le  voisinage  du  point  (a,  b,...). 

Si  l'on  substitue  dans  les  équations  (2)  la  fonction  u  dont 
l'existence  vient  d'être  établie,  on  obtient  pour  u,  v,  w,...  un 
système  de  fonctions  de  x,  y,...  qui  satisfont  à  toutes  les  con- 
ditions requises  dans  l'énoncé  du  théorème. 


DIFKÉRENTIATION  DES  FONCTIONS  IMPLICITES  I71 


§  2.  Différentiation  des  fonctions  implicites. 

171.  Les  fonctions  implicites  sont  celles  qui  sont  définies 
par  des  équations  non  résolues.  Dans  le  paragraphe  précédent, 
ou  a  indiqué  sous  quelles  conditions  on  peut  s'assurer  de  l'exis- 
tence de  ces  fonctions  et  l'on  a  montré  que  les  équations  diffé- 
rentiables  définissent  des  fonctions  défférentiables.  Ceci  admis, 
la  détermination  des  dérivées  et  des  différentielles  des  fonctions 
implicites  se  fait,  sans  aucune  difficulté  et  par  une  méthode 
uniforme,  en  différentiant  totalement  les  équations  qui  définis- 
sent les  fonctions. 

172.  Dérivées  et  différentielles  du  1"  ordre.  —  i''  Considérons 
d'abord  la  fonction  implicite  y  d'une  seule  variable  x,  définie 
par  une  équation  différentiable  unique 

F  {x,  y)  =  0. 
Différentions  totalement  cette  équation  (n°  i6i),  il  vient 

.-dx  -\-  v-dr  =  0, 
ax  ôy    ' 

d'où  nous  tirons,  pourvu  que  F,,  ne  soit  pas  nul, 

f'oj  dy  V'a, 

F^  dx  f; 

ce  qui  fait  connaître  la  dérivée  et  la  différentielle  de  y  au  moyen 
des  dérivées  partielles  de  F. 

On  peut  aussi  obtenir  la  dérivée  de  y  sans  passer  par  la  diffé- 
rentielle. On  observe  que  F  {x,  y)  est  une  fonction  composée 
de  X  qui  demeure  constante  quand  on  y  remplace  y  par  sa  valeur 
o(x)  tirée  de  l'équation  F  ^^^  0.  Donc  sa  dérivée  sera  nulle,  et  il 
vient,  pai-  la  règle  du  a"  i6o, 

dx     dy  dx        ' 

équation  d'où  l'on  tire  aussi  ^K  Quand  on  opère  ainsi,  on  dit 
souvent  que  l'on  dérive  totalement  l'équation  proposée  par  rap- 
port à  X. 

2"  Soit  maintenant  u   une  fonction  implicite  des  variables 
indé])endantes  x,  y,...,  définie  par  l'équation  différentiable 
F{x,y,...u)  =  0. 


T72  CHAPITRE  IV.  FONCTIONS  IMPLICITES.  CHANGEMENT  DE  VARIABL^Eg 


Il  vient,  eu  différeutiant, 

-^  dx  +  ^—  dy  +  ...  +  r-  du  =  0  ; 
dx  dy    *  du  ' 

et  l'on  en  tire  l'expression  de  la  différentielle  totale 


du 


=  _  f!.  dx  4-  f;,  dy  4- 
F,. 


pourvu  que  ¥[^  ne  soit  pas  nul. 

Les  déi-ivées  partielles  de  u  sont  les  coefficients  de  dx,  de 
dy,... 

^  _  _  F^  du  F,' 

dx  Fl' 


dy 


V 


D'ailleurs  ces  valeurs  s'obtiennent  par  le  même  calcul  que 
dans  le  premier  cas,  en  considérant  toutes  les  variables  indé- 
pendantes sauf  une  comme  constantes,  et  u  comme  fonction 
d'une  seule  variable. 

3"  Considérons  maintenant  m  fonctions   implicites    u,   v,.,. 
d'une  seule  variable  indépendante  x,  définies  par  m  équations  : 
,     (    Vi{x,  u,v,...)  =  0 
\       {i  =  I,  2,...  m) 
,  Il  vient,  en  différeutiant  totalement  ces  m  équations, 


(1) 


(2) 


f    dFi   ,      ,    ^F,    ,      ,    JF»   ,     , 
~^—dx-\--^du-\-^-^dv-\--' 
dx  du  dv 


0 


(ï  =  I,  2,...  m) 
Soit  J  le  déterminant  des  coefficients  de  du,  dv;...,  à  savoir 

I  ^  ^ 
du     dv 

J  =     dF\âF\ 
du     dv 

Si  J  n'est  pas  nul,  on  tire  des  équations  (2)  les  valeurs  de  du, 
de  dv,...  sous  forme  de  fractions  ayant  pour  dénominateur  com- 
mun J.  En  divisant  par  dx,  on  trouve  les  dérivées.  D'ailleurs 
ces  dérivées  peuvent  aussi  s'obtenir,  sans  passer  par  les  diffé- 
rentielles, en  dérivant  totalement  les  équations  (1)  par  rapport 
à  x,  ce  qui  revient  à  diviser  les  équations  (2)  par  dx. 

4°  Passons  enfin  au  cas  général.  Soient  m  fonctions  implicites 


DIFFÉRENTIATION  DES  FONCTIONS  IMPLICITES  178 

II,  u,....  (le  n  variables   iudépeiidaiites  x,  y,...,  définies  par  m 
équations  simultanées: 

I    Vi{x,  y,...,  u,  V,...)  =  0 
(  ('  =  I,  2,...  m) 

En  diflérontiant  totalement  ces  équations,  il  vient 

(2)   ^     dx  dy     -^  du  ôv         ^ 

\  {i  =  1, '2,...  m) 

Soit,  connue  dans  le  cas  précédent,  J  le  déterminant  des 
coefficients  de  du,  dv,...  Si  .)  n'est  pas  nul,  on  résout  les  équa- 
tions (2)  par  rapport  à  du,  dv,...  On  obtient  ces  différentielles 
sous  forme  de  fractions  ayant  J  pour  dénominateur  commun  et 
dont  les  numérateurs  sont  linéaires  par  rapport  à  dx,  dy,... 
Les  dérivées  partielles  d'une  des  fonctions  sont  respectivement 
les  coefficients  de  dx,  de  dy,...  dans  sa  différentielle.  Elles 
s'expriment  donc  rationnellement  au  moyen  des  dérivées  par- 
tielles des  fonctions  Fj  par  rapport  aux  variables  .y,  y,...  u,  v,... 
et  elles  ont  J  pour  dénominateur  commun.  On  peut  aussi  les 
obtenir  directement,  comme  dans  le  cas  précédent,  en  considé- 
rant u,  u,...  comme  fonction  de  A'  seul,  de  y  seul,  etc. 

173.  Dérivées  et  différentielles  successives.  —  Les  dérivées  et  les 
différentielles  du  deuxième  ordre,  du  troisième,  etc..  s'obtien- 
nent par  l'application  des  mêmes  principes,  eu  différentiant  ou 
en  dérivant  totalement  deux  fois,  trois  fois...  l'équation  ou  les 
équations  proposées  toujours'supposées  différentiables.  Aucune 
notion  nouvelle  ne  s'introduit,  mais  il  faut  observer  que,  dans 
ces  différentiations  successives,  les  différentielles  premières  des 
variables  indépendantes  doivent  être  traitées  comme  des  con- 
stantes, tandis  que  les  différentielles  des  fonctions  sont  elles 
mômes  des  fonctions  ayant  des  différentielles  successives  que 
l'on  désigne  par  les  caractéristiques  d,  d^...  d"  et  qui  sont 
précisément  les  inconnues  que  l'on  cherche. 

Soit  d'abord  à  déterminer  les  dérivées  successives  d'une  fonc- 
tion  y  de  .y,  définie  par  une  seule  équation  F  (.y,  y)  ^  0.  On  a, 
en  dérivant  successivement, 


174  CHAPITRE  IV.  FONCTIONS  IMPLICITES.  CHANGEMENT  DE  VARIABLES 

dx     dy  dx        ' 

dW    ,       ô^¥  dy  ,  df'Y  ^dyV  ,  ÔF  d^r       . 

L  2 — (   — ^  I    4-  — =  0 

dx^  dxdydx      dy\dx/       dy  dx- 


La  première  équation  donne  Dy,  la  deuxième  D^y  après 
qu'on  a  remplacé  Dy  par  sa  valeur,  la  troisième  D^y  après 
avoir  remplacé  Dy  et  D^y  par  leurs  valeurs,  et  ainsi  de  suite. 

Pasons  enfin  au  cas  général  où  m  fonctions  u,  v,...  des  n 
variables  indépendantes  x,  y,...  sont  définies  par  le  système  de 
m  équations  : 

Fi{x,  y,...  u,  y,...)  =  0,       (i  =  i,  2,...  m). 

En  différentiant  de  proche  en  proche,  on  en  tire  les  systèmes 
successifs  : 

â''«+|<'>-  +  -+^''"  +  |r  <'"  +  •••)'''  =  »' 


Le  premier  système  donne  du,  dv,...  Portant  ces  valeurs  dans 
le  système  suivant,  on  en  déduit  d^u,  d^v,...  et  ainsi  de  suite. 
On  a  chaque  fois  à  résoudre  un  système  d'équations  linéaires  : 
les  inconnues  sont  du,  dv,...  dans  le  premier  ;  d^u,  d^v,...  dans 
le  second,  etc..  On  remarquera  que  le  déterminant  des  coeffi- 
cients des  inconnues  est,  dans  tous  ces  systèmes,  le  même  dé- 
terminant J  supposé  différent  de  0. 

Les  dérivées  partielles  d'ordre/?  des  fonctions  m,...  s'obtien- 
nent encore,  par  le  principe  du  n°  iSy,  en  identifiant  la  valeur 
obtenue  pour  d^u  avec  l'expression  générale  de  cette  différen- 
tielle 

/'  d  d  ^^ 

"""-C^*^-^ +  5^"^ +  ■•■)"• 

On  peut  aussi  déterminer  ces  dérivées  par  des  dérivations 
totales  successives  effectuées  sur  les  équations  proposées  par 
rapport  à  chacune  des  variables  indépendantes,  mais  le  procédé 
par  différentiations  totales  successives  sera  généralement  plus 
pratique. 


EXTRÊMES  LIÉS  I75 


Exercices. 

I.  Calculer  les  dérivées  successives  de  la  fonction  j'  de  x  définie  par 
l'équation 

Log  V^'  +  J'^  ^  arc  tg  -  • 


dy x-\-y     d'^y  _      x- -\- y^ 

dx      X — y'   dx^  {x — y)' 


2.  Dérivées  successives  des  fonctions  jv  et  z  àe  x  définies  par  les  deux 
équations 

x-\-y  -\-  z=^  a,  x'^ -]- y'^ -[- z"^  =  b'~ . 

dy      z  —  x     d^y       5b'^  —  d^ 
ti..      '   —  — 


dx      y  —  2'   dx^        {2 — yy*" 

3.  Différentielles  totales  et  dérivées  partielles  de  la  fonction  2  des 
variables  x  eiy  définie  par  l'équation 

R.    d2  =  —  —  (^  dx  +  4^dy 
z    \a^  b- 


d-^2 


,    z^  \  dx-^    .    2xy  r  y^       z^  \  dy'' 


4.  Différentielles  totales  et  dérivées  partielles  des  fonctions  ^  et  m  de  ;»; 
et  j  définies  par  deux  équations 

'  x-\-y-\-z-\-u  =  a,         X-  -\~y-  -{-  z'  -\-u'  =  b. 

iu  —  x)dx  +  {u  —  y)  dv     ,         {z  —  x)dx-\-  (z  —y)dy 

K.      dz  = ' — —,du= ,.•• 

z—u  u—z 

5.  Etant  données  deux  équations  entre  quatre  variables  x.  y.  u,  v,  on 
peut  considérer  u,  v  comme  fonctions  de  x,  y  ou  x,  y  comme  fonctions 
de  u,  V.  Les  dérivées  partielles  de  u,  v  dans  la  première  hypothèse, 
celles  de  x,  y  dans  la  seconde,  vérifient  les  équations 

du  dx  ,àvdx_  ^  ÉZ  _i_  ^  É^  -  -  0 

dx  du       dx  dv  ~     '      dx  du       dx  dv  ' 

et  deux  autres  analogues  qu'on  obtient  en  permutant  ;r  et  r  dans  les 
précédentes. 

§  3.  Extrêmes  liés. 

174.  Extrêmes  liés  d'une  fonction  explicite  de  deux  variables.  — 
Soit  f{x,  y)  une  fonction  différentiable  de  deux  variables  .v  et  3' 
liées  entre  elles  par  une  équation  différentiable 

K(v.  y)  -  <t. 


176  CHAPITRE  IV.  FONCTIONS  IMPLICITES.  CHANGEMENT  DE  VARIABLES 

en  sorte  que  f  ne  dépend  en  réalité  que  d'une  seule  variable, 
par  exemple  ^c.  Il  s'agit  de  déterminer  ses  maximes  et  ses  mi- 
nimes. Ceux-ci  sont  ce  qu'on  appelle  des  maximes  ou  des  mi- 
nimes liés. 

En  supposant  toujours  satisfaites  les  conditions  d'existence 
et  de  continuité,  on  est  donc  conduit  à  annuler  la  dérivée  totale 
de  f{x,  y),  y  étant  considérée  comme  fonction  de  x.  D'autre 
part,  j'  s'obtient  en  dérivant  l'équation  F  {x,  y)  =  0.  On  trouve 
ainsi  les  deux  équations  : 

dx^dy^~    '        ôx'^dy^~    ' 
d'où  l'on  tire,  en  éliminant  y', 

dxdy     dydx 

Cette  équation,  combinée  avec  F  =  0,  donnera  les  systèmes 
de  valeurs  de  x,  y  pour  lesquels  /"peut  être  extrémée.  La  véri- 
fication pourra  se  faire  au  moyen  du  signe  d^f. 

175.  Cas  général.  —  Supposons  que  l'on  cherche  les  maximes 
et  les  minimes  d'une  fonction  différentiable,  f{x,  y,..,  u,  v,...), 
de  m  -h  71  variables  liées  entre  elles  par  n  équations  indépen- 
dantes et  différentiables  : 

(1)        Yi{x,y,...;u,v,...)  =  Q,         (f  -  i,  2,...  n), 

de  sorte  que  f  ne  dépend  en  réalité  que  de  m  variables  indépen- 
dantes, par  exemple  ;x;,  y,...  Laissant  de  côté  les  cas  de  discon- 
tinuité, tout  système  de  valeurs  de  ces  m  variables  qui  extrèmera 
/"devra  annuler  sa  différentielle  totale  (n*»  167).  D'autre  part, 
les  équations  (1)  peuvent  être  différentiées  totalement.  On  est 
donc  conduit  à  poser  le  système  de  (n  -h  i)  équations  : 

/■  |tdx  +  |?^dy  +  ...  +  ^d«  +  ...=0, 
i   dx  dy    "^  du 

(2)     {    d¥i    .     ,    d^i    .     .        .    dFi   ,     .  „ 

-^^^  +  ^^^  +  -+^^"  +  -  =  ^- 

{i  =  I,  2,...  n) 

Entre  celles-ci,  on  peut  éliminer  les  différentielles  du,  dv,... 

des  n  variables  indépendantes.  L'équation  résultante  sera  de  la 

forme 

Mdx  +  Ndy  +  ...  =  0  ; 


EXTREMES  LIES  I77 


et,  comme  elle  ne  renferme  plus  que  les  m  différentielles  arbi- 
traires, elle  se  décompose  en  m  autres  : 
M  =  0,        N  =  0,... 

qui,  jointes  aux  n  équations  (1),  constituent  un  système  de 
(m  +  n)  équations  simultanées  entre  les  (m  +  n)  inconnues 
oc,  y,...  u,  V...  En  résolvant  ces  équations,  on  trouve  les  sys- 
tèmes de  valeurs  des  inconnues  qui  peuvent  extrémer  /'.  11 
restera  à  discuter  ces  valeurs  au  moyen  du  signe  de  d^f  ou 
par  toute  autre  méthode,  cette  discussion  étant  généralement 
très  compliquée. 

176.  Méthode  des  multiplicateurs  de  Lagrange.  —  L'élimination 
des  différentielles  entre  les  équations  (2)  du  numéro  précédent 
se  fait  généralement  de  la  manière  la  plus  commode  par  la 
méthode  des  multiplicateurs,  qui  introduit  plus  de  symétrie 
dans  les  calculs.  On  multiplie  respectivement  les  équations  (2), 
hormis  la  première,  par  des  facteurs  à  déterminer  \,  \,...  Xrn, 
puis  on  additionne  toutes  ces  équations  (2)  membre  à  membre. 
On  trouve  un  résultat  de  la  forme 

Adx  +  Mdy  +  ...  -f  Vdii   }-...  =  0. 

On  imagine  que  l'on  dispose  des  m  facteurs  arbitrairs  \  de 
manière  à  faire  évanouir  dans  cette  équation  les  coefficients  P,... 
des  m  différentielles  du,...  qui  ne  sont  pas  indépendantes.  Alors 
il  ne  reste  plus  dans  l'équation  que  les  différentielles  arbitraires, 
de  sorte  que  les  autres  coefficients  doivent  également  s'annuler. 
On  est  ainsi  conduit  à  annuler  les  coefficients  A,  B,...  P,...  de 
toutes  les  différentielles,  ce  qui  fournit  m  +  n  équations  : 


dx^""'  dx 

4- V^^ +  ...  =  ( 

àf    ,  .    dV\ 
du'^^'  du 

+  Vt+...  =  c 

(3) 


JjCS  systèmes  (1)  et  (3)  renferment  en  tout  um  +  n  équations, 
qui  serviront  à  déterminer  les  valeurs  des  m  -\-  n  variables  x, 
y,...  u,...  et  des  m  facteurs  inconnus  Xj,  ).2,...  "k^. 

llEMAuquE  I.  Le  système  (3)  est  le  même  que  celui  que  l'on 

V2 


178  CHAPITRE  IV.  FONCTIONS  IMPLICITES.  CHANGEMENT  DE  VARIABLES 

forme  en  chercliant  les  extrêmes  libres  de  la  fonction  $,  définie 
par  l'équation 

<D  =  /•+  A,  Fi  +  Ag  F„  +  ...  \m  Fm, 

et  dans  laquelle  on  considère  x,  y,...  u,...  comme  des  variables 
indépendantes  et  \,  \,...  'km  comme  des  constantes. 

Remarque  II.  —  La  considération  de  la  fonction  <ï>  est  aussi 
commode  pour  la  discussion  du  signe  de  d^f.  En  effet,  l'équation 
$  =  /"est  une  conséquence  des  équations  (1)  ;  on  a,  en  vertu 
des  mêmes  équations,  d^f  =  d^<ï>  et  aussi 

d^d»  =.  d2/-+  \  d^¥,  +  ...  +  \md^Ym. 

Remplaçons  dans  le  second  membre  les  différentielles  se- 
condes de  /',  F,,...  par  leurs  expressions  générales  telles  que 

"^•*'  -  ii  ".  +  ...  +  lclu +  ...)' F +  ^d'u  +  ... 

IjCS  termes  en  d^u,  d-v,...  disparaîtront  en  vertu  des  équa- 
tions (3)  et  il  restera 

,2 


rfY=d=<i.  =  (|^dx  +  ...  +  Adu  +  ...)' 


<I>. 


On  peut  donc  remplacer  d^f^dbV  d^^,  qui  se  calcule  comme  si 
les  variables  étaient  indépendantes  et  les  X  constants.  Bien  en- 
tendu, pour  la  discution  du  signe  de  d^f,  il  faudra  peut-être 
encore  éliminer  les  différentielles  premières  du,...  des  variables 
dépendantes,  mais  l'introduction  de  <I>  a  eu  pour  avantage 
d'éliminer  immédiatement  leurs  différentielles  secondes. 

Exercices. 

I.  Trouver  la  route  que  doit  suivre  un  rayon  lumineux  pour  aller 
d'un  point  A  à  un  point  B  dans  le  moindre  temps  possible.  Ces  points 
sont  situés  dans  deux  milieux  distincts  où  les  vitesses  de  la  lumière 
sont  respectivement  u  et  v.  On  suppose  plane  la  surface  de  séparation 
des  deux  milieux. 

R.  On  voit  de  suite  que  cette  route  est  dans  le  plan  mené  par  A  et 
B  normalement  à  la  surface  de  séparation.  Soient  a  et  é  les  distances 
de  A  et  de  B  au  plan  de  séparation,  ;t;  et  v  les  angles  respectifs  du 
rayon  incident  et  du  rayon  réfracté  avec  la  normale  à  ce  plan.  La 
fonction  qui  doit  être  minimée  est 

a  b 

/(;V,    VO- -\ — 

//  cos  J'         V  cos  y 


EXTREMES  LIES  179 


avec  la  condition 

a  tg  X  -f  h  X^g  y  -=  const. 

On  trouve  sin  x  :  sin_y  ==  u  :  v. 

2.  Plus  courte  distance  d'un  point  à  un  plan. 

3.  Triangle  de  périmètre  minime  inscrit  dans  un  triangle  donné. 

R.  C'est  le  triangle  formé  en  joignant  les  pieds  des  trois  hauteurs. 

4.  Déterminer  les  axes  de  la  section  faite  dans  un  ellipsoïde  par  un 
plan. 

R.  Soient,  en  coordonnées  rectangulaires, 

X'^  1/2  2^ 

;^  +  ïi-  +  7r=^'         Ix -]- my  +  nz  =  0, 

les  équations  de  l'ellipsoïde  et  du  plan.  On  doit  extrémer  la  fonction 

ri^x'^+y^-^-z-, 

les  variables  étant  liées  par  les  équations  précédentes. 
La  méthode  des  multiplicateurs  donne 

x  +  l,—-{-hl=^0,    y+h  —  +  hm=^0,    z-^-y^iAr  +  Kn^O. 

«2  O2  C- 


On  en  tire 


"■'   ^%(J^X  +  f   "■ 


hi  —  r^J     '  W2  —  r 


Les  carrés  r^  des  demi-axes  de  la  section  sont  les  deux  racines  de 
l'équation 

a^l^  b^m^  c^n^ 

5.  Même  problème  pour  la  sur/ace  d'élasticité 

R.  On  trouve,  pour  déterminer  les  extrêmes  de  r,  l'équation 


y'i  _l,'i^rz  —  c^ 


=  0. 


6.  Déterminer  les  axes  de  la  conique  qui  a  pour  équation  en  coor- 
données obliques 

Ax2-\-2Bxy-\-Cy'^  =  H. 

R.  Soit  0  l'angle  des  axes.  Il  faut  extrémer 

r'^  =^  x^  -{- y'^  -\-  2  xy  cos  0. 

La  méthode  des  multiplicateurs  donne 

A;t  4-  By  =  ).  {x  +  y  cos  0),      B.v  +  Qv  =  À  {y  -f  x  cos  0). 


l8o  CHAPITRE  IV.  FONCTIONS  IMPLICITES.  CHANGEMENT  DE  VARIABLES 

D'où  Xy2  =^  H  et  les  valeurs  de  X  sont  les  racines  de  l'équation 
(A  —  À)  (C  —  À)  =  (B  —  X  cos  6)2. 

7.  Problème  analogue  pour  une  surface  du  second  degré. 

8.  Partager  le  nombre  positif  a  en  trois  parties  x,  y,  z,  telles  que 
f  =^x"*y"  z^  soit  maximée  {m,  n,  p  étant  positifs). 

R.  On  trouve  facilement  ---  =  -  =  --  =  — t—  n— ,  •  Le  caractère  d'un 
m       n      p      m-\-  n-\-  p 

maxime  se  vérifie  immédiatement  car  on  a,  pour  ces  valeurs  de  x,y,  z, 
\    x~  y^  z~    J 

§  4.  Changement  de  variables. 

Il  arrive  fréquemment  que  l'on  doive  transformer  les  expres- 
sions différentielles  en  substituant  de  nouvelles  variables  aux 
anciennes.  Ces  calculs  se  font  par  l'application  des  régies  géné- 
rales de  différentiation.  Mais  il  peut  être  utile  d'indiquer  un 
procédé  systématique  pour  effectuer  les  transformations  les 
plus  usuelles.  Nous  commencerons  par  résoudre  une  question 
préalable. 

177.  Dérivées  successives  d'une  fonction  par  rapporta  une  autre 
fonction.  —  Jusqu'ici,  pour  calculer  les  dérivées  successives  de 
y  par  rapport  à  x,  on  a  considéré  x  comme  la  variable  indé- 
pendante et  supposé  dx  constant,  auquel  cas, 

La  première  formule  subsiste,  même  si  x  est  une  fonction 
{i\°  95,  V),  mais  il  n'en  est  plus  ainsi  des  suivantes  qui  suppo- 
sent dx  constant  (n"  117).  Pour  calculer  les  dérivées  succes- 
sives de  y  par  rapport  à  ;x;  au  moyen  des  différentielles  succes- 
sives de  ces  deux  variables,  sans  choisir  x  comme  variable 
indépendante,  il  suffit  d'appliquer  successivement  la  première 
formule  en  observant  les  règles  générales  de  différentiation. 
On  trouve  de  proche  en  proche 


CHANGEMENT  DE  VARIABLES  iSl 


-^y-% 


d^ 


(^)\  T)S.  _  d-Bg^y         dy  ^dxd^y  —  dyd^x 
""-^  dx     ^  dx  dx^" 

3      _d.  D%y  _  dx{dxd^y — dyd^x) — 3d^x(dxd^y — dyd^x) 

et  ainsi  de  suite.  La  loi  générale  est  assez  compliquée. 

Soit  maintenant  t  la  variable  indépendante.  Proposons-nous 
d'exprimer  les  dérivées  successives  de  y  par  rapport  à  5C  au 
moyen  des  dérivées  successives  de  x  et  de  y  par  rapport  à  t. 
En  désignant  par  des  accents  les  dérivées  par  rapport  à  ^,  on  a 

dx  =  x'dt,     dKx  =  x"dt^,     d^x  =  x"'dt\... 
dy=^y'dt,     dy  =  y"dt',     d^y  =  y'"dt\... 

Substituons  ces  valeurs  dans  les  formules  (1),  dt  disparait 
du  résultat,  car  les  seconds  membres  sont  homogènes  et  de 
degré  0  par  rapport  aux  indices  de  différentiation.  Il  vient  donc 

•^       x" 


(2)      .    Diy  =  "'y" 


3 ,.  _  «'  (x'y"<  -  yx'")  -  3x"  (x-y"  -  .r'x") 

\    ^xy  —  — — — • -ji ,  etc. 


178.  Fonctions  d'une  seule  variable.  —  Soient  3^  une  fonction  de 
la  variable  indépendante  x,  et 

une  expression  renfermant  ^c,  y  et  les  dérivées  de  y  par  rapport 
à  ;x;  jusqu'à  un  certain  ordre.  La  transformation  de  cette  expres- 
sion par  un  changement  de  variable  donne  lieu  à  deux:  pro- 
blèmes principaux  : 

1°  Changement  de  la  variable  indépendante.  Etant  donnée 
une  relation 

(4)  ^-^{t) 

entre  x  et  une  nouvelle  variable  i,  on  choisit  t  comme  variable 
indépendante  au  lieu  de  ;x;.  Il  s'agit  d'introduire  t  au  lieu  de  x 


l82  CHAPITRE  IV.  FONCTIONS  IMPLICITES.  CHANGEMENT  DE  VARIABLES 


dans  V  ot,  par  suite,  les  cl«?rivées  de  r  ])ar  rapport  à  t  au  lieu 
ies  dérivées  par  rapport  à  a*. 

(>e  problème  peut  être  résolu  au  moyen  des  formules  (2),  où 
l'on  trouve  les  valeurs  des  dérivées  de  y  par  rapport  à  a*  en 
fonctions  des  dérivées  x',  x"...,  y',  y"...  de  x  et  de  y  par  rapport 
à  ^  Ou  substitue  ces  valeurs  dans  V,  et  l'on  remplace  x,  x', 
x"...  par  leurs  expressions  ^{t),  ^'  (t),  (p"(f),...  tirées  de  (4),  le 
problème  sera  résolu. 

2*'  Le  deuxième  problème  est  celui  du  changement  de  toutes 
les  variablest.  Etant  données  deux  équations 

F  {x,  y,  t,  u)  =  0,  F,  {x,  y,  t,  u)  =  0, 

entre  x,  y  et  deux  nouvelles  variables  t,  u,  on  demande  d'ex- 
primer V  au  moyen  de  t,  u  et  des  dérivées  de  u  par  rapport  à  t. 
Dérivons  totalement  les  équations  données  par  rapport  à  t,  en 
considérant  x,  y,  u  comme  des  fonctions  de  t  prise  comme 
variable  indépendante.  Nous  en  tirons  de  proche  en  proche 
(n°  178)  les  valeurs  des  dérivées  x',y',x",y",...  de  x  et  j  par  rap- 
port à  f  en  fonction  de  x,  y,  u,  u',  «",...  Substituons  ces  valeurs 
dans  les  équations  (2),  nous  obtenons  des  expressions  de  D^.  j, 
J)%y,...  que  nous  porterons  dans  V.  II  ne  restera  plus  qu'à 
éliminer  x,  y  au  moyen  des  équations  F  ==  0  et  F^  =  0.  Le  pro- 
blème sera  résolu. 

Ce  cas  se  présente  lorsque,  une  grandeur  géométrique  étant 
exprimée  en  coordonnées  rectangulaires  x  et  y  par  une  expres- 
sion telle  que  V,  on  veut  la  transformer  en  coordonnées  polaires 
r  et  ô  par  les  relations 

X  ~  r  cos  0,         y  ==  ^'  sin  6. 

Les  accents  désignant  des  dérivées  par  rapport  à  9,  on  a 

x'  =  r'  cos  9  —  r  sin  9,  y'  =  r'  sin  9  +  r  cos  9, 

^"=.=  r"cos9  —  2r'sin9  —  rcos9,     y"  =  r"  sin  9  4-  2r'cos9 —  7'sin9 

et  les  relations  (2)  deviennent 

_  ^  ®"^  9  -h  r  cos  9  2     _  r-  -\-  ar'^  —  rr" 

''^'"r'cos9-r"sl]^'         ^^'^"  ~  (r'cos9-rsin9)=^' 

Substituant  ces  valeurs  de  x,  y,  Da^r,...  dans  V,  on  aura 
résolu  la  question. 


CHANGEMENT  DE  VARIABLES  l83 

179.  Fonctions  de  plusieurs  variables.  —  Nous  supposerons, 
pour  abréger,  qu'il  n'y  ait  que  deux  variables  indépendantes, 
mais  la  méthode  sera  générale.  Soit  H  une  fonction  des  deux 
variables  indépendantes  x  et  y,  et 

une  expression  renfermant  les  variables  et  les  dérivées  par- 
tielles de  H  jusqu'à  un  certain  ordre.  Comme  dans  le  cas  pré- 
cédent, la  transformation  de  cette  ex-pression  par  un  changement 
de  variables  donne  lieu  à  deux  problèmes  principaux  : 

1°  Changement  des  variables  indépendantes.  On  donne  deux 
relations  entre  x,  y  et  deux  nouvelles  variables  u,  v  : 

(6)        Fi  {x,  y,  u,  v)  =  0,         F2  {x,  y,  u,  v)  =  0. 

On  choisit  u,  v  comme  variables  indépendantes  au  lieu  de  x,  y 
et  l'on  demande  d'introduire  u,  v  au  lieu  de  x,  y  dans  V  et, 
par  suite,  les  dérivées  de  H  par  rapport  à  u,  v,  au  lieu  de  celles 
par  rapport  à  x,  y. 

Il  faut  d'abord  exprimer  les  dérivées  partielles  de  H  par  rap- 
port èb  X,  y  en  fonction  des  dérivées  par  rapport  à,  u,  v.  On  y 
arrive  comme  il  suit  :  Prenant  x,  y  comme  variables  indépen- 
dantes, on  différentie  successivement  les  équations  données 
Fi  =  0  et  Fg  =  0.  On  en  déduit,  de  proche  en  proche  (n"  178), 
les  valeurs  de  du,  dv,  d^u,  d^v,.,.  en  fonction  de  ^c,  y,  u,  v,  dx 
et  dy.  Portant  ces  valeurs  dans  les  expressions  suivantes  des 
différentielles  de  H  (n°*  i56)  : 

dH  =  -^ —  du  A — T—  dv, 
du  dv 

d^H  =  \^—du  -\- ^—dv  pH  -\ — K — d^u  -j-  — , —  d^v, 
\du  dv      J  du  dv 

on  trouve,  en  réduisant, 

/    dH  —  p  dx  +  q  dy, 
(8)  !    dm  =^rdx^  -{--2s  dx  dy   (-  t  dy-, 

où  p,  q,  r,  s,  t,..,  renferment  x,  y,  u,  v  et  les  dérivées  de  H  par 
rapport  h,  u,  v.  Les  variables  x,  y  étant  indépendantes,  on  en 
conclut  (n<*  iS^) 


l84  CHAPITRTÎ  IV.  FONCTIONS  IMPLICITES.  CHANGEMENT  DE  VARIABLES 

du  dn  dm 

ôx—^'^  ây—''  dx^-''    ^*«- 

Ce  sont  les  expressions  des  déi-ivées  partielles  qu'on  se  pro- 
posait d'obtenir.  On  porte  ces  valeurs  dans  V  et  on  élimine,  s'il 
y  a  lieu,  x,  y  par  les  équations  (6).  Le  problème  sera  résolu. 

2°  Changement  de  toutes  les  variables.  On  donne  trois  rela- 
tions : 

(9)     Fi  {x.  y,  H,  u,  V,  K)  -  0,         F„  =  0,         F^  -^  0, 

entre  x,  y,  H  et  trois  nouvelles  variables  ii,  v,  K.  On  demande 
d'exprimer  A^  en  fonction  de  u,  v,  K  et  des  dérivées  partielles 
de  K  considérée  comme  fonction  de  u,  v. 

Choisissant  x,  y  comme  variables  indépendantes,  on  diffé- 
rentie  totalement  les  trois  équations  données  et  on  en  tire,  de 
proche  en  proche,  les  valeurs  des  différentielles  successives  de 
u,  V,  K  en  fonctions  des  différentielles  de  x,  y,  H.  Les  diffé- 
rentielles de  K  en  particulier,  sont  de  la  forme 

/    f/K  --  A  (Ix  +  B  dy  -{-CdJi, 
(10)  I    r?2K  =  Dr/.\-2-f  ...+  ErfH^  4-Fr/2H, 

\ ,         . 

où  A,  B,  C,  D,...  sont  des  fonctions  connues  de  x,  y,  H,  u,  v,  K. 
D'autre  part,  portons  les  valeurs  analogues  trouvées  pour 
du,  dv,  d^u,  d^v,...  dans  les  formules  générales  : 

rtK  =  -3 —  du  -f  -3 —  du, 
\  du  dv       ' 

^^^^      \  \i2jr        f  ^   A      ,     <^  ^  ^21.^  ,   à\<     ,,       ,     dK    ,, 
I    d^K  =     ^-  du  -{--^dv  rK-\ — r—  dhi  4-   — -  d^v, 
I  \du  dv     J       'du  ov 

\ ,   . 

il  viendra,  en  réduisant, 

/iK  =  M  c?5c  +  N  dy  +  P  dH, 
(12)  ]    d^K  =  Q  dx-'  +  ...  -f  R  dW  -f  S  d^H, 


où  M,  N,  P,  Q,...  contiennent   linéairement  les  dérivées   par 
tielles  de  K  par  rapport  à  u,v. 

En  égalant  les  valeurs  (10)  et  (12)  de  dK,  d^K,...  il  vient 
(M  _  A)  dA;  +  (N  —  B)  dy  -f  (P  _  C)  dH  =  0, 
(Q  —  D)  d^c2  4-  ...  4-  (R  _  E)  dH^  H-  (S  —  F)  d^l  =  0, 


CHANGEMENT  DE  VARIABLES  l85 


La  première  équation  donne  dH.  Portant  cette  valeur  dans 
la  suivante,  on  en  tire  rf^H,  et  ainsi  de  suite.  Les  résultats  sont 
de  la  Forme 

r/H  ^-  p  (Ix  -\-  q  dy, 
dm  =  r  dx'  +  2  .s-  dx  dy  -\-  l  dy'^, 

où  }>,  (],  r,...  sont  des  fonctions  rationnelles  connues  des  déri- 
vées de  K  par  rapport  à  ii  et  v.  On  conclut  de  ces  relations 


-  'h  ÀZTi  =  ^'    etc. 


^i  _  dH  _  dm 

dx   ~'''  ôy  "'  '''  dx' 

On  portera  ces  valeurs  dans  V .  On  éliminera,  s'il  y  a  lieu,  x,  y, 

H  par  les  relations  F,  =  Ko  ^^  Kg  —  0.  Le  problème  sera  résolu. 


180.  Premier  exemple.  —  Soit  H  une  fonction  de  deux  variables,  x,  y. 
On  demande  de  transformer  l'expression 

par  les  formules  de  transformation  des  coordonnées  rectangulaires  en  coordon- 
nées polaires  dans  le  plan  : 

(14)  X  =  ucos  V,  i'  =  «sinî'. 

C'est  le  premier  des  deux  problèmes  résolus  au  numéro  précédent. 
Suivant  la  méthode  générale,  on  différentie  les  équations  données  et 
il  vient 

dx  ^^  (cos  v)  du  —  (sin  v)  u  dv, 
dy  =  (sin  v)  du  -f  (cos  v)  u  dv. 
On  en  tire 

/JE»  I    du  —  COS  V  dx -}- sin  V  dy 

(    n  dv  -  —  sin  v  dx  -f-  cos  v  dy 

et.  en  différentiant  de  nouveau, 

d'-u  =  ( —  sin  V  dx  -f-  cos  v  dy)  dv  —  u  dv- 

du  dv  -\'  u  d^v  —  —  (cos v  dx-\-  sinv  dy)  dv  -=  —  du  dv. 


On  a  donc 


d'^u  =  udv^,  d-v  =  —  2  . 

u  . 


Portant  ces  valeurs  dans  le  seconde  formule  (7),  elle  devient 

d^H  =  ^7  du'  -  -  2    ;r— r —     )dudv-\-[  -r-  -  +  «-V-     dH. 

du-  \du  dv      u    dv  J  \  dv-         du  J 

Il  reste  à  remplacer  du  et  dv  par  leurs  valeurs  (15)  et  à  ordonner  par 
rapport  à  dx  et  dy.  La  quantité  V  sera  la  somme  des  coefficients  de 


l86  CHAPITRE  IV.  FONCTIONS  IMPLICITES.  CHANGEMENT  DE  VARIABLES 

dx^  et  dy^.  Or  la  somme  de  ces  coefficients  est  égale  à  i  dans  le  déve- 
loppement de  du^,  à  0  dans  celui  de  du  dv  et  à  i  :  u^  dans  celui  de  dv^. 
On  a  donc  immédiatement 

na\  d^H       I    dm      idH 

^^^^  du^  '^  u^  d v^      u  du' 

181.  Deuxième  exemple.  —   Soit  H  une  fonction  de  trois    variables 
x,y,  z.  Transformer  l'expression 

(17)  v=^-^^+^^:m+^!5 

^  *^  dx^  ^  dy^  ^  dz^ 

par  les  formules  de  transformation  des  coordonnées  rectangulaires  en  coordon- 
7iées  polaires  dans  l'espace  : 

(18)  X  =  usmw cosv,    y ^^usinwsinv,    z  =  ucosw. 

On  simplifie  le  problème  en  faisant  la  transformation  en  deux  fois. 
Posons  d'abord  u  sin  w  =  u\  et  éliminons  x,  y  par  les  relations 

(19)  x  =  UxCO&v,        y  =  Uismv. 
On  aura,  par  la  solution  du  problème  précédent, 

^  ^  âx^  ^  ây^       âu\  "^  ul  dv^  "^  «i  du,' 

Eliminons  ensuite  z  et  Ui  par  les  relations 

(21)  z  =  ucosw,        Ui  ^'usinw. 

On  aura 

^  ^  dz^  '^  dul       du^"^~n^  dw^'^u  du' 

Ajoutant  membre  à  membre  les  équations  (20)  et  (22),  il  vient 

^    ^        dx-^       oy^    ^  dz^       du^       u^  dw^      u  du 

u\  dv^      ui  dui 

Il  faut  encore  exprimer  -r—  au  moyen  de  u,  w  par  les  relations  (21) . 
dui 

Pour  cela,  on  forme  les  valeurs  suivantes,  analogues  aux  valeurs  (15): 

du  ==  cos  w  dz  -]-  sin  w  du\ ,        udw  =  —  sin  w  dz  -{-  cos  w  du,; 
on  les  substitue  dans  l'expression 

dn  dB. 

dH=-^du  +  -^dw 


CHAMGEMJÎNT  DE  VABIABLES  1B7 


et,  en  cherchant  le  coefficient  de  dui.  on  trouve 

dU      àH   .         ,    ifJH 

—  =  — -  sin  w  H —  3—  CCS  w. 
du\       Ou  u  Ow 

Portant  cette  valeur  dans  (23),  on  a  finalement 

^     '  c)w-^       M  (?M       «•  V  dît/-       sin  a^  t^y^;  y      w^sin"'??'  âv-  ' 

18.  Transformation  de  Legendre.  —  Dans  certains  cas,  les  rela- 
tions qui  lient  les  nouvelles  variables  aux  anciennes  renferment  aussi 
leurs  dérivées.  La  transformation  de  Legendre  en  est  un  exemple 
remarquable.  Soit  z  une  fonction  de  deux  variables  indépendantes 
X,  y.  On  pose 

.  _dz  _dz 

dx'  ày' 

On  suppose  qu'il  n'y  ait  pas  de  relation  entre  />  et  ^  et  l'on  se  pro- 
pose d'exprimer  les  dérivées  secondes  de  ^  par  rapport  à  ,r  et  à  j/ en 
prenant  p,  q  comme  nouvelles  variables  indépendantes,  et,  comme 
nouvelle  fonction,  la  variable  u  définie  par  l'équation 

(1)  u^px-\-qy  —  z. 

En  différentiant  cette  relation  et  en  observant  que  l'on  a 

(2)  dz  =  pdx^  q  dy, 

il  vient 

du  =  xdp  -\-y  dq. 

On  en  conclut,  p  g\  q  étant  indépendants  par  hypothèse, 

du  du 

dp"-      rr'' 

puis,  en  diftérentiant  ces  deux  relations, 

d^u  d^u  d^u  d^u 

(3)        V-  dp  +  3—-  -  dq  -=  dx,  dp-\-  ^—dq^  dy. 

^  '        dp-'   ^      ôpdq     ^  âpdq  dq^  -^ 

Les  différentielles  dx  et  dy  étant  arbitraires  dans  ces  deux  équations, 
on  en  conclut  que  le  déterminant 

(5)  K^p^-^-f^'"' 


dp^dq^     \dpdq 

est  différent  de  zéro  par  hypothèse.  Par  suite,  ces  deux  équations 
peuvent  se  résoudre  par  rapport  à  dp  et  dq  et  il  vient 

,.         I  fd'u  d'H         \  I  fd^u^  d'u     .  \ 

'^==H[dq-^''-d^dq'''J'         ''=H[àp^''-lpdç'V- 


l88  CHAPITRE  IV.  FONCTIONS  IMPLICITES.  CHANGEMENT  DE  VARIABLES 

Portant  ces  valeurs  dans  la  différentielle  totale 

d^z  =dp  dx  -\-  dq  dy, 

obtenue  en  différentiant  l'équation  (2)  et  en  considérant  x,  y  comme 
les  variables  indépendantes,  dx  et  dy  comme  constants,  on  trouve  enfin 

''  =  H  Ui  '''  -  '  ôpôç'''^+àf^  'y' 

Cette  formule  résout  la  question.  On  en  conclut 

^__L^  _^j!__ L    ^^^  d'^u  _  I    d'^u 

dx^~  H  dq^'  dxdy~~  U  âpdq'  d^^^lîdp^- 

Exercices. 

1.  Exprimer  les  dérivées  dey  par  rapport  à  a^  en  fonction  des  déri- 
vées x',  x",...  de  X  par  rapport  à. y. 

2.  Transformer,  en  prenant  j/  comme  variable  indépendante,  l'équa- 
tion 

dx  dx^        \dx^J 
R.  On  trouve  x'"  =  0. 

3.  Transformer,  par  la  relation  ;tr  =  cos  t,  l'équation 

4.  Transformer,  par  la  relation  x^Sji  —  t^,  l'équation 

R.  L'équation  conserve  la  même  forme,  t  prenant  seulement  la 
place  de  x.  Donc,  si_y  =  f  {x)  est  une  première  solution  de  l'équation, 
y  =  'f  {\Ji  —  x^)  en  est  une  autre. 

5.  Montrer  que  l'on  a,  par  les  relations  x  =  r  cos  6,  ^  ==  y  sin  Ô, 


,   dy^^-i  r  dr^ 


3 


CHANGEMENT  DE  VARIABLES  189 


6.  Transformer,  par  les  relations  m  =  xy,  v  =  i  :y,  l'équation 

^-~  +  2  xv^  -^  -1--  {y  —  j-0  -V"  +  xyz  =  U. 
Ox-  Ox  Oy 

R.  L'équation  conserve  la  même  forme,  «  prenant  seulement  la 
place  de  a:  et  î;  celle  de  v'.  Donc,  s\  z=-<^  {x,y)  est  une  première  solu- 
tion, ■3'  =  «p  (  xy.-  \  en  est  une  autre. 

7.  Soit  H  une  fonction  des  trois  variables  x,  v,  z.  Transformer  les 
deux  expressions 


'        \dx)^\dyj   ^\ 


il,,  = 1- 


dz  y  '         '  dx-    '    dy-       dz^ 

par  la  substitution  orthogonale 

x  =  au-\^hv^civ,            fl- +  è'^ -l-c2  =  1,  aa' +  ii' -f  ce' =  0, 

V  -^  a'«  +  Vv  +  c'zê',          fl'^  +  V-^  +  c'2  =  I ,  aa"  +  hV^  +  <^<;"  =  0. 

z  =^  a"u  -f  è"v  +  c"7i>,       a"-'  +  ^"-  +  c"'  =  i ,  a' a"  +  è'è"  +  c'c"  =-  0. 

R.  Les  expressions  A,  et  A.,,  conservent  la  même  forme,  u,  v,  w  rem- 
plaçant x,  y,  z. 


CHAPITRE  V. 

Intégrales  indéfinies.  Méthodes  classiques  d'intégration. 


§  1.  Procédés  généraux  d'intégration. 

183.  Problème  des  quadratures.  —  Le  calcul  intégral  est  l'in- 
verse du  calcul  différentiel.  Il  a  pour  objet  de  remonter  des 
relations  données  entre  les  variables  et  leurs  différentielles 
aux  relations  qui  existent  entre  les  variables  seulement. 

La  première  question  traitée  dans  le  calcul  différentiel  était 
de  trouver  la  dérivée  ou  la  différentielle  d'une  fonction  donnée 
f{x).  Le  calcul  intégral  doit  débuter  par  la  question  inverse  : 

Une  fonction  f{x)  étant  donnée,  trouver  toutes  les  fonctions 
qui  ont  f{x)  pour  dérivée  ou,  ce  qui  revient  au  même,  f{x)  dx 
pour  différentielle. 

Ce  problème  a  reçu  le  nom  de  Problème  des  quadratures, 
d'après  le  problème  de  géométrie  auquel  il  est  étroitement  lié 
et  que  nous  étudierons  plus  loin.  On  doit  d'abord  se  demander 
s'il  existe  toujours  une  fonction  ayant  pour  dérivée  f{x),  ou  si 
le  produit  de  f{x)  par  dx  constitue  toujours  une  différentielle. 
Nous  prouverons  bientôt,  en  exposant  la  théorie  des  intégrales 
définies,  qu'il  en  est  bien  ainsi  dans  tout  intervalle  où  la  fonc- 
tion f{x)  est  continue.  Nous  admettrons  provisoirement  ce 
résultat  dans  le  chapitre  actuel  et  nous  supposerons  une  fois 
pour  toutes  que  la  condition  de  continuité  est  réalisée  dans  les 
théorèmes  généraux  que  nous  allons  énoncer. 

184.  Fonction  primitive.  Intégrale  indéfinie.  —  Une  fonction  F  (x) 
qui  a  f(x)  pour  dérivée  ou  f(x)  dx  pour  différentielle  s'appelle 
une  fonction  primitive  de  f{x)  ou  une  intégrale  de  f{x)  dx.  On 
dit  aussi  une  intégrale  de  f{x). 

La  connaissance  d'une  seule  fonction  primitive  de  f{x)  four- 


PROCEDES  GENERAUX  D  INTEGRATION  I9I 

uit  la  solution  complète  du  problème  des  quadratures.  Ou  a, 
en  effet,  le  théorème  suivant  : 

Soit  f{x)  une  fonction  continue  ;  si  F  (a-)  a  pour  dérivée  f(x) 
dans  un  intervalle  (a,  b),  l'expression 

F(a:)4-C, 

où  C  est   une  constante  arbitraire,   représente,   dans  cet  inter- 
valle, toutes  les  fonctions  qui  ont  pour  dérivée  f{x). 

En  effet  F{x)  +  C  a  pour  dérivée  f{x)  ;  et,  réciproquement, 
toute  fonction  qui  a  f{x)  pour  dérivée,  ayant  la  même  dérivée 
que  F{x),  ne  diffère  de  F{x)  que  par  une  constante  (n"  io5). 

D'après  cela,  la  fonction  F(a:)  +  CoùC  est  une  constante 
arbitraire,  est  la  fonction  la  plus  générale  qui  ait  f{x)  pour 
dérivée  et  f{x)  dx  pour  différentielle.  Cette  fonction  se  nomme 
Vintégrale  indéfinie  ou  générale  de  f{x)  dx  et  se  représente  par 
la  notation 

J  f{x)dx, 

qui  comprend  implicitement  la  constante  arbitraire. 

185.  Propriétés  des  intégrales  indéfinies  qui  résultent  immédiatement 
de  leur  définition.  —  i*^  Par  définition  de  l'intégrale  indéfinie,  on 
a  la  relation 

d  I  f{x)  dx  ^  f{x)  dx. 

Donc  les  signes  d  et  J  se  détruisent  quand  le  signe  d  est  placé 
devant  le  second. 

Pareillement,  par  définition, 

D  (f{x)  dx  =--  f{x). 

2°  F  (x)  étant  une  intégrale  de  d  F  (x),  on  a 

j*dF(.v)  =F(a:)  +  C. 

Donc  les  signes  (/  et  J  se  détruis  nt  encore  devant  F{x)  quand 
le  signe  d  est  le  second,  mais  il  faut  ajouter  une  constante  arbi- 
traire à  la  fonction  F  (x). 

3°  Un  facteur  constant  peut  être  mis  hors  du  sig^ne  d'intégra- 
tion, c'est-à-dire  que,  si  a  est  constant, 


I  a  f{x)  dx  =  H  \  f(x)  dx. 


192  CHAPITRE  V.  INTEGRALES  INDEFINIES 


En  effet,  les  deux  membres  out  af{x)  pour  dérivée.  Donc  ils 
ne  peuvent  différer  que  par  une  constante.  Mais,  comme  ils  com- 
prennent tous  deux  une  constante  arbitraire,  ils  ont  le  même 
sens. 

4°  L' intégrale  indéfinie  d'une  somme  de  différentielles  est  égale 
à  la  somme  des  intégrales  de  chacune  des  différentielles.  Ce 
théorème  est  exprimé  par  la  formule 

(h  +  y  —  m  -f-  •••)  dx  =     udx  -\-  I  vdx  —     wdx  ^-  ••• 

En  effet,  les  deux  membres,  ayant  la  même  dérivée  (u  -[-  v  — 
IV  +  •••),  ne  pourraient  différer  que  par  une  constante  ;  mais, 
comme  leur  définition  comporte  une  constante  arbitraire,  ils 
)nt  la  même  signification.  11  est  vrai  qu'il  y  a  en  apparence 
plusieurs  constantes  arbitraires  dans  le  second  membre,  car 
chaque  terme  en  comporte  une  à  lui  seul,  mais,  comme  ces 
constantes  s'ajoutent  entre  elles,  elles  se  réduisent  en  réalité  à 
une  seule  distincte. 

186.  Intégration  immédiate.  —  Les  résultats  trouvés  dans  le 
calcul  différentiel  permettent  d'écrire  immédiatement  les  inté- 
grales de  quelques  différentielles  simples.  En  effet,  lorsque, 
dans  l'expression  à  intégrer,  on  reconnaît  la  différentielle  d'une 
fonction  connue  F  (oc),  il  suffit  d'ajouter  à  celle-ci  une  constante 
arbitraire  pour  obtenir  l'intégrale.  Cette  remarque,  appliquée 
au  tableau  des  différentielles  des  fonctions  élémentaires,  con- 
duit à  former  le  tableau  suivant,  qu'il  importe  de  bien  posséder 
par  cœur  : 

J'a-  dx  =  -^l^  +  C,  je-  rf.v  =  e-  +  C, 

I  sin  ;x;  dx  =  —  cos  a-  +  C,  cos  x  dx  =  sin  x  +  C, 

C   dx  ,.  Ç   dx  ^       ,    t. 

-^-  =■  tgA;  +  C,  -7-^  =  —  eot  X  +  C, 

Jcos^a:        ^  jsm^A: 


dx 

^  —  arc  tg  a:  -f  C  =  —  arc  cot  a*  -\-  C, 


I  +  a; 
dx 


=  arc  sin  a  -f-  C  =  —  arc  cos  a  4-  C, 


Vi  —  X''- 

dx 

— -==  arc  sec  x  -\-  C  =^  —  arc  cosec  a  -f  C. 

av'a^'-  —  I 


PROCÉDÉS  GÉNÉRAUX  d'iNTÉGRATION  igS 

Nous  allons  indiquer  maintenant  les  principaux  artifices  à 
l'aide  desquels  on  peut  ramener  l'intégration  des  différentielles 
plus  compliquées  aux  formules  du  tableau  précédent.  Ces  arti- 
fices sont  au  nombre  de  trois  :  i*>  Décomposition  en  éléments 
simples  ;  2°  changement  de  variables  ;  S*'  intégration  par  parties. 

187.  Intégration  par  décomposition.  —  C'est  l'application  de  la 
propriété  énoncée  au  n°  i85  (4°).  Si  l'on  peut  décomposer  la 
différentielle  f{x)  dx  en  une  somme  de  termes  que  l'on  sait 
intégrer,  en  faisant  la  somme  des  intégrales  de  chaque  terme, 
on  obtiendra  l'intégrale  de  f{x)  dx. 

Cette  méthode  s'applique  à  un  polynôme  ; 


f 


X^  5C"+* 

(ao  +  ai5c  +  ...  +  a„5C")d«;  =  aoX-\-  a^ 1 h  a„ — r— +  C. 

Elle  s'applique  aussi  à  d'autres  fonctions,  par  exemple, 

r         dx     ^  r(sin'  X  H-  cos^  x)  dx      Ç    dx  Ç    dx 

J  sin*  X  cos*  X      J        sin*  x  cos''  x       ~  J  cos^"^  "^  J  sin'-'"^' 


I 


dx 

=  tg  ;>C  —  COt  5C  -f-  C. 


sm^  ;x;  cos*  x 


188.  Intégration  par  substitution.  —  Cette  méthode  résulte  de 
la  règle  de  différentiation  des  fonctions  de  fonctions.  Propo- 
sons-nous d'exprimer  J  f(x)  dx  à  l'aide  d'une  nouvelle  variable  t, 
liée  à  X  par  l'équation 

X  =^  <f)  (t). 

Je  dis  qu'il  suffit  de  faire  la  substitution  sous  le  signe  f, 
c'est-à-dire  que  l'on  a,  f  (t)  ayant  une  dérivée  continue  (f'{t), 

jf{x)dx=jf[:f{t)]<^'{t)dt, 

En  effet,  les  deux  membres,  ayant  la  même  différentielle 

f{x)dx  =  f[<f{t)]^'{t)dt, 

ne  peuvent  différer  que  par  une  constante,  mais,  comme  ils 
comportent  une  constante  arbitraire,  ils  ont  le  même  sens. 

On  voit  que,  si  l'on  choisit  la  substitution  de  manière  à  rame- 
ner f{x)  dx  à  une  forme  que  l'on  sait  intégrer,  on  obtiendra 
l'intégrale  en  fonction  de  t.  Pour  l'exprimer  en  fonction  de  x, 
il  suffira  d'y  remplacer  t  par  sa  valeur  tirée  de  .v  =  cp(/). 

i3 


Iq4  chapitre  V.  INTÉGRALES  INDEFINIES 

,      .       .  t    ^  at 

On  obtient  ainsi,  par  les  substitutions  x  =  -et  x  =  -^, 

J  aj  a  a 

û-^^^—  ^  A  f--7^  =  A-  arc  tgt+C^^avctg^  +  C. 
Ja'-\-bKx'      abji  +  t-      ab  ^    ^  ab  ''a 

De  même,  par  substitution  x— p  ==  qt,  on  obtient  l'intégrale, 
que  nous  rencontrons  bientôt  (n°  196)  : 

Remarque.  —  Dans  les  cas  simples,  il  est  inutile  d'introduire 
de  nouvelles  lettres  et  la  substitution  se  fait  mentalement. 
Ainsi  on  écrit,  sans  passer  tout  au  long  par  la  substitution 


P 


c. 


<f{x) 
En  particulier, 

Ja  +  bx     b)     a  +  bx        b       ^^    ^       ^ 
i    2{x-p)dx  ^  rd[{x-py  +  q^  _  -j^       ^(^  _    y  ^    ,^  _|_ 

189.  Intégration  par  parties.  —  Cette  méthode  est  une  consé- 
quence de  la  règle  pour  différentier  un  produit.  Soient  m  et  u 
deux  fonctions  de  «;,  on  a 

duv  =  udv -\-vdu,        d'où        udv  =-  d.uv —  v  du. 
Il  vient  donc 

\udv=  (d.uv—  \vdu. 

Mais  le  premier  terme  du  second  membre  est  égal  k  uv  +  C  ; 
et,  comme  cette  constante  C  peat  être  comprise  dans  le  second 
terme,  il  reste  simplement 

iudv  -=uv  —  \vdu. 

Cette  formule  renferme  la  règle  d'intégration  par  parties. 
Elle  ramène  l'intégration  de  11  dv  à  celle  de  y  du,  qui  peut  être 
plus  facile. 


PROCÉDÉS  GÉNÉRAUX  d'iNTÉGRATION  IqS 

Soit,  par  exemple,  à  intégrer  xe^dx.  On  pose  x  =  u  et  e^^  v 
(d'où  e^dx  ^  dv).  Il  vient  alors 

jjce^d^x;  =  xe^ —    e^cf^c  =  xe^—  e^4-  C. 

190.  Combinaison  de  diverses  méthodes.  —  On  doit  souvent  em- 
ployer successivement  plusieurs  des  méthodes  précédentes 
pour  effectuer  complètement  l'intégration.  En  voici  quelques 
exemples  : 

i**)  En  intégrant  d'abord  par  parties  et  ensuite  par  substitu- 
tion, on  trouve 

larctgica^c  ==  ocarctgac —  \~ZL — 1~  ^^^^&^ ^^^ — — -■\-C 

2°)  On  trouve,  en  intégrant  d'abord  par  décomposition  et  en- 
suite par  substitution, 

}  a^  —  b^x"^     Q.aja^bx     2a  J  a  —  bx      2ab  a — bx 

3°)  Par  la  substitution  .v  =  a  sin  (p,  il  vient  d'abord 

1  dx\Ja^  —  x^  =  a*  I  cos^cpdip. 

Ensuite,  en  effectuant  la  décomposition  par  la  formule 
,  I  +  cos  2<p 

COS^CD  = î-, 

2 

il  vient 

a^  I  cos*(pd(p  =  —  1  ^<p  H 1  cos  2fd<f 


aV      .    sin2^\      ^^ 


-—[  9  + 


2  V  '  2 

Enfin,  en  revenant  à  la  variable  x,  on  trouve 


I 


a^  .    X     xsja^  —  x^ 


dx\/a*  —  x"=  —  arc  sin-  -1 \-  C. 

^  2  a  2 

191.  Formules  de  réduction.  —  Pour  fixer  les  idées,. considérons 
un  exemple.  Soit  à  intégrer  ^c^e*"^  dx.  Appliquons  la  formule 
d'intégration  par  parties,  en  regardant  e^^dx  comme  une  diffé- 
rentielle dv  (n°  189)  ;  il  vient 

[x'^e^-^dx  =  .v" \x^-U'"^dx. 


196  CHAPITRE  V.  INTÉGRALES  INDEFINIES 

Cette  formule  ramène  l'intégrale  du  premier  membre  à  une 
intégrale  de  même  forme,  mais  où  l'exposant  n  est  abaissé  d'une 
unité.  Si  n  est  entier  et  positif,  cette  formule  s'aj)plique  de 
proche  en  proche  et  change  successivement  n  en  {n  —  i), 
(n  —  2),...  jusqu'à  ce  que  l'exposant  de  x  soit  abaissé  à  zéro.  Il 
n'y  a  plus  alors  qu'à  intégrer  e^^dx,  ce  qui  est  immédiat.  Une 
formule  telle  que  la  précédente,  qui  s'applique  de  proche  en 
proche  et  permet  de  simplifier  de  plus  en  plus  l'intégrale  pro- 
posée jusqu'à  ce  qu'on  sache  l'intégrer,  est  une  formule  de  ré- 
duction. Nous  en  rencontrerons  de  nombreux  exemples. 

192.  Dérivation  par  rapport  à  un  paramètre.  —  Soit  f{x,  a)  une 
fonction  de  la  variable  x  et  du  paramètre  a  ;  supposons  qu'on 
ait  obtenu,  en  considérant  a  comme  une  constante  indéterminée, 


(1)  jf{x,a)dx  =  F{x,a)  +  C. 


.le  dis  que  l'on  peut  en  déduire,  en  dérivant  par  rapport  à  a 
sous  le  signe  J , 

(2)  Jd„  f{x,  a)  dx  =  I)aF{x,a)  +  C. 

Cette  règle  suppose  seulement  que  les  conditions  de  continuité 
des  dérivées  partielles  de  F  qui  assurent  l'égalité  F"   =  F" 
soient  vérifiées  (n°  i53). 

En  effet,  les  dérivées  par  rapport  à  la  variable  x  des  deux 
membres  de  l'équation  (2)  sont  respectivement 

J)af{x,a)        et        D^DaF(«;,a). 

Ces  deux  dérivées  sont  égales,  car  on  peut  intervertir  par 
hypothèse  D^;  et  D^ ,  et  l'on  a 

Ba:.DaF{x,  a)  =  Da.D^F(.Y,  â)  =  Baf{x,  a). 

Les  deux  membres  de  l'équation  (2),  ayant  même  dérivée,  ne 
diffèrent  que  par  une  constante  par  rapport  à  x.  Mais,  comme 
ils  comprennent  tous  deux  une  constante  arbitraire,  ils  ont 
exactement  le  même  sens. 

Le  résultat  précédent  peut  être  généralisé.  En  dérivant  suc- 
cessivement l'équation  (2)  par  rapport  à  a  et  en  admettant 
toujours  que  les  conditions  de  continuité  des  dérivées  partielles 


PROCKDKS  GKNKRAUX  d'iNTÉGRATION  jq-r 


cousidérées  restent  vérifiées,  on  peut  aussi  conclure  de  l'équa- 
tion (1)  à  la  suivante 

(8)  Jl>2  f{x,  a)  dx  =  B^F{x,  a)  +  C. 

La  règle  précédente  fournit  un  procédé  commode  d'intégra- 
tion. En  voici  quelques  exemples  : 
1°  On  a,  pour  a  différent  de  0, 


J 


cl 


Les  conditions  de  continuité  sont  remplies.  Dérivons  n  fois 
par  rapport  à  a  et  observons  que 

nous  obtiendrons,  par  la  règle  précédente, 

(4)  \x^e^^dx  =  D»~4-C. 

J  "a 

Cette  intégrale  a  été  obtenue  autrement  au  n"  191. 
2"  Soit  a  >  0  ;  on  a,  comme  cas  particulier  d'un  résultat  pré- 
cédent {n°  188), 


h 


dx  I  ,        .Y 

;  =  — ^arctg— ^  f  C. 


X   -^a      ya  \ja 

Les  conditions  de  continuité  ont  lieu.  Dérivons  n—  i  fois 
par  rapport  à  a  et  observons  que 

D«-l ^—     ^(—,\n-i    (^  —  i)-' 

«     x^  +  a       ^      '^      T^^-T^' 

nous  obtiendrons,  après  division  par  (—  i^-i  (n  _  i)  !, 

Les  formules  (4)  et  (5)  ramènent  le  calcul  des  intégrales  pro- 
posées dans  les  premiers  membres  à  des  déterminations  de 
dérivées  et  fournissent  pour  ces  intégrales  des  expressions  très 
condensées.  Elles  s'appliquent  aussi  bien  au  cas  où  l'on  donne 
à  a  des  valeurs  particj^Jières.  La  formule  (5),  par  exemple,  four- 
nit un  procédé  pour  calculer  l'intégrale  classique 

dx 


/( 


198  CHAPITRE  V.  INTÉGRALES  INDEFINIES 

Mais  il  faut  effectuer  les  dérivations  par  rapport  à  a  avant 
de  faire  a  =  i.  Toutefois  le  procédé  le  plus  pratique  pour  cal- 
culer cette  intégrale  consiste  dans  l'emploi  d'une  formule  de 
réduction  indiquée  plus  loin  (n°  206). 

193.  Variabilité  de  forme  de  l'intégrale.  —  i"  L'intégrale  d'une 
même  fonction  peut  s'écrire  sous  des  formes  en  apparence 
différentes.  Cela  provient  de  ce  que  l'on  peut  séparer  de  la  con- 
stante arbitraire  une  constante  déterminée  pour  la  réunir  à  la 
fonction  intégrale.  Ainsi,  au  lieu  de  l'expression  habituelle 
arc  tg  :>c  +  C,  on  peut  donner  à  l'intégrale  les  formes  équiva- 
lentes : 


(J^  -V* T 

j  qr^  =  (arc  tg  a;  —  arc  tg  i)  4-  C  =  arc  tg  j-^-^  -f  C. 
(arc  tgx  -\-  arc  tg  i)  -|-  C  =  arc  tg  —^ — \-  C. 


2**  L'intégrale  d'une  même  fonction  peut  se  présenter  sous  des 
formes  analytiques  nécessairement  différentes  lorsque  x  varie 
dans  des  intervalles  différents.  Cette  remarque  s'applique  à 
l'intégrale 

dx 


/ 


x  —  a 


=  Log  (x  —  a)  -h  C. 


Les  quantités  négatives  n'ayant  pas  de  logarithme  réel,  cette 
formule  suppose  5c  >  a.  Si  «;  <  a,  on  a 

La  forme  de  cette  intégrale  change  donc  suivant  que  x  est  >  a 
ou  que  ;x;  est  <  a.  Afin  de  ne  pas  revenir  à  chaque  instant  sur 
cette  distinction,  nous  conviendrons,  une  fois  pour  toutes,  que, 
lorsque  la  valeur  d'une  intégrale  renferme  un  logarithme,  la 
quantité  sous  le  signe  logarithme  sera  prise  en  valeur  absolue. 

ExERCici;s. 

1°  Par  substitution  : 

sm  axdx  = 1-  C.  ~. —  Log  tg  ;p  +  C, 

a  j  sm  X  cos  x 

(       dx ■   ^    ,    n  r     xdx  .— -• 

I  ^=1==  =  arc  sm—  +  C.  ______  ==  _  y^2  —  x^-\-C. 

J\Ja^—x^  «  J\Ja^  —  x^ 


PROCÉDÉS  GÉNÉRAUX  d'iNTÉGRATTON  199 


f  (    xdx  I  f     ^L  _L  r 

r  _i-_=-L  arctgr-^tg.)+C.  r^^  =  tg^  +  C.  . 

)i-\rCOS^x      ^2  W2         ^  ji+cos;»;  2 

2°  Par  décomposition  : 
(tg^xdx=^tgx-x  +  C.        jdx^^^^  =  3.vcsmx-\/i-x''+C. 

C                           1    j        i/^sin6;i;      sin4;>^      sina;»^        \     ^ 
CCS  ;rcos2;vcos  3  ;»?«;»;  =-1—^ 1 r      ^      ^^^t^*^- 


I. 


'^^  '        ■    -^— +2Logtg;r+C. 


sin^  ;r  cos^  x     2  cos^  ;>;      2  sin^.  ,r 
30  Par  parties  : 


I 


<i;p  arc  sin  ;i;  =  AT  arc  sin  a;  +  Vi  —  •*^'''  +  C. 


J= 


AfiA; 


arr.sin^ =  ;y  — Vl  —  x^  arc  sin^r+C. 


I 


J 


Vi  — * 

xdx 


COS*  AT 


=  ;t  tg  a;  +  Log  cos/;  +  C. 


/?«*  (sin  AT  +  «  ces  at) 

40  Combinaison  de  diverses  méthodes  : 

"*  dx^  V^  —a^  —a arc  cos  -  +  C. 


I' 


X 


I: 


i;t:       _  flAT  4-  è  Log  {a  cos  a;  +  ô  sin  a;)       ^ 
a-\-btgx^  a^  +  b^ 

j  X  tg^AT  dx  =  x\.gx  -\-  Log  cos  AT h  c. 

(7 ^^-^. v^  =  tg  (  A?  +  arc  tg  ;J  )  +  C. 

j{xcosx  —  sm  a;)-  \  xj 


/ 


I 


1+ cos  AT  2 


arcsinA^iAT      a?  arc  sin  at     i  9\  i   /- 
^3-= — ^ z-l — Log  (I  —  a;2)  +  c. 

/•^arctg:r^;y  <« "« *g ^  (fl  +  A;) 


Af*  arc  tg  xdx  i  .      i 


/- 


=  arc  tg  AT  (;ir arc  \gx) Log  (i  +  x'^)  +  C. 


X  +  a;2  "^^     '         2  2 

N.  B.  Les  trois  derniers  exercices  se  ramènent  à  d'autres  qui  pré- 
cèdent, le  premier  par  la  substitution  x  =  sin  «p,  et  les  deux  autres  par 
la  substitution  a;  =^  tg  f . 


I>()0 


CHAPITRE  V.  INTÉGRALES  INDÉFINIES 


§  2.  Intégration  des  fractions  rationnelles. 

194.  Décomposition  de  la  fraction  à  intégrer.  —  Soit  à  calculer 
l'intégrale 


/: 


dx, 


Fix) 

où  f{x)  et  F(x)  sont  des  polynômes  entiers  à  coefficients  réels. 
Quand  f{x)  n'est  pas  de  degré  moindre  que  F(;x:),  on  commence 
par  effectuer  la  division.  Le  quotient  f{x)  :  F(;x;)  se  décompose 
en  une  partie  entière  et  une  fraction  proprement  dite.  L'inté- 
grale de  la  partie  entière  s'obtient  immédiatement  (n»  187)  et 
l'on  est  ramené  à  intégrer  une  fraction  proprement  dite. 

Supposons  donc  que  l'expression  à  intégrer  ait  été  débar- 
rassée de  sa  partie  entière  et  que  f{x)  :  F{x)  soit  une  fraction 
proprement  dite.  Décomposons  F{x)  en  ses  facteurs  linéaires 
et  soit 

F(x)  =  {x  —  a)^(x  —  bf  ... 

On  sait  en  déduire  (n°  144)  la  formule  de  décomposition  de 
f{x)  :  F{x)  en  fractions  simples.  Soit  : 

/      f(x)  _      A,  ^2____,  ,         Ag 

k     F{x)      x-a^{x  —  ay^""^(x-'a)^ 

Sous  cette  forme,  la  fonction  est  préparée  pour  l'intégration. 
Nous  rangeons  les  termes  de  la  décomposition  en  deux  caté- 
gories, comprenant  ;  la  première,  les  termes  de  la  première 
colonne  où  le  dénominateur  est  du  premier  degré  ;  la  seconde, 
les  autres  termes  où  le  dénominateur  est  de  degré  supérieur  au 
premier.  Il  n'y  a  donc  de  termes  de  la  seconde  catégorie  que  si 
F  {x)  Sb  des  racines  multiples. 

195.  Intégration  dans  le  cas  des  racines  réelles.  —  Si  toutes  les 
racines  a,  b,...  sont  réelles,  tous  les  termes  de  la  décomposi- 
tion sont  immédiatement  intégrables  et  l'on  obtient  la  formule 
d'intégration 


INTEGRATION  DES  FRACTIONS  RATIONNELLES  20I 


^^  ^     {x-b)  ^-^x-b)P- 

+  ••• 


L'intégrale  se  compose  d'une  partie  logarithmique  et  d'une 
partie  rationnelle.  La  partie  logarithmique  est  la  somme  des 
intégrales  des  termes  de  la  première  catégorie  et  la  partie 
rationnelle  la  somme  des  intégrales  des  termes  de  la  seconde. 

196.  Intégration  dans  le  cas  des  racines  imaginaires.  —  Si  toutes 
les  racines  ne  sont  pas  réelles,  si,  par  exemple,  les  racines  a, 
b,...  sont  imaginaires,  les  logarithmes  qui  figurent  dans  la  for- 
mule (2)  n'ont  plus  de  sens,  au  moins  jusqu'à  présent,  et  nous 
verrons  dans  un  instant  par  quoi  il  faut  les  remplacer.  Mais  il 
n'y  a  rien  à  changer  aux  autres  termes  qui  sont  rationnels.  En 
effet,  ce  sont  bien  des  fonctions  primitives  des  termes  corres- 
pondants de  la  formule  (1),  à  condition  de  se  placer  au  point  de 
vue  plus  général  de  la  différentiation  des  fonctions  d'une  va- 
riable complexe.  D'ailleurs  les  imaginaires  ne  jouent  qu'un 
rôle  transitoire.  Il  suffit  de  faire  la  somme  de  ces  termes  pour 
rendre  à  l'intégrale  la  forme  réelle.  Nous  allons  montrer,  en 
effet,  que,  x  étant  réel,  les  imaginaires  se  détruisent. 

Les  coefficients  de  F{x)  étant  réels,  à  toute  racine  imaginaire 
a  correspond  une  racine  conjuguée  b  du  même  degré  de  multi- 
plicité. La  loi  de  formation  des  numérateurs  de  la  formule  de 
décomposition  montre  ensuite  (n'^  143)  que  les  nombres  complexes 
Al  et  Bj,  Ag  et  B2,...  sont  conjugués  deux  à  deux.  Donc  les 
fractions  écrites  sur  la  première  ligne  dans  la  formule  (2),  sont 
conjuguées  des  fractions  écrites  en  dessous  dans  la  seconde  et, 
par  conséquent,  leur  somme  sera  réelle. 

Les  termes  de  la  seconde  catégorie  s'intègrent  donc  de  la 
même  façon  que  les  racines  a,  b,...  soient  réelles  ou  imaginaires. 
Il  n'en  est  plus  ainsi  pour  les  termes  de  la  première  catégorie. 
Lorsqu'il  y  en  a  d'imaginaires,  il  faut,  avant  d'intégrer,  com- 
mencer par  ajouter  deux  à  deux  les  termes  conjugués.  Après 
quoi,  l'intégration  se  fait  de  suite.  Soient,  en  effet,  a.  /;  deux 
racines  imaginaires  conjuguées.  On  peut  poser 
^  =  p-\-  qi,         b  ^p  —  qi  \ ,  .-:.  M    I-  X/\  IJ,  =  M  _  x/. 


202  CHAPITRE  V.  INTEGRALES  INDEFINIES 

p,  q,  M,  N  étant  réels.  Il  vient  alors,  en  ajoutant  les  termes 
conjugués,  ce  qui  donne  une  somme  réelle, 

A,  Bi    _    M  +  Nt  M  — Nt    ^^M(jc  — p)  — gN 

x  —  ax  —  b~  X — p — qi     x — p  +  qi  {x — pf -\- q^ 

KAi      ,     Bi    ^        _        ra {x  —  p)  dx  Ç        qdx 

^^ZI-a^^c::Zb)  «f«^  -  J^  J  (^_;,)2^g2      2P^  J  {x-pf  +  q^- 

Ces  intégrations  ont  été  effectuées  au  n°  i88.  On  trouve  donc 

(3) J(^  +  ^Zh)  ^^=^ ^«^ t(^ -pY  4- g*] - 2 N  arc  tg^. 
Remarque.  —  Si  l'on  observe  que  l'on  a 

,    x — p     Tt  .X — p 

arc  tff ~  --= arc  cot 

q        2  q 

et  que — {x — p)  :  q  est  la  cotangente  de  l'argument  de  a;  —  p  —  qi 
ou  5C  —  a,  on  voit  que 

arc  tg ==■  -  4-  arg.  {x — a). 

Comme  on  peut  négliger  le  terme  constant,  on  obtient  pour 
l'intégration  des  termes  conjugués  la  formule  pratique  suivante  : 

-+■  conj.  ]  dx  =  2M  Log  \  x  —  a  |  —  2N  arg  {x  —  a) 


/ 


X  —  a 

=  Log.  \  X  —  a  \  ^^ —  arg.  {x  —  a)^^ 


Sous  cette  dernière  forme,  la  formule  a  l'avantage  de  se  prê- 
ter immédiatement  à  la  réduction  des  termes  semblables  (une 
somme  d'arguments  étant  égale  à  l'argument  du  produit  des 
nombres). 

De  là,  le  théorème  fondamental  suivant  : 

197.  Théorème.  —  Toute  fonction  rationnelle  s'intègre  par 
les  fonctions  élémentaires.  L' intégrale  se  compose  généralement 
d'une  partie  transcendante  et  d'une  partie  rationnelle.  La  frac- 
tion à  intégrer  étant  débarrassée  de  sa  partie  entière,  la  partie 
rationnelle  provient  de  l'intégration  des  fractions  simples  de  la 
seconde  catégorie  ;  elle  n'existe  que  si  le  dénominateur,  ¥{x),  a 
des  racines  multiples.  La  partie  transcendante  provient  de  l'in- 
tégration des  fractions  simples  de  la  première  catégorie  ;  elle  se 
compose  exclusivement  de  logarithmes  si  F{x)  a  tontes  ses 
racines  réelles  ;  elle  peut,  en  outre,  comprendre  des  arcs  tan- 
gents (ou  des  arguments)  s'il  y  a  des  racines  imaginaires. 


INTÉGRATION  DES  FRACTIONS  RATIONNELLES  203 


198.  Calcul  direct  de  la  partie  rationnelle  de  l'intégrale.  —  La  mé- 
thode exposée  dans  les  numéros  précédents  suffit  déjà  pour 
effectuer  en  pratique  l'intégration  des  fractions  rationnelles. 
Mais,  dans  le  cas  où  l'intégrale  a  une  partie  rationnelle,  elle  ne 
conduit  pas  aux  calculs  les  plus  simples.  En  effet,  la  détermi- 
nation des  numérateurs  de  la  formule  de  décomposition  est 
laborieuse  dans  le  cas  des  racines  multiples,  surtout  si  elles 
sont  imaginaires.  La  méthode  que  nous  allons  indiquer  et  dont 
le  principe  est  dû  à  Hermite,  permet  de  trouver  directement 
la  partie  rationnelle  de  l'intégrale  et  d'achever  le  calcul  par 
l'intégration  d'une  fraction  rationnelle  dont  le  dénominateur 
n'a  plus  que  des  racines  simples.  La  décomposition  se  fait  alors 
très  simplement  par  la  formule  de  Lagrange  (n°  i45)-  Cette  mé- 
thode repose  sur  les  considérations  suivantes  : 

La  somme  des  termes  de  la  première  catégorie  dans  la  for- 
mule de  décomposition  (l)  est  une  fraction  proprement  dite 
X  :  P,  où 

(4)  V  =  {x  —  a){x  —  b)... 

D'autre  part,  la  somme  des  termes  rationnels  dans  le  second 
membre  de  la  formule  d'intégration  (2)  est  une  fraction  propre- 
ment dite  Y  :  Q,  où 

(6)  Q.  =  {x  —  a)«-i  {x  —  b)P-'- 

La  formule  d'intégration  (2)  devient  ainsi 


w  jl^^^-l+l^"- 


Dans  cette  formule,  Y  :  Q  et  X  :  P  sont  des  fractions  propre- 
ment dites  et  le  polynôme  P  n'a  que  des  racines  simples.  Je 
dis  qu'une  décomposition  qui  possède  ces  caractères  n'est  pos- 
sible que  d'une  seule  manière. 

En  effet,  si  l'on  avait  deux  décompositions  semblables,  à 
savoir 

on  en  déduirait,  par  dérivation,  la  relation  équivalente 
>^Q      qJ      p,      p- 


2o4  CHAPITRE  V.  INTÉGRALES  INDÉFINIES 


Supposons  qu'on  remplace  chacune  de  ces  quatre  fractions  par 
une  somme  de  fractions  simples  ;  ces  fractions  simples  se 
détruiront  dans  chaque  membre  séparément.  En  effet,  comme 
la  dérivée  d'une  fraction  simple  est  une  fraction  de  la  seconde 
catégorie,  le  premier  membre  ne  contient  plus  après  la  dériva- 
tion que  des  fractions  de  la  seconde  catégorie,  tandis  que  le 
second  n'en  contient,  par  hypothèse,  que  de  la  première.  Ces 
fractions  doivent  donc  se  détruire,  car  la  décomposition  en 
fractions  simples  est  unique.  On  en  conclut 

Q      Qi'        P     P/ 

c'est-à-dire  que  les  deux  décompositions  sont  les  mêmes. 

D'après  cela,  on  peut  déterminer  directement  Y  :  Q  et  X  :  P 
par  la  méthode  des  coefficients  indéterminés.  En  effet,  dérivons 
la  formule  (6)  ;  il  vient 

Le  polynôme  Q,  défini  par  la  formule  (5),  est  le  plus  grand 
commun  diviseur  entre  F  et  sa  dérivée  et  s'obtient  par  des  cal- 
culs rationnels.  Le  polynôme  P,  défini  par  la  formule  (4),  est 
le  quotient  de  F  par  Q  et  s'obtient  aussi  par  des  calculs  ration- 
nels. Les  deux  polynômes  P  et  Q  étant  connus,  on  remplacera 
dans  la  formule  (7)  X  et  Y  par  des  polynômes  à  coefficients 
indéterminés,  de  degré  immédiatement  inférieurs  à  ceux  de  P 
et  de  Q  respectivement.  En  effectuant  la  dérivation  indiquée  et 
en  multipliant  la  formule  (7)  par  F  --  PQ,  il  viendra 

/•(«:)  =  PY'-Y^  4- QX. 

On  voit  de  suite,  Q'P  étant  multiple  de  Q,  que  le  second 
membre  est  un  polynôme  de  degré  immédiatement  inférieur  à 
celui  de  F.  En  égalant  les  coefficients  des  mêmes  puissances 
de  X  dans  les  deux  membres,  on  aura  le  nombre  d'équations 
linéaires  nécessaire  et  suffisant  pour  déterminer  les  coefficients 
inconnus  de  X  et  de  Y . 

Remarque.  —  La  méthode  précédente  permet  de  trouver  la 
partie  rationnelle  de  l'intégrale  sans  résoudre  l'équation  F(.v)=-0. 


INTÉGRATION  DES  FRACTIONS  RATIONNELLES  2o5 

Elle  met  immédiatement  eu  lumière  un  fait  important.  (  ''est 
que  la  partie  rationnelle  de  l'intégrale  est  rationnelle  non  seule- 
ment par  rapport  à  la  variable  x,  mais  aussi  par  rapport  aux 
coefficients  de  f{x)  et  F(^).  Cette  même  remarque  s'applique  à 
la  fraction  X  :  P,  qui  reste  à  intégrer  pour  obtenir  la  partie 
transcendante  de  l'intégrale. 

199.  Exemple.  —  Soit  à  intégrer 

/(^)  I 


F(Ar)         ^3  —  1)2 

Puisque  ¥{x)  a  des  racines  multiples,  l'intégrale  a  une  partie  ration- 
nelle. On  la  détermine  par  la  méthode  du  numéro  précédent.  Le  po- 
lynôme Q  de  la  théorie  générale  s'obtient  en  diminuant  d'une  unité 
l'exposant  des  facteurs  simples  de  F(;»;)  ;  il  est  égal  à  x^  —  i.  Donc  P 
est  aussi  égal  à.  x^ — i.  Les  polynômes  inconnus  X  et  Y  sont,  par 
suite,  du  second  degré.  On  pose  donc 


r      dx       ^  ax^  +bx-\-c       Çex^+fx- 


on  dérive  et  on  chasse  les  dénominateurs.  Il  vient 

i  =  {x^  —  i)  {2ax  +  b)  —  3x^  {ax^  -^hx-\-c)-\-  {x^  —  i){ex^  +/x  +  g). 

L'identification  des  deux  membres  fournit  le  système  d'équations  ; 

e  =  0.  /—a  =  0,  g  —  2b  =  0, 

e  +  3c=0,  /+2a  =  0,  g  +  2è  =  — i, 

d'où  l'on  tire  les  valeurs  des  coefficients  inconnus  : 


e  =  0,  a  =  {),  b^  —  i:3. 

c  =  0,  /—  0,  g  =  —  2:3. 


On  a  donc 


/gv  C dx ^  _  £       X       _  2  r     dx 

^^  J(«3  — l)^  3   ;r3  — I       3J  x^  — 


Le  calcul  de  la  partie  transcendante  de  l'intégrale  exige  la  détermi- 
nation des  racines  de  x^  —  i,  qui  n'a  plus  que  des  racines  simples 
a,  b,  c,  ayant  pour  valeurs  : 

-i+»V3            .        -i-i\/3 
a  = 0= ,  c=i. 

2  2 

Les  coefficients  de  la  formule  de  décomposition  : 
X'  —  I      x  —  a      X  —  b      X  —  I 


206 


CHAPITRE  V.  INTÉGRALES  INDÉFINIES 


se  calculent  par  la  règle  du  no  145.  La  dérivée  de  x^  —  i  étant  3x^, 
et  a^  étant  égal  à  i,  on  a  de  suite 


I        a 


-i+»V3 


=  M  +  Nt,       B  =  M  —  Ni,       C  =  j. 


On  trouve,  par  la  formule  (3), 


I 


-^-  =  —  ^  Log  {x^  +  x+  i)- 
x^  —  I  6 

+  jLog(;^-i)  +  C. 


V3         ^    2;t+i 
^-arc  tg p~ 

3  \/3 


Portant  cette  valeur  dans  (8),  il  vient  enfin 


i 


dx 


{x^  —  1)2 


3  x^—i 


2  V3         ,    2  ;»;  +  I 
arc  tg        


+  -Log 
9 


9  V3 


L  i^-^r  J 


+  C. 


Exercices. 

I.  Démontrer  les  formules  suivantes  : 

{x^  —  X -{- 2) dx  _i  ^       (^  +  i)M^  — a)    ,  r 


;r2rfAr 


I 
I 

;t;V3 


i_        a;  —  i,V2  ,        ^      1/- 

-=-Log— 7— :+-^arctg-— ^  +  C. 

^*  +  ,i;2  —  2      6        °  x  +  i  3  ^2 


J 


Sat  — 6 


I-X^"  12  ^   (l-^)Hl-^  +  ^')         2^3 


arc  tg 


i—x' 


+  C. 


2.  Soit /(;*;)  un  polynôme  de  degré  <  n  ;  démontrer  la  formule 
'/{x)dx  I 


/ 


D«-i 


(;i;  — a)"       (k— i)!     " 


fia)  Log  (;\?  —  a) 


+  C. 


R.  C'est  une  application  de  la  méthode  de  dérivation  (n»  192).  On 
intègre  par  rapport  à  x,  puis  dérive  n  —  i  fois  par  rapport  à  a  la  formule 


X—  a  ■  X—  a 

où  P  (;*;,  a)  est  un  polynôme  en  a  de  degré  <  n. 

3.  Soit  f{x)  un  polynôme  de  degré  <  2  w.  On  le  met  sous  la  forme 
^^;j;2)  -\-x'^  {x'^)  où  «p  et  4>  sont  des  polynômes  en  x'^.  Soit  a  >  0  ;  on  a 

{x''-\-aY       («-I)!     «     L    V«  V'ï  '^  -• 

R.  Solution  analogue  à  la  précédente. 


I 


INTÉGRATION  DES  IRRATIONNELLES  ALGÉBRIQUES  207 


§  3.  Intégration  des  irrationnelles  algébriques. 

200.  Rationalisation  et  réduction.  —  On  a  vu,  dans  le  paragraphe 
précédent,  que  les  différentiell^.s  rationnelles  s'intègrent  par 
les  fonctions  élémentaires.  Il  n'en  est  plus  ainsi  pour  les  diffé- 
rentielles irrationnelles  que  dans  des  cas  particuliers.  Lorsque 
cette  intégration  est  possible,  elle  se  fait  généralement  par  l'un 
des  deux  procédés  suivants  :  i°  ou  bien  on  rend  la  différentielle 
rationnelle  par  une  substitution,  ce  qui  ramène  au  cas  précé- 
dent ;  2°  ou  bien  on  établit  une  formule  de  réduction  qui  fait 
dépendre  l'intégrale  cherchée  d'une  autre  plus  simple,  celle-ci 
d'une  autre  plus  simple  encore,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que 
l'on  arrive  à  une  intégrale  connue.  Nous  rencontrerons  d'abord 
des  applications  de  la  première  méthode. 

201.  Différentielles  où  figfiirent  des  exposants  fractionnaires.  — 
Théorème.  Si  a,  b,  c,  f  sont  des  constantes  quelconques  ;  a,  p,... 
des  exposants  rationnels  et  R  (x,  y,  z,...)  une  fonction  ration- 
nelle de  X,  y,  z,...,  l'intégrale 


j  R  \x, 


fax  -h  fc  Y  r?^±^v 

\cx  +  f)  '  \cx  +  fj   ■ 


dx 


est  réductible  par  une  substitution  rationnelle  à  celle  d'une 
différentielle  rationnelle. 

Soit  m  le  plus  petit  commun  dénominateur   des   fractions 
a,  p,...  et  f  une  nouvelle  variable  ;  la  substitution 

ax+b      ,  „   .  ft^—b 

^±-L-„=t"',        d'où         x=^' -^  =  p(0 

ex  -{-  f  a — ct"^      ^  ^  ' 

rendra  la  différentielle  rationnelle.  En  effet,  l'intégrale  devient 
ainsi 

'' 9\t)dt 


Jr  \^{t),  t^^,  t^^,... 


et  la  différentielle  sous  le  signe  f  est  rationnelle,  car  p  (^)  et, 
par  suite,  p'(f)  sont  des  fonctions  rationnelles  de  t  et  les  expo- 
sants ma,  m^,...  sont  entiers.  On  intègre  par  les  procédés  du 
paragraphe  précédent  et  l'on  revient,  s'il  y  a  lieu,  à  la  variable 
X  par  la  substitution 

~    ex  4-  f 


2o8  CHAPITRE  V.  INTÉGRALES  INDEFINIES 

Dans  les  applications,  on  rencontre  souvent  le  cas  où  la  frac- 
tion {ax  +  b)  :  {ex  -\-  f)  se  réduit  à  la  variable  x  elle-même  ou 
à  une  fonction  linéaire  de  x,  comme  dans  les  exemples  suivants  : 

Exemples.  Par  la  substitution  x  =  t^,  il  vient 

X  'i  -j-X  3 

=  6t—3t^  +  2i^  —  6Log{i-{-t)  +  C 

1        ±        i.  i_ 

^6x^—3x^  +  2x^—6Log{i+x^)  +  C. 


Par  la  substitution  x —  i  ^^t^,  il  vient 


r  x^  dx    r 


(^2  +  1)3^^=^2^ 


/6  U 

+  3— +^2  +  i 


\Jx—i        J  L7  5 


+  c 


=  2\Jx  —  I 


Mi  +  |(,_,).  +  , 


202.  Différentielles  qui  renferment  la  racine  carrée  d'un  trinôme  du 

second  degfré.  —  Soit  R  (:x;,  y)  une  fonction  rationnelle  de  x  et  de 

y  ;  si  l'on  y  fait 

y  =\/a  -\-  bx  -\-  cx^, 
l'intégrale 


/ 


Il  {x,  y)  dx 


est  réductible  par  une  substitution  rationnelle  à  celle  d'une 
différentielle  rationnelle. 

La  transformation  doit  être  choisie  de  manière  à  éviter  l'in- 
troduction des  imaginaires  quand  les  données  sont  réelles.  On 
y  arrive  par  l'une  des  deux  substitutions  suivantes  : 

1°  Si  les  racines  a  et  ^  de  (a  -\-  bx  -\-  cx'^)  sont  réelles,  la  sub- 
stitution est  fournie  par  le  théorème  précédent.  En  effet, 

y  =v^ç^^^(^  -  P)  =  {X  -  ^)y^j^Z^- 

Donc  y  et,  par  suite,  E  {x,  y)  sont  des  fonctions  rationnelles 
de  X  et  de  ce  dernier  radical.  La  rationalisation  se  fera  par  la 
substitution 

ç{x-^^^, 
X  —  a 

2°  Si  les  racines  de  (a  -h  bx  +  cx^)  sont  imaginaires,  c  doit 
être  positif  pour  que  le  radical  soit  réel,   sinon  le  trinôme. 


INTEGRATION  DES  IRRATIONNELLES  ALGEBRIQUES  209 

ayant  le  signe  de  c,  serait  négatif  et  sa  racine  imaginaire.  Donc, 
quand  les  racines  sont  imaginaires  et,  plus  généralement,  quand 
c  est  positif,  on  peut  faire  la  substitution 


\Ja-{-bx  +  ex*  =  ^  ±  x\/c, 
d'où,  en  élevant  au  carré, 

a-\-  bx  =  f^  d=  2tx\/c. 

Cette  relation  est  linéaire  en  x.  On  en  tire  donc,  p(^)  dési- 
gnant une  fonction  rationnelle, 

x  =  p{t),        dx=^p'{t)dt        r-^±p(OVc~ 

On  substitue  ces  trois  valeurs  dans  l'intégrale  et  la  différen- 
tielle à  intégrer  est  rendue  rationnelle.  Après  l'avoir  intégrée, 
on  remplace  t  par  sa  valeur 


t  =\Ja  -\-  bx  +•  cx^  ±  xsjc. 

Autre  substitution.  —  Lorsque  a  est  positif,  la  seconde  sub- 
stitution s'appliquera,  après  avoir  remplacé  ^c  par  —,  car 


\Ja  -\-  bx  -f-  cx^  ■= 


Sjaz'^  -\-  bz  -{-  c 


z 

et  le  coefficient  de  z^  sera  positif.  La  différentielle  devient 
donc  rationnelle  par  la  substitution 


Vaz*  +  62  -f  c  =  f  ±  z\Ja, 
ce  qui  revient  à  poser  directement 


V'a  -\-bx  -\-  cx^  =  ±\/a  +  tx. 
Quand  a  est  positif,  cette  dernière  formule  définit  une  troi- 
sième substitution  rendant  la  différentielle  rationnelle. 

Remarque.  —  Un  autre  procédé  d'intégration  consiste  à 
transformer  R  {x,  y)  dx  dans  une  différentielle  rationnelle  en 
sin  t  et  ces  t.  Nous  y  reviendrons  au  n<*  2i5. 

203.  Applications.  —I.  Considérons  d'abord  l'intégrale 

dx 


/, 


On  applique  la  seconde  substitution  : 


Va  +  6jc  H-  .\:*  =  /  —  x,         d'où        a  +  bx  =  t-  —  a/.v. 

^4 


210  CHAPITRE  V.  INTEGRALES  INDEFINIES 

Différentiant  la  dernière  relation,  il  vient 

dx    _    2dt 

et,  par  conséquent, 

(    I' ^^~  C-^^  =  Log  C^  +  t)  +  C. 

(l)     )   Jyja  +  bx  +  x'     Jt  —  x  =V2       J 

/  =  IjOg(^-\-x+s/a  +  bx  +  x^j+C. 

On  rencontre  souvent  le  cas  où  6  =  0  ;  il  vient  alors 

J  \Jx^  +  a 
II.  Considérons  ensuite  l'intégrale 


I, 


dx 


\Ja-\-bx  —  x^ 

On  pourrait  utiliser  la  première  substitution,  mais  le  calcul 
se  fait  plus  facilement  en  observant  que 


a-\-  bx  —  x^  =  [  a~\- 


iH-iy- 


On  pose,  a  étant  une  constante  et  t  la  nouvelle  variable, 
4  2 


et  il  vient 

dx  f      dt 


(3) 


/ 


sJa-\-bx  —  x^     J\/ 


Vi  — ^"^  ~ 


arc  sin  t  -\-  C 


.     2x  —  b^ 
arc  sm  ^=-  +  C. 

Vfc'+4a 


m.  On  rencontre  aussi  fréquemment  les  intégrales 

r dx 

J  x\Jax^  -i[-  bx  ±  I 
Elles  se  ramènent  aux  deux  précédentes  par  la  substitution. 


X  =^  1  :  z,  déjà  signalée  au  n°  202  : 

/    r dx _.     Ç  dz 

\      I  .^»  l'^TZ^    i     ÛZ.    i     T       '       )  V  /o  J_  /^ 

(4) 

(  =_Log('?  +  L±y«£î 

X 


Log  (I + L  ±  V«^±^^^±i) + C 


INTEGRATION  DES  IRRATIONNELLES  ALGEBRIQUES  211 


r         dx _r 

J  xsjax^  +  bx  —  I  j  Va  -f-  52  —  2* 


dx  C  dz 

(6) 


.    f    bx  —  '2\.^ 

=  arc  sin    — =^  I  +  C. 

\x\Jb^  +  4a>' 

Voici  deux  cas  particuliers  fréquents  : 


(     {       ^^        =  —  Lo    (^  +Vi— Jc«>|       ç 

(6)  Jx\lT^~x^  ^^V         X         J 

(7)  I  — =^1 =  —  arc  sin  — h  C  =  arc  sec  x  -\-  Q. 

J  XSjx^  —  I  ^ 

IV.  Les  deux  intégrales  suivantes  : 


f      ''*  f 

J  \la  -\-  bx  A-  cx^  J  (x  — 


dx 


\Ja  -[-  bx  -\-  cx^  '        J  (x  —  m)\/a  -f-  fe^c  -j-  cx^  ' 

se  ramènent  à  celles  qui  précèdent  en  prenant  respectivement 
comme  nouvelle  variable 


z  =\J  ±  c  X        ou        z^\/±c{x  —  m). 
On  choisit  le  signe  ambigu  de  manière  que  ±  c  soit  positif. 

204.  Cas  d'intégrrabilité  des  différentielles  binômes.  —  Les  inté- 
grales des  différentielles  binômes  sont  de  la  forme 


i 


x*^{a-\-bx^)Pdx, 

où  a  et  &  sont  des  constantes  quelconques,  différentes  de  zéro, 
et  m,  n,  p  des  exposants  rationnels. 
Faisons  la  substitution 

x^  =  t        d'où        5C  =  f"         dx=^-  e"      dt  ; 

n 

l'intégrale  devient 

m  +  i 


-y  »         {a^bt)Pdt. 


Désignons  par  q  l'exposant  de  t,  de  sorte  que  q  =  (^^^-i) 
L'intégrale  prend  la  forme  simplifiée 


f{P>fl)=  ({a->-bt)Pt<idt. 


212  CHAPITRE  V.  INTEGRALES  INDEFINIES 

Théorème.  —  L'intégrale  o{p,  q)  est  réductible  à  celle  d'une 
différentielle  rationnelle  par  le  théorème  du  n"  201,  si  l'un  des 
trois  nombres  p,  qou  p  -\-  q  est  un  entier,  positif,  nul  ou  négatif. 

En  effet,  soit  R  une  composante  rationnelle  ;  on  met  ^  (  p,  q) 
sous  la  forme  prévue  au  n°  201  en  écrivant  :  si  p  est  entier, 

si  q  est  entier, 

?  (p»  <Ù  -  |r  [(a  +  ^0^,  ^]  dt  ; 
et,  si  p  +  9  est  entier. 

Remontons  maintenant  à  l'intégrale  primitive,  et  observons 
que  q  =  ^^7^^— *•  nous  obtenons  l'énoncé  suivant  : 

Théorème.  —  L'intégrale  d'une  différentielle  binôme  est  ré- 
ductible à  celle  d'une  différentielle  rationnelle  et,  par  suite,  l'in- 
tégration se  fait  par  les  fonctions  algébriques,  logarithmiques 

et  circulaires,  si  l'un  des  trois  nombres ou  p  ou |-P 

n  ^  n         ^ 

est  entier. 

Tchebichef  a  démontré  (*)  que,  en  dehors  de  ces  trois  cas 
d'intégrabilité  pratique,  l'intégrale  ne  peut  pas  s'exprimer  au 
moyeu  des  fonctions  élémentaires.  On  devra  donc  alors  se  bor- 
ner à  la  ramener  à  la  forme  la  plus  simple  en  se  servant  des 
met] iodes  de  réduction  que  nous  allons  indiquer. 

205.  Formules  de  réduction  des  intégrales  de  différentielles  binômes. — 
Supposons  l'intégrale  préalablement  ramenée  à  sa  forme  sim- 
plifiée : 

^{p,q)--  ^{a-\    ht)Pt<idt. 

Théorèmk.  —  Sauf  les  cas  d'intégrabilité  pratique,  cp(p,  q)  est 
réductible  à  des  fonctions  algébriq  ues  et  à  une  autre  intégrale 
de  même  forme  où  chacun  des  exposants  p  et  q  est  augmenté  ou 
diminué  d'autant  d'unités  qu'on  le  veut. 


(*)  Sur  l'intégration  «les  différentielles  ii*ra{ionnelles.  Jouiiial  de  Liou- 
ville  T.  XVIII.  i«r,:{. 


INTÉGRATION  DES  IRRATIONNELLES  ALGÉBRIQUES  2l3 

Considérons,  en  effet,  les  deux  identités  : 

(a  +  bt)  {a-{-bt)Pt9  =  a{a  +  bt)P  t<i -\- b{a  + bt)P  <«+*, 
D.(a+  6f)*H-i  i9+i  =  (p-l- 1)  6  (a  -h  bt)P  ^'+^  -j-  {q+ 1)  (34-60**+*  t^  • 

En  les  intégrant  (ce  qui  revient  à  une  intégration  par  décom- 
position et  une  autre  par  parties)  on  obtient  respectivement  : 

<p(p -h  I,  g)  =  a  cp(p,  g)  +  6  <p(p  g  +  i), 
(a  -f  W)ïH-i  i^+i  _  (p  +  I)  fc  ^(p,  g  ^_  i)  4.  (g  4.  i)  ^(p  ^  .1,  g). 

Entre  ces  deux  équations,  on  peut  éliminer  cp(/ï  -f-  i,  7)  ou 
bien  cp  (p,  q  +  i)-  En  résolvant  alors  par  rapport  à  <j>(p,  q),  on 
trouve  les  deux  formules  : 

(1)        a<p(p,g)  =  -^^^ ^^-^ +      p4_i      ?(Pfi>g)> 

(S)        a<p(p,  g)  ^-^ ^Jj~^ 5/l__X__,p(p,  g  +  i). 

Ces  formules  font  dépendre  çp(p,  q)  d'une  intégrale  de  même 
forme,  mais  où  p  ou  q  est  augmenté  d'une  unité.  Les  deux  for- 
mules suivantes,  qu'on  en  déduit  en  résolvant  les  précédentes  par 
rapport  aux  intégfrales  des  seconds  membres,  mais  en  rempla- 
çant p  par  p  —  I  dans  la  première  et  q  par  q  —  i  dans  la  seconde, 
à  savoir  : 

fA\       T.    r        X       (a  +  bt)P+'t<i  aq 

font  dépendre  (p(p,  q)  d'une  intégrale  de  même  forme,  mais  où 
p  ou  g  est  diminué  d'une  unité.  Aucune  des  quatre  dernières 
formules  ne  peut  devenir  illusoire,  car,  aucun  des  nombres 
p,  g,  p  +  g  n'étant  entier,  aucun  des  dénominateurs  p  +  i,  g  4-  i, 
p  +  g  +  I  ne  peut  être  nul. 

L'emploi  des  formules  (1),  (2),  (3),  (4)  permet  donc  d'augmen- 
ter ou  de  diminuer  d'autant  d'unités  qu'on  le  vent  un  des  deux 
exposants  p  ou  g,  sans  toucher  à  l'autre.  On  pourra  donc,  de 
proche  en  proche,  faire  dépendre  ©(p,  g)  d'une  autre  intégrale 
de  même  forme,  mais  où  p  et  g  seront  compris  entre  deux 
entiers  consécutifs  choisis  à  volonté,  par  exemple  0  et  i. 
Comme  celle-ci  n'est  plus  susceptible  de  réduction  ultérieure, 
on  la  considérera  comme  une  nouvelle  transcendante. 


2l4  CHAPITRE  V.  INTÉGRALES  INDEFINIES 

206.  Usages  des  formules  de  rédaction  dans  les  cas  d'intégrabilité 
pratique.  —  Dans  les  cas  d'intégrabilité  pratique,  les  formules 
de  réduction  peuvent  devenir  illusoires.  Mais  cette  éventualité 
ne  se  présente  que  pour  des  valeurs  exceptionnelles  de  p,  q  et 
les  formules  peuvent  servir  à  l'intégration.  Nous  allons  en 
donner  des  exemples. 

Nous  pouvons  toujours  supposer,  dans  les  cas  d'intégrabilité, 
que  ce  soit  l'un  des  exposants  p  on  q  qui  est  entier.  En  effet, 
si  p  -\-  q  était  entier,  on  ferait  la  substitution  ^  =^  i  :  2  et  l'on 
aurait 

(p (p,  q)--=—  \z-P-9-^  {b  +  az)Pdz, 

ce  qui  ramène  au  cas  précédent. 

Supposons,  en  premier  lieu,  que  p  et  q  soient  entiers  tous  les 
deux  :  je  dis  qu'on  pourra  les  réduire  tous  les  deux  à  l'une  des 
valeurs  0  ou —  i.  En  effet,  sip,  q  sont  négatifs  tous  les  deux, 
on  les  ramène  à  —  i  par  l'emploi  des  formules  (1)  ou  (2),  qui  ne 
deviennent  illusoires  que  si  /;  +  i  =  0  ou  si  g  +  i  -=  0.  Si  un 
seul  des  exposants  p,  q  est  négatif,  on  commence  par  le  réduire 
à  —  I  ;  après  quoi  on  abaisse  l'autre  à  zéro  par  les  formules  (3) 
ou  (4),  Celles-ci  ne  seront  pas  illusoires,  car  p  -\~  q  -\-  i  ne  s'an- 
nule pas  au  cours  de  la  réduction.  Enfin,  si  p,  q  sont  tous  deux 
positifs,  les  formules  (3)  et  (4)  permettent  de  les  réduire  tous 
deux  à  zéro.  Dans  ces  divers  cas,  le  calcul  de  l'intégrale  réduite 
sera  devenu  immédiat. 

Supposons,  en  second  lieu,  qu'un  seul  des  exposants  p,  q  soit 
entier.  Les  formules  ne  deviennent  illusoires  que  pour  réduire 
l'exposant  entier  de  —  i  à  0.  Elles  pourront  donc  servir  à  le 
réduire  à  0  s'il  est  positif,  et  à  —  i  s'il  est  négatif.  Dans  le  pre- 
mier cas,  l'intégration  sera  immédiate.  Dans  le  second,  elle 
sera  simplifiée,  mais  devi*a  s'achever  par  rationalisation. 

Exemples  :  I.  Considérons  l'intégrale  de  différentielle  binôme 

r    dx 

où  p  est  entier  et  positif.  Par  la  substitution  x  =  \Jt,  il  vient 


INTÉGRATION  DES  IRRATIONNELLES  ALGÉBRIQUES  2l5 


Donc  l'emploi  de  la  formule  de  réduction  (1)  permet  de  réduire 
l'exposant^  à  i.  Il  vient  ensuite,  ce  qui  termine  le  calcul, 


i_ 

(t  '^dt  ^    Ç     dx 


2arc  tg;»r+C. 


Il  est  clair  d'ailleurs  que  la  formule  (1)  peut  s'exprimer  directement 
au  moyen  de  ;*:.  On  trouve,  en  y  remplaçant  t  par  x^  et  divisant  par  2, 
la  formule  de  réduction  suivante,  qu'il  est  facile  d'établir  directement  : 

dx  I  X  2p  —2>(        dx 


y{l-\-X^)P         2p-2     {l-\-X^)P-^     '     2p  —  2j{l+X^)^^' 

IL  Considérons  l'intégrale  de  différentielle  binôme 

i'    x*"dx 


J\ji—x^ 

dans  laquelle  m  désigne  un  entier  positif  ou  négatif.  Par  la  substitu- 
tion x^  =  t,ondi 

r    x^dx         \Ç,        ^.-l.i^'rL,,      1     (      i    m  —  i\ 

)\ji-x^    ^j  2^v   2     2  ; 

Suivant  que  m  est  positif  ou  négatif,  on  se  sert  de  la  formule  (4)  ou 
de  (2).  Elles  permettent  de  ramener  l'exposant  — - —  à  la  valeur  —  — 
si  m  est  pair,  et  à  l'une  des  valeurs  0  ou  —  i  selon  que  m  est  impair 
positif  ou  négatif.  Alors  m  a  une  des  valeurs  0,  i  et  —  i.  En  revenant 
à  la  variable  x,  on  aura  à  calculer  une  des  trois  intégrales  : 

r      ^^  Ç  _x_dx__  Ç        dx 

J  \li  —  x^  J  Sjï'^x^  J  x\jV—x^' 

qui  ont  pour  valeurs  (n»  2o3),  à  une  constante  près, 


arc  sin  x,  — Sji  —  x^,  Log- 


X 

III.  Dans  la  théorie  du  pendule,  on  rencontre  l'intégrale 

x^dx 


I; 


\jax  —  X- 

Ce  n'est  plus  une  intégrale  de  différentielle  binôme,  mais  on  la  ra- 
mène, à  son  choix,  à  l'une  ou  à  l'autre  des  deux  intégrales  de  diffé- 
rentielle binôme  (I)  ou  (II)  par  les  substitutions  : 

X  =  at^         ou        \/ax  —  x^  =  xz. 

On  trouve,  après  quelques  réductions  faciles, 

r    xf^dx  C  f^'^dt  C         dz 


C  t^'^di  r         dz 

2  a"*  I  —=.  =  —  2a"'\  -, — j — Tx— TT' 
J  yJi—i^  j  (i  +  ■^')'"+* 


J\lax~x^  J\l-i 

ce  qui  ramène  aussi  l'une  à  l'autre  les  intégrales  (I)  et  (II). 


2l6  CHAPITRE  V.  INTÉGRALES  INDEFINIES 


207.  Cas  particuliers  simples  des  intégrales  de  diflEerentielles  binômes. 

—  Parmi  les  oas  d'intégrabilité  pratique  de  l'intégrale  o(p,  q), 
il  y  en  a  trois  que  l'on  peut  considérer  comme  des  cas  d'inté- 
grabilité facile.   Ce  sont  ceux  où  l'un  des  nombres  p,   q  ou 

—  (i^  +  9  +  2)  est  entier  positif. 

En  effet  :  i"  Si  />  est  entier  positif,  on  développe  (a  +  bt)  p  par 
la  formule  du  binôme  et  l'intégrale 


J' 


(a  4-  Ifi)P  t9  dt 

se  calcule  par  décomposition.  2°  Si  q  est  entier,  on  prend  a  -\~  bt 
pour  variable,  ce  qui  ramène  au  cas  précédent.  3°  Si  p  -j-  qr  +  2 
est  entier  négatif,  la  substitution  t  =  1  :  z  ramène  au  cas  que 
nous  venons  d'examiner.  Dans  ces  divers  cas,  l'emploi  de  la 
formule  de  réduction  sera  donc  rarement  avantageux  (*). 

Exercices. 

I.  Intégrales  à  calculer  par  le  théorème  du  no  201  : 


r  x^dx  Ç       dx                          Çi  -\-  x^ 

JSjx  —  ï  J  x\la-\-bx                     "  T  -4-  ^"i 

f — —  [{a  +  x)  ^xHx          \ 

J  x^\lx  —  I  J                                J , 


^  ï-\-x^ 
dx 


'V^-i  ^  {i+x)^-{i-\-xy 

2.  Intégrales  à  calculer  par  le  théorème  du  n»  202  : 


J 


dx  I  X\l2        ,    ^ 
=  -—=  arc  tg    ,  ^      .  +  C 


(i  +  x^)\li  —  x^       Va  Vi  —  x^ 


dx                  I     _        Vi+^'+Wa     ,   n 
—  Log ,    . h  C 


(I  —  x^)\Ji  +  x^       V2  \Jï+x^ 

dx                                 ^    Mi+x  —  x^-{ï+x) 
■  ==  —  2  arc  tg h  C. 

(i-|-;i^)Vi+^  — ^^  ^ 

3.  Différentielles  binômes  à  intégrer  : 

x^dx  X  {x^  —  3)       3 


3  —  , arc  sin  x-\-C 


\xi  [a  +  ,1^2)^'  dx-^  —  (a+  x^yfx^  ~  —^  +  C 


(l_;,2)a  Wi-^       2 


(*)  L'exemple  II  du  numéro  précédent  rentre  dans  le  troisième  cas  d'in- 
tégrabilité facile  si  m  est  pair  et  négatif. 


INTEGRATION  DES  FONCTIONS  TRANSCENDANTES  Ûl'J 


4.  Montrer  que  toute  difFérentielle  binôme  x'*  {a  -\-  hx'  ydx  peut,  à 
part  un  facteur  constant,  se  ramener  à  la  forme  (fi  et  v  rationnels) 

sinf^ipcos^  fd<f. 

R.  On  y  anive  par  les  trois  substitutions  suivantes,  dont  l'une  au 
moins  est  réelle  : 

a  -j-  bx^  „  I 

^  cos^  <p  ou r—  ou  —  tfir*<J>. 

a  cos^ip  °  ' 

§  4.  Inté^ation  des  fonctions  transcendantes. 

208.  Bationalisation.  —  Un  grand  nombre  de  différentielles, 
qui  renferment  des  fonctions  exponentielles  et  circulaires  ou 
leurs  inverses,  peuvent  être  rendues  rationnelles  par  nne  sub- 
stitution de  variables,  c'est-à-dire  qu'elles  prennent  la  forme 

R  («)  du, 

où  R  désigne  une  fonction  rationnelle.  Les  substitutions  qui 
conduisent  à  ce  résultat  sont  immédiatement  apparentes  dans 
les  différentielles  suivantes  : 

Jl{e^)e^dx,         R(Log^)^,  R(arctgx)-^; 

ce  sont  respectivement  : 

e^  =  u,  Logar  =  u,  arctg3C  =  w. 

Mais  on  peut  rendre  rationnelles  des  différentielles  pour  les- 
quelles la  substitution  convenable  est  moins  facile  à  apercevoir 
et  nous  allons  en  examiner  quelques  types  généraux. 

209.  Intégration  de  R  (sin  ;x;,  cos  .x)  d;x.  —  Suivant  le  cas, 
quatre  substitutions  principales  rendent  rationnelles  les  diffé- 
rentielles de  cette  forme  où  R  désigne  une  composante  ration- 
nelle : 

I.  Si  R  est  une  fonction  impaire  de  cos  x,  c*est-à-dire  une 
fonction  qui  ne  fait  que  changer  de  signe  quand  on  y  remplace 
cos  X  par  —  cos  x,  on  rend  Udx  rationnelle  par  la  substitution 

sin  X  =  z. 

En  effet,  le  quotient  R  :  cos  x,  ne  changeant  plus  de  signe, 
ne  contiendra  plus  le  cosinus  qu'au  carré  et  sera,  par  consé- 


2l8  CHAPITRE  V.  INTEGRALES  INDEFINIES 

quent,  une  fonction  rationnelle,  Kj,  du  sinus  seul.  On  aura  donc 

R  =  Ri  (sin  x)  cos  x, 

et,  par  la  substitution  proposée, 

R  dx  ==  Ri  (z)  dz. 

II.  Si  R  est  une  fonction,  impaire  de  sin  x,  on  rend  Rd^ 
rationnelle  par  la  substitution 

cos  oc  =  z. 

On  a,  en  effet,  par  le  raisonnement  analogue  au  précédent, 

R  =  Ri  (cos  x)  sin  x,         R  d;x;  =  —  Ri  {z)  dz. 

TII.  Si  R  (sin  x,  cos  x)  ne  change  pas  quand  on  remplace  à  la 
fois  sin  x  par  —  sin  x  et  cos  ;x;  par  —  cos  x,  on  rend  "Rdx  ration- 
nelle par  la  substitution 

tgx  ^  z. 

En  effet,  remplaçons,  dans  R,  sin  x  par  cos  x  tg  ;x;.  Nous 
formons  une  fonction  du  cosinus  et  de  la  tangente  que  le  chan- 
gement de  signe  du  cosinus  n'altère  plus,  qui  ne  contient  donc 
le  cosinus  qu'au  carré.  C'est  donc  une  fonction  rationnelle,  R,, 
de  la  tangente  seule,  car  cos'^oc  peut  se  remplacer  pan  :  (i+tg^;x;), 

et  l'on  a 

dz 
R  doc  -  Ri  (tg  x)  dA;  =  Ri  (2)  j-p^. 

IV.  Dans  tous  les  cas,  on  rend  R  (sin  x,  cos  x)  dx  rationnelle 

par  la  substitution 

.    x 
^  =  tg-. 

On  a,  en  effet,  en  fonction  rationnelle  de  z, 

2Z  1—Z^  ,  2dz 

sm  X  =  — : — :r,         cos  X  = ; — 5-,  dx  = 


1+22'  -"-*-         1+22'  l-\-Z^ 

Remarques.  —  La  dernière  substitution  peut  toujours  être 
évitée.  En  effet,  si  l'on  décompose  R  comme  il  suit  : 

2  R  dA;  =  [R  (sin  x,  cos  x)  -f  R  (—  sin  x,  —  cos  x)]  dx 
+  [R  (sin  X,  cos  «;)  —  R  ( —  sin  x,  cos  x)]  dx 
+  [R  (—  sin  5c  cos  «;)  —  R  (  —  sin  x,  —  cos  x)]  dx, 

chacun  des  termes  écrit  sur  une  ligne  peut  être  rendu  rationnel 


INTEGRATION  DES  FONCTIONS  TRANSCENDANTES  21Ç) 

par  une  des  trois  premières  substitutions  :  le  premier  par  la 
substitution  III  ;  le  deuxième  par  la  substitution  II  ;  le  troisième 
par  la  substitution  I. 

On  rencontre  souvent  des  différentielles  renfermant  d'autres 
lignes  trigonométriques  que  sin  A"  et  cos  x,  comme  tg  x,  sec  .v, 
etc..  On  commence  par  exprimer  rationnellement  ces  nouvelles 
lignes  au  moyen  de  sin  x  et  de  cos  x,  après  quoi  les  théorèmes 
généraux  s'appliquent. 

Dans  d'autres  cas,  la  différentielle  renferme,  outre  sin  x  et 
cos  X,  des  sinus  et  des  cosinus  de  multiples  entiers  de  x  comme 
sin  2X,  sin  3x,  cos  '2X,  etc.  On  les  exprime  par  des  polynômes 
en  sin  x  et  cos  x  et  les  méthodes  générales  s'appliquent. 

Enfin,  si  la  différentielle  renferme  sin  ctx,  sin  ^^c,  cos  yx,  etc., 
a,  (3,  y...  désignant  des  nombres  rationnels  dont  m  sera  le  plus 
petit  commun  dénominateur,  on  pose  x  =  mz,  on  prend  z  comme 
nouvelle  variable  et  on  est  ramené  au  cas  précédent. 

Applications.  —  I.  On  trouve,  par  les  substitutions  (I)  ou  (II), 

l'coHxdx       ,         .  ,    „  fsinxdx  .  ,   ^, 

r =  Log  sin  .v  -f  C, =  —  Log  cos  x  ■+-  C, 

j      sin  x  °  J     cos  ;x:  »  i      » 

1  sin  X  cos  X  dx  =  —  sin^^c  +  C  = cos^^c  4-  C; 

j  2  2 


par  la  substitution  III, 

C         dx 


J  sin  X  cos  X 
par  la  substitution  (IV), 


Log  tg  5C  +  C  ; 


/ 


=  Logtg-  +C, 


sm  X  °   "^  2 

7C 


et,  en  remplaçant  x  par    x  + 


2 


/H^s^-^°«»<i-:")+-- 


II.  Passons  à  l'exemple  plus  compliqué 

dx 


cos  a: 

Aucune  des  trois  premières   substitutions   n'est  applicable 
isolément,  employons  la  dernière  : 


220  CHAPITRE  V.  INTÉGRALES  INDÉFINIES 


4.        ^ 

COS3C  = 

^-^"          d^ 

I  +  z«'         "^^ 

L 

'intégrale 

proposée  devient 

r 

zdz 

adz 

I  +  z^ 


J{a  +  b)-\-{a—b)z-' 

En  changeant  au  besoin  le  signe  de  l'intégrale,  nous  pouvons 
admettre  que  (a  +  b)  est  positif,  alors  (a  —  6)  est  positif  ou 
négatif. 

Si  a  —  b  est  >  0,  posons  a  -|-  6  =  a*,  a  —  6  =  p*  ;  nous  aurons 

Si  a  —  6  est  <  0,  posons  a  +  6  =  a*,  a  —  6  =  _  p*  ;  nous 
aurons 

Ja-h6cos5c"'J  a2-P*z*~^    ^^a  — §2  "^ 

yô+^  +  VÂ^^tg^ 
=  -==.  Log ^  +  C 


T       6  +  a  cos  X  -f-  \Jb^  —  a*  sin  x  ,   „ 


y6«  —  a^  a  H-  6  cos  a; 

III.  On  ramène  à  la  précédente  l'intégrale 

dx 


/. 


a-\-b  cos  5C  +  c  sin  oc' 
en  déterminant  deux  quantités  r  et  (f>  par  les  relations 

b  ■=  r  cos  ip,  c  ^^  r  sin  <p  ; 

l'intégrale  devient 

dx 


/^ 


a  -|-  ''  cos  (5C  —  <p)' 

et  sa  valeur  s'obtient  en  remplaçant  b  par  r  et  :x;  par  x  —  œ  dans 
la  précédente. 

210.  Intégration  de  sin  "^x  cos  **^xdx.  —  Si  m  et  /i  sont  entiers, 
cette  différentielle  est  un  cas  particulier  de  celle  du  n°  précé- 
dent. Elle  peut  donc  être  rationalisée  par   les  substitutions 


INTEGRATION  DES  FONCTIONS  TRANSCENDANTES        221 

indiquées.  Nous  allons  d'abord  attirer  l'attention  sur  cinq  cas 
dans  lesquels  l'intégration  est  facile  par  ces  substitutions.  Les 
trois  premiers  ne  supposent  pas  que  m  et  n  soient  entiers  tous 
les  deux. 

Cas  d'intégrabilité  facile.  —  Voici  d'abord  quatre  cas  où 
l'intégration  est  immédiate  par  décomposition  en  développant 
la  puissance  d'un  binôme  tel  que  (i  —  2*).  On  suppose  k  entier 
et  positif  : 

i"  m  -=  2/c  4- 1,  on  pose  ces  x  =  z,  d'où 

J  sin  *"x  cos  "X  dx  =  —  J(i  —  z-y^z*^dz  ; 

2*  il  =  2^  -h  I,  on  pose  sin  x  =  z,  d'où 

j  sin  "*x  cos  **jc  dx  =  (z*^  (i  —  z^)'^dz; 

3**  m  -4-  n  =  —  2k,  on  pose  tgx  ^  t  ou  cot  x  =^  u,  d'où 
J  sin  "^x  cos  ^xdx  =  j  t"^  (i  f  f*)*-*  d^  -=  —  J  w«(i  +  m«)^-»  du  ; 

X 

4**  /i  =^  0  et  m  =  —  2A*  —  I,  on  pose  tg  -  =  2,  d'où 

(*      dx  I    i*(i  4-2*)'*rf2       I    Çf     .   iY*d2 


:{T+z^)^dz       I    ff     .   iV 


j  sin2*+*  oc      2«*  j        z«*+i  2**  J  V        2y      z  " 

Considérons  encore  un  5®  cas  où  la  décomposition  se  fait 
autrement  : 

5**  Si  m  +  n  =  0  (m  entier)  les  substitutions  du  cas  S**  donnent 

ïts'^xdx  =  \  — --—  =  —  I ;. 

Si  c'est  m  qui  est  positif,  on  effectue  la  division  de  t"'  par 
I  -h  ^^  et  chaque  terme  est  immédiatement  intégrable.  Dans  le 
cas  contraire,  c'est  u"  qu'on  divisera  par  (i  -j-  u*). 

Formules  de  réduction  (*).  —  On  a 

J  sin'»»  X  cos**5C  dx  =  (  sin»"-*5c  (cos**  x  sin  x  dx)  ; 


(*)  La  différentielle  siu  *>*x  cos  nx  dx  se  transforme  à  an  factear  numé- 
rique près  dans  la  différentielle  binôme 

m  +  i  n—i 

t    2    (i— #)  2   d/ 

par  la  substitution  sin  x  =^t.  Les  formules  de  réduction  établies  ici  ne 
sont  que  les  transformées  de  celles  relatives  aux  différentielles  binômes. 


222  CHAPITRE  V.  INTEGRALES  INDEFINIES 


d'où,  en  intégrant  par  parties,  la  formule  (1) 


/ 


•   y»         «    j           sin»"-*a;eos"+*5c  ,  m-  ^  i    .    _   ,  , ,    , 

sin^xcos**  xdx= ; , —    f:i\n"^-^xcoë^^+'xdx 


i 


D'autre  part,  si  l'on  fait  porter  l'intégration  sur  le  sinus  après 
avoir  isolé  un  facteur  cos  x,  on  a  la  formule  (2)  : 

r  .   ^         ^     j        sin*"+*A'cos"-*  .x;      n  —  i /*  ,„  „     , 

sm^xcos^  xdx  -=- 1 —    sm'^+^xcos^^-^xdx 

j  m  +  I  m  +  ij 

Dans  l'intégrale  qui  est  au  second  membre  de  la  formule  (1), 
remplaçons  un  facteur  cos^^c  par  i  —  sin^^c.  Cette  intégrale  se 
décompose  en  deux  autres,  dont  celle  du  premier  membre.  En 
résolvant  par  rapport  à  celle-ci,  nous  obtenons  la  formule  (3)  : 

•   «.       «     j  sin'«-*5ccos*»+*«;   ,  m — i  ,    .   _    , 

sin"^cos«  5cax= —    sm^^-^^ccos"  jc  dA;. 

m  +  n  m-f-/ij 

Opérons  de  même  sur  l'équation  (2),  mais  en  remplaçant  un 
facteur  sin^iv  par  i  —  cos*5C,  nous  obtenons  la  formule  (4)  : 

r  •   ».  «    j        sin'«+*.\;cos"-*5c    ,    n—i  (  .  ^         »,   ,    _, 

I  sin"»5c  cos**  xdx= \ —    I  sin"*:x:  cos^-^^cd^c 

j  m -\- n  m-{-nj 

Enfin,  changeons  m  en  m  H  2  dans  la  formule  (3)  et  n  en 
n  +  2  dans  la  formule  (4)  et  résolvons  chacune  des  deux  formules 
par  rapport  àl'intégr-ale  du  second  membre.  Nous  obtenons  les 
formules  (5)  et  (6)  : 

r  •   »,         «    J       siD"^+';x;cos"-^*«;    .  m+n-f2  C  .  ^,^         „     , 

\  sin*"JCC0S";x;d5c= — , ■ — - —  I  sin*^'+''xcos"«;a;x: 

J  m  -\-  ï  m  +  1   J 

r  •   «.         «     T  sin*"+*:x;cos'»+^A;     m-hn+2  f  .   ^         „ ,  „    j 

I  sin*"5ccos'*5ca5C= , 1 ; 1  sm^xcos^-^^xdx 

J  n-{-i  /i  +  ij 

Si  m  et  n  sont  entiers,  l'emploi  combiné  des  quatre  dernières 
formules  permet  d'effectuer  l'intégration  dans  les  diverses 
hypothèses  possibles. 

En  effet,  ces  formules  permettent  de  diminuer  ou  d'augmen- 
ter de  deux  unités  un  des  deux  exposants  sans  toucher  à  l'autre. 
Par  la  répétition  de  cette  opération,  on  peut  donc  ramener  les 
deux  exposants  à  l'un  des  trois  nombres  —  i,  0  ou  i.  Seul  le 
passage  de  —  i  à  -j-  i  ne  peut  se  faire,  le  dénominateur  des  for- 
mules s'annulant  dans  ce  cas.  Quand  la  réduction  des  exposants 
est  faite,  l'intégration  est  immédiate  ou  très  facile. 

Les  deux  premières  formules  serviront  aussi  avec  avantage  si 
les  deux  exposants  m  et  n  sont  de  signes  contraires,  car  elles 


INTÉGRATION  DES  FONCTIONS  TRANSCENDANTES  22.3 

permettent  de  réduire  les  deux  exposants  à  la  fois  jusqu'à  ce  que 
l'un  d'eux  soit  ramené  à —  i,  0  ou  i.  Après  cela,  la  réduction 
doit  se  continuer  par  les  autres  formules. 

Intégration  par  décomposition.  —  La  méthode  que  nous 
allons  indiquer  est  applicable  chaque  fois  que  les  deux  expo- 
sants m  et  n  sont  entiers  nuls  ou  positifs.  Mais  la  méthode  de 
rationalisation  est  plus  expéditive,  sauf  peut-être  si  m  et  n  sont 
pairs  tous  les  deux. 

Cette  méthode  consiste  à  décomposer,  par  les  formules  de  la 
trigonométrie,  cos";x;  en  une  somme  de  cosinus  de  multiples  de 
X  et  sin^'ac  en  une  somme  de  sinus  ou  de  cosinus  de  multiples 
de  X  (*).  En  effectuant  la  multiplication,  on  trouve  des  produits 
partiels,  qui  se  décomposeront  eux-mêmes  par  les  formules  : 

sin  "kx  cos  [i.x=  -  sin  Q.  -{-  ^)x  -\-  sin  (k  —  p.)  «; 

cos  "kx  cos  fx  ic  =  -  cos  (X  -f  fji)  a;  -|-  cos  (k  —  u)  x 
et  ces  nouveaux  termes  s'intègrent  immédiatement. 


(*)  Ces  formules  se  déduisent  facilement  de  celle  de  Moivre.  On  part  de 

l'identité 

2  cos  X  =  (cos  X  -\-  i  sin  x)  -f-  (cos  x  —  /  sin  x). 

On  élève  à  la  puissance  n  par  la  formule  du  binôme,  mais  en  ayant  égard 

aux  relations 

(cos  X  +  i  sin  x)P  =  cos  px  -f-  i  sin  px. 

(cos  X  -f-  /  sin  x)  (cos  x  —  i  sin  x)  =  i. 
Il  vient  facilement 

an  cosw  X  =  (cos  nx  +  i  sin  nx)  -\-  n  [cos  (n  —  a)  .v  -f-  /  sin  («   -  2)  x] 

-|-  "  [cos(n  —  4)  ^  + '  sifl("  —  4)-^]  + ••• 

En  négligeant  les  termes  imaginaires,  qui  se  détruisent,  on  trouve  l'ex- 
pression cherchée  pour  cos"  x  : 

2"  cos"^  X  =  cos  nx -\-  n  cos(n  —  2)  x-\ ^ cos(n  —  4)+  •■■> 

Les  coefficients  sont  ceux  du  binôme,  de  sorte  que  les  termes  à  égale 
distance  des  extrêmes  sont  égaux  dans  cette  formule. 

Le  développement  analogue  de  sin"  jc  se  déduit  du  précédent,  en  y  chan- 
geant X  en  .V  -f  TT  :  2.  Il  est  de  l'une  des  deux  formes  suivantes,  suivant  que 
n  est  pair  ou  impair  : 

2"  sin"  X  =  (—  i)^  [cos  XIX  —  n  cos  {n  —  2)  x  -f-  — ^ — -  cos  (n  —  4)  «  —  ,•  • 

w-t-i  ,    

2"sin"x  =  ( — 1)    2    [sin /ijc  —  n  sin  (/t  —  2)  .v -j ^ sin(n  —  4)'*'" — ••• 

Dans  les  deux  cas,  les  termes  à  égale  distance  des  extrêmes  seront 
encore  égaux. 


224  CHAPITRE  V.  INTÉGRALES  INDÉFINIES 

Lorsque  m  et  n  sont  pairs  tous  deux,  le  procédé  de  décompo- 
sition suivant,  qui  ne  demande  aucun  effort  de  mémoire,  est 
commode  en  pratique.  Soit  m  =  2p,  n  ^  ^q  : 

1°  Si  p  est  ^  q,  on  écrit 
sin^P  5ccos«<?  X  -  sin^P  x(sin5ccos5c)=«  =  /'£IzCOS2.•^c^  ^«^  sin25c  \^<i 


■-)    [f^) 


_  (i  —  cos  2oc)^^'-«sin*9  2A; 


2*»  Si  p  est  <  q,  on  écrit 

/'sin23C^*^  /I  +  COS25CV~^ 


sin*Paccos*9  5c=(sinjccos.x)*^cos*«-*Px=  i  i     i i 

_  (sin  23c)«^(i  +  cos  2xY~P 

On  développe  par  la  formule  du  binôme  en  une  somme  de 
termes  de  la  forme  sin  2a:  cos'^25c,  mais  où  X  +  jji  ne  peut  sur- 
passer p  -\-  q.  Ceux  où  l'un  des  exposants  X  ou  {/.  est  impair 
rentrent  dans  un  cas  d'intégrabilité  facile.  Les-  autres  termes 
se  décomposent  par  le  même  procédé  en  éléments  de  la  forme 
sin  ^XGO^^ ^.  On  continue  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que  tous 
les  termes  s'intègrent.  La  réduction  marche  rapidement,  puis- 
que la  somme  X  4-  f*^  des  exposants  est  réduite  au  moins  de 
moitié  à  chaque  nouvelle  décomposition. 

211.  Intégration  de  B(x)e^'^dx.  —  Cette  différentielle,  dans 
laquelle  E  (x)  désigne  un  polynôme,  s'intègre  le  plus  facilement 
par  la  formule  d'intégration  par  parties.  On  a 

JE {x) e^dx=-  E(5c)  e«^  —  - (e'{x)  e''^  dx. 

Cette  formule  fait  dépendre  l'intégrale  proposée  d'une  autre 
de  même  forme,  mais  où  le  degré  du  polynôme  est  abaissé  d'une 
unité.  C'est  une  formule  de  réduction.  En  l'appliquant  de  proche 
en  proche,  il  vient 

^E{x)e^dx  =  ^]^E{x) A_!+_A^_...J 

Cette  formule  s'arrête  d'elle-même  quand  les  dérivées  de- 
viennent identiquement  nulles. 

Remarque  1.  —  Il  existe  une  expression  symbolique  utile  de 
l'intégrale  précédente.  Décomposons-la  en  une  somme  d'autres. 


INTEGRATION  DES  FONCTIONS  TRANSCENDANTES 


225 


ne  renfermant  qu'un  seul  terme  du  polynôme  E(a;).  Chacune  de 
celles-ci  s'intègre  par  la  formule  symbolique  (4)  du  n°  (192)  ;  on 
a  ainsi,  pour  /i  =  0,  i,  2,  3...., 


I 


xn  eax  dx  =  D« h  C. 

a 


Si  l'on  multiplie  chacune  de  ces  formules  par  le  coefficient 
de  X"  dans  E  (x)  et  si  l'on  fait  leur  somme,  on  trouve  l'équation 
suivante,  remarquable  par  sa  concision  : 


/ 


Qaa 


E  (x)  e«^  c?5c  =  E  (D„  ) \-  C 


Remarque  II.  —  On  ramènerait  à  la  précédente  les  différen- 
tielles des  n°^  212,  2i3  et  214  en  remplaçant  les  lignes  trigono- 
métriques  par  des  exponentielles  imaginaires,  au  moyen  des 
formules  d'Euler  données  à  la  fin  du  volume,  mais  nous  écar- 
tons cette  méthode  pour  le  moment.  Elle  serait  cependant  la 
plus  simple. 

212.  Intégration  de  E  (x)  sin  ax  dx  et  de  E  {x)  cos  axdx.  —  Ces 
différentielles,  dans  lesquelles  E  (x)  désigne  encore  un  poly- 
nôme, s'intègrent  par  parties  et  s'obtiennent  par  un  calcul 
analogue  au  précédent.  Une  première  intégration  par  parties 
donne 


cos  ax  dx  --=  E  (x)  — ^ E  '  («;)  sin  ax  dx, 


Je(x) 

j  E(5c)  sin  axdx  = — E(;x;) 


a 

Gosax 


a 


^/e'W 


cos  axdx. 


Ces  deux  formules  ensemble  fournissent  une  méthode  de  ré- 
duction. En  les  employant  alternativement,  il  vient  ; 


I  E  (x)  cos  ax  dx  = E  (x) ^^-^-\ ^— ^  —  •• 

J  a      L  a-  a* 


+ 


a 
cos  ax 


jE(x) 


sin  ax  dx  =- 


a 
sin  ax 


a 
cos  ax 


E'(x)  _^{xl      W{x) 

a  a^  a^ 

F'{x)     E"'(jc)  ,   EV(a:) 


4-c 


E(.)-^-;;i^4-^-^)-...i^c. 


i5 


226  CHAPITRE  V.  INTÉGRALES  INDÉFINIES 

213.  Intégration  de  jc"  e<^^  cos  bx  dx  et  de  x^  ef^^  sin  hx  dx.  — 

On  a 

d(e^^  cos  bx)  =  ef^  (a  cos  bx  —  b  sin  bx)  dx, 

d{e"^  sin  bx)  =  e*^*^  (è  cos  bx  -{-  a  sin  feoc)  dsc. 

On  en  tire 

a  d  (e«^  sin  bx)  —  bd  (e«^  cos  bx)  =  (a^  +  fr^j  gaa?  gijj  ^^^  j/^^ 
Z?  d  (e«^  sin  i?5c)  +  a  d  {e^  cos  6a;)  ==  (a"  +  b^)  e"^  cos  èoc  dx. 

11  vient  donc,  en  intégrant, 

Ç        .    ,      T        e«^(asin65c  —  fc  cos  t^c)    ,   ^ 
J  e«^  sin  bx  dx  = 5^ ^^^-ç^, '-  +  C, 

/'             ,      ,         e^  (b  sin  bx  +  a  cos  bx)  .   ™ 
e^^'cosfoicdA;^ ^^ ^       ,  ^  ^  +  C. 

Les  intégrales  plus  générales  proposées  dans  le  titre,  se  dé- 
duisent des  précédentes  par  la  méthode  de  dérivation.  En  déri- 
vant n  fois  par  rapport  à  a,  il  vient 


.    ^      -       ^ne^^(asin  ;6a' — j&cos;6a;)  ,    „ 
a''  +  O'' 

r      7        ,^„e«^(6  sin;65C+acos6A;)  ,  ^ 
jc«  e«^  cos  Z>5C  rf5C  =  Da ^^ ^2    1    ^g ^  +  C . 


214.  Différentielles  réductibles  aux  précédentes.  —  1.  On  peut 
réduire  aux  précédentes  et,  par  conséquent,  intégrer  les  diffé- 
rentielles de  la  forme  générale 

^{x,  e^^,  sin  bx,  sin  ex,...  cos  ex,  cos  fx,...)  dx 

où  E(x,  3',...)  désigne  un  polynôme  en  x,  y,...  ci  a,  b,  c,...  des 
constantes  quelconques. 

En  effet,  chaque  terme  du  polynôme  E  contient  eu  facteur 
un  produit  de  sinus  et  de  cosinus  à  certaines  puissances.  On  le 
décomposera  en  une  somme  de  sinus  ou  de  cosinus  par  les  for- 
mules indiquées  au  n^'  210  pour  la  décomposition  des  puissances 
ou  des  produits  de  sinus  ou  de  cosinus,  formules  auxquelles  il 
faut  ajouter 

sin  Xx  sin  [xx  =-  cos  ().  —  p.)  5C  —  cos  (k  -f  jx)a;  |  , 

et  qui  permettent  de  décomposer  de  proche  eu  proche  des  pro- 
duits de  deux,  trois,  quatre,...  facteurs.  Après  ces  décomposi- 
tions, la  différentielle  proposée  se  partagera  en  une  somme 
d'autres  des  divers  types  déjà  intégrés  : 


INTEGRATION  DES  FONCTIONS  TRANSCENDANTES  227 

x"^e^"^  dx,         x"^e^"^  sin  px  dx,         x^e^^^  cos  px  dx. 

II.  On  peut  ramener  aux  précédentes  et,  par  conséquent, 
intégrer  les  différentielles  : 

E  {x,  Log  x)  dx,      E  (x,  arc  sin  x)  dx,      E  (x,  arc  cos  x)  dx 

où  E  {x,  y)  est  un  polynôme  en  x,  y. 

En  effet,  par  les  substitutions  respectives 

Log  X  ^  z,  arc  sin  x  =  z,  arc  cos  x  =  z, 

ces  différentielles  deviennent 

E  (e^,  z)  e^  dz,  E  (sin  z,  z)  cos  z  dz,  — E  (cos  z,  z)  sin  z  dz 

et  elles  rentrent  dans  celles  du  théorème  précédent. 

215.  Différentielles  qui  renferment  la  racine  carrée  d'un  polynôme  du 
second  degré.  —  Les  différentielles  qui  ne  renferment  pas  d'autre 
irrationalité  que  la  racine  carrée  d'un  polynôme  du  second 
degré  peuvent,  comme  nous  allons  le  montrer,  se  ramener  par 
substitution  à  des  différentielles  rationnelles  en  sin  t  et  cos  t. 
C'est  un  nouveau  procédé  d'intégration  à  ajouter  à  ceux  du  11^202. 


1°  Si  le  radical  est  de  la  forme  \/a^  —  x^,  on  pose 
X  =  a  sin  t,         d'où 


dx  =  a  cos  t  dt, 

\ja^  —  «;2  =  a  cos  t. 

C'est  la  méthode  déjà  rencontrée  au  n°  190,  3". 
2°  Si  le  radical  est  de  la  forme  \Ja^  -\-  x-,  on  pose 

adt 

dx  = r-T, 

,     ,  j,   .    T  cos^r 

5c  =  a  tg  r,  d  ou 

Va'^  +  oc2  =  -~. 
cos  t 


3°  Si  le  radical  est  de  la  forme  sjx'^  —  a*,  on  pose 

,           ■,,   .    (       dx  ='  atgt9>iiQ.tdt, 
X  =  a  sec  t,         d  ou    {      ^ 

{    \!x^  —  a2  =  a  tg  t. 

Dans  tous  les  cas,   on  peut  ramener,   par  une  substitution 
linéaire,  le  radical  (supposé  réel)  à  l'une  de  ces  trois  formes. 

Exercices. 

I.  Cas  d'intégrabilité  facile  du  n°  210  : 

1  sin^  X  dx  =  —{  cos  'i'  —  x  cos'^  *'  ~l~  c"  ^^^^  -^  )   i   C. 


228  CHAPITRE  V.  INTÉGRALE  S  INDEFINIES 


sin"  xdx  =  —  (cosx  —  cos='  ^  +  t cos^ x—-  cos'  xj-\-C. 

2.  On  trouve  par  les  formules  de  réduction  du  n»  210  : 
dx  cos  X        2 


sin*  ;tr  3  sin^  x      3 


cot;«r+C. 


Jcos5;r  4     Vcos*;tr  ^2    cos2.ry^8     ^^U      27  ^ 

fsin^  ;»?  ,         sin^AT  2       ,   ^ 

7-'^^  =  ô 5 5 hC. 

j  cos*  X  3  cos^AT     3  cos;t 

f  .    .     ,              sin;»;  cos ;»?/^  .   „      ,    3\  ,    3;tr    ,   ^ 
I  sin*;tr dx  = f  sin^ ;i;+  --  )  +  —  +  C. 

3.  On  trouve  par  décomposition  (n»  210) 

i   •   i         2     j  I  Z'        sin  4;»;      sin3  2;t;^    ,    „ 

I  sm*Ar  cos^  ;V'  dx  =  — -  ;i; — +  C. 

J  2*\  4  3      7' 

4.  Démontrer  les  formules  suivantes  : 

|a^  cos^/+^^sin^;.=^  "^"  *^  G  *^  ^^  +  ^^ 

I  — ; dx  =  Log  (2  +  cos  x)  +-^  arc  tg  (  —z-^  tg—  )  +  C. 

J2  +  cos;t;  '''  '     y3  ''VV3      27 

T— i  =  -  +  arctgl tg  -    +  C. 

J  I  —  2ycos;»;  +  y^     2  Vi — r      2/ 

1  ;»;*  cos  xdx  =  sin  ;»;  (;»;*  —  12  ^^  +  24)  +  cos  x{^x^  —  2/^)  +  C. 

I 


^*  cos^  ;tr  <^;y=     ,  ,   , — ^  (a^  cos^  X -\- 2a  sin  ;r cos  x-\-2)-\-C. 
«  (<»  +  4) 

^^sin^  Ari;i?==— —r— — r-  (a^  sin^  ;i;  —  2a  sin  ;v  COS  ;tr  +  2)  +  C. 
a  («2  +  4) 


\x*'Logxdx= — ; — (   Log;ir j — )  +  C. 

j          °            »  +  i\               »  +  1 7 
\{Logx)''dx=x[Logx)''  —  n{Logx)"-^  +  n{n  —  i){Logx)*t-^ l+C. 

j  (arc  sin  xy  dx  ==  x  [(arc  sin  xY  —  2]  +  2  (arc  sin  x)\Ji  —  x^-\-C. 


CHAPITRE  VI. 


Théorie  élémentaire  des  intégrales  définies. 
Intégrale  de  Eiemann. 


§  1.  Intégrales  définies  considérées  comme 
limites  de  sommes. 

216.  Fonctions  intégrables  au  sens  élémentaire.  Première  définition 
de  l'intégrale  définie.  —  Nous  nous  proposons  ici  de  faire  la  théo- 
rie des  intégrales  définies  sous  la  forme  la  plus  élémentaire  et 
non  la  plus  générale.  Nous  dirons  donc,  quitte  à  généraliser 
cette  définition  plus  tard,  qu'une  fonction  f(x)  est  intégrable 
(au  sens  élémentaire)  dans  un  intervalle  (a,  b)  si  elle  est  continue 
dans  cet  intervalle  et,  plus  généralement,  si,  n'étant  pas  con- 
tinue, elle  est  bornée  et  ne  possède  qu'un  nombre  limité  de 
points  de  discontinuité  dans  l'intervalle  (a,  b). 

Ceci  posé,  soit  f{x)  une  fonction  intégrable  dans  un  intervalle 
(a,  b)  et  ayant  pour  bornes  supérieure  et  inférieure  les  nombres 
M  et  m,  c'est-à-dire  (n°  12)  que  ce  sont  les  deux  nombres  les 
plus  rapprochés  entre  lesquels  la  fonction  demeure  comprise 
quand  x  varie  dans  (a,  b).  Décomposons  l'intervalle  (a,  b)  en 
éléments  consécutifs  par  les  points  x^  =  a,  x^,  .Vg,...  Xn-iri  =  b. 
Soient,  en  général,  Sj  =  Xi^i  —  Xt  l'amplitude  d'un  des  inter- 
valles élémentaires  et  nii  la  borne  inférieure  de  f{x)  dans  cet 
intervalle  8,.  Formons  la  somme,  étendue  à  tous  les  intervalles 
Si  depuis  a  jusque  b, 

n 

S  ==    ^  ITLi  Bj. 

i=l 

On  peut  former  une  infinité  de  sommes  analogues  en  faisant 
varier  le  mode  de  subdivision  de  l'intervalle  (a,  b).  Mais,  puis- 
que nxi  est  compris  entre  m  et  M,  toutes  ces  sommes  sont  com- 
prises entre  /nES^  =  m  (6  —  a)  et  MIS*  ==  M  (fc  —  a).  Elles  ont 


23o      CHAPITRE  VI.  THEORIE  ELEMENTAIRE  DES  INTEGRALES  DEFINIES 

donc  en  ])articulier  une  borne  supérieure,  c'est-à-dire  qu'il 
existe  un  plus  petit  nombre  qu'elles  ne  peuvent  surpasser 
(n°  12).  Cette  borne  est  une  intégrale  définie  ;  elle  se  désigne 
par  la  notation 

(1)  Çf{x)dx. 

Les  quantités  a  et  b,  valeurs  extrêmes  de  x  entre  lesquelles 
se  fait  la  sommation,  sont  les  limites  de  l'intégrale  :  a  est  sa 
limite  inférieure,  b  sa  limite  supérieure. 

L'expression  (1)  se  prononce  intégrale  ou  somme  deakb  f{x)dx. 

La  lettre  x  sous  le  signe  d'intégration  est  la  variable  d'intégra- 
tion et  elle  peut  être  remplacée  par  toute  autre  lettre,  l'expres- 
sion 


est  identique  à  la  précédente. 

L'intégrale  définie  jouit  des  deux  propriétés  suivantes,  qui 
vont  nous  servir  à  en  transformer  la  définition. 

217.  Théorème  de  la  moyenne  (Cas  particulier).  —  De  même  que 
les  sommes  s  dont  elle  est  la  limite,  l'intégrale  (1)  est  comprise 
entre  les  deux  quantités  m  {b  —  a)  et  M  {b  —  a).  On  exprime  ce 
théorème,  connu  sous  le  nom  de  théorème  de  la  moyenne,  par 
la  relation 

l{x)dx  =  ij.{b  —  a), 

Ja 

où  tj.  désigne  une  certaine  moyenne  entre  les  valeurs  de  f{x) 
dans  l'intervalle  (a,  b),  c'est-à-dire  une  quantité  comprise  entre 
m  et  M. 

Quand  f{x)  est  continue  dans  l'intervalle  (a,  b),  cette  fonction 
prend  la  valeur  pi  en  un  point  l  de  l'intervalle  (n°  27,  VI)  et  l'on 
peut  aussi  écrire 

Çf{x)dx  =  m{b-a). 

Ja 

218.  Partage  de  l'intervalle  d'intégration.  —  Théorème.  Si  l'on 
partage  l'intervalle  (a,  b)  en  deux  autres  par  un  point  intermé- 
diaire c,  on  a  la  relation 

jj{x)  dx  =jj{x)dx  +  JV(^)  dx. 


INTÉGRALES  CONSIDÉRÉES  COMME  LIMITES  DE  SOMMES  23 1 


Observons  d'abord  que  si  l'on  partage  un  des  intervalles 
8„  82,—»  par  exemple  8/,  en  deux  autres  Sj  et  8^'  par  l'addition 
d'un  nouveau  point  de  subdivision,  la  somme  Sm^S,-  augmentera 
(si  elle  change),  car  le  terme  /n,8i  sera  remplacé  par  une  somme 
m'iù'i  +  ml'  8i'  au  moins  égale  (puisque  nii  et  nii  sont  >  mi). 

Ceci  entendu,  montrons  que  les  deux  membres  de  l'équation  (2) 
ont  la  même  définition. 

Le  premier  membre  est  la  borne  supérieure  de  toutes  les 
sommes  2/n8  étendues  de  a  à  6  (n°  2i6)  ;  le  second  est  la  borne 
supérieure  des  sommes  analogues  quand  on  s'astreint  à  pren- 
dre c  comme  point  de  subdivision.  Mais  cette  restriction  est 
sans  conséquence,  car  toute  somme  SmS  étendue  de  a  à  t  ne 
surpasse  pas  celle  qu'on  en  déduit  en  prenant  en  plus  c  comme 
point  de  subdivision. 

Remarque.  —  Le  théorème  précédent  se  généralise  de  proche 
en  proche  :  Si  l'on  partage  l'intervalle  (a,  b)  en  plusieurs  autres, 
l'intégrale  dans  l'intervalle  entier  est  la  somme  des  intégrales 
dans  chaque  partie. 

219.  Déflnition  usuelle  de  l'intégrale  définie.  —Partageons  l'in* 
tervalle  (a,  b)  en  intervalles  consécutifs  d'amplitudes  o^,  dési- 
gnons par  Mi  et  m»  les  bornes  supérieure  et  inférieure  de  f{x) 
dans  l'intervalle  8,  et  formons  les  deux  sommes  : 

S  m.Â,  2  Mi8j, 

étendues  à  tous  les  intervalles  8^.  Nous  allons  démontrer  le  théo- 
rème suivant,  qui  fournit  la  définition  usuelle  de  l'intégrale 
définie  : 

Théorème.  —  L'intégrale 

•b 

f{x)  dx 


est  comprise  entre  les  deux  sommes  I,miti  et  SMjSi  et  est  leur 
limite  commune  quand  tous  les  intervalles  8^  tendent  vers  zéro. 
En  effet,  en  vertu  du  théorème  précédent  (n"^  218),  l'intégrale 
dans  (a,  b)  est  la  somme  des  intégrales  dans  chaque  intervalle 
8i,  c'est-à-dire  la  somme  des  intégrales  prises  entre  deux  points 
de  subdivision  consécutifs  oc,  et  Xf+i.  On  a  donc 


Çf{x)dx  =  j:  p^'f{x)dx. 

Ja  >» 


232      CHAPITRE  VI,  THEORIE  ELEMENTAIRE  DES  INTEGRALES  DÉFINIES 

Le  second  membre  est  compris  entre  S/7ï,8,  et  SM^Oj,  car  le 
théorème  de  la  moyenne  (n»  217)  s'applique  à  chaque  intégrale, 
ce  qui  prouve  la  première  partie  du  théorème. 

Pour  établir  la  seconde,  il  reste  à  montrer  que  la  différence 
de  ces  deux  sommes,  à  savoir 

S  (Mi  ~  nii)  Oi, 

i 

tend  vers  zéro  avec  tous  les  intervalles  8»-.  La  conclusion  est 
immédiate  si  f{x)  est  continue  dans  l'intervalle  (a,  b),  car  les 
oscillations  M^  —  nu  deviennent  toutes  inférieures  à  tout  nom- 
bre donné  e  quand  les  intervalles  S,  deviennent  tous  suffisam- 
ment petits  (n°  27,  IV),  et  la  somme  2  (M^  —  m,)  8»  est  alors 
moindre  que  eSS»  ou  e  (6  —  a),  quantité  aussi  petite  que  l'on  veut 
avec  e.  Cette  somme  tend  donc  vers  zéro. 

Cette  conclusion  subsiste,  si  f{x),  restant  bornée,  possède  un 
nombre  limité  de  points  de  discontinuité  entre  a  et  b.  En  effet, 
donnons-nous  un  nombre  positif  w  arbitrairement  petit.  Les 
oscillations  M^  —  lUt  deviendront,  comme  ci-dessus,  inférieures 
à  e  dans  tous  les  intervalles  0,  qui  restent  à  une  distance  >  w 
des  points  de  discontinuité,  et  sont,  par  suite,  intérieurs  à  des 
intervalles  fixes  où  la  fonction  est  continue.  La  partie  corres- 
pondante de  la  somme  2  (M»  —  nii)  8»  aura  donc  pour  limite  zéro. 

La  somme  des  autres  intervalles  8/  et,  avec  elle,  l'autre  partie 
de  la  somme  2  (Mj  —  m,)  8/  peuvent  être  supposées  aussi  petites 
que  l'on  veut  avec  w,  puisqu'il  n'y  a  qu'un  nombre  limité  de 
points  de  discontinuité.  La  limite  de  la  somme  complète  ne  peut 
donc  encore  être  que  zéro. 

220.  Autres  limites  de  sommes  qui  peuvent  servir  de  déftnition  à 
l'intégrale  définie.  -^  Il  est  souvent  utile  de  considérer  l'intégrale 
définie  comme  limite  d'expressions  différentes  des  précédentes. 
Supposons  f{x)  iutégrable  dans  l'intervalle  (a,  b)  et  partageons 
encore  cet  intervalle  par  les  points  x^  =  a,  x^,  ...  Xi,  ...  Xn^i  =  b 
en  parties  d'amplitudes  8^.  On  aura 


I 


'f{x)dx  =  \imîf{l,)oi, 


i=l 


le  point  li  étant  choisi  arbitrairement  dans  l'intervalle  8j  et  tous 
les  intervalles  8,  tendant  vers  zéro.  En  effet,  f{\^  étant  compris 


INTÉGRALES  CONSIDKRÉBS  COMME  LIMITES  DE  SOMMES  233 


entre  les  bornes  M»  et  nu,  la  somme  précédente  est  comprise 
entre  les  deux  expressions  SM^  et  ^mS,,  qui  ont  toutes  deux 
pour  limite  l'intégrale  définie,  donc  elle  a  la  même  limite. 

On  peut  choisir,  en  particulier,  ^i  =  Xi  et  écrire  Of  ^-  dxf  ;  il 
vient  alors 


i 


'b  n 

f(x)  dx  =  lim  i:  f{xi)dxi. 


i=i 


Ainsi  l'intégrale  définie  peut  être  considérée  comme  la  limite 
d'une  somme  de  différentielles.  C'est  même  là  le  premier  point 
de  vue  auquel  on  s'est  placé  pour  la  définir.  Aussi  c'est  dans  la 
relation  précédente  que  l'on  trouve  l'origine  de  la  notation  de 
l'intégrale  définie  et,  en  particulier,  du  signe  J  qui  représente 
une  limite  de  sommes. 

221.  Cas  où  a  est  >  b.  —  Nous  avons  supposé  jusqu'ici  a  <  b, 
mais  la  définition  de  l'intégrale 

I  f{x)  dx 

comme  limite  de  sommes  et  ses  conséquences  subsistent  pour 
a  >  b.  Seulement,  comme  les  points  de  subdivision  .v,-  sont  sup- 
posés numérotés  dans  le  sens  de  a  vers  b,  toutes  les  différences 
Xi^i  —  Xi  =  8j  deviennent  maintenant  négatives  et  les  ampli- 
tudes des  intervalles  élémentaires  sont  —  Sj.  Ecrivons  donc 

J  f{x)dx  =  lim  S  MA  =  —  lim  2  M^  (—  8^)  ; 

nous  avons,  par  la  définition  antérieure,  b  étant  <  a, 

lim  2  M,  (—  Si)  ==  rf{x)  dx  ; 
par  conséquent, 

Cfix)  dx  ==  -  (y^x)  dx. 

Jft  Jb 

Donc  intervertir  les  limites  d'une  intégrale  définie  revient  à 
changer  son  signe. 

Remarque.  —  Ce  théorème  permet  d'écrire  l'équation  (2)  du 
n**  2i8  sous  la  forme  suivante  : 

("  f{x)  dx  +  Cfix)  dx  +  f/X.Y)  dx  =  0. 

Ja  Jb  Je 


234      CHAPITRE  VI,  THÉORIE  ÉLÉMENTAIRE  DÉS  INTEGRALES  DÉFINIES 

comme  on  a  en  géométrie  ab  +  ^'c  -\-  ca  =  0  en  vertu  du  prin- 
cipe des  signes.  Sous  cette  forme,  l'équation  est  symétrique  en 
a,  b,  c.  Par  conséquent,  elle  subsiste  quelle  que  soit  la  situation 
respective  de  ces  trois  points.  Elle  suppose  seulement  la  fonc- 
tion intégrable  (n°  216)  dans  tous  les  intervalles  considérés. 

222.  Signification  géométrique  de  l'intégrale  définie.  —  L'intégrale 
définie  est  susceptible  d'une  interprétation  géométrique.  Soit 
f{x)  une  fonction  continue  dans  l'intervalle  (a,  b)  ;  considérons 
la  courbe  qui  a  pour  équation  en  coordonnées  rectangulaires 

y  -=  f{x) 
et  supposons,  pour  fixer  les  idées,  que  son  ordonnée  soit  posi- 
tive. Proposons-nous  de  définir  et  d'évaluer  l'aire  comprise 
entre  la  courbe,  l'axe  des  x  et  les  deux  droites  x  ^  a  et  x  =  b. 
Partageons  cette  aire  en  segments  élémentaires  par  des  paral- 
lèles à  l'axe  des  y  d'abscisses  successives  x^,  x^,...  Xn  menées 
entre  les  droites  extrêmes  x  =  a  (ou  x^)  et  x  =  b  (ou  Xn+i).  Un 
segment  quelconque  de  base  Xt+i  —  Xi  (ou  81)  est  compris  entre 
deux  rectangles,  l'un  inscrit  dans  le  segment  et  l'autre  circons- 
crit. Le  premier  a  pour  hauteur  le  minime  nii  de  f(x)  entre 
Xi  et  Xi^i,  l'autre  le  maxime  M^  entre  les  mêmes  points.  Leurs 
mesures  sont  mSi  et  M^Sj.  Donc  l'aire  à  évaluer  est  comprise 
entre  la  somme  llm^i  des  rectangles  inscrits  et  celle  2M<8i  des 
rectangles  circonscrits.  Comme  ces  deux  sommes  tendent  vers 
la  même  limite  quand  tous  les  segments  tendent  vers  0,  cette 
limite  commune  peut  servir  de  définition  et  de  mesure  à  l'aire 
que  nous  nous  sommes  proposés  d'évaluer.  Cette  aire  est  donc 
égale  à  l'intégrale  définie 

•b 

f{x)dx. 


Ja 


Telle  est  l'interprétation  géométrique  annoncée  :  Une  intégrale 
définie  représente  une  aire  plane. 

223.  Intégrale  considérée  comme  fonction  de  sa  limite  supérieure  ; 
sa  dérivée.  —  Remplaçons  la  limite  supérieure  b  de  l'intégrale 
définie  par  une  variable  X,  nous  formons  une  fonction  de  X  : 

r(X)  =  r  f(x)dx. 


'(X)  =  r/-(^) 

Ja 


INTÉGRALES  CONSIDÉRÉES  COMME  LIMITES  DE  SOMMES  235 

Cette  fonction  jouit  des  propriétés  fondamentales  suivantes  : 
La  fonction  F(X)  est  continue  dans  tout  intervalle  où  /"(X) 

est  intégrable. 

En  effet,  pour  un  accroissement  h  de  signe  quelconque  donné 

à  X,  on  a  (n'^  221) 

1       A«^)<^^-(    +1        f{x)dx; 

donc,  par  le  théorème  de  la  moj'^enne  (n°  217), 

F  (X  + /i)  —  F  (X)  =  r^ /■(«:)  d5C  =  [x/i, 

où  (i.  est  une  valeur  moyenne  de  f{x)  dans  l'intervalle  de  X  à 
X  +  /i.  Cette  relation  prouve  que  F(X  +  h)  —  F(X)  tend  vers 
zéro  avec  h,  donc  F(X)  est  fonction  continue  de  X, 

Supposons  maintenant  que  /"(X)  soit  continue  au  point  X  ;  la 
valeur  moyenne  pi  tendra  vers  /"(X)  quand  h  tendra  vers  zéro, 
et  l'on  tirera  de  la  dernière  équation 

F'(X)=  lim^^i^tJ^ZM  ^  lim  f,  ^  /-(X). 
71=0  n 

De  là,  le  théorème  fondamental  suivant  : 

La  dérivée  d'une  intégrale  définie  par  rapport  à  sa  limite  su- 
périeure est  égale  à  la  valeur  de  la  fonction  sous  le  signe  d'inté- 
gration à  cette  limite,  pourvu  que  cette  fonction  soit  continue  en 
ce  point. 

224.  Autres  propriétés  des  intégrales  définies.  —  I.  Si  f{x)  se  dé- 
compose en  une  somme  de  fonctions  intégrables  (n°  216),  à  savoir 
f{x)  -\-  '^{x)  -\-  •••,  la  fonction  f{x)  est  intégrable  et  l'on  a 


(1)  I  f{x)dx=  1  (f{x)dx-{-{  '\'{x)dx 

Ja  Ja  Ja 


+ 


C'est  la  règle  d' intégration  par  décomposition  pour  les  inté- 
grales définies.  Elle  se  démontre  facilement  au  moyen  de  la 
définition  de  l'intégrale  donnée  au  n°  220.  En  effet,  on  a 

Faisons  tendre  les  8/  vers  zéro  et  passons  à  la  limite  ;  par  défi- 
nition, l'équation  précédente  sera  remplacée  par  l'équation  (1). 

II.  Un  facteur  constant  peut  être  mis  hors  du  signe  d'intégra- 
tion. 


236      CHAPITRE  Vi.  THEORIE  ELEMENTAIRE  DES  INTÉGRALES  DEFINIES 

Soit,  en  effet,  A  constant  ;  on  a,  par  définition  (n"  220), 
Ca  f{x)  dx  ^  lim  2  A  f{^i)  S,  =  A  lim  11  f{lf)  5«  ; 
(2)  r  A  f{x)  dx  =  A  Çf{x)  dx. 

Ja  Ja 

225.  Théorème  de  la  moyenne.  —  Considérons  l'intégrale 

f{x)  <p  (;x;)  dx 


f 

Ja 


et  supposons  que  la  fonction  à  intégrer  soit  le  produit  de  deux 
fonctions  intégrables,  l'une  (f>{x)  constamment  positive  dans 
l'intervalle  (a,  b)  et  l'autre  f{x)  comprise  entre  m  et  M.  On 
aura,  si  b  est  >  a, 

{  [M  —  f\x)]  f(x)  dx  >  0,  Cifix)  —  m]  cp  {x)  dx  >  0. 

Ja  Ja 

car,  les  fonctions  à  intégrer  étant  positives,  ces  intégrales  sont 
des  limites  de  sommes  positives.  On  peut  décomposer  ces  inté- 
grales en  deux  autres  et  faire  sortir  les  constantes  M  et  m  du 
signe  d'intégration  (n»  224)  ;  il  vient  ainsi,  sans  difficulté, 

M      <û{x)dx  >     f{x)(D{x)dx  >  m      (D{x)dx. 

Ja  Ja  '  Ja' 

Donc,  en  désignant  par  \t.  une  moyenne  convenable  entre  les 
valeurs  de  f{x)  dans  l'intervalle  (a,  b),  on  peut  écrire 


(3)  /"(oc)  <p  (.x)  dx -=  p.  j  <û{x)dx. 

Ja  Ja 


C'est  dans  cette  relation  que  consiste  le  théorème  de  la 
moyenne.  Nous  l'avons  établie  en  supposant  6  >  a  et  co  (x)  posi- 
tif, mais  elle  subsiste  évidemment  pourvu  que  (f{x)  ne  change 
pas  de  signe  dans  l'intervalle  (a,  b). 

Quand  f{x)  est  une  fonction  continue  dans  l'intervalle  (a,  b), 
on  peut  remplacer  jx  par  /'(^),  où  ^  est  une  valeur  convenable 
de  X  dans  cet  intervalle,  et  écrire  l'équation  (3)  sous  la  forme 
suivante  : 


(4)  Cf{x)  <^{x)  dx  =  Ai)  C?{x)  dx. 

Ja  Ja 


En  faisant  «p(.x;)  =  i  dans  les  formules  (3)  et  (4),  on  retrouve 
celles  du  n**  217  : 


RELATION  ENTRE  LES  INTÉGRALES  DEFINIES  ET  INDEFINIES        '20"] 


j  f{x)  dx  =  [li  dx  =^  [i-ib  —  a), 

Ja  Ja 

Cf{x)  dx  =  /(O  ('dx  =  m  (b  -  a). 

Ja  Ja 

§  2.  Relation  entre  les  intégrales  définies  et  indéfinies. 
Calcul  des  intégrales  définies. 

226.  Retour  sur  le  chapitre  précédent  :  Existence  d'une  fonction 
ayant  pour  dérivées  f{x).  Remarques  sur  les  notations.  —  Dans  tout  le 
chapitre  V,  on  a  admis  provisoirement  le  résultat  suivant, 
énoncé  au  n**  i83  :  Si  f{x)  est  continue  dans  l'intervalle  (a,  b),  il 
existe  une  fonction  ayant  f{x)  pour  dérivée  dans  cet  intervalle. 
Ce  théorème  se  trouve  maintenant  rigoureusement  établi.  En 
effet,  l'intégrale 

rf{y)dy 

Ja 

est  une  fonction  particulière  qui  jouit  de  cette  propriété  (n°  228). 
Lorsqu'il  n'en  résulte  aucune  confusion,  on  remplace  habituel- 
lement la  variable  y  par  oc  dans  la  notation  de  l'intégrale  pré- 
cédente, qui  devient 

rx 

I   f{x)  dx. 

Cette  expression  a  donc  pour  dérivée  la  fonction  f{x)  écrite 
sous  le  signe  d'intégration.  Cette  propriété  commune  des  inté- 
grales indéfinie  et  définie  : 

{f{x)dx,  rf{x)dx, 

explique  l'origine  du  signe  f  dans  la  notation  de  la  première. 

227.  Relation  fondamentale  pour  le  calcul  des  intégrales  définies.  — 
Lorsque,  par  un  procédé  quelconque,  on  a  trouvé  une  fonction 
continue  F{x)  qui  admet  f(x)  pour  dérivée  clans  l'intervalle 
(a,  b),  cette  fonction  ne  peut  différer  que  par  une  constante  de 
l'intégrale  définie  considérée  ci-dessus,  car  ces  deux  fonctions 
ont  la  même  dérivée.  11  vient  donc,  C  désignant  une  constante 
à  déterminer, 

rf{x)dx  =  F(A;)-fC. 

Ja 


238      CHAPITRE  VI.  THEORIE  ÉLÉMENTAIBE  DES  INTÉGRA1,ES  DÉFINIES 

En  particulier,  si  x  =  a,  on  trouve  0  ==^  F  (a)  -f  C,  d'où  l'on 
tire  C  =  —  F  (a)  ;  par  conséquent, 


f 

Ja 


f{x)dx  =  F(x)  —  F{a)  ; 
et,  si  l'on  fait  x  =  b, 

(1)  Çj{x)dx  =  F{b)-F{a). 

C'est  la  formule  fondamentale  pour  le  calcul  des  intégrales 
définies.  On  la  met  souvent  sous  la  forme  plus  condensée 

(2)  Cf{x)dx=[F{x)]. 

Ja  a 

Le  second  membre  se  prononce  en  abrégé  :  F  {x)  aux  limites 
a  et  b.  Il  représente  l'accroissement  éprouvé  par  la  fonction 
continue  F.{x)  quand  x  passe  de  a  à  ^,  ce  que  nous  appellerons 
la  différence  de  F{x)  dans  l'intervalle  (a,  b).  De  là,  le  théorème 
suivant  : 

L'intégrale  définie       f{x)  dx,  prise  entre  deux  limites  entre 

Ja 

lesquelles  f{x)  est  continue,  est  égale  à  l' accroissement  d'une 
fonction  continue  F{x)  ayant  f{x)  pour  dérivée,  quand  x  passe 
de  a  à  b. 

228.  Sur  la  manière  d'employer  le  théorème  précédent.  —  Le  théo- 
rème précédent  est  fondamental.  Il  ramène  le  calcul  de  l'inté- 
grale définie  à  celui  de  l'intégrale  indéfinie,  auquel  s'appliquent 
toutes  les  méthodes  exposées  dans  le  chapitre  V. 

En  effet,  l'intégrale  indéfinie  a  pour  dérivée  f{x)  par  défini- 
tion, et  l'équation  (2)  peut  s'écrire 


(3)  Çf{x)dx=^\^(f{x)dx 


L'intégrale  indéfinie  comporte  une  constante  arbitraire,  mais 
on  peut  la  négliger  pour  le  calcul  de  l'intégrale  définie,  car  le 
théorème  précédent  s'applique  à  toute  fonction  aj^ant  pour  dé- 
rivée f{x). 

Lorsque  la  fonction  F  (5c)  est  à  déterminations  multiples,  le 
choix  des  valeurs  à  attribuer  à  F  (a)  et  F  (6)  dans  la  formule  (1) 
résulte  de  la  condition  de  continuité  imposée  à  F{x).  En  gêné- 


CALCUL  DES  INTÉGRALES  DEFINIES  289 


rai,  on  pourra  choisir  arbitrairement  la  détermination  de  F  (a), 
mais  alors  celle  de  F{b)  est  imposée,  car  il  faut  que  F{x)  varie 
d'une  manière  continue  de  F  (a)  à  F{b)  quand  .y  varie  de  a  à,  b. 
Cette  remarque  s'applique,  en  particulier,  aux  inverses  des 
fonctions  circulaires.  On  a,  par  exemple, 

^*    dx 


i 


=  arc  tgb  —  arc  tg  a  ; 


mais  les  valeurs  arc  tg  a  et  arc  tg  b  doivent  appartenir  à  la 
même  branche  de  la  fonction.  Le  plus  simple  est  donc  de  con- 
sidérer la  branche  principale.  Si  l'on  fait  a  =  0  et  6  =  i,  il  vient 
ainsi 

Jo  I  +  X'    Uy  4 

229.  Remarque  sur  la  définition  de  l'intégrale  définie.  —  Certains 
auteurs  prennent  la  relation  (3), 


Ja 


f{x)  dx 


\f{x) 


dx 


comme  définition  de  l'intégrale  définie,  et  considèrent  comme 
une  propriété  l'égalité  de  cette  expression  avec  une  limite  de 
sommes.  Ce  mode  d'exposition  peut  paraître  plus  simple  à  pre- 
mière vue,  mais  cette  simplicité  est  plus  apparente  que  réelle. 
En  effet,  cette  définition  postule  l'existence  d'une  fonction  ayant 
pour  dérivée  f{x),  et  celle-ci  ne  peut  être  établie  d'une  manière 
générale  que  par  la  considération  d'une  limite  de  sommes. 

230.  Intégration  par  décomposition  et  par  parties.  —  Les  règles 
d'intégration  par  décomposition,  par  parties  et  par  substitution 
s'étendent  aux  intégrales  définies,  mais  avec  des  modifications 
tenant  aux  limites. 

Si  II,  V,  IV,...  sont  des  fonctions  intégrables  de  x  (n^  216),  on  a 

{il  +  V  -  w  i-  .-)  dx  =  \   udx  ^  \    udx—  \    iv  dx  -\-  ■- 

C'est  la  règle  d'intégration  par  décomposition,  déjà  démon- 
trée (n"  1224). 

Si  u  et  y  sont  des  fonctions  de  x  ayant  des  dérivées  intégra 
blés  II'  et  v'  dans  l'intervalle  (a,  b),  uy  a  pour  dérivée  uv'  -\-  u'u  ; 
on  a  donc 


24©      CHAPITRE  VI.  THÉORIE  ELEMENTAIRE  DES  INTÉGRALES  DÉFINIES 

I  {uu'  -{-  u'v)dx  =    uv 

a  L       Ja 

et,  par  la  règle  précédente, 

(6)  uv'  dx  =     uv\  —  1  vu'  dx. 

Ja  L       Ja       Ja 

C'est  la  règle  d'intégration  par  parties.  On  peut  l'écrire,  en 
abrégé, 

I  udv  -=    uv\   —     V  du, 

Ja  L       Ja       Ja 

en  sous-en tendant  que  les  limites  sont  relatives  à  x. 

231.  Intégration  par  substitution.  —  Cette  règle  exige  un  peu 
plus  d'attention.  Soit  f{x)  une  fonction  continue  de  x  dans 
l'intervalle  (a,  b)  ;  posons 

X  =  <p(0 

et  supposons  :  i°  que,  quand  t  varie  de  t^  à  T,  cp(f)  varie  d'une 
manière  continue  de  a  à  6  ;  2°  que  cp(^)  ait  une  dérivée  continue 
cp'(f)  dans  l'intervalle  (^i,  T)  ;  3°  que  /[f(0]  soit  aussi  continue 
dans  cet  intervalle.  Cette  dernière  condition  résultera  d'ailleurs 
des  précédentes  si  f{t)  reste  compris  entre  a  et  b,  mais  nous  ne 
faisons  pas  cette  hypothèse.  Je  dis  qu'on  aura 


(6)  Cf{x)dx^-  rf[<,{t)]<o'{t)dt. 

Ja  Jt^ 


C'est  la  formule  d'intégration  par  substitution.  Pour  la  dé- 
montrer, considérons  les  deux  fonctions  de  t  : 

('~^''^f{x)dx  et  Çf[^{t)]<i.'{t)dt. 

J^{t^)  Jti 

Elles  ont  même  dérivée.  La  dérivée  de  la  seconde  est  la  fonc- 
tion sous  le  signe  d'intégration  (n°  228).  Celle  de  la  première 
s'obtient  par  la  règle  des  fonctions  de  fonctions  :  on  calcule 
d'abord  la  dérivée  de  cette  iatégrale  par  rapport  à  sa  limite 
supérieure  (f{t),  ce  qui  donne  f[^{t)],  puis  on  multiplie  ce  résultat 
par  la  dérivée  de  (f{t).  On  trouve  dans  les  deux  cas  f['f{t)]  ^'{t). 
Les  deux  intégrales,  ayant  même  dérivée,  ne  diffèrent  que  par 
une  constante  ;  elle  s'annulent  toutes  deux  pour  1^=1^,  donc 
elles  sont  égales.  En  particulier,  si  f  =  T,  il  vient 


CALCUL  DES  INTÉGRALES  DEFINIES  2^1 


(7)  ('^'^^^f(x)  dx  =  CfW)]  ^'(t)  dt 

Cette  équation  revient  à  (6),  car  <^{t{)  ==  a,  œ(T)  =  b. 

Cas  où  il  y  a  des  discontinuités.  —  Plus  généralement,  la 
formule  (6)  subsiste  si  la  fonction  <p(?)  est  continue  et  si  les 
fonctions  f[^{t)\  et  -^'{t)  sont  bornées  dans  l'intervalle  de  ^j  à  T 
et  n'ont,  dans  cet  intervalle,  qu'un  nombre  limité  de  points  de 
discontinuité. 

En  effet,  on  peut  partager  l'intervalle  (^i,  T)  en  parties  con- 
sécutives dans  lesquelles  il  n'y  ait  de  discontinuités  qu'à  l'une 
des  limites,  et  il  suffit  de  démontrer  que  la  formule  (7)  s'applique 
dans  chaque  partie,  car,  en  additionnant  les  résultats,  elle 
s'étend  à  l'intervalle  entier. 

Nous  pouvons  donc  admettre  qu'il  n'y  ait  de  discontinuité  qu'à 
la  limite  supérieure  T,  auquel  cas  nous  avons  (sans  difficulté, 
quelque  petit  que  soit  e  positif) 

y        f{x)dx=  fW)]<?'(t)dt; 

'f(ti)  -'h 

et,  à  la  limite  pour  e  =  0,   cette  équation  revient  à  (7)  et,  par 
suite,  à  (6). 

232.  Intégrales  définies  généralisées.  —  La  définition  de  l'inté- 
grale définie  suppose  les  limites  a  et  6  finies  et  la  fonction  f{x) 
bornée  dans  l'intervalle  (a,  b).  Si  ces  conditions  n'ont  pas  lieu, 
il  faut  de  nouvelles  définitions. 

I**  Soit  f{x)  une  fonction  bornée  et  intégrable  (n°  216)  dans 
l'intervalle  (a,  x'),  quel  que  soit  x',  pourvu  que  x'  soit  >  a. 
L'intégrale  de  f{x)  dx  prise  entre  les  limites  a  et  00  est,  par 
définition,  la  limite,  si  elle  existe,  de  l'intégrale  prise  entre  a 
et  x'  quand  x'  tend  vers  l'infini  et  c'est  une  intégrale  générali- 
sée. On  a  donc 


(8)  f    f{x)dx='\imr'f{x)dx. 


Si  cette  limite  n'existait  pas,  l'intégrale  à  limite  infinie 
n'existerait  pas  non  plus.  L'existence  de  l'intégrale  à  limite 
infinie  n'est  pas  assurée,  même  quand  f{x)  est  continue.  Cer- 


16 


242      CHAPITRE  VI.  THÉORIE  ÉLÉMENTAIRE  DES  INTÉGRALES  DÉFINIES 

taines  règles  permettent,  dans  des  cas  étendus,  de  constater  si 
l'intégrale  à  limite  infinie  est  déterminée  ou  non.  Nous  nous  en 
occuperons  dans  une  autre  partie  du  cours.  Pour  le  moment, 
contentons-nous  de  remarquer  que,  si  l'intégration  indéfinie 
peut  être  effectuée,  la  définition  de  l'intégrale  généralisée  suffit 
pour  s'assurer  de  son  existence  et  la  calculer.  Par  exemple, 

e~^dx  =  lim       e^^  dx  =  lim    i  —  e~^       ^  i. 

0  X'=:aaJo  xl=x\_  Jo 

Les  intégrales  prises  entre  les  limites  —  œ  et  b,  ou  entre 
—  00  et  +  00  s'interprètent  d'une  manière  analogue. 

2°  Soit  maintenant  f(x)  une  fonction  qai  croît  à  l'infini  quand 
X  tend  vers  b,  mais  est  bornée  et  intégrable  dans  l'intervalle 
(a,  b  —  e),  quelque  petit  que  soit  e.  On  pose  par  définition,  a 
étant  donc  supposé  <  b, 

(9)  Çf{x)dx--^\im(     y{x)dx. 

)a  6=0  Ja 

L'existence  de  l'intégrale  généralisée  est  liée  à  celle  de  cette 
limite.  Lorsque  l'intégration  indéfinie  peut  être  effectuée,  cette 
définition  suffit  pour  le  calcul,  on  a,  par  exemple, 


f 


dx  ..  .     ,  \       '^ 

=  lim  arc  sm  (i  —  e) 


.2  ^  '        2 


h  \Ji  —  x^ 

3°  Si  f{x)  augmentait  indéfiniment  quand  x  tend  vers  a,  mais 
était  bornée  et  intégrable  dans  l'intervalle  (a  -f  e,  b)  quelque 
petit  que  fût  e,  on  poserait  d'une  manière  analogue 


(10)  {^f{x)  dx  =  lim  I     f{x)  dx, 

Ja  £=0  Ja-k-z 


et  l'existence  de  l'intégrale  serait  liée  à  celle  de  cette  limite. 

4°  Supposons  enfin  que  f{x)  devienne  infinie  pour  un  nombre 
limité  de  valeurs  de  x  dans  l'intervalle  (a,  b).  Partageons  cet 
intervalle  en  parties  consécutives  où  f{x)  n'est  infinie  qu'à  l'une 
des  limites.  L'intégrale  de  f{x)dx  dans  (a,  b)  sera,  par  définition, 
la  somme  des  intégrales  dans  chaque  partie.  Pour  que  V intégrale 
généralisée  existe  dans  l'intervalle  (a,  b),  il  faut  donc  qu'elle 
existe  dans  chaque  partie,  ce  qui  ramène  aux  définitions  précé- 
dentes. 


CALCUL  DES  INTÉGRALES  DEFINIES  243 

233.  Extension  de  la  formule  fondamentale  (1)  au  calcul  des  inté- 
grales généralisées.  —  I.  Lorsque  la  fonction  f{x)  est  continue 
pour  toutes  les  valeurs  de  ;x:  dans  l'intervalle  (a,  b),  sauf  pour 
un  nombre  limité  de  valeurs  exceptionnelles  qui  peuvent  la 
rendre  infinie,  l'équation  fondamentale  (1)  pour  le  calcul  des 
intégrales  définies  (n"  227),  à  savoir 


i 


f{x)dx  =  F{b)-F{a), 


subsiste  pour  l'intégrale  généralisée,  pourvu  que  la  fonction 
F  {x)  soit  continue  dans  tout  l'intervalle  (a,  b)  sans  exception, 
et  qu  elle  ait  f{x)  pour  dérivée  sauf  pour  les  valeurs  exception- 
nelles. 

En  effet,  si  b  est  la  seule  valeur  exceptionnelle,  l'équation  (9) 
donne 

f  f{x)  dx  =  lim  [F{b  —  e)  —  F  (a)]  =  F(fe)  —  F  (a). 

./a 

Lia,  conclusion  est  analogue,  si  a  est  la  seule  valeur  exception- 
nelle. S'il  y  a  une  valeur  exceptionnelle  c  intermédiaire  entre 
a  et  b,  il  vient 

f  f{x)  dx  =  T-f   (  V(^)  dx=^F  (c)  —  F  (a)  -\-F{b)  —  F  (c). 

m'a  Ja        Je 

Comme  F(c)  disparaît,  on  retrouve  encore  la  même  équation. 
Enfin  la  démonstration  s'étend  de  proche  en  proche  au  cas  où 
il  y  aurait  plusieurs  valeurs  exceptionnelles  intermédiaires. 

II.  Si  les  fonctions /(ic)  et  F  (a;)  sont  continues  pour  toutes 
les  valeurs  de  x  supérieures  à  a,  et  si  F{x)  tend  vers  une  limite 
déterminée  F.(oo  )  quand  .v  tend  vers  l'infini,  l'équation  fonda- 
mentale, 

rf{x)dx  =  F{œ)-F{a), 

Ja 

subsiste  encore,  car,  en  appliquant  l'équation  (8),  il  vient 
f{x)  dx  =  lim  [F{x')  —  F(a)]  =  F(oo  )  —  F(a). 


Ja 


234.  Application  au  calcul  de  quelques  intégrales  définies.  —  Indi- 
quons quelques  applications  de  la  formule  fondamentale 


jj-{x)dx=^jf(x)dx']\ 


244      CHAPITRE  VI.  THÉORIE  ELEMENTAIRE  DES  INTÉGRALES  DÉFINIES 


I.  Si  a  est  différent  de  0,  on  a 

'sin  ax 


Jo 


a      Jo" 


sm  âTz 


a 


Jo 


cos  ax  dx  = 
donc,  si  a  est  entier  et  différent  de  0, 

COS  ax  dx  =  0. 

On  conclut  de  là  que,  si  m  et  ii  sont  des  entiers  différents, 
l   GOsmxcosnxdx=-\    cos  {m -f  n)xdx-\ — I    cos(m — n)xdx=0; 

tandis  que,  si  m  =  n, 

C^  I  rit  ^ 

I    cos^  mx  dx  = -\   {i-{-cos2mx)dx~-. 

Jo  2^0  2 

II.  De  la  relation  du  n**  i88  : 


on  déduit 


I: 


dx 


a^  +  b^x^     ab 


I  .    bx  .  ^, 

--^arctg^+C, 


j: 


dx 


arc  tg  00  —  arc  tg  0 


,0  a^  4-  b^x^     ab  [_ 
III.  De  la  relation  du  même  numéro  : 


7t 

2a-6' 


h 


dx 


I    ,       a  —  bx.^ 
Log  „   ,    ^„  +  C, 


a^  —  fc^^:^     2a6  """^  a  -\-  bx 
on  déduit  (a,  6  étant  positifs  et  a  >  6) 


r 


dx 


/oa''  —  b^x^     2ab     ""a  —  6 
IV.  Si  (a  -f-  -6)  et  (a  —  6)  sont  positifs,  on  a  (n°  209) 
dx 


J: 
f- 

Jo  a 


a-\-  b  cos  a;     y/az 5? 

dx  2 


~  arc  tg 


V 


tg?l  +  c, 


a  +  '^        2y 


arc  tg  00  —  arc  tgO 


I 


Jo  a-\-  b  cos  5c     \/a2 b^ 

Si,  au  contraire,  a-\-  b  est  >  0  et  a  —  6  <  0,  on  a 
dx  I 


Va2  —  b^  ' 


a  +  ^  cos  a;     w^2 


f 


_       /^/>-hacosx4-\/'&^ — a^  sin  x\  ,   ^ 

Log  I —^ +  C, 

^  V  a  -\-  b  cos  X  J 

Log 


fb^SJb'^-a^   \ 

a-\-b  cos  X     y'£,2 32   """*'  V  a  y 


CALCUL  DES  INTÉGRALES  DEFINIES  245 

V.  Des  deux  relations  du  n''  2i3,  à  savoir 

r    ^         r     j         e"^  la  cos  bx  -\-  b  sin  bx)   ,  ^ 
e^  cos  bx  dx  =  ^^ ,   .  ^„ ^  +  C, 

Ç  „„   .     r      ,         e^^  (a  sin  bx  —  b  cos  fijc)   ,    „ 
Je«^sin  bx  dx  =  î^ â'-^fT' -^^' 

on  déduit,  a  étant  positif, 

1    e-''^  cos  -6^;  dx  =     „   .    .„,  j    e-«^  sin  ôjc  Ja;  =  — ^^ -r^r. 

^  a^  +  6^  jo  a^  +  62 

235.  Intégrales  obtenues  par  des  formules  de  réduction.  —  I.  Les 
formules  de  réduction  se  simplifient  souvent  quand  on  les  ap- 
plique aux  intégrales  définies.  Ainsi,  de  la  formule 

j  x^  e-^  dx  =  —  x^  e-^  +  n  j  x"-^  e-^  dx, 

on  conclut,  si  n  est  positif, 

x^  g-*  dx  =  n       x^-^  e-^  dx. 

Si,  de  plus,  n  est  entier,  cette  formule  donne,  de  proche  en 
proche, 


j    5c"e-^  dx  --=  II!  I    e-^  dx  =  n 
Jo  Jo 


II.  Lorsque  m  et  n  sont  des  entiers  positifs,  les  formules  de 
réduction  (3)  et  (4)  du  n''  210  donnent  les  deux  suivantes  : 

rsin*"5C  cos"  X  dx  =  ; —  1    sin^-^  cos"  x  dx, 
m  +  njo 

I     sin'w^v  cos"«;  d^c  =- 1    sin'"^cos"~*5ccf.ic. 

jo  m  +  njo 

La  première  subsiste  pour  n  =  0  et  la  seconde  pour  /n  -=  0, 
auxquels  cas  il  vient 

fm  —  I  /*  * 
sin"*  xdx  =  sin"»-*  x  dx, 
m     Jo 

1    cos"5C  dx  = 1    cos"-2  X  dx. 

Jo  n    Jo 

Ces  quatre  formules  permettent  de  réduire  de  pioche   en 


246      CHAPITRE  VI.  THEORIE  ÉLÉMENTAIRE  DES  INTÉGRALES  DEFINIES 

proche  les  exposants  m  et  n  à  0  ou  à  i,  donc  les  intégrales   à 
l'une  des  quatre  suivantes  : 

7t  7t  IT  t: 

rdx,      1    sin  X  dx,     j    cos  x  dx,  sin  x  cos  x  dx, 

Jo  Jo  Jo 

7t  ^  I 

ayant  respectivement  pour  valeurs  -,  i,  i  et  -. 

Pour  abréger  l'écriture,  convenons  de  représenter  par  m  1!  le 
produit  de  tous  les  entiers  non  supérieurs  à  m  mais  de  même 
parité  que  m  (ce  que  nous  pouvons  appeler  une  semi-factorielle). 
Il  viendra 

r-  r-  l  ^ rf^-(^  pair), 

I    sin*"  X  dx  =  \    cos*"  xdx=  { 

Jo  Jo  1  (m  —  ï)\l ,     .        .  . 

f  ^^ rr—  (m  impair). 

\        m  11      ^  r-      / 

/  (m  — i)!!(n  — i)ll7t  ,       ^  .     , 

Tc  l  ^^ ,    '  ,      .  ,, — (m  et  n  pairs), 

sin*"  X  cos"  ;x:  dix;  =  { 
Jo  j  (m  —  i)  II  (n —  i)  !!  //n ou /i  ou tous>i 

\  (m  +  Ji)  !!  Vdeux  impairs.y 

Lorsque  metn  sont  impairs,  soit  m  =  2/)  -f-  i,  n  =  2q  +  i,  la 
formule  précédente  se  simplifie, 

IL 

f  *  sin2p+*  X  cos2«+*  xdx  =  - ,     ^,^^\     , ,. 
jo  •    2(/)  +  g  +  l)! 

236.  Exemples  de  changements  de  variables.  —  I.  Par  la  substitu- 
tion 5C  =  tg  2,  il  vient,  eu  égard  aux  résultats  précédents  (m  en- 
tier et  positif), 

r       dx  f?       ,„,  o     J        (2m  — 3)!!7r 

7 Sv-   =         COS^'W-S  zdz  =  7 r-rr  "• 

Jo   (i  +  x")»"       jo  (2m  — 2)  !!  2 

II.  Par  la  substitution  x  =  sin  z,  il  vient  (m  entier  positif) 

I  (i  -  ^^)-  d;x  =  I  cos^-+*  z  dz  =  (^^^^^;^- 

III.  Par  la  substitution  x  =  sin  z,  il  vient  (m  entier  positif) 

i(m  —  i)  11  7t .         .  , 
^^ ry^ (m  pair), 
ml!        2 
('"-•,^>"  (m  impair). 


CALCUL  DES  INTEGRALES  DEFINIES 


247 


IV.  Par  la  substitution  \Jax  —  x^  =^  xz,  d'où  x^  a:{i  -{-  z^), 
il  vient  (m  entier  positif) 

ça     xmdx  r  dz  (2m-l)!! 

Jo  Vi^^^=^  ~        Jo  (1  +  ^'r^'        (2m)  1  ! 

V.  Par  la  substitution  x  =  sin^  z,  il  vient  (/),  q  entiers  positifs) 

1    xP(i—xYdx  =2!  %in2i'+i2cos2«+izd2  =,    ^  '  ^  . — x- 
Jo        ^  ^  Jo  (P  +  g'  +  i) 

VI.  Par  la  substitution  oc  =  2  :  (i  4-  2),  la  même  intégrale  se 
transforme  dans 

zvdz  P  !  9  î 


I 


lo  (i+2)P+«+-     (p4-g  +  i)! 

237.  Formule  de  Wallis.  —  Soient  n  un  nombre  entier  positif 
et  X  une  variable  comprise  entre  0  et  tt  :  2  ;  on  a 
gin2n+i  X  <  sin*"  x  <  sin^"-*  x, 
par  conséquent, 

^sin2"+i  5C  doc  <    1  *sin-"  x  dx  <  1  ^sin^"-!  oc  dx 

Jo  Jo  .0 

et,  en  remplaçant  les  intégrales  par  leurs  valeurs  numériques, 

(2n)  !!  (2/1  — i)!!7r     (2/1—2)!! 

(2n+i)!I^     (2n)!!      2'^(2n  — i)!!' 


On  déduit  de  ces  inégalités 


(2/1)! 


I     -« 


_(2n  —  i)  !!J  2n  +  i     2 
donc,  ô  étant  compris  entre  0  et  i. 


(2n)  !! 


(2/1-1)1!. 


2n 


(2/1) 


M        l! 


2      L(2/i  — i)!!j  2n  4-9* 

Faisant  tendre  n  vers  l'infini,  et  observant  que  (2n)  :  (2/1  4-  9) 
tend  vers  l'unité,  on  obtient  la  formule  de  Wallis 

,.      r    (2n)!!     1^1 
it  =^  lim  '      ^     ' 


n-«L(2/i  —  1)  l!j  ri' 

238.  Intégrales  obtenues  par  des  artifices  de  calcul.  Exemples.  — 

L'intégration  indéfinie  est  le  procédé  le  plus  important  pour 


248      CHAPITRE  VI.  THEORIE  ÉLÉMENTAIRE  DES  INTÉGRALES  DÉFINIES 

calculer  les  intégrales  définies,  mais  ce  n'est  pas  le  seul.  Cer- 
taines intégrales  définies  se  déterminent  par  des  artifices  de 
calcul,  sans  qu'il  soit  possible  d'obtenir  sous  forme  finie  les 
intégrales  indéfinies  correspondantes. 

I.  Un  des  exemples  les  plus  remarquables  est  fourni  par 
l'intégrale  généralisée 

I    e-^*  dx, 

,0 

qui  joue  un  rôle  important  en  calcul  des  probabilités.  Pour  la 
calculer,  établissons  d'abord  quelques  inégalités. 

La  fonction  (i  +  a)e-« ,  ayant  sa  dérivée  —  ae-a  de  signe 
contraire  à  a,  atteint  son  maxime  (qui  est  i)  pour  a  =^  0.  Nous 
avons  donc,  en  remplaçant  a  par  ±  x^, 

(i  +  x^)e-^-  <  I,  {i—x^)e^'<i; 

d'où  les  deux  inégalités 

I  —  x^  <  e-^'  <  — - — . 
i-\-  x^ 

Elevons-les  à  la  puissance  positive  n,  en  supposant  i  —  x^ 
positif  dans  la  première,  nous  trouverons 

(l  —  .X2)n  <-  g-nxi  ^     ^     ^      . 

Comme  nous  avons 

f   e-*-»  dx  =--  \/n  j    e-«^^  dx  >\/n  C  e-»^^  dx, 
nous  tirons  des  inégalités  précédentes,  pour  n  entier  (n«  236), 

f   e-^^  dx  >  \/n  (\i—x^)» dx  =  v'^  .   ^^"^'!... 

jo  Jo  (2n  +  i)!! 

Ces  deux  résultats  peuvent  aussi  s'écrire  comme  il  suit  : 

^1  _r_(2n)!!_^1      r       ,  71     2n     [-(2n-i)!!     -"l 

2n  +  iL(2/i-i)!!VnJ      Jo  ^22/i-iL     (an)!!      ^   _ 

Faisons  tendre  n  vers  l'infini  ;  ces  deux  crochets  tendent 
respectivement  vers  \/-  et  i  :  y-  par  la  formule  de  Wallis,  donC 
les  deux  membres  extrêmes  vers  y-n  :  2,  et  il  vient 


/: 


2 


CALCUL  DES  INTÉGRALES  DEFINIES  249 

II.  Comme  second  exemple,  considérons  l'intégrale  suivante 
C^  X  sin xdx       (^  x  sin  x  dx  ,    C^  x  sin  x  dx 


r^  X  sin  xdx  _  Ç^x  sin  xdx      Ç"^  xi 
Jq    1  4-  cos*;>c  ~  Jo   I  +  cos*;>c      J  it  i  - 


4-  cos*«; 

2 


Par  la  substitulion  x  =  -  —  z,  la  dernière  intégrale  devient 


7C 


ro  (tî  —  z)  sin  z  dz        T s    sin  z  dz        Ci  z  sin  z  dz^ 
jii      I  +  cos-z       ~    jo    I  -f  cos'^z      Jo   I  +  cos^z  • 
1 

Portons  cette  valeur  dans  l'équation  précédente,  nous  trou- 
vons 


Ç"^  X  sin  xdx  _      T  2  i 
Jo    I  4-  cos*  X  ~  '  Jo  I 


sin  X  dx 

=  7t 


Tt 


..2 

arc  tg  (cos  x) 


+  COS^  X 

III.  Considérons,  en  dernier  lieu,  l'intégrale  suivante  : 

TT 

1     Log  (sin  x)dx  =^       Log  (sin  x)  d^  +      Log  (sin  x)  dx. 
Jo  Jo  J-iz 

T 
Nous  avons,  d'une  part, 

Log  (sin  x)dx  =  2\    Log  (sin  :x;)  dx, 

Jo  Jo 

car,  par  la  substitution  x  =  tz  —  z,  l'intégrale  aux  limites  tz  :  2 
et  7î  se  transforme  dans  celle  aux  limites  0  et  tt  :  2. 

X  X 

D'autre  part,  sin  x  =^  2  sin  -  cos-,  donc,  en  prenant  les  loga- 
rithmes et  intégrant,  nous  avons 

j     Log(sin3c)diV  =  7îLog2  4-      Logf  sin- jd^c-f  I    Logf  cos- jd^c 

=  7tLog2-|-2)    Log(8in5c)d5c-4-2 1    Log(cos:x;)djc 
Jo  Jo 

TZ 

=  ir  Log2  4- 4  r  *  Log  (sin  5c)  d^;, 

car  les  deux  intégrales  aux  limites  0  et  tc  :  2  se  ramènent  l'une 
à  l'autre  par  la  substitution  «;  =  (~  :  2)  —  2  et  sont,  par  consé- 
quent, égales. 

De  la  comparaison  des  valeurs  obtenues  de  part  et  d'autre, 
nous  tirons,  en  réduisant,  la  valeur  de  l'intégrale  cherchée 
(Euler)  : 


i 


TC 

Log  (sin  x)dx  *= Log  2. 

G  2 


2^0  CHAPITRE  VI.  INTÉGRALE  DE  RIEMANN 


§  3.  Intégrale  de  Riemann. 

L'intégrale  de  Riemann  fournit  la  généralisation  la  plus  directe  de 
la  théorie  élémentaire  des  intégrales  définies,  mais  elle  n'a  plus  guère 
qu'une  importance  historique,  car  elle  rentre  comme  cas  particulier 
dans  celle  de  Lebesgue,  qui  sera  étudiée  dans  le  chapitre  suivant. 

239.  Théorème  de  M.  Darboux.  — Soient /(.r)  une  fonction  univoque 
et  bornée  dans  un  intervalle  {a,  b),  M  et  m  ses  bornes  supérieure  et 
inférieure.  Partageons  l'intervalle  {a,  b)  en  n  parties  consécutives  par 
les  points  : 

xi  =  a,  Xi,  Xs,...  Xi,...  x„,  x„+i  =  b. 

Désignons,  en  général,  par  S,-  =  Xi+i  —  Xi  l'amplitude  d'un  de  ces 
intervalles,  par  Mi  et  nu  les  bornes  supérieure  et  inférieure  de  f{x) 
dans  l'intervalle  S,-.  Formons  les  deux  sommes  : 

S  =  SM,S,-,  s  =  'kfni8i. 

i  i 

Ces  deux  sommes  sont  comprises  entre  m{b  —  a)  et  M{b  —  a).  Voici 
maintenant  le  théorème  de  M.  Darboux  : 

Théorème.  —  Si  l'on  multiplie  indéfiniment  le  nombre  des  points  de  sub- 
division, de  manière  que  tous  les  intervalles  ô/  tendent  vers  0,  les  deux  sommes 
S  et  s  tendront  respectivement  vers  des  limites  déterminées,  L  et  l,  indépen- 
dantes du  mode  de  subdivision  adopté. 

Il  suffit  de  faire  la  démonstration  pour  S,  car  S  est  remplacé  par  —  s 
quand  /  est  remplacé  par — /.  Ensuite  on  peut  supposer/ >  0;  en 
effet,  si  A  est  une  constante,  les  sommes  S  relatives  à/ ne  diffèrent 
des  sommes  correspondantes  relatives  à/+  A  que  par  une  constante 
A(è  —  a),  de  sorte  que  le  théorème  sera  vrai  pour/  s'il  est  vrai  pour 
/+  A  et  on  peut  prendre  A  assez  grand  pour  que/+  A  soit  positif. 

Supposant/ positif,  faisons  encore  une  observation  préliminaire  : 
si  l'on  partage  un  intervalle  S,-  en  sous-éléments  S^,  S,- ,...  où  les  bornes 
supérieures  de/ sont  M,-,  M^ ,...  le  produit  M,-8,  ne  sera  pas  inférieur  à 
la  somme  MA-  +  M,  8,  +  ...  étendue  aux  sous-éléments  de  S,,  ni  à 
fortiori  (les  termes  étant  positifs)  à  toute  somme  analogue  qui  ne 
s'étendrait  qu'à  une  partie  seulement  de  ces  sous-éléments. 

Démontrons  maintenant  le  théorème  de  M.  Darboux. 

Toute  somme  S  est  >  m{b  —  a)  ;  l'ensemble  des  sommes  possibles 
admet  donc  une  borne  inférieure  L.  Je  dis  que  S  a  pour  limite  L  quand 
les  éléments  5,-  tendent  vers  0. 

En  effet,  soit  t  un  nombre  positif  arbitraire.  Par  définition  de  L,  il 
existe  une  somme  fixe  S',  fournie  par  un  certain  mode  de  partage  en 
éléments  déterminés  o^,  telle  qu'on  ait  S'  <  L  +  e.  Considérons  main- 


INTÉGRALE  DE  RIEMANN  sSl 


tenant  les  éléments  décroissants  h  relatifs  à  la  somme  variable  S,  et 
partageons-les  en  deux  classes  :  i»  ceux  qui  sont  intérieurs  à  l'un  des 
éléments  fixes  8'  ;  2°  ceux  qui  empiètent  sur  plusieurs  éléments  ô'.  En 
même  temps,  S  est  partagé  en  deux  parties  Si  +  S2  où  Si  se  rapporte 
aux  éléments  de  la  première  classe  et  S2  à  ceux  de  la  seconde.  Si  est 
<  S',  car,  par  notre  observation  préliminaire,  chaque  terme  de  S'  est 
remplacé  par  une  somme  moindre  dans  Si  ;  ensuite  S2  tend  yersj) 
avec  les  intervalles  S,-,  car  les  éléments  S,-  de  la  seconde  classe  sont  en 
nombre  limité  (comme  les  intervalles  fixes  8')  et  leur  somme  tend 
vers  0  en  même  temps  qu'eux  tous.  On  a  donc 

limS=limSi^  S'<  L  +  e. 

Donc,  e  étant  arbitraire  et  S  au  moins  égal  à  L,  la  limite  de  S  est  L. 

On  prouve  d'une  manière  analogue  que  5  tend  vers  sa  borne  supé- 
rieure /. 

240.  Ditéçrales  par  excès  et  par  défaut.  —  Fonctions  intégrables  au 
sens  de  Riemann.  —  Les  deux  limites  L  et  /  des  sommes 

S  MA,  Sw,S,-. 

limites  dont  le  théorème  de  M.  Darboux  établit  l'existence,  s'appellent 
les  intégrales  par  excès  et  par  défaut  (Jordan)  de  /{x)  dans  l'intervalle 
{a,  h).  On  les  représente  par  les  notations 


C'f{x)dx,  jy{x)dx. 


(R) 


Si  elles  sont  égales,  leur  valeur  commune  est,  par  définition,  l'inté- 
grale définie  de /(;*;)  ^^r  au  sens  de  Riemann.  Celle-ci  se  représente 
par  la  notation 

j  f{x)  dx        ou  simplement  1  /{x)  dx. 

On  dit,  dans  ce  cas,  que  la  fonction /(;»?)  est  intégrable  au  sens  de 
Riemann,  ou,  en  abrégé,  est  intégrable  (R)  dans  l'intervalle  (a,  h). 

La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que/(;r)  soit  intégrable  (R) 
est  donc  que  la  différence  L  —  /  soit  nulle,  ou  que  l'on  ait 

L  —  /  =  lim  2  (M.-  —  mi%  —  0. 

Lorsque  la  fonction /(at)  est  intégrable  (R)  dans  l'intervalle  {a,  b),  on 
peut  évidemment  définir  l'intégrale  par  la  formule 

Cf{x)dx  =  \\mïf{\i)h, 

les  points  $,  étant  choisis  d  une  manière  arbitraire  dans  les  intervalles 
8,  de  même  indice. 


252  CHAPITRE  VI.  INTEGRALE  DE  RIEMANN 


Lorsque  J{x)  n'est  pas  intégrable  (R),  cette  limite  n'existe  plus, 
mais  S^^{)  §  a  pour  limites  d'indétermination  (plus  grande  et  plus 
petite  limites)  les  intégrales  par  excès  et  par  défaut.  Nous  conserverons 
donc  un  sens  à  l'expression 


{K)\'nx)dx, 


même  au  cas  o\\.f{x)  n'est  pas  intégrable  (R),  en  lui  attribuant  une 
valeur  indéterminée  dans  l'intervalle  des  intégrales  par  excès  et  par 
défaut. 

Nous  avons  supposé  jusqu'ici  la  fonction /(;tr)univoque.  Rien  n'em- 
pêche de  former  des  sommes  analogues  quand /(;»r)  est  indéterminée 
pour  certaines  valeurs  de  x,  pourvu  que  ses  limites  d'indétermination 
soient  connues  pour  chacune  de  ces  valeurs.  On  conçoit,  en  effet,  que 
la  fonction  puisse  prendre,  pour  chacune  des  valeurs  de  x,  toutes  les 
valeurs  comprises  entre  ces  limites.  La  connaissance  de  ces  limites 
permet  donc  d'assigner  aussi  les  bornes  supérieure  et  inférieure  àef{x) 
dans  un  intervalle  quelconque,  donc  de  former  les  deux  sommes  S  et  5 
considérées  au  n»  aSg.  D'ailleurs  le  fait  de  l'indétermination  n'altère 
en  rien  les  raisonnements,  de  sorte  que  ces  deux  sommes  tendent 
encore  vers  des  limites,  qui  sont  les  intégrables  par  défaut  et  par  excès 
de  la  fonction  considérée. 

Si  ces  deux  limites  sont  égales,  la  fonction /(;v)  est  intégrable  (R)  et 
cette  limite  commune  se  représente  comme  précédemment.  Cette 
extension  permet  de  simplifier  la  théorie  de  la  réduction  des  intégrales 
multiples  (Voir  t.  II). 

241.  Propriétés  des  fonctions  intégrables  (R).  —  I.  Soient  /{x)  une 
fonction  intégrable  (R)  dans  l'intervalle  {a,  b)  et  c  une  constante  ;  la  fonction 
cf{x)  est  intégrable  (R)  dans  le  même  intervalle. 

En  effet,  soient  mi  et  M,-  les  bornes  àef{x)  dans  l'intervalle  ^i,  celles 
de  cf{x)  seront  cmi  et  cM,-.  Or  on  a,  puisque/ est  intégrable, 

lim  S  {cUi  —  cmi)  ^i  =  <;  lim  S  (M,-  —  m^)  S,-  =  0, 

donc  ç/est  intégrable  aussi. 

II.  La  somme  de  plusieurs  fonctions  intégrables  (R)  dans  (a,  b)  est  intégrable 
(R)  dans  le  même  intervalle. 

Soient/=y'  +/"  +  ...  la  somme  de  plusieurs  fonctions  intégrables, 
mi  et  M,-,  mi  et  M,-,  %  et  M, ,...  leurs  bornes  respectives  dans  S,.  On  a 

M,-  —  mi  <  (M;  —  m\)  +  (M,''  —  m'!)  +  ... 

Mais,/',/",...  étant  intégrables  dans  (a,  b), 

lim  S  (M;  —  m%  +  lim  S  (mJ-'  —  m'l)^i  + . . .  =  0 ; 

donc  a  fortiori 

lim2(M,— w,)S,=0. 


INTÉGRALE  DE  RLEMANN  253 

III.  Le  produit  de  deux  fonctions  intégrables  (R)  dans  {a,  b),  est  intégrable 
(R)  dans  le  mime  intervalle. 

So\tf =/'/",  le  produit  de  deux  fonctions  intégrables  et  positives. 
On  a,  avec  les  notations  précédentes, 

M,-  —  mi  ^  M'iM'i  —  fn[m'i  <  M'J(Mi  —  w|)  +  m'^iMJ'  —  m'/) 

et,  en  désignant  par  M'  et  M"  les  bornes  supérieures  de  /'  et  de  /" 
dans  tout  intervalle  d'intégration, 

M,  —  Mi  <  M"(M;  —  m'i)  +  M'(M;'  —  m'/). 
Donc 

lim  S  (M,  —  w.)S,-  <  M"  lim  S (U',  —  m])  h  +  M' lim  S  (M''  -  m'-)  o/. 

Le  second  membre  a  pour  limite  0,  puisque/'  et/"  sont  intégrables, 
donc  le  premieT  a  fortiori  a  pour  limite  0,  ce  qui  prouve  que /est 
intégrable. 

Le  cas  où/'  et/"  sont  de  signes  quelconques  se  ramène  au  précé- 
dent. On  a,  en  effet, 

/'/"  -  (/'  —  m')  (/"  —  m")  +  mf"  +  m"f>  —  m'm". 

Or  le  second  membre  est  une  somme  de  fonctions  intégrables,  car 
les  deux  facteurs  (/'  —  m')  et  (/"  —  m")  sont  positifs  et  leur  produit 
intégrable.  Donc/'/"  est  intégrable  (propriété  II). 

IV.  Si  la  fonction  f  est  intégrable  (R)  dans  l'intervalle  {a,  b)  et  si  ses  bornes 
supérieure  et  inférieure  M  et  m  sont  de  même  signe,  la  fonction  i  :  /  est 
intégrable  (R)  dans  le  même  intervalle. 

Supposons,  pour  fixer  les  idées,  M  et  w  positifs.  L'oscillation  de 
I  :/dans  l'intervalle  S,-  sera 

I  I  Mt  —mi    ^    I   ,-, 

T7-  =  — ^TVT <  -  "o  (M,-  —  mi). 

mi       Mi  Mt-nii  m- 

Par  conséquent, 


lim  S  (  --  -  ~]  8i  ^  JL  lim  S  (M.-  —  mi)  8,-  =  0. 

242.  Expression  par  une  intégrale  de  la  diflference  entre  les  inté- 
grales par  excès  et  par  défaut.  —  Soit  f{x)  une  fonction  bornée  dans 
l'intervalle  (a,  b).  Représentons  par 

Osc./(;>r) 

l'oscillation  def{x)  au  point  x  (n»  24).  La  relation  que  nous  voulons 
établir  est  la  suivante  : 

r  /  W  dx  —  Ç  f{x)  dx  =  f  Osc.fix)  dx. 

Ja  Ja  Ja 


254  CHAPITRE  VI.  INTÉGRALE  DE  RIEMANN 

Décomposons  l'intervalle  {a,  b)  en  parties  consécutives  S^  et  dési- 
gnons par  Mî  et  nu  les  bornes  supérieure  et  inférieure  de  f{x)  et  par 
At  la  borne  supérieure  de  Osc.f{x)  dans  chaque  intervalle  o,.  La  dé- 
monstration repose  sur  le  lemme  suivant  : 

Quelque  petit  que  soit  s  positif,  on  peut  trouver  un  mode  de  décomposition 
de  {a,  b)  en  parties  o/  aussi  petites  que  Von  veut,  tel  quon  ait  dans  chacune 
d'elles 

M,  —  mi  <  A,-  +  e. 

En  effet,  si,  e  étant  donné,  aucun  mode  de  décomposition  de  l'inter- 
valle (a,  b)  ne  vérifiait  la  condition  précédente,  en  raisonnant  comme 
dans  la  démonstration  du  théorème  du  n»  26,  on  prouverait  qu'il  existe 
au  moins  un  point  c  dans  l'intervalle  {a,  b),  tel  qu'une  décomposition 
de  l'intervalle  {c  —  S,  c  +  ^)  vérifiant  la  même  condition  fût  impossible 
pour  des  valeurs  aussi  petites  qu'on  veut  de  0.  Or  cette  conclusion  est 
inexacte,  car,  à  partir  d'une  valeur  suffisamment  petite  de  S,  l'oscil- 
lation àef{x)  dans  l'intervalle  (c  —  S,  c  +  S)  sera  inférieure  à  Osc./(c)+e. 

En  second  lieu,  on  peut  vérifier  la  condition  proposée  par  un  mode 
de  décomposition  en  parties  aussi  petites  que  l'on  veut.  En  effet, 
après  avoir  préalablement  décomposé  (a,  h)  en  parties  aussi  petites  que 
l'on  veut,  on  peut  encore,  en  vertu  du  raisonnement  précédent,  subdi- 
viser chacune  de  ces  parties  de  manière  à  réaliser  la  condition  pro- 
posée. 

Le  lemme  précédent  conduit  facilement  à  la  relation  à  démontrer. 
En  effet,  considérons  un  mode  de  subdivision  en  parties  o,-  vérifiant  la 
condition  de  ce  lemme,  à  savoir 

A/  <  Mî  —  Mi  <  A/  -\-  £. 

Multiplions  par  S^  et  sommons  pour  toutes  les  parties,  il  vient 

S  lA  <  S  MA-  -  S  mA  <.  S  AA  +  £  (è  —  a). 

Faisons  tendre  à  la  fois  8,  et  t  vers  zéro  ;  les  deux  membres  extrêmes 
de  ces  inégalités  tendent  vers  la  même  limite,  qui  est,  par  définition, 
le  second  membre  de  l'équation  à  démontrer.  Donc  la  limite  de  l'ex- 
pression du  milieu,  qui  en  est  le  premier  membre,  est  la  même. 

243.  Longueur  des  ensembles  linéaires  (Jordan)  (*).  —  Soient  E  un 
ensemble  linéaire,  e{x)  une  fonction  égale  à  i  en  tout  point  de  E  et  à 
0  en  tout  autre  point,  aetb{b>  a)  deux  nombres  quelconques  ;  for- 
mons les  deux  intégrales  : 

7*  r*  ■ 

/«E  =  l   e{x)  dx,  liK  =  I  e{x)  dx. 


(*)  Ces  notions  ont  perdu  de  leur  importance  depuis  que  MM.  Borel  et 
Lebesgue  ont  donné  une  définition  plus  satisfaisante  de  la  mesure  des 
ensembles  (Introduction  §  11). 


INTÉGRALE  DE  RIEMANN  255 


La  première  est  la  longueur  extérieure  de  E  dans  l'intervalle  (a,  b),  la 
seconde  sa  longueur  intérieure  (au  sens  de  M.  Jordan).  Quand  ces  deux 
intégrales  sont  égales,  leur  valeur  commune  est  la  longueur  de  l'en- 
semble dans  l'intervalle  [a,  b)  et  l'ensemble  est  mesurable  dans  cet  inter- 
valle au  sens  de  M.  Jordan  ou,  en  abrégé,  mesurable  (J).  Lorsque  l'en- 
semble E  est  borné  par  les  points  a  et  b,  on  dit  que  les  expressions 
précédentes  sont  les  longueurs  de  E,  sans  désignation  d'intervalle. 

Supposons  que  l'on  décompose  l'intervalle  (a,  b)  en  parties  consécu- 
tives, infiniment  petites,  o»  et  rappelons-nous  la  signification  des  deux 
intégrales  précédentes,  nous  pourrons  énoncer  les  propositions  sui- 
vantes, qui  ont  été  prises  comme  définition  par  M.  C.  Jordan  : 

La  longueur  extérieure  de  l'ensemble  E  dans  l'intervalle  (a,  b)  est  la  limite 
de  la  somme  des  parties  S,  qui  contiennent  un  point  au  moins  de  E  ;  la  lon- 
gueur intérienre  la  limite  de  la  somme  des  parties  qui  ne  renferment  que  des 
points  de  E.  Ces  limites  sont  indépendantes  du  mode  de  subdivision  de  {a,  b) 
en  intervalles  8i, 

Il  suit  évidemment  de  ces  nouvelles  définitions  que,  si  /,(CE)  dé- 
signe la  longueur  intérieure  du  complémentaire  de  Edans  l'intervalle 

(a,  b),  on  aura 

leE^-li{CE)-=b-a. 

Appliquons  aux  deux  intégrales  qui  mesurent  les  longueurs  exté- 
rieure et  intérieure  de  E  la  relation  du  no  242.  Il  vient 

(  e{x)  dx  —  l   e{x)  dx  =  \   Ose.  e{x)  dx. 

Or  Ose.  e(x)  est  égal  à  i  en  tout  point  frontière  de  E  et  à  0  partout 
ailleurs.  D'où  les  propositions  suivantes  : 

La  différence  entre  les  longueurs  extérieure  et  intérieure  d'un  ensemble  est 
égale  à  la  longueur  extérieure  de  l'ensemble  de  ses  points  frontières. 

Pour  qu'un  ensemble  soit  mesurable  (J),  il  est  nécessaire  et  suffisant  que 
l'ensemble  de  ses  points  frontières  soit  de  longueur  nulle,  ou  que  l'on  ait 

6  {x)  dx  =  0. 


1: 


244.  Formes  diverses  de  la  condition  d'intégrabilité  (R).  —  La  con- 
dition nécessaire  et  suffisante  pour  qu'une  fonction  bornée, /(.r),  soit 
intégrable  (R)  dans  l'intervalle  (a,  b),  est  que  les  deux  sommes  S  et  5 
(no  239)  aient  la  même  limite,  ou  que  la  somme  essentiellement  posi- 
tive : 

S  —  s  =  2  (M.-  —  mi)h 

i—i 

ait  pour  limite  0  avec  tous  les  intervalles  S,.  Or,  quand  les  5,  tendent 
vers  0,  S  tend  vers  sa  borne  inférieure,  5  vers  sa  borne  supérieure,  donc 
S  —  5  vers  sa  borne  inférieure.  La  condition  d'intégrabilité  (R)  est  que 
cette  borne  soit  nulle.  Donc  : 


256  CHAPITRE  VI.  INTÉGRALE  DE  RIEMANN 

I.  Pour  que  f{x)  soit  intégrable  (R)  dans  V intervalle  (a,  b),  il  faut  et  il 
suffit  qu'à  tout  nombre  positif  t,  si  petit  qu'il  soit,  corresponde  un  mode  de 
subdivision  pour  lequel  on  ait  S  —  5  <  e. 

La  formule  du  n»  242  fournit  une  autre  régie  : 

II.  La  condition  d'intégrabiliié  (R)  d'une  fonction  bornée  f{x)  dans  t in- 
tervalle {a,  b)  est 

r  Osc.f{x)dx=-Q. 

Ja 

Telle  est,  en  effet,  la  condition  d'égalité  des  intégrales  par  excès  et 
par  défaut.  Elle  peut  être  présentée  sous  une  forme  d'une  vérification 
plus  commode.  A  cet  effet,  soit  e  un  nombre  positif  quelconque.  Dé- 
signons par  Es  l'ensemble  des  points  de  l'intervalle  {a,  b)  où  l'oscilla- 
tion de  f{x)  est  ^  e.  Cet  ensemble  dépend  généralement  de  e.  La 
considération  de  l'ensemble  Eç  conduit  à  la  règle  suivante  : 

III.  La  condition  d'iniégrabilité  (K)  d'une  fonction  bornée  dans  l'intervalle 
{a,  b)  est  que  Es  soit  de  longueur  nulle,  quel  que  soit  t. 

En  effet,  soit  e{x)  une  fonction  égale  à  i  en  tout  point  de  Es  et  à  0 
partout  ailleurs,  soit  M  —  m  l'oscillation  de  f{x)  dans  (a,  b)  ;  on  a.  évi- 
demment, pour  toute  valeur  de  x  dans  cet  intervalle, 

Be{x)<Osc.f{x)  <e  +  iM  —  m)e{x). 

Multiplions  par  dx  et  intégrons  par  excès  entre  a  et  è  ;  il  vient,  E^  dé- 
signant aussi  la  longueur  extérieure  de  l'ensemble  Ee, 

eE.  <  COsc.fix)  dx^t{b  —  a)  +  {M  —  m)  Et. 

Ces  inégalités  prouvent  que  l'intégrale  ne  peut  être  nulle  que  si 
Es  est  nul  et  que,  réciproquement,  l'intégrale  sera  nulle  si  Ee  est  nul 
quel  que  soit  e. 

Théorème.  —  Toute  fonction  f{x)  monotone  et  bornée  dans  l'intervalle 
{a,  b)  est  intégrable  (R)  dans  cet  intervalle. 

En  effet,  la  somme  des  oscillations  de  f{x)  en  tous  les  points  de 
(a,  b)  ne  pouvant  surpasser  la  valeur  absolue  def{b)  — f{a),  le  nombre 
de  celles  qui  surpassent  une  quantité  donnée  £  est  nécessairement 
limité  et  l'ensemble  Es  de  la  règle  précédente  est  de  longueur  nulle. 


CHAPITRE  VII. 

Intégrale  de  Lebesgue. 


§  1 .  Définition  et  propriétés  de  rintégrale  de  Lebesgue. 

245.  Définition  de  l'intégrale  d'une  fonction  bornée.  —  Pour  obtenir 
l'intégrale  de  Riemann,  on  commence  par  partager  l'intervalle  d'inté- 
gration et  l'on  multiplie  la  longueur  de  chaque  partie  par  une  ordon- 
née correspondante.  M.  Lebesgue  suit  une  marche  inverse  ;  il 
commence  par  diviser  l'intervalle  de  variation  de  la  fonction. 

Soient  E  un  ensemble  borné  de  mesure  mE,  f{x)  une  fonction  mesu- 
rable dans  E  (n»  82)  et  y  admettant  une  borne  inférieure  (jl  et  une 
borne  supérieure  M.  Donnons-nous  un  intervalle  (A,  B)  débordant 
((X,  M)  et  décomposons-le  en  parties  consécutives  par  une  Uhelk  de 
nombres  croissants  : 

^0  ^=  A,  Ixy  hf'  h, ...  In  =  B. 
Désignons  par  a  l'ensemble  des  points  de  E  pour  lesquels  on  a  h-i 
</  <  /,  et  aussi  la  mesure  de  cet  ensemble.  Formons  alors  les  deux 


sommes 


S  ==  S  (ili^        5  =  2  dli—i 

i=i  1 


Théorème.  —  Si  tous  les  degrés,  h  —  /,_i,  de  V échelle  tendent  vers  0, 
les  deux  sommes  S  et  s  tendent  vers  une  limite  commune,  indépendante  du  choix 
dés  échelons  l,-. 

Cette  limite  est  l'intégrale  de  Lebesgue  et  elle  se  désigne  par  les 
notations  : 

(L)  \/{x)  dx        ou        (L)  \f{x)  dx   (si  E  est  un  intervalle). 

On  supprime  l'indice  L  quand  il  n'y  a  pas  de  confusion  possible, 
ce  qui  est  le  cas  ordinaire. 

La  démonstration  résulte  des  trois  propriétés  suivantes  : 

10  S  et  5  sont  bornés  et  compris  entre  [x(wE)  et  M(«E). 

2°  La  différence  S  —  s  tend  vers  0  avec  les  degrés  de  l'échelle. 
En  effet,  S  étant  le  plus  grand  de  ces  degrés  /,  —  /,_i,  on  a 

(X  S  —  5  =  ï  ei{li  —  h-i)  ^  SS<r,-  =-  S(»»E). 

^7 


258  CHAPITRE  VII.  INTEGRALE  DE  LEBESGUE 

3°  Si  l'on  intercale  de  nouveaux  échelons  entre  les  U,  S  est  station- 
naire  ou  décroissant,  s  stationnaire  ou  croissant. 

Il  suit  de  là  que  S  et  s,  étant  bornés,  ont  une  limite  commune  quand 
les  degrés  de  l'échelle  tendent  vers  0  par  intercalation  de  nouveaux 
échelons.  Ensuite  cette  limite  est  indépendante  du  mode  de  subdivi- 
sion. En  effet,  soient  S  et  5  deux  sommes  relatives  à  une  première 
échelle  et  différant  de  s  au  plus,  S'  et  5'  deux  sommes  relatives  à  une 
seconde  échelle  et  différant  de  e  au  plus.  Les  quatre  sommes  différe- 
ront au  plus  de  2e,  car  les  unes  et  les  autres  comprennent  entre  elles 
les  deux  sommes  S"  et  s"  relatives  à  une  tioisième  échelle  formée 
avec  les  échelons  combinés  des  deux  autres. 

246.  Propriétés  des  intégrales  de  fonctions  bornées.  —  I.  Théorème 
PE  LA  MOYENNE.  —  Si  / {x)  a  pouv  bomes  [X  et  M,  on  a  immédiatement 


[x  (wE)  ^  (  fdx  <  M(ȕE). 


II.  Si  un  ensemble  borné  E  est  la  somme  d'un  nombre  fini  ou  d'une  infinité 
dénombrable  d'ensembles  Ei,  E^,...  sans  points  communs,  ou  bien  n'ayant  en 
commun  que  des  ensembles  de  mesure  nulle,  l'intégrale  dans  E  est  la  somme 
de  celles  dans  Ei,  E2,... 

Il  n'y  a  lieu  à  démonstration  que  s'il  y  a  une  infinité  d'ensembles 
Soit  S«  l'ensemble  Ei  +  E2  +  ...  +  E«  et  soit  Mi  le  maxime  de  |  / 1  . 
On  a,  sans  difficulté, 

I  {fdx—  {  fdx  \  =  \{      fdx\  <Miw(E  — S«). 

Mais  m  (E  —  S«  )  =  w  E  —  mSn  et  tend  vers  0  pour  n  infini  ;  il  vient 
donc,  la  décomposition  s'appliquant  à  Sh  , 


(fdx  =  lim  r  fdx  =  (-{-(  + 


m.  Lemme.  —  Si  deux  fonctions  mesurables  f  et  cp  diffèrent  au  plus  de  t 
dans  E,  leurs  intégrales  dans  E  diffèrent  au  plus  de  £(wE). 

Donnons-nous  une  échelle  de  nombres  li  et  définissons  les  ensem- 
bles e,;  par  rapport  à/,  comme  au  no  précédent.  Comme  E  est  l'ensem- 
ble-somme  des  ei,  on  a,  par  la  propriété  précédente. 


I"f '"=?!- 


(f  dx. 


Mais,  dans  et,  œ  est  compris  entre  li-i  —  e  et  li+i  +  £.  Il  vient  donc, 
par  le  théorème  de  la  moyenne, 

S  li—i  ei  —  eS^ï  <  I  f  dx  <^  It-ei  +  eS«,- 


L 


DÉFINITION  ET  PROPRIETES  250 

et,  à  la  limite,  les  échelons  tendant  vers  0, 

j  f dx  —  e(wE)^  j  ^dx^Xfdx-^tiniK). 
JE.  j&  Jb 

\V .  U intégrale  de  la  somme  d'un  nombre  limité  de  fonctions  mesurables 
est  égale  à  la  somme  des  intégrales  de  ces  fonctions. 

Il  suffit  de  considérer  la  somme/4-?  de  deux  fonctions.  Si  elles 
sont  toutes  deux  constantes  dans  E,  le  théorème  est  immédiat.  Si  elles 
ne  sont  susceptibles  que  d'un  nombre  limité  de  valeurs,  E  se  partage 
en  plusieurs  parties  sur  lesquelles  les  deux  fonctions  sont  constantes 
et  pour  lesquelles  le  théorème  est  déjà  démontré  :  il  suffit  alors  d'ap- 
pliquer la  propriété  II.  Passons  au  cas  général.  Soient/«  et  «p«  les 
fractions  de  dénominateur  «  approchées  de /et  de  «p  par  défaut  à  moins 
de  I  :  «  près.  Ces  fonctions  ne  sont  susceptibles  que  d'un  nombre  limité 
de  valeurs,  donc  l'intégrale  de  (/«  +  ?  «  )  est  la  somme  de  celles  de 
/«  et  de  tf«  ;  mais,  quand  n  tend  vers  l'infini,  ces  trois  intégrales  tendent 
respectivement  vers  celles  de  (/+  «p),  de /et  de  f,  en  vertu  du  lemme 
précédent,  ce  qui  démontre  la  proposition. 

247.  Comparaison  avec  l'intégrale  de  Riemann.  ~  Pour  que  l'inté- 
grale de  Lebesgue  soit  une  généralisation  utile,  il  faut  qu'elle  renferme 
celle  de  Riemann  comme  cas  particulier.  Nous  allons  montrer  qu'il 
en  est  ainsi,  à  l'aide  des  propositions  suivantes  : 

1°  Si  f  est  intégrahle  (R)  dans  {a,  b),  l'ensemble  E  de  ses  points  de  dis- 
continuité est  de  mesure  nulle. 

En  effet,  soit  sj,  t^,...  e»,...  une  suite  positive  décroissante  tendant 
vers  0.  Désignons  pat  Ej  l'ensemble  des  points  où  l'oscillation  de/ 
est  >  El  et,  en  général,  par  E»  celui  où  cette  oscillation  est  >  t„  mais 
^  t„—i.  Chacun  de  ces  ensembles  est  de  longueur  nulle  (n"  244),  donc 
aussi  de  mesure  nulle,  et  l'ensemble  E  qui  est  leur  somme  est  de  me- 
sure nulle  (no  78). 

2°  Une  fonction  f  est  mesurable  dans  tout  intervalle  {a,  b)  oti  V ensemble 
de  ses  points  de  discontinuité  est  de  mesure  nulle. 

En  effet,  les  seuls  points-limites  qui  manquent  à  l'ensemble  E  (/>A) 
sont  des  points  de  discontinuté  de/,  dont  l'ensemble  est  de  mesure 
nulle.  Donc  l'ensemble  E(/>  A),  différence  d'un  ensemble  fermé  et 
d'un  ensemble  de  mesure  nulle,  est  mesurable  (n^  78)  et  /  est  mesu- 
rable (no  82). 

30  Toute  fonction  f  intégrable  (R)  dans  {a,  b)  est  donc  aussi  intégrabk  (L) 
et,  de  plus,  ses  intégrales  (R)  et  (L)  sont  égales. 

Décomposons  (a,  b)  en  intervalles  élémentaires  S,  par  des  points 
intermédiaires  Xi.  Soient  M,-  et  mi  les  bornes  de/ dans  S,-  =  Xi  —  Xi—i. 
On  a,  par  le  théorème  de  la  moyenne  pour  l'intégrale  de  Lebesgue, 

«.•8,<(L)r'  fdxCMt^i 


260  CHAPITRE  VII.  INTEGRALE  DE  LEBESGUE 

et,  en  sommant  par  rapport  à  », 

Donc  l'intégrale  de  Lebesgue,  comprise  entre  les  deux  sommes  qui 
ont  pour  limite  commune  celle  de  Riemann,  est  égale  à  cette  dernière. 

248.  Intégrales  de  fonctions  non  bornées.  Fonctions  sommables.  — 

jo  Soit  d'abord  f{x)  une  fonction  non  négative.  Supposons-la  me- 
surable, mais  non  bornée,  dans  l'ensemble  mesurable  et  borné  E. 
Définissons  la  fonction /«  comme  égale  à/si/<  m,  et  à  «si/>«. 
L'intégrale  de /dans  E  est,  par  définition,  la  limite  (finie  ou  infinie) 
de  celle  de/«  quand  n  tend  vers  l'infini. 

Si  cette  intégrale  est  finie,  la  fonction/est  sommable  dans  V ensemble^  (^). 

Si  la  fonction/n'est  pas  sommable,  son  intégrale  dans  E  est  infinie 
positive. 

Si  une  fonction  est  sommable  dans  un  ensemble  E,  elle  n'y  devient 
infinie  que  dans  un  ensemble  de  mesure  nulle.  En  effet,  dans  le  cas 
contraire,  /«  serait  >  n  dans  l'ensemble,  de  mesure  a,  où  /  est  infinie, 
son  intégrale  serait  donc  >  ««  et  croîtrait  à  l'infini  avec  n. 

Ces  définitions  s'étendent  aux  fonctions  non  négatives  par  un  simple 
changement  de  signe. 

2"  Considérons  maintenant  une  fonction/ de  signe  quelconque. 
C'est  la  différence /i — /2  de  deux  fonctions  non  négatives, /i  étant 
égal  à /ou  à  0  selon  que/ est  >  0  ou  <  0  et  /2  égal  à /ou  à  0  selon 
que  f  <i  on  >  0.  La  fonction  /  sera  dite  sommable  dans  rensemble  E 
(borné),  si/i  et/2  sont  tous  deux  sommables  dans  E  et  alors  l'intégrale 
dans/ est,  par  définition,  la  différence  de  celles  de /i  et  de /a.  Nous 
ne  nous  occuperons  pas,  dans  ce  chapitre,  du  cas  où  l'ensemble  E  ne 
serait  pas  borné. 

Si  les  fonctions/i  ou/2  n'étaient  pas  sommables,  nous  n'attribuerions 
à /aucune  intégrale. 

Il  suit  évidemment  des  définitions  que  nous  venons  de  donner  que, 
si  une  fonction  est  sommable,   sa  valeur  absolue  l'est  aussi,  et  réciproquement. 

249.  Propriétés  des  intégrales  de  fonctions  sommables.  —  1.  Si  f  est 

sommable  dans  un  ensemble  E,  à  tout  nombre  positif  2e  correspond  un  nom- 
bre S-  tel  que  l'intégrale  de  f  soit  de  valenr  absolue  <  2s  dans  toute  portion 
de  E  de  mesure  <  S. 

Il  suffit  de  faire  la  preuve  pour  une  fonction /non  négative.  Défi- 


(*)  M.  Lebesgue  n'appelle  sommables  que  les  ionciions  partout  finies.  Nous 
ne  faisons  pas  cette  restriction, 


DÉFINITION  ET  PROPRIETES  26l 

nissons/«  comme  dans  le  no  précédent  et  prenons  n  assez  grand  pour 
que  l'on  ait,  ce  qui  est  possible  par  hypothèse, 


Je  m 


fn  dx  <  e. 


Cette  relation  subsiste  a  fortiori  si  l'on  y  remplace  E  par  l'une  de 
ses  parties  Ei.  Il  s'ensuit  que  le  nombre  8  du  théorème  peut-être  fait 
égal  à  e  :  «,  cai  on  aura,  dans  toute  portion  Ei  de  mesure  <  8  =  e  :  «, 

j  f„dx<n^<t,     d'où        fdx<2t, 

II.  Soit  E  V ensemble-somme  d'un  nombre  fini  d'ensembles  Ei,  Eo,...  sans 
points  communs  et  dans  lesquels  f  est  sommable,  f  sera  encore  sommable  dans 
E,  et  Von  aura 


(1)  {fdx^[+{  fdx  + 

JE  JE^      Jb^ 


Il  suffit  encore  de  faire  la  preuve  pour /non  négatif.  Dans  ce  cas, 
on  a,  quelque  grand  que  soit  «  {n°  246,  II), 


(2) 


{/„dx=^   [+    {  fndx-i- 


Quand  «  tend  vers  l'infini,  le  second  membre  de  (2)  a  pour  limite  le 
second  membre  de  (1)  donc  le  premier  membre  de.  (2)  a  une  limite 
finie,  et  celle-ci  est  par  définition  le  premier  membre  de  (1),  ce  qui 
prouve  les  deux  parties  du  théorème. 

m.  Si  E  (borné)  est  la  somme  d'une  infinité  d'ensembles  sans  points  com- 
muns El,  E2,...,  la  formule  (1)  subsiste  encore  pourvu  que  f  soit  sommable 
dans  E. 

Posons,  en  effet, 

E  =  Ei  +  E2+...+  E«+R«. 

Quand  «  tend  vers  l'infini,  la  mesure  de  R„  tend  vers  0.  Donc,  par  la 
propriété  I, 

lim  (    fdx  =  0. 

Ceci  entendu,  on  a,  par  la  propriété  II, 

[fdx=^  (+(+...+  (    +[  fdx. 

Faisons  tendre  n  vers  l'infini,  le  dernier  terme  tend  vers  0  et  la 
somme  embrasse  tous  les  ensembles  E«,  ce  qui  prouve  le  théorème. 

IV.  La  somme  f  d'un  nombre  limité  de  fonctions  fi,f 2,...,  sommabhs  dans 
un  ensemble  E,  est  sommable  aussi  et  l'on  a 


(8)  (fdx  =-  [a  dx  +  (f,  dx  -f  .... 

JE  Je  Je 


262  CHAPITRE  VII.  INTÉGRALE  DE  LEBESGUE 

Soit  (/)x\  une  fonction  égale  à /ou  à  N  selon  que /est  ^  ou  >  N, 
Définissons  (/a  )n  de  la  même  façon  par  rapport  à/«.  ;  nous  avons 

(/)n<(/i)n+(/2)n+-</ 

d'où,  en  intégrant  {n°  246,  IV), 

(ifhdx^  (  {A)Ndx+  ({Ahdx+...^  {fdx. 
Je  Je  Je  Je 

Faisons  tendre  N  vers  l'infini.  Par  définition  (no  248),  la  somme  du 
milieu  dans  ces  dernières  inégalités  a  pour  limite  le  second  membre 
de  l'équation  (3),  tandis  que  les  deux  membres  extrêmes  (qui  com- 
prennent cette  somme)  deviennent  tous  deux  égaux  (à  la  limite)  au 
premier  membre  de  la  même  équation  (3).  Celle-ci  est  donc  démontrée. 

V.  Si  f  est  sommahle  dans  E,  on  peut  encore,  comme  on  Va  fait  (n»  246) 
pour  définir  tintégrale  d'une  fonction  bornée,  construire,  au  moyen  d'une 
échelle  de  nombres  h,  deux  sommes  : 

s  =  'Stli-i  ei,         S  =  ^liCi, 

Vune  inférieure.  Vautre  supérieure  à  l'intégrale  de  f  dans  E,  et  aussi  voisines 
que  l'on  veut  l'une  de  l'autre. 

Pour  simplifier,  considérons  seulement  une  fonction/  non  négative. 
Soit  e  un  nombre  positif  aussi  petit  qu'on  voudra.  Formons  une 
éjchelle  croissant  de  0  à  00  par  degrés  <  z  : 

'0  =  0<  11)  *2v  li.  ... 

Soit  e,  l'ensemble  (ou  la  mesure  de  l'ensemble)  des  points  où  l'on  a 
//_!  ^  /  <  //.  Abstraction  faite  d'un  ensemble  éventuel  de  mesure 
nulle  où /serait  infini  et  que  nous  pouvons  négliger  pour  l'intégration, 
nous  avons  E,  =  ei-\-ez -{-...  ;  par  conséquent  (par  la  propriété  III), 

{fdx=  S  {  fdx; 

h  i  Jei 

puis,  en  appliquant  dans  chaque  ei  le  théorème  de  la  moyenne, 
5  =  2/j_i  «/  ^  I  /rf;»r  <  ^hei  =  S. 

Enfin  vS  —  s  est  aussi  petit  qu'on  veut  avec  £,  puisque,  les  degrés 
étant  <  £,  nous  avons 

S  —  s  =  2  (//  —  h-i)  et  <  z^ei  =  e(wE). 

VI.  Inégalité  de  Schwarz.  —  Si  f^  et  'f^  sont  sommables  dans  E, /f 
l'est  aussi,  car  il  est  de  valeur  absolue  moindre  que  J^  +  ?^j  ^^  ^on  a 


(//'"^j^d'^'^odj^'*^ 


DÉFINITION  ET  PROPRIÉTÉS  263 


Si/ et  'f  sont  constants  dans  E,  les  deux  membres  sont  identiques. 
Si/et  cp  ne  sont  susceptibles  que  d'un  nombre  limité  de  valeurs  finies, 
l'ensemble  E  se  partage  en  un  nombre  limité  d'ensembles  de  mesures 
(Ti,  <!2,...  où/et  cp  prennent  les  valeurs  constantes  ai,  bi  ;  a^,  bi  ;  ...  et 
l'inégalité  précédente  revient  à 

(«1  61  «1  +  «2  h  «2  +  -Y  <  («1  «1  +alei+  •••)  {b\  t\  +  ^2^2  +  -) 

ou,  en  posant  «i  =  Ai  :  V^i.  ^i  =  Bi  :  V'Ji»  etc. 

(AÏ  +  A|  +  -)(B?  +  B|  +  -)-(AiB,  +  A2B2+-)'^:>^0, 
ce  qui  est  exact,  car  le  premier  membre  est  une  somme  de  carrés  : 

(AiB2-A2Bi)2  +  - 

On  passe  ensuite  au  cas  oi^i/et  »  sont  bornés  quelconques,  puis 
sommables,  par  de  simples  passages  à  la  limite  comme  précédem- 
ment (nos  246,  TV  et  249,  I). 

250.  Passage  à  la  limite  sous  le  signe  J.  —  Considérons  une  suite 
de  f  onctions /i,/2,.../w,...  sommables  dans  un  ensemble  E  et  tendant 
vers  une  limite  (finie  ou  infinie)/.  Cherchons  sous  quelles  conditions 
nous  aurons 


(1)  lim  \fndx==  \fdx. 

n=^cc  Je  Je 


Voici  le  théorème  fondamental  : 

Théorème   I.  —  L'équation  (1)  est  légitime  si  les  fonctions  fn  sont  bor- 
nées dans  leur  ensemble,  c'est-à  dire  quels  que  soient  n  et  x  (Lebesgue). 

En  effet,  dans  ce  cas,  la  fonction-limite/,  étant  bornée  aussi,  a  une 
intégrale  finie  et  déterminée.  Il  suffit  donc  de  montrer  que  l'intégrale 


i 


{f-fn)dx 


a  pour  limite  0  avec  i  :  n,  c'est-à-dire  qu'elle  peut  être  rendue  aussi 
petite  que  l'on  veut  à  condition  de  prendre  «  assez  grand. 

Soit   £  un  nombre  positif,  ensuite  E»  l'ensemble  des  points    où 
1/ — f„  I  >  e.  Faisons  la  décomposition  en  deux  intégrales  : 

[(/-/»  )dx^{        {/-fn)dx+(   (/-/«  )  dx. 
Je  Je-e„  Je„ 

La  première  est  aussi  petite  qu'on  veut  avec  s,  en  vertu  du  théorème 
de  la  moyenne  (/— /»  étant  de  valeur  absolue  <  s.),  il  suffit  donc 
maintenant  de  démontrer  que  l'intégrale 


w  iy-f 


fn)dx 

tend  vers  0  avec  i  :  ». 


264  CHAPITRE  VII.  INTEGRALE  DE  LEBESGUE 

C'est  ce  qui  résulte,  dans  ce  cas-ci,  du  théorème  connu  (no  85)  sur  la 
convergence,  en  vertu  duquel  wE«  tend  vers  0  avec  i  '■  n.  La  fonction 
sous  le  signe  étant  bornée,  l'intégrale  tend  vers  0. 

Théorème.  II.  —  Plus  généralement,  l'équation  (1)  est  légitime  si  les 
fondions  f„  sont  toutes  de  module  inférieur  à  une  fonction  positive  sommable  'f . 

En  effet,  la  valeur  absolue  de  la  fonction-limite /ne  surpasse  pas  cp, 
donc/ est  sommable.  Comme  on  peut  négliger  l'ensemble  de  mesure 
nulle  des  points  oîi  l'une  des  fonctions  serait  infinie,  tout  revient, 
comme  dans  la  démonstration  précédente,  à  prouver  que  l'intégrale  (2) 
tend  vers  0  avec  mK  Ceci  résulte  immédiatement  de  ce  qu'elle  est 
inférieure  en  valeur  absolue  à  l'intégrale 


I 


2^  dx, 


laquelle  tend  vers  0  avec  mEn  {n°  249,  I). 

Théorème  III.  —Lorsque  la  suite  fi,fz,...f„,...  est  positive  et  non  dé- 
croissante, on  a  toujours 


lim  \  fndx  =  1  fdx, 
«=  «Je  Je 


mais  les  deux  membres  peuvent  être  infinis  en  même  temps. 

Ce  théorème  est  un  cas  particulier  du  précédent  si /est  sommable, 
puisque /«  ne  surpasse  pas  la  fonction  positive  sommable  tp  =/.  Il 
reste  seulement  à  montrer  que,  si /n'est  pas  sommable,  le  premier 
membre  de  l'équation  est  infini. 

Soit  (/)n  une  fonction  égale  à/ ou  à  N  selon  que/ est  <  ou  >  N  ; 
définissons  (/«)n  de  la  même  manière  relativement  à/«.  Ainsi  la  suite 
bornée  (/i)n,  (/2)n,...  tend  vers  la  fonction  bornée  (/)n  et  il  vient, 
par  le  théorème  I, 

lim  \  fndx^  lim     {fn)„dx=     {fLdx. 

La  dernière  intégrale  est  infinie  avec  N,  donc  la  première  (qui  est 
indépendante  de  N)  est  infinie. 

Théorème  IV.  L'équation  (1)  est  légitime,  si  à  tout  w  positif  correspond 
un  8  positif  tel  qu'on  ait,  quel  que  soit  n, 


(3)  I   f/« 


dx 


<^o. 


sous  la  condition  que  F  soit  une  portion  de  E  de  mesure  <  8.  Cela  étant, 
f  est  sommable  dans  E. 

Montrons  d'abord  que /sera  sommable  dans  E.  La  condition  (3) 
est  de  telle  nature  que  si  elle  a  lieu  pour  fn  elle  a  aussi  lieu  pour 


DÉFINITION  ET  PROPRIÉTÉS  265 

|/«  I  (car  on  peut  prendre  pour  F  les  ensembles  où  fn  ne  change 
pas  de  signe).  D'ailleurs  |/«  |  a  pour  limite  \f\  .  Il  suffit  donc  de 
raisonner  sur  les  modules.  Autant  admettre  que  les  fonctions  sont 
positives.  Dans  ce  cas,  on  a,  avec  les  notations  de  la  démonstration 
précédente, 

f  (/)/;«;  =  lim  [  <^fn\dx  ^\xx^  [fndx. 

JE  n=<»j¥,  «=»  Je 

Mais  la  mesure  de  E  ne  surpasse  pas  k^  où  k  est  un  entier  suffisam- 
ment grand  ;  donc  E  peut  se  partager  en  k  ensembles  de  mesure  ^  S 
et  la  dernière  intégrale  ne  supasse  pas  k^.  Ainsi  l'intégrale  de/N  est 
bornée  quel  que  soit  N,  c'est-à-dire  que /est  sommable  dans  E. 

Tout  revient  alors  à  montrer,  comme  dans  la  démonstration  du 
théorème  I,  que  l'intégrale  (2),  qui  se  décompose  en  deux  autres  : 


dx, 


tend  vers  0  avec  i  :  «,  ce  qui  est  vrai  pour  la  première  parce  que/est  som- 
mable, et  pour  la  seconde  par  hypothèse  (wE»  tendant  vers  0  avec  i  :  «)• 

Théorème  V.  —  Soit  fi,  fz,.-.  fn,...  une  suite  positive  non  décroissante 
de  fonctions  somtnables  dans  E,  ayant  pour  limite  f  ;  soit  ensuite  f  une  fonc- 
tion de  signe  quelconque,  telle  seulement  quefi^  soit  sommable  dans  E  ;  on  aura 


lim  \fn  'fdx=  i  ff  dx. 


On  partage  l'ensemble  E  en  deux  autres  où  f  ne  change  pas  de 
signe.  En  raisonnant  sur  ceux-ci  séparément,  on  est  ramené  au 
théorème  III. 

Théorème  VI.  —  Si  la  suite  des  fonctions  fi,f2,...fn,...  sommables  dans  E, 
tend  vers  une  limite  f,  sommable  aussi,  de  telle  façon  que  les  fonctions  {f—fn  )^ 
soient  encore  sommables  et  leurs  intégrales  dans  E  bornées  dans  leur  ensemble, 
c'est-à-dire  inférieures  à  une  constante  h  indépendante  de  n,  l'équation  (1) 
subsiste  encore  (Riesz). 

En  effet,  tout  revient,  comme  dans  la  démonstration  du  théorème  I, 
à  montrer  que  l'intégrale  (2) , 


J^n 


{f-fH)dX, 


tend  vers  0  avec  mEn.  Ceci  résulte  de  l'inégalité  de  Schwarz  (no  249), 
qui  montre  que  le  carré  de  cette  intégrale  est  inférieure  à 

(f    if-M'dxYi    dx^<h{mE»). 

251.  Intégrale  indéfinie.  — Avec  M.  Lebesgue,  nous  appelerons 
intégrale  indéfinie  l'expression 


F(;r)=p/W^-1-C. 


266  CHAPITRE  VII.  INTEGRALE  DE  LEBESGUE 

On  suppose  que  x  varie  dans  un  intervalle  où /(;»;)  est  sommable  et 
que  C  est  une  constante.  D'après  cette  définition,  si  l'on  désigne  par  A^F" 
la  différence  de  Y{x)  dans  un  intervalle  a,  c'est-à-dire  la  différence 
F(*")  —  F(^')  relative  aux  extrémités  de  l'intervalle  a  ou  {x\  x"),  on  a 


i 


f{x)dx  =  ^^¥. 


Ainsi  ^intégrale  de  f  dans  un  intervalle  a  est  égale  à  la  différence  de  F 
dans  cet  intervalle. 

Théorème.   —  L'intégrale  indéfinie,  F(;r),  est  une  fonction  à  variation 
bornée,    absolument  continue,  et  sa  variation   totale  dans  {a,  b)  a  pour  valeur 


I 


'  \f{x)\dx. 


Nous  allons  prouver  ces  diverses  propositions.  Rappelons  d'abord 
que  toute  fonction  sommable,/,  est  la  différence /i  — fi  de  deux  fonc- 
tions analogues  mais  non  négatives  (no  248).  D'après  cela,  nous  avons 


y{x)  =  (ydx  =  f/i  dx  -(y,  dx, 

en  sorte  que  la  fonction  F{x)  est  la  différence  de  deux  fonctions  con- 
tinues non  décroissantes  :  elle  est  donc  à  variation  bornée  (no  88). 

Ensuite  F{x)  est  absolument  continue.  En  effet,  soit  E  l'ensemble 
d'une  infinité  dénombrable  d'intervalles  a,  on  a 

^\^aF\=^\(fdx\^(\f\dx 

Cette  dernière  intégrale  est  aussi  petite  qu'on  veut  avec  wE,  par  la 
propriété  I  du  n^  249  ;  donc  la  somme  des  différences  absolues  de  F 
dans  un  ensemble  d'intervalles  tend  vers  0  avec  la  somme  de  ces 
intervalles,  autrement  dit,  F  est  absolument  continue  (n»  89). 

Cherchons  maintenant  la  variation  totale  de  F  dans  l'intervalle 
{a,  b).  A  cet  effet,  partageons  (a,  b)  d'une  manière  quelconque  en 
intervalles  consécutifs.  Désignons,  en  général,  par  a  ceux  où  la  diffé- 
rence Aa  F  est  positive,  par  p  ceux  où  Aq  F  est  négative.  Les  sommes 
/»  et  —  «  des  différences  positives  et  des  différences  négatives  (n»  86) 
ont  pour  expressions  : 

p=.j:(fdx,        —n=^(fdx. 

Donc,  si  E/  désigne  l'ensemble  des  points  de  (a,  b)  où/>  0,  E/,  celui 
où/  <  0,  les  bornes  supérieures  P  de  p  et  N  de  «  sont  assujetties  aux 
inégalités  : 

P^  ("    fdx,  N^—  {  fdx. 

JSf  Je„ 


DÉFINITION  ET  PROPRIETES  267 


Mais  je  dis  que  l'égalité  seule  est  possible  et  je  vais  le  prouver  pour 
P  (ce  qui  suffit)  en  montrant  que  P  ne  peut  être  moindre  que  cette 
limite. 

L'ensemble  E/  est  constitué,  comme  il  suit  : 

Ej»  =  S  +  «'  —  e<\ 

d'un  ensemble  S  formé  d'intervalles  en  nombre  fini  et  de  deux  en- 
sembles «'  eie"  de  mesures  infiniment  petites  (n»  77).  Par  suite,  on  a 

[/dx  =  (    fdx+  (  fdx—{  fdx. 
J$  h^  Je'l  Je' 

Le  premier  membre  est  une  somme  de  différences  de  F{x).  Dans  le 
second,  les  intégrales  sur  e"  et  e'  sont  infiniment  petites  ;  donc  celle 
sur  E/,  différant  aussi  peu  qu'on  veut  d'une  somme  de  différences  de 
F(*-),  ne  peut  être  supérieure  à  la  borne  supérieure  P  de  cette  somme. 

En  définitive,  la  variation  totale  P  +  N  (no  74)  aura  bien  la  valeur 
que  nous  lui  avons  assignée  : 


[  -  f    fdx  =  Ç\f\dx. 


252.  Variation  d'une  fonction  dans  un  ensemble  mesurable.  Relation 
entre  les  intégrales  définies  et  indéfinies.  —  Soient  E  un  ensemble  mesu- 
rable contenu  dans  un  intervalle  (a,  h)  et  F(;jr)  une  fonction  continue 
dans  cet  intervalle.  Enfermons  E  (au  sens  étroit)  dans  une  infinité 
dénombrable  d'intervalles  ai,  aj,,..,  a„,...  n'empiétant  pas  (n»  74)  et  dési- 
gnons, en  général,  par  A^F  la  différence  de  Y{x)  dans  un  intervalle 
a.  Si  la  somme  étendue  à  toutes  ces  différences, 

2Aa„F, 

n 

est  absolument  couvergente,  sa  valeur  est  la  variation  (algébrique)  de 
F{x)  dans  l'ensemble  des  a. 

Si  cette  variation  tend  vers  une  limite,  toujours  la  même,  quand  on 
fait  tendre  la  somme  Sa  des  longueurs  des  intervalles  vers  la  mesure 
de  E,  cette  limite  est  la  variation  (algébrique)  de  F{x)  dans  l'ensemble  E. 

Théorème.  — Soient  f{x)  une  fonction  sommable  dans  {a,  b)  et  ¥{x)  son 
intégrale  indéfinie.  Soit  E  un  ensemble  mesurable  compris  dans  {a,  b),  l'intégrale 
de  f{x)  dans  E  est  égale  à  la  variation  de  F{x)  dans  E. 

Enfermons  È  dans  un  ensemble  d'intervalles  a  non  empiétants,  et 
soit  CE  l'ensemble  complémentaire  de  E  par  rapport  aux  a.  On  a,  la 
somme  s'étendant  aux  a, 


ÏAfltF^S  (fdx=  [  fdx-\-  (  fdA 
Ja  Je  Jce 


268  CHAPITRE  VII.  INTEGRALE  DE  LEBESGUE 

Faisons  tendre  Sa  vers  wE,  alors  mCK  tend  vers  0  et  la  dernière 
intégrale  disparaît.  Il  vient  ainsi 


(fdx  = 
Je 


lim  S  Ajt  F  =var,  de  F(;t;)  dansE. 
<x 


§  2.  Recherche  des  fonctions  primitives. 

253.  Fonctions  primitives.  —  Les  fonctions  qui  ont  pour  dérivée 
ou  pour  nombre  dérivé  une  fonction  donnée,  sont  ses  fonctions  primitives. 
La  recherche  des  fonctions  primitives  se  résout  d'une  manière  élémen- 
taire pour  une  fonction  continue /(;i;).  Toutes  les  fonctions  primitives 
de/(;i^)  sont,  en  effet,  comprises  dans  l'intégrale  indéfinie 


r 


/W  +  c, 


qui  est  élémentaire.  Mais,  si  on  laisse  de  côté  la  condition  de  conti- 
nuité, le  problème  de  trouver  une  fonction  dont  la  dérivée  soit  une 
fonction  donnée,  f{x),  n'admet  pas  en  général  de  solution,  car  toute 
fonction  n'est  pas  une  dérivée.  Il  faut  donc  remplacer  ce  problème 
par  l'un  des  suivants  : 

1°  Reconnaître  si  une  fonction  donnée  est  une  Jonction  dérivée  et  trouver, 
dans  ce  cas,  la  fonction  primitive. 

2"  Reconnaître  si  une  fonction  donnée  est  un  nombre  dérivé  supérieur  à 
droite  (ou  un  autre  nombre  dérivé)  et  trouver,  dans  ce  cas,  la  fonction 
primitive. 

L'intégrale  de  Lebesgue  permet  de  remonter,  dans  des  cas  très  géné- 
raux, de  la  fonction  dérivée  à  la  fonction  primitive  et  de  donner,  en 
même  temps,  la  solution  des  problèmes  précédents.  Cependant  la 
réponse  complète  ne  peut  s'obtenir  que  par  une  nouvelle  extension  de 
la  notation  d'intégrale  qui  est  due  à  M.  Denjoy  (*).  Mais  celle-ci 
repose  sur  un  ordre  de  considérations  qui  est  étranger  au  cadre  de  cet 
ouvrage  et  nous  nous  bornerons  à  l'intégrale  de  Lebesgue. 

Nous  avons  d'abord  une  remarque  préliminaire  à  faire  : 

La  dérivée  ou  les  nombres  dérivés  d'une  fonction  continue  ¥{x)  sont  des 
fonctions  mesurables. 

En  effet,  la  dérivée  si  elle  existe,  est  la  limite  de  la  fonction  continue 

V{x  +  ^)  —  ¥{x) 
'     k    .         ' 

tandis  que  les  nombres  dérivés  sont  les  limites  d'indétermination  de 
ce  rapport  et  nous  savons  (no  84)  que  ces  fonctions  sont  mesurables. 


(*)  Calcul  de  la  primitive  de  la  fonction  dérivée  la  plus  générale.  C.  R.  de 
Paris,  22  avril,  1912. 


RECHERCHE  DES  PONCTIONS  PRIMITIVES  269 

La  fonction  primitive  d'une  dérivée  bornée  s'obtient  simplement 
par  le  théorème  de  M.  Lebesgue  relatif  au  passage  à  la  limite  sous  le 
signe  f,  et,  quoique  ce  résultat  rentre  comme  cas  particulier  dans  les 
suivants,  il  est  cependant  intéressant  de  l'établir  pour  commencer. 

254.  Fonction  primitive  d'une  dérivée  bornée.  —  Soit  F(x)  une  fonc- 
tion ayant  une  dérivée  bornée  f{x),  on  a 

Çf{x)dx  =  ¥{b)-¥{a). 
En  eftet,  on  a,  par  le  théorème  de  M.  Lebesgue  (n»  25o), 

parce  que  le  rapport  sous  le  signe  J  reste  borné  quand  h  tend  vers  0. 
Mais  on  peut  faire  la  transformation 

\¥{x\h)-'¥{x)\dx^\       -        Y{x)àx^\       -  Y{x)dx 

Ja  Ja+A         Ja  Jb  Ja 

et  appliquer  le  théorème  de  la  moyenne  à  ces  deux  dernières  inté- 
grales. En  divisant  par  h,  passant  à  la  limite  et  observant  que  F  est 
continue,  on  trouve  la  formule  de  l'énoncé. 

Ce  théorème  s'applique  en  remplaçant  h  par  toute  valeur  x  de  l'inter- 
valle (a,  &)  ;  on  a  donc 


¥{x)==Y{a)^^J{x)dx. 


Donc  une  fonction  dérivée  bornée  a  ses  intégrales  indéfinies  Pour  fonctions 
primitives. 

Le  théorème  précédent  permet  de  reconnaître  si  une  fonction  me- 
surable et  bornée /(«)  est  une  dérivée.  On  calcule  F{x)  par  la  formule 
précédente  et  l'on  vérifie  directement  si  F  a  pour  dérivée/. 

Si  la  fonction  dérivée /(a;)  n'est  pas  bornée,  le  passage  à  la  fonction 
primitive  exige  des  raisonnements  plus  délicats.  Les  théorèmes  fonda- 
mentaux ont  été  obtenus  par  M.  Lebesgue,  mais  nous  adopterons 
pour  y  arriver  un  procédé  diftérent  du  sien,  que  nous  avons  fait  con- 
naître dans  l'édition  précédente  de  ce  cours  et  que  nous  allons  préciser 
un  peu  davantage  dans  celle-ci.  Ce  procédé  consiste  à  construire, 
comme  nous  allons  le  faire,  des  fonctions  auxiliaires  dont  les  déri- 
vées satisfont  partout  à  certaines  conditions  d'inégalité. 

255.  Fonctions  majorante  et  minorante.  —  Nous  donnerons  ce  nom 
à  deux  fonctions  qui  sont  respectivement  approchées  par  excès  et  par 
défaut  de  l'intégrale 


I. 


f(x)dx 


270  CHAPITRE  VII.  INTEGRALE  DE  LEBESGUE 

et  qui  seront  construites  de  manière  à  réaliser  certaines  conditions 
que  nous  allons  indiquer. 

Soit  f{x)  une  fonction  sommdble  dans  Tintervalle  {a,  h),  finie  sauf  peut- 
être  aux  points  d'un  ensemble  de  mesure  nulle.  Nous  allons  construire,  dans 
cet  intervalle,  une  fonction  continue,  f  i(-î^),  infiniment  voisine  par  excès  de 
l'intégrale  ci-dessus  et  dont  les  quatre  nombres  dérivés  surpassent  f  {x)  en  tous 
les  points  où  f{x)  est  finie.  Nous  V appellerons  la  fonction  majorante  rela- 
tive à  f{x). 

Nous  construirons,  en  même  temps,  une  fonction  minorante,  ^2{x),  infi- 
niment voisine  par  défaut  de  la  même  intégrale  et  dont  les  nombres  dérivés 
seront  tous  <  f{x)  en  tout  point  où  f{x)  est  finie. 

La  construction  de  la  fonction  minorante  se  ramène  à  celle  de  la 
fonction  majorante,  car,  si  —  l'  est  la  majorante  relative  à  — /,  alors 
'^  est  la  minorante  relative  à/.  Il  suffit  donc  de  construire  la  majorante. 

D'autre  part,  il  suffît  de  savoir  construire  la  majorante  pour/ non 
négatif.  En  effet,  définissons /n(;i^)  comme  égale  èif{x)  ou  à  —  N  selon 
que /est  ^  ou  <  —  N.  Pour  N  positif  infiniment  grand,  l'intégrale 
de/v  surpasse  infiniment  peu  celle  de/.  Il  suffit  donc  de  savoir  con- 
struire la  majorante  relative  à/N.  Pour  cela,  il  suffit  de  construire  la 
majorante  relative  à/N  +  N  qui  n'est  pas  négatif.  Soit,  en  effet,  <]^i 
cette  majorante,  celle  cpi  relative  à/N  sera  «l'i  —  N;»;. 

Proposons-nous  donc  de  construire  la  majorante  relative  à  une 
fonction /(;»;)  non  négative.  Soit  e  un  nombre  positif  aussi  petit  qu'on 
voudra.  Donnons-nous  une  échelle  de  nombres  positifs  : 

croissant  jusqu'à  l'infini  par  degrés  <  e. 
Désignons  par  en  l'ensemble  des  points  de  l'intervalle  {a,  b)  où  l'on  a 
In  ^f{x)  <  l„+i. 

Désignant  aussi  par  en  la  mesure  de  l'ensemble  de  même  nom,  nous 

aurons,  par  définition  de  l'intégrale  (n»  249,  V), 

00  r6  00 

S  /«  e»  <   I   fdx  <  S  l„+i  en  . 

Par  conséquent,  puisque  /«+i  —  In  est  <  e, 

S    In+i  en  <  I   fdx  +  e  (è  —  a). 

Désignons  encore  par  en  (x)  la  mesure  de  la  portion  de  l'ensemble 
en  comprise  entre  a  et  x.  On  aura,  de  la  même  manière, 

s    In  en  (x)  <  I   fdx  <    S  l„+i  en  {x) 

«=0  Ja  «=0 

et  a  fortiori,  pour  x  compris  dans  (a,  b), 


RECHERCHE  DES  FONCTIONS  PRIMITIVES  2'JI 


00  ^X 

s    l„+i  tn  {x)  <      fdx  -f-  e  (è  —  a). 

n=0  Ja 


Donnons-nous  maintenant  une  suite  positive  £i,  t2,---  £«,••.  assez 
rapidement  décroissante  pour  que  l'on  ait 

2  /«+!  t„  <  e. 

Ceci  fait,  enfermons  Cn  (au  sens  étroit)  dans  une  infinité  d'intervalles 
non  empiétants  (n»  74)  d'amplitudes  8",  S"..,,  de  manière  qu'on  ait 

e„  <  S  8^  <  ««  +  e„  . 

Appelons  S"  (x)  la  somme  de  tous  les  intervalles  8"  et  portions  d'in- 
tervalles S"  compris  entre  a  et  x.  On  aura  a  fortiori 

en  {x)  <  S"  {x)  <  en  {x)  4-  e„  . 
Je  dis  maintenant  que  la  fonction 

^,{x)  =  Iln+iS-{x) 
n 

satisfait  aux  conditions  du  théorème. 

On  a  d'abord,  par  les  dernières  inégalités, 

S  l„+i  e„  {x)  <  (fi{x)  <  S  In+i  e„  {x)  +  1  l„+i  z„ 

n  n  M^ 

et,  a  fortiori,  par  les  précédentes 

{''fdx  <  ^,{x)  <  (ydx  +  t{b  -  fl)  +  e. 

Ja  Ja 

Donc  <^i(x)  est  aussi  voisin  qu'on  veut  par  excès  de  l'intégrale.  Mon- 
trons que  les  nombres  dérivés  de  ^i{x)  surpassent /(;v)  en  tout  point 
oùf{x)  est  finie. 

Supposons  donc  que/(.r)  tombe  entre  In  et  In+i  (exclu)  ;  le  point  x 
fait  alors  partie  de  l'ensemble  en  et  est  intérieur  au  sens  étroit  à  un 
intervalle  8"  ou  est  la  limite  commune  de  deux  d'entre  eux  (n»  74). 
Or  on  a 

?i(^  +  h)  —  cpi(,t:)  =  S  In+i  [S«  ix-\-h)  —  S«  (x)] 

Tous  les  termes  de  la  somme  sont  positifs  avec  h  (ou  nuls)  et  non 
décroissants  si  h  augmente.  Donc,  si  h  est  positif  et  assez  petit  pour 
que  x-{-  h  soit  encore  dans  le  même  8"  que  x,  on  aura  (en  ne  gardant 
qu'un  terme) 

cpi(;»r  +  A)  -  cp,(;r)  >  l„+i  [S*  {x+h)-  S"  (x)]  >  hl„+i. 

Le  sens  de  l'inégalité  changerait  pour  h  négatif,  de  sorte  que  l'on  a 
toujours,  pour  |  h  \  assez  petit, 

<fi{x-\-k)  —  <fi{x)^ 

Donc  les  quatre  nombres  dérivés,  étant  au  moins  égaux  à  U+t,  sont 
tous  >  f{x). 


272  CHAPITRE  VII.  INTEGRALE  DE  LEBESGUE 

256.  Remarques  sur  les  fonctions  précédentes.  —  1°  Les  fonctions  ma- 
jorante et  minorante  sont  telles  que  les  différences  : 


Ja  Ja 


sont  non  décroissantes. 

Il  suffit  évidemment  de  faire  la  preuve  pour  la  première  différence 
et  cela  dans  le  cas  fondamental  où/ est  non  négatif.  Conservons  donc 
les  notations  de  la  démonstration  précédente. 

Soit  {x\  x")  un  intervalle  {x"  >  x'),  Lsl  portion  de  l'ensemble  en  con- 
tenue dans  cet  intervalle  a  pour  mesure  en  {x")  —  en  {x'),  de  sorte  que 
l'on  a 

^"""/dx  ^  S   l„+i  [e„  {x")  —  e„  {x% 
»=o 


/: 


£ 


Mais,  comme  on  a,  par  définition  de  S"  {x), 

S»  {x")  —  S"  (x')  >  en  {x")  —  en  {x'), 
il  vient  a  fortiori 

'"fdx  <  S  In+i  [S"  {x")  -  S»  {x')] 

<Ti(^")-?i(^') 
et  c'est  ce  qu'il  fallait  démontrer  (l'intégrale  étant  positive). 

2"  Si  f{x)  est  bornée  dans  l'intervalle  {a,  b),  ^i{x)  et  (fzi^)  sont  à  nombres 
dérivés  bornés. 

Bornons-nous  encore  à  la  construction  de  fi  dans  le  cas  où /est 
positif,  ce  qui  est  permis.  Si  /  est  borné,  l'échelle  h,  h,...  peut  être 
bornée  à  un  nombre  limité  de  termes.  D'autre  part,  l'ensemble  en  est 
enfermé  dans  des  intervalles  8«  n'empiétant  pas.  Alors,  le  point  x  ne 
pouvant  tomber  dans  l'intérieur  de  deux  intervalles  ^|  de  même  indi- 
ce n,  la  dérivée  de  S"{x)  ne  peut  surpasser  l'unité  et  celle  de  ^x{x)  ne 
peut  surpasser  la  somme  finie  S/«. 

257.  Théorème  I.  — S'il  existe  une  fonction  f{x)  intermédiaire  {au  sens 
large)  entre  les  deux  dérivées  à  droite  d'une  fonction  continue  F{x),  et  si 
f{x)  est  finie  et  sommable  dans  l'intervalle  {a,  b),  on  a,  dans  cet  intervalle, 


¥{x)  —  ¥{a)  =  rf{x)  dx. 


En  particulier,    par   conséquent,  si  F(;tr)  a  un  nombre   dérivé  fini  et  som- 
mable A,  on  a  (Lebesgue) 


Kdx, 


Construisons,  pour  la  fonction /(.r),  les  deux  fonctions  majorante  et 
minorante  «pi  et  cp^,  infiniment  voisines  et  telles  que  l'on  ait 


rx 

'fiW>J     f{x)dx>^.{x). 


RECHERCHE  DES  FONCTIONS  PRIMITIVES  278 


Les  nombres  dérivés  de  cpi  sont  tous  >/,  ceux  de  «pz  sont  tous  </ 
(supposée  finie)  ;  par  conséquent,  les  deux  fonctions 

sont  à  nombre  dérivés  partout  positifs  et  sont,  conséquemment,  crois- 
santes dans  {a,  b).  Donc,  «pi  et  «fz  s'annulant  par  construction  au 
point  a,  il  vient 

<fr{x)>F{x)  —  ¥{a)><f2{x); 

enfin,  par  comparaison  avec  les  inégalités  précédentes  et  en  rappelant 
que  les  fonctions  <f  1  et  f  2  sont  infiniment  voisines. 


F{x)-F{a)=  rf{x)dx. 


2 5 8. Théorème  II.  —  L'intégrale  indéfinie  d'une  fonction  f{x)  mesurable 
et  BORNÉE  (*)  dans  un  intervalle  {a,  b),  a  f(x)  pour  dérivée  presque  partout. 

Nous  convenons  de  dire,  avec  M.  Lebesgue,  qu'une  propriété  a  lieu  presque 
PARTOUT  si  elle  a  lieu  sauf  dans  un  ensemble  de  mesure  nulle. 

Reprenons  les  fonctions,  majorante 'fi,  et  minorante  ^2,  de  la  démon- 
stration précédente.  Elles  sont  à  nombres  dérivés  bornés  puisque 
f{x)  est  bornée  (n»  256). 

Soient  Ai  et  A2  les  nombres  dérivés  supérieurs  à  droite  de  «fi  et  de 
<P2  ;  on  a  (n»  255) 

Al  >/>  Ag. 

Soit  A  le  nombre  dérivé  supérieur  à  droite  de  l'intégrale  indéfinie 

X 

fdx.  Celle-ci  ne  peut  croître  ni  plus  vite  que  fi  ni  moins  vite  que 
f  2  (no  256).  On  a  donc  aussi 

Ai>A>A2. 

Si  l'on  compare  ces  inégalités  aux  précédentes,  il  vient 

I  A— /l  <Ai  — A2  ; 
d'où,  en  intégrant  puis  appliquant  le  théorème  précédent,  ce  qui  est 
permis  (puisque  Ai  el  A2  sont  bornés), 

j     \K—f\ax<   \  IVxdx—\  hidx=^  cpi(è)  —  ^.i{b). 

Cette  dernière  différence  peut  être  supposée  aussi  petite  qu'on  veut  ; 
par  conséquent, 


i 


i 


(•)  Cette  restriction  disparaîtra  au  théorème  IV  (n"  260). 

18 


274  CHAPITRE  VII.  INTÉGRALE  DE  LEBESGUE 

et  A  ~f  presque  partoiii.  Donc  chacun  des  quatre  nombres  dérivés  de 
l'intégrale  de/ est  égale  à  /  presque  partout.  Ils  le  sont  donc  aussi 
simultanément  presque  partout,  ce  qui  prouve  la  proposition. 

259.  Théorème  III.  —  Si  la  fonction  continue  V{x)  est  non  décroissante 
dans  un  intervalle  {a,  b),  l'un  quelconque  A  de  ses  nombres  dérivés  est  sont- 
mable  dans  cet  intervalle  et  l'on  a 


I 


\dx<:V{b)-¥{a). 


Définissons  A«  comme  égal  à  A  ou  à  «  selon  que  A  (qui  est  néces- 
sairement ^  0)  ne  surpasse  pas  le  nombre  positif  ;/  ou  le  surpasse. 
Formons  l'intégrale  indéfinie 

^n  {x)  -=^\     Andx 


et  construisons  la  fonction  minorante  '^i{x)  relative  à  cette  intégrale 
et  dont  tous  les  nombres  dérivés  sont,  par  conséquent,  <  An  et  a  for- 
tiori <  A.  Cette  dernière  conséquence  entraîne,  puisque  «'^(a)  est  nul, 

¥{b)  -  ¥{a)  >  cp,(è) 
et,  en  faisant  tendre  «p2  vers  sa  limite  <ï>„, 


F{b)  -  F(a)  >  a)„  (b)  =  [  An  dx. 


Faisons  main  enant  tendre  n  vers  l'infini  ;  cette  dernière  intégrale, 
étant  bornée  par  le  premier  membre,  tend  vers  une  limite  finie.  Celle- 
ci  est,  par  définition,  l'intégrale  de  A,  donc  A  est  sommable.  De  plus, 
on  obtient  à  la  limite  l'inégalité  qu'il  fallait  démontrer. 

260.  Théorème  IV.  —  L'intégrale  indéfinie  d'une  fonction  sommable, 
bornée  ou  non,  admet  cette  fonction  pour  dérivée  presque  pat  tout  CLebescue). 

Une  fonction  sommable  est  la  différence  de  deux  fonctions  som- 
mables  non  négatives  (n"  248).  Il  suffit  donc  de  prouver  le  théorème 
pour  une  fonction  non  négative. 

Soit  A  le  nombre  dérivé  supérieur  à  droite  de 

F{x)=rfix)dx. 

Jà 

Définissons  une  fonction  fn  égale  à  /  ou  à  «  selon  que  /  est  <^  n 
ou  >  «.  Le  nombre  dérivé  supérieur  à  droite  de  l'intégrale  (moins 
rapidement  croissante  que  F) 


r 


fndx. 


RECHERCHE  DES  FONCTIONS  PRIMITIVES  27.*» 

sera  ^  A  ,  mais  il  est  égal  à/n  presque  partout  (no  258).  Par  suite,  on 
a  presque  partout  A  >/n,  donc  >/,  puisque  n  est  quelconque  ;  c'est- 
à-dire  que  l'on  a  presque  partout 

A-/^lA-/i. 

Ceci  posé,  on  a,  par  le  théorème  III  précédent  (F  étant  non  décrois- 
sant), 


{\dx<C  F{b)  -  F{a)  =  Çf{x)  dx; 


d'où  l'on  tire,  en  utilisant  l'égalité  précédente   qui  a  lieu   presque 
partout, 

{\jS.-f)dx=C  \  A-f\dx^O. 

Donc  A  =/ presque  partout.  La  même  chose  a  lieu  pour  les  autres 
nombres  dérivés,  ce  qui  prouve  le  théorème. 

Corollaire.  —  Comme,  dans  le  calcul  d'une  intégrale,  on  peut 
négliger  l'ensemble  de  mesure  nulle  où  elle  n'a  pas  pour  dérivée  la 
fonction  sous  signe  (',on  peut  énoncer  le  théorème  suivant(LEBESGUE). 

Une  intégrale  indéfinie  est  Fintegrale  indéfinie  de  sa  dérivée  considérée  seu- 
lement aux  points  où,  elle  existe  (ou  supposée  nulle  aux  autres  points). 

261.  Théorème  V.  —  Une  fonction  continue  et  à  variation  bornée  dans 
un  intervalle,  a  une  dérivée  dans  presque  tout  l'intervalle  et  cette  dérivée  est 
sommable  considérée  là  où,  elle  existe  (Lebesgue). 

Une  fonction  semblable  est  la  différence  de  deux  fonctions  conti- 
nues non  décroissantes  {n°  88).  Le  théorème,  vrai  pour  ces  deux-ci, 
le  sera  pour  leur  différence.  Il  suffit  donc  de  le  démontrer  pour  une 
fonction  FU)  continue  et  non  décroissante. 

Soit  A^.  un  des  nombres  dérivés  de  ¥{x)  ;  on  a,  pour  h  positif,  par 
le  théorème  III, 

Ak  dx  ^  ¥{x  +  A)  —  ¥{x). 


r 

Jx 


Donc  la  fonction 


'i{x)=^Y{x)-{\,.dx 


est  non  décroissante  ;  et  il  en  sera  de  même  pour  la  fonction  '^{x), 
construite  avec  'f  comme  cf  l'est  avec  F,  à  savoir 

^{x)  =  '^{x)  —  I    Acp  dx. 

Il  vient,  par  l'addition  de  ces  deux  équations, 

[''  {h^^A^)dx=^¥{x)-^{x). 


276  CHAPITRE  VII.  INTÉGRALE  DE  LEBESGUE 


Cette  nouvelle  équation  met  en  évidence  que  l'intégrale  du  premier 
membre  ne  croît  pas  plus  rapidement  que  F(x)  et  que,  par  conséquent, 
son  nombre  dérivé  (de  l'espèce  A)  ne  surpasse  pas  Aj, .  Mais  ce  nombre 
est  Ap  +  A(p  presque  partout  (Théorème  IV),  donc  Aœ  =  0  presque 
partout.  D'ailleurs,  A  désignant  un  nombre  dérivé  d'espèce  quel- 
conque, on  en  conclut  que  cp  a  une  dérivée  nulle  presque  partout  ; 
d'où  il  suit  enfin  que  la  lonction 

F{x)  =  tp(^)  +1    ^p  dx 

I 
a  presque  partout  la  même  dérivée  que  Jaf^x,  c'est-à-dire  Ap  (Théo- 
rème IV)  et  cette  dérivée  est  sommable. 

Corollaire.  —  Une  fonction  F{x),  continue  et  à  variation  bornée,  dont 
un  nombre  dérivé  A  est  fini  dans  un  intervalle,  est  l'intégrale  indéfinie  de  ce 
nombre  dérivé  (Lebesgue). 

On  applique  le  théorème  I  (n»  257),  après  avoir  remarqué  que  A  est 
sommable,  car  il  est  égal  presque  partout  à  la  dérivée  F'{x)  qu'on 
vient  de  prouver  sommable. 

262.  Construction  d'une  fonction  auxiliaire  à  dérivée  finie.  —  Soit 
F{x)  une  fonction  continue  à  variation  bornée  dans  un  intervalle  (a,  b), 
ayant  donc  (no  261)  une  dérivée  finie  F'{x}  sauf  dans  un  ensemble  E 
de  mesure  nulle.  Enfermons  E  (au  sens  étroit  pour  tous  les  points 
sauf  peut-être  a  et  b)  dans  une  infinité  d'intervalles  a,  non  empiétants, 
contenus  dans  {a,  b)  et  de  somme  Sa  inférieure  à  un  nombre  positif  e 
donné. 

Ceci  fait,  définissons  une  lonction  continue  Fi(;ir),  voisine  de  F{x), 
par  les  deux  conditions  suivantes  :  i»  Hors  des  intervalles  a  et  aux 
extrémités,  Fi(;t)  ==  F(;ir)  ;  2°  dans  l'intérieur  des  a,  Fi(a;)  varie  linéai- 
rement de  manière  à  coïncider  avec  F{x)  aux  extrémités. 

Cette  fonction  Fi  jouit  des  propriétés  suivantes  : 

Elle  est  continue  et  à  variation  bornée  (car  sa  variation  totale  ne  peut 
surpasser  celle  de  F),  elle  a  des  dérivées  à  droite  et  à  gauche  finies  dans 
(a,  b),  mais,  en  dehors  des  intervalles  a,  elle  a  une  dérivée  unique  F'{x). 

Faisons  la  démonstration  en  considérant  la  dérivée  à  droite  seule- 
ment. Si  X  est  à  l'intérieur  (au  sens  étroit)  ou  à  l'extrémité  gauche  d'un 
intervalle  a,  Fi  varie  linéairement  et  a  une  dérivée  à  droite  finie. 

Dans  le  cas  contraire,  x,  supposé  différent  de  b,  n'est  pas  un  point 
de  E.  Sa  dérivée  à  droite  sera  F'{x}.  En  effet,  formons  les  deux  quotients  : 

F(;>;  +  ^)-F(^)  Fi(;r  +  ^)-Fi(A;) 

h  '  A  ' 

où  A  tend  vers  0  et  dont  le  premier  tend  vers  F'{x)  par  hypothèse.  Le 
second  est  égal  au  premier  si  ;r  -|-  ^  tombe  hors  des  a  ;  et,  si  x  -\-  h 


RECHERCHE  DES  FONCTIONS  PRIMITIVES  277 


tombe  dans  un  a,  il  est  intermédiaire  entre  les  deux  valeurs  du  premier 
aux  extrémités  de  cet  a,  valeurs  qui  ont  encore  toutes  deux  pour 
limite  F'{x).  Donc  le  second  quotient  a  pour  limite  F'{x). 

263.  Théorème  VI.  —  Si  F{x)  est  continue  et  à  variation   bornée  dans 
{a,  b),  on  a 


¥{b)  -  V{a)  ==  {'v\x)  dx  +  V, 


l'intégrale  s' étendant  aux  points  oii  F'  est  finie  et  déterminée,  et  V  désignant 
la  variation  de  F  dans  l'ensemble  E  des  points  où  F'  est  indéterminée  ou 
infinie. 

Construisons,  comme  au  n»  précédent,  la  fonction  a  dérivée  finie 
Fi(;r)  voisine  de  F{x)  ;  nous  aurons,  par  le  corollaire  du  théorème  V, 

FiW  — Fi(a)=  {  F[{x)dx. 

Désignons  par  Ca  l'ensemble  complémentaire  des  intervalles  a  par 
rapport  à  (a,  h),  ensemble  dans  lequel  F\  =  F'.  Comme,  d'autre  part, 
Fi  et  F  coïncident  aux  points  a  et  b,  l'équation  précédente  peut 
s'écrire  (la  sommation  s'étendant  aux  a) 

F(*)  —  F(a)  =  r  F\x)  dx+'ïl  [f'Xx)  dx. 
.  ca  OL  Ja 

Mais,  F  et  Fi  coïncidants  aux  extrémités  des  «,  nous  avons  encore, 
par  le  théorème  V, 

{F[{x)dx^^^F,  =  ^^F 
Jx 

et  l'équation  précédente  devient 

F[b)  -  Fia)  =  (  F'(Ar)  dx  +  SA„  F. 
Jcx 

Faisons  tendre  Sa  vers  0  ;  l'intégrale  dans  Ca  tend  (no  249,  I)  vers 
celle  dans  (a,  b),  puisque  l'ensemble  exclu  est  de  mesure  infiniment 
petite  et  que  cette  intégrale  existe  (no  261).  Donc  la  dernière  somme 
tend  aussi  vers  une  limite,  toujours  la  même,  qui  sera  la  variation  V 
de  F  dans  E,  et  la  dernière  équation  fournit  celle  du  théorème  énoncé 
par  un  passage  à  la  limite. 

264.  Théorème  VII.  —  Les  hypothèses  sur  F  subsistant,  la  variation  V 
du  théorème  précédent  est  la  même  que  celle  de  F  dans  V ensemble  Ei  {contenu 
dans  E)  des  points  oit  l'un  {toujours  le  même),  A,  des  nombres  dérivés  de  F 
est  infini. 

Nous  allons,  en  effet,  retrouver  la  formule  du  théorème  précédent 
en  donnant  ce  nouveau  sens  à  V, 


278  CHAPITRE  VIT.  INTÉGRALE  DE  LEBESGUE 


Formons  les  deux  fonctions  majorante  et  minorante,  «fi  et  'f^.  infini- 
ment voisines  de      Adx  et  faisons  une  remarque   préliminaire.    La 


fonction  : 


F(^)  —  ^.{x)  =  F  —  j    A  dx  +    r\  dx  —  cp2 1 


est  à  variation  bornée  dans  {a,  b),  et  la  somme  de  ses  différences  ou 
bien  de  ses  variations  totales,  respectivement  dans  des  intervalles 
«1,  ag,...  de  somme  l'a,  est,  pour  Sa  infiniment  petit,  infiniment  voisine 
de  la  somme  analogue  pour  la  fonction  ¥{x).  En  effet,  considérons  la 
décomposition  précédente  ;  la  somme  des  variations  totales  de  f  A  ^a^ 
qui  est  absolument  continue  (n"  25i)  est  infiniment  petite  avec  Sa,  et  la 

même  chose  a  lieu  pour  \    h  dx  —  ^,,  parce   que  cette  fonction   est 

Ja 
monotone  (no  256)  et  infiniment  petite. 

Ceci  posé,  enfermons  Ej  dans  aj,  a^,...  n'empiétant  pas.  Soit  Yn{x) 
la  somme  des  différences  de  F  —  'fa  dans  ceux  des  n  premiers  inter- 
valles ai,  a^,...  a,i  qui  tombent  entre  a  et  x  et  éventuellement  dans  la 
portion  d'un  de  ces  intervalles  encore  comprise  entre  a  et  x.  Soit 
Tn{x)  la  somme  des  variations  totales  de  la  même  fonction  dans  les  a 
restants  ou  portion  d'un  de  ces  a,  toujours  entre  a  et  x.  Formons  la 
fonction 

FW  -  'f  oU)  -  V„  {x)  +  Tn  {x). 

Je  dis  qu'elle  est  non  décroissante.  Elle  l'est,  en  efiet,  dans  les  n 
intervalles  aj,  a^,...  a„  où  elle  se  réduit  à  Tn  qui  ne  décroît  jamais. 
Elle  l'est  encore  dans  les  intervalles  complémentaires  des  n  précédents, 
où  elle  se  réduit  à 

F(A:)-cp,(;.)+T„W, 

parce  que  son  nombre  dérivé  (de  même  espèce  que  A)  y  est  partout 
>  0.  Il  l'est,  en  effet,  dans  chacun  des  a  restants,  où  la  fonction  est  non 
décroissante,  puisque  Tu  croît  alois  comme  la  variation  totale  de 
F  —  cp2  ;  il  l'est  encore  en  chaque  point  hors  de  ces  a,  puisque  A  (étant 
alors  fini)  surpasse  tous  les  nombres  dérivés  de  fa  et  que  Tn  n'a  ja- 
mais les  siens  négatifs. 

La  fonction  considérée  étant  non  décroissante  dans  (a,  b),  nous 
avons,  dans  cet  intervalle, 

¥{x)  -  ¥{a)  >  '^o{x)  +  Vn  {x)  -  Tn  {x). 

Faisons  tendre  n  vers  l'infini,  puis  Sa  vers  0  ;  Tn  a  pour  limite  0  et, 
suivant  la  remarque  préliminaire,  Vn  pour  limite  la  variation  V{x)  de 
F(,r)  dans  la  portion  de  Ei  entre  a  et  x.  Remplaçons  encore  «2  par  sa 
limite,  nous  trouvons 


¥{x)  —  ¥{a)  ^Ta  dx  +  V(,r). 


RECHERCHE  DES  FONCTIONS  PRIMITIVES  279 

Mais  l'égalité  seule  est  possible,  car  on  trouve  des  inégalités  de  sens 
contraire  en  remplaçant  <p2  par  <pi  et  T-n  par  —  T» .  Il  vient  donc  pour 
x  =  h,V  étant  maintenant  la  variation  de  F  dans  Ei, 


Ja 


ce  qui  montre  que  V  est  bien  le  même  que  dans  le  théorème  précé- 
dent (car  A  =  F'  presque  partout). 

265.  Théorème  VIII.  —  La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'une 
fonction  ¥{x)  soit  l'intégrale  indéfinie  d'une  fonction  sommable  dans  (a,  b),  est 
quelle  soit  absolument  continue  dans  cet  intervalle.  Elle  est  alors  l'intégrale 
indéfinie  de  sa  dérivée  considérée  là  où  elle  existe. 

En  eftet,  si  F  est  absolument  continue,  F,  étant  à  variation  bornée, 
a  presque  partout  une  dérivée /(;»;)  et  l'on  a 

FW  =  F(a)+  (y{x)dx  +  V, 


où  V  est  la  variation  de  F{x)  dans  l'ensemble  de  mesure  nulle  où  sa 
dérivée  n'est  pas  finie  et  déterminée  (no  263).  Mais,  cette  variation 
étant  nulle  parce  que  F  est  absolument  continue,  le  terme  V  disparaît. 
Donc  F  est  une  intégrale  indéfinie.  Réciproquement,  nous  avons  vu 
(n»  25i)  qu'une  intégrale  indéfinie  est  absolument  continue. 

Ce  théorème  entraîne  les  corollaires  suivants  : 

Corollaire  I.  —  Une  fonction  absolument  continue  dont  la  dérivée  est 
nulle  presque  partout  dans  un  intervalle,  se  réduit  à  une  constante. 

Corollaire  II.  —  Deux  fonctions  absolument  continues  qui  ont  la  même 
dérivée  presque  partout  dans  un  intervalle,  ne  diffèrent  que  par  une  constante 
dans  cet  intervalle. 

Ce  théorème  permet  d'étendre  immédiatement  la  règle  d'intégration 
par  parties  à  l'intégrale  de  Lebesgue. 

266.  Intégration  par  parties.  —  Soient  f{x)  et  -Kv)  deux  fonctions  ab- 
solument continues  dans  un  intervalle  {a,  b),  on  a,  dans  cet  intervalle, 

J  <f{x)  ^'{x)  dx  =    ^{x)  4/  (Ar)T—  [%{x)  ^'{x)  dx, 

les  dérivées  'f'  et  <{>'  étant  considérées  aux  seuls  points  oit  elles  existent. 

En  effet,  si  f  et  '|/  sont  absolument  continues,  leur  produit  tp<I/  l'est 
aussi  (*)  et,  par  conséquent,  les  deux  membres  de  l'équation  précé- 


(*)  En  effet,  si  cp  et  t];  sont  de  valeurs  absolues  <  M,  la  variation  de  <p<|/  ne 
surpasse  pas  en  valeur  absolue  le  produit  par  M  de  la  somme  des  varia- 
tions absolues  de  »  et  de  •]/. 


fiSo  CHAPITRE  VII.  INTÉGRALE  DE  LEBESGUE 


dente  ont  la  même  dérivée  presque  partout.  Ils  ne  diffèrent  donc  que 
par  une  constante  et  cette  constante  est  nulle,  puisque  les  deux  mem- 
bres s'annulent  pour  x  =  a. 

La  règle  d'intégration  par  substitution  admet  une  généralisation 
aussi  étendue  que  la  précédente  mais  moins  immédiate.  Nous  lui  con- 
sacrerons un  paragraphe  spécial,  où  ce  résultat  sera  établi,  pensons- 
nous,  pour  la  première  fois. 

§  3.  Intégration  par  substitution. 

267.  Remarques  préliminaires.  —  Soit /(;«;)  une  fonction  sommable 
dans  une  intervalle  (a,  b).  Soit  ensuite  x  =  cp(0  une  fonction  absolu- 
ment continue  de  t,  qui  varie  de  x^  =  f{io)  à  X  =  <f(T),  sans  sortir  de 
l'intervalle  (a,  b),  quand  t  varie  de  ^o  à  T.  Posons,  dans  ces  intervalles, 


F{x)=(y{x)dx,        $(^)  ^  F[»(/)]. 


Ces  fonctions  jouissent  des  propriétés  suivantes  : 

1°  La  fonction  ^{t)  est  absolument  continue.  En  effet,  si  l'on  considère 
une  infinité  dénombrable  de  différences  de  t  dont  la  somme  des  valeurs 
absolues  tend  vers  0,  la  somme  des  valeurs  absolues  des  différences 
correspondantes  de  ;»;  =  <^{t)  tend  vers  0  (puisque  f  est  absolument 
continue),  donc  la  somme  des  valeurs  absolues  des  différences  corres- 
pondantes de  F(©)  tend  aussi  vers  0  (puisque  ¥x  est  aussi  absolument 
continue).  Il  suit  donc  de  là,  d'une  manière  générale,  qu'une  fonction 
absolument  continue  de  fonction  absolument  continue  est  absolument  continue. 

2"  La  fonction  <I>(^),  étant  absolument  continue,  a,  presque  partout, 
une  dérivée  ^'(/).  Celle-ci  est  sommable  quand  on  la  considère  là  où 
elle  existe  et  l'on  a  (n»  265) 


^{i)=Çnt) 


dt. 


3o  En  tout  point  oii  <ï)'(/)  et  f'{t)  existent  et  où  ^'{t)  est  fini  et  différent 
de  0,  F'(tf)  existe  aussi  et  Von  a 

<ï,'(^)  =  F'(<p)cp'(<). 

Dans  la  démonstration,  supposons,  pour  fixer  les  idées,  tp'(^)  positif. 
Alors  les  différences  correspondantes  A/  et  A(p  tendent  vers  0  en  restant 
de  même  signe,  et  A(f)  passe  par  toutes  les  valeurs  intermédiaires  en 
même  temps  que  A/,  c'est-à-dire  que  A<p  tend  arbitrairement  vers  0 
avec  A^.  Considérons  le  quotient 

A$_  AF(cp)  A^ 

~Kt~    Acp      At* 

Quand  A^  tend  vers  0,  Aa>  :  A/  et  A^  ;  A^  ont  des  limites,  la  seconde 


INTEGRATION  PAR  SUBSTITUTION  281 


finie  et  différente  de  0.  Il  s'ensuit  que  le  troisième  rapport  AF  :  A<p 
tend  aussi  vers  une  limite  déterminée  (finie  ou  infinie),  donc  que  la 
dérivée  F'(cp)  existe  et  est  égale  au  quotient  des  deux  autres  limites 
<ï>'(0  et  f'{i),  ce  qui  revient  à  la  relation  écrite  plus  haut. 

4"  Si  /{x)  est  bornée  dans  [a,  b),   <ï>'(^)  s'annule  en  même  temps  que  '^'(t). 

C'est  ce  qui  résulte  de  l'application  du  théorème  de  la  moyenne  à 
l'intégrale 

A(i)  =  r     f{x)dx. 

5"  Si  f{x)  est  bornée,  on  a  (voir  2°) 

$(^)  =  (%\t)  dt  =  fF'((p)  cp'(/)  dt, 

k  h 

l'intégrale  s'étendant  à  tous  les  points  où  f'{i)  existe  et  à  condition  de  rem- 
placer F'(cp)  par  un  nombre  fixe,  par  exemple  i,  aux  points  où  cette  dernière 
dérivée  n'existerait  pas. 

En  effet,  avec  cette  convention,  on  a  presque  partout,  en  vertu  du  3" 
si  cp'(/)  n'est  pas  nul  et  du  4°  si  ^'{t)  est  nul, 

$'(^)  =  F'(cp)T'W. 

Si  l'on  désigne  par  a  l'intervalle  d'intégration  et  par  AaO(/)  la  difté- 
rence  de  ^  dans  a,  on  aura  donc,  avec  la  même  convention, 

A„$(^)=rF'(<F)TWrf^ 

résultat  que  nous  utiliserons  tout  à  l'heure. 

268.  Théorème.  —  Soit  f{t)  une  fonction  absolument  continue  dans  un  inter- 
valle (to,  T).  Faisons  parcourir  à  t,  entre  ces  limites,  un  ensemble  Ft  de  me- 
sure non  nulle  ;  si  le  point  x  =  uf{t)  varie  alors  dans  un  ensemble  E^c  de 
mesure  nulle,  la  dérivée  f'{t)  sera  nulle  presque  partout  dans  E^. 

Soit/(4:)  une  fonction  égale  à  i  dans  E;r  et  à  0  en  dehors.  Il  suffit 
de  prouver  la  formule 


car,  puisque/(;»;)  est  égale  à  i  dans  E/  et  à  0  ailleurs,  cette  formule 
revient  à  suivante  : 


\fV)\dt=0, 

qui  entraîne  le  théorème  énoncé.  Proposons-nous  donc  de  démontrer 
cette  formule. 

Soit  e  un  nombre  positif  arbitraire.  Donnons-nous  une  suite  illimitée 
positive 

Ei  +  e^H l-e«  +  -  <«. 


282  CHAPITRE  VII.  INTÉGRALE  DE  LEBESGUE 

Ensuite  à  chaque  terme  £«  de  cette  suite,  faisons  correspondre  une 
fonction  F,i{x),  non  négative  et  <  e« ,  définie  comme  il  suit  : 

Puisque  Rx  est  de  mesure  nulle,  nous  pouvons  l'enfermer  (au  sens 
étroit)  dans  une  infinité  dénombrable  d'intervalles  n'empiétant  pas  et 
dont  la  somme  des  longueurs  est  <  e„.  Cela  fait,  Fn{x)  sera,  par  défi- 
nition, la  somme  des  longueurs  des  intervalles  et  (éventuellement)  por- 
tion des  intervalles  précédents  qui  sont  à  gauche  du  point  ;tr.  D'après 
cela,  Fnix)  est  bien  une  fonction  non  négative  et  <  en.  Elle  est  non 
décroissante,  absolument  continue,  à  nombres  dérivés  compris 
entre  0  et  i  (non  exclus)  et  elle  a/(x)  ==  i  pour  dérivée  dans  Fx,  c'est- 
à-dire  partout  o\xf{x)  n'est  pas  nul. 

Soit  P  l'ensemble  des  points  de  {t^,  T)  où  a>'(^)  est  >  0,  N  celui  où 
f'(/)  est  <  0.  L'équation  à  démontrer  revient  évidemment  aux  deux 
suivantes  : 

f /(?)  I  t'(0  I  ^^=  0,         [/(cp)  I  cp'(0  I  ^/  =  0. 

Comme  elles  se  démontrent  de  la  même  façon,  il  suffit  de  prouver 
la  première. 

A  cet  eftet,  enfermons  l'ensemble  P  dans  une  infinité  dénombrable 
d'intervalles  a,,  a,...  a^,...  n'empiétant  pas  et  dont  la  somme  Sa  soit 
suffisamment  voisine  de  mV  pour  que  l'on  ait,  dans  l'ensemble  CP 
complémentaire  de  P  par  rapport  aux  a, 


l 


T'(0  \dt<z, 


/CP 

ce  qui  est  possible  puisque  f'  est  sommable  (n"  265).  Posons 

<D„(0  =  F„[cp(0]; 

et  formons  la  somme  des  différences  de  <ï>i  dans  ai,  de  <I>2  dans  ag,  etc., 
c'est-à-dire 

2   Aa    <ï.„(^). 

Ces  différences  sont  respectivement  de  valeur  absolue  inférieure 
à  £1,  à  H,---  à  En,...  (puisque  leurs  deux  termes  sont  de  mêmes  signes 
et  moindres  que  ces  limites),  donc  on  a 

2  Aa(ï>„(;)|<£i  + £2 +  ...<£. 

Désig^nons  maintenant  par  F'(^),  non  une  véritable  dérivée,  mais 
une  fonction  égale  à  Fi(<f)  dans  ai,  à  F2(<p)  dans  a2  et,  en  général,  à 
F„(cp)  dans  a^  quand  ces  dérivées  existent,  et  à  i  dans  le  cas  contraire. 
Comme  les  F^,  cette  fonction  sera  comprise  entre  0  et  i  (non  exclus) 
et  égale  à/(cp)  partout  oùy(tp)  n'est  pas  nul.  On  aura,  en  utilisant  la 
remarque  5"  du  n^  267, 


INTÉGRATION  PAR  SUBSTITUTION  283 


et  l'inégalité  précédente  peut  s'écrire 

'{t) dt\  <t. 


i    f  F'(0?'( 


Mais,  en  réduisant  le  premier  membre  à  l'intégrale  suivante  qui  est 
à  éléments  positifs  (ou  nuls) 


i 


F'{t)<f'{l)dt, 
p 

on  commet  une  erreur  de  valeur  absolue  moindre  que 

f     \f'{t)\dt<e, 

JCP 

car  F'(^)  ne  peut  surpasser  l'unité.  Il  vient  donc 


I 


F'(/)  (p'C/)  dt  <  26. 
■'p 

Donc  la  mesure  de  l'ensemble  des  points  de  P  où  la  fonction  positive 

F'{t)<f'{t) 

surpasse  un  nombre  positif  w,  est  <  e  :  w  ;  et  cela  est  vrai  a  fortiori 
pour  la  mesure  (extérieure)  de  l'ensemble  des  points  de  P  où  la  fonction 

/(T)?W 
surpasse  w,  car  /((p)  est  nul  ou  égal  à  F'(/).   Donc,  s  étant  arbitraire, 
ce  nouvel  ensemble  est  de  mesure  nulle  quel  que  soit  w,  et  l'on  a 


i 


/(cp)cp'(0^/=0. 


269.  Règle  d'intégration  par  substitution.  —  Soit  f{x)  une  fonction 
finie  et  sommable  dans  l'intervalle  {a,  b)  ;  ensuite  x  =  cp(^)  une  fonction  de  t 
absolument  continue  et  qui  varie  de  Xq  =  œ(/o)  à  X  =  f  (T),  sans  sortir  de 
l'intervalle  {a,  b),  quand  t  varie  de  t^  à  T,  on  aura 


ç^f{x)dx=  r/(<p)cp'(<)rf^ 

^^0  J^o 


l'intégrale  s' étendant  seulement  aux  points  où.  cp'  existe,  c'est-à-dire  presque  tous. 
Posons 

FW=  {''f{x)dx,        (D(0  =  F[«>W]. 

Supposons  d'abord /(;r)  bornée  dans  (a,  b).  Alors  on  a,  par  la  remar- 
que 5»  du  n"  267, 

^{t)=  {'F<{^)^\t)di, 

en  remplaçant  F'(<p)  par  i  aux  points  où  F'  n'existerait  pas.  Je  dis,  ce 
qui  prouvera  la  proposition,  que  l'on  peut  remplacer  dans  cette 
intégrale  F'('f)  par/(<ï>). 


284  CHAPITRE  VII.  INTEGRALE  DE  LEBESGUE 


On  sait,  en  effet,  que  ¥'{x)  ne  diffère  de/{x)  que  dans  un  ensemble 
Ex  de  mesure  nulle.  Soit  E/  l'ensemble  des  points  t  pour  lesquels 
x  =  <f{t)  appartient  à  Ex.  Si  E^  est  de  mesure  nulle,  la  substitution  de 
/à  F'  ne  modifie  pas  l'intégrale.  Elle  ne  la  modifie  pas  non  plus  si 
Ei  n'est  pas  de  mesure  nulle,  car  alors,  en  vertu  du  théorème  précé- 
dent, (f'{t)  est  nul  presque  partout  dans  E/,  et  la  quantité  à  intégrer 
n'est  encore  modifiée  par  cette  substitution  que  dans  un  ensemble  de 
mesure  nulle. 

Considérons,  en  second  lieu,  le  cas  oùf{x)  n'est  pas  bornée.  D'ail- 
leurs,/étant  toujours  la  différence  de  deux  fonctions  non  négatives, 
nous  pouvons  raisonner  sur  une  fonction /positive. 

Soit/n(^)  une  fonction  bornée  auxiliaire,  égale  3l/(x)  si /^  m  et  à  « 
si/  >  «.  Pour  celle-ci,  on  a,  sans  difficulté  par  la  démonstration  précé- 
dente, 

Je  dis  qu'on  obtient  la  formule  à  démontrer,  par  un  passage  à  la 
limite,  en  faisant  tendre  n  vers  l'infini.  En  effet,  l'intégrale  de/»  (x)  tend 
vers  celle  de/(;tr)  supposé  sommable,  et  l'intégrale  de  /n(«f)  «p'(0  vers 
celle  de/(œ)  <f{i),  pourvu  que  cette  fonction  soit  sommable  (n"  25o,  V) 
et  c'est  ce  qu'il  est  facile  de  vérifier. 

En  effet,  dans  l'ensemble  où  cp'(/)  n'est  pas  nul,  on  a  presque  par 
tout  (no  267,  3») 

et,  par  suite,  aussi 

W)=/(<p)tW, 

puisque  F'{f)  se  confond  avec/((p)  pour  presque  tous  les  tp,  donc  auss- 
pour  presque  tous  les  t  n'annulant  pas  f'  (Théorème  précédent). 

D'autre  part,  dans  l'ensemble  où  <f'  est  nul,  on  a,  puisque /est  fini 
et  le  second  membre  nul, 

\ni)\>\/{'?)<f'{t)\. 

En  définitive,  cette  inégalité  a  lieu  presque  partout,  puisqu'elle  est 
encore  exacte  dans  le  cas  précédent.  On  en  conclut  que,  son  premier 
membre  étant  sommable,  le  second  l'est  à  fortiori. 

Remarque.  Sif{x)  toujours  sommable,  n'était  pas  finie,  mais  deve- 
nait infinie  dans  un  ensemble  de  mesure  nulle,  la  démonstration 
précédente  prouverait  seulement  que  l'on  a  (/étant  positif) 


1    /{x)  dx==(    lim/„  (cp)  cp'(0  dt. 


La  formule  d'intégration  par  substitution  subsistera  donc  encore,  à 
condition  de  considérer  le  produit /(cp)  cp'(/)  comme  s'annulant  avec 
<f'(0  même  aux  points  où /(tp)  serait  infini.  Cette  circonstance  peut 
évidemment  se  présenter  dans  un  ensemble  de  mesure  non  nulle. 


DÉRIVÉE  SECONDE  GÉNÉRALISÉE.  SA  PRIMITIVE  285 

§  4.  Théorèmes  sur  la  dérivée  seconde  généralisée. 
Recherche  de  sa  fonction  primitive  (*). 

270.  Dérivée  seconde  généralisée.  —  Soit  F{x)  une  fonction  conti- 
nue. Posons 

A2F  =  F{x  +  A)  +  F{x  —  h)  —  2¥{x). 

Quand  h  tend  vers  0,  le  quotient  A*F  :  h^  a  une  plus  grande  et  une 
plus  petite  limites  (finies  ou  infinies).  Nous  les  appellerons  les  dérivées 
secondes  généralisées  supérieure  et  inférieure  de  ¥{x)  au  point  x.  Si  elles  sont 
égales,  leur  valeur  commune  est  la  dérivée  seconde  généralisée  de  F(;«:)  en 
ce  point  et  cette  dérivée  est  alors  unique. 

L'existence  d'une  dérivée  seconde  généralisée  unique  n'entraîne  pas 
celle  de  la  dérivée  seconde  au  sens  ordinaire.  Par  contre,  la  dérivée 
seconde  généralisée  est  unique  et  coïncide  avec  la  dérivée  seconde  ordinaire  en 
tout  point  où,  celle-ci  existe.  C'est  là  un  cas  particulier  du  théorème  suivant: 

Théorème.  —  Si  F{x)  admet  au  point  x  une  dérivée  première  ¥'{x)  con- 
timue  en  ce  point,  les  dérivées  secondes  généralisées  supérieure  et  inférieure 
sont  intermédiaires  eutre  les  quatre  nombres  dérivés  du  premier  ordre  de  F'{x) 
au  même  point. 

Ecrivons,  en  eôet, 

A2F  =  f  ' [¥'{x  +  0  —  y\x  —  t)]  dt, 


.'O 


A2F       r*  2tdt 


h^   ~"  L     A2 


r 


■¥'{x  +  t)—¥'{x  —  t)- 

2t 


dt. 


Quand  h,  et  t  avec  lui,  tendent  vers  0,  le  crochet  dans  la  dernière 
intégrale  a  pour  limites  d'indétermination  des  mo3''ennes  entre  les 
nombres  dérivés  à  droite  ou  à  gauche  de  ¥\x)  au  point  x.  Le  théorème 
énoncé  résulte  donc  de  l'application  du  théorème  de  la  moyenne  à 
cette  intégrale. 

Nous  allons  établir  maintenant  sur  les  dérivées  secondes  généralisées 
quelques  théorèmes  fondamentaux,  analogues  à  ceux  que  nous  avons 
exposés  au  chapitre  I«r  sur  les  nombres  dérivés  du  premier  ordre,  et 
sur  lesquels  nous  nous  appuierons  pour  déterminer  la  fonction 
primitive. 

271.  Théorème  I.  —  Si  une  fonction  ¥{x)  possède  une  dérivée  seconde  généra- 
lisée supérieure  positive  (donc  non  nulle)  en  tout  point  intérieur  à  l'inter- 
valle (a,  b),  alors,  dans  cet  intervalle,  tout  arc  de  la  courbe  y  =  ¥{x)  est 
situé  au-dessous  de  sa  corde.  Au  contraire,  il  serait  au-dessus,  st  la  dérivée  se- 
conde inférieure  était  négative. 


(*)  Sur  l'Unicité  du  développement  trigouométrique,  par  Ch-J.  de  la  Vallée  Pous- 
sin, Bulletin  de  T  Académie  royale  de  Belgique  (Classe  des  Science),  1912. 


286  CHAPITRE  VII.  INTEGRALE  DE  LEBESGUE 

Il  suffit  de  démontrer  la  première  partie  de  l'énoncé  qui  suppose  la 
dérivée  seconde  généralisée  supérieure  positive.  Soient  AMB  un  arc 
quelconque  de  la  courbe  et  AB  sa  corde.  Supposons,  par  impossible, 
que  cet  arc  soit  en  totalité  ou  en  partie  au-dessus  de  AB.  La  courbe 
étant  continue,  il  existe  au  moins  un  point  de  la  courbe  au-dessus  de 
AB  tel  que  sa  distance  à  AB  soit  la  plus  grande  possible,  mais  il  peut 
y  en  avoir  plusieurs. 

Soit  M  celui  de  ces  points  dont  l'abcisse  x  est  la  plus  grande  pos- 
sible ;  soient  M'  et  M"  deux  autres  points  de  la  courbe  d'abscisses 
X  —  h  e\.  X  -\-  h.  Désignons  par  w  un  nombre  positif  plus  petit  que  la 
dérivée  seconde  généralisée  supérieure  au  point  x  et  prenons,  ce  qui 
est  alors  possible,  h  positif  assez  petit  pour  satisfaire  à  la  condition 

A2F       V{x-\-h)  —  ¥{x)        ¥{x  —  h)-¥{x) 
h  h  —  h 

Cette  inégalité  exprime  que  le  coefficient  angulaire  de  MM"  est  plus 
grand  que  celui  de  M' M  ou  que  l'angle  M'MM"  a  son  sommet  tourné 
vers  le  bas,  c'est-à-dire  vers  la  corde  AB.  Or  ceci  est  impossible,  car, 
en  ce  cas,  un  au  moins  des  deux  côtés  de  cet  angle,  MM'  ou  MM", 
serait  au-dessus  de  la  parallèle  menée  par  M  à  AB  et  l'un  des  deux 
points  M'  ou  M"  serait  plus  loin  que  M  de  AB. 

272,  Théorème  II.  —  Soit  ¥{x)  une  fonction  continue  dans  un  inter- 
valle. Si  l'on  peut,  sans  sortir  de  cet  intervalle,  inscrire  dans  la  courbe  y  =  V{x) 
une  corde  AB  située  en  totalité  ou  en  partie  au-dessous  (au-dessus)  de  l'arc 
sous- tendu  AMB,  l'ensemble  E  des  points  où  la  dérivée  seconde  généralisée 
supérieure  (inférieure)  de  F{x)  est  négative  (positive),  ne  peut  être  de  mesure 
nulle,  à  moins  que  cette  dérivée  généralisée  ne  soit  infinie  négative  (positive)  en 
un  point  au  moins  à  l'intérieur  de  l'intervalle  considéré. 

Supposons  E  de  mesure  nulle  ou  même,  par  impossible,  inexistant  ; 
nous  allons  montrer  que  la  dérivée  seconde  généralisée  supérieure  sera 
infinie  négative,  au  moins  en  un  point,  si  l'arc  AMB  passe  au-dessus 
de  sa  corde. 

Construisons,  comme  dans  la  remarque  du  n»  14,  une  fonction  ^[x) 
infinement  petite,  continue,  non  décroissante  et  douée  d'une  dérivée 
première  infinie  positive  en  tout  point  de  E  (supposé  existant).  Alors 
la  fonction,  infiniment  petite  aussi, 


r 


ifix)  dx 


possède  une  dérivée  seconde  infinie  positive  en  tout  point  de  E  ;  et  d'ail- 
leurs ses  dérivées  secondes  généralisées  ne  sont  négatives  nulle  part. 

Donnons-nous  maintenant  une  constante  positive  e  infiniment  petite 
et  construisons  la  courbe,  infiniment  voisine  dejy  =  F(Ar), 

^-2 


rx  x^ 

^  =  F(;i;}-fJ    '^{x)dx^t~ 


DÉRIVÉE  SECONDE  GÉNÉRALISÉE.  SA  PRIMITIVE  287 

Si,  par  impossible,  E  était  inexistant,  on  supprimerait  cette  intégrale. 

Cette  courbe  possède  un  arc  infiniment  voisin  de  AMB,  donc, 
comme  lui,  en  totalité  ou  en  partie  au-dessus  de  sa  corde.  Il  en  résulte 
que  la  dérivée  seconde  généralisée  supérieure  de  la  fonction 

F,{x)  =  F{x)+  [%{x)dx  +  z^ 

ne  peut  êti-e  positive  pour  tous  les  points  intérieurs  à  l'intervalle 
considéré,  en  vertu  du  théorème  précédent.  Mais  elle  ne  peut  cesser 
de  l'être  que  dans  E,  et  encore  à  condition  que  F  ait  sa  dérivée  seconde 
généralisée  infinie,  ce  qui  prouve  l'existence  de  E  et  le  théorème. 

On  déduit  de  là  le  théorème  suivant,  qui  fait  connaître  dans  quelle 
mesure  une  fonction  est  déterminée  par  une  de  ses  dérivées  secondes 
généralisées. 

273.  Théorème  III.  —  Deux  fonctions  continues,  V\{x)  et  Yi{x),  dont 
les  dérivées  secondes  généralisées  supérieures  sont  :  1°  finies  dans  tout  l'inter- 
valle {a,  b)  et  2°  égales,  sauf  peut-être  dans  un  ensemble  E  de  mesure  nulle, 
ne  Peuvent  différer  que  par  une  fonction  linéaire  dans  cet  intervalle. 

Une  dérivée  seconde  généralisée  supérieure  étant  une  plus  grande 
limite,  celle  d'une  différence  vaut  au  moins  la  différence  de  celles 
de  chaque  terme.  Il  suit  de  là  que  les  deux  fonctions  : 

¥,{x)-¥.{x),        ¥.Ax)-¥,{x), 

ont  leurs  dérivées  secondes  généralisées  supérieures  non  négatives  sauf 
dansE,  donc  partout,  car  les  points  de  E  ne  peuvent  faire  exception  en 
vertu  du  théorème  précédent.  Dans  ce  cas,  en  vertu  du  théorème  I 
(no  271),  aucune  des  deux  courbes  : 

_y=Fi(;»;)  — F2(^),        y^¥i{x)  —  ¥i{x), 

ne  peut  passer  au-dessus  d'une  de  ses  cordes  et,  comme  elles  sont 
symétriques  par  rapport  à  l'axe  des  ;*;,  elles  doivent  se  confondre  avec 
leurs  cordes.  Ce. sont  donc  des  droites  et  (Fi  —  Fo)  est  une  fonction 
linéaire. 

Corollaire.  (Théorème  généralisé  de  Schwarz).  —  Une  fonction 
continue  dont  la  dérivée  seconde  généralisée  supérieure  (inférieure)  est  finie 
partout  et  nulle  presque  partout  dans  un  intervalle,  est  une  fonction  linéaire. 

274.  Condition  (K).  —  Pour  aller  au. delà  des  résultats  précédents, 
il  faut  assigner  à  F(-r)  une  condition  nouvelle,  tenant  la  place  de  celle 
de  continuité  pour  le  théorème  de  Scheeffer  (no  116).  Nous  l'appel- 
lerons la  condition  (K)  et  cette  condition  se  vérifiera  en  particulier 
partout  où  ¥{x)  aura  une  dérivée  première  unique  et  finie. 

Nous  dirons  donc  que  la  fonction  continue  ¥{x)  satisfait  à  la  condi- 
tion (K)  en  un  point  x,  si  l'on  peut  définir  deux  nombres  positifs  infini- 


288  CHAPITRE  VII.  INTÉGRALE  DE  LEBESGUE 

ment  petits  correspondants,  h  eik,  rendant  infinimentpetiteladifïérence 

V{x  +  h)~¥{x)        F(^  +  >^)  — F(;>r) 
h  k 

Nous  dirons  que  cette  condition  a  lieu  dans  un  ensemble  E  ou  à 
l'intérieur  d'un  intervalle,  si  elle  a  lieu  en  tout  point  appartenant  à 
l'ensemble  ou  intérieur  à  l'intervalle. 

Remarque.  —  11  peut  être  utile  d'observer  que,  si  l'on  prend  k^^h, 
la  différence  ci-dessus  est  égale  au  produit 

,    A2F 

Or  on  peut  faire  tendre  h  vers  0  de  manière  que  A^F  :  h^  tende  vers 
n'importe  quelle  valeur  assignée  intermédiaire  entre  les  deux  dérivées 
secondes  généralisées  de  F(;»;).  On  en  conclut  que  les  seuls  points  où  la 
condition  (K)  puisse  tomber  en  défaut  sont  ceux  où  la  dérivée  seconde  géné- 
ralisée de  V{x)  est  unique  et  infinie. 

275.  Théo"ème  IV.  —  Soit  ¥{x)  une  fonction  continue  dans  un  inter- 
valle {a,  b).  Supposons  qu'il  existe,  dans  cet  intervalle,  un  arc  de  la  courbe 
y  =  Y{x)  passant  au-dessus  (au-dessous)  de  sa  corde.  On  sait  (Théorème  II) 
quil  existe,  dans  ce  cas,  un  point  au  moins  dans  l'intérieur  de  {a,  b)  où  la 
dérivée  seconde  généralisée  supérieure  de  ¥{x)  est  négative  (positive).  Soit  E 
l'ensemble  de  tous  les  points  semblables  dans  l'intérieur  de  {a,  b).  Si  F{x) 
satisfait  à  la  condition  (K)  datis  E,  cet  ensemble  E  a,  dans  tous  les  cas,  la 
puissance  du  continu  et  contient  un  ensemble  parfait,  car  : 

10  Si  E  n'est  pas  de  mesure  uulle,  il  contient  un  ensemble  parfait  de  me- 
sure non  nulle  (*). 

2°  Si  E  est  de  mesure  nulle,  la  portion  de  E  où  ¥{x)  a  une  dérivée  se- 
conde généralisée  unique  et  infinie  négative  (positive),  a  déjà  la  puissance  du 
continu  et  contient  un  ensemble  parfait. 

11  suffit  de  prouver  le  2°  et  d'en  faire  la  démonstration  dans  l'hypo- 
thèse où  l'arc  passe  au-dessus  de  la  corde. 

A  cet  effet,  revenons  à  la  courbe,  infiniment  voisine  àey  =  F{x),  déjà 
considérée  dans  la  démonstration  du  théorème  II, 


y  =  V{x)  +  j    cf(;t)  dX']-t^^ 

Ja 


(*)  C'est  là  une  proposition  générale  sur  les  ensembles,  facile  à  vérifier. 
Soit  l'ensemble  E  contenu  dans  {a,  b)  et  de  mesure  2£.  Enfermons  son  com- 
plémentaire par  rapport  à  (a,  b)  dans  des  intervalles  a  de  manière  que  Sa 
soit  <  {b  —  a)  —  e  ;  l'ensemble  des  points  de  {a,  b)  non  intérieurs  aux  a  est 
parfait,  de  mesure  e  et  contenu  dans  E. 


DÉRIVÉE  SECONDE  GÉNÉRALISÉE.  S'A  PRIMITIVE  289 

et  pour  laquelle  il  existe  aussi  un  arc  AMB  situé  au-dessus  de  sa 
corde  AB.  Posons 


J  a  2 


La  fonction  Fi  a  sa  dérivée  seconde  généralisée  supérieure  positive 
et  >  e  en  tout  point  où  celle  de  Y{x)  n'est  pas  infinie  négative.  Donc 
celle-ci  doit  être  infinie  négative  en  tout  point  où  l'on  a  A^Fi  <;;  0  pour 
h  infiniment  petit,  et  nous  allons  d'abord  montrer  que  l'ensemble  Ei 
de  ces  points  a  la  puissance  du  continu. 

Soit,  au-dessus  de  AB,  M  le  point  de  l'arc  AMB  dont  la  distance  à 
AB  est  la  plus  grande  possible  et  qui  a  la  plus  grande  abscisse.  Nous 
aurons  en  ce  point,  pour  h  infiniment  petit, 

A2Fi^0, 

de  sorte  que  M  est  un  point  de  Ei  (donc  de  E)  et  la  condition  (K)  y 
est  vérifiée  pour  F  (et,  par  conséquent,  aussi  pour  Fi).  Menons  à  AB 
par  le  point  M  la  parallèle  MT  ;  ce  sera  la  tangente  à  la  courbe  AMB 
au  point  M,  en  convenant  d'appeler  ici  (par  extension)  tangente  une 
droite  qui  passe  par  M  sans  traverser  la  courbe  ;  et  il  ne  peut  pas  y  en 
avoir  deux,  car  elles  enfermeraient  la  courbe  dans  un  angle,  ce  qui 
est  contraire  à  la  condition  (K).  Cette  tangente  sera  d'ailleurs  tout 
entière  au-dessus  de  l'arc  AMB. 

Soit  maintenant  AB'  une  seconde  corde,  obtenue  en  faisant  tourner 
la  première  dans  le  sens  direct  autour  du  point  A,  d'ailleurs  sufiisam' 
ment  voisine  de  la  première  pour  qu'il  reste  encore  des  points  de  l'arc 
au-dessus  de  AB'.  Soit  M'  celui  de  ces  points  qui  est  à  la  distance  la 
plus  grande  de  AB'  et  qui  a  la  plus  grande  abscisse  ;  au  point  M'  la 
tangente  sera  parallèle  à  AB'  et  l'on  aura,  pour  h  infiniment  petit, 
A^Fi^o. 

A  chaque  corde  AB"  intermédiaire  entre  AB  et  AB',  correspond 
ainsi  un  point  M"  diftérent  (la  tangente  y  étant  difiérente)  où  A^Fi  ^  0. 
Donc  l'ensemble  Ei  des  points  où  cette  condition  a  lieu,  a,  comme 
nous  l'avons  annoncé,  la  puissance  du  continu. 

Nous  allons  montrer  maintenant  qu'il  contient  un  ensemble  parfait. 

Commençons  par  une  remarque  préalable.  Le  point  M'  que  nous 
avons  construit  est  à  gauche  du  point  M,  car  M,  étant  plus  éloigné  de 
AI3  que  les  points  de  la  courbe  situés  à  sa  droite,  est  aussi  plus  éloigné 
qu'eux  de  la  droite  AB'.  Cette  remarque  s'applique  pour  deux  cordes 
quelconques.  Soit  donc  0  l'inclinaison  d'une  corde  variable  AB",  le 
point  M"  correspondant  se  déplace  toujours  vers  la  gauche  quand  6 
augmente. 

Il  suit  de  là  que  le  point  M"  tend  vers  une  position  limite  [jl  quand  0 
tend  vers  0„  et  que  la  tangente  M  "T  tend,  en  même  temps,  vers  une  posi- 
tion limite  (xT  d'inclinaison  O^.  D'ailleurs,  la  tangente  variable  M"T 

19 


200  CHAPITRE  VII.  INTEGRALE  DE  LEBESGUE 


étant  au-dessus  de  l'arc  AMB,  sa  limite  [xT  l'est  aussi  et  la  condition 
A2Fi  <0  subsiste  au  point  [x.  Cette  condition  est  donc  réalisée  dans 
l'ensemble  décrit  par  le  point  M"  et  aux  points-limites  de  cet  ensemble, 
donc  dans  un  ensemble  fermé  qui,  ayant  la  puissance  du  continu, 
contient  un  ensemble  parfait  (no  6i). 

Corollaire,  —  Soit  ¥{x)  une  fonction  continue  dans  l'intervalle  {a,  b),  à 
Vintérieur  duquel  elle  vérifie  en  outre  la  condition  (K)  ,•  si  l'ensemble  E  des 
points  où,  une  dérivée  seconde  généralisée  de  V{x)  est  d'un  même  signe,  est  de 
mesure  nulle,  la  portion  de  E  oii  la  dérivée  seconde  généralisée  de  ¥{x)  est 
unique  et  itifinie,  a  la  puissance  du  continu  et  contient  un  ensemble  parfait. 

Soit  E  l'ensemble  des  points  oii  la  dérivée  considérée  a  le  même 
signe  qu'au  point  x,  par  exemple  le  signe  négatif  ;  A^F  sera  négatif 
pour  un  système  de  trois  points  x  —  h,  x  Qi  x  -\-  h  suffisamment  rap- 
prochés. Soient  M',  M  et  M"  les  points  correspondants  de  la  courbe  : 
le  point  M  sera  au-dessus  de  la  corde  M'M",  ce  qui  ramène  au  théo- 
rème précédent. 

276.  Théorème  V.  (Construction  de  la  primitive).  —  Soit  Vix)  une 
fonction  continue  dans  un  intervalle  {a,  b).  S'il  existe  une  fonction  f{x)  inter- 
médiaire entre  les  deux  dérivées  secondes  généralisées  de  F{x)  ou  égale  à  l'un^ 
des  deux,  laquelle  fonction  f{x)  soit  finie  et  sommable  dans  l'intervalle  [a,  b), 
on  aura,  dans  cet  intervalle, 

F(x)  ^\    dx  \  f{x)  dx  +  fonction  linéaire  de  x. 
En  effet,  construisons,  relativement  à  l'intégrale 

{"'f{x)dx, 

Ja 

les  deux  fonctions,  majorante  ^\{x),  et  minorante  f  2(^)>  du  théorème 
du  no  255.  Formons  alors  les  deux  fonctions  nouvelles  : 
Çx  Çx 

F(^')  —      ?2(^)  àx,        Yix)  —       ^y{x)  dx, 

Ja  Ja 

lesquelles  sont  infiniment  voisines  l'une  de  l'autre  et  comprennent 
entre  elles  la  fonction 


Y{x)-{yx{y{x)dx, 


qui  est  inférieure  à  la  première  et  supérieure  à  la  seconde.  Ces  trois 
fonctions  s'annulent  pour  x^^  a. 

Construisons,  entre  les  points  d'abscisses  a  et  è,  les  arcs  AMiBi, 
AMB,  AM2B2  des  trois  courbes  infiniment  voisines  : 


rx 
yx  =  F{x)  —       «P2(^)  dx, 

y  =  F{x)-   rdxrf{x)dx, 

Ja  Ja 

roc 
y%^F{x)—       ^i{x)dx. 


DERIVEE  SECONDE  GENERALISEE.  SA  PRIMITIVE  29I 

Nous  avonsj'i  >  y  >  y2,  et  les  trois  cordes  ABi,  AB,  AB2  sont  infini- 
ment voisines,  mais  AB  est  au-dessous  de  ABi  et  au-dessus  de  ABo. 

Rappelons  no  (255)  que  les  nombres  dérivés  des  fonctions  continues 
'fi{x)  et  fiix)  sont  respectivement  tous  >  f{x)  ou  tous  <f{x)  ;  il  en  ré- 
sulte, en  vertu  du  théorème  du  n"  270,  que  la  dérivée  seconde  généra- 
lisée supérieure  de_yi  sera  plus  grande  que  celle  de  F(;»;)  diminuée  de 
f{x)  et,  par  conséquent,  positive.  De  même,  la  dérivée  seconde  généra- 
lisée inférieure  àeyz  sera  négative. 

Appliquons  donc  le  théorème  I  ;  l'arc  AMiBi  est  au-dessous  de 
sa  corde  et  l'arc  AM2B2  est  au-dessus  de  la  sienne.  Donc  l'arc  inter- 
médiaire AMB  est  a  fortiori  comTpns  entre  les  deux  cordes  ABi  et  AB^. 

Ainsi  l'arc  AMB,  qui  est  invariable  et  compris  entre  deux  droites 
infiniment  voisines  de  la  droite  AB,  ne  peut  différer  de  cette  dernière 
droite.  Soitjv  =px  -\-  g  l'équation  de  cette  droite  ;  nous  avons  donc 

rx      çx 
Y{x)  —  ^    dx  \  f{x)  dx  =  px  -\-  g, 

ce  qui  prouve  le  théorème. 

277.  Théorème  VI.  — Si  la  fonction  /(x)  du  théorème  précédent  n'est 
Pas  finie  partout,  mais  devient  infinie  dans  un  ensemble  E,  la  conclusion  de 
ce  théorème  V  subsiste,  pourvu  gue  ¥{x)  satisfasse  à  la  condition  (K)  dans  l'in- 
térieur de  l'intervalle  [a,  b),  et  gue  l'ensemble  E  n'ait  pas  la  puissance  du 
continu,  ou  encore  ne  contienne  pas  d'ensemble  parfait  (donc,  en  particulier, 
si  E  est  dénombrable). 

En  effet,  nos  conclusions  de  la  démonstration  précédente  touchant 
les  signes  dejvi  et  deyz  ne  pourraient  tomber  en  défaut  que  dans 
l'ensemble  E.  Mais,  en  vertu  du  théorème  IV,  cela  ne  peut  modifier 
la  situation  relative  des  arcs  et  des  cordes  considérés  dans  la  démons- 
tration. Donc  les  conclusions  subsistent. 

278.  Remarque.  —  Si  les  hypothèses  de  l'un  des  deux  théorèmes 
précédents  ont  lieu,  il  en  résulte  que  F(;ir)  aura  partout  une  dérivée 
première  continue  et  presque  partout  une  dérivée  seconde,  à  savoir 
respectivement 


F'(^) 


rf{x)dx  +  p,       ¥"ix)^/{x). 


CHAPITRE  VIII. 

Formules  fondamentales  de  la  théorie  des  courbes  planes. 


§  1 .  Tangente  et  normale  aux  courbes  planes. 

279.  Représentation  analytique  d'une  courbe  plane.  —  En  premier 
lieu,  une  courbe  plane  peut  être  considérée  comme  le  lieu  des 
points  du  plan  dont  les  coordonnées  cartésiennes  x  et  y  sont 
liées  par  une  équation 

(1)  F(.v,  y)^^0. 

Nous  appellerons  point  ordinaire  de  la  courbe,  tout  point  où 
les  deux  dérivées  partielles  F!^  et  F^  sont  continues  et  ne  s'an- 
nulent pas  simultanément.  Les  autres  points  de  la  courbe  sont 
des  points  sing-uliers  ;  nous  les  supposerons,  s'il  en  existe, 
isolés  les  uns  des  autres. 

Dans  le  voisinage  d'un  point  ordinaire  où  F|^  n'est  pas  nul, 
l'équation  (1)  définit  une  fonction  implicite  y  de  x  (n°  169)  ;  on 
peut  donc  résoudre  l'équation  (1)  par  rapport  à  y  et  la  ramener, 
au  moins  implicitement,  à  la  forme 

(2)  y  =  f{x), 

la  fonction  f{x)  ayant,  suivant  les  principes  de  dérivation  des 
fonctions  imj)licites,  une  dérivée  continue  —  F^  :  F^ 

Si  F'  s'annulait  en  un  point  ordinaire,  F^  ne  s'annulerait  x^as  ; 
la  résolution  de  l'équation  pourrait  se  faire  par  rapport  à  x 
considérée  comme  fonction  de  y  et  l'on  aurait  une  conclusion 
analogue  à  la  précédente. 

Nous  mettrons  le  plus  souvent  l'équation  de  la  courbe  sous  la 
forme  (2).  Nous  supposerons  alors  l'existence  ou  la  continuité 
des  dérivées  de  f{x)  jusqu'à  un  certain  ordre  qui  sera  indiqué 
dans  chaque  cas  particulier.  Nos  formules  s'étendront  aux 
équations  de  la  forme  (1),  en  vertu  des  règles  de  dérivation  des 


TANGENTE  ET  NORMALE  298 

fonctions  implicites,  à  condition  de  nous  borner  aux  points  or- 
dinaires de  la  courbe  et  de  supposer  l'existence  ou  la  continuité 
des  dérivées  partielles  de  F  jusqu'à  l'ordre  requis  pour  les  déri- 
vées de  f. 

En  second  lieu,  on  peut  considérer  une  courbe  plane  comme 
le  lieu  des  positions  successives  d'un  point  mobile.  On  est  alors 
conduit  à  exprimer  les  coordonnées  x  et  y  de  ce  point  en  fonc- 
tions continues  d'un  paramètre  variable  t.  La  courbe  est  alors 
définie  par  deux  équations 

(3)  X  =  <p(0,       y  =  Wl 

et  l'on  dit  que  ces  formules  fournissent  une  représentation  para- 
métrique de  la  courbe.  Quand  nous  ferons  usage  de  cette  repré- 
sentation, nous  supposerons  que  les  fonctions  ;p  et  (}^  sont  conti- 
nues ainsi  que  toutes  leurs  dérivées  jusqu'à  un  certain  ordre. 

Nous  appellerons  points  ordinaires  de  la  courbe,  ceux  où  l'une 
au  moins  des  deux  dérivées  cp'(f)  ou  <\i'(t)  est  différente  de  0. 

En  supposant  que  t  devienne  égal  à  x,  on  reviendra,  comme 
cas  particulier,  du  mode  de  représentation  (3)  au  mode  de  repré- 
sentation (2). 

Une  courbe  étant  donnée  sous  la  forme  (3),  il  suffit  d'éliminer 
t  pour  mettre  son  équation  sous  la  forme  (1).  L'élimination 
pourra  toujours  se  faire  si  l'une  des  deux  équations  est  réso- 
luble par  rapport  à  t,  car  il  suffira,  cette  résolution  faite,  de 
porter  la  valeur  de  t  dans  l'autre  équation.  C'est  ce  qui  a  tou- 
jours lieu  en  un  point  ordinaire. 

280.  Tangente  en  coordonnées  cartésiennes.  —  Considérons  d'abord 
une  courbe  plane,  rapportée  à  des  axes  rectangulaires  ou  obli- 
ques, et  dont  l'équation  soit  de  la  forme 

y  =  f{x), 
la  fonction  f{x)  ayant  une  dérivée  déterminée  et  finie. 

La  tangente  en  un  point  M  de  la  courbe  est,  comme  on  le  sait 
déjà  (n°  92),  la  limite  d'une  sécante  qui  passe  par  M  et  un  autre 
point  M'  de  la  courbe  qui  se  rapproche  indéfiniment  du  premier. 
Soient  x,  y  les  coordonnées  de  M,  .v  4-  ^x  et  j  4-  ^y  celles  de 
M'  ;  l'équation  de  la  sécante  sera,  en  coordonnées  courantes  5,  r[. 


294  CHAPITRE  VIIT.  COURBES  PLANES 

Faisons  tendre  le  point  M'  vers  M  ;  ^x  et  Ay  tendent  vers  0 
et  leur  quotient  vers  la  dérivée,  y',  de  y  par  rapport  à  x.  L'équa- 
tion de  la  tangente  au  point  M  sera  donc 

(5)  y\-y-y'{k-x). 

On  met  l'équation  de  la  tangente  sous  forme  symétrique  en 
remplaçant  y  par  dy  :  dx  dans  l'équation  (5)  ;  elle  devient  ainsi 

dx  dy    ' 

Cette  nouvelle  forme  est  indépendante  du  mode  de  représen- 
tation de  la  courbe. 

Supposons,  en  second  lieu,  que  l'équation  de  la  courbe  soit 
de  la  forme  plus  générale 

F(.x,  y)  =  0. 

Si  M  est  un  point  ordinaire,  une  des  deux  dérivées  F'^  ou  F^^ 
par  exemple  F'  est  différente  de  zéro.  On  peut,  en  vertu  de 
l'équation  précédente,  considérer  y  comme  fonction  de  x,  et 
l'on  trouve,  en  dérivant  totalement  l'équation, 

F'   4-  r'F'  =0. 

Remplaçant  y'  par  sa  valeur  —  F!^  :  F' ,  l'équation  (5)  devient 

(7)  (^-x)¥'^  +  {r,-y)Fl=0. 

Cette  forme  de  l'équation  de  la  tangente  est  également  symé- 
trique en  X  et  en  y.  Elle  donne  lieu  au  théorème  suivant  : 

En  tout  point  ordinaire  d'une  courbe  V{x,  y)  —  0,  existe  une 
tangente  unique  et  bien  déterminée.  Son  équation  s'obtient  en 
différentiant  totalement  celle  de  la  courbe  et  en  remplaçant  dx 
par  l  —  X  et  dy  par  7\  —  y. 

On  remarquera  que  l'équation  (7)  devient  illusoire  en  un 
point  singulier,  car  F^  et  F'  s'annulent  à  la  fois  et  l'équation 
devient  identique. 

Considérons  maintenant  une  représentation  paramétrique 

oc  =  fit),       y^Ht)> 
et  cherchons  la  tangente  en  un  point  ordinaire  M  de  cette  courbe. 
L'équation  de  la  sécante  MM'  est 

k  —  x^  Tj  —  y 
ùkX  ày 


TANGENTE  ET  NORMALE  ûqS 


Divisons  les  dénominateurs  par  l'accroissement  ù^t  qu'il  faut 
donner  au  paramètre  pour  passer  de  M  à  M'  ;  faisons  tendre  àt 
vers  0,  donc  M'  vers  M,  et  passons  à  la  limite.  Les  quotients 
Ax  :  Af  et  Ay  :  A^  tendent  vers  les  dérivées  supposées  existantes, 
x'  et  y',  de  x  et  de  y  par  rapport  à  t.  L'équation  de  la  tangente 
sera  donc,  puisque  ^c'  et  y'  ne  sont  pas  nuls  tous  deux, 

W  "^^^~y~' 

281.  Normale  en  coordonnées  rectangulaires.  —  La  normale  en 
un  point  M  de  la  courbe  est  la  perpendiculaire  à  la  tangente  en 
ce  point.  Supposons  les  axes  rectangulaires.  Alors  les  coeffi- 
cients angulaires  de  la  tangente  et  de  la  normale  sont  inverses 
et  de  signes  contraires.  On  peut  donner  à  l'équation  de  la  nor- 
male diverses  formes  correspondant  à  celles  de  la  tangente. 

La  première  correspond  à  l'équation  (6)  et  est  indépendante 
du  mode  de  représentation  de  la  courbe,  c'est 

(9)  (i  -  x)  dx  +  (yi  -  y)  dy  =  0. 

Si  l'on  considère  y  comme  une  fonction  de  .v  ayant  pour  dé- 
rivée y',  l'équation  de  la  normale,  sous  la  forme  qui  correspond 
à  (5),  sera 


(10)  r,-y 


v 


Si  la  courbe  a  pour  équation  F(*'^''  Y)  =  0,  celle  de  la  normale 
en  un  point  ordinaire  x,  y  sera 

(11)  L- ?=  !iz;y. 

-fa?  i  V 

Enfin,  si  a*  et  y  sont  considérés  comme  fonctions  de  t,  l'équa- 
tion de  la  normale,  sous  la  forme  qui  correspond  à  (8),  sera 

(12)  {l-x)x'-v{n-y)y  =  o. 

282.  Calcul  de  quelques  segments  remarquables.  —  Certains  seg- 
ments, définis  au  moyen  de  la  tangente  et  de  la  normale,  se 
rencontrent  naturellement  dans  l'étude  des  courbes  planes  ; 
nous  les  calculerons  d'abord  dans  l'hypothèse  d'une  rcf)rcsenla- 
tioji  paramétrique,  c'est-à-dire  en  considérant  vY  et  y  comme 
fonctions  de  i. 


296  CHAPITRE  VIII.  COURBES  PLANES 

La  sous-tangente  Sf  est  le  segment  PT  de  l'axe  des  x  (fig.  4), 
y  compté  avec  un  signe  déterminé  du 

pied  de  l'ordonnée  du  point  M  jus- 
qu'au point  où  la  tangente  coupe 
l'axe  des  x.  Les  sens  positifs  et 
négatifs  sont  les  mêmes  que  pour 
^  P  T      X    les   abscisses.    La    sous-tangente 

Fig.  4-  s'obtient  donc  en  faisant  yi  =  0  dans 

l'équation  (8)  de  la  tangente  et  en  tirant  de  là  la  valeur  de  i  —  x. 
Il  vient  ainsi  (en  coordonnées  rectangulaires  ou  obliques) 


(13)  S,  = 


yx 


r 

La  sous-normale  S„  se  définit  par  rapjjort  à  la  normale  comme 
Si  par  rapport  à  la  tangente.  C'est  le  segment  PN  dans  la  figure. 
Sa  valeur  s'obtient  en  posant  7^  =  0  dans  l'équation  (12)  et  en 
tirant  de  là  la  valeur  de  i  —  ^.11  vient  (en  coordonnées  rectan- 
gulaires) : 

(14)  ®»=^- 

Les  longueurs  T  et  1^  de  la  tangente  et  de  la  normale  sont  les 
longueurs  absolues  MT  et  MN,  comprises  sur  ces  droites  entre 
la  courbe  et  l'axe  des  ^c.  On  a  donc  (en  coordonnées  rectangu- 
laires) : 

(  T  =  Vs!  +  r'-=  ±  Z-  V^''  +  r'% 

(15)  ^ 

[   N  =  VS^  -f  y^^  ±  |r  V^'^  -l-  y"- 

La  distance  P  de  l'origine  à  la  tangente  se  tire  de  l'équation 
de  cette  droite  par  un  principe  bien  connu  de  géométrie  analy- 
tique. On  conclut  de  l'équation  (8)  (en  coordonnées  rectangu- 
laires )  : 

(16)  P  =  ±  "ÙC^riJ^ 

Si,  au  lieu  de  considérer  x  et  y  comme  fonctions  de  t,  on 
considère  y  comme  fonction  de  x,  il  faut  faire  ^c'  =  i  dans  les 
formules  précédentes.  On  trouve  les  expressions  plus  simples  : 

(    S.  =  -  ^,       S„  =  yy\  T  ==  dz  ^^T+V', 

(17)  ^         ^    , 

^  Vi  +  y 


TANGENTE  ET  NORMALE  207 


283.  Applications  (coordonnées  rectangulaires).  —  I.  Parabole  : 
y2  =  2/35C.  Considérant  y  comme  fonction  de  x,  on  a  yy'  =  p. 
On  trouve  donc 

Tangente  :  -r^y  =  p(ç  +  x)  ; 
Normale  :  {^  —  x)  y  -{-  {■f\  —  y)  p  ^  0. 

Les  formules  (17)  donnent  ensuite  : 


s,  =-^  =  2.Y,     ^„  =  p,     T  =  '-\'p'+y\    N  =  Vp'+r'- 

Donc,  dans  la  parabole,  la  sous-normale  est  constante. 

x^       y2 
II.  Ellipse  :  -^  +  ^^1.  On  trouve  : 

Tangente  :||  +  |^-  =  i; 

Normale  :  ^— ^  =3^  — 5^  ^  c^. 
X       y 

On  se  sert  aussi  de  la  représentation  paramétrique  : 

X  =^  a  cos  t,        y  =  b  sin  t. 

On  trouve,  par  les  formules  (13),  (14),  (15)  et  (16)  : 

b' 


S(  -  a  sin  t  tg  t,     S»  = cos  t,     T  =  tg  f  \/a^  sinH  -\-  b'^co^H, 

a 


a  '  \Ja^ sinH+b^cosH 

d'où  PN  =  b'. 

x^      v^ 

III.  Hyperbole  :— t  — t:^  =  i-  On  trouve  : 

a^       o^ 

Tangente  :  ^-j[  ^  i|; 

Normale  :  ^+  -^  =  a^  +  6^  =  c^. 
X       y 

IV.  Logarithmique  :  y  =^  ae^^^.  La  sous-tangente  est  constante. 
On  trouve,  en  effet,  par  la  première  des  formules  (17), 

s,  =--!-. 

m 

V.  Cycloide.  —  La  cycloïde  (fig.  5)  est  décrite  par  un  point 
M  de  la  circonférence  d'un  cercle  de  rayon  a  qui  roule  sans 
glisser  sur  une  droite  fixe  OX.  Prenons  cette  droite  pour  axe 


(18) 


298  CHAPITRE  VIII.  COURBES  PLANES 

des  .V,  pour  axe  des  y  la  perpejtidiculaire  menée  par  le  point 

Y  décrivant  au  moment  où 

-°  il  se  trouve  sur  OX.  Con- 

sidérons une  autre  posi- 
tion du  cercle  générateur. 
Soit  OA  la  quantité  dont 
"p  X    Iti  point  de  contact  s'est 

Fig.  5.  déplacé  sur  l'axe  des   ^c. 

D'après  la  définition  du  roulement,  il  s'est  déplacé  de  la  même 
quantité  sur  le  cercle.  Donc  l'arc  AM  entre  le  point  de  contact 
et  le  point  décrivant  est  égal  à  AO.  Cela  posé,  soit  t  l'angle 
variable  des  rayons  CA  et  CM.  Exprimons  x  et  y  en  l'onction 
de  t.  Nous  avons  OA  -=  AM  =  at  ;  d'où 

X  ==  OA  —  MQ  -=  a(f  —  sin  t), 
3.  =  AC  —  QC  =  a(i  —  cos  t). 

Ces  équations  fournissent  une  représentation  paramétrique 
de  la  cycloïde.  Elles  montrent  que  la  cycloïde  se  compose  d'une 
suite  illimitée  d'arcades  égales,  situées  au-dessus  de  OX,  aj^ant 
respectivement  pour  hauteur  le  diamètre  2a,  et  pour  base  la 
circonférence  237:  du  cercle  générateur. 

Nous  avons,  dans  le  cas  actuel, 

x'  =  a  (i  —  cos  t)  =  y,        y'  =  a  sin  t, 
et  la  valeur  de  la  sous-normale  s'en  déduit  : 

Sn  =  ^^  =  y'  =  a  sin  t. 

X 

Donc  S„  est  égale  à  la  projection  du  rayon  MC  sur  l'axe  des 
X  et,  par  conséquent,  la  normale  passe  par  le  point  de  contact 
du  cercle  générateur  avec  cet  axe. 

284.  Podaire  d'une  courbe  plane.  —  On  appelle  podaire  d'une 
courbe  par  rapport  à  un  point  O  le  lieu  géométrique  du  pied  de 
la  perpendiculaire  abaissée  de  ce  point  sur  la  tangente. 

Supposons  que  la  courbe  ait  pour  équation  F{x,  y)  =  0.  Pour 
trouver  celle  de  la  podaire  par  rapport  à  l'origine,  il  faut 
éliminer  x  et  y  entre  l'équation  de  la  courbe  et  les  deux 
suivantes  : 

(E  -  x)  f;  +  (.^  -  y)  f;  =  0,      ^F',  -  tif;  =.  o, 


TANGENTE  ET  NORMALE  299 

qui  sont  celles  de  la  tangente  et  de  la  perpendiculaire  abaissée 
de  l'origine  sur  la  tangente.  La  relation  qui  en  résulte  entre  Ç 
et  71  est  l'équation  de  la  podaire. 

Exemple.  Les  courbes  de  Lamé  ou  courbes  triangulaires  symétriques  ont 
pour  équation 


^aj    ^\J>, 

Les  équations  de  la  tangente  et  de  la  perpendiculaire  issue  de  l'ori- 
gine sont  : 


On  tire  de  la  seconde,  par  les  propriétés  des  fractions  égales, 

m  m         m—i 

iar+Kir°lar+(i)"J 

L'élimination  de  x  et  y  est  donc  immédiate.  La  podaire  par  rapport 
à  l'origine  a  pour  équation 

m  m  m 

L'ellipse  et  l'hyperbole  en  particulier,  qui  ont  pour  équations  : 
x^       y^  x^       y^  

auront  pour  podaires  par  rapport  au  centre  : 

(f2  +  Ti2)2  =  (a$)2  +  {bri)\        ($2  +  ri2)2  =  (a^^2  -  [b-ny^, 

car  on  passe  de  l'ellipse  à  l'hyperbole  par  le  changement  de  b  en  bi. 
Si  l'hyperbole  est  équilatère,  a  =  b  ;  sa  podaire  devient 

($2  +  Ti2)2  =-  a2  ($2  —  Tj2). 

C'est  une  lemniscate  de  Bernoulli,  dont  l'équation  en  coordonnées 
polaires  est  r-  =  a^  cos  26. 

285.  Coordonnées  polaires.  —  Soient  r  et  8  le  rayon  vecteur  et 
l'argument  d'un  point  du  plan  ;  une  courbe  plane  peut  aussi 
être  définie  par  une  relation, 

F(r,  9)  ^  0, 
entre  les  coordonnées  d'un  quelconque  de  ses  points.  Nous  sup- 
poserons généralement  que  cette  équation  peut  être  résolue  par 
rapport  à  r.  L'équation  de  la  courbe  prend  alors  la  forme 


300  CHAPITRE  VIII.  COURBES  PLANES 


Nous  supposerons  /"(G)  dérivable  et  nous  désignerons  sa  déri- 
vée par  r'. 

Soient  r  et  G  les  coordonnées  d'un  point  particulier  M  de  la 

courbe  (fig.  6).  Menons  la  tangente  en 
ce  point.  Abaissons  du  pôle  la  perpen- 
diculaire OP  sur  la  tangente.  Soient  p 
la  longueur  de  cette  droite  et  a  l'angle 
qu'elle  fait  avec  l'axe  OX.  L'équation 
de  la  tangente,  en  coordonnées  cou- 
rantes p,  T,  sera 

p  cos  (t  —  a)  ==  p. 

Tl  s'agit  de  déterminer  a  et  p.  La  tangente  passant  par  les 
points  (r,  9)  et  (r  -f  dr,  9  +  d9),  on  a  les  deux  équations  : 

r  cos  (9  —  a)  ==  p,         d.  r  cos  (9  —  a)  =  0. 

On  tire  de  la  seconde,  divisée  par  c?9  ; 

tg(9-a)  =  -^; 
d'où 

cos(T-a)_cos[(T-9)4-(9-a)]  r'    .    ,       ,. 

ir^^9-lô ^o^l^-V) cos(T-9)--sm(T-9). 

L'équation  de  la  tangente  au  point  (r,  9)  devient  donc,  par 
l'élimination  de  a  et  p, 

(19)  -  =  cos  (t  —  9)  —  —  sin  (x  —  9). 

Soit  (a  l'angle  du  rayon  vecteur  OM  avec  la  tangente  menée 
dans  le  sens  où  9  va  en  croissant.  Cet  angle  est  le  complémen- 
taire de  (9  —  a).  Comme  il  est  compris  entre  0  et  7t,  il  est  com- 
plètement déterminé  par  la  formule 

(20)  tg|x  =  ^. 

La  sous-tangente  S^  et  la  sous-normale  S]^  en  coordonnées 
polaires  sont  les  valeurs  algébriques  des  segments  OT  et  ON 
(fig.  6)  compris,  sur  la  normale  au  rayon  vecteur,  entre  le  pôle 
et  la  tangente  ou  la  normale.  On  a 

(21)  ^t--Ç,         S^,^r'. 


TANGENTE  ET  NORMALE  3oi 

Les  segments  ainsi  calculés  auront  le  signe  de  tg[x.  On  voit 
facilement  qu'ils  seront  positifs  ou  négatifs,  suivant  qu'il  faut 
faire  tourner  le  rayon  OM  d'un  angle  droit  dans  le  sens  positif 
ou  dans  le  sens  négatif  pour  l'amener  dans  la  direction  de  ON. 

La  tangente  T'  et  la  normale  N'  en  coordonnées  polaires  sont 
les  portions  MT  et  MN  de  la  tangente  et  de  la  normale  comprises 
entre  le  point  M  et  la  perpendiculaire  NOT  menée  par  l'origine 
au  raj^on  vecteur.  Leurs  expressions,  qui  doivent  être  prises 
positivement,  sont 


r 


(22)  T'  =  — =  -VV^'  +  ^^       N'  =  -v— =V^'+^". 
^     '  cos  [f.      r  sm  [Ji       ^ 

La  perpendiculaire  abaissée  du  pôle  sur  la  tangente  a  pour 
longueur  p  et  pour  inclinaison  a  ;  on  a 


p  -^  r  cos  (0  —  a) 
(23) 


r- 


\Jr^  -fr'*' 


r 
z  =  6  —  arc  te  — . 
^  r 

En  éliminant  8  entre  les  deux  équations  p  ==  p  et  t  =  a,  où  les 
seconds  membres  seront  exprimés  en  fonctions  de  9,  on  obtien- 
dra, entre  p  et  t,  l'équation  de  la  podaire  de  la  courbe  par  rapport 
au  pôle. 

Applications.  —  I.  Spirale  d' Archimède  :  r  =^  a^.  On  a 

n  '  t 

Donc,  dans  la  spirale  d'Archimède,  la  sous-normale  polaire  est  con- 
stante et  la  sous-tangente  au  point  {r,  6)  a  même  longueur  qu'un  arc 
de  cercle  de  rayon  r  et  d'ouverture  8.  En  particulier,  la  sous-tangente 
au  premier  point  où  la  spirale  recoupe  l'axe  polaire  a  même  longueur 
que  la  circonférence  décrite  avec  le  rayon  vecteur  de  ce  point 
(Archimède). 

II.  Spirale  logarithmique  :  r  =  ae"*^-  On  a 

r'  =  mr,  tg  fx  =  ^,  S]  = -^^  ,  S'^^mr^ 

p  =  -  a  =  0  —  ;x. 

Vi  +  m'' 

Donc  :  i"  La  spirale  logarithmique  coupe  le  rayon  vecteur  sous  un 
angle  constant  u.  ;  2"  les  points  T  et  N  (fig.  6)  décrivent  des  spirales 


302  CHAPITRE  VIII.  COURBES  PLANES 

semblables  à  la  proposée  ;  3°  la  podaiie  a  pour  équation 

V'i  +  m"_ 
et  c'est  aussi  une  spirale  semblable  à  la  proposée. 

Exercices. 

1.  Tangente,  normale  et  segments  correspondants  pour  l'hyperbole 
rapportée  à  ses  asymptotes  :  xy  ==  a^. 

2.  Dans  un  cercle  de  rayon  a,  on  mène  un  diamètre  00'  et  la  tan- 
gente à  l'une  des  extrémités  O'.  Par  l'autre  extrémité  O,  on  mène  une 
sécante  quelconque  coupant  le  cercle  en  P  et  la  tangente  en  Q.  On 
retranche  de  OQ  un  segment  QM  égal  à  OP.  Le  lieu  du  point  M  est 
une  cissotde  de  Diodes.  Trouver  son  équation,  latangente,  la  normale,  etc. 

R.  On  prend  O  comme  pôle,  OO'  comme  axe  polaire.  L'équation 
est,  en  coordonnées  polaires, 

r  ==  2a  (sec  6  —  cos  6)  : 
et,  en  coordonnées  cartésiennes, 

^2  _.^3  .  (2fl  —  x). 

3.  Un  cercle  de  rayon  a  roule  sur  une  droite  OX  ;  un  point  fixé  à  ce 
cercle  décrit  une  cycloïde  allongée  s'il  est  intérieur  au  cercle,  une  cycloïde 
raccourcie  s'il  est  extérieur.  Trouver  les  équations  de  ces  courbes,  la 
tangente,  la  normale,  etc. 

R.  Conservons  les  notations  du  n»  283  (V).  Soit,  en  plus,  h  la  dis- 
tance du  point  décrivant  au  centre  du  cercle.  On  a 

X  ^^  at  —  h  sin  /.        y  =  a  —  h  cos  t. 

La  normale  à  la  courbe  passe  encore  par  le  point  de  contact  du 
cercle  et  de  la  droite. 

4.  Un  cercle  de  rayon  b  roule  extérieurement  sur  un  cercle  de  rayon 
a.  On  considère  trois  points.  M,  M'  et  M",  fixés  au  cercle  mobile,  le 
premier  sur  la  circonférence,  le  second  dans  l'intérieur,  le  troisième  à 
l'extérieur  du  cercle.  Le  point  M  décrit  une  épicycloïde,  le  point  M'  une 
épicycloïde  allongée,  le  point  M"  une  épicycloïde  raccourcie.  Trouver  les 
équations  de  ces  courbes,  la  tangente,  la  normale,  etc. 

R.  Prenons  pour  origine  le  centre  du  cercle  fixe,  pour  axe  des  x  le 
diamètre  passant  par  le  point  décrivant  au  moment  où  il  est  le  plus 
près  du  centre  fixe.  Soient  h  la  distance  du  point  décrivant  au  centre 
mobile  et  t  l'angle  dont  a  tourné  le  rayon  vecteur  mené  du  centre  fixe 
au  point  de  contact.  On  aura 

x  =  {a-{-  b)  cos  i  —  h  cos  f   -  -r —  t  j, 
y  ^  {a  -\-b)  smt  —  h  sin  f  — r —  t  j- 
La  normale  passe  par  le  point  de  contact  des  deux  cercles. 


LONGUEUR  d'un  ARC.  INCLINAISON  DE  LA  TANGENTE      3o3 

5.  Même  problème,  le  roulement  se  faisant  intérieurement.  Les 
courbes  sont  alors  des  hypocycloïdes. 

R.  Leurs  équations  s'obtiennent  en  changeant  dans  les  précédentes 
^  en  —  h  eib  en  —  b.  On  a 

l    X  =  {a  —  b)  cos  i  +  h  cos  '  — 7 —  t  j, 
I   y  —  {<*  —  ^)  sin  t  —  h  sin  f  — - —  t  )• 

6.  La  cardioïde  (courbe  en  forme  de  cœur)  est  l'épicycloïde  engendrée 
par  le  roulement  de  deux  cercles  de  même  rayon  a.  Si  l'on  prend  pour 
pôle  le  point  décrivant  au  moment  où  il  coïncide  avec  le  point  de  con- 
tact, l'équation  de  la  courbe  est,  en  coordonnées  polaires, 

r  =  2a{i  — cos  6). 

Déterminer  les  éléments  de  cette  courbe  et  sa  podaire. 
R.  On  trouve 

|j.  =  a  =  — ,  b'=ytg— ,          b'=2asmO, 

2  f  2  " 

6  .6  e 

T' ==  r  :  cos  — ,  N' =  y  :  sin  — ,  P  =  rs\n.—. 

2  22 

La  podaire  a  pour  équation 

p  =  4a  sin^  T. 

7.  Podaire  d'une  circonférence  de  rayon  a  par  rapport  à  un  point 
de  la  courbe. 

R.  La  courbe  est  une  cardioïde  (Exercice  précédent). 

8.  Podaires  de  la  parabole  par  rapport  :  1°  au  foyer  ;  2°  au  sommet. 
R.  La  première  est  la  tangente  au  sommet  ;  la  seconde  une  cissoïde 

(Exercice  2). 

§  2"  Longueur  d'un  arc  de  courbe  plane. 
Inclinaison  de  la  tangente. 

286.  Longueur  d'un  arc  de  courbe  plane.  —  Considérons  une 
courbe 

y  =  f(x), 

rapportée  à  des  axes  rectangulaires.  La  longueur  s  d'un  arc 
compris  entre  les  points  dont  les  coordonnées  sont  x  =^  a, 
y  =  f{a)  et  X  =  b.  y  =  f{b),  est,  par  définition,  la  limite  du 
périmètre  d'un  polygone  inscrit,  dont  les  sommets  se  suivent 
dans  un  sens  déterminé,  lorsque  le  nombre  des  côtés  augmente 
indéfiniment  et  que  chacun  des  côtés  tend  vers  zéro. 


3o4  CHAPITRE  VIII.  COURBES  PLANES 

Xous  allons  montrer,  en  admettant  que  f{x)  a  une  dérivée 
continue  f'{x),  que  cette  limite  est  déterminée  et  s'exprime  par 
une  intégrale  définie. 

Prenons,  à  cet  effet,  sur  l'arc  considéré,  n  -\-  i  points  (y  com- 
pris ses  extrémités)  et  désignons  les  coordonnées  de  l'un  quel- 
conque d'entre  eux  par  Xt  et  yi,  de  sorte  que,  les  abscisses  étant 
numérotées  par  ordre  de  grandeur,  Xi  et  y^  seront  les  coordon- 
nées a  et  /"(a)  de  l'origine,  Xn+i  et  yn+i  les  coordonnées  b  et  f{b) 
de  l'extrémité. 

Inscrivons  le  polygone  qui  a  ces  (n  +  i)  points  pour  sommets. 
Le  côté  Ci  qui  joint  (xt,  yt)  à  (oCe-|-i,  yi+i)  a  pour  mesure 


Ci  =  \J{Xi+i  —  XiY  -\-  {yi+i  —  yi)K 

Mais  la  formule  des  accroissements  finis  donne,  li  étant  inter- 
médiaire entre  a.',  et  Xi^i , 

Xi+i  —  Xi  -  f\U)  {Xi+,  —  Xi). 
11  vient  donc 


a  -:={Xi+,-Xi)\/i+f'{^iY. 

Lorsque  les  côtés  du  polygone  tendent  vers  zéro,  les  diffé- 
rences Xi+i  —  Xi  tendent  aussi  vers  zéro.  11  vient 

n  n 

S  -=-  limS  Q  =  lim  E  (a^ï+i  —  Xi)\/i  -\-  f\ki)'. 

C'ette  limite  est,  par  définition  (n^'  220),  une  intégrale  définie  ; 
nous  avons  donc,  en  définitive. 


s  -^  {^dxsji  -f  f'{xf. 

Ja 


L'opération  qui  consiste  à  calculer  la  longueur  d'un  arc  s'ap- 
pelle rectification.  Nous  reviendrons  sur  ce  problème  au  cha- 
pitre X  et  nous  en  donnerons  des  exemples. 

287.  Dérivée  et  difiFérentielle  d'un  arc  de  courbe.  —  Considérons 
maintenant,  sur  la  courbe 

y  -  A-v), 

un  arc  variable  s,  compté  depuis  une  origine  fixe  x  =  a,  y  =  f{a) 
jusqu'à  une  extréjnité  mobile  x,  y.  Cet  arc  sera  mesuré  par 
l'intégrale 

(1)  rdxsjYTTlxY-  rvîTr^ 

Ja  Ja 


LONGUEUR  d'un  ARC.  INCLINAISON  DE  LA  TANGENTE     3o5 

Nous  avons  établi  cette  formule  en  regardants  comme  essen- 
tiellement positif,  nous  avons  implicitement  supposé  3C  >  a  et 
le  radical  pris  positivement.  Mais,  pour  la  généralité  de  la  for- 
mule, il  convient  de  considérer  s  comme  susceptible  d'un  dou- 
ble signe,  suivant  le  sens  dans  lequel  on  compte  cet  arc. 

Nous  conviendrons  de  prendre  le  radical  positivement  dans 
la  formule  (1),  de  sorte  que  s  sera  positif  pour  x  >  a  et  négatif 
pour  X  <  a.  Cela  revient  à  regarder  l'arc  comme  positif  dans  le 
sens  où  X  croît  et  comme  négatif  dans  le  sens  contraire.  Si  l'on 
prenait  le  radical  négativement,  la  conclusion  serait  inverse. 

Dérivons  la  formule  (1),  il  vient 

(2)      s'  =  ^  =  Vi  +r'S        ds^^dxsji-hy"; 
et,  en  remarquant  que  dy  =  y'dx, 


(3)  ds  =  s/dx^  +  dyK 

Considérons  une  représentation  paramétrique  de  la  courbe, 
X  =  (f>{t),  y  =  <\i{t)  ;  soient  ^c'  et  y'  les  dérivées  de  ;x;  et  de  j  par 
rapport  à  t  ;  d'où  dx  ==  x'dt,  dy  =  y'dt  ;  il  vient 


(4)  ds  =  dt\/x"  +y'K 

Nous  conviendrons  de  prendre  ce  radical  positivement,  c'est-à- 
dire  de  considérer  s  comme  croissant  dans  le  même  sens  que  t. 
Enfin  on  passe  facilement  des  coordonnées  rectangulaires 
aux  coordonnées  polaires  par  les  relations  x^  r  cos  9,  y  =  r  sin  0, 
d'où 

dx  =  dr  cos  9  —  r  sin  9  d9,       dy  =■  dr  sin  9  -1-  r  cos  9  d9. 
On  trouve  ainsi,  r'  désignant  la  dérivée  dr  :  d9. 


(5)  ds  =  V^^*  +  r^d^^  =  dh  \Jr^  +  r'«. 

(6)  ^  =  y7M^rpr. 

Nous  conviendrons  de  prendre  ce  dernier  radical  positive- 
ment, c'est-à-dire  de  considérer  s  comme  croissant  dans  le  même 
sens  que  9. 

288.  Théorème.  —  Le  rapport  d'un  arc  infiniment  petit  à  sa 
corde  a  pour  limite  l'unité 

En  effet,  soient  As  la  longueur  de  l'arc,  ^x  et  Ay  les  diffé- 
rences des  coordonnées  des  extrémités.  La  corde  c  a  pour  nie- 

20 


3o6  CHAPITRE  VIII.  COURBES  PLANES 


sure  V^^^  +  ^y^'  Ces  quantités  tendant  vers  zéro,  on  a  donc 

A« 

,.     As      -.  Ajc  s' 

lim  —  ==  hm  =  _^____  ^  j^ 

289.  Inclinaison  de  tangente.  —  Soit  (p  l'angle  de  la  tangente  à 
la  courbe  y  =  f{x)  avec  l'axe  de  x.  Les  axes  étant  rectangu- 
laires, le  coefficient  angulaire  de  la  tangente  est  égal  à  tg  (p.  Il 
vient  donc 

On  en  déduit  (la  tangente  étant  menée  dans  le  sens  où  x  et  s 
croissent  simultanément) 


I 


^'^^f'^7Î7=f=^=fr  =  ~^T,         sin^- 


y      _y 


Vi  -h  r"     *  '     VI  +  r"     ^ 

Remplaçons  y'  et  s'  par  rfy  :  dx  et  ds  :  dx  ;  nous  tirons  des 
relations  précédentes  les  formules  très  employées 

(8)  dx  =  ds  cos  (f,        dy  =  ds  sin  (p. 

Ces  deux  dernières  formules  supposent  seulement  la  tangente 
menée  dans  la  direction  où  s  va  en  croissant. 

§  3.  Sens  de  la  concavité  (*). 
Points  d'inflexion  des  courbes  planes. 

290.  Sens  de  la  concavité.  —  Soient  y  =  f(x)  l'équation  d'une 
courbe  en  axes  rectangulaires  ou  obliques,  et  M  un  point  de  la 

courbe  où  la  tangente  MT  n'est 
pas  parallèle  à  l'axe  des  y 
(fig.  7).  Si  la  courbe  ne  tra- 
verse pas  sa  tangente  au  point 
M,  elle  sera,  au  deçà  et  au  delà 
du  point  M,  située  du  même 
Fig.  7.  côté  de   la  tangente   MT   (au 

moins  dans  le  voisinage  du  point  M).  On  dit  que  la  courbe 
tourne,  au  point  M,  sa  concavité  du  côté  des  y  positifs  ou  du 


(*)  Les  théorèmes  du  §  4  du  chapitre  VIII  fournisseut  une  généralisation 
des  résultats  ici  obtenus. 


SENS  DE  LA  CONCAVITÉ.  POINTS  d'iNFLEXION  807 


côté  des  y  négatifs,  suivant  que  la  courbe  se  trouve  par  rapport 
à  la  tangente  du  côté  des  y  positifs  ou  du  côté  des  /  négatifs. 

Supposons  les  dérivées  des  deux  premiers  ordres,  f'{x)  et  f'\x), 
déterminées  et  continues  dans  le  voisinage  du  point  M  ;  nous 
aurons  le  théorème  suivant  : 

La  courbe  y  =  f{x)  tourne  sa  concavité  du  côté  des  y  positifs 
ou  du  côté  des  y^  négatifs,  suivant  que  la  dérivée  seconde,  f"{x), 
est  positive  ou  négative  au  point  considéré. 

En  effet,  l'un  ou  l'autre  de  ces  deux  cas  se  présente  suivant 
que  l'ordonnée  de  la  courbe  est  plus  grande  que  l'ordonnée  de 
la  tangente  ou  plus  petite  que  cette  ordonnée  dans  le  voisinage 
du  point  M  (aussi  bien  au  deçà  qu'au  delà  de  ce  point).  Donnons 
à  .V  un  accroissement  positif  ou  négatif  Ax  =  dx.  L'accroisse- 
ment de  l'ordonnée  de  la  courbe  sera  Ay,  l'accroissement  cor- 
respondant de  l'ordonnée  de  la  tangente  sera  dy  (n*'  94)-  1^^  sens 
de  la  concavité  dépend  donc  du  signe  de  la  différence 

^y  —  dy; 

elle  sera  du  côté  des  y  positifs  si  cette  différence  est  ])ositive, 
du  côté  des  y  négatifs  si  cette  différence  est  négative  (le  signe 
de  dx  devant  rester  arbitraire).  Mais  la  formule  de  Taylor 
(n°  117)  nous  donne 

^y  -  dy  4--^-  (rf^r),+,,^,  =  dy  +  l  f"{x  4-  Mx)  dx\ 

Si  f"(x)  n'est  pas  nul,  f"{x  -f  ^dx)  sera  du  signe  de  f"{x)  à 
condition  que  dx  soit  suffisamment  petit  ;  ensuite  dx-  est  essen- 
tiellement positif.  Donc  Ay  —  dy  sera  du  même  signe  que  f"{x). 
La  courbe  sera  située  au-dessus  ou  au-dessous  de  sa  tangente, 
de  part  et  d'autre  du  point  M,  selon  que  t"{x)  sera  >  0  ou  <  0. 

291.  Points  d'inflexion.  —  Par  définition,  ce  sont  ceux  où  la 
courbe  y  =  f{x)  traverse  sa  tangente  (*).  Si  la  dérivée  f'ix) 
existe,  un  tel  point  ne  peut  se  rencontrer,  en  vertu  du  théorème 
précédent,  que  si  f"{x)  =^  0.  Donc  les  abaisses  des  points  d'in- 
flexion sont  racines  de  l'équation  f''{x)  =  0, 


(*)  Dans  la  théorie  de  eourbes  algébriques,  on  définit  ordinairement 
les  points  d'inllexion  par  la  condition  f"  {x)  =^  0  elle-même.  Les  deux  défi- 
tions  ne  sont  pas  eipiivalentes. 


3o8  CHAPITRE  VIII.  COURBES  PLANES 

Ainsi,  pour  trouver  les  points  d'inflexion,  on  cherchera  les 
racines  de  cette  équation.  Mais  toute  racine  ne  donne  pas  un 
point  d'inflexion.  Pour  qu'un  point  M  où  la  tangente  n'est  pas 
parallèle  à  l'axe  des  y  soit  un  point  d'inflexion,  il  faut  que 
l'ordonnée  de  la  tangente  MT  surpasse  celle  de  la  courbe  d'un 
côté  du  point  M  et  que  l'inverse  ait  lieu  de  l'autre  côté.  Il  faut 
donc  que  ^y —  dy  change  de  signe  avec  dx. 

Les  dérivées  première  et  seconde  étant  supposées  continues, 
on  a 

^y  —  dy  = f  {x-\-  Mx). 

Pour  que  x  soit  l'abscisse  d'un  point  d'inflexion,  il  faut  que 
f'{x  +  ôdoc)  change  de  signe  avec  dx.  De  là,  le  théorème  sui- 
vant :  Les  points  d'inflexion  de  la  courbe  y  =  f{x)  sont  ceux  où 
f"{x)  change  de  signe, 

Supposons  qu'une  valeur  x  annule  f"{x)  et  toutes  les  dérivées 
suivantes  jusqu'à  l'ordre  n  exclusivement  :  la  formule  de  Tay- 
lor  donnera 

Ay  _  dy  :=  ^  f^")  {x  +  Mx), 

La  dérivée  n^^^^  a  maintenant  un  signe  indépendant  de  celui 
de  dx  supposé  suffisamment  petit.  Les  changements  de  signes 
dépendent  donc  uniquement  du  facteur  dx"-.  Celui-ci  ne  change 
de  signe  avec  dx  que  si  n  est  impair.  De  là,  la  règle  suivante  : 
Pour  qu'une  racine  de  f"{x)  donne  un  point  d'inflexion,  il  faut 
que  la  première  des  dérivées  d'ordre  supérieur  au  second  qui  ne 
s'annule  pas  en  même  temps  que  f"{x),  soit  d'ordre  impair. 

§  4.  Courbure  et  développée  d'une  courbe  plane. 

292.  Courbure.  —  Considérons  une  courbe  ayant  pour  équation 

y  =  f{x) 

et  supposons  que  f{x)  ait  des  dérivées  continues  des  deux  pre- 
miers ordres.  Soit  MM'  un  arc  de  courbe  tel  que  la  direction 
de  la  tangente  varie  toujours  dans  le  même  sens  lorsque  le 
point  de  contact  se  déplace  de  M  en  M'.  Considérons  les  deux 
tangentes  MT  et  M'T'  menées  à  ses  deux  extrémités  dans  le 
même  sens.  On  appelle  courbure  de  l'arc  l'angle  des  deux  tan- 


COURBURE  ET  DÉVELOPPÉE  SOQ 

gentes  extrêmes  ;  courbure  moyenne,  le  rapport  de  cet  angle  à 
la  longueur  de  l'arc  ;  courbure  au  point  M,  la  limite  vers  laquelle 
tend  la  courbure  moyenne  quand  le  point  M'  se  rapproche 
indéfiniment  du  point  M. 

Désignons  par  As  et  Acp  les  accroissements  de  la  longueur  de 
l'arc  et  de  l'inclinaison  de  la  tangente  quand  on  passe  du  point 
M  au  point  M'.  La  courbure  de  l'arc  MM'  sera  A^,  sa  courbure 
moyenne  Atp  :  As  et  sa  courbure  au  point  M 

as      as 

Nous  remarquerons,  pour  commencer,  le  théorème  suivant  : 
Dans  un  cercle  de  rayon  R,  la  courbure  est  la  même  en  chaque 
point  et  égale  à  i  :  R. 

En  effet,  l'angle  au  centre  correspondant  à  l'arc  MM'  est  le 
même  angle  A^  que  celui  des  tangentes  extrêmes  ;  donc  la  lon- 
gueur As  de  l'arc  MM'  est  R  A(p.  La  courbure  moyenne  est,  par 
conséquent,  égale  à  i  :  R,  quel  que  soit  l'arc  MM'.  Passant  à  la 
limite,  on  voit  que  la  courbure  sera  aussi  égale  à  i  :  R  en 
chaque  point. 

293.  Rayon  de  courbiure.  —  La  courbure  étant  uniforme  dans 
le  cercle,  il  est  naturel  de  comparer  les  autres  courbes  à  un 
cercle  sous  le  rapport  de  la  courbure.  On  appelle  rayon  de  cour- 
bure d'une  courbe  au  point  M,  le  rayon  du  cercle  qui  a  même 
courbure  que  la  courbe  en  ce  point.  Comme,  dans  le  cercle,  le 
rayon  est  l'inverse  de  la  courbure,  on  a  le  théorème  suivant  : 

Le  rayon  de  courbure  d'une  courbe  quelconque  au  point  M 
est  égal  à  l'inverse  de  la  courbure  en  ce  point. 

Le  rayon  de  courbure  se  désigne  par  R,  on  a  donc 

(^)  «  =  !• 

Supposons  les  axes  rectangulaires.  Les  accents  désignant  des 
dérivées  par  rapport  à  x,  on  a  (n°  289)  f  =^  arc  tg  y'  ;  d'où,  en 
dérivant, 

I! 


(8)  ,j  -    y 

D'autre  part,  on  sait  (n°  287)  que 


f  l^y'^' 


(3)  s'  =  vi+r". 


3lO  CHAPITRE  VIII.  COURBES  PLANES 


Substituant  ces  valeurs,  il  vient 

(4)  B„*    4=<^+r> 


df      <»'  y" 

Cette  formule  comporte  l'extraction  d'une  racine  carrée.  On 
convient  de  considérer  R  comme  essentiellement  positif  et  l'on 
choisit  en  conséquence  le  signe  du  radical.  Ce  signe  doit  être 
celui  de  y",  ce  sera  donc  -f  ou  —  selon  que  la  courbe  tourne  sa 
concavité  du  côté  des  y  positifs  ou  du  côté  des  y  négatifs  (n''  290). 

On  remarque  qu'en  un  point  d'inflexion  où  y"  est  nul,  le 
rayon  de  courbure  devient  infini. 

294.  Cercle  osculateur  ou  de  courbure.  — Le  cercle  osculateiir  en 
un  point  M  d'une  courbe  plane  est  la  limite  d'un  cercle  })assant 
par  le  point  M  et  deux  autres  points  M'  et  M"  de  la  courbe  qui  se 
rapprochent  indéfiniment  du  premier. 

Supposons  encore  que  la  courbe  ait  pour  équation  en  coor- 
données rectangulaires 

y  =  fix)> 
f{x)  ayant  des  dérivées  continues  des  deux  premiers  ordres. 

Soient  x,  x^  et  Xg  les  abscisses  des  points  M,  M'  et  M",  a  et  (â 
les  coordonnées  du  centre,  et  R  le  rayon  du  cercle  qui  passe  par 
ces  trois  points.  Posons,  y  désignant  la  fonction  f(x)  et  a,  ^  et 
R  des  constantes, 

(5)  F{x)  ==  (.X  -  ay  +  (y  -  ^y  -  UK 

Les  équations  qui  expriment  que  les  trois  points  M,  M'  et 
M"  sont  sur  le  cercle  sont  : 

F(^)  =  0,        F{x,)  -  0,         F{x^)  =  0. 

Mais  alors,  en  vertu  du  théorème  de  Rolle,  F'{x)  a  une  ra- 
cine ç  entre  x  et  x^  et  une  autre  racine  ^'  entre  .Xj  et  oCg.  Pour  la 
même  raison,  ¥"(x)  a  une  racine  ^1  entre  ^  et  ^'.  Les  éléments 
a,  p  et  R  du  cercle  passant  par  M,  M'  et  M"  vérifient  donc  les 
trois  équations  : 

F{x)  ^  0,         F'(^)  =  0,         F"(iO  =  0. 
Passons  à  la  limite.  Quand  ;v,  et  x^  tendent  vers  x,  il  en  est 
de  même  de  ^  et  Ç,.  Les  éléments  a,  (3  et  R  du  cercle  osculateur 
sont  donc  déterminés  par  les  trois  équations  : 

(6^)         F(.r)-=0,         F'(a:)  =  0,        F"(a;)  -  0. 


1 
COURBURE  ET  DÉVELOPPÉE  3ll 


En  les  développant,  il  vient 

(6»»)  (^-a)  +  (r-P)r'  =  0, 

Ces  équations  fournissent  des  valeurs  déterminées  pour  les 
éléments  du  cercle  osculateur,  pourvu  que  y"  ne  soit  pas  nul. 
Les  deux  dernières  déterminent  les  coordonnées  a  et  ^  du  cen- 
tre, car  on  en  tire 

(7)         P  —  y  =  y/ ,  a  —  A,  — yj 

Portant  ensuite  ces  valeurs  dans  la  première  équation,  il  vient 

(8)  E  =  ±(i^f:!)-l 

Cette  formule  est  la  même  que  (4).  Donc  le  rayon  du  cercle 
osculateur  est  égal  au  rayon  de  courbure.  C'est  pourquoi  le 
cercle  osculateur  s'appelle  aussi  cercle  de  courbure  et  son  cen- 
tre, centre  de  courbure. 

Les  formules  (7)  peuvent  s'écrire  sous  une  forme  plus  con- 
densée. Si  l'on  tient  compte  de  l'équation  (2),  on  a 

,^x      a  I       dx  y'  dy 

(9)      P-r  =  y  =  a^,        -—^  =  -f  =  -^f 

ds 
Ces  formules  sont  analogues  à  R  ==  -^-,   mais   elles   ont    lieu 

sans  ambiguïté  de  signe. 

295.  Théorème.  —  Le  centre  de  courbure  Z  relatif  au  point  M 
se  trouve  sur  la  normale  au  point  M  à  V intersection  de  celle-ci 
avec  une  normale  infiniment  voisine. 

En  effet,  ;x;  et  y  étant  les  coordonnées  de  M,  la  seconde  des 
équations  (6),  à  savoir 

^V'{x)  =  {x-a)^{y-^)y'^0, 

exprime  que  le  point  Z  de  coordonnées  a,  [3  est  sur  la  normale 
au  point  M.  De  même,  Xy  étant  l'abscisse  du  point  M',  l'équa- 
tion F'(jc,)  =  0  exprime  que  le  point  Z  est  sur  la  normale  au 
point  M'.  Mais  alors,  suivant  le  théorème  de  RoUe,  F"(.v)  s'an- 


3l2  CHAPITRE  VIII.  COURBES  PLANES 

nule  en  un  point  ^  intermédiaire  entre  .-v  et  x,.  Les  coordonnées 
a,  j3  de  l'intersection  des  Qormales  en  M  et  M'  vérifient  donc 
les  deux  équations  : 

F'{x)  =  0,        F"(0  =  0. 

Faisons  tendre  M'  vers  M,  ^  tend  vers  x,  et,  à  la  limite,  les 
deux  équations  précédentes  reproduisent  les  deux  dernières 
équations  (6)  qui  déterminent  les  coordonnées  du  centre  de 
courbure. 

296.  Position  du  rayon  de  courbure.  —  Le  rayon  de  courbure  a 
été  considéré  jusqu'ici  en  grandeur  seulement.  Il  est  souvent 
commode  de  le  définir  en  grandeur,  position  et  sens.  On  appelle 
alors  rayon  de  courbure  le  vecteur  MZ  mené  du  point  M  au 
centre  de  courbure  correspondant.  Le  rayon  de  courbure  est 
donc  dirigé  suivant  la  normale  au  point  M  du  côté  où  la  courbe 
tourne  sa  concavité. 

297.  Relation  entre  le  rayon  de  courbure  et  la  normale.  —  La  lon- 
gueur de  la  normale,  considérée  au  n°  282  a  pour  expression 
dtzy\Ji-\-  y''.  Il  en  résulte  que  l'on  a,  au  signe  près, 

(10)  ^^_i+yi. 

Précédemment  N  a  été  considéré  comme  positif  ainsi  que  R. 
Mais  nous  allons  faire  en  sorte  que  l'équation  (10)  subsiste 
même  en  signe.  Il  faut  pour  cela  donner  un  signe  à  N,  à  savoir 
le  signe  -h  si  N  est  du  même  côté  de  la  courbe  que  R,  et  le 
signe  —  s'il  est  du  côté  opposé. 

En  effet,  le  second  membre  de  l'équation  (10)  a  le  signe  de 
—  yy".  Il  sera  positif  si  y  et  y"  sont  de  signes  contraires, 
alors,  la  courbe  tournant  sa  concavité  vers  l'axe  OX  {n°  290), 
R  et  N  sont  du  même  côté  de  la  courbe.  L'inverse  aurait  lieu 
dans  le  cas  contraire. 

298.  Développée  et  développante.  —  Si  le  point  M  se  déplace 
sur  la  courbe,  le  centre  de  courbure  correspondant  Z  se  déplace 
en  même  temps.  Le  lieu  géométrique  du  centre  de  courbure  se 
nomme  développée.  Par  opposition,  la  courbe  génératrice  se 
nomme  développante. 


COURBURE  ET  DÉVELOPPKK  3i3 

On  obtient  immédiatement  une  représentation  paramétrique 
de  la  développée.  Elle  est  fournie  par  les  équations  (7),  (|ni 
donnent 

(11)   ^^^-rJii  +  y%      P  =  .v  +  4^. 

et  qui  expriment  les  coordonnées  d'un  point  a,  (3  de  la  dévelop- 
pée en  fonction  du  paramètre  x.  En  éliminant  x  entre  ces  deux 
équations,  on  met  l'équation  de  la  développée  sous  la  forme 
F(a,  P)  =  0.  Mais  il  est  souvent  tout  aussi  avantageux  d'envisa- 
ger la  développée  sous  la  forme  (11). 

La  développée  jouit  de  propriétés  remarquables,  que  nous 
allons  démontrer. 

I.  Le  rayon  de  courbure  en  M  touche  la  développée  au  centre 
de  courbure  Z  correspondant. 

Considérant  y,  a  et  ^  comme  fonctions  de  x,  on  a  (B^) 

(12)  (x  -  a)  +  (j  -  (3)  y'  =  0. 

Dérivons  totalement  cette  équation.  La  somme  dos  termes 
provenant  de  la  variation  des  lettres  x  et  y  est  nulle  en  vertu 
de  la  troisième  équation  (6)  ;  il  reste  donc 

(13)  _a'-13'y'  =  0,         d'où        ^--y- 

Donc  la  tangente  en  Z  à  la  développée,  qui  a  pour  coefficient 
angulaire  ^'  :  a',  est  parallèle  à  la  normale  en  M  à  la  dévelop- 
pante (donc  au  rayon  de  courbure),  qui  a  pour  coefficient  angu- 
laire —  I  :  y'.  Par  suite,  ces  droites,  ayant  le  point  Z  commun, 
coïncident. 

II.  L'arc  de  la  développée  est  égal  à  la  différence  de  longueur 
des  rayons  de  courbure  tangents  à  ses  extrémités. 

Considérant  y,  a,  ^  et  R  comme  fonctions  de  x,  on  a  (6*^) 

Si  l'on  dérive  totalement  cette  équation,  la  somme  des  termes 
provenant  de  la  variation  des  lettres  ^c  et  y  est  nulle  en  vertu 
de  la  seconde  équation  (6)  ;  il  reste  donc 

(,v_a)a'  +  (y-P)(ii'  =  -RK'. 

D'autre  part,  en  éliminant  y'  entre  (12)  et  (13),  il  vient 

(r-?K-(^--a)?'  =  o. 


3l4  CHAPITRE  VIII.  COURBES  PLANES 

Résolvant  alors  ces  deux  dernières  équations  par  rapport  à  a' 
et  P',  on  trouve,  en  observant  que  le  déterminant  du  système 
est  W, 

Ajoutons  ces  deux  équations  élevées  au  carré  et  observons 
que  a"-'  -f-  (3'^  est  le  carré  de  la  dérivée  de  l'arc  de  la  développée. 
Si  Ton  désigne  cet  arc  par  n,  il  vient  u'^  =  R'^,  d'où 

R'  =  ±  cr'. 

Le  signe  à  choisir  dépend  du  sens  dans  lequel  on  compte 
l'arc  or.  Comptons-le  dans  le  sens  où  R  croît,  ce  qui  suppose  que 
R  varie  constamment  dans  le  même  sens  dans  l'intervalle  con- 
sidéré des  valeurs  de  x,  nous  aurons  R'  =  <t'.  Donc  R  et  a, 
ayant  même  dérivée,  ne  diffèrent  que  par  une  constante  dans 
cet  intervalle. 

Considérons  (fig.  8)  un  arc  MqM  de  la  développante  compté 
depuis  un  point  fixe  Mo  d'abscisse  Xo  jusqu'à  un  point  variable 
M  d'abscisse  x.  Supposons  que  le  rayon  de  courbure  varie  con- 
stamment en  croissant  quand  on  se  déplace  sur  la  courbe  de  Mo 
vers  M .  Soit  ZoZ  l'arc  correspondant  de  la  développée,  de  sorte 
que  MqZo  et  MZ  sont  les  rayons  de  courbures  Ro  et  R  des  points 
Mo  et  M.  Désignons  par  <j  l'arc  ZqZ,  nous  aurons 

R  =  a  +  C. 

Pour  X  =  Xo,  cette  relation  donne  Ro  =  C,  nous  obtenons 
donc  la  relation  à  démontrer  : 

ff  =  R  —  Rq. 

Nous  avons  supposé  dans  cette  démonstration  que  la  variation 
de  R  était  toujours  de  même  sens  ;  le  théorème  tomberait  en 
défaut  si  R  passait  par  un  maxime  ou  un  minime. 

Remarque.  —  Les  formules  (14)  mettent  en  évidence  que  toute 
courbe  plane  dont  le  rayon  de  courbure  est  constant  est  un 
cercle.  En  effet,  a'  et  §'  s'annulant  avec  R',  a  et  ^  sont  constants 
et  le  centre  de  courbure  est  fixe. 

299.  Description  de  la  développante  d'un  mouvement  continu.  Sa 
détermination  analytique.  —  Les  théorèmes  précédents  fournissent 
un  moyen  de  décrire  la  développante  d'un  mouvement  continu 


COURBURE  ET  DEVELOPPEE  3l5 

quand  on  connaît  la  développée.  Concevons  un  fil  parfaitement 
flexible,  inextensible  et  sans  épaisseur,  enroulé  sur  la  dévelop- 
pée et  s'en  détachant  tangentiellement 
en  Zo  pour  venir  aboutir  en  Mo  où  on 
le  coupe  (fig.  8).  Imaginons  qu'on  dé- 
roule le  fil  en  le  détachant  tangentiel- 
lement de  la  développée  et  en  le  main- 
tenant toujours  tendu  ;  l'extrémité 
libre  du  fil  décrira  la  développante. 
En  effet,  quand  le  fil  se  détachera  en  ^^' 

Z,  il  prendra  la  direction  ZM,  et  comme  le  brin  détaché  s'est 
accru  de  l'arc  ZoZ,  sa  longueur  sera  R.  Son  extrémité  sera  donc 
en  M.  Comme  la  longueur  ZoMo  du  brin  initial  est  arbitraire,  à 
une  même  développée  correspondent  une  infinité  de  dévelop- 
pantes. 

Au  point  de  vue  analytique,  la  détermination  des  dévelop- 
pantes quand  la  développée  est  donnée,  se  ramène  à  la  rectifi- 
cation de  l'arc  de  la  développée,  c'est-à-dire  à  une  quadrature. 

En  effet,  supposons  que  l'équation  de  la  développée  soit 
ramenée  à  la  forme 

(15)  (3  =  (p(a). 

Prenons  a  comme  variable  indépendante.  Désignons  par  ^'  la 
dérivée  de  (3  par  rapport  à  a.  L'are  a  compté  à  partir  du  point 
Zo  (fig.  8)  dans  le  sens  où  a  augmente,  se  détermine  par  la  for- 
mule (n^  287) 

J(Xo 

Cette  quadrature  effectuée,  le  problème  sera  résolu.  En  effet, 

soit  X  l'inclinaison  sur  l'axe  des  abscisses  de  la  tangente  ZM  à 

la  développée  ;  les  coordonnées  du  point  M  de  la  développante 

sont  : 

«;  =  a  -f  R  cos  X,         y  =  ^  -f  R  sin  X. 

On  a  tg  X  =^  [3'.  On  en  déduit,  ZM  faisant  un  angle  obtus  avec 
l'axe  des  abscisses  (fig.  8), 

„.„  •> ?'  __ 


cos  X  = ,         sin  X  = 


Comme  H  =  »  l-  C,  il  vient  donc 

(16)        .v  =  «-it-i.  y  =  r,_t(U-^, 


3l6  CHAPITRE  VIII.  COURBES  PLANES 

Les  seconds  membres  étant  fonctions  de  a,  les  équations  (16) 
fournissent  une  représentation  paramétrique  de  la  développante. 

Si  la  tangente  ZM  était  dirigée  en  sens  opposé,  cos  "k  et  sin  A 
changeraient  de  signe,  mais  les  équations  précédentes  n'en 
seraient  pas  altérées,  car,  R  variant  alors  en  sens  inverse  de  a, 
on  aurait  R  =  —  (<j  +  C). 

Les  équations  (16)  renferment  une  constante  arbitraire  C,  ce 
qui  doit  être,  puisqu'il  existe  une  infinité  de  développantes. 

300.  Adaptation  des  formules  au  cas  d'une  représentation  paramé- 
trique. —  Si  x  et  y  sont  des  fonctions  de  t  ayant  pour  dérivées 
x'  et  y',  les  dérivées  première  et  seconde  de  y  par  rapport  à  x 
ont  pour  expressions  (n"  177)  : 

r'  T^o         x'y"  —  x"y' 


X'  '  "-"  x'" 

On  doit  donc  substituer  ces  valeurs  à  y'  et  à  y"  dans  les  for- 
mules précédemment  trouvées. 

L'expression  du  rayon  de  courbure  se  déduit  de  la  formule  (4), 
la  transformation  donne 

(17)  B  =  ^f+yf, 

^    '  x'y"  —  x"y' 

Les  coordonnés  a  et  p  du  centre  de  courbure  sont  déterminées 
par  les  équations  suivantes,  déduites  des  équations  (7)  : 

nft\        _-  y'(^"  +  y")        Q__       ,    x\x'^  +  y<^) 

Enfin  la  relation  (10)  entre  R  et  N  devient 
R  x'{x'^  4-  y'2) 


(19) 


N  y{x'y" — x"y')' 


301 .  Applications  diverses.  —  I.  Coniques  en  général.  Prenons 
un  axe  de  la  courbe  comme  axe  des  x.  L'équation  d'une  conique 
en  coordonnées  rectangulaires  sera  de  la  forme 

On  en  tire 

oo^+_g_        ,./,  __  gy  -  (gjc  4-  ^)y'  _  «y  -  §' 


COURBURE  ET  DÉVELOPPÉE  3l7 


Substituons  ces  valeurs  dans  la  relation  (10),  il  vient 

^        i+y-  ^    y'{i  +  y")_     '^^     . 

N  yy"  OLf  —  p2         p2  _  ay  ' 

d'où 

Donc  /e  rayon  de  courbure  d'une  conique  est  proportionnel 
au  cube  de  la  normale  limitée  à  un  axe  de  la  courbe. 

Si  l'on  prend  un  foyer  pour  origine  et  l'axe  focal  pour  axe 
des  X,  l'équation  prend  la  forme 

x^  -\-  y^  =  {ex  -{-  pY. 

En  identifiant  cette  équation  avec  la  précédente,  on  a 

a  ==  e^  —  I,         p  =  ep,         T  =  p^ 

d'où  82  —  ay  =  p^  et 

Donc  le  rayon  de  courbure  d'une  conique  est  égal  au  cube  de 
la  normale  divisé  par  le  carré  du  demi-paramètre  (ordonnée  au 
foyer). 

II.  Parabole.  Prenons  l'axe  de  symétrie  comme  axe  des  y  et 
la  directrice  comme  axe  des  x.  Les  points  de  la  parabole  sont, 
à  égale  distance  du  foyer  et  de  la  directrice  ;  l'équation  de  cette 
courbe  sera 

«;'  +  (r — py  ^  y''' 


d'où 

5C«  4-  p^ 
y^      ip     ' 

,          X                  „         I 

y-p>    y"=p 

On  aura  donc 

R 

N  ~ 

yy"    ~ 

Donc  le  rayon  de  courbure  de  la  parabole  est  double  de  la 
normale  limitée  à  la  directrice  et  il  est  dirigé  en  sens  contraire, 
ce  qui  fournit  une  construction  facile  de  ce  rayon. 

Les  coordonnées  du  centre  de  courbure  sont  données  par  les 

équations  (11),  qui  se  simplifient  grâce  à  la  dernière  équation 

ci-dessus.  Il  vient 

x^ 


3i8  CHAPITRE  VIII,  COURBES  PLANES 

Substituant  les  valeurs  de  y  et  de  x  tirées  de  ces  relations 
dans  l'équation  de  la  parabole,  on  trouve  celle  de  la  développée 


,2  


2P 


/>a*  =     -^ p 


3 
III.  Ellipse.  Considérons  la  représentation  paramétrique 

X  =  a  cos  t,        y  =  b  sin  t. 
On  en  déduit 

x'  =  —  a  sin  t,    oc"  =  —  a  cos  t,     y  =  b  cos  t,     y"  =  —  b  sin  t, 
d'où  x'y"  —  y'x"  =  ab.  Il  vient  donc  (n°  3oo) 


s'  =  Va^  sin^f  +  6^  cos^f, 
_  (a'  sin'f  +  b^  cos^Q^ 


(ab)^ 

Les  coordonnées  du  centre  de  courbure  sont  : 

,      6  cos  ^  (a«  sin*f  +  6^  cos^O      a*  — 6* 

a  =  a  cos  f ^ r ^ cos^^, 

ao  a 

Q      .    .    ^      a  sin  f  (a^  sin^t  +-  6^  cos^O  a"  —  6^    .   ,, 

&  =  bsint ^ jr-- "= c sin'f . 

'  ao  b 

Ces  formules  fournissent  une  représentation  paramétrique 
de  la  développée.  Si  l'on  élimine  t,  l'équation  de  cette  courbe 
prend  la  forme 

(aa)3  -\-{b^y  =(a«  — fc«)3 

IV.  Cycloïde.   Considérons  la  représentation  paramétrique 

(n°  283) 

X  =  a{t  —  sin  t),        y  =  a(i  —  cos  t). 

Nous  en  tirons 

5c'  =  y  =  a(i  —  cos  t),       x"  =  y'  =  a  sin  t,       y"  =  a  cos  t, 
^it  _|_  yi2  ^  2a2  (i  —  cos  t),  x'y"  —  x"y'  =  —  a*  (i  —  cos  t). 

Il  vient  ainsi 

E^  _        x'  (x'^  +  y'^)    __        x'^  +  y'*    _ 
N  ""      y{x'y"  —  x"y')~      x'y"—x"y'~^' 

Donc  le  rayon  de  courbure  de  la  cycloïde  est  double  de  la 
normale  et  il  est  dirigé  dans  le  même  sens. 

Les  coordonnées  du  centre  de  courbure  sont  fournies  par  les 
équations  (18),  qui  donnent,  à  cause  de  la  dernière  égalité  écrite 

ci-dessus, 

a  =  x  -\-  2y'  ^  a{t  -\-  sin  t), 

^  —  y  —  2x'  =  —  a  (i  —  cos  t). 


COURBURE  ET  DÉVELOPPÉE  Sig 


Mais,  en  posant  t  =■  n  -\-  t^,  ces  équations  deviennent 

a.  =  an  -]-  a{ti  —  sin  ti), 
P  =  —  2a  +  a  (i  — cos  fi). 

Donc  la  développée  est  une  cycloïde  égale  à  la  première  mais 
déplacée  de  an  dans  le  sens  des  x  positifs  et  de  2a  dans  celui 
des  y  négatifs. 

V.  Chaînette.  Cette  courbe  a  pour  équation 

X  _x 

L'axe  des  x  est  sa  base,  la  longueur  a  son  paramètre.  On  trouve 

XX  XX 

d'où  1  -[-  y'^  =  y^  '.  a^ .  On  en  conclut  d'abord 

(i  4-  y'^Y       y' 
y  a 

Donc  le  rayon  de  courbure  de  la  chaînette  est  proportionnel 
au  carré  de  l'ordonnée. 

D'autre  part,  il  vient  par  la  formule  (10) 

N  yy" 

Donc,  dans  la  chaînette,  le  rayon  de  courbure  est  égal  à  la 
normale  limitée  à  la  base,  mais  il  est  dirigé  en  sens  contraire. 

302.  Coordonnées  polaires.  —  Soit  <p  l'inclinaison  de  la  tangente 
sur  l'axe  polaire,  a  celle  de  la  normale.  Comme  ces  deux  angles 
varient  de  la  même  quantité,  on  a  cp'  =^  a'  et  il  vient  (au  signe 
près),  les  accents  désignant  les  dérivées  par  rapport  à  6, 

_  ds  _  s'  _  s' 

d(f       cp'       a'  * 

Mais  on  a  (n*'^  287  et  285) 

s'  =  \P^+W,       a  =-  8  —  arc  tg  —  ; 

r 

d'où,  en  dérivant  par  rapport  à  8, 

rr"  —  r'2       r^  +  ir'^  —  rr^' 


(20)         tp'  =  a'  =  I 


r*  +  r'2  r"^  +  r' 


320  CHAPITRE  VIII.  COURBES  PLANES 

Remplaçant  s'  et  a'  par  ces  valeurs,  on  trouve 
(21)  n=±       jr^  +  n^     , 

Il  faut  prendre  le  signe  +  ou  —  selon  que  r^  +  '2r'^  —  rr", 

dot. 
donc  selon  que  a'  ou-tjt-  est  >    ou  <  0,  donc  selon  que  R  et  r 

sont  du  même  côté  ou  de  part  et  d'autre  de  la  courbe. 

Les  coordonnées  cartésiennes  a  et  ^  du  centre  de  courbure 
s'obtiennent  au  moyen  des  relations  (9),  d'où  l'on  déduit 

dy               ^       (rsinô)' 
a  =  X r-  =  r  cos  9  —  ^^ ; — -. 

df  f 

a  ,    c?5C  .     û    I    (^C0s9)' 

^  =  ^  +  5^="-'*''''^  +  — ^'     • 

On  aura  soin  de  ne  pas  confondre  a  coordonnée  du  centre  de 
courbure  avec  a  inclinaison  de  la  normale. 

Exemples.  I.  Spirale  logarithmique  ■  r  =  ae^^.  —  Dans  ce  cas,  l'angle  y- 
(no  285)  est  constant  ;  a  étant  l'inclinaison  de  la  normale,  on  a  a  =  6  —  p. 
et  on  en  conclut  a'  =  i.  Il  vient  donc 


Donc  le  rayon  de  courbure  est  proportionnel  au  rayon  vecteur. 

D'autre  part,  si  l'on  se  reporte  à  la  valeur  de  la  normale  polaire  N' 
(n"  284),  on  voit  que  R  =  N'.  Donc  le  rayon  de  courbure  est  égal  à  la 
normale  polaire.  Le  centre  de  courbure  est  au  point  N  (fig.  6,  p.  3oo). 
Si  p  et  -r  sont  les  coordonnées  du  centre  de  courbure,  on  aura 

p  =  N'  =  wy,         T  =  6-| — . 

2 

En  éliminant  ;-  et  6  entre  ces  équations  et  celle  de  la  courbe,  on 
trouve  l'équation  de  la  développée 

vt(x  —-) 
p  =  mae    ^         '^  ' . 

Cette  développée  est  une  spirale  égale  à  la  première,  car,  en  faisant  tour- 
ner dans  le  sens  rétrograde  l'axe  polaire  autour  du  pôle  d'un  angle  w 
défini  par  l'équation 

m  e    ^  '  =^1, 

on  retrouve  l'équation  de  la  première  spirale. 


COURBURE  ET  DÉVELOPPÉE  321 

II.  Lemniscate  de  Bernoulli  :  r"^  =  a^  cos  26.  —  On  tire  de  cette  équation 

rr' =  —  a^  sin  2O,         r'  :r  =  —  tg2^ 

On  en  conclut  d'abord,  a  étant  l'inclinaison  de  la  normale, 

r' 
a  =  0  —  arc  tg  -  =  38. 

Donc,  dans    la    lemniscate,    l'inclinaison  de  la  normale  est  triple  de  celle 
du  rayon  vecteur.  On  a  donc  aussi 

D'autre  part,  N'  étant  la  normale  polaire,  on  a 

V  /7  2 


s'  =  W  =  \lr'^  +  r'-^-- 


cos  2O         r 
De  là  résulte  la  valeur  de  K  : 

tp'        3        3r  ' 

Donc  le  rayon  de  courbure  de  la  lemniscate  varie  en  raison  inverse  du 
rayon  vecteur  et  il  est  le  tiers  de  la  normale  polaire,  ce  qui  permet  de  le 
construire  facilement.  .^ 

Soient  maintenant  a,  p  les  coordonnées  du  centre  de  courbure. 
Faisant  œ'  ^  3  dans  les  formules  (22),  il  vient,  réductions  faites, 

a  =  -—  {rr^  cos  6  —  rr'  sin  6),        [3  =  -—  [rr'^  sin  6  —  rr'  cos  0). 
jr  ir 

Enfin,  en  remplaçant  r'^  et  rr'  par  leurs  valeurs,  à  savoir  a^  cos  2O 
et  — a*  sin  2O,  on  trouve,  après  quelques  simplifications, 

2^2  2û^ 

a  =  — -  cos^  6,        8  = -—  sin^  6. 

ir  3r 

L'équation  de  la  développée  s'obtient  en  éliminant  r  et  6.  On  a 


d'où 


(a3  +  ,33^(^a3 -133^2- 


2a_ 


Exercices. 


I.  Rayon  de  courbure  de  la  cissoïde  (Exercice  2,  p.  3o2). 

R.  La  courbe  a  pour  équation  ^^  =  x^  :  (2a  —  x).  On  en  tire 

a'^Ar(8a-3Ar)^ 

l^{2a  —  xY 


21 


322  CHAPITRE  VllT.  COURBES  PLANES 


2.  Rayon  de  courbure  de  la  courbe Ht —  =  i- 


R 


3 


m  —  I  {xy)^-^\  a^""  b'^'" 


3.  Rayon  de  courbure  et  développée  de  Vastroï'de  (hypocycloïde  en- 
gendrée par  un  point  d'un  cercle  roulant  intérieurement  sur  un  cercle 
de  rayon  quadruple  a). 

R.  Les  équations  de  la  courbe  s'obtiennent  en  posant  b  =  h  =  a  :  4 
dans  celles  données  à  la  page  3o3  (Exercice  5).  11  vient 


x  =  —  {3  cos  /  +  cos  3i)  =  a  cos^i, 


\  ^^4  _        _        _ 

\  d'où    X -^ -\- y -^ ^  a'^  . 

f  jv  ^  —  (3  sin  /  —  sin  3t)  ^  a  sin^t, 
^  4 

On  en  déduit 

1  i-  — 

R=^3{axy)'',       a  =  x -\- 3  {xy^y ,        P  ^  y  +  3  {x-'yY^ , 

2  -  z. 

{a  +  j3)~  +  (a  —  p)^==  2a^. 

En  faisant  tourner  les  axes  de  450  autour  de  l'origine,  on  voit  que  la 
développée  est  une  nouvelle  asiroïde,  engendrée  par  des  cercles  de 
rayons  doubles  des  précédents. 

4.  Rayon  de  courbure  et  développée  de  V épicycloïde. 
R.  En  posant  en  abrégé  {a  -\-  b)  :  b  =  m,  les  équations  de  cette  courbe 
sont  (Exercice  4,  p.  3o2)  : 

x  =  b{m  cos  t  —  cos  mt),       y  =  b{m  sin  t  —  sin  mt). 
Prenant  t  comme  variable  indépendante,  on  trouve 

5'  =  2mb  c-n  ^^^  t,        xY  -y'x"  =  2  (;«  +  i)  {mby  sin^  "^  t. 
2  2 

On  en  conclut 

,.  =  ^±I,         R^4=.-4_^sin^^^. 
^  2  cp'        ;»  +  I  2 


Les  équations  de  la  développée  sont 


y'        m  —  l 
cf  '       m-\-  1 


b  {m  cos  t  +  cos  mt), 


x'       m  —  I  ,  ,       •     ,   ,     •        A 
-b{ms]n  t-\-  sin  mt). 


'       -"    '     f'       fn-{-  I 

La  développée  est  une  autre  épicycloïde.  Pour  ramener  ses  équations  à 
la  forme  normale,  comme  les  équations  de  l'épi cycloïde  proposée,  il 
sufirt  de  faire  tourner  les  axes  coordonnés  d'un  angle  w  =  tt  :  (m  —  i) 
et  de  changer  ^  en  t-{-  (^. 


COURBURE  ET  DÉVELOPPÉE  323 

5.  Rayon  de  courbure  et  développée  de  VhyPocycloïde. 

R.  En  posant  en  abrégé  (a  —  b)  :b  =  m,  les  équations  de  la  courbe 
sont  (Exercice  5,  p.  3o3)  : 

x^=b{m  cos  t  -\-  cos  ml),        y  =  b{m  sin  t  —  sin  mt). 

Ces  équations  s'obtiennent  en  changeant  les  signes  de  6  et  de  w  dans 
celles  de  l'épi cycloïde.  La  solution  est  donc  comprise  dans  la  précé- 
dente. La  développée  sera  une  autre  hypocycloïde. 

6.  Soient  r  le  rayon  vecteur  d'un  point  d'une  courbe,  p  la  perpendi- 
culaire abaissée  du  pôle  sur  la  tangente.  Montrer  que  le  rayon  de 
courbure  a  pour  expression 

rdr rr' 

si  la  concavité  est  tournée  vers  le  pôle,  et  ces  expressions  changées 
de  signe  si  la  concavité  est  tournée  en  sens  contraire. 

R.  Ce  résultat  s'obtient  en  dérivant  la  valeur  de  p  (no  285)  et  en  la 
comparant  à  celle  de  R  (n»  3o2). 

7.  Rayon  de  courbure  de  la  courbe  :  t-"  =  a"  cos  7/6. 

R.  C'est  une  généralisation  des  résultats  obtenus  au  no  3o2  (II)  pour 
la  lemniscate.  On  trouve  (a  étant  l'inclinaison  de  la  normale) 

a  =  («  +  i)0,        R 


w  +  I       «  +  !'"' 


8.  Rayon  de  courbure  de  la  podaire  d'une  courbe  donnée. 

R.  Soient,  pour  la  courbe  donnée,  r  le  rayon  vecteur,  0  l'angle  po- 
laire, a  l'inclinaison  de  la  normale,  s  l'arc,  R  le  rayon  de  courbure. 
Affectons  de  l'indice  i  les  quantités  analogues  pour  la  podaire.  On 
trouve  d'abord 

«1  =  2a  —  6,        dsi  --=  rd<x. 

II  vient  alors  facilement 


I        itti      2 

db 

2      R  ie      2 

R^i 

Ri      ^51      r 

rda 

r        r    ds       r 

y3 

9.  Rayon  de  courbure  de  la  développée  d'une  courbe  donnée. 
R.  Conservons  les  notations  habituelles  pour  la  courbe  donnée  et 
soit  Ri  le  rayon  de  courbure  de  la  développée.  On  a 

^        da      dR      „iir^ 

flcp       rfcp  ds 


Prenant  x  comme  variable  indépendante,  il  vient  donc 
(I  +  y")*  :  y' 


R~  s' 


~^y  —- — —.M 


CHAPITRE  IX. 

Formules  fondamentales  de  la  théorie  des  surfaces 
et  des  courbes  gauches. 


§  1.  Tangente  à  une  courbe.  Longueur  d'un  arc. 
Plan  tangent  à  une  surface. 

303,  Représentation  analytique  d'une  surface.  —  On  peut  d'abord 
considérer  une  surface  comme  le  lieu  des  points  du  plan  dont  les 
coordonnées  cartésiennes  x,  y  et  z  sont  liées  par  une  équation 

(1)  F{x,y,z)  =  0. 

Nous  appellerons  point  ordinaire  de  la  surface,  tout  point  où 
les  trois  dérivées  partielles  F^,  F'  F^  sont  continues  et  l'une 
au  moins  différente  de  zéro.  Les  autres  points  sont  des  points 
singuliers. 

Dans  le  voisinage  d'un  point  ordinaire  où  F^  n'est  pas  nul, 
l'équation  (1)  définit  une  fonction  implicite,  z,  des  deux  variables 
indépendantes  x  et  y  {i\°  170)  et,  par  conséquent,  elle  peut  se 
ramener,  au  moins  implicitement,  à  la  forme 

(2)  z  =  f{x,y), 

la  fonction  /ayant  ses  dérivées  partielles  premières  continues. 

Si  F^  s'annulait  en  un  point  ordinaire,  une  des  deux  autres 
dérivées,  F^  ou  F'  ne  serait  pas  nulle  et  la  résolution  de  l'équa- 
tion (1)  pourrait  se  faire  par  rapport  à  :«  ou  par  rapport  à  y. 

Xous  mettrons  souvent  l'équation  de  la  surface  sous  la  forme 
(2).  Nous  supposerons  alors  l'existence  ou  la  continuité  des 
dérivées  partielles  de  f{x,  y)  jusqu'à  un  certain  ordre,  qui  sera 
indiqué  dans  chaque  cas  particulier.  Nos  formules  s  étendront 
aux  équations  de  la  forme  (1),  en  vertu  des  règles  de  dérivation 
des  fonctions  implicites,  à  condition  de  nous  borner  aux  points 
ordinaires  de  la  surface  et  de  supposer  l'existence  ou  la  conti- 


TANGENTE  A  UNE  COURBE 


325 


nuité  des  dérivées  partielles  de  F  jusqu'à  l'ordre  requis  pour 
celles  de  f. 

On  peut  aussi  définir  une  surface  au  moyeu  d'une  représenta- 
tion paramétrique.  On  exprime  alors  les  coordonnées  x,  y,  z  de 
ses  points  en  fonctions  de  deux  paramètres  indépendants  u  et  u. 
La  surface  est  alors  représentée  au  moyen  de  trois  équations  : 

(3)        X  =  f,{u,  V),        y  =  Uiii,  V),        z  -  /;(«,  V). 

Quand  nous  emploierons  cette  représentation,  nous  suppo- 
serons les  trois  fonctions  f  continues  ainsi  que  leurs  dérivées 
jusqu'à  un  certain  ordre  à  indiquer. 

Nous  appellerons  points  ordinaires  de  la  surface  ceux  où  l'un 
au  moins  des  trois  déterminants  : 


du     dv 
du     dv 


df. 

dh 

du 

ov 

àfs 

dfs 

du 

dv 

df^   df, 
du     dv 

du     dv 


est  différent  de  zéro. 

Dans  le  voisinage  d'un  point  ordinaire  ainsi  défini,  on  peut 
encore  considérer  une  des  trois  coordonnées  x,  y,  z  comme 
fonction  des  deux  autres.  En  effet,  si  le  premier  de  ces  déter- 
minants est  différent  de  zéro,  les  deux  premières  équations  (3) 
définissent  u  et  y  en  fonction  de  x,  y  et,  en  portant  ces  valeurs 
dans  la  troisième  équation,  on  obtient  z  en  fonction  de  x  et  y, 
c'est-à-dire  que  l'équation  de  la  surface  se  met  sous  la  forme  (2) . 

Donc,  dans  les  démonstrations,  on  pourra  supposer  à  son  gré 
que  la  surface  soit  définie  par  une  équation  de  la  forme  (2)  ou 
par  un  système  de  la  forme  (3).  Les  démonstrations  seront 
générales  à  condition  de  se  borner  aux  points  ordinaires  de  la 
surface. 

304.  Représentation  analytique  d'une  courbe  de  l'espace.  —  En 
premier  lieu,  on  peut  définir  une  courbe  de  l'espace  comme 
l'intersection  de  deux  surfaces  différentes,  ou  comme  le  lieu 
des  points  dont  les  coordonnées  vérifient  deux  équations  : 

(4)  ¥,{x,  y,  z)  =  0,        F,{x,  y,  z)  =  0. 

Les  points  ordinaires  de  la  courbe  sont  ceux  où  les  deux 
fonctions  F,  et  Fj  sont  continues  ainsi  que  leurs  dérivées  par- 


326 


CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 


tielles  premières  et  où  l'un  au  moins  des  trois  déterminants  : 


dF, 

dF, 

ày 

dz 

dV^ 

ÔF^ 

ày 

dz 

âFj  dF\ 

dz  dx 

d¥\  dF\ 

dz  dx 


dF\  âFj^ 

dx  dy 

dF„  dF., 

dx  dy 


n'est  pas  nul. 

Si  le  premier  de  ces  déterminants  n'est  pas  nul,  les  équations 
(4)  définissent  deux  fonctions  implicites  y  et  z  de  x  et,  par  con- 
séquent, elles  peuvent,  au  moins  implicitement,  se  ramener  à 
la  forme 

(5)  y  =  cp(x),        z  ==  '^(x), 

ces  deux  fonctions  ayant  des  dérivées  premières  continues. 

Les  résultats  que  nous  établirons  en  raisonnant  sur  les  équa- 
tions de  la  forme  (5)  s'étendent  aux  équations  de  la  forme  (4),  à 
condition  de  nous  limiter  aux  points  ordinaires  de  la  courbe  et 
d'introduire  les  conditions  de  continuité  des  dérivées  jusqu'au 
même  ordre. 

On  peut,  en  second  lieu,  considérer  une  courbe  comme  le  lieu 
des  positions  successives  d'un  point  mobile,  ce  qui  conduit  à 
exprimer  :x:,  y,  z  en  fonction  d'une  variable  indépendante  t.  On 
obtient  ainsi  une  représentation  paramétrique  de  la  courbe  au 
moyen  de  trois  équations  : 

(6)  .x  =  cp,(0,       y-U^),       2  =  T3(0- 

On  appelle  alors  points  ordinaires  de  la  courbe,  ceux  où  les 
trois  fonctions  es  sont  continues  ainsi  que  leurs  dérivées  et  où 
l'une  au  moins  des  trois  dérivées  (fi[,  •j)^  ou  (pg  est  différente  de  zéro. 

Dans  le  voisinage  d'un  point  ordinaire,  le  système  (6)  peut 
aussi  se  transformer  dans  le  système  analogue  à  (5).  En  effet, 
si  o[{t)  n'est  pas  nul,  la  première  équation  (6)  définit  t  en  fonc- 
tion de  X  {n°  170),  et  en  portant  cette  valeur  dans  les  deux 
équations  suivantes,  on  obtient  y  et  z  en  fonction  de  x. 

Donc,  dans  les  démonstrations,  on  peut  choisir  le  mode  de 
représentation  que  l'on  veut.  Les  conclusions  seront  générales 
à  condition  de  se  borner  aux  points  ordinaires  de  la  courbe. 

C'est  le  mode  de  représentation  paramétrique  qui  est  le  plus 
employé,  parce  qu'il  a  l'avantage  de  rendre  les  formules  plus 
symétriques.  Les  formules  ainsi  établies  renferment  comme  cas 


TANGENTE  A  UNE  COURBE  327 

. — — 1 ' 

particulier  celles  relatives  au  premier  mode  de  représentation, 
car  les  équations  (6)  se  réduisent  à  la  forme  (5)  ai  t  =^  x. 

Pour  les  démonstrations,  nous  mettrons  le  plus  souvent  les 
équations  de  la  courbe  sous  la  forme  (6)  et  nous  indiquerons 
jusqu'à  quel  ordre  nous  supposerons  l'existence  ou  la  continuité 
des  dérivées. 

Lorsque  tous  les  points  d'une  courbe  sont  dans  un  même  plan, 
la  courbe  est  plane,  elle  est  gauche  dans  le  cas  contraire. 

305.  Tangente  et  plan  normal  à  une  courbe.  —  Supposons  que  la 
courbe,  rapportée  à  des  axes  rectangulaires  ou  obliques,  ait 
pour  représentation  paramétrique 

(7)  x  =  f,{t),        r-cp,(0,        z  =  <^,it), 

La  tangente  en  un  point  M  de  coordonnées  x,  y,  z  est  la 
limite  d'une  sécante  passant  par  ce  point  et  par  un  autre  point 
M'  qui  se  rapproche  indéfiniment  du  premier.  Soient  Af  l'ac- 
croissement qu'il  faut  donner  au  paramètre  pour  passer  de  M 
à  M'  ;  Aa;,  Ay,  ^z  les  accroissements  correspondants  des  coor- 
données. Les  équations  de  la  sécante  MM'  peuvent  s'écrire 
(5,  Tj,  î^  désignant  les  coordonnées  courantes) 

^  '  b^x  ^y         ^z  ' 

Divisons  les  dénominateurs  par  bd  et  faisons  tendre  Ai  vers  0. 
Les  quotients  ^x  :  Af,  t^y  :  Af,  Az  :  ^t  tendent  vers  les  dérivées 
x\  y' ,  z' ,  supposées  existantes,  de  x,  y,  z  par  rapport  à  i.  On 
trouve  ainsi  les  équations  de  la  tangente  au  point  M,  à  savoir 

I9i\  \  —  x_-^-yJC,—z 

Ces  équations  supposent  toutefois  que  x\  y',  z'  ne  s'annulent 
pas  simultanément  au  point  M,  et  c'est  ce  qui  a  lieu  en  un  point 
ordinaire  de  la  courbe. 

Multiplions  par  dt  les  trois  dénominateurs  des  équations  (9)  ; 
les  équations  de  la  tangente  prennent  la  forme  suivante,  indé- 
pendante du  mode  de  représentation  adopté  pour  la  courbe  : 

^    '  dx   '^    dy   ~    dz   ' 

Le  plan  normal  en  un  point  d'une  courbe  est  le  plan  mené  par 


328        CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 


ce  point  perpendicalairement  à  la  tangente.  Nous  supposerons 
les  axes  rectangulaires.  L'équation  du  plan  normal  se  déduit 
des  équations  (9)  ou  (10),  car  les  coefficients  de  direction  de  la 
tangente  sont  les  coefficients  de  l'équation  du  plan  normal  ; 
cette  équation  sera  de  l'une  des  deux  formes  : 

(11)  {^-x)x'-h{r,-y)y'  -^Ç:-z)z'  =  0, 

(12)  ($  -  x)  dx  +  {r,  -  y)  dy  +  (r  _  2)  dz  =  0. 

306.  Longueur  d'un  arc  de  courbe.  Différentielle  de  l'arc.  —  La 

longueur  d'un  arc  de  courbe  AB  se  définit  comme  dans  le  cas 
des  courbes  planes  (n'^  286).  C'est  la  limite,  quand  elle  existe, 
du  périmètre  d'un  polygone  inscrit  dont  les  sommets  se  suivent 
dans  un  sens  déterminé,  lorsque  le  nombre  des  côtés  augmente 
indéfiniment  et  que  chacun  des  côtés  tend  vers  zéro.  Nous  allons 
démontrer  l'existence  de  cette  limite,  en  supposant  que  tous  les 
points  de  l'arc  AB  soient  des  points  ordinaires.  Nous  pouvons 
donc  admettre  que  les  équations  de  la  courbe  soient  de  la  forme 

y  =  'f{x),        z  =  <{<(5c), 

les  deux  fonctions  cp  et  t{/  ayant  des  dérivées  continues.  Les  axes 
seront  supposés  rectangulaires. 

Soient  a  et  b  les  abscisses  des  extrémités  de  l'arc  AB  (a  <  b). 
Marquons  sur  cet  arc  n  +  i  points  (y  compris  les  extrémités). 
Soient  x^,  X2,...  Xn+t  les  abscisses  de  ces  points  numérotées  par 
ordre  de  grandeur,  de  sorte  que  ;x;i  =  a  et  Xn+i  =  b  seront  celles 
des  extrémités.  Désignons  par  yi  et  Zf  les  valeurs  de  y  et  de  z 
pour  X  =  Xi.  Inscrivons  dans  l'arc  AB  un  polygone  ayant  ces 
71  +  1  points  pour  sommets.  Le  côté  q  qui  joint  les  points 
d'abscisses  Xi  et  Xj+i  a  pour  longueur 


Ci  =  \/{Xi+i  —  XiY  +  {yi+i  —  yi)^  +  (zi+i  —  Zif. 

Mais  la  formule  des  accroissements  finis  nous  donne,  X^  et 
\i  étant  compris  entre  xi  et  ^,-1-1, 

Yi+i  —  ri  =  {Xi^i  —  xi)'f'{Xi),  Zi+,  —  Zi=  (Xi+i  —  Xi)  y(^i). 

Désignons  par  M^  et  nit  les  bornes  supérieure  et  inférieure  de 
la  fonction  (f'{xY  dans  l'intervalle  {xi,  x^^i)  et  par  0  une  quantité 
de  valeur  absolue  moindre  que  i  ;  nous  aurons 

^'(X,)2  =  cp(i,)'--f  6(M,-/iï,). 


LONGUEUR  d'un  ARC  829 


Donc,  en  posant,  en  abrégé, 

Oj  =  yXi^i  —  Xi), 
nous  pouvons  mettre  Ci  sous  la  forme 


Ci  =  Sf  Vi  +  ^%y  +  '^'(^iY  +  6(M,  -  nii). 
Mais  la  racine  carrée  d'une  quantité  supérieure  à  l'unité  varie 
moins  rapidement  que  cette  quantité  (*)  ;  nous  avons  donc 


avec  une  erreur  moindre  eu  valeur  absolue  que  (M^  —  nii)  Sj  ;  et, 
en  désignant  par  P  le  périmètre  du  polygone  inscrit. 


P  =  I  8,  Vi  4-  ^'{^iY  +  ^iid', 

avec  une  erreur  moindre  que  S(Mî  —  mi)hi. 

Faisons  tendre  tous  les  côtés  du  polj'gone  et,  par  suite,  tous 
les  8j  vers  zéro  :  il  vient  par  définition  de  l'intégrale  (n°  220) 

lim  P  ==   1  dx\Ji  -f  <f'{xy  +  <^'{xy, 

sans  aucune  erreur,  car,  comme  la  fonction  continue  f'{xy  est 
intégrable,  les  deux  sommes  SMîôj  et  Sm^Sî  tendent  vers  la  même 
limite  et  2(Mj  —  nii)Zi  tend  vers  zéro. 

L'arc  variable  AM,  compris  entre  un  point  fixe  A  d'abscisse 
a  et  un  point  variable  M  d'abscisse  x,  est  une  fonction  s  de  x. 
Cette  fonction  est  continue  et  admet  une  dérivée.  On  a,  en  effet, 


(13)  s  =  rdxsji  -f  ;f'{xy  +  ^'{xy. 

Ja 


Ws  

La  différentielle  de  l'arc  sera  donc 

(15)    ds  =  dxyJTf^^^WTWY  =  dx\Ji  +  {^£j  +  (^\ 

Dans  les  calculs  précédents,  tous  les  radicaux  ont  été  pris 
positivement,  ce  qui  revient  à  considérer  l'arc  s  comme  crois- 


(*;  En  effet,  si  a  est  >  i,  on  a,  quel  que  soit  x, 


\u-\~x—\a  \  =  \  x:{\a-{-x-]-\u)  \   <   \  X 


33o         CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 

sant  dans  le  même  sens  que  x.  Dans  l'hypothèse  inverse,  les 
radicaux  seraient  pris  négativement.  Nous  ferons  (sauf  indica- 
tion contraire)  la  première  hypothèse,  chaque  fois  que  x  sera 
pris  comme  variable  indépendante. 

307.  Théorème  —  Le  rapport  d'un  arc  infiniment  petit  à  la 
corde  qui  le  sous-tend  a  pour  limite  Vunité. 

En  effet,  soient  As  la  longueur  de  l'arc,  l^x,  Ay  et  A2  les  diffé- 
rences des  coordonnées  des  extrémités.  La  corde  correspon- 
dante c  a  pour  mesure  \J^x^  -\-  Ar^  -\-  àz".  Lorsque  ces  quantités 
tendent  vers  zéro,  on  a 

As  ds 

. .     As  _  A^c  _  dx 


'+Ux;+vd.v 


en  vertu  de  la  formule  (15).  Le  signe  du  radical  ne  donne  pas 
lieu  à  discussion,  car  il  ne  s'agit  dans  le  théorème  que  de  lon- 
gueurs absolues. 

308.  Dérivée  et  différentielle  de  Tare  dans  le  cas  d'une  représentation 
paramétrique.  —  La  formule  (15)  peut  se  mettre  sous  la  forme 


(16)  ds  =  ±  V^^'  +  dy^  +  dzK 

Cette  formule  ne  contient  plus  que  les  différentielles  des 
coordonnées  et  elle  ne  dépend  plus  en  rien  du  mode  de  repré- 
sentation choisi  pour  la  courbe.  Elle  est  donc  générale  et  elle 
s'applique  au  cas  d'une  représentation  paramétrique.  Les  coor- 
données X,  y,  z  sont  alors  des  fonctions  de  t  ayant,  par  hypo- 
thèse, des  dérivées  continues  x',  y',  z'.  Remplaçons  dx,  dy,  dz 
par  x'dt,  y'dt,  z'dt.  La  formule  (16)  devient 


(17)  ds  =  ±z  dt\/x'^  H-  y'2  +  z'^ 

et  la  dérivée  s'  par  rapport  à  t  sera 


(18)  s'  =  ±  \/x'^  +  y'«  4-  z'K 

Le  signe  à  donner  aux  radicaux  dépend  du  sens  dans  lequel  on 
compte  l'arc.  Sauf  indication  contraire,  nous  leur  donnerons  le 
signe  -\-,  ce  qui  revient  à  compter  l'arc  dans  le  sens  où  t  varie 
en  croissant. 


LONGUEUR  d'un  ARC  33l 


309.  Cosinus  directeurs  de  la  tangente.  —  Nous  désignerons  par 
a,  (3,  y  les  cosinus  des  angles  que  fait  la  tangente  avec  les  axes 
coordonnés,  ou  les  cosinus  directeurs  de  cette  droite.  Pour  les 
définir  sans  ambiguité,  considérons  la  tangente  menée  au  point 
M(x,  y,  z)  dans  le  sens  des  arcs  croissants.  Les  cosinus  direc- 
teurs de  la  droite  MM'  qui  joint  le  point  M  au  point  M'  de  coor- 
données X  -f-  ^x,  y  -\-  \y,  z  -\-  ^z  sont,  c  désignant  la  longueur 
absolue  de  la  droite  MM', 

^x       Ay       Ùlz 
~c*      V      V 

Soit  As  l'arc  MM'  ;  As  sera  positif  si  MM'  est  mené  dans  le  sens 
des  arcs  croissants.  Or  les  expressions  précédentes  peuvent 
s'écrire 

bkX  As       A  j  As       A2;  As 

As    c  '       As  c  '      ^s   c  ' 

Quand  M'  tend  vers  M,  As  et  c  étant  positifs,  As  :  r  a  pour 
limite  -\~  i  (n°  3o8).  Les  cosinus  directeurs  de  la  direction  MM' 
à  la  limite  sont  donc 

(19)  a=^,        p  =  ^,        Y=d;- 

Tels  sont,  en  grandeur  et  en  signe,  les  cosinus  directeurs  de 
la  tangente  menée  dans  le  sens  des  arcs  croissants. 

Dans  le  cas  d'une  représentation  paraméti'ique,  x,  y,  z  sont 
des  fonctions  de  f  ;  on  peut,  dans  les  formules  précédentes, 
remplacer  les  différentielles  par  les  dérivées  et  s'  par  sa  valeur 
(18)  ;  il  vient  ainsi 

a  _  p  _  Y  _T  _  I 


(20) 


X'         y  Z'         S'         _t  y^c'Z  _|_  y'«  +  2'2 

Si  le  radical  est  pris  positivement,  s  et  t  croissent  dans  le 
même  sens  et  la  tangente  est  menée  dans  le  sens  où  t  varie  en 
croissant. 

Remarque.  —  Les  formules  précédentes  prouvent  que  toute 
courbe  dont  les  tangentes  sont  parallèles  à  une  direction  fixe, 
se  réduit  à  une  droite.  En  effet,  soient,  a,  b,  c  les  coefficients  de 
la  direction  fixe.  On  a 

SL   ~  b   ~  c' 


332        CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 

Doue  X  :  a.  y  :  b  et  z  :  c,  ayant  même  dérivée,  ne  diffèrent  que 
par  des  constantes  et  l'on  a 

^  a     c  b      c 

Ce  sont  les  équations  d'une  droite. 

310.  Plan  tangent  à  une  surface.  —  Considérons  d'abord  une 
surface  définie  par  l'équation 

(21)  z  =  f{x,  y). 

Théorème.  —  En  tout  point  M. de  la  surface  où  f{x,  y)  est 
diff'érentiable,  le  lieu  géométrique  des  tangentes  menées  au  point 
M  à  toutes  les  courbes  tracées  sur  la  surface  et  passant  par  ce 
point,  est  un  plan  auquel  on  donne  le  nom  de  plan  tangent  à  la 
surface. 

Toute  courbe  tracée  sur  la  surface  et  douée  d'une  tangente, 
se  projette  sur  le  plan  xy  suivant  une  certaine  courbe  plane 
douée  d'une  tangente.  Considérons  une  représentation  paramé- 
trique de  cette  courbe  plane 

(22)  X  ^  cp(0,        y  =  HO- 

L'ensemble  des  équations  (21)  et  (22)  fournit  une  représenta- 
tion paramétrique  correspondante  de  la  courbe  tracée  sur  la 
surface,  car,  en  remplaçant  x  et  y  par  (^{t)  et  <{/(?),  l'équation  (21) 
donne  aussi  2  en  fonction  de  ^ 

Les  équations  de  la  tangente  au  point  M{x,  y,  z)  de  cette 
courbe  sont  (n°  3o6) 

(23)  tz^=^^::zy^^^, 

'  x'  y'  z' 

Mais,  en  dérivant  totalement  l'équation  (21)  par  rapport  à  t,  en 
désignant  par  p,  q  les  dérivées  partielles  de  f{x,  y)  par  rapport 
à  X,  y  et  en  observant  que  les  dérivées  x',  y'  par  rapport  à  t 
sont  existantes  par  hypothèse,  on  a  (n°  i5o) 

z'=px'  +  qy\ 

En  éliminant  x',  y',  z'  entre  cette  équation  et  les  précédentes, 
on  trouve  la  relation 

(24)  ^-z=^p{^-x)-\-q{ri-y), 


PLAN  TANGENT  A  UNE  SUBFACE  333 

qui  est  vérifiée  par  les  coordonnées  $,  in,  ^  d'un  point  d'une  tan- 
gente quelconque  passant  par  M.  Cette  équation,  étant  du  pre- 
mier degré,  est  celle  d'un  plan.  Ce  plan  est  le  plan  tangent  à  la 
surface  au  point  M. 

Considérons  maintenant  une  surface  définie  par  l'équation 
(25)  Fix,  y,  z)  =  0. 

Elle  admet  un  plan  tangent  en  tout  point  ordinaire.  En  effet, 
une  des  dérivées,  F^  par  exemple,  n'est  pas  nulle.  Alors  l'équa- 
tion (25)  admet  une  solution  z  de  la  forme  (21)  dont  les  dérivées 
partielles  sont 


f;  F 


t/ 


F'  '  ^  F' * 

z  z 

Le  théorème  précédent  s'applique  et,  par  la  substitution  de 
ces  valeurs  de  p,  q,  l'équation  (24)  devient 

(26)  ($-^^)F;  +  (Ti-y)F;  +  (J:-^)F;=0. 

Donc  Véquation  du  plan  tangent  en  un  point  ordinaire  s'ob- 
tient en  différentiant  totalement  l'équation  de  la  surface  et  en 
remplaçant  dx,  dy  et  dz  par  $  —  x,  n  —  y  et  ^  —  z. 

Considérons  enfin  une  surface  définie  par  une  représentation 
paramétrique 

(27)  ;x;  =  fi{u,  v),        y  =  f^{u,  v),        z  =  /^(u,  v). 

Il  suffit  de  faire  u  et  y  fonctions  d'un  paramètre  unique  t  pour 
que  les  équations  précédentes  soient  celles  d'une  courbe  tracée 
sur  la  surface.  Les  équations  de  la  tangente  à  cette  courbe  au 
point  M  sont,  les  accents  désignant  sans  indices  des  dérivées 

par  rapport  à  t, 

k—x^r\—y^^—z 
x'  y'  z'    ' 

Mais,  X,  y,  z  étant  supposés  différentiables  en  u,  v,  les  coeffi- 
cients de  directions  x\  y'  et  z'  ont  maintenant  pour  expressions  : 

x'  =  <  m'  +  <  v\        y'  =  y;  u'  ■+-  y'^  u',         z'  =  <  u'  +  <  V  ; 

et  ils  sont  liés  par  une  relation  générale,  qui  résulte  de  l'élimi- 
nation de  u'  et  v',  à  savoir 


X'  y'  z' 

K  y'u  «u 

K  yl  ^'v 


=  0. 


334        CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHEH 

L'élimination  de  x',  y',  z'  entre  les  équations  de  la  tangente  et 
cette  relation  fournit  une  équation  vérifiée  par  les  coordonnées 
des  points  d'une  tangente  quelconque  passant  par  M.  C'est 
l'équation  du  plan  tangent.  Pour  l'obtenir,  il  suffit  de  remplacer 
x',  y',  z'  par  ç  —  x,  r^  —  j  et  Ç  ^  s  dans  la  relation  précédente, 
ce  qui  donne 

$  —  X      Tj  —  y      Ç  —  ; 

(28)  K      rL       Kc      =  0. 

D'ailleurs,  en  un  point  ordinaire,  cette  équation  ne  peut  pas 
se  réduire  à  une  identité,  car  l'un  au  moins  des  trois  mineurs 
relatifs  à  $  —  x,  r^  —  3'  et  Ç  —  z  n'est  pas  nul  (n"  3o3). 

311.  Normale  à  une  surface  (axes  rectangulaires).  —  La  normale 
en  un  point  M  {x.  y,  z)  d'une  surface  est  la  perpendiculaire 
élevée  au  plan  tangent  en  ce  point.  Les  équations  de  la  normale 
se  déduisent  immédiatement  de  celle  de  ce  plan.  En  effet,  les 
axes  étant  rectangulaires,  les  coefficients  de  directions  de  la 
normale  sont  les  coefficients  de  l'équation  du  plan  tangent.  La 
normale  sera  représentée  par  l'un  des  trois  systèmes  d'équa- 
tions, correspondant  respectivement  à  (24),  (26)  et  (28)  : 


$  — X  _ri  —  y_C —  z 
(29) 


q  -I 


F'  F'  F' 

X  y  z 


\  —  x  'ti  —  y     __      C  — g 


y' 2' — 2;'v'      z' jc' — x' z*      a:' r' — X^  x;' 

Les  cosinus  directeurs  X,  Y,  Z  de  la  normale  sont  propor- 
tionnels aux  dénominateurs  qui  figurent  dans  chacun  des  trois 
systèmes  d'équations.  Ils  se  déterminent  donc  par  l'un  des  trois 
systèmes  correspondants  : 

/    X       Y         Z         .  I 


(30) 


p 

q 

—  I 

^  Vi  4-  p^ 

-^q'' 

X 

Y 

Z 

=  ± 

I 

• 

K 

vf;^  +  F 

2/    '      2 

X 

Y 

Z 

ylA 

—z 

'y' 

K.^ 

V          u~'v 

~  x'  y'  — 

-y 

^1 

u~'v 

PLAN  OSCULATEUR  335 


Le  double  signe  du  radical  correspond  aux  deux  sens  opposés 
dans  lesquels  on  peut  mener  la  normale. 

§  2.  Plan  osculateur. 
Courbure  et  torsion  des  courbes  gauches. 

312.  Représentation  de  la  courbe.  —  Dans  tout  le  paragraphe 
actuel  nous  considérerons  la  représentation  paramétrique  sui- 
vante d'une  courbe  gauche  : 

(1)  x  =  cpi(0,        y  =  <P2(0.        2  =  <p3(0. 

Nous  admettrons  la  continuité  des  dérivées  premières  et  se- 
condes de  X,  y,  z  par  rapport  à  t,  en  outre  (mais  seulement  à 
partir  du  n°  820)  \ existence  des  dérivées  troisièmes.  Les  points 
seront  supposés  ordinaires,  donc  l'une  au  moins  des  dérivées 
x',  y',  z'  différente  de  0. 

Nous  supposerons  les  axes  coordonnés  rectangulaires  (*). 

313.  Plan  osculateur.  —  Le  plan  osculateur  en  un  point  M 
d'une  courbe  gauche  est  la  limite  d'un  plan  passant  par  le 
point  M  et  deux  autres  points  M'  et  M"  de  la  courbe  qui  se 
rapprochent  indéfiniment  du  premier.  —  Cherchons-en  l'équa- 
tion. 

L'équation  d'un  plan  quelconque  est  de  la  forme 

(2)  A$  -f  Bt.  +  Cî:  +  P  -=  0. 

Posons  A,  B,  C  et  P  désignant  des  constantes  et  x,  y,  z  les 
fonctions  (i)  de  t  écrites  ci-dessus, 

(3)  F(0  -  Ax  +  Br  +  Cs  4-  P. 

Soient  t,  ti  et  t^  les  valeurs  du  paramètre  qui  correspondent 
aux  trois  points  M,  M'  et  M"  :  les  équations  qui  expriment  que 
le  plan  (2)  passe  par  ces  trois  points  sont  : 

F(0  =  0,         F(^)  =  0,         F{t,)  ^  0. 

Mais  alors,  en  vertu  du  théorème  de  Rolle,  F'  a  une  racine  t 
comprise  entre  t  et  t^  et  une  autre  racine  t'  comprise  entre  t^ 


(*)  On  observera  cependaut  que  les  n*"*  3i3,  3i4  et  3i5  subsisleut  sans 
changemenl  eu  axes  obliques. 


336         CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 


et  ^2.  Pour  la  même  raison,  F"  a  une  racine  x,  comprise  entre  x 
et  x'.  On  a  donc  les  trois  équations  : 

F(0  =  6,        F'(x)  =  0,        F"(xO  =  0. 

Faisons  tendre  M'  et  M"  vers  M,  c'est-à-dire  ti  et  t^  vers  t  ; 
t  et  Xi  tendent  aussi  vers  t  et,  à  la  limite,  les  dérivées  étant 
continues,  les  trois  équations  précédentes  deviennent  : 

(4^)  F(0  =  0,        F'(0  =  0,        F"{t)  =  0. 

Ce  sont  les  trois  équations  qui  déterminent  les  coefficients 
A,  B,  C  et  P  de  l'équation  du  plan  osculateur  (ou,  plus  exacte- 
ment les  rapports  de  ces  coefficients).  En  les  développant,  il 
vient  : 

/    Ax-\-By-\-Cz  +  'P  =  0, 
(4»)  Ax'  4-  Bj'  +  Cz'  =  0, 

(   A^"  +  By"  4-  Cz"  =  0. 

On  élimine  P  en  soustrayant  de  (2)  la  première  des  équa- 
tions (4)  ;  on  met  ainsi  l'équation  du  plan  osculateur  sous  la 
forme 

(5)  A{^-x)-hB{r,-y)-hCÇ:-z)=^0,  ' 

où  A,  B,  C  doivent  satisfaire  aux,  deux  dernières  équations  (4^). 
Entre  celles-ci  et  (5),  on  peut  éliminer  A,  B,  C  et  l'on  obtient 
l'équation  du  plan  osculateur  sous  forme  de  déterminant  : 


(6) 


Ç  —  X     T)  —  y     l  —  z 
x'  y'  z' 

x"         y"         z" 


=  0. 


Les  coefficients  A,  B,  C  ne  sont  déterminés  jusqu'ici  qu'à  un 
facteur  près.  Mais  nous  conviendrons  de  désigner  par  A,  B  et  C 
les  coefficients  qui  figurent  dans  l'équation  (6),  de  sorte  que 
nous  poserons 

(7)    A  =  y'z"  —  z'y",     B  =  z'x"  —  x'z",     C  =  x'y"  —  y'x". 

Les  équations  (5)  et  (6)  ne  représentent  le  plan  osculateur  que 
si  l'une  au  moins  des  quantités  A,  B  et  C  est  différente  de  zéro. 
Si  ces  trois  quantités  s'annulaient  simultanément  en  un  point, 
les  deux  équations  se  réduiraient  à  des  identités  et  l'équation 
du  plan  osculateur  devrait  être  modifiée.  Nous  laisserons  de 
côté  ces  points  exceptionnels  pour  le  moment.  Il  doit  donc  être 


PLAN  OSCULATEUR  337 


bien  entendu  à  partir  d'ici  qu'une  au  moins  des  trois  quantités 
A,  B,  C  est  supposée  différente  de  0. 

Remarque.  — 11  est  impossible  que  A,  B,  C  s'annulent  à  la  fois 
tout  le  long  d'une  courbe.  En  effet,  on  aurait,  le  long  de  cette 
courbe, 

x"     y"     z" 

— -  =  ^=^—j-        ou        D  Log  a;' =  D  Logy' ==  D  Logz'. 

X        y       z 

Donc  Log  x',  Log  y',  Log  z',  ayant  même  dérivée,  ne  diffé- 
reraient que  par  des  constantes  et  les  quantités  x\  y',  z'  seraient 
dans  un  rapport  constant.  On  pourrait  donc  poser 

x'  _  y'  _  z' 

et,  la  direction  de  la  tangente  étant  constante,  la  courbe  se  ré- 
duirait à  une  droite  (n°  309). 

314.  Théorème.  —  Le  plan  mené  par  la  tangente  au  point  M 
parallèlement  à  la  tangente  au  point  infiniment  voisin  M',  a 
pour  limite  le  plan  osculateur. 

Soit  (2)  l'équation  de  ce  plan.  La  condition  de  passer  par  M 
donne  ¥{t)  =  0  ;  la  condition  d'être  parallèle  à  la  tangente  au 
même  point  M,  tangente  dont  les  cosinus  directeurs  sont  propor- 
tionnels à  x',  y',  z',  donne  Ax'  +  Bj'  -f  Cz'  =  0  ou  F'{t)  =  0  ;  de 
même,  la  condition  d'être  parallèle  à  la  tangente  au  point  M' 
donne  F'(f,)  =  0.  Mais  alors,  en  vertu  du  théorème  de  Rolle,  F" 
a  une  racine  x  comprise  entre  ^  et  ^1.  Les  coefficients  du  plan 
considéré  vérifient  donc  les  trois  équations  : 

F{t)  =  0,         F'(0  =  0,         F"(t)  -  0. 

Quand  M'  tend  vers  M,  t^  tend  vers  ^  et  t  également.  Donc 
les  coefficients  du  plan-limite  vérifient  les  trois  équations  qui 
déterminent  ceux  du  plan  osculateur  : 

F{t)  =  0,        F'(0  =  0,        F"(0  =  0. 

315,  Cercle  osculateur.  —  Le  cercle  osculateur  en  un  point  M 
d'une  courbe  gauche  est  la  limite  d'un  cercle  passant  par  ce 
point  et  par  deux  autres  points  M'  et  M"  de  la  courbe  qui  se 
rapprochent  indéfiniment  du  premier. 

22 


338         CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 

Soient  x^,  y,,  z^  les  coordonnées  du  centre  et  R  le  rayon  du 
cercle  passant  par  les  trois  points  M,  M'  et  M".  Soient  t,  t^,  f, 
les  valeurs  du  paramètre  correspondant  à  ces  trois  points.  Con- 
sidérons X,  y,  z  comme  les  fonctions  (1)  de  ^  et  posons 

F(0  =-  {X  -  x,y  +  {y  -  y,Y  +  (z  -  z,y  -  W. 

Les  (juantités  Xi,  )-,,  Zi  et  R  vérifieront  les  trois  équations  : 

r(0-o,      F(^)==o,      nh)-=o, 

qui  expriment  que  le  centre  (;x;i,  y,,  2,)  est  à  la  distance  R  des 
trois  points  M,  M'  et  M".  On  en  conclut,  comme  dans  le  cas 
d'une  courbe  plane  (n"  294),  que  les  éléments  x^,  y,,  z^  et  R  du 
cercle  osculateur  vérifient  les  trois  équations  : 

F(0  =  0,         F'(0  =  0,         F"{t)  =  0. 

D'autre  part,  le  cercle  osculateur  étant  dans  le  plan  oscula- 
teur, qui  est  la  limite  du  plan  MM'M",  les  coordonnées  du  cen- 
tre vérifient  l'équation  (5)  de  ce  plan.  On  a  donc 

(8)      M^  -  ^ô  -f  B(r  -  rO  +  c{z  -z,)  =  o, 

l'une  des  trois  quantités  A,  B,  C  étant  supposée  différente  de  0 
(n°3i3). 

Ajoutons  à  celles-ci  les  équations  F'(f)  =  0  et  F''{t)  =  0,  qui 
développées  deviennent 

\x'(x-x,)  +  y'{y-y,)-^z'{z-z,)  =  0. 
^^^         ix"{x-x,)+y"{y-y,)-\-z"{z-z,)^-{x''-\-y>^-\-z"'). 

Nous  formons  un  système  de  trois  équations,  résoluble  par 
rapport  à  (a:  —  oc,),  (y  —  yj)  et  {z  —  z^),  et  d'où  l'on  tire,  en  ob- 
servant que  le  déterminant  du  système  est  A^  +  B^  -\-  C^,  qui 
est  différent  de  0  par  hypothèse  (n"  3i3), 

x^  —  x^   yi  —  y  ^     z^  —  z     ^ x'''  +  y'^  +  z'- 
(10)      Bz'~Cy'      Cx—Az'     Ay'  —  Bx'      A- +  B^  +  C^  * 

Ces  équations  déterminent  les  coordonnées  x^,  y^  et  z^  du 
centre  du  cercle  osculateur. 

Le  rayon  R  se  détermine  ensuite  au  moyen  de  l'équation 
F{t)  =  0,  qui  donne 

n'  =  {x-  x,y  +  (y  -  y, Y  -i-iz-  z,y. 

Remplaçons  dans  le  second  membre  les  parenthèses  par  leurs 
valeurs  tirées  du  système  précédent,  et  ayons  égard  à  l'identité 


CERCLE  OSCULATEUR  339 


i         (B^'  -  Cy'y   [■  (Cx'  -  Az'Y  +  (Ay'  -  Bx'Y  =- 
^     '       I    (A-  -f  IV  +  C^)  (.r'2  4-  y"-'  +  z'^)—{Ax'  4-By'  +  C^') 

il  viendra,  puisque  ce  dernier  carré  est  nul  (4^*), 


(12) 


Pv2 


A2.|-B2  +  C«    '  sJA^  +  B^  +  C'-' 


On  attribue  à  R  une  valeur  i)Ositive,  donc  au  radical  le  signe 
de  s'. 

Remarquk.  —  Le  centre  du  cercle  osculaieiir  se  trouve,  comme 
on  l'a  vu  plus  haut,  dans  le  plan  osculateur.  Il  se  trouve  aussi 
dans  le  plan  normal.  En  effet,  la  première  des  équations  (9), 
F'(^)  -^  0,  exprime  que  les  coordonnées  x^,  y,,  Sj  vérifient 
l'équation  du  plan  normal. 

316.  Transformation  des  formules  précédentes.  —  Pour  un  instant, 
prenons  s  (îomme  variable  indépendante  :  nous  aurons  s"^  =  i 
et  Ds'-  =  0,  c'est-à-dire 

x''  -f  y'-  +  z'-'  =  I,         x'x"  +  y'y"  +  z'z"  --^  0. 

Ces  formules  permettent  de  simplifer  celles  du  n°  précédent. 
Nous  avons,  en  effet,  eu  égard  aux  valeurs  (7)  de  B  et  C, 

Bz'  -  Cy'  ^  (y'^  +  ^")x"  -  {y'y  -h  z'z')x' 

=  (y"^  +  z'^)x"  —  (—  X'X'')X'  ^  x". 

De  même, 

Cx'  -  As'  =  y",  Ay'  —  B^c'  =  z", 

et  l'identité  (11)  se  réduit  à 

A'  -f  B-  -h  C2  =-  x"'  4-  y'"'  4-  z"'. 

Comme,  dans  notre  hypothèse  sur  s,  les  dérivées  a;'',  y',  z" 
sont  les  dérivées  premières  de  et,  (3,  y  (cosinus  directeurs  de  la 
tangente),  les  formnles  précédentes  deviennent 

Bz'  -  Cr'  =^-,        CV  -  Az'^f,       Ay'  -  Bx'  =  % 
ds  ds  '  ds 


A=-.B=  +  C>.,(-)V(fJ  + 


m- 


Portons  ces  valeurs  dans  les  formules  (10)  et  (12),  nons  trouvons 

(i2\    •^•'— -^-^  y^—y  _  ^i— ^  _  p2 _  <i^^-     

(/a  cl^  dy  doL^  -f  d^"  +  df  ' 

ds  ds  ds 


34o        CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 

Ces  formules  (13)  ne  contiennent  plus  que  des  différentielles 
premières  d'éléments  définis  sur  la  courbe,  elles  sont  donc 
indépendantes  du  choix  de  la  variable  indépendante  et  géné- 
rales comme  (10)  et  (12). 

317.  Courbure.  Rayon  de  courbure.  —  La  courbure  se  définit 
dans  les  courbes  gauches  comme  dans  les  courbes  planes.  Con- 
sidérons sur  la  courbe  deux  points  M  et  M'  et  menons  les  tan- 
gentes MT  et  M'T'  en  ces  deux  points  dans  le  sens  des  arcs 
croissants.  Formons  le  rapport  de  l'angle  de  ces  deux  tangentes 
à  la  longueur  de  l'arc  ;  la  limite  de  ce  rapport  quand  le  point  M' 
se  rapproche  indéfiniment  da  point  M,  s'appelle  la  courbure  de 
la  courbe  au  point  M. 

Le  rayon  de  courbure  au  point  M  est  le  rayon  d'un  cercle 
ayant  même  courbure  que  la  courbe  en  ce  point  ;  il  est  donc 
égal  à  l'inverse  de  la  courbure. 

Pour  déterminer  ce  rayon  R,  désignons  par  a,  ^,  y  les  cosinus 
directeurs  de  la  tangente  MT  au  point  M  {x,  y,  z),  par  a  +  Aa, 
[3  -f-  Aj3,  Y  -|-  Ay  ceux  de  la  tangente  M'T'  au  point  M',  par  f 
l'angle  des  deux  tangentes  MT  et  M'T'  ;  on  a 

cos  <p  =  a  (a  +  Aa)  +  p  (^  +  A^)  +  y(y  +  Ay). 

Mais  les  cosinus  directeurs  de  MT  et  M'T'  satisfont  aux  deux 
relations  : 

a^  +  P^  +  y'  =  I,         (a  +  Aa)2  +  (P+  ^(3)^  -^  (y  +  Ay)=^  =  i. 

En  les  ajoutant,  il  vient 
2[a(a  +  Aa)  -h  (3  (P  +  A^)  +  y  (y  +  Ay)]  =^  2  -  (Aa^  +  A^^  +  Ay^)  ; 
d'où,  puisque  le  premier  membre  est  2  cos  f, 

Aa2  f  A[32  -f  Ay2  =  2  (i  —  cos<p)  =  (2  sin  ^  j. 

Comme  le  rapport  de  2  sin  *  à  ^  a  pour  limite  l'unité  quand  ^ 
tend  vers  zéro,  on  peut,  sans  en  changer  la  limite,  substituer 
ces  deux  quantités  l'une  à  l'autre  dans  un  rapport  d'infiniment 
petits.  Soit  As  la  longueur  de  l'arc  infiniment  petit  MM'  ;  la  cour- 
bure I  :  R  au  point  M  est  égale  à  la  limite  de  <p  :  As  ;  il  vient  donc 

I       ,.     r^Y       r      r^^'^2)      ..     Aa^  +  A^^  +  Ay^ 

I        dgg  +  c?P-  +  dy'  _  a'^  +  ^'''  +  y'^ 
R2~"  ds^     ~  s'« 


COURBURE  DES  COURBES  GAUCHES  3^1 

Donc,  en  vertu  de  la  formule  (]3),  le  rayon  de  courbure  est 
égal  au  rayon  du  cercle  osculateur. 

On  considère  R  comme  essentiellement  positif,  son  expression 
en  fonction  des  dérivées  des  coordonnées  sera  donnée  par  la 
formule  (12)  : 

R  * 


VA2  4-  B2  4-  C2 

où  le  radical  reçoit  le  signe  de  s'. 

Lie  cercle  osculateur,  ayant  pour  rayon  le  rayon  de  courbure, 
reçoit,  à  cause  de  cela,  le  nom  de  cercle  de  courbure  et  son 
centre  celui  de  centre  de  courbure. 

318.  Position  du  rayon  de  courbure.  Normale  principale.  —  On 
considère  généralement  le  rayon  de  courbure  comme  déterminé 
de  situation,  de  direction  et  de  sens.  C'est  le  vecteur  mené  du 
point  M  au  centre  de  courbure  correspondant,  dont  les  coordon- 
nées x^,  ji  et  Zi  ont  été  déterminées  précédemment  (n"  3i6). 
Le  rayon  de  courbure  est  normal  à  la  courbe  et  situé  dans  le 
plan  osculateur,  car  le  centre  de  courbure  se  trouve  dans  le 
plan  normal  et  dans  le  plan  osculateur  (n°  3i5).  On  donne  le 
nom  de  normale  principale  à  celle  qui  a  cette  direction  et  ce 
sens.  Ses  cosinus  directeurs  X,  [a  et  v  se  déduisent,  sans  ambi- 
guïté de  signe,  des  équations  (13)  en  y  faisant  les  substitutions  : 

Xi — X  =  RX,         y, — y  =  Rjji,         z^ — ^  =  Rv. 

Il  vient  ainsi 

/i4\  Xi^JL-l K 

^^  doL      d^      dy      ds' 

ou  encore  ,  en  divisant  tous  les  dénominateurs  par  dt, 

V^o;  ,  a'  ~  P'  ~'  y'  ~  s'' 

Comme  a',  [3'  et  y'  changent  de  signe  en  même  temps  que  s', 
ces  formules  mettent  en  évidence  que  X,  jji,  v  ne  dépendent  pas 
du  sens  dans  lequel  on  compte  les  arcs. 

319.  Directions  principales.  Sens  de  la  binormale.  —  Par  le  point 
M  d'une  courbe,  menons  la  tangente  dans  le  sens  des  arcs  crois- 
sants, la  normale  principale  et  la  perpendiculaire  au  plan  oscu- 


342        CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 

laieiir.  Cette  dernière  droite,  qui  est  perpendiculaire  aux  deux 
autres,  s'appelle,  à  cause  de  cela,  la  binormale.  Ces  trois  droites 
forment,  en  chaque  point  d'une  courbe,  le  trièdre  principal  et 
leurs  directions,  qui  sont  perpendiculaires  entre  elles,  s'appel- 
lent les  directions  principales. 

Les  cosinus  directeurs  a,  ^  et  y  de  la  tangente  MT  menée 
dans  le  sens  des  arcs  croissants,  et  ceux  X,  jjl,  v  de  la  normale 
principale  sont  définis  sans  ambiguïté  par  les  formules  (20)  du 
n*'  309  et  (15)  du  n°  3i8,  à  savoir 

a_p__Y_i  X       p-_'*'       R 

Nous  désignerons  par  X,  Y  et  Z  les  cosinus  directeurs  de  la 
binormale  MB.  Ceux-ci  étant  proportionnels  aux  coefficients 
A,  B  et  C  de  l'équation  du  plan  osculateur,  nous  aurons 

(16)  X       Y        Z  _  i_ 

ABC      VA2  +  B2  +  C2" 

Le  radical  est  susceptible  d'un  double  signe,  qui  correspond 
aux  deux  sens  opposés  dans  lesquels  on  peut  mener  la  binor- 
male MB.  Pour  déterminer  ce  sens  et,  par  conséquent,  le  signe 
du  radical,  il  faut  une  nouvelle  convention.  Nous  conviendrons 
de  mener  la  binormale  MB  de  telle  manière  que  le  trièdre  princi- 
pal MTNB  soit  de  même  rotation  que  celui  OXYZ  des  axes 
coordonnés,  c'est-à-dire  que  ces  deux  trièdres  soient  superpo- 
sables,  MT  sur  OX,  MN  sur  OY  et  MB  sur  OZ.  Pour  réaliser 
cette  condition,  nous  allons  montrer  qu'il  faut  donner  au  radi- 
ral  qui  figure  dans  les  formules  (16)  le  signe  de  s'. 

En  effet,  considérons  le  déterminant  8  formé  avec  les  cosinus 
directeurs  des  directions  principales  et  remplaçons-y  a,  [3,  y  et 
"k,  (X,  V  par  leurs  valeurs  ci-dessus  :  il  vient 


S-= 


a  p  y 
A   u  V 


R 


X   y 

a'    S' 


XYZ   '  '   X    Y   Z    ^ 

Substituons  encore  les  valeurs 

'  -  \s'  J  -  s  -^^  '      ^  -  Y      '^^  '        ^  ~  ^'      ^" 


TORSION 


343 


il  vient,  par  les  propriétés  des  déterminants, 


B  = 


R 


x'  y'  z' 
x"y''z" 
X  Y  Z 


R 


=.^^(AX+BY    I   CZ). 


Remplaçons  X,  Y,  Z  par  leurs  valeurs  (16)  ;  il  vient,  le  radi- 
cal ayant  le  même  signe  que -dans  ces  formnles, 


R 


8=^VA'  +  B2  +  C2. 

Reportons-nous  à  la  valeur  (12)  de  R  ;  il  en  résulte  que  8  est 
égal  à  +  I  ou  à  —  I  suivant  que  le  radical  a  le  signe  de  s'  ou  le 
signe  contraire  (*).  Donc,  le  radical  recevant  le  signe  de  .s',  on 

a  8  =  +  I. 

Or  t  =  +  1  est  la  condition  qui  exprime  que  les  deux  trièdres 
MTNB  et  OXYZ  sont  de  même  rotation. 

En  effet,  on  peut  toujours,  par  un  déplacement  continu, 
amener  MT  en  coïncidence  avec  OX  et  MX  en  coïncidence  avec 
OY.  Alors  MB  est  dirigé  suivant  OZ  ou  en  sens  contraire  : 
selon  qu'on  se  trouve  dans  l'une  ou  l'autre  hypothèse,  on  a 

Z  =  ±  I,  d'où 

I  0  0 

8=OiO         =±i. 
0  0  ±  I 
Mais,  si  8  était  égal  à  4-  i  avant  le  déplacement,  il  le  sera 
encore  après,  car  il  ne  peut  changer  brusquement  de  valeur 
pendant  le  déplacement.  Donc  MB  sera  venu  en  coïncidence 
avec  OZ. 

320.  Torsion.  Rayon  de  torsion.  —  Après  avoir  considéré  l'angle 
de  deux  tangentes  menées  en  deux  points  différents  M  et  M'  de 
la  courbe,  il  est  naturel  de  considérer  l'angle  de  deux  plans 
osculateurs.  On  arrive  ainsi  à  la  notion  de  seconde  courbure  ou 
de  torsion. 

Comme  nous  l'avons  déjà  dit  au  n°  3i3,  nous  admettcms  dès 
maintenant  l'existence  des  dérivées  troisièmes  de  .v,  y,  z. 


(*)  Le  déteriuimuit  S  formé  avec  les  cosiuus  dirccteiu-s  de  trois  direc- 
tions rectangulaires  est  toujours  égal  à  +  1  ou  à  -  1.  Ou  le  vérilic  inimé- 
diateineut  en  élcvaui  ce  dt'termiuaut  au  carré  par  la  règle  couuue. 


344         CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 


Considérons  l'angle  '\>  des  plans  osculateurs  aux  points  M  et 
M'  ;  formons  le  rapport  de  cet  angle  à  l'arc  MM'  :  la  limite  de 
ce  rapport  quand  M'  tend  vers  M  est  la  torsion  de  la  courbe  au 
point  M.  Le  rayon  de  torsion  T  au  point  M  est  l'inverse  de  la 
torsion  en  ce  point. 

Remarquons  que  l'angle  des  plans  osculateurs  aux  points  M 
et  M'  est  le  même  que  celui  des  binormales  en  ces  mêmes  points. 
Les  cosinus  directeurs  de  la  binormale  ont  été  désignés  par 
X,  Y  et  Z.  Donc  le  même  calcul  que  celui  qui  a  été  fait  au 
n°  3i7  pour  déterminer  i  :  R  au  moyen  des  cosinus  directeurs 
a,  p  et  y  de  la  tangente,  donnera,  dans  le  cas  actuel, 

I       X'2  +  Y'2  +  Z'« 


(17) 


Ts 


Cette  formule  suffit  pour  déterminer  la  valeur  absolue  de  la 
torsion  et  du  rayon  de  torsion.  Un  examen  plus  approfondi 
conduit  cependant  à  donner  un  signe  à  la  torsion.  C'est  ce  qui 
sera  fait  dans  le  numéro  suivant  où  nous  donnerons  en  même 
temps  la  valeur  de  T  en  fonction  des  dérivées  de  x,  y,  z. 

321.  Signe  de  la  torsion.  Détermination  du  rayon  de  torsion  en  gran- 
deur et  en  signe.  —  On  a  les  trois  équations  : 

X2  +  Y2  +  Z"  -  I,  Xx'  4-  Yy'  +  Zz'  =  0,  Xx"  +  Y  y"  +  Zz"  =  0. 

En  effet,  la  première  devient  identique  et  les  deux  suivantes  se 
réduisent  aux  équations  (4^)  quand  on  remplace  X,  Y,  Z  par 
leurs  valeurs  (16).  Dérivons  ces  équations  en  tenant  compte  de 
la  dernière  ;  il  vient 

XX'  -h  YY'  4-  ZZ'  =  0, 

^c'X'  +  y'Y'  +  z'Z  =  0,        . 

x"X'  +  y"Y'  +  z"Z'  -  —  (Xx'"  +  Yy'"  +  Zz'"). 

C'est  un  système  de  trois  équations  résoluble  par  rapport  à 
X',  Y',  Z'  et  dont  on  tire,  en  observant  que  le  déterminant  du 
système  est  AX  +  BY  +  CZ  (qui  est  différent  de  0  en  même 
temps  que  A^  +  B^  +  C'^), 

X;         ^         Y'         ^         Z'         _  —  {Kx"'  +  Yy"'-\-Zz<") 

Yz'—Zy'~Zx'—  Xz'~Xy>—Yx'~'       AX"+BY  +  CZ        ' 


TORSION 


345 


Observons  que  l'on  peut  remplacer  dans  le  dernier  membre 
de  cette  suite  d'égalités  X,  Y,  Z  par  les  quantités  proportion- 
nelles A,  B,  C  et  que  les  dénominateurs  des  autres  membres 
sont  respectivement  Xs',  [is',  vs',  car  des  égalités  entre  cosinus 
directeurs  de  directions  rectangulaires 

la  +  pip  -I-  vy  =  0,  XX  +  [xY  -f  vZ  =  0, 

on  tire,  grâce  à  la  convention  sur  le  sens  de  la  binormale, 

X  t^  V  X2  4-  fJl2  -f  v2 


yY  —  pZ      aZ  -  yX      (3X  —  aY 


a^y 

X    |Jl    V 

XYZ 


=  I, 


d'où 


Yz'  —  Zy'  =  s'{yY  - 
Il  vient  par  ces  substitutions 

en  posant  en  abrégé 


j3Z)  =  Xs',  etc.. 


D 


A2  +  B2  4-C2' 


(18) 


D  =  Ax'"  +  By'"  +  Cz'"  = 


x' 
x" 

X 


Itl 


En  vertu  de  la  formule  (17),  chacun  des  rapports  égaux  X'  :  Is', 
Y'  :  [is',  Z'  :  vs'  est  encore  égal,  au  signe  près,  à 


s'VX^  +  Ht^  +  v^'"  T' 

Nous  conviendrons  de  donner  un  signe  à  la  torsion  et  de  choisir 
ce  signe  de  manière  que  chacun  des  rapports  précédents  soit  égal, 
même  en  signe,  à  i  :  T.  Nous  avons  ainsi  le  système  de  formules  : 

(m        x^  _  Y'     Z'  _  I  D 

^^'         X?     lis'     vs'      T  A^  +  B^  +  C'^' 

La  dernière  montre  que  T  s'exprime  rationnellement  en 
fonction  des  coordonnées  du  point  M,  ce  qui  n'avait  pas  lieu 
pour  le  rayon  de  courbure.  Le  signe  de  la  torsion  est  indépen- 
dant du  sens  dans  lequel  on  compte  les  arcs  puisque  la  der- 
nière formule  est  indépendante  de  s'. 

La  dernière  formule  montre  que  la  torsion  s'annule  avec  le 
déterminant  I).  On  appelle  plans  osculaieurs  stationnaires  ceux 
qui  sont  menés  aux  points  où  B  =  0. 


346        CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 

322.  Théorème.  —  La  droite,  intersection  du  plan  oscillateur 
en  M  (supposé  non  stationnaire)  avec  le  plan  oscillateur  en  un 
point  infiniment  voisin  M',  a  pour  limite  la  tangente  en  M. 

(/Ommen^îons  par  une  remarque  préliminaire.  On  a 

BC'  —  CB'  =  B{x'y"'  —  y'x'")  —  C{z'x"'  —  x'z"') 
=  x'{By"  +  Cz'")  —  x"'{By'  +  Cz'). 

Mais  By'  -{-  Cz'  =  —  Ax'  ;  il  vient 

BC  —  CB'  -  x'{Ax"'  f  By'"  +  Cz'")  =  Dx'. 

On  en  déduit  par  permutation  circulaire  les  deux  formules 
analogues  : 

CA'  —  AC  =  Dy',        AB'  -  BA'  -  D^'. 

Donc,  en  un  point  ordinaire  où  D  n'est  ])as  nul,  une  au  moins 
des  trois  quantités  BC  —  CB',...  est  différente  de  0. 

Arrivons  maintenant  au  plan  osculateur.  Considérons  .v,  y,  z 
et  A,  B,  C  comme  des  fonctions  de  t  définies  sur  la  courbe  et 
posons  (i,  Ti,  ^  étant  indépendants  de  t) 

<D(0  --  A(i  -  .V)  +  B(r,  -  y)  +  C(C  -  z). 

Les  équations  des  plans  osculateurs  aux  points  M  et  M'  de 
paramètres  t  et  t  -\-  ^t  seront 

<ï>(0  =-  0,        m  4-  M)  =  0. 

Les  coordonnes  i,  r\,  ^  de  Fintersection  de  ces  deux  plans 
vérifient  ces  deux  équations  à  la  fois,  donc  aussi  leur  différence 
A<I>  =  0  et  aussi  A<I>  :  M  =-0.  Quand  M'  tend  vers  M,  M  tend 
vers  0  et  ^,  -n,  ^  vérifient  le  système 

a>(0  =-  A(^  -  .v)  4-  B(n  -  y)  +  C(C  -z)  =  0, 
^'(0  =  A  (i  -  X)  H-  B'(t,  -  y)  +  C%  -  z)  =  0, 

car  <I^'(/)  se  simplifie  par  la  relation  A.x'  +  Hy'  +  Cz'  —  0.  Mais 
en  vertu  de  notre  remarque  préliminaire,  ce  système  peut  être 
résolu  })ar  rapport  à  (^  —  .v),...  et  on  en  tire,  en  vertu  des  rela- 
tions BC  —  CB' =  Doc',... 

î  —  x^-n  —  y^^  —  z 
T)x'        Dy'         l)z'  ' 

Ce  sont  les  équations  de  l'intersection-limite  (D  n'étant  pas 
nul)  et  elles  se  confondent  avec  celles  de  la  tangente. 


TORSION  347 


Remarque.  —  Le  théorème  subsiste  eu  général  aux  points 
où  I)  =  0,  mais  à  condition  d'introduire  de  nouvelles  hypothèses 
sur  l'existence  des  dérivées  d'ordre  plus  élevé.  Nous  n'exami- 
nerons pas  cette  question  ici. 

323.  Interprétation  géométrique  du  signe  de  la  torsion.  —  Il  résulte 
du  théorème  précédent  que,  quand  le  point  M  se  déplace  sur  la 
courbe  dans  un  sens  déterminé,  la  rotation  du  plan  osculateur 
se  fait  autour  de  la  tangente.  Le  sens  de  cette  rotation  dépend 
du  signe  de  la  torsion.  C'est  ce  que  nous  allons  montrer. 

Soient  M  un  point  variable  et  Mo  un  point  fixe  sur  la  courbe, 
'■f  l'angle  de  la  binormale  en  M  avec  la  normale  principale  en  Mo. 

On  a 

cos  cp  ==-  XoX  +  H^oY  4-  VoZ 

et,  eu  différentiant  et  utilisant  les  relations  (19), 

dœ    .           "XoX'  +  UoY'  4  VoZ'      Xo  +  iXo\i.  +  VoV 
-  cis  ^"^  ^== s' = T • 

Prenons  Mo  dans  la  position   actuelle  de  M  ;   nous  aurons 

<p  ^  90",  A  ==  Xo,...,  donc 

(/cp   _         I 
~ds''         T  • 

Donc  cp  et  .s-  varient  en  sens  contraire  si  T  est  positif,  et  dans 
le  même  sens  si  T  est  négatif.  Ainsi,  lorsque  le  point  M  se  dé- 
place sur  la  courbe  dans  le  sens  des  arcs  croissants,  la  rotation 
de  la  binormale  autour  de  la  tangente  se  fait  du  côté  de  la  nor- 
male principale  si  T  est  positif,  et  du  côté  opposé  si  T  est  négatif. 

Cette  règle  s'applique,  quel  que  soit  le  sens  de  rotation  du 
trièdre  OXYT..  S'il  est  donné  comme  d'habitude,  un  observateur 
qui  se  tient  debout  sur  le  plan  YZ  du  coté  de  OX,  voit  la  rota- 
tion de  ()Y  vers  OZ  se  faire  de  gauche  à  droite  (ou  dans  le  sens 
des  aiguilles  d'une  montre).  Dans  ce  cas,  la  règle  précédente  se 
transforme  dans  la  suivante  :  Un  observateur  immobile  qui 
regarde  s'éloigner  le  point  M,  verra  tourner  le  plan  osculateur 
dans  le  sens  des  aiguilles  d'une  montre  si  T  est  positif  et  dans  le 
sens   inverse  si  T  est  négatif. 

On  dit  que  l'allure  de  la  courbe  est  dextrorsum  dans  le  pre- 
miei'  cas  (T  positif)  et  sinistrorsum  dans  le  second  (T  négatif). 
Cette  distinction   est  indépendante  du  sens  dans  lequel  se  fait 


34B        CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 

le  mouvement,  car,  si  ce  sens  vient  à  changer,  le  sens  de  la 
rotation  et  la  position  de  l'observateur  sont  renversés  en  même 
temps  et  les  apparences  restent  les  mêmes. 

324.  Formules  de  Frenet.  —  Les  formules  de  Frenet  jouent  un 
rôle  important  dans  la  théorie  des  courbes  gauches.  Elles  ont 
pour  objet  d'exprimer  les  différentielles  des  cosinus  directeurs 
des  directions  principales  en  fonction  des  cosinus  eux-mêmes, 
de  la  courbure  et  de  la  torsion.  Les  trois  systèmes  de  formules 
sont  les  suivants  : 


da      d(3      dy      ds 
X  ~  pi  ~  V   ~R' 

(21) 

dX      dY 

dZ       ds 
V        T 

d\            a       X      du 
ds~       R       T'    ds  ~ 

R 

Y      dv 
T'    ds~ 

R       T- 

(20) 
(22) 

Les  deux  premiers  nous  sont  déjà  connus,  car  ils  reviennent 
à  (14)  et  (19).  Pour  établir  le  troisième,  on  différentie,  en  tenant 
compte  des  deux  premiers,  les  trois  équations  : 

aX  +  p|jL  +  yv  =  0,         XX  +  Yfx  -h  Zv  =  0,         X^  +  jx^  +  v^  =  i  ; 

il  vient 

adX  4-  [âdpi  +  ydv  =  -  ^,  XdX  +  Yd|x  +  Zdv  =  -  ^, 

XdX  H-  pLd(jL  +  ^dv  =  0. 

On  ajoute  ces  équations  respectivement  multipliées  par 
a,  X,  X,  ou  par  (3,  Y,  (i.,  ou  par  y,  Z,  v,  on  obtient  les  formules  (22). 

On  déduit  de  ces  formules  d'importantes  conséquences,  par 
exemple  les  suivantes  : 

1°  Toute  courbe  dont  la  courbure  est  constamment  nulle  est 
une  droite. 

En  effet,  les  formules  (20)  donnent  dans  ce  cas  da  =  d^  =  dy  =  0, 
donc  a,  p,  y  sont  constants  et  la  ligne  est  droite  (n°  809). 

2°  Toute  courbe  dontla  torsion  est  constamment  nulle  est  plane. 

En  effet,  les  formules  (21)  donnent  alors  dX  =  dY  =  dZ  =  0, 
donc  X,  Y,  Z  sont  constants.  On  a  alors 

Xx  +  Yy  -\-  Zz  =  Const. 

car  le  premior  membre  a  pour  dérivée  'Xx'  +  Yy'  +  Zz'  qui  est 
nul.  Donc  la  courbe  est  dans  le  x)lan  représenté  par  cette  équa- 
tion. 


FORMULES  DE  FRENET  349 


325.  Expressions  des  dérivées  successives  des  coordonnées  par  rapport 
à  l'arc.  —  Prenons  l'arc  s  comme  variable  indépendante.  On  a  d'abord 
par  les  formules  de  Frenet, 

x<  =  a,      ^'_a_— ,     X    -^         j^3    -       (^R2+-    R2+  rt/ 

Si  l'on  continue  à  dériver  de  proche  en  proche,  en  remplaçant  cha- 
que fois  les  dérivées  de  «,  X,  X  par  leurs  valeurs  tirées  des  formules  de 
Frenet,  on  trouve 

;,;(»)=  aPi+XPg  4- XP3, 

où  Pi,  P2  et  P3  sont  des  fonctions  rationnelles  de  R,  T  et  de  leurs 
dérivées  successives.  Ces  mêmes  fonctions  s'introduisent  dans  les  va- 
leurs dey")  et  de  ^-i"',  de  sorte  que  l'on  a 

^^«)  =  PP,  +  [XP2  +  YP3, 

^(»)=yPi  +  vP2  +  ZP3. 

En  particulier  pour  les  trois  premiers  ordres,  les  valeurs  de  Pi,  P2 
et  P3  se  trouvent  dans  les  expressions  de  x\  x"  et  x'"  écrites  ci-dessus. 

Pour  faire  une  application  de  ces  formules,  plaçons  l'origine  des 
coordonnées  à  l'origine  des  arcs,  prenons  les  axes  coordonnés  sui- 
vant les  directions  principales,  OX  suivant  la  tangente,  OY  suivant  la 
normale  principale,  OZ  suivant  la  binormale  au  point  O,  et  propo- 
sons-nous de  développer  x,  y  et  z  suivant  les  puissances  de  5  par  la 
formule  de  Maclaurin.  Bornons-nous  seulement  au  calcul  des  trois 
premiers  termes.  Le  développement  de  x  est  le  suivant  : 

I  Xq  Xq 

x  =  xos-\ s^ -\ — ^-i^-f-... 

2  o 

et  ceux  dejK  et  ^  sont  analogues.  Dans  le  cas  actuel,  Oq  =  (Aq  =  2o  =  i 
et  les  autres  cosinus  directeurs  au  point  O  sont  nuls.  On  a  donc 


<=^' 

x'l  =  0, 

i:'"  —  —    ^     . 
^0      -           j^2, 

>;=o. 

Il       I 

Kl                    R' 

yo  -     ^,; 

^0=0, 

.;'=o, 

RT- 

Par  conséquent. 

(23)    x  =  s      6R2^^  +  - 

S2 

•'    ^=2R- 

R'    3  . 
-6R^^  +•••'    '=■ 

53 

6RT 

+  ... 

Parmi  les  conséquences  de  ces  formules,  nous  indiquerons  seule- 
ment la  suivante  :  Une  courbe  traverse  chacun  de  ses  plans  osculateurs  en 
son  point  de  contact. 

En  effet,  sauf  le  cas  de  R  ou  bien  T  infini,  la  dernière  équation 
montre  que  z  change  de  signe  avec  s.  A  l'origine,  le  plan  osculateur  est 


35o         CHAPITRE  TX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 

celui  des  xy  ;  la  courbe  passe  donc  d'un  côté  à  l'autre  de  son  plan 
osculateur.  Le  point  M  se  mouvant  sur  la  courbe  dans  le  sens  des 
arcs  croissants,  passe,  par  rapport  au  plan  osculateur,  du  côté  de  la 
binormale  si  T  est  négatif,  du  côté  opposé  si  T  est  positif. 

326.  Hélice  circulaire.  —  Cette  courbe  est  décrite  par  un  point  M 
qui  se  meut  uniformément  sur  une  droite,  laquelle  tourne  elle-même 
d'un  mouvement  uniforme  autour  d'un  axe  qui  lui  est  parallèle. 
L'hélice  est  donc  tracée  sur  un  cylindre  de  révolution.  Soient  r  le 
rayon  de  la  section  droite  du  cylindre  et  k  une  constante.  Si  l'on  prend 
l'axe  du  cylindre  pour  axes  des  z  et  si  l'on  fait  passer  l'axe  des  y  par 
un  point  de  la  courbe,  les  équations  de  l'hélice  circulaire  sont  : 

x  =  rs\nt,        y  =  r  cos  t,        z  =  kt. 

Nous  compterons  les  arcs  dans  le  sens  où  t  croît,  de  sorte  que  nous 
aurons,  //  désignant  une  constante  positive, 


*        ?        "f?  '  h'  ^"h' 


l_  _  \/a'--|-j3'2-f  Y'ii  _  jK^ 

X  =  R    -  = ,         ÎJL  -=  —     ,         ''  =  0. 

5  r  r 

A^ky,        B  =  —  kx,       C  =  —  r-,       y^'ÂTfW^fU  =  ky . 

^  _h  V  _        ^^  y  ^ 

T  V~A2* 

Donc  :  10  La  courbure  et  la  torsion  sont  constantes  ;  2"  la  tangente,  la 
binormale  et  la  normale  principale  font  des  angles  constants  avec  OZ  (le 
dernier  étant  droit)  ;  3^  la  torsion  a  le  signe  de  k. 

Avec  notre  convention  sur  le  sens  de  rotation  des  axes  coordonnés, 
les  spires,  vues  de  l'extérieur  du  cylindre  supposé  vertical,  paraissent 
monter  de  gauche  à  droite  si  k  est  positif  (dextrorsum)  et  de  droite  à 
gauche  si  k  est  négatif  (sinistrorsum). 

Les  coordonnées  du  centre  de  courbure  Mi  sont  (n^  3i6)  : 
;,,=;, -|.R2?^=-;r(^-y,        vi  =-r(^-j  ,        z^=z. 

Donc  le  lieu  du  centre  de  courbure  est  une  nouvelle  hélice.  Le  centre  de 
courbure  au  point  Mi  de  cette  nouvelle  hélice  est  au  point  M.  Les 
deux  hélices  décrites  par  M  et  Mi  sont  réciproques  au  point  de  vue 
de  la  courbure  :  chacune  d'elles  est  le  lieu  des  centres  de  courbure  de 


FORMULES  DE  FRENET  35l 


l'autre.  C'esfd'ailleurs  une  propriété  générale  des  courbes  à  courbure 
constante.  (Voir  l'exercice  4  à  la  fin  du  paragraphe). 

Réciproquement,  toute  courbe  qui  a  ses  deux  courbures  constantes  est  une 
hélice  (Liouville).  Ce  théorème  sera  démontré  au  n"  328. 

327.  Hélice  quelconque.  —  Une  droite  AB  qui  reste  parallèle  à  OZ 
et  dont  le  point  A  décrit  une  courbe  PQ  dans  le  plan  xy,  engendre  une 
surface  cylindrique.  Supposons  que  le  point  M  se  déplace  avec  une 
vitesse  constante  sur  la  droite  AB  pendant  que  le  point  A  se  déplace 
avec  une  vitesse  constante  sur  la  courbe  PQ  ;  le  point  M  décrit  sur 
la  surface  du  cylindre  une  courbe  appelée  hélice.  Soit  a-  l'arc  de  la  cour- 
be PQ  (section  droite  du  cylindre)  ;  les  équations  de  l'hélice  sont  de 
la  forme  [k  constant) 

X  =  <p(a),        y  =  (|^(c7),        2  =  k<y. 

Prenons  j  comme  variable  indépendante  ;  nous  avons 


x'^-{-y"  =  i,        s'  =  \lx'^+y'^-\-z'^==\/i-\~k-'. 

Donc  :  i"  l'arc  s  de  l'hélice  est  proportionnel  à  l'arc  a  de  la  section  droite 
11  vient  alors 

^      ''      \/ï"+T^'       '         '' 

Donc  :  2°  la  tangente  à  l'hélice  fait  un  angle  constant  avec  la  génératrice 
du  cylindre  ;  3*^  la  normale  principale  à  l'hélice  est  normale  au  cylindre.  Il 
vient  ensuite 

I    _  g^g  4-  P'2  -f  y'^  _  «'^  +  P'^ 

R2~  5'2  I+/^2     • 

Mais  a'2  4-  ÎJ'2  est  le  carré  de  la  courbure  de  la  section  droite,  donc  : 
4°  les  rayons  de  courbure  aux  points  correspondants  de  l'hélice  et  de  la  sec- 
tion droite  sont  proportionnels.  En  particulier  si  l'hélice  est  à  courbure 
constante,  la  section  droite  l'est  aussi  et  devient  un  cercle  (n»  298), 
donc  :  5°  toute  hélice  à  courbure  constante  est  circulaire. 

On  tire  maintenant  des  deux  premières  séries  de  formules  de  Frenet 

(23)    RdoL  —  TdX=0,        Rd^-TdY==(),        Ed^[—TdZ^O. 

La  dernière  équation  montre  que  dZ  s'annule  avec  dy,  donc  Z  est 
constant  et  :  6°  la  binormale  à  l'hélice  fait  un  angle  constant  avec  la  généra- 
trice du  cylindre.  Enfin  la  dernière  formule  de  Frenet  devient  mainte- 
nant (v  étant  nul) 


d^ 

ds 

Y 
R 

Z 

T 

=  0, 

d'où 

R 
T 

Y 
Z 

et  comme  y  et  Z  sont  constants,  nous  voyons  que  :  7"  les  rayous  de 
courbure  et  de  torsion  de  l'hélice  sont  dans  nn  rapport  constant. 


352        CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 

Ces  diverses  propositions  admettent  des  réciproques.  C'est  ce  que 
nous  allons  montrer. 

328,  Conditions  sous  lesquelles  une  courbe  est  une  hélice.  —  i"  Toute 
courbe  dont  la  tangente  fait  nu  angle  constant  avec  une  droite  fixe  OZ,  est 
une  hélice. 

En  effet,  prenons  s  pour  variable  indépendante,  on  a  £■'  =  y  (con- 
stant), donc  en  faisant  passer  le  plan  des  xy  par  l'origine  des  arcs,  z  =  75. 
On  a  ensuite 

I  =  x^i  +_v'2  +  z'^  =-  a'2  -f  yï,  d'où  a'  =  Vl  —  t, 

et  en  comptant  l'arc  «r  de  la  section  droite  à  partir  du  point  correspon- 
dant à  l'origine  de  l'arc  s,  on  a  7  =  \/i  —  y2  s.  Donc,  en  exprimant  x, 
j/  et  ^  en  fonction  de  o,  on  a  les  équations  d'une  hélice  : 

X  =  cf  (a),        y  =  <|^(a),         2 


Ml -y' 

2°  Toute  courbe  dont  la  normale  principale  est  perpendiculaire  à  une  droite 
fixe  OZ  ;  toute  courbe  dont  la  binormale  fait  un  angle  constant  avec  OZ, 
est  une  hélice. 

Ces  propositions  se  ramènent  respectivement  à  la  précédente  par 
l'une  des  formules  : 

dy^~^  ds,        R^Y  —  TdZ  =  0, 

qui  montrent  que  dy  s'annule  soit  avec  v,  soit  avec  dZ,  auquel  cas  y 
est  constant. 

3"  Toute  courbe  dont  les  deux  courbures  sont  dans  un  rapport  constant  est 
une  hélice. 

Posons,  en  effet, 

T  T  T 

«-^X  =  a,  p-±-Y  =  b,  y--^Z  =  c; 

a,  b,  c  seront  constants,  car  leurs  différentielles  seront  nulles  en  vertu 
des  équations  (23).  Additionnons  les  trois  équations  ci-dessus  respec- 
tivement multipliées  par  a,  [3,  y,  il  vient 

aa  -f  èp  -f  cy  =  I . 

Cette  équation  exprime  que  la  tangente  fait  un  angle  constant  avec 
une  droite  de  coefficients  directeurs  a,  b,  c,  ce  qui  ramène  au  cas  1°. 

4°  Toute  courbe  dont  les  deux  courbures  sont  constantes  est  une  hélice  cir- 
culaire. 

En  effet,  c'est  une  hélice  en  vertu  de  la  proposition  précédente  et, 
comme  elle  est  à  courbure  constante,  elle  est  circulaire.  (Voir  ci-des- 
sus, no  327,  5°). 


FORMULES  DE  FRENET  353 


329.  Courbes  de  Bertrand.  —  On  appelle  courbes  de  Bertrand  celles 
dont  les  deux  courbures  sont  liées  par  une  relation  linéaire.  On  est 
conduit  à  ces  courbes  quand  on  se  propose  le  problème  suivant  : 

Trouver  une  courbe  gauche  dont  la  normale  principale  soit  aussi  la  normale 
principale  d'une  autre  courbe. 

Soit  M{x,y,  z)  le  point  qui  décrit  la  première  courbe,  Mi(a-i  ji,  Z\) 
celui  qui  décrit  la  seconde.  Nous  écrirons  sans  indice  les  éléments  re- 
latifs à  la  courbe  (M)  et  avec  l'indice  i  ceux  relatifs  à  la  courbe  (M,). 

Soit  p  la  distance  MMi  et  <^  l'angle  de  la  tangente  MiTi  avec  la  tan- 
gente MT,  angle  compté  positivement  du  côté  de  la  binormale  MB. 
Ces  deux  quantités  p  et  <|/  sont  constantes.  En  effet,  on  a 

<f  p2  =  d^{x  —X,Y==  2^X  —  x,)dx  —  21{X  —  X,)dXi 

et  chacune  de  ces  deux  sommes  est  nulle,  car  M  et  M i  se  déplacent 
normalement  à  p',  donc  dp^  =  0.  D'autre  part,  en  vertu  des  formules 
de  Frenet,  on  voit  facilement  (X,  [x,  v  et  Xj,  [Xi,  vj  étant  identiques)  que 
^ad<xi  et  Sajt^a  sont  nuls,  d'où 

dco&'\>  =  d{(xcii  +  ppi  -\-  YYi)  =  0, 

Donc  les  trièdres  principaux  relatifs  aux  deux  courbes  sont  invariablement 
liés  entre  eux. 

D'autre  part,  en  dérivant  par  rapport  à  s  les  trois  relations  : 
X\  ===^  +  ^P,  Ji  =  ...,  2i  =^-  ...  où  p  est  constant,  il  vient 

(1)  „_  =  ,_(^_+_,jp,        p. -  =  ...,      T,^  =  ... 

Multipliant  par  a,  j3,  y  et  ajoutant  ;  par  X,  Y,  Z  et  ajoutant,  il  vient 

/o\  '^^i         I  P  dsi    .     ,  p 

(2)  ^cos^^i--,         --sm4^  =  --^; 


d'où 
(3) 


I   _   I  COt'j' 

7~"  rT       T" 


Donc  les  deux  courbures  de  la  courbe  (M)  sont  liées  par  une  rela- 
tion linéaire.  La  courbe  (M)  est  une  courbe  de  Bertrand  et  la  courbe  (Mi) 
en  est  une  aussi,  pour  les  mêmes  raisons. 

Réciproquement,  toute  courbe  de  Bertrand  (M)  est  conjuguée  à  une  autre 
courbe  (Mi)  ayant  même  normale  principale. 

En  effet,  si  la  courbe  (M)  satisfait  à  la  relation  (/>,  q  constants) 
(4)  i -^  =  1 

je  dis  que  la  courbe  (M,)  que  l'on  en  déduit  en  portant  MM,  (ou  p) 
égal  à  p  sur  la  normale  principale,  aura  cette  normale  principale 
commune  avec  (M). 

23 


354         CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 

En  efïet,  p  étant  constant,  on  a  les  équations  (1),  d'où  l'on  tire,  en 
multipliant  par  X,  [x,  v  et  ajoutant,  SXaj  =  0,  ce  qui  montre  que  MMi  est 
une  normale  à  (Mi).  Donc  on  a,  comme  plus  haut,  les  équations  (2) 
et  (3)  et,  par  comparaison  avec  (4),  cot  '^  =  q:  p.  Donc  ^  est  constant 
et  il  vient,  à  cause  de  SXa,  =  0, 

ds 

O^d  cos  '\>  =  iSaai  :=— -SaXi, 

0  =  rfsin  J^-iSXai  =^lXh. 

Donc  la  normale  principale  à  (Mj  est  normale  à  MT  et  à  MB  et 
coïncide  avec  MMi. 

Une  courbe  qui  a  ses  normales  principales  communes  avec  deux  autres  cour- 
bes est  une  hélice  circulaire,  et  les  normales  principales  sont  alors  communes 
à  une  infinité  d'hélices  circulaires. 

En  effet,  R  et  T,  étant  alors  liés  par  deux  relations  linéaires  distinctes, 
sont  constants  et  la  courbe  est  une  hélice  circulaire.  D'autre  part,  la 
longueur  constante  MMi  peut  alors  être  prise  arbitrairement.  Toutes 
les  hélices  décrites  par  Mi  sont  tracées  sur  des  cylindres  concentriques. 

Exercices. 

1.  Appliquer  les  formules  générales  à  la  courbe 

y  =  x^  :  2a,        z  ==^  x^  :  6a^. 

R.  En  choisissant  convenablement  le  sens  des  arcs,  on  a 

ds  a  -\-y 

dx  a     ' 

Ensuite  (e  désignant  l'unité  du  même  signe  que  a) 

«_P_ï_    I       j  ^""    ^^'    i^-  =  -(«  — ï)'    ^==^P; 

a      X      y       a+y'     (    X  =  ty,  Y  =  — sp,  Z  =  sa. 

_  T  =  eR  =  (a +j/)2  :  fl. 

2.  Même  question  pour  la  courbe 

y  =  x'^:'5a^,        z=a-:2x. 

R.  On  a,  en  choisissant  convenablement  le  sens  des  arcs, 

ds 2x*  -\-  a* 

dx         2a^x^ 

Ensuite  (s  désignant  l'unité  du  même  signe  que  x) 

a       _     P     _        Y    _        I         .     S  X  =  —  e(P  -[-  y),     [A  =  ea,      V  =  sa  ; 


2fl2;i-2        2X^  a^       2X*  +  a*'     (  X  =  ea,  Y  =  sy,     Z  =  ep 

T-sR-  (^^'  +  ^')' 


FORMULES  DE  FRENET  355 


3.  Calculer  les  dérivées  des  coordonnées  x^,yi,  z^  du  centre  de  cour- 
bure Ml  d'une  courbe  gauche  et  celle  de  l'arc  Si  décrit  par  ce  point. 

R.  On  dérive  les  relations  Xi  — x  ^^  RX,...  et  l'on  tient  compte  des 
formules  de  Frenet,  On  trouve 

x[  =  XR'  -  X  ^5',       y[  =  ^R'  -Y  ^s',        z[^,R'  -  z~  s', 

4.  Courbes  à  courbure  constante.  —  Le  lieu  du  centre  de  courbure  Mi 
d'une  courbe  gauche  à  courbure  constante  jouit  de  propriétés  remar- 
quables. On  tire,  dans  ce  cas,  des  équations  de  l'exercice  précédent 


'1 


-)'i        h  R 


X       Y        Z  1^  ^       ^i- 

En  affectant  de  l'indice  i  les  quantités  qui  se  rapportent  au  lieu  du 
point  Ml,  il  vient 

ai=X,         P,=Y,         Yi=Z. 

Donc  la  tangente  au  point  Mi  est  parallèle  à  la  binormale  au  point 
M.  On  a  ensuite  les  trois  relations  : 

<^X',  (3;  =  y,  yi=z'. 

On  en  tire  d'abord 

«;^+P1^+t:^-X'2  +  Y'2  +  Z'2,     d'où     4  =  £    et    R, -R; 
ensuite,  au  moyen  des  formules  de  Frenet, 

Xi=  —  X,  [J.i=—   |i,  V,   =—  V. 

On  en  conclut  que  le  point  M  est  le  centre  de  courbure  au  point  Mi 
de  la  courbe  décrite  par  ce  centre  de  courbure.  Donc  les  deux  courbes 
considérées,  la  courbe  génératrice  et  la  courbe  décrite  par  son  centre 
de  courbure,  sont  réciproquement  les  lieux  des  centres  de  courbure 
l'une  de  l'autre. 

5.  Courbes  sphériqnes.  —  On  appelle  ainsi  les  courbes  tracées  sur  une 
sphère.  L'origine  étant  au  centre,  on  a 

^^  +  J'^  +  ^^  =  p^ -■=  const. 

En  dérivant  par  rapport  à  5  et  en  se  servant  des  formules  de  Frenet, 
on  en  déduit,  de  proche  en  proche, 

«^  +  h'  +  -(Z  =0,        X;t;  +  (xy  -f  v^  =  —  R,        Xx^   Yy-\-Zz  =  —  R'T 
d'où 

^  =  _XR  +  XTR'        r  =  — |xR  +  YTR',        ^=-vR}-ZTR'. 

Soit  0  l'angle  de  la  normale  principale  en  M  avec  la  normale  inté- 


356         CHAPITRE  IX.  SURFACES  ET  COURBES  GAUCHES 

rieuie  à  la  sphère,  on  conclut,  sans  peine,  des  formules  précédentes  : 
jo  que  l'on  a,  les  dérivées  étant  toujours  prises  par  rapport  à  l'arc, 

R  =  P  cos  6,        I  :  T  =  ±  0',        R^  +  (TR')^  =  ?^  ; 

2"  que  toute  courbe  sphérique  à  courbure  constante  est  plane  et  qu'elle 
est,  par  conséquent,  un  cercle  de  la  sphère. 

6.  Soit  s  =^  MM'  un  arc  infiniment  petit  d'une  courbe  gauche.  Dé- 
montrer que  :  la  distance  8  du  point  M'  au  plan  osculateur  en  M,  la  plus 
courte  distance  ô'  des  tangentes  en  M  et  en  M',  la  différence  £  entre 
l'arc  s  et  sa  corde,  ont  respectivement  pour  expressions,  aux  infiniment 
petits  près  du  4«  ordre  : 


8^ 


6RT'  12RT'  24  R'* 


R.  Ce  sont  des  conséquences  faciles  à  tirer  des  formules  (23)  don- 
nées au  n°  325,  et  il  en  est  de  même  de  la  proposition  formulée  dans 
l'exercice  suivant  : 

7.  Soit  s=  MM'  un  arc  infiniment  petit  d'une  courbe  gauche.  Dé- 
montrer que  la  distance  du  point  M'  à  la  tangente  MT  a  pour  valeur 
s"  :  2R,  aux  infiniment  petits  près  du  troisième  ordre. 


CHAPITUE  X. 


Calcul  des  aires,  des  arcs  et  des  volumes. 
Evaluation  approchée  des  intégrales  définies. 


§  1 .  Quadrature  des  aires  planes. 

330.  Quadrature  des  aires  planes  (coordonnées  cartésiennes).  —  Soit 
f{x)  une  fonction  continue  dans  l'intervalle  {a,  b)  (a  <  b).  Con- 
sidérons la  courbe  plane  qui  a  pour  équation 

par  rapport  à  deux  axes  OX  et  OY  se  coupant  sous  un  angle  A. 
Proposons-nous  d'évaluer  l'aire  comprise  entre  la  courbe,  l'axe 
des  A'  et  les  deux  droites  x  =  a  et  x  =  b. 

Supposons,  pour  commencer,  que  f{x)  soit  constamment  posi- 
tif dans  l'intervalle  {a,  b).  Alors  le  problème  à  résoudre  est  celui 
que  nous  avons  déjà  examiné  au  n"  222,  mais  en  axes  rectangu- 
laires. La  solution  est  analogue  pour  des  axes  quelconques. 
Décomposons  l'aire  en  segments  par  des  parallèles  à  l'axe  des  y 
d'abscisses  successives  .Vi  =  a,  A*g,  x^...  Xi,...  Xn+i  =  b  et. soient, 
en  général,  M,  et  /«,  les  bornes  supérieure  et  inférieure  de  f{x) 
dans  l'intervalle  {Xi,  Xi+i)  d'amplitude  8^.  L'aire  du  segment  de 
base  5j  est  intermédiaire  entre  celles  des  deux  parallélogrammes 
de  même  base  S/,  l'un  inscrit  dans  le  segment  et  l'autre  circons- 
crit. Ces  parallélogrammes  ont  respectivement  pour  mesures 
m^i  sin  X  et  M^S;  sin  X.  L'aire  S  à  évaluer  sera  comprise  entre 
les  deux  sommes  : 

n  n 

sin  X  E  nitZi        et        sin  X  E  M  Si. 
1  1 

Elle  a  donc  pour  valeur  la  limite   commune  de  ces   deux 

sommes  quand  tous  les  8^  tendent  vers  zéro.  Il  vient  ainsi,  par 

définition  de  l'intégrale  définie  (n"  219), 


(1)  S  =  sin  X  f  f{x)  dx 


358  CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 

Si  l'on  suppose  maintenant  que  f{x)  soit  constamment  néga- 
tif dans  l'intervalle  (a,  b),  le  raisonnement  précédent  subsiste, 
sauf  que  que  toutes  les  mesures  considérées  sont  négatives,  et  la 
formule  (1)  donne  pour  S  une  valeur  négative.  Les  aires  calcu- 
lées par  cette  formule  sont  donc  positives  quand  la  courbe  est 
située  au-dessus  de  l'axe  des  x,  et  négatives  quand  la  courbe 
est  située  au-dessous. 

Enfin,  si  la  courbe  traverse  une  ou  plusieurs  fois  l'axe  OX, 
la  formule  fournit  seulement  la  différence  entre  les  aires  situées 
de  part  et  d'autre  de  cet  axe.  Dans  ce  cas,  si  l'on  veut  calculer 
l'aire  totale,  il  faut  donc  évaluer  séparément  les  aires  positives 
et  négatives  et  faire  la  somme  de  leurs  valeurs  absolues. 

Lorsque  les  axes  sont  rectangulaires,  sin  X  =  i.  La  formule 
se  simplifie  et  prend  la  forme  la  plus  liabituelle  : 


(2)  S  =  fV(^)  dx  =  fV  dx. 

Ja  Ja 


331.  Les  formules  précédentes  permettent  d'évaluer  l'aire 
comprise  entre  deux  courbes.  Supposons  que  ces  courbes  aient 
pour  équations  : 

et  que  l'on  ait  constamment  fi{x)  <  f2{x).  L'aire  S  comprise 
entre  les  deux  courbes  et  les  deux  droites  x  =  a  et  x  —  b,  sera 
la  différence  algébrique  entre  les  deux  aires  Sg  et  Si  comprises 
entre  ces  deux  droites  et  l'axe  des  x,  mais  limitées  respective- 
ment à  chacune  des  deux  courbes.  On  a  donc  S  =  S2  —  Si  Si 
les  axes  sont  rectangulaires,  la  formule  (2)  s'applique  au  calcul 
de  Sg  et  de  S  j  et  il  vient 


(3)  S^  {\Ux)-f\{x)]dx. 

Ja 


Si  les  axes  sont  obliques,  l'intégrale  précédente  doit  être 
multipliée  par  sin  X. 

La  formule  (3)  s'emploie  pour  calculer  l'aire  d'une  courbe 
fermée  qui  n'est  rencontrée  qu'en  deux  points  par  une  paral- 
lèle à  l'axe  des  y. 

Dans  ce  cas,  l'équation  de  la  courbe  fournit  pour  y  les  deux 
valeurs  /"i(a'')  et  fzix)  que  l'on  doit  substituer  dans  la  formule,  et 
l'on  prend  pour  a  et  6  les  valeurs  extrêmes  de  x  sur  la  courbe. 


QUADRATURE  DES  AIKKS  PLANES         ^-^9 


332.  Applications  (coordonnées  cartésiennes).  —  1-  Parabole.  La 
parabole,  rapportée  à  un  diamètre  OX  et  à  la  tangente  à  l'ex- 
trémité de  ce  diamètre,  a  pour  équation  y'  =  2px,  d'où 

f{x)  =  \/^\/x. 

L'aire  comprise,  au-dessus  de  l'axe  OX,  entre  cet  axe,  la 
courbe  et  la  corde  d'abscisse  x,  sera  donc 

S  =  Vâp  sin  >.  y\lx  dx  =  \/2p  sin  X |  jc  -  |  JC y  sin  X. 

Cette  aire  vaut  donc  les  deux  tiers  du  parallélogramme  con- 
struit sur  les  deux  côtés  rectilignes,  x  et  y,  de  l'aire  considérée. 
La  relation  analogue  existe  entre  les  aires  correspondantes 
situées  au-dessous  de  l'axe  OX.  Donc  le  segment  détaché  de  la 
parabole  par  une  corde  quelconque  est  égal  aux  deux  tiers  du 
parallélogramme  construit  sur  sa  corde  et  sur  sa  /lèche  (portion 
du  diamètre  conjugué  intérieure  au  segment). 

II.  Cercle.  L'équation  d'un  cercle  en  coordonnées  rectangu- 
laires est  

y  =  sja'  —  x'^. 

Le  segment  situé  au-dessus  du  diamètre  OX  entre  les  cordes 
jc  =  0  et  ^c  =  ^,  a  donc  pour  valeur 

S  =  ^dxsj'^^^x'^  ^yiTZ^-l-  ±^  arc  sin^ 

Jo 

ainsi  qu'il  résulte  de  la  valeur  de  l'intégrale  indéfinie,  calculée 

au  n»  190. 

Si  X  =  a,  on  obtient  l'aire  du  quart  de  cercle,  Tra"  :  4.  Donc 

Taire  du  cercle  entier  est  Tca^. 

III.  Ellipse.  L'ellipse  étant  rapportée  à  ses  axes,  son  équa- 
tion se  ramène  à  la  forme 

b 


y  ::^  --y^a^—X^. 


a 


Le  segment  situé  au-dessus  de  l'axe  OX  entre  les  cordes 
<^  ^  0  et  A'  =  .V,  s'obtient  en  multipliant  par  b  :  a  l'aire  que  nous 
venons  d'obtenir  pour  le  cercle.  Donc  l'aire  de  l'ellipse  entière 
sera  r:ab. 

IV.  Hyperbole.  L'équation   de  l'hyperbole  rapportée  à  ses 

axes  est  de  la  forme 


y  =z  -\Jx^ — a^. 


360     CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 


L'aire  S  comprise  (fig.  9)  entre  l'arc  de  la  courbe  AM,  l'axe 
horizontale  OX  et  la  verticale  MP  d'ab  scisse 
x{x  >  a)  a  pour  valeur 


b  C^        . 

S  =  -      dx\/x^  —  a*. 


Calculons  d'abord  l'intégrale  indéfinie. 
Une  intégration  par  partie  donne 

\dx\/x'—a^  =  X  \/x^  —  a2  —  (-^LÉ^ 

^  J  \jx^  —  a^  ■ 

Si  l'on  remplace  x'-dx  par  {x^^  —  a:')  dx  +  aMx,  la  dernière 
intégrale  se  décompose  en  deux  autres,  dont  celle  du  premier 
membre.  On  en  conclut 

2  \dx\Jx^  —  a2  :=  X  sjx'-  —  â^—  a^  f      ^^ 

\dx\Jx^  —  a^  =  ^sj^^~r^_  ^  Log  (;x;  -}-  SJx'^  —  a% 
j  ^  2 

De  là  résulte  facilement  la  valeur  de  S  : 

2a       ^  2        ^  a 

et,  en  se  servant  de  l'équation  de  la  courbe, 
ç,       xy     ab  fx     V 

Le  premier  terme  de  S  mesure  l'aire  du  triangle  OPM  (fig.  9). 
Donc  le  second  terme,  pris  en  valeur  absolue,  mesure  l'aire 
du  secteur  OAM  (secteur  liyperbolique). 

Si  l'hyperbole  est  rapportée  à  ses  asymptotes,  son  équation 
est  xy  =  k^.  L'aire  comprise  entre  la  courbe,  l'asymptote  OX 
et  deux  parallèles  à  l'autre  asymptote  d'abscisses  Xo  et  x,  a  pour 
mesure  (X  étant  l'angle  des  asymptotes) 

s  =  sin  x       -  -  dx  =  k^  sin  X  Log  — . 

J^^X  ^  Xb 

C'est  cette  propriété  des  logarithmes  népériens  qui  leur  a  fait 
donner  le  nom  de  logarithmes  hyperboliques. 

On  remarquera  que  l'aire  S  augmente  indéfiniment  quand  .y 
tend  vers  l'infini  ou  quand  x^  tend  vers  0.  La  portion  du  plan 


QUADRATURE  DES  AIRES  PLANES  36 1 

comprise  entre  une  branche  de  la  courbe  et  ses  asymptotes  à 
donc  une  aire  infinie. 

IV.  Cycloïde.  —  Si  l'on  prend  pour  variable  d'intégration 
l'angle  t  (n°  283),  on  aura 

ydx  =  a"(i  —  cos  ty  dt. 

L'aire  S  de  la  cycloïde  comptée  depuis  l'origine  où  ^  ==  0  jus- 
qu'à l'ordonnée  qui  répond  à  l'angle  t,  aura  pour  mesure 

a         2  T/                *\o  7.        .f^i         •     /   I  sinfcosA 
S  =  a^      (i  —  cos  ty  dt  =-■  aM sin  t  -\ 1 . 

Retranchons  cette  aire  OMP  (fig.  lo)  de  colle  de  rectangle 
OPFG  qui  a  pour  valeur  2ax  ou  bien  y 
2a^  {t  —  sin  t),  le  reste,  c'est-à-dire  l'aire 
OMFG,  sera  égal  à 

— (  t  —  sin  t  cos  t 

ce  qui  est  précisément  l'aire  du  segment  ^^'  ^^' 

AMQ  déterminé,  dans  le  cercle  générateur,  par  la  perpendicu- 
laire MQ  sur  le  diamètre  AB.  On  a  donc 

surf.  OMFG  =  surf.  AMQ. 

A  l'extrémité  de  l'arcade,  f  =  27î  et  S  =  37Ta'^.  Doncî  Faire  totale 
entre  une  arcade  de  cycloïde  et  sa  hase  est  triple  de  l'aire  du 
cercle  générateur. 

333.  Quadrature  des  secteurs  (coordonnées  polaires).  —  Considé- 
rons l'équation  d'une  courbe  plane  en  coordontiées  polaires 

r  =  m, 

où  f{^)  est  une  fonction  continue  entre  9i  et  0  (8,  <  0). 

Proposons-nous  d'évaluer  Faire  du  secteur  compi'is  entre  un 
arc  de  la  courbe  et  les  deux  rayons  vecteurs  d'inclinaisons  9i 
et  8.  Pour  cela,  décomposons  cette  aire  en  secteurs  élé- 
mentaires par  des  rayons  vecteurs  intermédiaires  d'inclinai- 
sons successives  O^,...  9/,....  6,i,  et  soit  9„-|_i  =  6.  L'aire  d'un 
secteur  quelconque,  limité  par  deux  ra^'ons  consécutifs  d'incli- 
naisons Oj  et  Oj_|.i,  est  comprise  entre  celles  de  deux  secteurs 
circulaires  de  même  ouverture  {^i^i  —  8<),  mais  ayant  respecti- 
vement pour  rayons  le  minime  nu  et  le   maxime  M»  de  /'(G) 


362     CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 

dans  l'intervalle  (0,,  ^i+i)-  Ces  deux   secteurs   circulaires   ont 

respectivement  pour  mesures  -  in\{^i^i  —  G^)  et  -  M/  {%+i  —  %). 

Donc  le  secteur  entier  de  la  courbe  sera  compris  entre  les  deux 
sommes  : 

^  S  m?(9,4-i  -  0,),  4  ^  ^K^z+i  -  ^- 

2  2=1  2  1=1 

Si  Ton  multiplie  indéfiniment  le  nombre  des  secteurs  élémen- 
taires, de  manière  à  faire  tendre  vers  zéro  toutes  leurs  ouver- 
tures (6î+i  —  Gf),  ces  deux  sommes  tendent  vers  une  limite  com- 
mune, qui  sera  la  valeur  de  S.  Cette  limite  est  une  intégrale 
définie  ;  on  a  donc 

(4)  S  =  U^f{^yM  =  l\^r^d^. 

Rrmarque  I.  —  On  peut  appliquer  la  formule  (4)  à  des  cour- 
bes qui  décrivent  plusieurs  si>ires  autour  du  pôle.  Dans  ce  cas, 
l'intervalle  d'intégration  peut  croître  au  delà  de  quatre  angles 
droits  et  la  formule  représente  l'aire  totale  balayée  par  le  rayon 
vecteur  quand  il  tourne  dans  le  même  sens  de  0  à  0.  Donc, 
quand  le  rayon  tourne  de  plus  d'un  tour,  les  aires  décrites  se 
recouvrent  l'une  l'autre. 

Remarque  II.  —  On  peut  tra^nsformer  la  formule  (4)  de  ma- 
nière à  la  rendre  immédiatement  applicable  au  cas  des  coor- 
données cartésiennes.  On  a,  en  effet, 

r'^tZG  =  {x^  -\-  y^)d.  arctg  ~  =  xdy  —  ydx. 

Supposons  X  et  y  exprimés  en  fonction  d'une  variable  t,  qui 
varie  de  fj  à  t^  quand  le  point  {x,  y)  décrit  l'arc  limitant  le  sec- 
teur, et  prenons  t  comme  variable  d'intégration.  La  formule  (4) 
se  transforme  dans  la  suivante  : 


(5)       s=^r^^-%=^^rf^. 

^  '  2J(^  dt 


334.  Applications  (Coordonnées  polaires).  —  I.  Spirale  d'Archi- 
MÈDE  :  r  =  aô.  L'aire  S  depuis  l'origine  jusqu'au  rayon  vecteur  r, 
a  pour  mesure 


ajo  2  jo  6 


r 


6a 


QUADRATURE  DES  AIRES  PLANES  363 

Si  l'on  fait     =  2t:,  on  obtient  l'aire  entourée  par  la  première 

•         4        s      2 

spire,  a  savoir  ^"^^  - 

II.  Spirale  logarithmique  :  r  =  ae^^-  Cette  courbe  décrit 
une  infinité  de  spires  autour  de  l'origine.  Cherchons  l'aire  du 
secteur  S  compris  entre  un  arc  de  la  courbe  et  les  deux  rayons 
vecteurs  Tj  et  R  d'inclinaisons  0,  et  0.  On  aura 


-i 


Si  l'on  fait  tendre  9;  vers  —  oo,  r^  tend  vers  zéro  et  S  vers 
E.^  :  ^m.  On  obtient  ainsi  la  limite  de  la  somme  des  aires  en- 
tourées par  un  nombre  illimité  de  spires  qui  se  rapprochent 
indéfiniment  du  pôle. 

III.  Lemniscate  :  r^  =  a^  cos  29.  Cette  courbe  se  compose  de 
deux  feuilles  symétriques.  L'aire  du  secteur  compris  entre  l'axe 
polaire  et  le  rayon  d'inclinaison  9,  sera 

S  =  —     cos  29  d9  =  -^  sin  29. 
2  jo  4 

Si  l'on  fait  9  ==  ti  :  4,  on  obtient  l'aire  a}  :  4  d'une  demi-feuille. 
L'aire  totale  de  la  courbe  est  a^. 


335.  Aire  limitée  par  une  courbe  fermée.  Notion  des  intégrales 
curvilignes.  —  On  appelle  contour  fermé  simple  un  contour  fermé 
qui  ne  se  coupe  pas  lui-même.  Un  tel  contour  enferme  une  aire 
que  l'on  peut  se  proposer  d'évaluer. 

Nous  savons  déjà  calculer  cette  aire  lorsque  le  contour  se  ré- 
duit au  quadrilatère  curviligne  envisagé  au  11°  33i.  Ce  contour 
se  compose  de  deux  parallèles  à  l'axe  des  y  d'abscisses  a  et  6  et 
de  deux  courbes  AiBi  et  AgBg  qui  ferment  le  quadrilatère,  et  qui 
ont  pour  équations  dans  l'intervalle  (a,  b)  : 

Xi  =  /iC^')'      y^  =  fii^)^      ri  <  72- 

L'aire  intérieure  au  contour  a,  dans  ce  cas,  pour  valeur  (ii*>  33i) 


(6)  S  =  (  y\dx  —  \  y,dx. 

Ja  ja 


Ces  deux  intégrales  ont  la  même  forme  {  ydx  et,  peur  ache- 
ver de  les  déterminer,  il  suffit  de  faire  connaître  les  arcs  A^Bg 


364  CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRE.S,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 

et  AjBi  que  parcourt  le  point  {x,  y)  pendant  l'intégration  et  le 
sens  dans  lequel  se  fait  le  parcours.  Nous  dirons  donc  que  ces 
deux  intégrales  sont  des  intégrales  curvilignes  (*)  et  nous  les 
représentons  par  les  notations 


ydx,  ydx. 


Cette  notation  désigne  l'arc  par  ses  extrémités  ;  on  écrit 
d'abord  le  point  de  départ,  ce  qui  fait  connaître  le  sens  du  par- 
cours. Renverser  ce  sens  revient  à  intervertir  les  limites  a  et  ^ 
des  intégrales  et,  par  conséquent,  à  clianger  leur  signe.  L'équa- 
tion (6)  peut  donc  s'écrire  maintenant 


(7) 


S  =         ydx  —  ydx  =  ydx  -{-  ydx. 

JaoB.,  JajBj  JajBj^  Jn^A^ 


Un  contour  fermé  peut  être  parcouru  dans  deux  sens  diffé- 
rents. On  appelle  seiifi  direct  celui  qui  laisse  à  gauche  l'intérieur 
de  l'aire.  L'autre  est  le  sens  rétrograde.  Donc,  dans  les  dernières 
intégrales,  les  arcs  AgB,  et  BjAi  sont  parcourus  dans  le  sens 
rétrograde. 

Considérons  maintenant  un  contour  simple  C,  formé  d'un 
nombre  limité  d'arcs  successifs  sur  chacun  desquels  .v  varie 
toujours  dans  le  même  sens  quand  on  décrit  le  contour.  Ce  cas 
est  évidemment  très  général.  Appelons  intégrale  efj'eciiiée  sur 
le  contour  et  désignons  par 


L 


vdx 

'(0  -^ 

la  somme  des  intégrales  curvilignes  effectuées  dans  le  sens 
direct  sur  chacun  des  arcs  successifs  qui  composent  le  contour. 
Je  dis  que  l'aire  S  intérieure  au  contour  aura  pour  mesure 


(8)  S  =  -  (*    ydx. 

J{C) 


En  effet,  en  menant  des  parallèles  à  l'axe  des  y  par  les  points 
de  séparation  des  arcs  successifs,  on  décompose  l'aire  S  en  mor- 


(*)  Les  intégrales  curvilignes  sont  présentées  ici  au  point  de  vue  le  plus 
élémentaire.  La  définition  générale  sera  donnée  §  3. 


QUADRATURE  DES  AIRES  PLANES  365 


ceaux,  dont  les  frontières  respectives  n'empruntent  que  deux  arcs 
distincts  du  contour  C  et  qui  s'évaluent,  par  consécjucnt,  par  la 
formule  (7).  L'aire  de  chaque  morceau  se  mesure  par  la  somme 
des  intégrales  effectuées  dans  le  sens  rétrograde  sur  les  deux 
portions  du  contour  C  qui  lui  servent  de  frontières.  Faisons  la 
somme  de  ces  aires  ;  nous  obtiendrons  l'intégrale  effectuée  dans 
le  sens  rétrograde  sur  tout  le  contour,  c'est-à-dire  la  formule  (8). 

Remarque  I.  —  Le  contour  C  peut  aussi  comprendre  des  por- 
tions de  droites.  Il  n'y  a  de  remarque  à  faire  que  pour  celles 
qui  seraient  parallèles  à  l'axe  des  y.  Dans  ce  cas,  comme  elles 
n'interviennent  pas  dans  l'évaluation  des  morceaux,  elles  ne 
doivent  pas  intervenir  non  plus  dans  l'évaluation  de  l'aire  totale. 
Cependant,  si  l'on  attribue  la  valeur  0  à  l'intégrale  effectuée  sur 
ces  lignes  (ce  qui  est  naturel,  x  étant  constant  et  dx  nul),  on 
peut  étendre  l'intégration  à  tout  le  contour  et  considérer  la 
formule  (8)  comme  générale. 

Remarque  II.  —  La  formule  (8)  sera  d'une  application  immé- 
diate si  X  et  y  sont  exprimés  en  fonctions  continues  d'une  va- 
riable auxiliaire  t  et  admettent  des  dérivées  continues  par 
rapport  à  t.  Supposons,  en  effet,  que  le  point  {x,  y)  décrive  tout 
le  contour  C  dans  le  sens  rétrograde  quand  t  varie  de  /,  à  T. 
Prenons  t  comme  variable  d'intégration  ;  l'aire  S  intérieure  au 
contour  C  s'évaluera  par  la  formule 


n  dx 

(9)  """ir^"'- 


Remarque  HT.  Nous  avons  établi  la  formule  (8)  en  considé- 
rant y  comme  fonction  de  x.  On  peut  établir  une  formule  ana- 
logue en  considérant  x  comme  fonction  de  y.  Mais  il  faut  sup- 
poser des  conditions  correspondantes.  Cette  formule  sera 


(10)  S  =  f    xdy, 


car  le  contour  doit  être  parcouru  dans  le  sens  direct  pour  que 
l'intégrale  soit  positive. 

La  combinaison  des  formules  (8)  et  (10)  donne  encore  une 
formule,  souvent  employée, 


^  =  li'"'y-li'"'''' 


366     CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 


que  Ton  écrit  plus  simplement 

(11)  S  =  -   {xdy  —  ydx). 

2  Je 

Ces  nouvelles  formules  s'appliquent  avantageusement,  comme 
la  formule  (8),  au  cas  où  la  courbe  est  donnée  par  une  représen- 
tation paramétrique  (*).  On  trouvera  dans  le  n^  suivant  l'appli- 
cation de  ces  formules  à  la  démonstration  du  remarquable 
théorème  de  Holditch. 

336.  Théorème  de  Holditch.  —  Une  corde  de  longueur  constante  c  +  c' 
se  meut  d'un  mouvement  continu  en  s'appuyant  par  ses  extrémités  sur  une 
courbe  fermée  donnée,  C,  qui  ne  se  coupe  pas.  Si  ces  deux  extrémités  font  le 
tour  de  la  courbe  C  (on  suppose  ce  mouvement  possible  avec  des  rétrograda- 
tions au  besoin),  Faire  comprise  entre  la  courbe  et  le  lieu  du  point  M  qui 
partage  la  corde  en  deux  segments  c  et  c',  a  pour  mesure  ttcc',  quelle  que  soit 
la  courbe  donnée,  pourvu  que  M  décrive  un  contour  simple. 

J  )ésignons  par  K  la  courbe  décrite  par  M  et  supposons  que  cette 
courbe  forme  un  contour  simple.  Soient  {x,,  y,)  et  {x^,  y^)  les  coordon- 
nées variables  des  extrémités  de  la  corde  ;  celles  du  point  M  seront 

y  ■_  ^^1  +  c'Xj  _  cy,  -t-  c'y^ 

c  +  c'  y  c-^c'     ' 

Imaginons  que  les  coordonnées  soient  exprimées  en  fonction  d'un 
paramètre  t  qui  varie  de  ^i  à  T  quand  les  extrémités  de  la  corde  dé- 
crivent la  courbe  C.  Prenons  t  comme  variable.  Les  aires  S  et  S  inté- 
rieures aux  courbes  C  et  K  pourront  s'évaluer  par  les  intégrales  : 

s=  Çy.dx^  =  Cy^dx,  ^  r(^'  +  <^c')y^d-^  +  icc'  +  c'')y.dx. 


ydx  = 


"^  (O'i  +  c'y^)  jcdxi  -{-  c'dXj) 
{c  +  cr 


où  l'on  suppose  les  x  et  les^v  exprimés  en  fonction  de  t.  On  en  déduit 
par  soustraction 

ce'       C^ 

Menons,  à  partir  de  l'origine,  une  droite  égale  et  parallèle  à  la  corde. 
Les  coordonnées  de  l'extrémité  seront  r,  ^y^,  — yi  et  ;  =  a-2  —  xi.  Or 
cette  extrémité  décrit  un  cercle  de  rayon  {c  +  c').  L'intégrale  qui  figure 
dans  la  dernière  équation  n'est  autre  chose  que  l'intégrale  de  r^dk  effec- 


(*)  Les  démonstrations  les  plus  générales  des  formules  (8),  (10)  et  (l  l) 
seront  données  au  §  4- 


QUADRATURE  DES  AIRES  PLANES  867 

tuée  sur  ce  cercle.  Donc  elle  mesure  l'aire  du  cercle  et  sa  valeur  est 
Tt  (c  +  c'Y'  Il  vient  donc 

S  —  S  =  -Kcc'. 

Si  les  courbes  C  et  K  ne  se  coupent  pas,  le  théorème  est  donc 
démontré.  Si  elles  se  coupent,  il  reste  vrai,  à  condition  d'attribuer  des 
signes  contraires  aux  aires  situées  de  part  et  d'autre  de  la  courbe  C. 
Mais  le  théorème  tomberait  en  défaut  si  le  lieu  du  point  M  ne  consti- 
tuait pas  un  contour  simple.  Le  théorème  suppose  encore  les  courbes 
C  et  K  soumises  aux  conditions  que  nous  avons  indiquées  au  n"  pré- 
cédent pour  que  les  formules  soient  légitimes. 

Exercices. 

I.  Aire  de  la  chaînette,  comptée  de  l'axe  de  la  courbe. 


y  =  -\e   -{-e      J  S  =  — 

2  2 


2.  Aire  de  la  cissoïde  :y'^  =  x^  :  (2a  —  x). 


a" 

Si  l'on  fait  x  =  2a,  on  trouve  S  =  Swa^  :  2.  Doublant  cette  valeur,  on 
trouve  3ua*  pour  l'espace  indéfini  compris  entre  la  cissoide  et  son 
asymptote  x  =  2(1.  C'est  le  triple  de  l'aire  du  cercle  de  rayon  a. 

3.  Aire  du  limaçon  de  Pascal  :  r  =^  a  cos  B  +  è.  , 

4.  Aire  de  la  conchoïde  \  r  =  a  sec  6  +  è. 

5.  Aire  de  Vépicycloïde.  —  On  a  indiqué  (p.  3o2,  exercice  4)  les  équa- 
tions de  l'épicycloïde  engendrée  par  le  roulement  d'un  cercle  de  rayon 
h  sur  un  cercle  de  rayon  a.  Dans  ces  équations,  le  paramètre  t  désigne 
l'angle  dont  le  point  de  contact  a  tourné  sur  le  cercle  fixe.  On  peut 
aussi  prendre  comme  paramètre  l'angle  6  dont  ce  point  a  tourné  sur 
le  cercle  mobile.  On  a  «#=  èO.  En  posant  b  :  a  =  q,\es  équations  de 
l'épicycloïde  s'écriront 

x  y 

—  =  (i  +  ^)  ccsç'O —  (7  cos  (i  +  q)^,      —  =  (i  +  ?)  sinflft  —  q  sin  (i  +  q)^. 

a  a 

L'aire  d'un  secteur  se  détermine  alors  par  la  formule  (5)  du  n"  333  ; 
on  trouve 

S  =  -a^q{i+q){i  -f  2?)  fV +cos  6)  ^^0  =  —  (a^ +  3a6  + 2*^)  (0  +  sin  6) 
2  jo  2a 

Si  0  :;-  27:,  on  obtient  l'aire  du  secteur  limité  par  une  arcade  entière 
de  la  courbe.  Pour  obtenir  l'aire  de  l'arcade  elle-même,  il  faut  encore 


368     CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 


retrancher  l'aire  d'un  secteur  du  cercle  fixe  dont  l'arc  est  2T:b  ;  il  restera 

7rè2 

—  (3fl+2è). 

a 

6.  Hypocycloïde.  —  Les  équations  de  l'hypocycloïde  s'obtiennent  en 
remplaçant  dans  les  précédentes  q  par  —  q.  Problèmes  analogues  aux 
précédents. 

7.  Courbes  unicursales.  —  Les  coordonnées;»? et _v  d'une  courbe  unicur- 
sale  peuvent  s'exprimer  en  fonction  rationnelle  d'un  paramètre  t.  Donc 
la  quadrature  de  ces  courbes  dépend  dune  intégrale  rationnelle  et 
peut  toujours  se  faire  sous  forme  finie.  Dans  le  cas  particulier  où  le 
paramètre  t  est  égal  ky  \  x,  onsi  xy'  —yx'  -=  x^.  L'aire  d'un  secteur  se 
calculera  par  la  formule  (5)  du  no  333,  qui  prendra  la  forme  simple 


~(x^dt. 


Appliquer  cette  formule  aux  cubiques  unicursales  suivantes,  dont 
les  coordonnées  s'obtiennent  immédiatement  en  fonction  rationnelle 
de^=^: 

X 

X  (x^  +y^)  =  2ay^  (cissoïde), 

(x  -j-a)  {x'^  +j/^)  =  3ay-  (strophoïde), 

x'-i  -\-y3  =  "iaxy  (Follium  de  Descarte). 

§  2.  Rectification  des  courbes. 

337.  Courbes  rectiftables.  Rectification  des  courbes  planes.  —  La 
longueur  d'un  arc  de  courbe  entre  deux  points  extrêmes  est,  par 
définition  (n^^  286  et  3o6),  la  limite  (supposée  finie  et  déterminée) 
du  périmètre  d'un  polygone  inscrit  dans  la  courbe  et  dont  tous 
les  côtés  tendent  vers  zéro.  Cette  limite  n'existe  pas  toujours 
et  l'on  appelle  rectiftables  les  courbes  dont  l'arc  a  une  longueur 
finie  et  déterminée.  Nous  renverrons  au  paragraphe  suivant 
pour  l'étude  des  caractères  les  plus  généraux  des  courbes  recti- 
fiables  et  nous  nous  bornerons  ici  aux  conditions  sur  lesquelles 
nous  avons  fait  reposer  les  formules  des  n°^  286  et  suivants. 

Considérons  d'abord  une  courbe  plane,  ayant  pour  équation 

y  =-  f{x)  ; 
la  longueur  de  son  arc  depuis  un  point  fixe  M^,  d'abscisse  Xo 
jusqu'au  point  variable  M  d'abscisse  x,  s'évalue  pour  la  for- 
mule (n°  287) 

(1)  s  =  {"'dxsji  +  y'\ 


RECTIFICRTION  DES  COURBES  869 


Les  formules  de  rectification  qui  conviennent  aux  autres  for- 
mes d'équations  s'obtiennent  en  changeant  de  variable  dans 
l'intégrale  définie 


l> 


Dans  le  cas  d'une  représentation  paramétrique,  on  prend  t 
comme  variable  ;  on  sait  (n°  287)  que  ds  =  dt  \Jx'^  -\-  y'^.  Donc, 
to  et  t  désignant  les  paramètres  des  extrémités,  l'arc  aura  pour 
mesure 

(2)  s  =  Çdt  \Jx'^  4-  y*. 


Dans  le  cas  des  coordonnées  polaires,  ds  =  \Jdr^  -\-  r^dO^ 
Soient  (vo,  ^0),  {^,  ^)  les  extrémités  de  l'arc  à  mesurer.  Il  vient, 
suivant  qu'on  prend  0  ou  r  comme  variable. 


(3)     6  = 


rW'-(ij=i.>v-K^)- 


338.   Exemples  de  reôtifications  (coordonnées  rectangulaires).  — 
I.  Chaînette.  On  a,  dans  ce  cas  (n°  3oi,  V), 


a 


Calculons  l'arc  à  partir  du  sommet  A  où  a;  =  0,  la  formule  (1) 
donne 

XX  XX 

af    a 


-w 


4- e       ]dx^—\e    — e 


II.  Parabole.  Prenons  l'axe  de  symétrie  pour  axe  des  y  et  le 
sommet  pour  origine.  On  aura 

X''  =  2py,      r =— '      I  +  r  2  ==  — ^ti_. 

Donc  l'arc  compté  à  partir  du  sommet,  a  pour  mesure 


I  r^ 

=  -     dx\Jx^-\-p^. 


s 
P. 


En  remplaçant  a^  par  —  p^  dans  l'intégrale  indéfinie  calculée 
au  n°  332  à  l'occasion  de  l'aire  de  l'hyperbole,  il  vient 


J 


x 


dx\Jx^  +  P^=  -V^'  +/>'+  —  Log  (x  +  \Jx^  +  P*). 


24 


370     CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 

De  là,  la  valeur  de  s  : 


-Sjx^  +  p*  +  -  Log       '    ^        '  ^ 


2/>  '2  p 

III.  Cycloïde.  Considérons  la  représentation  paramétrique 
habituelle 

X  =  a{t  —  sin  t),        y  =  a{i  —  cos  t). 

L'arc,  compté  à  partir  de  l'origine  où  t  =  0,  a,  pour  mesure 


s  ^  a 


dt  \J(i  —  cos  0^  +  sin^  t  =  2a\   sin  - dt  ^  Aa(  i—  cos  -  ). 


339.  Intégrales  elliptiques  de  Legendre.  Eectitlcation  de  l'ellipse  et 
de  l'hyperbole.  —  L'arc  de  ces  deux  courbes  s'exprime  par  des 
intégrales  que  l'on  ne  peut  pas  réduire  aux  fonctions  élémen- 
taires, mais  on  peut  les  ramener  aux  deux  intégrales  définies 
suivantes  : 

¥{k,  cp)  =  f--^-— -,         E(/r,  cp)  =  C^Vi-Zc^sin-^T, 
.'o  VI  — /f^sm^œ  Jo 

où  le  paramètre  A"  est  <  i.  Legendre  a  donné  à  ces  intégrales 
le  nom  d' intégrales  elliptiques  de  première  et  de  seconde  espèce. 
On  a  dressé  des  tables  qui  permettent  de  les  calculer  pour  les 
diverses  valeurs  de  o  et  k. 

Les  intégrales  sont  dites  complètes  si  cp  =  -  ;  elles  se  dési- 
gnent par 

.'0  vi — K^sm*^  Jo 

Arc  d'ellipse.  Soit  la  représentation  paramétrique 

.v  =  a  sin  tp,         y  =  b  cos  <p. 

L'arc  BM,  compté  à  partir  du  sommet  B  du  petit  axe  où 
œ  =  0,  a  pour  mesure 

s  =r  d(L  Pv^'^-t-y'"  =  I    rfcpVa^  cos^  (p  -f  fc2  sin2  çp^ 

jo  Jo 

L'arc  d'ellipse  dépend  de  l'intégrale  elliptique  de  seconde 
espèce.  Posons,  en  effet,  A'-  =  (a^  —  b'^)  :  a^  ;  il  vient 


Va^  cos^  cp  -f-  b-  sin^  cp  ==  aVi  —  A^  sin^  cp, 
d'où  s  =  a  E(A,  cp). 


RECTIFICATION  DES  COURBES  871 

Si  cp  ^  :t  :  2,  l'intégrale  est  complète  et  l'are  égal  au  quart  du 
périmètre  de  l'ellipse.  Le  périmètre  total  sera  donc  4a  E,(A-). 

Arc  d'hyperbole.  On  peut  prendre  comme  représentation 
paramétrique  de  l'hyperbole  rapportée  à  ses  axes,  le  système 

X  =■  -7-      ,        y  =  Z)  cot  cp, 
sm  CD  -^  ^ 

car,  en  éliminant  cp,  on  retrouve  l'équation  classique  de  la  cour- 
ir 
be.  L'arc  AM,  compté  du  sommet  où  cp  ==  -  jusqu'à  un  point  M 

ou  cp  est  <  -,  a  pour  mesure 


■K 
S 


Une  intégration  par  parties  et  une  décomposition  donnent 
facilement 

,•— 5 r^      fî     a^  cos^  cp  rfcp 

s  =  cot  cp  va^  cos^  9  +  t)   —  — ^— L=i  .= 

^  ^  Jf  Va'  cos  cp  +  62 

. -      rj       ÇT  ^? 

cot  cpya-cos^cp  4- fc2—       c/cpya^  cos^  cp  +  6^4- 6*  I    ya^cos^o-f  6^* 

Posons  k^  ^  a^  :  (a^  -f  b^),  d'où 

Va^  cos2  <p  4-  62  =  |\/i  —  k^  sin»  cp  ; 
l'arc  s  dépend  des  intégrales  elliptiques  par  la  formule 
s  =  cotcpVa^cos^cp  -f  6^-^  [E,(/f)-E(;f,cp)]  4-^[F,(/f)-F(A-,cp)]. 

340.  Exemples  de  rectifications  en  coordonnées  polaires,  —  Spirale 
logarithmique  :  r  =  ae^^^ .  Prenons  r  comme  variable  indépen- 
dante ;  nous  aurons  m9  =  Log  r  —  Log  a,  d'où 

Donc  Varc  de  la  spirale  logarithmique  varie  proportionnelle- 
ment au  rayon  vecteur.  Le  pôle  est  un  point  asymptotique  de 


372  CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 


la  courbe,  car  ;•  ne  s'annule  qu'en  faisant  tendre  G  vers  —  00. 
L'arc-liraite,  compté  de  ce  point,  conserve  néanmoins  une  va- 
leur finie  : 


r. 


m 


■   II.  Spirale  d'Archimède  :  r  =^  a^.  L'arc  compté  à  partir  du 
pôle  a  pour  valeur,  en  intégrant  par  rapport  à  r. 

C'est  la  même  intégrale  que  celle  à  laquelle  conduit  l'évalua- 
tion de  l'arc  de  la  parabole  (n°  338).  De  là,  le  théorème  de 
Grégoire  de  Saint  Vincent  :  Les  arcs  de  la  parabole  x^  ==  2ay 
et  de  la  spirale  r  ^  aO  ont  même  longueur,  quand  on  compte  le 
premier  entre  les  abcisses  0  et  x  et  le  second  entre  les  rayons 
r  =  0  et  r  =  X. 

III.  Lemniscate  :  r^  ^  a^  cos  2O.  Si  l'on  prend  r  comme  va- 
riable indépendante,  on  a 

I  r^  d8  r 


=  -  arc  cos    . ,  , 

2  a^  dr 


\Ja*  —  r* 
L'arc  compté  à  partir  du  sommet,  où  r  =  a,  a  donc  pour 


mesure 


//V' 


dr  J  Jr  \Ji 


i+U^      =a 


Ça      dr 

L  \la*  —  r*  ' 


Donc  s  =  ^  F  ' 


Cette  intégrale  se  ramène  à  l'intégrale  elliptique  de  première 
espèce  (n°  339)  en  posant  r  =  a  cos  ^  ;  il  vient  ainsi 

s^ar~£^i^-ar    ^^     =^s     ^"^ 

Jo  Vi  —  cos^cp         jo  Vi  +  cos2(p       \J2J0      L_l g. j^2   ' 

341.  Rectification  des  courbes  gauches.  Exemple.  —  Lorsque  les 
coordonnées  rectangulaires  x,  y,  z  d'un  point  de  la  courbe  sont 
considérées  comme  fonctions  de  t,  la  longueur  de  l'arc  AB, 
compris  entre  les  point  dont  les  paramètres  sont  a  et  t,  a  pour 
mesure 

s=  \  dt  yx'2  4-  j'2  +  a;'*. 

Ja 


RECTIFICATION  DES  COURBES  878 

Comme  exemple,  considérons  l'intersection  des  deux  cylin- 
dres : 


a^      b^  2^ 


il     a  a\ 

\e   +e      ). 


Prenons  x  comme  variable.  On  tire  de  la  première  équation 
b  ,— ^ ^-  ,       b         X 


a"  •"        asjxz  —  a^' 

et  de  la  seconde 


x-\-\Jx^  —  a^  , 

z  ^  a  Log .  z'  = 


a  \/x^  —  a- 

Comptons  l'arc  à  partir  du  point  où  :v  =  a  ;  il  viendra 

Ja       ^       ""  a       Ja  v/«;2— a^ 


Va*  4-  b^ ,  ,-1 


V«;^— a^  a 

Exercices 

I.  Epicycloïdes.  —  Les  équations  de  l'épicycloïde  sont  (Exercice  5, 
p.  367)  •• 

-  =^  (i  +  ?)  cos  q^—q  CCS  (i  +  q)^,       -  =  (i  +  ?)  sin  ç6  —  q  sin  (i  +  q)^- 

On  en  tire 

ds  ,     L    ^    •     ^ 

—  ==  2^(1 +?)  sm  — . 

a  2 

L'arc  compté  à  partir  du  point  de  rebroussement  où  0  =  0,  sera 


-^  =2^(1 +^)  (^i  — cos -J. 


Toutefois,  comme  l'élément  ds  doit  être  positif,  cette  formule  n'est 
applicable  que  si  6  varie  de  0  à  2tt.  Si  8  =  2-k,  on  obtient  le  périmètre 
d'une  arcade  entière 

*  =  4«?(i +  ?)=—(«  +  *). 
a 

L'arc  d'épicycloïde  s'exprime  algébriquement  en  fonction  du  rayon 
vecteur  r.  On  a,  en  eôet, 

6 

y2  :3^  ^2  j^y'z  =  (i  4-  2qY  —  \q{i  A-  q)  cos^  -, 

2 

d'où  l'on  tire  cos  —  et,  par  suite,  s  en  fonction  de  r. 
2 

En  changeant  ^  en  —  q  dans  les  formules  précédentes,  on  obtient 
des  résultats  correspondants  pour  Vhypocyclotde. 


374     CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 


Les  rectifications  de  la  cardioïde  (Exercice  6,  p.  3o3)  et  de  Vastroïde 
(Exercice  3,  p.  322)  sont  des  cas  particuliers  des  précédentes, 

2.  Cissoïde.  (Exercice  2,  p.  3o2). 

r  ^=  2a  (sec  6  —  cos  0). 

R.  L'arc  compté  à  partir  du  pôle  a  pour  valeur 


=  2a  f  tg  o^e  Vtg^e  +  4  =  2a  j 


Vtê^^«  +  4  t.,t 


t^  —  3 
Intégration  facile. 

3.  Courbes  gauches.  —  Arcs  des  deux  courbes  suivantes  : 

x^  x^  y  a  a-\-  X 

y  =  — >  ^  =  z~^         et  ;i;  ==  a  sin -,  ^•=  -  Log — . 

2a  ba-  a  ^        ^  a  —  X 

R.  L'arc  compté  de  l'origine  a  pour  valeur  s  =  x-\~  z  pour  les  deux 
courbes. 

§  3.  Courbes  continues.  Courbes  fermées. 

342.  Lignes  continues.  Contours  fermés,  —  Considérons  deux  fonc- 
tions contmues  de  /  : 

,r  =  ^(0,      y  =  W), 

et  faisons  varier/  de  ^i  à  T  ;  le  point  {x,y)  décrit  une  courbe  plane  con- 
thme  ti  T. 

Si  le  point  M  revient  à  son  point  de  départ  pour  /=  T,  la  courbe  est 
fermée.  Si  x  et  y  ne  reprennent  le  même  système  de  valeurs  que  pour 
les  valeurs  extrêmes  de  i,  la  courbe  ne  se  coupe  pas  elle-même  et  nous 
dirons  qu'elle  forme  un  contour  fermé  simple  ou  encore  qu'elle  est  sans 
point  multiple. 

La  distance  d'un  point  fixe  A  ($,  tj)  au  point  M  {x y)  d'une  ligne  con 
tinue  est  une  fonction  continue  de  t.  Si  le  point  A  n'est  pas  sur  la 
courbe,  cette  fonction  ne  s'annulera  pas  ;  elle  admettra  un  minime 
différent  de  zéro  qu'elle  atteindra  pour  une  certaine  valeur  de  t  et  que 
nous  appellerons  la  distance  du  point  A  à  la  courbe. 

Si  le  point  A  n'est  pas  fixe,  mais  seulement  assujetti  à  se  trouver  sur 
une  courbe  continue  ;  =  ^{u),  t)  ==  W{u),  la  distance  des  points  A  et 
M  est  fonction  continue  de  i,  u.  Si  les  courbes  ne  se  rencontrent  pas, 
le  minime  de  cette  distance  sera  différent  de  zéro  et  s'appellera  la  dis- 
tance  des  deux  courbes, 

La  distance  maximée  de  deux  points  d'une  même  courbe  s'ap- 
pelle son  diamètre  (n»  55), 

Nous  nous  proposons  d'étudier  les  propriétés  fondamentales  des 
courbes  fermées.  Il  est  commode  pour  cela  d'analyser  les  propriétés 
de  ce  que  nous  appellerons  une  chaîne  de  régions  du  plan. 


CONTOURS  FERMÉS  ^^5 


343.  Définition  et  propriétés  des  chaînes.  —  Nous  appellerons 
chaînon  une  région  du  plan,  d'un  seul  tenant  (no  72),  limitée  par  un 
contour  polygonal  extérieur  sans  point  multiple  et  éventuellement 
percée  d'un  certain  nombre  de  vides  limités  par  des  contours  de  même 
nature  que  le  premiei . 

Considérons  un  certain  nombre  de  chaînons  consécutifs,  désignés  par 
leur  numéro  d'ordre  :  (i),  (2),...  («)■  Si  deux  chaînons  consécutifs  ont 
des  points  ou  des  parties  communes,  tandis  que  deux  chaînons  non 
consécutifs  ne  se  touchent  pas,  ces  chaînons  constituent  une  chaîne  ou- 
verte. Les  chaînons  extrêmes  (i)  et  («)  ne  se  touchent  donc  pas. 

Mais  on  peut  aussi  supposer  que  (i)  et  («)  se  touchent,  les  autres 
conditions  restant  les  mêmes.  Alors  (i)  et  («)  deviennent  aussi  consé- 
cutifs, il  n'y  a  plus  de  chaînons  extrêmes  et  la  chaîne  est  fermée. 

Le  domaine  contenant  tous  les  points  d'une  chaîne  ouverte,  que  nous 
appellerons  aussi,  en  abrégé,  la  chaîne,  est  donc,  comme  les  chaînons 
eux-mêmes,  un  domaine  d'un  seul  tenant  limité  par  un  contour  poly- 
gonal extérieur  unique  et  percé  d'un  certain  nombre  de  vides. 

Nous  dirons,  en  abrégé,  qu'une  région  du  plan  est  intérieure  à  un 
chaînon  ou  à  une  chaîne  ouverte  si  elle  est  enfermée  dans  leur  contour 
extérieur,  abstraction  faite  des  vides. 

Une  chaîne  sera  régulière  si  un  chaînon  ne  peut  être  enfermé  dans 
un  autre,  ni  dans  un  groupe  de  deux  autres  pris  dans  la  chaîne  et 
nécessairement  consécutifs. 

Théorème  L  —  Si  une  chaîne  fermée  (i),  (2),...  («)  est  irrégulière,  elle 
est  intérieure  à  une  chaîne  de  quatre  au  plus  de  ses  chaînons. 

Puisque  la  chaîne  est  irrégulière,  elle  contient  un  chaînon  intérieur 
à  un  ou  à  deux  autres.  Le  second  cas  comprenant  le  premier,  suppo- 
sons que  les  chaînons  enveloppants  soit  (i),  (2).  Si  le  chaînon  inté- 
rieur, (3)  par  exemple,  est  contigu  au  groupe,  tous  les  suivants  de  (4) 
à  («  —  i),  qui  ne  touchent  ni  à  (i)  ni  à  (2),  sont  enfermés  avec  (3).  Si 
c'est  un  chaînon  {k)  non  contigu  qui  est  enfermé  dans  (i),  (2),  toute  la 
chaîne  (4),...  (m —  i)  qui  contient  (^)  est  enfermée  avec  (^),pour  la  même 
raison.  Toute  la  chaîne  est  donc,  quoi  qu'il  arrive,  intérieure  à  («), 
(I),  (2).  (3). 

Théorème  II.  —  Tout  vide  d'une  chaîne  ouverte  est  dans  ("intérieur  d'un 
groupe  de  deux  consécutifs  des  chaînons. 

Montrons  que  le  théorème,  évident  par  une  chaîne  de  2  chaînons, 
subsiste  pour  une  chaîne  de  k,  s'il  est  vrai  pour  une  chaîne  de  ^ —  i. 

Soit  C  le  contour  extérieur  de  la  chaîne  (i),  (2),...  {k —  1).  Ajoutons 
le  chaînon  {k).  Celui-ci  se  compose  d'une  partie  {k')  intérieur  à  C  et 
éventuellement  d'une  partie  extérieure  (k"),  qui  peuvent  être  chacune 
de  plusieurs  tenants.  L'addition  de  {k')  ne  fait  que  réduire  des  vides 
pour  lesquels  le  théorème  est  déjà  vérifié.  Il  ne  reste  plus  que  {k")  à 
considérer. 


376  CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMEf 


Supposons  donc  qu'un  vide  se  produise  entre  C  et  la  frontière  de  (A"). 
Je  vais  montrer  qu'il  est  intérieur  au  groupe  {k  —  i),  {k),  et,  à  cet  efïet, 
que  toute  ligne  L  allant  d'un  point  du  vide  à  l'infini  sans  toucher  {k), 
coupe  {k —  i). 

La  ligne  L  sort  du  vide  par  une  frontière  sur  C,  dont  les  deux  extré- 
mités, touchant  à  (k),  sont  deux  points  A  et  B  de  (A  —  i).  La  ligne  L 
scinde  au  moins  en  deux  morceaux  le  domaine  intérieur  à  C  qui  ferme 
le  vide  de  manière  à  séparer  A  de  B.  Donc  {k  —  i),  qui  est  tout  entier 
dans  l'intérieur  de  (C),  n'est  pas  tout  entier  dans  le  même  morceau  et  il 
est  scindé  par  L. 

Théorème  IIL  —  Le  contour  extérieur  unique  d'une  chaîne  régulière 
ouverte  touche  à  tous  les  chaînons,  tandis  que  le  contour  d'un  vide  en  touche 
au  plus  quatre. 

Les  chaînons  qui  touchent  au  contour  extérieur  forment  à  eux  seuls 
une  chaîne,  ouverte  comme  la  proposée.  Cette  propriété  subsiste  si  l'on 
découpe  dans  l'intérieur  de  la  chaîne  (pour  en  faire  des  vides)  tous  les 
chaînons  qui  ne  touchent  pas  au  bord,  s'il  y  en  a.  Donc  (Théor.  II)  tout 
chaînon  supprimé  est  intérieur  à  deux  chaînons  du  bord,  de  sorte  que, 
s'il  y  en  avait,  la  chaîne  serait  irrégulière.  Donc  le  contour  extérieur 
d'une  chaîne  régulière  ouverte  touche  tous  les  chaînons. 

Par  contre  un  vide,  étant  intérieur  à  deux  chaînons  consécutifs,  ne 
peut  être  bordé  que  par  ceux-ci  et  leurs  deux  contigus,  les  seuls  qui  ne 
soient  pas  extérieurs  aux  deux  premiers. 

Théorème  IV.  —  Dans  une  chaîne  régulière  ouverte  de  cinq  chaînons  au 
moins,  un  vide  ne  feut  toucher  en  même  temps   aux  deux  chaînons  extrêmes. 

En  eftet,  il  toucherait  alors  à  tous  les  chaînons,  donc  à  plus  de 
quatre,  ce  qui  est  contraire  au  théorème  III. 

Passons  maintenant  à  l'étude  d'une  chaîne  fermée.  Cette  étude  est 
simplifiée  par  un  artifice  qui  la  transforme  en  chaîne  ouverte. 

Soit  (i),  (2),...  («)  une  chaîne  fermée  régulière,  de  cinq  chaînons 
au  moins.  Nous  commencerons  par  remplacer  le  groupe  des  trois  pre- 
miers chaînons  par  un  autre  plus  simple  de  même  contour  extérieur. 

Soient  C  le  contour  extérieur  du  groupe  (i),  (2),  (3)  et  D  le  domaine 
intérieure  C.  Comme  (i)  et  (3)  ne  se  touchent  pas  et  sont  extérieurs 
l'un  à  l'autre  (puisque  la  chaîne  est  régulière),  on  peut  partager  D 
par  deux  transversales  en  trois  morceaux,  (I),  (II)  et  (III),  le  premier 
contenant  tout  (i)  sans  toucher  à  (3),  le  troisième  tout  (3)  sans  toucher 
à  (i)  et  le  second  contenant  le  reste  (*). 


(*)  Par  exemple,  on  peut  procéder  de  la  manière  suivante.  On  considère 
D  comme  partagé  en  morceaux  par  les  frontières  extérieures  seules  des 
chaînons  (i)  et  (3).  On  attribue  à  (I)  les  morceaux  qui  ne  touchent  pas  (3), 
à  (III)  ceux  qui  ne  touchent  pas  (i),  et  le  reste  à  (II). 


CONTOURS  FERMÉS  S-J"] 


Nous  avons  ainsi  constitué  une  nouvelle  chaîne  fermée  régulière 
'I)  (II)  (III)  (4)...  («)  du  même  nombre  de  chaînons  que  la  première  ; 
seulement  (I)  et  (II)  ne  se  touchent  plus  que  le  long  d'une  frontière 
commune  d'un  seul  tenant,  que  nous  désignerons  par  ses  extrémités,  ab. 

Pour  ouvrir  cette  chaîne,  il  suffit  de  considérer  la  transversale  ab 
comme  une  coupure  disjoignant  (I)  de  (II).  A  cet  effet,  attribuons  deux 
côtés  à  cette  ligne  l'un  a'b'  servant  de  frontière  à  (I),  l'autre  a"b"  ser- 
vant de  frontière  à  (II)  et  considérons  la  ligne  ab  elle-même  comme 
extérieure  à  la  chaîne.  Alors  (I)  et  (II)  sont  deux  chaînons  extrêmes  et 
la  chaîne  est  ouverte. 

Soit  P  le  contour  extérieur  de  la  chaîne  ouverte.  Ce  contour  em- 
prunte les  deux  frontières  a'b'  et  a"b".  En  effet,  dans  le  cas  opposé, 
contrairement  au  théorème  IV,  ces  frontières  prises  sur  chacun  des 
chaînons  extrêmes  borderaient  un  même  vide,  car  on  va  de  l'une  à 
l'autre  en  traversant  la  coupure  (donc  sans  entrer  dans  là  chaîne). 

Faisons  le  tour  de  P  dans  un  sens  déterminé  (laissant,  par  exemple, 
l'intérieur  à  gauche).  Comme  a'b'  et  a"  b"  sont  alors  parcourus  en  sens 
contraires,  le  circuit  se  compose  de  a'b',  de  a"b''  et  de  deux  polygones 
P]  et  P2  reliant  respectivement  a'  à  a"  et  b"  à  b'  et  passant  chacun  par 
tous  les  chaînons  intermédiaires  de  la  chaîne  (I),...  (II)  ;  donc  passant 
aussi  chacun  par  tous  les  chaînons  (i),  (2),...  («),  car  a  et  6  sont  sur 
(2)  et  l'on  ne  passe  de  (III)  à  (4)  que  par  (3),  et  de  (I)  à  («)  que  par  (i). 

Supprimons  maintenant  la  coupure  ab,  ce  qui  revient  à  souder  a'b' 
et  a"b"  ;  la  chaîne  se  ferme  ainsi  que  Pi  et  Po,  et  elle  est  enserrée 
entre  ces  deux  polygones,  dont  l'un  sera,  par  conséqrent,  intérieur  à 
l'autre.  Nous  donnerons  à  la  couronne  comprise  entre  eux  le  nom 
à' anneau. 

La  chaîne  (I),  (II),...  ne  diffère  de  (i),  (2),...  que  par  la  suppression 
des  vides  du  groupe  (i),  (2),  (3).  Rétablissons  ces  vides  et  appliquons, 
d'autre  part,  le  théorème  II  à  la  chaîne  ouverte  par  la  coupure.  Nous 
obtenons  le  théorème  suivant  : 

Théorème  V.  —  Une  chaîne  fermée  régulière  de  einq  chaînons  au  moins 
se  constitue  d'un  anneau,  intérieur  à  un  polygone  Pi  et  extérieur  à  un  poly 
gone  P^  contenu  dans  Vintérieur  du  premier.  Outre  la  région  qtiil  entoure, 
cet  anneau  peut  être  percé  de  vides.  Mais  ces  derniers  sont  chacun  intérieur  à 
un  ou  à  deux  chaînons  consécutifs  et  en  touchent  quatre  au  plus.  Au  con- 
traire, les  régions  intérieure  et  extérieure  à  l'anneau  touchent  chacune,  l'une 
par  Pi,  l'autre  par  Po,  à  tous  les  chaînons. 

344.  Propriétés  des  contours  fermés.  —  Théorème  I.  —  Un  contour 
fermé  simple  peut  être  enfermé  dans  une  chaîne  fermée  régulière  dont  les 
chaînons  sont  de  diamètres  (*)  aussi  petits  qu'on  veut. 


(•)  Ecart  maxime  de  deux  de  ses  points  (n°  55). 


378  CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 

Donnons-nous  un  S  positif  inférieur  au  quart  du  diamètre  du  con- 
tour. Supposons  ce  contour  décrit  par  le  point  ;r,  j  quand  avarie  de 
t\  à  T.  Partageons  le  contour  ^iT  en  tronçons  consécutifs  par  les  points 
ti,  to,...  tn,  T,  suffisamment  rapprochés  pour  que  le  diamètre  de  chaque 
tronçon  soit  <  Ô  :  2.  Soit  alors  8'  la  plus  petite  des  distances  de  deux 
tronçons  non  consécutifs.  Couvrons  la  courbe  d'un  réseau  à  mailles 
rectangulaires  formé  par  des  parallèles  aux  axes  coordonnés,  suffisam- 
ment rapprochées  pour  que  chaque  maille  soit  de  diamètre  <  0'  :  2. 
Cela  fait,  constituons  chaque  chainonàes  mailles  touchées  par  un  même 
tronçon  et  soient  respectivement  (ij,  (2),...  (m)  les  chaînons  construits 
sur  titi,  t-zt^,...  t„T.  Ces  chaînons  forment  une  chaîne  fermée,  car  deux 
chaînons  consécutifs  (^-^-i)  et  (/>^)  ont  en  commun  le  point  tk.  Le  dia- 
mètre d'un  chaînon  ne  surpassera  pas  S  :  2  +  °'  donc  S,  car  8'  ne  peut 
surpasser  le  diamètre  ô  :  2  d'un  chaînon.  Enfin  cette  chaîne  est  régu- 
lière, sinon  elle  serait  intérieure  à  quatre  chaînons  et  son  diamètre 
serait  <  40,  donc  inférieur  à  celui  de  la  courbe.  Ceci  est  évidemment 
impossible  puisque  la  courbe  est  contenue  dans  la  chaîne. 

Le  vide  entouré  par  l'anneau  touche  aux  chaînons  les  plus  écartés, 
il  sera  de  diamètre  supérieur  à  4S  —  2S  ou  2S.  Au  contraire,  les  vides 
de  l'anneau  lui-même  sont  mtérieurs  à  deux  chaînons,  ils  seront  de 
diamètre  <  20.  Pour  construire  l'anneau,  il  suffit  donc  d'hachurer 
toutes  les  mailles  du  réseau  rencontrées  par  la  courbe  et  tous  les  vides 
sauf  un,  celui  dont  le  diamètre  est  >  2S  et  qui  constitue  la  région  inté- 
rieure à  l'anneau. 

Théorème  IL  —  La  courbe  étant  enfermée  dans  cette  chaîne  dont  les 
chaînons  sont  de  diamètre  <  ô,  tout  point  de  la  courbe  est  à  une  distance  <  S 
de  chaque  bord  de  l'anneau  et  tout  point  de  l'anneau  est  à  une  distance  <  8 
de  la  courbe. 

La  première  proposition  est  immédiate  puisque  tout  point  de  la 
courbe  est  dans  un  chaînon  de  diamètre  <  S  qui  touche  aux  deux 
bords  de  l'anneau.  D'autre  part,  il  est  non  moins  évident  que  tout  point 
intérieur  à  un  chaînon  est  à  une  distance  <  0  de  la  courbe.  Mais  je  dis 
que  c'est  encore  vrai  pour  un  point  p  qui  tombe  dans  une  lacune  de 
l'anneau,  intérieure  à  deux  chaînons  consécutifs  {k  —  i)  et  (k).  Ceux-ci 
ont  en  commun  le  point  tj^.  Joignons  tè  à.  p  par  une  droite  et  prolon- 
geons celle  ci  :  elle  rencontrera  l'un  des  deux  chaînons  {k  —  i)  ou  [k) 
qui  enferme  p.  Comme  t/i  est  dans  les  deux,  la  distance  t^p  est  infé- 
rieure au  dramètre  0  du  chaînon  recoupé. 

Théorème  II  L  —  Tout  courbe  fermée  sans  point  multiple  décompose  le  plan 
en  deux  régions,  l'une  intérieure  et  l'autre  extérieure  à  la  courbe.  (C.  Jordan). 

Soient  p  un  point  non  situé  sur  la  courbe,  S  sa  distance  à  la  courbe. 
Construisons  un  anneau  dont  tous  les  points  soient  à  une  distance  de 
la  courbe  moindre  que  S  ;  le  point/»,  étant  exclu  de  l'anneau,  tombera 
à  l'intérieur  ou  à  l'extérieur  de  l'anneau.  Nous  dirons  dans  le  premier 
cas  qu'il  est  intérieur  à  la  courbe,  dans  le  second  qu'il  est  extérieur. 


CONTOURS  FERMÉS  879 


Cette  distinction  ne  dépend  aucunement  de  la  manière  de  construire 
l'anneau,  mais  correspond  à  des  propriétés  distinctives  par  rapport  à 
la  courbe.  En  effet,  si  le  point/»  n'est  pas  entouré  par  l'anneau,  il  est 
possible  de  tracer  une  ligne  polygonale  partant  de />  et  s'éloignant  à 
l'infini  sans  rencontrer  la  courbe.  Cette  possibilité  disparaît  dès  que  le 
point  est  entouré  par  l'anneau.  En  effet,  toute  ligne  polygonale  allant 
de  p  à.  l'infini  doit  scinder  la  chaîne  et,  par  conséquent,  couper  un 
chaînon  en  deux,  par  exemple  (i),  entre  les  deux  points  t^  et  t.,  qui 
l'unissent  à  ses  voisins.  Le  tronçon  tit-z,  qui  est  situé  tout  entier 
dans  ce  chaînon,  passe  donc  d'un  morceau  dans  l'autre  et  doit  ren- 
contrer la  coupure. 

L'ensemble  des  points  intérieurs  et  l'ensemble  des  points  extérieurs 
constituent  respeciivement  les  régions  intérieure  et  extérieure  à  la  courbe. 
La  région  intérieure  ne  peut  pas  ss  réduire  à  zéro,  car  on  peut  toujours 
construire  un  anneau.  Enfin,  deux  points  intérieurs  ou  deux  points 
extérieurs  peuvent  toujours  être  réunis  par  une  ligne  polygonale  qui 
ne  rencontre  pas  la  courbe,  car  on  peut  construire  un  anneau  con- 
tenant ou  excluant  les  deux  points  et  une  ligne  qui  les  réunit  sans 
rencontrer  l'anneau. 

Suivant  que  t  varie  de  ^1  à  T  ou  de  T  à  ti  le  contour  fermé  est  par- 
couru dans  deux  sens  opposés.  Nous  appellerons  sens  direct  celui  qui 
laisse  à  gauche  l'intérieur  de  l'anneau  et  nous  dirons  qu'il  laisse  à 
gauche  l'intérieur  de  la  courbe.  L'autre  sera  le  sens  rétrograde. 

Théorème  IV.  —  Un  contour  fermé  simple  étant  partagé  en  plus  de  deux 
tronçons  consécutifs,  on  petit  y  inscrire  un  polygone  fermé,  sans  point  multiple, 
tel  que  les  sommets  se  suivent  dans  le  même  ordre  sur  la  courbe  que  sur  le 
polygone  et  qu'il  y  ait  au  moins  un  sommet  sur  chaque  tronçon. 

Construisons  un  réseau  assez  serré  pour  qu'une  même  maille  ne 
puisse  s'étendre  sur  deux  tronçons  non  consécutifs.  Comme  on  peut 
décrire  toutes  les  parties  du  contour  situées  dans  un  même  maille  en 
parcourant  deux  tronçons  consécutifs  seulement  dans  le  sens  direct,  on  peut 
assigner,  sans  ambiguïté,  pour  chaque  maille  mk  rencontrée  par  le 
contour,  en  premier  point  d'entrée  E*  et  un  dernier  point  de  sortie  S/;. 

L'indice  i  étant  attribué  arbitrairement  à  une  première  maille  wi, 
donnons  l'indice  2  à  celle  où  le  contour  pénètre  au  point  Si,  puis  l'in- 
dice 3  à  celle  où  il  pénètre  au  point  S2,  et  ainsi  de  suite.  Considérons 
la  suite  des  mailles  Wi,  m-i,...  numérotées  de  la  sorte.  Le  nombre  des 
mailles  du  réseau  étant  limité,  il  y  a  une  première  maille  qui  se  repro- 
duira dans  la  série.  Comme  on  peut  recommencer  le  numérotage  en 
partant  de  celle-là,  nous  supposerons  que  ce  soit  la  maille  mi  et  qu'elle 
se  reproduise  pour  la  première  fois  à  l'indice  «  +  i.  Construisons  le 
polygone  SiSo...  S» Si  ;  ce  polygone  répondra  à  la  question. 

En  effet,  les  côtés  de  ce  polygone  tombent  successivement  dans  les 
mailles  différentes  m-i,  /«a,...  m„,mi  et  ne  peuvent  se  couper.  Deux 
sommets  consécutifs  S^et  Sk^i,  étant  sur  la  courbe  Ex+i  S>6+i  se  suivent 


38o     CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 


dans  le  sens  direct  sur  un  même  tronçon  ou  sur  deux  tronçons  consé- 
cutifs. Donc,  en  parcourant  la  série  des  sommets  Si,  S2,..,,  on  par- 
court successivement  les  tronçons  dans  le  même  sens,  sans  en  sauter 
aucun,  et,  comme  on  revient  au  point  de  départ,  on  les  rencontre  tous. 

Remarque.  —  Il  résulte  du  théorème  précédent  que  l'on  peut  inscrire, 
autour  d'un  contour  fermé  simple,  un  polygone  sans  point  multiple 
dont  les  côtés  soient  aussi  petits  qu'on  veut.  Il  suffit  pour  cela  de 
décomposer  préalablement  le  contour  en  tronçons,  par  des  valeurs 
assez  rapprochées  de  t  pour  que  l'écart  de  deux  points  situés  sur  deux 
tronçons  consécutifs  ne  surpasse  pas  la  limite  voulue. 

§  4.  Courbes  recti fiables  et  quarrables. 
Intégrales  curvilignes. 

345.  Courbes  rectiflables.  —  Considérons  une  courbe  continue, 
définie  par  les  deux  équations  (*)  : 

Donnons  à /une  suite  de  valeurs  ti,  4---  4, /»+i  =  T.  Soient,  en 
général,  x,-  yi  les  valeurs  de  x,y  pour  t=ti.  Le  périmètre^  du  poly- 
gone inscrit  ayant  ces  points  pour  sommets,  sera 


^  =  S  V(.^,+i  -  XiY  +  {yi+,  -yiY. 
1 

Faisons  tendre  vers  zéro  les  amplitudes  de  tous  les  intervalles 
{ti-\-i  —  ti).  Si  le  périmètre  du  polygone  ainsi  construit  tend  vers  une 
limite  déterminée  et  unique,  quel  que  soit  le  mode  de  subdivision  de 
l'intervalle  {ti,  T)  en  parties  infiniment  petites,  l'arc  correspondant  de 
la  courbe  est  redifiable  et  la  longueur  de  Varc  est  égale  à  cette  limite. 

Pour  que  cette  limite  existe,  il  faut  d'abord  que  le  périmètre  consi- 
déré ne  croisse  pas  indéfiniment.  Or  le  côté  h  ^+1  est  au  moins  égal 
I  ^«-1-1  —  ;i^,-  I  et  à  I  jy»+i  —  yi  \  ,  mais  ne  peut  surpasser  la  somme  de 
ces  quantités.  Pour  que  le  périmètre  reste  fini,  il  est  donc  nécessaire 
et  suffisant  que  les  deux  sommes 

n  M 

S  I  Xi+i  —  Xi  I  et  S  I  yi+i  —yi  \ 

1  1 

soient  bornées  et,  par  suite,  que  (p(/)  et  '\f{t)  soient  des  fonctions  à 
variation  bornée  dans  l'intervalle  (^i  T). 

Cette  condition  nécessaire  pour  que  l'arc  soit  rectifiable  est  aussi 


(*)  Si  le  point  {x,  y)  revient  sur  lui-même,  t  continuant  à  varier  dans  le 
même  sens,  il  décrit  une  portion  de  courbe  qui  se  superpose  à  la  précédente., 
mais  que  l'on  considère  comme  distincte. 


COURBES  RECTIFIABLES  38l 

suffisante.  En  effet,  supposons-la  vérifiée  et  désignons  par  L  la  borne 
supérieure  des  périmètres  de  tous  les  polygones  possibles.  Nous  allons 
montrer  que  le  périmètre  du  polygone  ^i  tz...  t„+i  T  tend  vers  L  quand 
l'amplitude  de  tous  les  intervalles  tend  vers  zéro. 

Pour  établir  ce  théorème,  il  suffit  d'observer  que  le  périmètre  p  reste 
stationnaire  ou  augmente  quand  on  intercale  un  nouveau  sommet 
entre  h  et  h+i,  mais  que  cette  augmentation,  ne  pouvant  surpasser 
la  somme  des  deux  nouveaux  côtés,  est  inférieure  au  double  de  la 
somme  des  oscillations  de  x  et  de  y  dans  l'intervalle  {ta,  tk+i).  Cette 
remarque  est  entièrement  analogue  au  lemme  du  n»  87  sur  lequel 
repose  la  démonstration  du  théorème  I  qui  le  suit.  Donc  en  raisonnant 
dans  le  cas  présent,  sur  p  et  L  comme  nous  avons  raisonné  là  pour 
prouver  que  t  a  pour  limite  T,  nous  en  concluons  que  p  a  pour  li- 
mite L.  Nous  pouvons  donc  énoncer  le  théorème  suivant  : 

La  condilion  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'une  courbe  continue,  dont  les 
coordonnées  sont  des  fonctions  de  t,  soit  rectifiable,  est  que  ces  fonctions  soient 
à  variation  bornée  (Jordan). 

L'arc  d'une  courbe  rectifiable  possède  les  propriétés  suivantes  : 

1°  Si  l'on  partage  un  arc  en  plusieurs  parties,  la  longueur  totale  est  égale 
à  la  somme  des  longueurs  de  chaque  partie. 

On  s'en  assure  par  la  considération  des  polygones  inscrits  dans 
chaque  partie  et  dont  l'ensemble  est  inscrit  dans  l'arc  total. 

2°  La  longueur  s  d'un  arc,  comptée  d'un  point  fixe  ti  a  un  point  mobile  t, 
est  une  fonction  continue  et  croissante  de  t. 

L'arc  varie  en  croissant  à  cause  de  la  propriété  précédente  et  sa  con- 
tinuité se  prouve  comme  celle  de  la  fonction  T  considérée  au  n°  87. 

3°  Donc  t  est,  réciproquement,  une  fonction  continue  et  croissante  de  s.  Les 
coordonnées  x  et  y,  qui  sont  fonctions  continues  de  t,  peuvent  donc  toujours 
être  considérées  comme  fonctions  continues  de  s. 

40  Si  X  et  y  sont  des  fonctions  absolument  continues  de  t,  on  a,  avec  l'in- 
tégrale de  Lebesgue,  en  ne   considérant   les  fonctions  que  là  oii  elles  existent, 


^+y'Ut, 


donc  la  fonction  s  est  absolument  continue  aussi. 
Posons,  en  effet, 


Cette  fonction  est  absolument  continue  comme  x  et  y,  car  la  varia- 
tion de  cp,  ne  peut  surpasser  la  somme  de  celles  de  x  et  dey  (*).  Donc 
cette  fonction  a  pour  dérivée  presque  partout 


(*)  En  vertu  de  la  formule  |  Acpj  |  ^V'^^"  +y'  <  I  ^^  I  +  I  A''  I  .  qui 
exprime  que  la  différence,  Acp/,  de  deux  côtés  d'un  triangle  ne  surpasse  pas 
le  troisième  côté. 


382     CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 

On  a,  par  conséquent  (no  265), 

fi{t)  =  r  ?'{t)  dt  <  i^Sjx'^  +j/'2  dt, 

Donc,  en  partageant  l'intervalle  (^i,  t)  en  éléments  successifs  {U,  ^/+i) 
infiniment  petits,  on  a 


s  =  lim  S<p,(^/+i)  <  fv^'2  +j/'2  ^^. 


Cherchons  maintenant  une  inégalité  de  sens  contraire.  Comme  s  est 
une  fonction  croissante  de  t,  on  a  (n»  aSg),  5'  existant  presque  partout, 


s> 


f  s'dx. 


Mais  on  peut,  sans  changer  cette  dernière  intégrale,  ne  considérer  que 
les  points  où  5',  x'  ety'  existent  à  la  fois  et  où  l'on  a,  par  conséquent, 


As         \/^x^-\-^y^ 


s'  =  lim  ^-  >  lim  ^ ii— ^  =  V^'^  +y'^- 

On  a  donc  a  fortiori,  ce  qui  achève  la  démonstration, 
s>   Ç  \Jx'^ -i- v'^  dt. 

Nous  avons  considéré  une  courbe  plane,  mais  les  conclusions  s'éten- 
dent à  l'espace,  en  introduisant  une  coordonnée  de  plus. 

346.  Intégrales  curvilignes.  —  Considérons  une  ligne  continue 

^  =  ?(0,      y  =  W), 

et  supposons  que  le  point  {x,  y)  décrive  un  arc  L  quand  t  croît  de  ty 

à  T.  Soit  P  [x,  y)  une  fonction  continue  des  deux  variables  x  et  y. 

Décomposons  l'intervalle  ^iT  par  les  points  ^1,  t^,,..  ti,...  /«+i  =  T  et 

soit  0/  un  point  arbitraire  de  l'intervalle  tit,+j.  Désignons,  en  général, 

par  Xi,  yi  et  ;«,  t),  les  valeurs  de  x,  y  aux  points  ti  et  6,-.  Formons  alors 

la  somme 

« 


(*)  A  cause  de  la  relation  générale  ax'  -{-by'  ^  \Ja^-\-i^  V^'^+jV'^- 


INTÉGRALES  CURVILIGNES  383 

Si  cette  somme  tend  vers  une  limite  déterminée  quand  les  valeurs 
successives  de  t  sont  infiniment  voisines,  c'est-à-dire  quand  les  points 
successifs  {xi.yi)  se  rapprochent  indéfiniment  les  uns  des  autres,  cette 
limite  s'appelle  l'intégrale  de  Fdx  prise  le  long  de  la  courbe  L  dans 
le  sens  ^iT,  et  se  désigne  par  le  symbole 


I 


P  {x,  y)  dx. 


Cette  expression  est  une  intégrale  curviligne.  Lorsqu'elle  a  un  sens, 
on  dit  que  la  fonction  Pdx  est  intégrable  le  long  de  la  ligne  L. 

Théorème  I.  — La  fonction  Pdx  est  intégrable  sur  toute  ligne  continue, 
dont  l'abscisse  x  =  tp(^)  est  une  fonction  à  variation  bornée,  et,  dans  ce  cas, 
l'intégrale  effectuée  sur  ■  cette  ligne  se  ramène  à  des  intégrales  de  fonctions 
continues,  au  sens  ordinaire,  c'est-à-dire  effectuées  dans  un  intervalle. 

Nous  pouvons  poser  x  =  u  —  z,u&iz  désignant  deux  fonctions  con- 
tinues de  t,  essentiellement  croissantes  (n»  88)  et  qui  varient  de  «i  à  U 
et  de  ^1  à  Z  quand  t  varie  de  ti  à  T.  Mais  alors  t  est,  réciproquement, 
une  fonction  continue  constamment  croissante  de  u  entre  «i  et  U,  et 
aussi  une  fonction  continue  constamment  croissante  de  z  entre  Zi  et 
Z.  Donc  P,  qui  est  fonction  continue  de  i,  peut  être  aussi  considéré 
soit  comme  fonction  continue  de  u,  soit  comme  fonction  continue  de 
z.  Soient  Ui,  zi  les  valeurs  de  u,  z  au  point  ti  ;  il  viendra 

SP  (;,-,  Ti,)  {xiJ^\  —  Xt^  =  SP  (Mî+1  —  Ui)  —  SP  {zi^i  —  z,). 

Si  l'on  prend  u  comme  variable  dans  la  première  somme  du  second 
membre,  et  z  comme  variable  dans  la  seconde,  chacune  de  ces  deux 
sommes  a  pour  limite  une  intégrale  définie  ordinaire.  Passons  donc  à 
la  limite  dans  cette  équation  ;  nous  obtenons  la  formule 


C  p  c?.r  =  r  P  iM  —  r  P  dz. 


Théorème  IL  —  Si,  x  est  fonction  absolument  continue  de  t,  on  a,  plus 
simplement,  avec  l'intégrale  de  Lebesgue, 


{'P{x,y)dx=  {  F[x,y)x'dt. 

On  a,  en  effet,  dans  ce  cas  (n^  265) 

+i~x,  =     '     x'dt. 


Xi 

par  conséquent, 


SP($,.  Ti,)  (Ar,+,  -  ;.;/)  -  f  F{x,  y)  x'  dt  =  S  Ç/^'^'^^^'-  "^'^  "  ^i^'y)^^^  î 

et  il  suffit  de  montrer  que  cette  expression  tend  vers  zéro  avec  les 
intervalles  {t,;ti+i).  Or  on  peut  supposer  ceux-ci  assez  petits  pour  que 


384     CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 

P(?,,  TTj/)  —  F{x,  y)  soit  <  £  en  valeur  absolue  quel  que  soit  i.  Alors 
l'expression  précédente  est  moindre  en  valeur  absolue  que  la  quantité, 
infiniment  petite  avec  t, 


Se  p'"^'  \x'  \dt=t  r  \x'  \dt. 


Remarque.  —  L'intégrale  curviligne  f  Qdy  se  définit  d'une  manière 
semblable  à  celle  de  Pdx.  L'intégrale  plus  générale, 


I' 


(Fdx+Qdy), 


est,  par  définition,  la  somme  des  deux  précédentes  ;  elle  sera  donc  bien 
déterminée  si  les  fonctions  x  ety  sont  à  variation  bornée,  c'est-à-dire 
si  la  ligne  d'intégration  est  reclifiable. 

347.  Coutours  fermés  quarrables.  —  Considérons  un  contour  fermé 
simple  C  et  soit  A  la  région  intérieure  à  C. 

L  On  dit  que  la  région  A  (ou  que  la  courbe  C)  est  quarrable  si  la  borne 
supérieure  des  aires  polygonales  intérieures  à  A  coïncide  avec  la  borne  infé- 
rieure des  aires  polygonales  contenant  A.  Ces  aires  peuvent  être  limitées  par 
un  ou  plusieurs  contours  distincts.  Cette  borne  commune  est  Vaire  de  A. 

Pour  que  la  courbe  soit  quarrable,  il  faut  et  il  suffît  que,  quelque 
petit  que  soit  s,  on  puisse  trouver  un  domaine  polygonal  F  contenu 
dans  A  et  un  domaine  polygonal  F'  contenant  A,  tels  que  F'  —  F  soit 
<  e.  On  peut  toujours  supposer  que  les  contours  de  P  et  F'  ne  ren- 
contrent pas  la  courbe,  car  il  suffit  d'une  modification  aussi  petite 
qu'on  veut  pour  réaliser  cette  condition. 

Donc,  si  la  courbe  est  quarrable,  elle  peut  être  enfermée  (au  sens  étroit) 
dans  un  domaine  polygonal  (F'  —  P)  d'aire  plus  petite  que  e. 

Soit  alors  S  la  plus  petite  distance  de  la  courbe  C  à  F  et  F'.  Tout 
anneau  (no  344)  dont  les  points  seront  à  une  distance  <  S  de  la  courbe 
sera  tout  entier  dans  le  domaine  extérieur  à  F  et  intérieur  à  F'  et  son 
aire  sera  <  t.  Donc  : 

IL  Si  la  courbe  C  est  quarrable,  elle  peut  être  enfermée  dans  un  anneau 
d'aire  infiniment  petite. 

Cette  condition  est  aussi  suffisante  pour  que  la  courbe  soit  quarrable,  puis- 
que l'aire  A  est  intermédiaire  entre  celles  des  deux  contours  polygo- 
naux qui  bordent  l'anneau. 

Couvrons  maintenant  la  courbe  C  d'un  réseau  dont  les  mailles  ten- 
dent vers  0,  nous  pouvons  énoncer  la  proposition  suivante  : 

III.  La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  la  courbe  C  soit  quar- 
rable, est  que  la  somme  des  mailles  rencontrées  par  la  courbe  ait  pour  limite  0. 


COURBES  QUARRABLES  385 

Cette  condition  est  suffisante,  car  les  mailles  intérieures  à  A  forment 
une  aire  polygonale  P  contenue  dans  A,  et,  en  ajoutant  les  mailles 
rencontrées  par  la  courbe,  on  a  une  aire  polygonale  P'  contenant  A, 
telles  que  P'  —  P  tende  vers  zéro.  Cette  condition  est  nécessaire, 
puisque  les  mailles  rencontrées  par  la  courbe  font  toujours  partie  de 
l'anneau  qui  correspond  au  réseau. 

IV.  Le  contour  fermé  simple  x  =  cp(^),  y  =  <];(/)^  sera  quarrable  si  x  ou  y 
est  à  variation  bornée. 

Soit  ^iT  l'intervalle  dans  lequel  i  décrit  la  courbe.  Décomposons-le 
par  les  points  ti,  t^...  t„+i  =  T.  Soient  s,  et  tj/  les  oscillations  de  x  et  y 
dans  l'intervalle  tt  ti+i.  Le  tronçon  ti  ^j-i-i  de  la  courbe  peut  être  inscrit 
dans  un  rectangle  de  côtés  £<•  et  ti/.  Par  conséquent,  quand  les  mailles 
tendront  vers  zéro,  la  somme  de  celles  qui  rencontrent  ce  tronçon  aura 
une  limite  égale  ou  inférieure  au  produit  £,-n«  qui  mesure  ce  rectangle. 
La  somme  des  mailles  qui  rencontrent  le  contour  proposé  a  donc  une 
limite  inférieure  à  S£,in,-.  Si  x,  par  exemple,  est  à  variation  bornée,  x  est 
la  difiérence  de  deux  fonctions  non  décroissantes,  u  et  z,  qui  varient 
de  Ml  à  U  et  de  Zi  à.  Z  dans  l'intervalle  ^iT,  Soit  ti  la  plus  grande  des 
quantités  tj,-.  On  aura 

1  £,■  T),-    <  TlSe,-    <  T)  [U  —  «1  +  Z  —  ^i]. 

La  somme  des  mailles  rencontrées  par  la  courbe  a  donc  une  limite 
inférieure  à  cette  dernière  quantité.  Celle-ci  peut  être  rendue  plus 
petite  que  toute  quantité  donnée,  car  tj  est  aussi  petit  qu'on  veut  avec 
les  intervalles  des  valeurs  de  t.  Donc  la  somme  des  mailles  rencon- 
trées par  la  courbe  a  pour  limite  zéro. 

En  particulier,  toute  courbe  fermée  rectifiable  sera  quarrable,  puisque 
ses  coordonnées  sont  à  variation  bornée. 

V.  Uaire  intérieure  à  un  contour  fermé  simple  et  quarrable  C  peut  s'ex- 
primer par  Vune  des  trois  intégrales  curvilignes  suivantes  : 

xdy,      —      ydx,       V     {xdy~ydx), 

AO  J(c)  V(c) 

ejfectuée  sur  le  contour  C  dans  le  sens  direct,  pourvu  toutefois  que  cette  inté- 
grale soit  déterminée.  Cette  condition  sera  d'ailleurs  remplie  pour  la  pre- 
mière si  y  est  une  fonction  de  t  à  variation  bornée,  pour  la  seconde  si  x  est 
à  variation  bornée,  et  pour  toutes  les  trois  si  la  courbe  est  rectifiable. 

Considérons  d'abord  la  seconde  des  intégrales  proposées. 

Construisons  un  anneau  (no  844)  dont  tous  les  points  soient  à  une 
distance  de  la  courbe  moindre  que  e.  Inscrivons  ensuite,  tout  autour  de 
la  courbe  C,  un  polygone,  sans  point  multiple,  dont  tous  les  côtés 
soient  assez  petits  pour  ne  pas  sortir  de  l'anneau  (n"  344).  La  courbe 
et  le  polygone  étant  tous  deux  sur  l'anneau,  la  différence  des  aires 
intérieures  à  l'un  et  à  l'autre  sera  plus  petite  que  celle  de  l'anneau  et 

25 


386     CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 

comme  on  peut  faire  tendre  cette  dernière  vers  zéro,  puisque  la  courbe 
est  quarrable,  l'aire  intérieure  au  contour  sera  la  limite  de  l'aire  inté- 
rieure au  polygone  inscrit. 

Soient  {xi, yi),  {x-i, y2),-.'  les  sommets  consécutifs  du  polygone. 
L'aire  S'  du  polygone  se  mesure  par  l'intégrale  deydx  effectuée  dans 
le  sens  rétrograde  sur  le  contour  polygonal  (no  335),  ce  qui  revient  à 
faire  la  quadrature  d'une  somme  de  trapèzes.  Il  vient  ainsi 

S'  =  ^'S{yk+i-\-yji){xji+i—xk). 

Quand  les  sommets  consécutifs  se  rapprochent  indéfiniment,  chacune 
des  deux  sommes  ^jK/î+i  (xk+i  —  x^  )  et  ly/i {xk+i  —  xk)  a.  pour  limite 
l'intégrale  existante  àeydx  effectuée  dans  le  sens  rétrograde  sur  le  con- 
tour C.  Donc  la  seconde  intégrale  proposée  dans  le  théorème  mesure 
l'aire  intérieure  au  contour. 

On  prouve  de  même  que  cette  aire  s'exprime  par  la  première  inté- 
grale si  celle-ci  a  un  sens.  Enfin,  si  elle  s'exprime  par  les  deux  pre- 
mières intégrales,  elle  s'exprime  aussi  par  leur  demi-somme,  ce  qui 
achève  la  démonstration. 

Remarque.  —  Si  enfin  x  ou  y  ou  bien  xety  sont  des  fonctions  abso- 
lument continues  de  t,  on  peut  prendre  ^  comme  variable  d'intégration, 
et  l'aire  s'exprime  par  l'une  des  intégrales  (346,  II)  : 

Cxy'dt,       -  Cyx'dt,      4  Ci^y'  -yx')dt. 

§  5.  Volume  d'un  solide.  Aire  d'une  surface 
de  révolution. 

348.  Volumes  qui  dépendent  d'une  quadrature.  — La  définition  des 
volumes  se  rattache  à  la  théorie  des  intégrales  multiples  et  sera 
exposée  dans  le  second  volume.  Nous  n'étudions  ici  qu'un  cas 
particulier.  Considérons  une  surface  dont  les  sections  paral- 
lèles à  un  plan  fixe  soient  des  courbes  fermées,  et  supposons 
que  l'aire  d'une  section  soit  une  fonction  continue,  cp(oc),  de  la 
distance  x  du  plan  sécant  au  plan  fixe.  Limitons  un  solide  à 
l'intérieur  de  la  surface,  en  menant  deux  plans  sécants  extrêmes 
aux  distance»  oci  et  X  du  plan  fixe. 

Pour  définir  le  volume  du  solide  compris  entre  la  surface  et 
ces  deux  plans,  décomposons  ce  solide  en  tranches  i)ar  les  plans 
consécutifs  x^,  x^,...  Xn.  Xn+i  =-  X.  Substituons  à  chacune  des 
tranches,  un  cylindre  ayant  même  base  (^{xn)  et  même  hauteur 


VOLUME  d'un  solide  887 


{Xfi+i  —  Xfi)  ai  faisons  la  somme  de  tous  ces  cylindres.  Cette 
somme  sera 

n 

1 

Faisons  décroître  d'une  manière  quelconque  l'épaisseur  de 
toutes  les  tranches,  la  somme  précédente  aura  une  limite  déter- 
minée, toujours  la  même,  que  l'on  appelle  le  volume  du  solide. 
Cette  limite  est,  en  effet,  par  définition,  l'intégrale  définie 

•X 

(f{x)dx. 

'i 

Cette  formule  donne  le  volume  compris  entre  les  plans  x^  et 
X.  Si  l'on  veut  calculer  le  volume  V  compris  entre  les  plans 
Xo  et  X,  il  faudra  se  servir  de  la  formule 


(1)  V=  (%{x). 

Jx,, 


)dx. 

Quand  la  fonction  ^(^c)  est  connue,  cette  formule  ramène  à 
une  simple  intégration  la  détermination  du  volume  V. 

/Y"*  'V"*  2^ 

349.  Exemples.  —  I.  Ellipsoïde  :  — r  +  xr-}-— ?-=  i.  Cherchons 

a^      b'       c" 

le  volume  compris  entre  deux  plans  perpendiculaires  à  l'axe 
des  X.  La  section  par  un  plan  x  quelconque  est  une  ellipse  dont 
les  demi-axes  ont  pour  expressions 


'V^î^'     ^V^l 


Donc,  d'après  la  valeur  connue  de  l'aire  de  l'ellipse  (n''  332), 
nous  aurons 

Le  volume  compris  entre  les  plans  0  et  5c  sera 

V  =  1.6c  JJ(i  -Ç)dx  =  nbc  (x  -  -^y 

Si  X  =  a,  on  obtient  la  moitié  du  volume  de  l'ellipsoïde  ;  le 

A  2 

volume  total  sera  donc  ~  uabc.  Ce  volume  vaut  les  ^  du  cylindre 

6  o 

qui  a  une  des  sections  axiales  de  l'ellipsoïde  pour  base  et  l'axe 
normal  à  cette  section  pour  hauteur,  cylindre  qui  peut  être  cir- 
conscrit à  l'ellipsoïde. 


388  CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 

II.  Paraboloïde  elliptique  :  -^  4--^  =  2A-.  La  section  faite  par 

le  plan  x  est  une  ellipse,  dont  les  demi-axes  sont  b\/2x  et  c  \j2x, 
et  l'aire  2Tzbcx.  Le  volume  du  segment  détaché  du  paraboloïde 
par  un  plan  a'  normal  à  l'axe,  est  donc 


=  tiTzbc       xdx  —  Tzbcx^, 

Jo 


C'est  la  moitié  de  celui  du  cylindre  qui  a  même  base  et  même 
hauteur  que  le  segment  du  paraboloïde. 

350.  Solides  de  révolution.  —  L'aire  qui  a  été  désignée  par  (f{x) 
s'obtient  immédiatement  dans  le  cas  très  étendu  des  solides  de 
révolution  autour  de  l'axe  des  x.  Soient  f{x)  une  fonction  conti- 
nue et  y  =  f{x)  l'équation  d'une  courbe  en  coordonnées  rectan- 
gulaires. En  tournant  autour  de  l'axe  OX,  cette  courbe  engendre 
une  surface  de  révolution.  La  section  faite  par  le  plan  x  est  un 
cercle  de  rayon  y.  Donc  (f{x)  =  Tzy^.  Le  volume  V  du  segment 
compris  entre  les  plans  Xo  et  x,  sera  donné  par  la  formule 

(2)  V  =  TT  r  y-'dx  -=  Tz  rf{xydx. 

Cette  formule  s'applique  aussi  aux  cas  où  la  courbe  est  définie 
par  une  représentation  paramétrique  ou  par  son  équation  en 
coordonnées  polaires.  Il  suffit  d'exprimer  y^dx  en  fonction 
de  t  ou  en  fonction  de  6  et  de  donner  comme  limites  à  l'intégrale 
les  valeurs  limites  de  t  ou  de  9. 

L'aire  qui  engendre  le  volume  de  révolution  peut  aussi  être 
comprise  entre  deux  courbes  : 

ri  =  /i(^)>      y-z  =  Ux)^      (yi  <  rt)- 

Dans  ce  cas,  le  volume  de  révolution  est  la  différence  des 
volumes  engendrés  par  les  deux  courbes.  On  a  donc 


(3)  y  =  '^r(y\-y])dx. 


Plus  généralement,  on  peut  chercher  le  volume  engendré  par 
la  révolution  de  l'aire  intérieure  à  une  courbe  fermée  C,  entiè- 
rement située  au-dessus  de  OX.  Supposons  que  le  contour  C 
puisse  se  décomposer  en  un  nombre  limité  d'arcs  sur  lesquels  x 


VOLUME  d'un  solide  889 


varie  toujours  dans  le  même  sens.  En  raisonnant  comme  au 
n°  335,  on  verra  que  le  volume  de  révolution  s'exprime  par  l'in- 
tégrale curviligne 

(4)  V  =  —  7c  r  y^dx, 

J(C) 

le  contour  C  étant  parcouru  dans  le  sens  direct  (*). 

361.  Exemples  de  volumes  de  révolution.  —  I.  Cycloïde.  Sui)pO' 
sons  que  la  révolution  se  fasse  autour  de  la  base  ;  on  aura 

y^dx  =  a^  (i  —  cos  f)^  dt. 

Le  volume  engendré  par  l'arc  compris  entre  l'origine  et  le 
point  qui  a  pour  paramètre  t,  sera 

V  ==  Tza^  1  (i  —  3  cosf  -f-  3  cos-f  —  cos^t)  dt 

Jo 

.V5t       /    .    .   ,  3    .    ,        ,  ,    sin^t\ 


Si  ^  =  2TZ,  on  obtient  le  volume  5n'-a^  engendré  par  l'arcade 
entière. 

II.  Tore.  Le  tore  est  engendré  par  la  révolution  d'un  cercle 
autour  d'une  droite.  Considérons  le  cercle 

•'v-  +  {y  —  ^0'''  ^  ^^ 

dont  l'équation  donne  deux  valeurs  pour  y,  à  savoir 


ji  =  c  —  Va-  —  X*  y^  =  c  -\-  Va^  —  x^ 

On  en  tire 


yl  —  yi  --  4  cV«^  —  ''^^• 
Faisons  tourner  le  cercle  autour  de  l'axe  de  x,  le  volume  de 
la  tranche  du  tore  comprise  entre  les  plans  0  et  oc  s'évalue  par 
la  formule  (3).  Il  vient 


roc 

V=4tic     \Ja^  —  xUL\^ 


2TZC 


X 


xyja^  —  x^  4-  a^  arc  sin 
^  a 


(*)  On  peut  généraliser  ce  résultat.  Eu  raisonnant  comme  au  u"  347,  on 
montre  que  l'équation  (4)  subsiste,  pourvu  que  le  contour  C  soit  quarrable 
et  que  l'intégrale  curviligne  ait  un  sens.  Ceci  aura  lieu  si  le  contour  C, 
défini  par  .v  =  cp(^),  y  —  i^{t),  est  rectifiable  et,  plus  généralement,  si  x-  seul 
est  à  variation  bornée. 


SgO  CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 

Si  X  =  a,  on  obtient  la  moitié  du  volume  du  tore.  Le  volume 
total  sera  donc  27t^ca'^. 

252.  Aire  d'une  surface  de  révolution.  —  Considérons  encore  la 
surface  engendrée  par  la  révolution  d'une  courbe  rectifiable 
quelconque  autour  de  l'axe  des  x.  Supposons  seulement  que 
l'ordonnée  de  la  courbe  soit  positive.  Prenons  comme  variable 
l'arc  s  de  la  courbe  compté  à  partir  d'une  origine  fixe.  Les 
coordonnées  ^  et  y  d'un  point  de  la  courbe  seront  des  fonctions 
continues  de  s. 

L'aire  de  la  surface  engendrée  par  la  portion  de  la  courbe 
comprise  entre  deux  points  extrêmes,  est,  par  définition,  la 
limite  de  l'aire  engendrée  par  la  révolution  d'un  polygone 
inscrit  dont  tous  les  côtés  tendent  vers  zéro  (*). 

Soient  s^  et  S  les  valeurs  de  s  aux  points  extrêmes  ;  marquons 
sur  la  courbe  une  suite  de  points  où  s  prend  les  valeurs  succes- 
sives s,,  Sg...,  Sn ,  s„+i  =  s.  Soient  Xt  et  jj  les  valeurs  de  ;x;  ety 
quand  s  ==  st  Inscrivons  un  polygone  ayant  ces  points  pour 
sommets  et  soit  q  le  côté  qui  joint  (xt,  y^)  à  {Xi+i,  yt+i).  Ce  côté 
engendre  en  tournant  la  surface  latérale  d'un  tronc  de  cône, 
laquelle  a  pour  mesure,  d'après  la  géométrie  élémentaire, 

•2  ^ 

L'aire  engendrée  par  le  polygone  entier  s'obtient  en  sommant 
toutes  les  expressions  semblables  à  la  précédente,  ce  qui  peut, 
en  introduisant  des  termes  qui  se  détruisent,  s'écrire  comme 
il  suit  : 


,,|ii±i:i±i(,^^,  _  s,)  _  ^^lyi±yi±L 


{^i+i  —  ^i)  —  Ci 


Considérons  d'abord  la  seconde  somme.  Comme  Ci  est  la  corde 
de  l'arc  Sj+j  —  6v,  toutes  les  différences  entre  crochets  sont  posi- 
tives. Donc,  M  désignant  le  maxime  de  y,  cette  seconde  somme 
est  moindre  que 

n  n 

2TcM  2  [{si+i  —  Si)  —  Ci]  =  2TtM[S  —  Si  — Scj]. 


(*j  La  définition  de  l'aire  d'une  surface  quelconque  sera  donnée  dans  le 
second  volume. 


AIRE  d'une  surface  DE  REVOLUTION  89 1 


Comme  l'arc  S  —  s,  est,  par  définition,  la  limite  du  périmètre 
Xci,  cette  expression  tend  vers  0  avec  les  côtés  Ct.  L'aire  de  la 
surface  de  révolution  est  donc  égale  à  la  limite  de  la  première 
somme.  Mais  la  demi-somme  de  yt  et  y^+^  étant  une  valeur 
moyenne  de  y  dans  l'intervalle  (sf,  s^+^)  de  s,  la  première  somme 
tend,  par  définition,  vers  une  intégrale  définie  quand  tous  ces 
intervalles  tendent  vers  zéro  ;  et  l'on  obtient,  pour  l'aire  A  de 
la  surface,  la  formule 

(6)  A  =-  271  (    y  ds. 

Cette  formule  suppose  l'arc  rectifiable.  On  peut  en  déduire 
d'autres,  applicables  aux  divers  cas  dans  lesquels  s  n'est  pas  la 
variable  indépendante.  Celles-ci  se  déduisent  de  la  précédente 
par  un  changement  de  variable,  mais  il  faut  des  hypothèses 
plus  restrictives. 

Suivant  que  la  courbe  sera  définie  par  une  représentation 
paramétrique,  par  l'équation  y  =--  f{x),  ou  en  coordonnées  po- 
laires, on  aura,  pourvu  que  les  dérivées  représentées  par  x',  y' 
et  r'  existent  et  soient  continues, 


ds  =  dt  \'x"  4-  r"  =  dx  Vi  +  r"  =  d^  V'-'  ■+-  r'-. 
Prenant  t,  x  ou  8  comme  variable,  on  transformera  donc, 
suivant  le  cas,  la  valeur  (5)  de  A  dans  l'une  des  suivantes  ; 

2TC  Çysjx'^  +  y^dt,  2Tt  CyS/i  -\-  r'*  dx,  27:  j   (r  sin  ^)\/l^r'^d^, 

les  limites  se  rapportant  aux  extrémités  de  l'arc.  Ce  sont  ces 
formules  que  l'on  applique  en  pratique. 

353.  Aire  de  l'ellipsoïde  de  révolution.  —  Nous  prendrons  pour 
variable  l'angle  cp  déjà  considéré  au  n°  389.  On  a  alors 

5C  =  a  sin  <p,  y  =^  b  cos  cp,        ds  =  d<f  \Ja^  cos^  cp  -f  b'  sin*  cp. 

Il  y  deux  cas  à  distinguer  suivant  cjue  l'ellipsoïde  est  de  révo- 
lution autour  du  grand  axe  ou  du  petit. 

1°  Ellipsoïde  surhaussé  (a  >  b).  Soit  e  =  (Va'  —  6^)  :  a  l'excen- 
tricité absolue.  Pour  obtenir  l'aire  totale  de  l'ellipsoïde,  il  faut 
doubler  l'aire  engendrée  par  l'arc  ayant  pour  extrémités 
cp  =  0  et  ^  =  ir  :  2.  On  aura,  par  la  relation  e  sin  <p  =  sin  t, 


392     CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 


„  -       ,    /*2     , ^  fl-o/) /*arc  sin  £ 

S  =  /iT.ab  )    \Ji-t'  sin'^  <p  cos'f  dco  =  ±^^       cos^  tdt, 


c,         2Tzabr^    ,      .  -larcsine 

ï5  = Ir  +  sinfcosn  =  2Tzab 


arc  siii  e 


Vi— e' 


Ce  résultat  se  simplifie  par  la  relation  yi  —  e^  =:  6  :  a  ;  il  vient 

arc  sin  e' 


S  =  271: 


b'  4-  ab' 


2°  Ellipsoïde  surbaissé  (a  <  b).  Soit  k  =  (y^b^—a^)  :  a  ;  on  aura 

S  =  /^Tzab  j    Vi  +  ^^sin^T  cos'fdcp  =  /^Tzabki  \/i+  ^^  rf^ 
Cette  intégrale  a  été  calculée  au  n°  338  ;  il  vient 

S  =  2  7r  az>  rvr+^ + ^  Log  (/c  +  vr+^"2y 

et,  par  relation  sji  -[-  k^  =  b  :  a, 


S  =  2u 


al 


b'  +  —  hog{k  +  \Ji  +  k') 


Ces  deux  expressions  donnent  à  la  limite  l'aire  de  la  splière  en 
faisant  tendre  b  vers  a  et,  par  conséquent,  e  et  k  vers  zéro.  On 
trouve  la  valeur  connue  ^-Ka^. 

Exercices. 

1 .  Calculer  les  volumes  et  les  surfaces  engendrées  par  les  révolutions  : 

1°  d'une  chainette  autour  de  sa  base  ; 
2°  d'une  spirale  logarithmique  autour  de  l'axe  polaire  ; 
3o  de  la  cardioïde  :  r  =  2a  (i  —  cos  6)  autour  du  même  axe  ; 
40  de  lemniscate  :  r^  =  a2cos26  autour  du  même  axe. 

Ces  problèmes  conduisent  à  des  intégrales  qui  s'effectuent  facilement 
sous  forme  finie. 

2.  Volumes  engendrés  par  les  révolutions  : 

1°  d'une  spirale  d'Archimède  autour  de  l'axe  polaire  ; 
2°  d'une  cissoïde  autour  de  son  asymptote. 

Ces  volumes  se  calculent  également  sous  forme  finie. 

§  5.  Calcul  des  intégrales  définies  par  approximation. 

354.  Principe  de  la  méthode.  —  Un  grand  nombre  de  problèmes 
relatifs  à  la  mécanique,  à  la  physique  et  à  l'art  de  l'ingénieur 


CALCUL  DES  INTEGRALES  DEFINIES  PAR  APPROXIMATION 


393 


conduisent  à  des  intégrales  définies  qu'il  est  impossible  d'ob- 
tenir rigoureusement- sous  forme  finie.  Pour  les  calculer,  il  faut 
recourir  aux  formules  d'approximation.  Celles-ci  sont  d'autant 
plus  avantageuses  qu'elles  exigent  moins  de  calculs  et  compor- 
tent une  exactitude  plus  grande.  Il  en  existe  un  grand  nombre. 
Nous  allons  faire  connaître  seulement  les  plus  utiles  et  les  plus 
élémentaires. 

L'intégrale  définie      f{x)  dx,  où  nous  supposerons  f{x)  posi- 
Ja 

tif  et  6  >  a,  représente,  comme  on  l'a  vu,  l'aire  S  limitée  par  la 
courbe  y  =  f{x),  l'axe  OX  et  les  deux  droites  x  ^  a  et  x  =  b. 
Le  problème  d'évaluer  cette  aire  est  donc  le  même  que  celui  de 
calculer  l'intégrale  ;  et  réciproquement,  toute  détermination 
approchée  de  l'aire  S  fournira  une  valeur  approximativi^  de 
l'intégrale. 

355.  Détermination  de  limites  supérieures  et  inférieures  d'une  inté- 
grale définie.  —  Nous  supposerons  que,  dans  tout  l'intervalle 
(a,  b)  de  l'intégration,  la  courbe  y  =  f{x)  tourne  sa  concavité 
dans  le  même  sens.  Si  cette  condition  n'était  pas  réalisée,  il 
faudrait  commencer  par  décomposer  l'aire  en  plusieurs  autres 
pour  lesquelles  la  condition  aurait  lieu. 

Nous  supposerons,  pour  fixer  les  idées,  que  la  courbe  tourne 
sa  concavité  vers  le  bas.  Dans  l'hypotlièse  inverse,  l'ordre  des 
limites  que  nous  allons  obtenir  serait  interverti.  Une  limite 
supérieure  deviendrait  une  limite  inférieure  et  réciproquement. 

Ceci  posé,  on  peut,  d'après  M.  Mansion,  procéder  comme  il  suit 
pour  enfermer  l'iritégrale 


entre  des  limites  que  l'on 
sait  évaluer  : 

On   décompose   l'inter- 
valle (a,  b)  en  un  nombre  0 
pair  2n  de  parties  égales 
d'amplitude  ft  =  (6  —  a)  :  2n  Fig,  1 1 . 

par  les  points  Xi  =  a,  x^,  x^,...  x^n+i  =  b  ;  p.uis  on  décompose 
l'aire  B  à  évaluer  en  segments  consécutifs  u,,  «Tg,...  <i2„  (fig.  11) 
en  menant  toutes  les  ordonnées  correspondantes  jj,  jj,...  yin+-\- 

La  courbe  tournant  par  hypothèse  sa  concavité  vers  le  bas, 
tout  segment  compris  eutre  deux  ordonnées  quelconques  y,  et 


394     CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 

yx  surpasse  le  trapèze  que  l'on  y  inscrit  en  joignant  les  sommets 
des  deux  ordonnées. 

On  trouve  ainsi,  pour  le  segment  (x^  compris  entre  les  ordon- 
nées yh  et  j/i-fj,  l'inégalité 

(1)  ""^  >  2  ^^^  +  ^'''+^^' 

De  même,  pour  le  segment  oai  +  <^2i+i  compris  entre  les  or- 
données y^i  et  Jae+g, 

(2)  <iii  +  «ï2i+i  >  h  {y^i  -f  ya+i). 

Mais  on  peut  aussi  assigner  une  limite  supérieure  aux  seg- 
ments. Tout  segment  compris  entre  deux  ordonnées  verticales 
est  moindre  que  le  trapèze  qu'on  lui  circonscrit  en  menant  à  la 
courbe,  entre  ces  ordonnées  prolongées,  une  tangente  intermé- 
diaire quelconque.  En  particulier,  le  segment  <^ii—x  -\-  ^ït  compris 
entre  les  ordonnées  yu-i  et  ya+i  est  moindre  que  le  trapèze 
qu'on  lui  circonscrit  en  menant  la  tangente  au  sommet  de  l'or- 
donnée médiane  y^.  Ce  trapèze  a  pour  mesure  sa  hauteur  2/i 
multipliée  par  la  moyenne  jgi  de  ses  bases.  On  a  donc 

(3)  <s2i-\  +  <^2i<  ^hy2i. 

De  là  résultent  facilement  diverses  limites  supérieures  et 
inférieures  pour  l'aire  totale  S.  Pour  les  écrire  plus  facilement, 
désignons  par  : 

P  la  somme  des  ordonnées  paires  y?  +  y4  +  •••  +  y-in  ', 
I  celle  des  ordonnées  impaires  y,  +  jg  4-  •••  +  y-m+i  ; 
El  celle  des  ordonnées  impaires  extrêmes  yj  -f  yz)i+i  ; 
Ejj  celle  des  ordonnées  paires  extrêmes  y^  +  y2n' 
On  obtient  d'abord  une  limite  supérieure  L  par  la  formule  (3). 
On  a,  en  effet, 

S  =  S  (a2j_i  -f  a,,)  <  2/îP 

i 

Par  conséquent, 

(4)  S  <  L  =-  2/iP. 

On  obtient  ensuite  une  première  limite  inférieure  l  par  la  for- 
mule (1),  car  on  a  ■ 

S^Eaft>-(2P  +  2l-Ei); 
1  2 

par  conséquent. 


(5)  S>l  =  h(Ti-I-^^ 


'^/ 


CALCUL  DES  INTÉGRALES  DÉFINIES  PAR  APPROXIMATION    SqS 


Cette  formule  donne  une  valeur  approchée  /  de  S  ;  on  f 'ap- 
pelle la  formule  des  trapèzes. 

Enfin  on  peut  obtenir  une  seconde  limite  inférieure  V  en  com- 
binant les  formules  (1)  et  (2).  On  a,  en  effet, 

n— 1 
1 

On  remplace  ij,  et  <x2m  par  leurs  limites  (1)  et  les  parenthèses 
par  leurs  limites  (2),  ce  qui  donne 

S>/i^^+^'  +/i(2P-E,) 
et,  en  réduisant, 

(6)  S  >  /'  •-=  h 


•^-p  _  E^-E, 


Cette  dernière  limite  a  l'avantage  de  ne  pas  faire  intervenir 
les  ordonnées  intermédiaires  d'ordre  impair.  Quand  on  se  sert 
des  limites  (4)  et  (6),  on  peut  donc  se  dispenser  de  calculer  ces 
ordonnées. 

356.  Formules  de  Poncelet  et  de  Simpson.  —  Ces  formules  s'ob- 
tiennent par  la  combinaison  des  limites  précédentes  : 

1°  La  formule  de  Poncelet  s'obtient  en  donnant  comme  valeur 
à  S  la  moyenne  arithmétique  des  valeurs  L  et  Z'.  On  trouve  ainsi 

Eg  —  E, 


(7)  S  =  ^^àJL  =  h 

^    '  2 


2P  — 


L'erreur  commise  sera  moindre  en  valeur  absolue  que 
L  — /'_AEg  — El 

2         ~2  2  ' 

mais  on  en  ignore  le  sens. 

Cette  limite  de  l'erreur  peut  se  présenter  géométriquement. 

En  effet,  si  l'on  joint  (fig.  ii)  les  sommets  A  et  B  des  ordon- 
nées extrêmes  y,  et  j^n+i  et  les  sommets  A'  et  B'  des  ordonnées 
extrêmes  de  rang  pair  y^  et  y2„,  ces  deux  droites  AB  et  A'B' 
interceptent  sur  l'ordonnée  du  milieu  y„  un  segment  PQ  qui 
est  précisément  égal  à  (E^  —  Ej)  :  2,  L'erreur  est  donc  moindre 
que  la  moitié  du  rectangle  construit  sur  ce  segment  PQ  et  la 
distance  h  de  deux  ordonnées  consécutives. 

La  formule  de  Poncelet  est  très  suffisamment  exacte  et  elle 


396     CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 


est  surtout  pratique  à  cause  de  sa  simplicité.  Elle  ne  nécessite 
pas  le  calcul  des  ordonnées  intermédiaires  de  rang  impair. 
2°  La  formule  de  Simpson  s'obtient  en  faisant 

(8)  S  =  îi^-^^=^|(4P+2l-E0. 

La  formule  de  Simpson  se  montre  presque  toujours  pratique- 
ment la  plus  exacte.  Mais  les  principes  qui  nous  ont  servi  jusqu'ici 
ne  suffisent  pas  pour  justifier  théoriquement  de  sa  supériorité. 
Tout  ce  que  nous  voyons  pour  le  moment,  c'est  que  l'erreur  ne 
peut  surpasser 

Pour  justifier  de  la  supériorité  de  la  formule  de  Simpson, 
nous  allons  chercher  par  une  autre  voie  une  expression  analy- 
tique de  l'erreur  commise.  Cette  expression  pourra  servir  en 
pratique  chaque  fois  que  la  dérivée  quatrième  de  f{x)  sera 
connue.  Dans»  les  autres  cas,  la  formule  de  Poncelet  sera  pré- 
férable à  celle  de  Simpson,  car  elle  donnera  un  résultat  aussi 
sûr  avec  moins  de  calculs. 

357.  Reste  de  la  formule  de  Simpson.  —  Nous  appellerons  reste 
de  la  formule  de  Simpson,  la  différence  entre  la  vraie  valeur  de 
l'intégi-ale  et  celle  que  donne  la  formule  de  Simpson.  Nous 
allons  donc  chercher  une  expression  commode  de  ce  reste. 

Nous  pouvons  nous  affranchir  de  toutes  les  conditions  que 
nous  avons  imposées  à  la  fonction  f{x)  dans  les  numéros  précé- 
dents. Par  contre,  nous  devons  en  introduire  une  nouvelle  : 
nous  supposerons  que  les  dérivées  de  f{x)  sont  déterminées  et 
continues  jusqu'au  quatrième  ordre  inclus. 

Nous  commencerons  par  former  l'expression  du  reste  dans  le 
cas  où  le  calcul  se  fait  avec  deux  subdivisions  seulement.  Il  n'y 
a  alors  qu'un  seul  point  de  subdivision  de  l'intervalle  d'intégra- 
tion, nous  le  désignerons  par  ;x;  et  les  valeurs  extrêmes  seront 
X  —  A,  et  jc  +  A. 

Soit  F{x)  une  intégrale  de  f{x).  La  valeur  exacte  de  l'aire 
cherchée  sera 

F{x  +  h)  —  F{x  —  h), 
et  celle  fournie  par  la  formule  de  Simpson 

I  [f{x  -rh)+  /'(A-  -  h)  +  if{x)]. 


CALCUL  DES  INTÉGRALES  DÉFINIES  PAR  APPROXIMATION         897 

Considérons  x  comme  donné  et  h  comme  variable  ;  les  deux 
expressions  précédentes  seront  fonctions  de  h  et  leur  différence, 
ou  le  reste  de  la  formule,  pourra  se  désigner  par'^(/i).  Il  vient  ainsi 

cf(/i)  =  F(A-  +  h)  -  ¥{x  -h)~^  [f{x  -f  /i)  +  f{x - /O  4-  4/'(-^)]. 

Comme  le  montre  un  calcul  simple,  cette  fonction  s'annule 
ainsi  que  ses  dérivées  premières  et  secondes  pour  /i  =^  0  et  la 
dérivée  troisième  a  i)Our  expression 

?"w  =  -  ^  irv  +  à)  -  r(x  -  h)]. 

Désignons  par  ^  une  quantité  inconnue  mais  comprise  entre 
X  —  Il  et  X  -]-  h  ;  le  théorème  des  accroissements  finis  donne 

?"w  =  --3-r(^). 

Multiplions  successivemeut  par  dli  et  intégrons  trois  fois  de 
suite  les  deux  membres  de  cette  équation  entre  0  et  h.  On  ]}eut 
chatiue  fois,  en  vertu  du  théorème  de  la  moyenne,  et  sans  qu'il 
faille  changer  le  sens  général  de  i,  faire  sortir  le  facteur  /'^^(i) 
du  signe  J  et  n'intégrer  que  la  puissance  de  h.  On  trouve  ainsi, 
puisque  tp,  cp'  et  f"  sont  nuls  pour  h  =  0, 

<,(/,)  =  _|r(0^ 

Telle  est  l'expression  simple  et  remarquable  de  l'erreur  com- 
mise quand  on  applique  la  formule  de  Simpson  avec  deux  sub- 
divisions seulement.  Si  la  courbe  est  une  parabole  du  second 
ou  du  troisième  degré,  la  dérivée  4"  de  f{x)  est  identiquement 
nulle  et  la  formule  de  Simpson  donne  un  résultat  exact. 

Revenons  maintenant  au  cas  général,  envisagé  au  n°  précé- 
dent, dans  lequel  il  y  a  un  nombre  pair  211  de  subdivisions. 
Considérons  le  segment  ^2t-i  +  »2î  de  la  courbe  (n"  354)  compris 
entre  les  ordonnées  yzi-i  et  ^2^+).  On  peut  le  calculer  par  la 
formule  que  nous  venons  d'établir.  Il  vient  ainsi 

où  Ç  est  intermédiaire  entre  x^-^  et  x-n+i. 
Faisons  la  somme  des  résultats  précédents  pour  tous  les  indi- 


398  CHAPITRE  X.  CALCUL  DES  AIRES,  DES  ARCS  ET  DES  VOLUMES 

ces  i  =  I.  2,...  n  ;  il  viendra,  i  étant  maintenant  compris  entre 
a  et  b, 

S  =  I  [2I  +  4P  _  E,]  -  n|  rik)  ^, 
ou,  comme  2nh  =  b  —  a, 

(9)  S  =  ^  [2I  -h  4P  _  E  J  -  -^  (6  -  a)  /•iv(^) 

{a<l<b). 

Cette  formule  coïncide  avec  la  formule  (8),  à  part  le  dernier 
terme,  ("est  la  formule  de  Simpson  complétée  par  l'expression 
du  reste.  Cette  expression  permet  donc  d'évaluer  une  limite  de 
l'erreur  commise  par  la  formule  primitive.  Si  la  dérivée  qua- 
trième ne  change  pas  de  signe,  le  sens  de  l'erreur  sera  connu, 
puisqu'on  connaîtra  le  signe  du  reste.  Celui-ci  pourra  même 
servir  à  rectifier  dans  une  certaine  mesure  le  résultat  obtenu. 

Si  h  est  très  petit,  l'erreur  commise  par  la  formule  de  Simp- 
son sera  très  petite,  car  elle  est  seulement  du  quatrième  ordre 
par  rapport  à  h.  C'est  de  là  que  vient  la  supériorité  de  cette 
formule  sur  les  autres  où  l'erreur  est  d'un  ordre  de  grandeur 
plus  élevé. 


CHAPITRE  XI. 

Des  séries. 


§  Généralités  sur  les  séries  à  termes  constants. 
Séries  positives. 

358.  Définitions.  —  On  appelle  série  une  suite  indéfinie  de 
quantités,  réelles  ou  complexes,  u^,  u,^,,..  Un,--.  formées  suivant 
une  loi  déterminée  et  que  l'on  ajoute  successivement  les  unes 
aux  autres.  Le  terme  iin  se  nomme  le  terme  général  de  la  série. 
Son  expression  donnée  en  fonction  de  n  fait  connaître  toute  la 
série.  Soit 

Sn=  «1  +  «2  -h-..,  +  Un 

la  somme  des  n  premiers  termes  de  la  série.  Si,  pour  une  valeur 
indéfiniment  croissante  de  n,  la  somme  s„  tend  vers  une  limite 
finie  et  déterminée  s,  la  série  est  convergente  et  s  est  la  somme 
ou  la  valeur  de  la  série.  Si  Sn  ne  tend  vers  aucune  limite  ou 
augmente  indéfiniment,  la  série  est  divergente.  Toutefois  si 
Sn  tend  vers  +  oo  ou  —  oo  nous  disons  que  la  série  est  infinie  et 
a  pour  somme  f  oo  ou  —  oo. 

Lorsqu'une  série  est  convergente,  la  différen<}e, 

s  —  Sn  =  Avn  > 

entre  la  se  m  me  de  la  série  et  celle  des  n  premiers  termes  s'ap- 
pelle le  reste  de  la  série  à  partir  du  n'"*^^  terme.  Ce  reste  est  la 
somme  de  la  série  suivante  : 

qui  est  donc  convergente  (ou  divergente)  en  même  temps  que  la 
première.  Ainsi,  on  peut  toujours  dans  l'étude  de  la  conver- 
gence d'une  série  faire  abstraction  d'un  nombre  limité  de  termes 
au  début. 

359.   Caractère  général  de  convergence.  —  Pour  qu'une  série 


4oO  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 


converge,  il  faut  que  les  sommes  successives  s,,  s^,...  Sn,...  ten- 
dent vers  une  limite  déterminée.  De  là  (n°^  i6  et  46)  on  conclut 
la  proposition  suivante  : 

La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  la  convergence 
d'une  série  est  qu'à  tout  nombre  positif  t  si  petit  qu'il  soit,  cor- 
responde un  nombre  n  tel  que  r inégalité 

I  ^n+p —  s^   I  <  e 

ait  lieu  pour  tous  les  indices  n  +p  supérieurs  à  n. 

Ce  théorème  peut  aussi  se  formuler  comme  il  suit  :  Pour 
qu'une  série  converge,  il  est  nécessaire  et  suffisant  que  l'on  ait 

n=a.v*'"+^  —  'Sn  )  =  0, 

p  VARIANT  d'une  MANIÈRE  ARBITRAIRE  quand  n  tend  vers  l'infini. 

Corollaire.  —  Faisons  p  =  1,  le  théorème  précédent  nous 
donne,  en  particulier,  la  condition  suivante,  toujours  nécessaire, 
mais  non  suffisante  pour  la  convergence  : 

Dans  toute  série  convergente,  le  terme  général  Un  a  pour 
limite  zéro  pour  n  infini. 

360,  Convergence  d'une  progression  géométrique.  —  Une  des 
séries  les  plus  utiles  à  considérer  est  la  progression  géométrique 

a^  ak  +  ak^  -\-  ...  +  ak''  +  ... 
Si  k  diffère  de  i,  on  a  ici 

Sn=a-\-ak  +  ...  4-  a/c'^->  =  ilL~-^. 

Si  I  A:  I  est  <  i,  /c"  tend  vers  0  et  s„  vers  a  :  (i  —  A")  ;  la  série 
converge. 

Si  I  A"  I  >  I,  le  terme  général  aA:"  n'a  pas  pour  limite  0,  sauf 
si  a  =  0  ;  donc  la  série  diverge,  sauf  si  a  =  0,  auquel  cas  la  série 
est  nulle. 

361.  Séries  positives.  Formation  de  séries  divergentes  et  conver- 
gentes. —  Lorsque  tous  les  termes  d'une  série  Su»  sont  positifs 
(ou  nuls)  la  série  est  dite  positive.  La  somme  Sn  est  alors  crois- 
sante (ou  stationnaire)  quand  n  augmente,  de  sorte  qu'une 
série  positive  est  convergente  ou  infinie. 

Il  est  facile  de  donner  un  procédé  général  pour  former  des 
séries  positives  convergentes  ou  divergentes. 


SÉRIES  POSITIVES  AqI 


Désignons,  en  effet,  par  M„  un  nombre  qui  croît  constamment 
jusqu'à  l'infini  avec  l'indice  n  et  formons  les  deux  séries  à 
termes  positfs  : 

(M,  —  M.)  +  (M3  —  M,)  +  ...  =  i:(Mn+,  -  M„), 

m;~mJ+(  m;-m3J  +  -  ==  K~A^~^, 

La  première  est  divergente,  car  Sn  =  M„+ 1  —  Mj  augmente  à 

l'infini  avec  n  ;  la  seconde  convergente,  car  s»  =  -^ 

Ml       M„+, 
I 
converge  vers  ^rp. 

Par  exemple,  si  l'on  prend  M,,  =  Log  n,  on  formera  la  série 
divergente 


Log(n-j- i)— Log7i    ^SLogri4-- 
si  l'on  prend  Mn  =  n«(a  >  0),  on  formera  la  série  convergente 

S  r^ L_i 

In^      (n+i)aj' 

362.  Règles  de  convergence  des  séries  positives  tirées  de  la  compa- 
raison des  séries  entre  elles.  —  I.  Soient  Sh»  et  2y„  deux  séries 
positives  ;  supposons  qu'on  ait  constamment,  à  partir  d'une  va- 
leur suffisamment  grande  de  n, 

Un  ^  Vn  : 

1°  Si  I^Vn  converge,  Hun  converge  aussi  ;  2«  si  Ih,i  diverge, 
2un  diverge  aussi. 

En  effet,  dans  le  premier  cas,  Sy„  étant  fini,  2«,j  l'est  a  for- 
tiori et,  par  conséquent,  converge  ;  dans  le  second,  Sun  étant 
infini,  S^n  l'est  a  fortiori  et  diverge. 

II.  Si  la  série  Su»  converge,  la  série  Hvn  obtenue  en  multi- 
pliant chaque  terme  de  la  précédente  par  des  facteurs  positifs  et 
inférieurs  à  un  nombre  fixe  A,  converge  aussi. 

En  effet,  la  série  SAa»  converge,  car  elle  a  évidemment  pour 
somme  ASu»,  donc  Sy»  (qui  a  ses  termes  moindres)  converge 
en  vertu  de  la  règle  précédente.  —  On  prouve  de  même  que  : 

Si  la  série  X»»  diverge,  la  série  Ivn  obtenue  en  multipliant 
chaque  terme  de  la  précédente  par  des  facteurs  supérieurs  à  un 
nombre  positif  fiiie  A,  diverge  aussi. 

26 


402  CHAPITRE  XI.  DES  SÉRIES 

Ces  deux  règles  inverses  renferment  évidemment  comme  cas 
particulier  la  suivante  : 

III.  Si  le  rapport  iin  :  Vn  tend  vers  une  limite  finie  et  différente 
de  zéro,  les  deux  séries  S«n  et  Hvn  sont  en  même  temps  conver- 
gentes ou  en  même  temps  divergentes. 

IV.  Soient  Su»  et  Sy»  deux  séries  à  termes  positifs  et  diffé- 
rents de  0  ;  supposons  qu'on  ait  constamment,  à  partir  d'une 
valeur  suffisamment  grande  de  n. 

Un  Vn     ^  ^^ 


ïln+ 1        Vn+  1 

i'*  Si  la  série  "Lvn  converge,  I.Un  converge  aussi  ;  2°  si  Sh„  di- 
verge, Hvji  diverge  aussi. 

On  a,  en  effet,  à  partir  d'une  valeur  déterminée  de  n, 

^n        Vn+ 1         ^n+  2 

Soit  p  la  valeur  du  premier  cxuotient  ;  on  a,  pour  m  >  n, 

P 

Si  Sun  et,  par  suite,  Spi^n  convergent,  Swn  converge  aussi  en 
vertu  de  la  règle  I  ;  si  ÏUn  et,  par  suite,  2(«n  :  p)  divergent, 
Su„  diverge  aussi  en  vertu  de  la  règle  I. 

363.  Exemples.  —  i°  La  série  dite  harmonique 

n  234 

est  divergente  (en  vertu  de  la  règle  III),  car  le  rapport  de  son 
terme  général  (i  :  n)  à  celui  de  la  série  divergente  £  Logf  i  -f  -  j 

(n°  36i)  a  pour  limite  l'unité. 

2°  Au  contraire,  pour  toute  valeur  positive  et  constante  de  a, 

la  série 

y     J     ^T I      '      I      ^      I      ^       1 
n^+a     -^"12'+*     3^+°'     41+* 

est  convergente  (en  vertu  de  la  règle  III),  car  le  rapport  de  son 
terme  général  à  celui  de  la  série  convergente  (n°  36i) 


'{n-i-iri 


SÉRIES  POSITIVES  4^3 


a  pour  limite  i  :  a.  En  effet,  le  terme  général  de  cette  dernière 
série  peut,  par  la  formule  des  accroissements  finis,  prendre  la 
forme  a  :  (/i  -h  9)*+'. 
3°  La  série 


+  ...  =  2: 


3Log3     J^JjOg^     5Log5       *"  /iLogn 

est  divergente.  En  effet,  formons  une  série  divergente  par  le 
procédé  du  n°  36 1  en  prenant  M»  —  Log  Log  n  ;  cette  série  aura 
pour  terme  général  M„+i  —  M„ ,  c'est-à-dire 

Log  Log  (n  +  i)  —  Log  Log  n 


(n4-e)Log(/i+e)' 

par  la  formule  des  accroissements  finis.  Le  rapport  de  ce  terme 
à  I  :  (n  Log/i)  tend  vers  l'unité,  donc  la  série  S[i  :  (n  Log  n)] 
diverge  par  la  règle  III. 

364,  Critères  de  Cauchy,  —  Nous  appellerons  critère  de  conver- 
gence ou  de  divergence  toute  règle  qui  permet  de  décider  de  la 
convergence  ou  de  la  divergence  d'une  série  par  une  propriété 
de  son  terme  général,  ou  par  une  relation  entre  le  terme  géné- 
ral et  un  nombre  limité  de  termes  suivants. 

Un  critère  est  de  première  espèce  s'il  ne  fait  intervenir  qu'un 
seul  terme,  de  deuxième  espèce  s'il  en  fait  intervenir  deux,  et 
ainsi  de  suite. 

Critère  de  première  espèce.  —  La  série  S«n  converge  si 
l'expression 

n 

V«n 

a  une  limite  <  i  pour  n  infini,  ou,  plus  généralement,  finit  par 
rester  inférieure  à  un  nombre  A*  <  i  à  partir  d'une  valeur  suffi- 
samment grande  de  n.  Elle  diverge  si  cette  expression  ne  finit 
pas  par  devenir  définitivement  plus  petite  que  l'unité. 

En  effet,  dans  la  première  hypothèse,  les  termes  de  la  série 
deviennent  inférieurs  à  ceux  de  même  rang  de  la  progression 
géométrique  convergente  SA"  ;  donc  la  série  converge.  Dans  la 
seconde  hypothèse,  le  terme  général  u„  n'ayant  pas  pour  limite 
zéro,  la  série  diverge. 

Souvent  le  quotient  Un+t  :  «n  a  une  forme  plus  simple  que  Un , 


4o4  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 

alors,  le  critère  précédent  étant  cependant  applicable,  il  est 
plus  commode  de  se  servir  du  suivant,  qui  est  de  2^  espèce. 

Critère  de  deuxième  espèce.  —  La  série  SiZn  converge  si  le 
quotient 

Un 

finit  par  rester  inférieur  à  un  nombre  k  <  i  à  partir  d'une  va- 
leur suffisamment  grande  de  n.  Elle  diverge,  si  ce  quotient  de- 
vient définitivement  ^  i. 

En  effet,  dans  la  première  hypothèse,  on  a,  à  partir  d'un 
indice  convenable  n, 

Un  +  i  <  kUn,  Un+2  <  k^Un,...  Un+p   <  kP  Un  . 

Donc  les  termes  de  la  série  commencée  à  ce  terme,  sont  infé- 
rieurs à  ceux  de  même  rang  de  la  progression  géométrique 
convergente 

Un-\-  kUn+  ...-{-  kPUn+  ... 

et  la  série  converge. 

Dans  la  seconde  hypothèse,  m„  cesse  de  décroître  à  partir 
d'un  certain  indice  et,  par  conséquent,  n'a  pas  pour  limite  0. 

Il  arrive  souvent  que  le  rapport  Un+ 1  :  «n  tend  vers  une 
limite  déterminée  k  quand  n  tend  vers  l'infini.  La  série  sera 
convergente  si  A:  est  <  i  et  divergente  si  A:  est  >  i.  Si  /c  =  i,  on 
ne  peut  rien  conclure  et  il  faut  recourir  aux  critères  de  deuxième 
espèce  suivants  : 

365.  Critères  plus  précis.  —  Règle  de  Raabe.  La  série  positive 
2«„  sera  convergente,  si  ion  peut  poser,  à  partir  d'une  valeur 
convenable  de  n,  k  désignant  une  constante  >  i. 


Un+i  n 

Au  contraire,  elle  sera  divergente  si  Von  a 


"n+  1  n 

En  particulier,  la  série  est  donc  convergente  ou  divergente 

selon  que  l'expression  n  (~ i  ]  a  une  limite  supérieure  ou 

inférieure  à  l'unité. 


SIORIES  POSITIVKS  4^^ 


Démontrons  d'abord  la  règle  de  convergence. 
Soit  a  un  nombre  positif  <  A-  ;  considérons  la  série  conver- 
gente (no  363) 

Ii;n=2-^,        d'où         J^'i-  =  fi  +  i^'^°' 


On  en  conclut 


"»         "»    ;3i+*_^  +  'V+« 


Wn+i        ""+i  11       \         n 

Quand  n  tend  vers  l'infini,  le  second  membre  a  pour  valeur 

principale par  la  formule  du  binôme,  il  finit  donc 

par  devenir  positif,  donc  le  premier  membre  aussi,  ce  qui 
prouve  que  la  série  ILiin  converge,  en  vertu  de  la  règle  IV  du 
n°  362. 

Quant  à  la  règle  de  divergence,  c'est  un  cas  particulier  de  la 
suivante  qui  est  plus  générale  : 

La  série  'LUn  sera  divergente  si  l'on  a,  à  partir  d'une  valeur 
suffisamment  grande  de  n, 

Un+i  n     n  Log  n 

En  effet,  considérons  la  série 


n  Log  (n  —  i)  ' 

qui  est  divergente  comme  S(i  :  /i  Log  n)  (n"  363),  car  le  rapport 
des  deux  termes  généraux  tend  vers  l'unité. 
Pour  la  seconde  série,  on  a 

J^==  Ti  +  J  ^     Log  n      ^  j   I   1  j  Log  n  —  Log  {n  —  i) 
Vn+i     V       nJljOg{n—\)  n  Log(;i  — i) 

et,  par  conséquent,  i)ar  la  formule  des  accroissements  finis, 
qui  donne  Log  n  —  Log  (n  —  i)  =  i  :  (n  —  9), 


Vn+i  n.      n  Log  (n  —  i)  * 

Il  vient  donc 

M  TI  J  J 


Vn+i      iin+i       nLog(n  — i)      n  Log  71 
donc  la  série  l^«n  est  divergente,  en  vertu  de  la  règle  1 V  du 
n"  362. 


4o6  CHAPITRE  XI.  DES  SÉRIES 

Remarque.  Les  règles  précédentes  permettent  de  décider  de 
la  convergence  ou  de  la  divergence  dans  presque  tous  les  cas 
qui  se  rencontrent  en  pratique.  En  effet,  le  quotient  Un  :  Un+^ 
peut  généralement  se  développer  suivant  les  puissances  de  i  :  n. 
On  obtient  alors  un  développement  de  la  forme 

u„+i  n      71* 

où  0  conserve  une  valeur  finie. 

La  série  sera  convergente  sia>iousia  =  i,j3>i;  diver- 
gente si  a  <  I  ou  si  a  =  I,  P  <  I. 

366.  Critère  de  Kummer.  — Soit  a^,  a^,...  an,..,  une  suite  de 
quantités  positives  ;  si,  n  croissant  indéfiniment,  l'expression 

o       "» 
Un+i 

devient  définitivement  supérieure  à  un  nombre  positif  fixe  a,  la 
série  positive  £u„  converge. 

Les  termes  au  début  de  la  série  n'important  pas,  nOus  pou- 
vons admettre  que  l'expression  surpasse  a  pour  toutes  les  valeurs 
de  n.  Sommons  alors,  pour  n  =  i,  2,...  n,  toutes  les  inégalités  : 

^  ^n+  1  "^  ^nUn  —  an+  i  Ujvf  i  ; 

il  vient 

a(u2  +  «3  -I-  ...  4-  Uu+i)  <  a^Mj  — a„+i  Un+i  <  ai«,, 

donc  I,Un ,  étant  borné,  converge. 

Si  l'on  prend  a„  =  n,  on  obtient  comme  cas  particulier  la 
règle  de  Raabe  (n°  365). 

Exercices. 

I.  Une  série  positve  Sm„  est  convergente  ou  divergente  suivant  que 
l'expression 

1 1  — T  1  —  T     Log  n 


ni I  I  —  I 

L   V««+i 

tend  pour  n  infini  vers  une  limite  supérieure  ou  inférieure  à  l'unité. 

R.  Cas  particulier  de  la  règle  de  Kummer  (a«  =  «  Log  «)  et  de  la 
règle  IV  du  n^  362. 

3.  Théorème  de  Cauchy.  —  Soit/(;p)  une  fonction  positive  décroissante 
et  ¥{x)  une  intégrale  de  f{x),  la  série  S/(«)  converge  selon  que  ¥{x) 
est  fini  ou  infini  pour  x  infini  positif. 


SKRIES  POSITIVES  4^7 


R.  En  effet,  la  série  qui  a  pour  terme  général  F(»  +  i)  —  F(«)  con- 
verge ou  diverge  selon  l'hypothèse.  Parle  théorème  des  accroissements 
finis,  ce  terme  prend  la  forme  f{n  -\-  0)  ;  il  est  >  /(«  +  i)  et  <  /"(«). 
Donc,  selon  l'hypothèse,  ï/(«  +  i)  converge  a  fortiori  ou  bien  S/(?/) 
diverge  a  fortiori. 

3.  On  considère  une  série  positive  divetgente  «i  +  «2  +  •••  et  une 
fonction /(;r)  non  croissante  et  tendant  vers  zéro  pour  x  infini  positif. 
Soient  5„  la  somme  des  «  premiers  termes  de  la  série  et  V{x)  une  inté- 
grale de  la  fonction.  On  forme  les  deux  séries  : 

Montrer  :  i»  que  la  première  converge  si  F(a:)  est  borné  pour  x  in- 
fini positif  ;  2°  que  la  seconde  diverge  si  F(;tr)  croit  indéfiniment  avec  x  ; 
30  qu'elles  convergent  ou  divergent  en  même  temps  si  Un  est  borné  (*). 

R.  Démonstration  analogue  à  celle  du  théorème  de  Cauchy  pour  x» 
et  2°.  On  prouve  le  3°  en  montrant  que  la  différence  des  deux  séries 
est  bornée  avec  Uu. 

4.  Cas  particuliers  du  théorème  précédent  :  Si  a  est  positif  et  u»  borné, 

S— ^  diverge,          S        _  converge  (Dini). 
Sn  51+* 

5.  On  considère  une  série  positive  convergente  «1  +«?  +  ...  et  une 
fonction /(;»;)  qui  augmente  à  l'infini  sans  décroître  quand  x  positif 
tend  vers  0.  Soient  R«  =  m»-|-i  +  •••  le  reste  de  la  série  et  Y{x)  une 
intégrale  de/ (a;).  On  forme  les  deux  séries  : 

S/(R„)««,        S/(R„_,)««. 

La  première  diverge  si  F(;tr)  est  infini  pour  ;v  =  0  ;  la  seconde  con- 
verge si  F(;*r)  est  borné  pour  x  =  ^  (*). 

6.  Cas  particuliers  du  théorème  précédent  :  Si  a  est  positif, 

1  — -  diverge,  1  ^ -3-  converge. 

7.  Soit  M«  un  nombre  positif  qui  croit  constamment  avec  «  ;  on  for- 
me l'expression 

-rj-  Log . 

M«  Un 

Si  cette  expression  devient  définitivement  supérieure  à  un  nombre 
positif  fixe  a,  la  série  S««  converge  ;  elle  diverge  au  contraire  si  l'ex- 
pression devient  inférieure  à  un  nombre  négatif. 


(*)  Théorèmes  publiés  d'abord  dans  la  première  édition  de  ce  Cours  (igoS). 
Voir  aussi  Denjoy,  Sur  quelques  propriétés  des  séries  à  termes  positifs.  Bulletin 
de  la  Soc.  Math,  de  France,  t.  XI,  1912. 


4oB  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 


R.  Dans  le  premier  cas,  on  a,  en  effet, 

u„<  {M„  —  M„-i)e-Mn  a  <   T"  ^-"^ dx, 

ce  qui  est  le  terme  général  d'une  série  convergente.  Le  second  cas  se 
traite  d'une  manière  analogue. 

^  8.  Soient  Pi,  Pg,...  P„  ...  des  nombres  positifs  quelconques,  la  série 
lu„  sera  convergente  si  l'expression 

Log  (P«  u„  ) 


-  +  -+      +^ 


devient  définitivement  inféi  ieure  à  un  nombre  négatif  fixe. 

Ce  critère  de  première  espèce,  le  plus  général  que  l'on  puisse  for- 
mer, n'est  qu'une  autre  forme  de  la  règle  précédente. 

g.  Si  Un  est  constamment  décroissant,  la  condition  lim  ««„  =  0  est 
nécessaire  pour  que  la  série  positive  Sm„  soit  convergente. 
R.  On  considère  l'inégalité 

Un  +  M«+l  +  .-,  +  Un+p  >  pUn+/  =  -~-  (k  +  p)  U„+é 

n  -jr  p 
et  l'on  applique  le  caractère  général  de  convergence. 

lo.  Plus  généralement,  si  la  suite  positive  [t-i,  (Xg,..,  \).„  ,...  est  choisie 
de  manière  que  u„  :  [a»  soit  non  croissant  et  tende  vers  0,  la  condition 

^:^\^l  +  l^2  +  ■^'  +  ^^  . 

lim u„  =  0 

est  nécessaire  pour  que  la  série  positive  2m«  soit  convergente. 
R.  En  posant  an-=u„:  [j.„  l'expression  proposée  s'écrit 

hm (  —  îfi  +  -—  M2  +  ...  -I u„-i  +u„  ]; 

elle  s'obtient  donc  en  multipliant  les  termes  dellu„  par  des  facteurs 
tous  <  I  et  qui  tendent  tous  vers  0,  d'où  le  théorème. 

Si  l'on  fait  (j.„  =  «/  puis  i>.„  =  -,  on  obtient  les  cas  particuliers  sui- 
vants  : 

1°  S'il  existe  un  nombre  positif^,  indépendant  de  n,  tel  que  u„  :  «^  soit 
non  croissant,  la  condition  lim  nu„  ^  0  est  encore  nécessaire  pour  que 
la  série  soit  convergente. 

20  Si  nun  est  non  croissant,  la  condition,  lim  («  log  n)un  —  0  est  néces- 
saire pour  que  la  série  soit  convergente  (Lasker)  (*).  Généraliser. 


(*)  Philos.  Trans.  London  196  A  (1901)  p.  460. 


SÉRIES  NUMÉRIQUES  QUELCONQUES  4^9 

§  2.  Séries  numériques  quelconques. 
Opérations  sur  les  séries. 

367.  Séries  absolument  convergentes.  —  Une  série  à  termes  réels 
ou  complexes  est  absolument  convergente  si  elle  converge  après 
qu'on  a  remplacé  chaque  terme  par  son  module. 

Une  série  Jlunqui  est  absolument  convergente,  est  convergente. 
En  effet,  soit  Pn  le  module  de  w„  ;  on  a 

(  Un+i  +  «n+2  4-  ••■  +  Un+p    \   ^  /"n+l  +  ''n+2  +  ...  +  rn+p. 

Le  caractère  général  de  convergence  (n*  SSg)  étant  vérifié 
pour  la  série  Srn ,  le  second  membre  tend  vers  zéro  pour  n  in- 
fini, donc  le  premier  membre  aussi,  et  le  caractère  général  de 
convergence  se  vérifie  pour  Swn  • 

L'étude  de  la  convergence  absolue  se  ramène  donc  à  celle  de 
la  convergence  des  séries  positives. 

On  a,  en  particulier,  le  théorème  suivant  : 

Une  série  llun  est  absolument  convergente,  si,  pourn  suffisam- 
ment grand,  ses  termes  deviennent  égaux  ou  inférieurs  en  va- 
leur absolue  aux  termes  de  même  rang  d'une  série  positive  con- 
vergente. 

368.  Séries  non  absolument  convergentes. — Lorsqu"  une  série  réelle 
n'est  pas  absolument  convergente,  les  termes  positifs  d'une  part 
et  les  termes  négatifs  changés  de  signe  d'autre  part,  forment 
séparément  deux  séries  positives  divergentes. 

Soient  s„  la  somme  des  n  premiers  termes  de  la  série,  puis 
respectivement  s'^  et  —  s'J^  les  sommes  des  termes  positifs  et  des 
termes  négatifs  qui  entrent  dans  Sn ,  enfin  a^  la  somme  des 
valeurs  absolues  des  termes  de  Sn  ;  on  a 

«"  =  «n-C     «^n  =  «;  +  <'. 

Pour /i  infini,  s„  est  fini  et  a^  infini  par  hypothèse,  donc  (cr,i  ±  s„) 
et,  par  conséquent,  s'^  et  s'^  sont  infinis,  ce  qu'énonce  le  théo- 
rème. 

369.  Addition  des  séries.  —Soient s  =  E«„ef  s'  =  Sy,j  deux  séries 
convergentes,  la  série  s"  -=  2(u„  ±  Vn  )  obtenue  par  l'addition  ou 
par  la  soustraction  terme  à  terme  des  deux  précédentes,  sera 
convergente  et  aura  pour  somme  s  ±  s'. 


4lO  CHAPITRE  XI.  DES  SÉRIES 

En  effet,  soient  Sn,  s'^^,  s'^  les  sommes  des  n  premiers  termes 
de  chaque  série  ;  on  a  .9J|  =  Sn  =b  s'^^  et,  à  la  limite,  a"  ^  s  ±  s'. 

Remarque  I.  —  L'addition  et  la  soustraction  des  deux  séries 
S  et  s'  peuvent  aussi  se  faire  par  simple  intercalation  des  termes 
de  s'  entre  ceux  de  s,  c'est-à-dire  que 

s  ±  s'  =  Ui  ±  Wi  +  «2  ±  t'a  +  «3  ±  ••• 

En  effet,  la  somme  des  n  premiers  termes  de  cette  nouvelle 
série  est  s'^  ou  s'^  4-  «A-t-i  selon  que  n  =  2k  ou  2A:  +  i.  Comme 
uii+i  tend  vers  zéro,  cette  somme  a  donc  même  limite  s"  que  s^'. 

Remarque  II.  —  Si  les  deux  séries  s  et  s'  sont  absolument 
convergentes,  il  en  sera  encore  de  même  pour  la  série  s  db  s' 
calculées  par  l'un  des  deux  procédés  précédents. 

En  effet,  soient  <i  et  <j'  les  séries  positives  obtenues  en  rem- 
plaçant les  termes  de  s  et  de  s'  par  leurs  modules,  la  série  s  ±  s' 
aura  ses  termes  au  plus  égaux  en  valeur  absolue  à  ceux  de  la 
série  positive  convergente  a  -j-  a'. 

370.  Changement  de  l'ordre  des  termes.  —  On  peut  changer  l'or- 
dre des  termes  d'une  série  Hun  absolument  convergente  sans 
altérer  la  valeur  de  la  série. 

Soit  e  un  nombre  positif  aussi  petit  qu'on  veut.  Désignons 
par  r„  le  module  de  Un .  On  peut,  par  hypothèse,  supposer  n 
assez  grand  pour  qu'on  ait,  p  restant  arbitraij'e, 

fn+i  +  I'n+2  -+-•••  rn+p  <  6. 

Soit  s,i  la  somme  des  n  premiers  termes  de  la  série  rangés 
dans  l'ordre  primitif  et  s  sa  limite.  D'autre  part,  sommons 
successivement  les  termes  d'une  autre  manière  quelconque.  Il 
arrivera  un  moment  où  la  somme  s^  ainsi  obtenue  comprendra 
tous  les  Un  d'indice  <  n,  mais  avec  d'autres  termes  d'indices 
(n  +  a),  (/!  4-  P)...  (n  -i-  p).  On  aura 

\  s'^ — Sn  I  <r„+a-l-r„+p  +  ..-.  +  r„+p<rn-|-i -|-''n+2  +  ..-r„4.p<  e. 

Donc  s'^  finit  par  différer  aussi  peu  qu'on  veut  de  Sn  qui  dif- 
fère lui-même  aussi  peu  qu'on  veut  de  s,  et  s^  a  pour  limite  s. 

Le  théorème  précédent  subsiste  si  la  sommation  se  fait  en  par- 
tageant les  termes  Undans  un  nombre  plus  ou  moins  grand  ou 
même  illimité  de  séries  partielles,  que  l'on  ajoute  successivement 
les  unes  aux  autres. 


SÉRIES  NUMÉRIQUES  QUELCONQUES  4^^^ 

Soient,  en  effet,  Sj,  Sj,...  S^,...,  les  sommes  de  chacune  des 
séries  partielles.  Celles-ci  sont  absolument  convergentes.  Pour  le 
montrer,  remplaçons  par  des  zéros  les  termes  de  la  série  totale  s 
qui  n'entrent  pas  dans  Sa  •  La  série  modifiée  demeure  absolument 
convergente  en  vertu  du  théorème  du  n"  867.  Comme  on  peut 
supprimer  les  termes  nuls,  elle  se  compose  des  mêmes  termes 
que  Sa  et,  comme  l'ordre  des  termes  est  indifférent,  les  deux 
séries  sont  équivalentes. 

Ceci  posé,  l'expression  s  —  Sj  —  Sg  —  ...  —  Sa  peut,  par  la 
règle  d'intercalation  des  termes  du  n°  précédent,  se  réduire  à  une 
seule  série  en  u„  qui  sera  absolument  convergente  en  vertu  de 
la  remarque  (II)  du  même  numéro.  L'ordre  des  termes  étant 
arbitraire,  on  peut  supprimer  ceux  qui  se  détruisent.  On  peut 
donc  supposer  k  assez  grand  pour  que  cette  expression  ne  con- 
tienne plus  que  des  termes  u  d'indices  >  n.  Donc,  si  n  est 
choisi  comme  dans  la  démonstration  précédente,  le  module  de 
l'expression  sera  <  e.  Faisons  tendre  e  vers  zéro,  on  aura 

s  =  S, +  82  +  ... +  Sa+..., 
comme  il  fallait  l'établir. 

Au  contraire,  la  somme  d'une  série  à  termes  réels  non  absolu- 
ment convergente  dépend  de  l'ordre  de  ses  termes.  En  modifiant 
cet  ordre,  on  peut  faire  tendre  la  série  vers  le  nombre  que  l'on 
veut,  pourvu  que  les  termes  tendent  vers  0  (Riemann). 

Formons  deux  séries,  l'une  avec  les  termes  positifs  et  l'autre 
avec  les  termes  négatifs  de  la  série  proposée.  Supposons  que 
ces  séries  (a)  et  {b)  soient 

(a)  ai +  ag4-a3  4- ...  -|-a„+ ..., 

(b)  —bi  —  bi  —  bs—    —bn—.... 

Ces  deux  séries  sont  divergentes  (n°  368)  et  an  ainsi  que  bn  ont 
pour  limite  0  quand  n  tend  vers  l'infini. 

Ceci  posé,  nous  allons  montrer  qu'on  peut  intercaler  les  ter- 
mes négatifs  entre  les  termes  positifs  de  manière  à  former  une 
série  ayant  pour  somme  un  nombre  quelconque,  par  exemple 
un  nombre  positif  M. 

A  cet  effet,  prenons  dans  la  série  positive  le  nombre  de 
termes  strictement  nécessaires  pour  que  leur  somme  surpasse  M, 
ajoutons  ensuite  des  termes  négatifs  jusqu'à  ce  que  la  somme 


4^2  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 


soit  ramenée  au-dessous  de  M,  puis  des  termes  positifs  jusqu'à 
ce  que  la  somme  surpasse  de  nouveau  M,  et  ainsi  de  suite,  sans 
jamais  prendre  plus  de  termes  qu'il  ne  faut.  On  alterne  ainsi 
indéfiniment  les  termes  positifs  et  les  termes  négatifs,  car  les 
deux  séries  sont  infinies,  et,  par  conséquent,  tous  les  termes  des 
deux  séries  seront  employés.  Je  dis  que  la  nouvelle  série  (c) 
ainsi  formée  a  pour  somme  M. 

En  effet,  considérons  la  différence  s'^^  —  M  entre  M  et  la 
somme  des  m  premiers  termes  de  la  série  (c).  Cette  différence 
change  un  nombre  infini  de  fois  de  signe.  Si  elle  est  positive, 
elle  est  inférieure  au  dernier  terme  a„  qui  y  entre,  et  si  elle  est 
négative,  inférieure  en  valeur  absolue  au  dernier  terme  bn . 
Donc  cette  différence  tend  vers  zéro,  car  a„  et  bn  tendent  vers 
zéro  quand  le  nombre  des  termes  pris  dans  chacune  des  séries 
(a)  ou  (b)  augmente  infiniment. 

371.  Multiplication  des  séries.  —  Si  les  deux  séries  s  =  Hw»  et 
s'  =  2«|^  sont  absolument  convergentes,  la  série  I,Up  u'  qui  con- 
tient tous  les  produits  d'un  terme  de  la  première  par  un  terme 
de  la  seconde  rangés  dans  un  ordre  quelconque,  est  absolument 
convergente  et  a  pour  somme  ss'. 

Je  dis  d'abord  que  cette  série  est  absolument  convergente. 
En  effet,  soit  Irp  r^  la  série  obtenue  en  remplaçant  les  u  par 
leurs  modules  r.  Sommons  les  jST  premiers  termes  de  cette  nou- 
velle série  et  soit  p.  le  plus  grand  indice  p  ou  q  qui  figure  dans 
ces  N  termes.  On  aura 

*  M-  I;^ 

^fpfq  <  z^rp  2.rq, 

N  1  l 

car  le  second  membre  comprend  tous  les  termes  du  premier  et 
d'autres  termes  positifs  en  plus. 

Mais  les  facteurs  du  second  membre  restent  finis,  par  hypo- 
thèse, quel  que  soit  \t..  Donc  la  somme  du  premier  membre  est 
bornée,  et,  comme  elle  augmente  avec  N,  elle  converge.  Donc 
la  série  ^Up  Uq  est  absolument  convergente. 

11  en  résulte  facilement  qu'elle  a  pour  somme  ss' .  En  effet,  ou 
peut,  en  vertu  du  théorème  du  n"  précédent,  additionner  ses  ter- 
mes dans  l'ordre  que  l'on  veut.  On  peut  donc  additionner  succes- 
sivement tous  les  termes  des  produits  SnSn,  puis  Sn+iSn+i,  etc.. 
et  on  obtient  ainsi  comme  limite  ss' 


SÉRIES  NUMÉRIQUES  QUELCONQUES  4^^ 

II.  Soient  s  =  S«n  et  s'  ==  £u„  deux  séries  convergentes  à  ter- 
mes réels  ou  complexes,  dont  la  première  au  moins  soit  absolu- 
ment convergente.  Formons  la  série  s"  =  Ilif„  dont  le  terme 
général, 

Wn^  UuVi  +  Un-iV^  +  ...  U^Vn, 

renferme  toutes  les  combinaisons  de  deux  indices  dont  la  somme 
est  (n  +  i)'  Cette  série  converge  et  a  pour  somme  ss'  (Mertens). 

Désignons  par  rn  le  module  de  Un  ,  la  série  Urn  sera  conver- 
gente par  hypothèse  et  aura  une  somme  finie  <t.  Soient  respec- 
tivement Sn,  Sn,  Sn  et  ffn  les  sommcs  des  n  premiers  termes  de 
chacune  des  séries  (u),  (v),  (w)  et  (r). 

Considérons  la  différence  s„  Sn  —  s„.  On  peut  la  mettre  sous 
la  forme 

UiV„-\-  UsiVn-i  -\-Vn)-{-  ...  +  ««K  +  ^3  "f  ••.  +  "n  ) 
=  "2  K  -  <-i)  +  «3  K  -  <-z)  +  -.  +  «n  «  -  S[) 

Soit  n  =  p  -\-  q  une  décomposition  de  n  en  deux  parties.  Nous 
pouvons  partager  la  somme  précédente  en  deux  parties  corres- 
pondantes, que  nous  écrirons  chacune  sur  une  ligne  : 

^^2  (^n        Sn-i)  +  «3  (*'n  —  Sn—z)  +  ••>  +  î^'p+i  (^n  —  ^q) 
+  "p+2  {s'n  —  si_,)  +  ...  ...  +  Un(Sn  —  s[). 

On  peut  supposer  q  assez  grand  pour  que  toutes  les  paren- 
thèses de  la  première  ligne  aient  leurs  modules  moindres  qu'un 
nombre  donné  e  si  petit  qu'il  soit.  Alors  la  somme  de  la  première 
ligne  a  son  module  moindre  que 

e  (^'2  +  i's  +  ...  +  /p+i)  <  e^p+j  <  ea. 

Cette  somme  est  donc  aussi  petite  qu'on  veut  avec  e. 

Les  parenthèses  de  la  seconde  ligne  ont  leurs  modules  moin- 
dres qu'un  nombre  fixe  A,  car  la  série  (v)  est  convergente.  La 
somme  de  la  seconde  ligue  a  donc  son  module  moindre  que 

^  (''p+2  +  'p+3  +  ...  +  rp+q  )   <  A  {ip+q  —  7p  ). 

Cette  somme  a  donc  pour  limite  zéro  quand/)  tend  vers  l'infini. 

En  résumé,  la  différence  ««s,,  —  .s„  se  compose  de  deux  par- 
ties qui  ont  pour  limite  zéro  quand  p  et  q  tendent  vers  l'infini. 
Comme  on  peut  faire  tendre  p  et  q  vers  l'infini  avec  n,  il  vient 
donc 

lim  Sn  =  lim  &'«s,i  =  ss'. 


4^4  CHAPITRE  XI.  DES  SÉRIBS 


Remarque.  —  Le  théorème  précédent  ue  subsiste  pas  en  géné- 
ral quand  les  deux  séries  ^Un  et  Sw^  ne  sont  pas  absolument 
convergentes.  Toutefois,  si  la  série  I^Wn  converge,  elle  a  encore 
pour  somme  le  produit  des  deux  précédentes,  comme  on  le  mon- 
trera plus  loin  (n°  3q3). 

372.  Théorème  sur  les  séries  alternées.  —  Une  série  s  =  aj  —  ag  -f 
ag  —  ...  qui  est  alternée,  c'est-à-dire  dont  les  termes  sont  réels  et 
alternativement  positifs  et  négatifs,  converge  si  ces  termes  vont 
constamment  en  décroissant  en  valeur  absolue  et  ont  pour  limite 
zéro.  Le  reste  de  la  série  est  de  même  signe  et  moindre  en  valeur 
absolue  que  le  premier  terme  négligé. 

On  a,  en  effet, 

Sin  --  («1  —  ttg)  -I-  (ttg  —  a^)  -f  ...  +  (a,H-i  —  a,„). 
Sgn+i  =  «1  —  («2  —  «3)  —  ...  —  (a2„  —  a^n+i). 

Toutes  les  différences  entre  parenthèses  sont  positives.  Donc 
Sin  est  une  somme  positive  croissante  et  s^n+i,  qui  est  égale  à 
Szn  4-  «gn+i,  une  somme  positive  décroissante.  Leur  différence 
tend  vers  zéro.  Donc  elles  tendent  toutes  deux  vers  une  même 
limite,  intermédiaire  entre  les  sommes  paires  et  les  sommes 
impaires.  Appliquons  cette  conclusion  à  la  série 

Rn  ==  ^  [°'n+  1  —  «n+a  +  '^n+s  +  .,.]  ,* 

on  voit  que  Rn  a  le  signe  de  son  premier  terme  et  est  moindre 
que  lui  en  valeur  absolue. 

373.  Théorème  d'Abel.  —  Soients  =^  Uj  +  «2  +  •••  +  "n  +  •••  une 
série  convergente  à  termes  réels  ou  complexes,  Sn  la  somme  de 
ses  n  premiers  termes,  et  S  la  borne  supérieure  de  |  s»  |  .  Soient 
ensuite  ct^,  a^,,...  a„,...  une  suite  de  quantité  positives  non  crois- 
santes, ayant  par  conséquent  une  limite  a,  la  série 

a  =  aiUi  +  a^Wg  +  „.  +  a„  u,j  -f  ... 

converge  vers  une  somme  u  de  module  moindre  que  Saj. 

Soit  <Jn  la  somme  des  n  premiers  termes  de  cette  dernière 
série.  On  a,  puisque  Un^  Sn — «n  -1, 

(j,i  =  Si  ai  +  («2  —  Si)  «2  +  ...  -f  (Sn—  Sn-^)  «„ 

et  on  en  tire 

<Jn—  ««««  ==  «1  (^1  —  aa)  +  s^  (ag  —  ag)  +  ...  -f  Sn-i  (a»-i  —  <^n)- 


SÉRIES  NUMÉRIQUES  QUELCONQUES  4^^ 

Quand  n  tend  vers  l'infini,  le  second  membre  de  cette  équa- 
tion a  une  limite  finie  et  déterminée,  car  la  série  qui  a  pour 
terme  général  s„_i  (a„_i  —  an)  est  absolument  convergente. 
Celle-ci  a,  en  effet,  son  terme  général  de  module  moindre  que 
celui  de  la  série  positive  convergente 

S(ai— a2)+S(a2-a3)4-...  =  S[(ai-a2)+(a2-a3)-l-...]  =  S(ai— a). 

Donc  (7„  —  SnOin  a  une  limite  déterminée  et  le  module  de  cette 
limite  sera  <  S  (a,  —  a). 

Comme,  d'autre  part,  «««„  tend  vers  sa,  <Jn  tend  vers  une 
limite  déterminée  <y  et  l'on  a 

I  <T  I  <  I  sa  I  -f  S  (a,  —  a)  <  Sa  -f  S  (ai  —  a)  =  Sa,. 

Remarque  I.  —  La  convergence  de  la  série  (t)  subsiste  même 
quand  Hundiuerg-e,  pourvu  :  i°  que  \  Sn  \  ait  encore  une  borne 
supérieure  finie  S  ;  2°  que  a„  ait  pour  limite  0. 

En  effet,  la  différence  t,j  —  s„  a„  a  une  limite  finie  et  déter- 
minée comme  dans  le  cas  précédent.  Ensuite  |  SnO-n  \  qui  est 
<  Sa,i  a  pour  limite  0  (même  si  Sn  ne  converge  pas).  Donc  <in  a 
une  limite  déterminée  a. 

Remarque  II.  —  La  convergence  de  la  série  (a)  subsiste  encore 
quand  les  quantités  a,,  ct^,...  ol^  sont  croissantes  et  bornées,  mais 
seulement  si  la  série  Lun  converge. 

En  effet,  soit  a  la  limite  (nécessairement  existante)  de  a„  ;  la 
série  (<j)  est  alors  la  différence  des  deux  séries  convergentes 
ci-dessous,  la  seconde  convergente  en  vertu  du  théorème  d'Abel 
puisque  a  —  oc„  est  décroissant  : 

aUi  -\-  OLU2  -f  ...  +  CtUn  +  ..., 
(a  — a,)u,  -|-(a  — aj)u2  -f  ...  +(a  — a„)u„-i-  .... 

Exercices. 

I.  Si  les  coefficients  a«  sont  non  croissants  et  tendent  vers  0  quand  « 
tend'vers  l'infini,  les  séries 

«0  +  ai  ces  X  -\-  Uz  COS  2X  -\-  ...  -\-  On  COS  HX  -f-  .... 

bxsïnx -\-biS\n2X -\-  ...bnsxnnx -\- ... 

sont  convergentes  (sauf  la  première  s\  x  =  2Atc). 
R.  Conséquence  du  théorème  d'Abel. 


4l6  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 


2.  Soit  Ml,  M2,...  M«  ...  une  suite  positive  constamment  croissante 
jusqu'à  l'infini  ;  si  la  série  2m«  converge,  on  a  (Kronecker) 


I       " 
lim^-j^  S   M«««  =  0. 

«=00     iVi>»  /i=sl 

R.  Démonstration  analogue  à  celle  du  théorème  d'Abel. 

3.  Si,  pour  n  =  ca,  les  deux  expressions  : 

^l^ku,,        !(,,+,,  +  ...  +  ,„) 

ont  des  limites  finies,  la  série  S««  est  convergente.  Alors  la  limite  de 
la  première  expression  ne  peut  être  que  0  (Exercice  précédent). 

R.  On  remarque  que  5„  est,  à  un  facteur  près  qui  tend  vers  l'unité, 
la  somme  des  deux  expressions  considérées. 

4.  Généralisation  du  théorème  d'Abel.  —  Soit  aj,  a.2,...  an  ...  une  suite  de 
quantités  positives  et  bornées  ;  quand  la  série  Swn  est  convergente,  la 
série  Sa,îMn  l'est  encore  s'il  existe  une  suite  de  quantités  positives 
1^1,  H,---  f^n...  jouissant  des  deux  propriétés  suivantes  :  1°  l'expression 

K-i  +  t^2  +  ---  \^n  .. 

— Un 

V-n 

garde  une  valeur  finie  et  2°  l'expressi  on 

8n=    t^i  "'i  +1^2  «2  +  .'•  +  |^»«n 
V-i  +  V-i  +  "'  +  V-n 

varie  constamment  dans  le  même  sens  (ou  est  constante)  quand  n  aug- 
mente (La  Maestra). 
R.  Soit  M^  =  [Xi  -[-  (J.2  +  ...  -f-  [x^  ;  on  a  identiquement 

Sma=    S     M>4{ —]-\ «n, 

1  1  VM-'i       l^^+iJ         |J-i 

ce  qui  prouve,  eu  égard  à  1°,  que  la  somme 

garde  toujours  une  valeur  finie.  D'autre  part,  on  a  aussi 
Sa.  «*  ="S 'M/iîi  -  ^>.  +  ^Li  „„  p,. , 

Par  conséquent,  p  désignant  la  limite  existante  de  Pn , 

Quand  n  tend  vers  l'infini,  le  premier  terme  du  second  membre 
converge  (théorème  d'Abel)  et  le  second  tend  vers  zéro.  Donc  ^^nu» 
converge.  En  même  temps,  on  a  établi  la  transformation  : 


SÉIIIES  DE  FONCTIONS  4^7 


5.  Soit  «1,  «2,...  «n,-..  une  suite  de  quantités  positives  et  bornées 
dont  chacune  est  inférieure  (ou  supérieure)  à  la  moyenne  arithmétique 
des  précédentes  ;  si  la  série  Sm,i  converge,  la  série  2a,iM„  converge 
aussi,  à  condition  que  nu,i  soit  borné  (La  Maestra). 

R.  Cas  particulier  du  théorème  précédent  :  On  fait  les  [j-  égaux  à 
l'unité  ;  Pn  est  la  moyenne  arithmétique  de  «i,  a^,...  «n  et  l'on  a 

00  00  00 

Sa„M;7=  Î3S  Wn  +  2«(Mn— Mn+i)  (Pu—  P)- 
1  1  1 

Le  théorème  précédent  subsiste  quand  '^Un  n'est  pas  convergent  mais 
seulement  borné,  à  condition  que  «u  tende  vers  0,  auquel  cas  p  ^=  0. 

§  3.  Séries  de  fonctions. 

374.  Convergence  uniforme.  —  Considérons  d'abord  une  série 
réelle, 

s  =  u^  -}-  Uz-\-  ...  +  "n+  .-.  =  Sn  +  ^n , 

dont  les  termes  sont  des  fonctions  d'une  variable  réelle  x.  Si 
la  série  converge  pour  toutes  les  valeurs  de  x  dans  l'intervalle 
(a,  b),  la  somme  s  de  la  série  sera  une  fonction  de  x. 

Soit  e  un  nombre  positif  donné,  aussi  petit  que  l'on  veut.  Pour 
chaque  valeur  déterminée  de  x,  la  condition 

(1)  I  Rn  I  <  e 

se  vérifie  pour  tous  les  indices  n  supérieurs  à  un  nombre  fixe 
N,  car  cette  condition  sert  de  définition  à  s.  Mais,  si  on  laisse  x 
variable,  il  peut  se  faire  que  N  dépende  nécessairement  de  x. 

Si,  quelque  petit  que  soit  e,  la  condition  (1)  se  vérifie  pour 
tous  les  indices  n  supérieurs  à  un  nombre  N  indépendant  de  x 
et  pour  toutes  les  valeurs  de  x  dans  l'intervalle  (a,  b),  on  dit  que 
la  série  converge  uniformément  dans  cet  intervalle. 

Dans  le  cas  des  séries  positives,  la  condition  se  simplifie.  La 
convergence  sera  uniforme  si  la  condition  (1)  a  lieu  pour  une 
valeur  de  n  indépendante  de  x,  ne  fut-ce  qu'une  seule.  En  effet, 
la  condition  sera  vérifiée  a  fortiori  pour  les  indices  plus  grands. 

La  définition  de  la  convergence  uniforme  s'étend  d'elle-même 
au  cas  où  les  termes  de  la  série  sont  des  fonctions  de  plusieurs 
variables  a-,  y,...  Si  l'on  peut  attribuer  à  ces  variables  une  infi- 
nité de  systèmes  de  valeurs,  la  convergence  sera  uniforme  si 
la  condition  (1)  se  vérifie  pour  tous  ces  systèmes,  quand  l'indice 
n  est  supérieur  à  un  nombre  N  indépendant  des  variables.  Il 


4l8  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 


suffira  d'ailleurs  qu'elle  ait  lieu  pour  une  seule  valeur  de  l'indice 
n  indépendante  des  variables  si  la  série  est  positive. 

Enfin  les  termes  de  la  série  peuvent  aussi  être  fonctions  d'une 
variable  complexe  z  et  nous  entendons  par  là  que  ces  termes 
sont  déterminés  pour  chaque  valeur  de  z.  Quand  la  série  con- 
verge pour  des  valeurs  de  z  en  nombre  infini,  par  exemple  pour 
toutes  les  valeurs  comprises  dans  un  cercle,  la  convergence 
sera  uniforme  pour  cet  ensemble  de  valeurs,  si  la  condition  (1) 
a  lieu  pour  toutes  ces  valeurs  quand  n  surpasse  un  nombre  N 
indépendant  de  z. 

375.  Exemples  de  séries  à  convergence  non  uniforme.  —  On  peut 
former  facilement  des  séries  qui  convergent  pour  toutes  les 
valeurs  de  x  dans  un  certain  intervalle,  mais  non  uniformément. 
En  voici  deux  exemples  remarquables  : 

I.  Considérons  d'abord  la  progression  géométrique  de  raison 
(i—x) 

s  =  X  -\-  x{i  —  x)-^  x{i  —  xy  -\- ...  +  ^  (i  —  xy^  + ... 

Cette  progression  converge  pour  toutes  les  valeurs  de  x  dans 
l'intervalle  (0,  i).  Si  x  est  >  0,  la  raison  est  plus  petite  que  i  et 
la  progression  a  pour  somme  l'unité.  Si  a;  =  0,  tous  les  termes 
sont  nuls  et  la  somme  aussi.  Donc  s  est  une  fonction  disconti- 
nue de  X,  qui  passe  de  0  à  i  quand  x  passe  de  0  à  une  valeur 
positive  si  petit  qu'elle  soit. 

Cette  série  n'est  pas  uniformément  convergente. 

En  effet,  pour  les  valeurs  positives  de  x,  on  a 

R„  -  X  (i  —  x)"[i  +  (i  —  x)  +  (i  —  xy-i-  ...]  -  (i  —  oc)"  ; 

et,  si  n  est  constant, 

lim  Rn  =  I. 

Il  est  donc  impossible  de  satisfaire  à  la  condition  R,j  <  e  <"  i 
par  une  valeur  de  n  indépendante  de  x. 

II.  Considérons,  en  second  lieu,  la  série 

s  =  1:  a;  [n^e-''^  —  (n  —  i)^  e-("-i)^]. 

n=l 

On  a,  pour  toute  valeur  positive  de  x, 

Sn  =  ^xn^e-"^,         d'où         s  =  x  lim  —^  =  0, 


SÉRIES  DE  FONCTIONS  4^9 


car  une  exponentielle  est  infiniment  grande  par  rapport  à  une 
puissance. 

Pour  a;  =  0,  on  a  Sn  =  0  et  s  =  0. 

Donc  la  série  converge  et  l'on  a  s  =  0  pour  toute  valeur  nulle 
ou  positive  de  ;x;.  Mais  cette  série  ne  converge  pas  uniformé- 
ment. En  effet, 

iv^i,  —  S  —  Sfi  —       '    »V/1     G  • 

Si  l'on  pose  X  ^  j  :  n,  et  qu'on  fasse  tendre  n  vers  l'infini, 
X  tend  vers  0  et  le  reste,  pris  en  valeur  absolue, 

I  ^n    I  =  -, 

augmente  indéfiniment  avec  n.  Donc  la  convergence  n'est  pas 
uniforme  dans  un  intervalle  comprenant  le  point  0. 

376.  Critère  de  convergence  uniforme.  —  Une  série  de  fonctions 
réelles  ou  complexes  est  uniformément  convergente  si  les  mo- 
dules de  ses  termes  ne  surpassent  pas  les  termes  de  même  rang 
d^une  série  convergente  à  termes  constants  et  positifs. 

Il  est  clair  que,  dans  ce  cas,  le  reste  de  la  série  de  fonctions 
est  de  module  moindre  que  le  reste  de  la  série  à  termes  con- 
stants. Le  reste  R^  de  la  série  de  constantes  peut  être  supposé 
<  e  en  donnant  à  n  une  valeur  convenable.  Donc,  en  prenant 
ce  nombre  n  de  termes  ou  davantage  dans  la  série  de  fonctions, 
le  reste  de  cette  série  sera  également  de  module  <  e.  Donc  la 
série  converge  uniformément. 

377.  Continuité  des  séries  uniformément  convergentes,  —  I.  Si  les 
termes  d'une  série  uniformément  convergente  sont  des  fonctions 
continues  d'une  ou  plusieurs  variables  réelles  ou  complexes  dans 
un  domaine  déterminé,  la  somme  de  la  série  est  une  fonction 
continue  dans  ce  domaine. 

Posons  s  =  Sn  -\-  Rji  et  désignons  par  As,  Asn  et  AR,i  les  ac- 
croissements de  ces  trois  quantités  pour  un  système  déterminé 
d'accroissements  de  la  ou  des  variables.  On  a 

^S  =  ^Sn  +  ARn  -  àSn  +  (R„  +  AR„  )  —  R„  . 

Nous  allons  montrer  que  les  trois  termes-  dans  lesquels  on  a 
décomposé  As  peuvent  être  sujjposés  ausai  p  itits  qu'on  vc  it  avec 


420  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 

les  accroissements  des  variables.  En  effet,  la  convergence  étant 
uniforme,  on  peut  prendre  n  assez  grand  pour  que  les  deux 
restes  |  R»  |  et  |  R^+^ïî-n  |  soient  plus  petits  qu'un  nombre 
positif  e  donné  d'avance  si  petit  qu'il  soit,  quels  que  soient  les 
accroissements  des  variables.  Cela  fait,  s»  ,  qui  est  la  somme 
d'un  nombre  limité  de  fonctions  continues,  est  une  fonction 
continue.  Donc  on  peut  rendre  sa  variation  absolue  <  e  en  ren- 
dant les  accroissements  des  variables  suffisamment  petits.  Donc 
la  variation  |  As  |  sera  <  3e,  quantité  arbitrairement  petite. 
Donc  s  est  une  fonction  continue. 

Quand  la  convergence  n'est  pas  uniforme,  la  continuité  de  la 
somme  n'est  pas  une  conséquence  de  celle  des  termes  de  la 
série.  Nous  en  avons  vu  la  preuve  au  n°  875  par  l'exemple  de  la 
série  1.x  (i  —  oc)" . 

La  réciproque  n'est  vraie  que  pour  les  séries  réelles  et 
positives  : 

II.  Lorsqu'une  série  de  fonctions  continues  et  positives  ne 
converge  pas  uniformément,  la  somme  de  la  série  est  discontinue 
dans  le  domaine  considéré. 

Considérons,  pour  fixer  les  idées,  des  fonctions  positives 
d'une  seule  variable  x  dans  un  intervalle  (a,  b)  et  commençons 
par  une  remarque  préliminaire. 

Supposons  que  l'intervalle  (a,  b)  soit  partagé  en  deux  parties. 
Si,  e  étant  donné,  la  condition  Rn  <  e  se  réalise  pour  une  valeur 
n'  de  n  indépendante  de  x  dans  la  première  partie,  et  aussi  pour 
une  valeur  n"  de  n  indépendante  de  x  dans  la  seconde  partie, 
elle  se  réalise  dans  l'intervalle  entier  pour  la  plus  grande  des 
deux  valeurs  n'  et  n",  car,  les  termes  étant  positifs,  R^  décroît 
quand  l'indice  augmente. 

Ceci  posé,  si  la  convergence  de  la  série  positive  n'est  pas 
uniforme  dans  l'intervalle  (a,  b),  il  existe  un  nombre  positif  e 
tel  que  la  condition  R^  <  e  soit  irréalisable  dans  cet  intervalle 
pour  une  valeur  de  n  indépendante  de  x.  Cette  condition  res- 
tera irréalisable,  en  vertu  de  la  remarque  précédente,  dans  l'un 
des  deux  intervalles  moitiés,  puis  dans  l'un  des  intervalles  moi- 
tiés de  celui-là,  et  ainsi  de  suite.  Cette  suite  illimitée  d'inter- 
valles où  la  condition  est  irréalisable,  chacun  intérieur  à  tous 
les  précédents  et  dont  les  amplitudes  tendent  vers  zéro,  con- 


SÉRIES  DE  FONCTIONS  4^1 


verge,  par  conséquent,  vers  un  point  ^  de  l'intervalle  (a,  b).  Ce 
point  5,  compris  dans  tous  les  intervalles  précédents,  appartient 
donc  à  un  intervalle  aussi  petit  qu'on  veut  où  la  condition  R,j 
<  e  est  irréalisable  pour  une  valeur  de  n  indépendante  de  x.  — 
Je  dis  que  la  somme  s  de  la  série  est  discontinue  au  point  ^  et 
que  l'oscillation  de  s  en  ce  point  surpasse  c. 

En  effet,  on  a  s  =  Sn  +  Rn»  donc,  s»  étant  continu  au  point  q, 
l'oscillation  de  s  en  ce  point  est  la  même  que  celle  de  R,i  quel 
que  soit  n.  Mais  pour  n  assez  grand,  R,j  est  aussi  petit  qu'on 
veut  au  point  ^  et  surpasse  toujours  e  dans  son  voisinage  immé- 
diat. Donc  l'oscillation  de  R„  (ou  de  s)  est  au  moins  égal  à  s. 
Ces  théorèmes  conduisent  à  la  conclusion  suivante  : 
m.  La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'une  série 
de  fonctions  continues  et  positives  ait  une  somme  continue,  est 
que  la  convergence  soit  uniforme. 

378.  Intégration  des  séries  réelles  uniformément  convergentes.  —  Si 
les  termes  d'une  série  réelle,  uniformément  convergente,  sont 
des  fonctions  continues  d'une  variable  réelle  x  dans  l'intervalle 
(a,  b),  l'intégrale  de  la  série  dans  cet  intervalle  peut  s'obtenir, 
par  décomposition,  en  intégrant  chaque  terme  de  la  série. 

D'autre  part,  si,  au  lieu  d'intégrer  dans  l'intervalle  (a,  /)),  on 
intègre  dans  une  portion  variable  (a,  x)  de  cet  intervalle,  la  série 
intégrale  sera  encore  uniformément  convergente  dans  l'inter- 
valle (a,  b). 

Considérons,  en  effet,  la  série 

s=  II,  +  «2  4-...  4-  «n+  ...  =Sn  +  Ru; 
on  aura,  s  et  Rn  étant  continus  (n°  877)  et,  par  suite,  intégrables, 

Çb  Çb  rb 

I   S  dx  =^  \  Sndx  -\-  \  R,j dx. 

Ja  ja  Ja 

Faisons  tendre  n  vers  l'infini  ;  la  convergence  étant  uniforme, 
I  R„  I    devient  inférieur  à  tout  nombre  positif  e,  si  petit  qu'il 
soit,  quand  n  tend  vers  l'infini,  auquel  cas  on  a 

'•b 


i 


RnrfjC 


<  ^{b  —  a). 


Cette  intégrale  tend  donc  vers  zéro  quand  n  tend  vers  l'infini, 
n  vient  ainsi 


422  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 

j  S  dx  =  lim  1  Sndx  =-  \  u^  xd  -{-  \   u^  dx  +  >.., 

Ja  n=oo  Ja  Ja  Ja 

Pour  démontrer  la  seconde  partie  du  théorème,  on  remarque 
que  l'on  peut  remplacer  dans  cette  relation  b  par  une  valeur  ;x; 
quelconque  de  l'intervalle  (a,  b).  Alors  le  reste  de  la  série  inté- 
grale a  pour  valeur  absolue 


r 

Ja 


XV  J2  CliX 


<  e(fe  —  a), 


ce  qui  prouve  que  la  convergence  de  la  série  intégrale  est  uni- 
forme. 

SÉRIES  POSITIVES.  —  Uiis  série  de  fonctions  continues  et  posi- 
tives dont  la  somme  est  continue,  convergeant  uniformément 
(ii°  377,  III),  peut  toujours  être  intégrée  terme  à  terme. 

Remarque.  —  Quand  la  convergence  n'est  pas  uniforme,  l'in- 
tégration terme  à  terme  n'est  plus  toujours  légitime.  !N'ous 
allons  le  montrer  par  un  exemple. 

Reprenons  la  série,  considérée  précédemment  (n°  875), 

s  =  I.x[n^e-»''  —  (n  —  i)^  e  -("-')ar]  =  0, 
dans  laquelle  ^c  est  nul  ou  positif.  On  a  évidemment 

s  d^c  =  0. 


i* 


Mais  l'intégration  terme  à  terme  conduit  à  un  résultat  diffé- 
rent du  précédent.  On  a,  en  effet, 

Sn^  xn^e^"'^. 

Si  l'on  intègre  terme  à  terme,  on  trouve 

lim  I  Sndx  =  lim    nx  e-^^  ndx  =       te-^  dt  =  1, 

n='xJo  Jo  Jo 

tandis  que  l'intégrale  de  s  est  nulle. 

379.  Dérivation  des  séries  réelles.  —  Si  les  termes  d'une  série 
réelle  convergente  sont  des  fonctions  d'une  variable  réelle  x 
ayant  des  dérivées  continues,  et  si  la  série  de  ces  dérivées  con- 
verge uniformément  dans  un  intervalle  (a,  b),  la  somme  de  la 
série  des  dérivées  est  la  dérivée  de  la  somme  de  la  série  primitive. 

Soient,  en  effet,  s  =-  Su»  la  série  primitive  et  a  =  ISu^^  la  série 


SÉRIES  DE  PONCTIONS  4^^ 


dérivée,  dont  la  somme  est  fonction  continue  de  x  {n"  877). 
Faisons  varier  x  de  a  ii  b,  on  aura,  en  vertu  du  théorème  pré- 
cédent, 

fx  fx 

<jdx=^\     U|,C/X=   I[U„— («„)a], 
Ja  Ja 

l'indice  a  signifiant  qu'il  faut  faire  x  =  a  dans  la  fonction  entre 
parenthèses.  Comme  la  série  primitive  converge  par  hypothèse, 
le  résultat  précédent  peut  se  mettre  sous  la  forme 


Ja 


«T  dx  =  SWn—  ^«M  )a  =  S  —  (s)a  > 

et,  en  égalant  les  dérivées  de  deux  membres  par  rapport  à  x, 
a  étant  continue,  on  trouve  a  =  s'  comme  le  veut  le  théorème. 

Ce  théorème  et  ceux  des  trois  n°^  précédents  sont  les  cas 
particuliers  élémentaires  de  théorèmes  beaucoup  plus  généraux, 
qui  vont  être  exposés  dans  le  petit  texte  qui  suit  : 

380.  Convergence  uniforme  à  moins  de  e  près  en  un  point.  —  Consi- 
dérons une  série  réelle  Sm„  dont  les  termes  sont  des  fonctions  de  x 
dans  un  intervalle  (a,  b)  ;  nous  donnerons  la  définition  suivante  : 

La  série  converge  uniformément  à  moins  de  e  près  en  un  point  ;  de  l'inter- 
valle {a,  b),  si,  le  nombre  positif  s  étant  donné,  on  peut  lui  faire  correspondre 
un  indice  n  aussi  grand  qu'on  veut  et  un  nombre  positif  0,  tels  que  l'on  ait 

\Rn   I  <  £ 

pour  toutes  les  valeurs  de  x  dans  l'intervalle  (S  —  0,  Ç  +  S). 

Théorème  1.  —  Si  les  termes  d'une  série  convergente  Smu  sont  des  fonctions 
continues  au  point  ç,  et  si  la  série  converge  uniformément  à  moins  de  £  près  en 
ce  point,  l'oscillation  au  point  ç,  de  la  somme  s  de  la  série  est  <  2£.  —  Au 
contraire,  si  la  série  ne  converge  pas  uniformément  à  moins  de  t  près  au  point  <i, 
r oscillation  de  s  au  point  \  est  au  moins  égale  à  £. 

On  a,  en  effet,  s  =  5n+  Rn  .  Comme  Sn  est  continue  au  point  ç,  l'os- 
cillation de  s  en  ce  point  est  la  même  que  celle  de  Rn  quel  que  soit  n. 
Il  suffit  d'examiner  celle-ci. 

Si  la  série  converge  uniformément  à  moins  de  t  près,  |  Rn  1  devient 
inférieur  à  e  dans  tout  l'intervalle  ($  —  S,  ;  +  0)  pour  certaines  valeurs 
de  n,  auquel  cas  l'oscillation  de  Rn  au  point  ç  est  <  2e. 

Si  la  série  ne  converge  pas  uniformément  à  moins  de  e  près,  |  Rn  | 
surpasse  toujours  e  dans  le  voisinage  immédiat  de  ?,  tandis  qu'il  tend 
vers  0  au  point  ;  quand  «  augmente  indéfiniment,  donc  l'oscillation 
de  R>j  au  point  S  est  au  moins  égale  à  e. 

De  là  découle  immédiatement  le  théorème  suivant  : 


4^4  CHAPITRE  XI.  DES  SÉRIES 


Théorème  II.  —  Lorsque  les  termes  d'une  série  sont  des  fonctions  conti- 
nues de  X  au  point  ?,  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  la  somme 
de  la  série  soit  aussi  continue  en  ce  point,  est  que  la  convergence  soit  uni- 
forme à  moins  de  t  près  en  ce  point,  quelque  petit  que  soit  s. 

La  définition  et  les  théorèmes  précédents  s'étendent  d'eux-mêmes 
aux  fonctions  de  plusieurs  variables  réelles  ou  complexes  et  nous  ne 
nous  arrêterons  pas  davantage  à  cette  généralisation. 

381.  Convergence  quasi-uniforme.  Continuité  des  séries.  —  Considé- 
rons encore  une  série  réelle  dont  les  termes  sont  fonctions  de  x  dans 
un  intervalle  {a,  b).  Nous  dirons  (Borel)  que  la  convergence  de  la  série 
est  quasi  uniforme  dans  V intervalle  [a,  b),  si  à  tout  système  de  deux  nombres 
positifs  £etp  le  premier  aussi  petit,  le  second  aussi  grand  qu'on  veut,  on  peut 
faire  correspondre  un  nombre  q  >  p  tel  que  la  condition 

I  Rn    I  <  e 

puisse  se  réaliser  pour  une  valeur  de  n,  variable  avec  celle  de  x  dans  l'inter- 
valle {a,  b),  mais  toujours  comprise  entre  les  deux  nombres  fixes  p  et  q. 

Pour  les  séries  à  termes  positifs,  la  convergence  uniforme  se  con- 
fond évidemment  avec  la  convergence  quasi-uniforme,  car,  si  les  con- 
ditions précédentes  sont  vérifiées,  Kn ,  qui  décroît  quand  n  augmente, 
sera  <  e  quel  que  soit  x  ^\  n  est  ^  q. 

Théorème.  —  Si,  quelque  petit  que  soit  e,  une  série  Y^un  converge  uni- 
formément à  moins  de  e  près  en  chaque  point  de  l'intervalle  {a,  b),  la  conver- 
gence sera  quasi-uniforme  dans  l'intervalle  {a,  b). 

En  eftet,  supposons,  par  impossible,  que  la  convergence  ne  soit  pas 
quasi-uniforme  dans  l'intervalle  {a,  b).  Nous  pouvons  assigner  deux 
nombres  £  et  p  tels  que  la  condition  |  Rn  |  <  e  soit  impossible  pour 
n  >  p  et  borné  quand  x  varie  dans  l'intervalle  {a,  b).  Partageons  cet  inter- 
valle en  deux  autres,  cette  impossibilité  subsistera  dans  un  des  deux 
intervalles  moitiés  du  précédent,  puis  dans  la  moitié  de  cette  moitié, 
et  ainsi  de  suite  indéfiniment.  Nous  formerons  ainsi  une  infinité  d'in- 
tervalles indéfiniment  décroissants,  chacun  intérieur  à  tous  les  précé- 
dents et  tendant  vers  un  point  ;  de  l'intervalle  {a,  b).  Ce  point  I  tom- 
berait donc  dans  un  intervalle  aussi  petit  qu'on  veut  où  l'on  ne  pourrait 
avoir  |  Rn  |  <  e  pour  «  >  ^  et  borné.  Cette  conclusion  est  contraire 
à  l'hypothèse  que  la  série  converge  uniformément  à  moins  de  e  près 
au  point  ^ 

Corollaire.  —  En  comparant  le  théorème  précédent  au  théorème  II 
du  no  38o,  on  en  conclut  immédiatement  le  suivant  :  Une  série  de  fonc- 
tions continues  dont  la  somme  est  une  fonction  continue  de  x  dans  un  inter- 
valle {a,  b),  converge  quasi-uniformément  dans  cet  intervalle. 

La  réciproque  est  vraie  : 

Une  série  de  fonctions  contifiues  de  x  qui  converge  quasi-uniformément  dans 
un  intervalle  {a,  b),  a  pour  somme  une  fonction  continue  de  x. 


SÉRIES  DE  FONCTIONS  4^5 


En  effet,  soit  $  un  point  de  l'intervalle  ;  montrons  que  la  série  est 
continue  en  ce  point. 

Prenons  d'abord  l'indice  p  assez  grand  pour  que  l'on  ait,  au  point 
déterminé  ;, 

I  Rn(?)  I  <  e,  si  «  >  ^. 

Soit  q  le  nombre  qui  correspond  au  système  £  et^  ;  on  aura,  pour 
une  valeur  de  n  comprise  entre  p  et  q,  mais  qui  dépend  de  x, 

RnW  <  e. 
On  aura  donc  («  dépendant  toujours  de  x) 

S{X)-S  il)  =  s  [Uh  {x)  -  UK  (0]  H-  Rn  W  -  Rn  (^) 
et  a  fortiori,  puisque  «  est  <  (/  et    |  Rn  |  <  s, 

I  5(;tr)  —  5(?)  I  <!;  I  «/{ (;tr)  —  Uh  (0  I  +  2e. 

Quand  ;ir  tend  vers  $,  la  somme  des  q  termes  Uh{x)  —  ma  (0  tend  vers 
zéro,  donc  la  limite  du  premier  membre  est  <  ae.  Elle  est  donc  nulle, 
puisque  e  est  arbitraire,  donc  s  est  continue  au  point  \. 

De  là  le  théorème  suivant  de  M.  Arzela  : 

Théorème.  —  ha  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'une  série  de 
/onctions  contitmes  soit  elle-même  continue  dans  un  intervalle  {a,  b),  est  que  la 
convergence  de  la  série  soit  quasi-uniforme  dans  cet  intervalle. 

Encore  une  fois,  les  définitions  et  les  théorèmes  qui  précèdent 
s'étendent  facilement  aux  séries  dont  les  termes  sont  des  fonctions  de 
plusieurs  variables  réelles  ou  complexes. 

382.  Intégration  et  dérivation  des  séries  réelles.  —  Soit  Swn  une  sé- 
rie convergente  de  fonctions  de  x  bornées  et  mesurables.  Si  les  sommes 
successives  5i,  s-i,...  Sn,-..  sont  aussi  bornées  dans  leur  ensemble,  on 
a,  comme  on  le  sait,  avec  l'intégrale  de  Lebesgue,  (n"  25o,  I), 

I  5i;tr  =  lim  I  Sndx=  I   Ui  dx  -\-  l  u^dx  -\-  ... 

J  a  Ja  Ja  Ja 

et  la  série  peut  être  intégrée  terme  à  terme. 

Remarquons  que,  si  les  sommes  Sn  (et,  par  suite,  5)  sont  bornées 
dans  leur  ensemble,  les  restes  Rn  le  sont  aussi,  et  réciproquement.  On 
a  donc  le  théorème  suivant  : 

Théorème  I.  —  Une  série  convergente  de  fonctions  bornées  et  mesurables 
dans  un  intervalle  {a,  b)  peut  être  intégrée  (L)  terme  à  terme  comme  un  poly- 
nôme si  le  reste   Rn  de  la  série  est  borné  quels  que  soient  n  et  x. 

Le  théorème  précédent  se  généralise  en  remplaçant  le  théorème  de 


426  CHAPITRE  XI.  DES  SÉRIES 

M.  Lebesgue  par  le  théorème  II  du  n"  25o  qui  est  plus  général.  On 
obtient  ainsi  l'énoncé  suivant  : 

Théorème  II.  —  Utie  série  convergente  de  fonctions  sommables  peut  être 
intégrée  (L)  terme  à  terme  dans  un  intervalle  {a,  b),  si  Sn,  ou  (ce  gui  revient 
au  même)  si  Rn  est,  quel  que  soit  n,  de  module  inférieur  à  une  fonction 
positive  sommable  '^{x). 

Ces  théorèmes  subsistent  si  l'intégration  se  fait,  non  dans  un  inter- 
valle, mais  sur  un  ensemble  mesurable. 

Ces  théorèmes  fournissent  des  théorèmes  réciproques  relatifs  à  la 
dérivation  des  séries.  Nous  énoncerons  seulement  le  réciproque  du 
premier. 

Théorème  III.  —  Soit  l^un  une  série  de  fondions  continues  et  dérivables, 
convergente  dans  un  intervalle  {a,  b)  ;  on  pourra  la  dériver  terme  à  terme  en 
un  point  x,  si  la  série  dérivée  1'^,^  converge  et  a  son  reste  Rn  borné  dans  un 
intervalle  {x  —  S,  ^  +  S)  si  petit  qu'il  soit  ;  et  si,  de  plus,  la  somme  de  cette 
série  est  continue  au  point  x. 

Quand  les  dérivées  M„  sont  continues  au  point  x,  il  faudra,  pour  que 
cette  dernière  condition  soit  réalisée,  que  la  série  dérivée  converge 
uniformément  au  point  x  à  moins  de  s  près  quelque  petit  que  soit  e 
(no  38o,  II). 

Ce  théorème  s'établit  par  la  même  voie  que  celui  du  no  379. 

Cas  des  séries  positives.  —  Si  la  somme  d'une  série  positive  est 

bornée,  le  reste  Rn  l'est  a  fortiori.  Donc  une  série  de  fonctions  positives 

et  intégrables  (L)  qui  a  une  somme   bornée   dans  un  intervalle  (a,  b),  peut 
toujours  être  intégrée  (L)  terme  à  terme. 

Plus  généralement,  en  vertu  du  théorème  III  du  n"  25o  :  Une  série 
de  fonctions  positives  sommables  peut  toujours  être  intégrée  (L)  terme  à  terme, 
seulement,  si  la  somme  de  la  série  n'est  pas  sommable,  son  intégrale  est  infinie. 

%  4.  Séries  potentielles. 

383.  Définition.  —  Les  séries  potentielles  sont  celles  qui  sont 
ordonnées  suivant  les  puissances  entières  et  positives  d'une 
variable  réelle  ou  complexe  {z  —  a).  Elles  sont  de  la  forme 

ao  +ai(2  — a)  +  aj^z  —  af  -\-  ...  -f  a„(2;  — a)"+  ... 

En  posant  z  —  a  ^  x,  elles  prennent  la  forme 

(1)  ao  4-  a^x  -f-  a^x-  -f-  ...  +  anX'^-\- ...  ==  "LanX^^ . 

C'est  sous  cette  forme  que  nous  allons  les  étudier.  Ces  séries 


SÉRIES  POTENTIELLES  4^7 


jouissent  de  propriétés  qui  leur  sont  propres  et  elles  ont  une 
importance  exceptionnelle. 

Dans  les  démonstrations  suivantes,  nous  désignerons  en  géné- 
ral par  r  le  module  de  x  et  par  ao,  aj,...  «„  ceux  de  ao,  a^,...  an. 

384.  Cercle  de  convergence.— Considérons  la  suite  des  quantités  : 

Pj  =  ai,  pz  =  V*2>---  P"  ="      \J<^n,"- 

Trois  cas  peuvent  se  présenter  : 

1°  Si  pn  a  pour  limite  zéro  pour  n  infini,  la  série  positive 
Su„  =  Sa„r»  converge  pour  toute  valeur  positive  de  r  en  vertu 
du  critère  de  première  espèce  de  Cauchy  (n''  364),  car  on  a,  quel 
que  soit  r, 

lim  "V""  =  lini  "V^'^"  =  1""  p„r  =  0. 

Donc  la  série  I>anX'^  est  absolument  convergente  pour  toute 
valeur  réelle  ou  complexe  de  x.  On  dit,  dans  ce  cas,  que  la  sé- 
rie (1)  est  une  fonction  entière  de  x. 

2°  Si  p,î  peut  surpasser  tout  nombre  assignable,  la  série 
Sa„x"  diverge  pour  toute  valeur  de  x  autre  que  zéro,  carie 
module,  (p„  r)" ,  de  son  terme  général  n'a  pas  pour  limite  zéro. 

3°  Quand  aucune  de  ces  deux  hypothèses  ne  se  présente,  p„  a 
une  plus  grande  limite  (n"'  i5)  finie  et  positive  L,  c'est-à-dire 
que  pn  devient  définitivement  inférieur  à  L  +  e  et  ne  devient 
jamais  définitivement  inférieur  à  L  —  e  quel  que  petit  que  soit 
le  nombre  positif  t.  Posons  L  -=  i  :  R  ;  je  dis  que  la  série  positive 
2u„  =-  Sa^r»  converge  si  r  est  <  R  et  diverge  si  r  est  >  R. 

En  effet,  si  r  est  <  R,  on  peut  poser  r  =  j^       ,  d'où 

n.  I 9n 

V«n=pnr=j^. 

Cette  expression  devenant  définitivement  inférieure  à  un  nom- 
bre fixe  <  I,  la  série  converge  en  vertu  du  critère  de  Cauchy. 

Au  contraire,  si  r  >  R,  on  a  r  =  ;p ,  d'où 

Cette  expression  ne  devenant  jamais  définitivement  <  i,  u„ 
n'a  pas  pour  limite  0. 

Donc  la  série  Ia„A:„  est  absolument  convergente  pour  toute 


4^^  CHAPITRE  XI,  DES  SÉllIES 


valeur  réelle  ou  complexe  de  x  dont  le  modale  est  <  R  et  elle 
diverge  pour  toute  valeur  dont  le  module  est  >  R  (le  terme 
général  n'ayant  pas  pour  limite  zéro). 

Le  cercle  de  rayon  R  décrit  autour  de  l'origine  s'appelle  le 
cercle  de  convergence  :  la  série  Xa„.A:»  est  absolument  conver- 
gente à  l'intérieur  et  divergente  à  l'extérieur.  Sur  la  circonfé- 
rence elle-même,  il  y  a  doute  ;  la  série  converge  ou  diverge 
suivant  le  cas. 

D'après  ce  qui  précède,  le  rayon  du  cercle  de  convergence  est 
l'inverse  de  la  plus  grande  limite  de  "yôn  •  Donc,  en  particulier, 
si  '\ci.n  a  une  limite,  cette  limite  est  l'inverse  du  rayon  de  con- 
vergence. 

Kkmarque.  —  Le  rayon  de  convergence  est  aussi  égal  à  la  li- 
mite,  quand  elle  existe,   du  rapport  an  :  oin  +  i.  Jin  effet,  soit  R 
cette  limite  ;  le  critère  de  seconde  espèce  de  Caucliy  s'applique 
alors  à  la  série  !«„=  2a,jr'S  il  vient 

Un  a„  R' 

donc  la  série  converge  ou  diverge  selon  que  r  <  ou  >  R. 

385.  Théorème.  —  Une  série  potentielle  converge  uniformé- 
ment dans  tout  cercle  de  rayon  p  <  R  décrit  autour  de  l'origine, 
et  elle  a,  par  conséquent,  pour  somme  une  fonction  continue  de 
X  dans  ce  cercle. 

En  effet,  la  série  à  termes  constants  et  positifs  Sa^p»  est 
convergente  par  hypothèse,  puisque  p  <  R.  Les  modules  des 
termes  de  la  série  lanX'^  ne  peuvent  surpasser  les  termes  cor- 
respondants de  la  série  précédente  dans  le  cercle  de  rayon  p. 
Donc  cette  série  converge  uniformément  (n°  376). 

386.  Fonctions  analytiques.  —  A  l'intérieur  du  cercle  de  conver- 
gence, une  série  potentielle  définit  donc  une  fonction  de  la 
variable  complexe  x.  Les  fonctions  qui  peuvent  être  ainsi  défi- 
nies par  des  séries  potentielles,  portent  le  nom  de  fonctions 
analytiques.  Ce  sont  les  plus  importantes,  mais  leur  étude  ne 
sera  pas  approfondie  dans  ce  cours. 

La  dérivée  f'{x)  d'une  fonction  analytique  f{x)  est,  par  défi- 
tion,  la  limite  du  quotient 

f{x)-\-h)-f(x) 
h 


SÉRIES  POTENTIELLES  4^9 


quand  h  tend  vers  zéro  par  une  suite  de  valeurs  réelles  ou  com- 
plexes quelconques.  Le  théorème  suivant  prouve  l'existence 
de  la  dérivée  pour  toute  fonction  analytique  : 

387.  Théorème.  —  Soit  f{x)  =  SânX"  une  série  convergente 
dans  un  cercle  de  ray^on  ^  ;  la  série  dérivée  Sna,iX"^'  sera 
convergente  dans  le  même  cercle  que  la  première  et  aura  pour 
somme  f'{x). 

Soit  X  un  point  quelconque  situé  dans  le  cercle  de  conver- 
gence. Considérons  la  série  convergente  à  termes  positifs 

F(r)  =  Sa„r". 

Donnons  à  r  un  accroissement  positif  B,  assez  petit  pour  que 
r  4-  8  soit  encore  <  R.  La  série  F(r  -f-  8)  sera  encore  conver- 
gente et  l'on  aura 


F(r  +  8)  —  F(r)  _         (r  +  8)"— r» 


(1)  =  £a^ 


+  ^^(^^^^8r"-+..' 


nr 

1.2 


Donnons  à  5C  un  accroissement  variable  h,  réel  ou  complexe, 
et  formons  l'expression,  analogue  à  la  précédente, 

f{x  -f-  h)  —  f{x)       „     (.V  +  h)^—  x^ 
h  ^^^"— 7z 

(2)  =  Han  ïnx^-'  +  ^^^j~l  ^^  hx^"^  +  ...]■ 

La  comparaison  des  séries  (1)  et  (2)  montre  immédiatement 
que,  si  I  A  1  est  <  8,  tous  les  termes  de  la  série  (2)  ont  leurs 
modules  moindres  que  les  termes  de  la  série  (1)  qui  sont  con- 
stants et  positifs.  Donc,  si  h  tend  vers  zéro,  la  série  (2)  con- 
verge uniformément  (n°  876)  et  est  fonction  continue  dc/î  (n°377). 
Sa  limite  pour  /i  =  0  se  confond  avec  sa  valeur  pour  h  =  0.  En 
faisant  tendre  h  vers  zéro,  l'équation  (2)  donne  donc,  à  la  limite, 

f'{x)  =  "LnanX"^-'. 

388.  Théorème  d'Abel.  —  Si  la  série  £a„  a^"  converge  pour  une 
valeur  réelle  5c,  de  x,  elle  converge  uniformément  dans  l'inter- 
valle {0,  x^)  et  elle  a  pour  somme  une  fonction  continue  de  x 
dans  cet  intervalle. 


43o  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 

Le  reste  R^  n'est  autre  chose  que  la  série 

La  série  proposée  étant  convergente  pour  x  =^  x^  par  hypo- 
thèse, à  tout  nombre  positif  e  donné,  si  petit  qu'il  soit,  corres- 
pond un  entier  N  assez  grand  pour  que  la  condition 

I  anX,''+an+iX,^+'  +  ...  -h  an+pX.'^+P  I  <  e 

ait  lieu,  quel  que  soit  p,  pourvu  que  n  soit  >  N. 

D'autre  part,  si  l'on  a  soit  0  ^  x  ^  x^,  soit  a^j  ^  «;  ^  0,  la  suite 

est  positive,  stationnaire  ou  décroissante.  Donc  la  série 

converge  (n''  378)  et  sa  somme  est  <  e  (  -7-  j  et  a  fortiori  <  3. 

On  a  donc  |  Rn  |  <  e,  quel  que  soit  x,  et  la  série  proposée 
converge  uniformément  dans  l'intervalle  (0,  x,). 

389.  Sur  l'emploi  du  théorème  précédent  —  Le  théorème  d'Abel 
sert  le  plus  souvent  à  étendre  aux  points  de  la  circonférence 
du  cercle  de  convergence  des  relations  établies  dans  l'intérieur 
seulement  de  ce  cercle. 

Supposons  qu'on  ait,  dans  l'intérieur  du  cercle, 

f{x)  =-  I,an  x^ 

et  que  f{x)  soit  continue  en  un  point  X  de  la  circonférence.  La 

relation  précédente  subsistera  au  point  X,  pourvu  que  la  série 

converge  en  ce  point. 

Soit,  en  effet,  r  une  variable  réelle  comprise  entre  0  et  i  ;  on 

a,  par  hypothèse, 

/■(rX)  =  I(a„X«)r«. 

Faisons  tendre  r  vers  l'unité  ;  on  aura,  en  vertu  du  théorème 
d'Abel, 

/•(X)  =  Sa^X'^ 

390.  Application  à  la  multiplication  des  séries.  —  Considérons 
deux  séries  convergentes  à  termes  réels  ou  complexes  : 

s  =  liUn,        a'  =  2i;„. 


SÉRIES  POTENTIELLES  4^1 


Formons  la  série  s"  =  ^iVn ,  dont  le  terme  général  est 

Wn=  lliVn+  UzVn-i  +  •••  +  UnV^. 

Théorème.  —  .Si  la  série  Su;  converge,  elle  a  pour  somme  ss\ 
En  effet,  les  deux  séries  : 

sont  convergentes  pour  x  =  i.  Donc  leur  rayon  de  convergence 

est  au  moins  égal  à  i  et  elles  sont  absolument  convergentes  si 

\  X  \   est  <  I.  On  a  donc,  sans  difficulté  si  |  ;x;  |  est  <  i  (n°  871), 

Faisons  tendre  revers  l'unité.  On  aura,  par  le  théorème  d'Abel, 
lim  f{x)  =  s,       lim  <\>{x)  -=  s',        lim  I,WnX"^+  '  =  I.Wn  =  s". 
Donc  s"  =  ss'. 

39 1 .  Théorème.  Série  illimitée  de  Maclaurin.  —  Une  fonction  réelle 
ou  complexe  ne  peut  être  développée  en  série  potentielle  que 
d'une  seule  manière. 

En  effet,  soit  f{x)  la  somme  d'une  série  potentielle,  conver- 
gente dans  un  cercle  de  rayon  R  : 

f{x)  --  ao  +  a,x  +  a.^x^  +  33^'  +  ... 

En  dérivant  successivement,  il  vient,  dans  le  même  cercle, 

f'{x)  =  ai  +  232^  +  Sa^x^  +  ..., 

/•"'(oc)==2.3a3  +  .... 


Posant  x  =  0  dans  ces  équations,  on  en  tire  successivement 

ao  =  m,    a,  =  r(o),     ^.-^-Y§-'    «3  =  Ç^... 

Donc  tous  les  coefficients  de  la  série  sont  déterminés.  En 
substituant  ces  valeurs  dans  la  série,  il  vient 

f{x)  =-  m  +  ^  /-'(o)  +  fj"{0) + j^  /-'"(o) + ... 

C'est  la  série  illimitée  de  Maclaurin.  Nous  retrouvons  donc, 
par  une  autre  voie,  la  loi  de  formation  de  s  coefficients  succes- 
sifs obtenue  au  n°  i25.  Tandis  que  nous  avons  raisonné  là  sur 


4^2  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 


un  nombre  limité  de  termes,  nous  avons  raisonné  iei  sur  des 
sommes  prolongées  à  l'infini.  Mais  tandis  que,  les  variables 
étant  réelles,  la  formule  limitée  du  n°  i25  ne  suppose  que  l'exis- 
tence des  dérivées  de  f{x),  celle  que  nous  venons  d'obtenir  n'est 
nullement  démontrée  pour  une  fonction  f{x)  quelconque.  Elle 
ne  l'est  que  pourvu  que  le  développement  soit  possible. 

392.  Nouvelles  expressions  du  terme  complémentaire  de  la  formule 
de  Maclaurin.  —  Le  procédé  qui  se  présente  immédiatement  à 
l'esprit  pour  reconnaître  si  une  fonction  f{x)  d'une  variable 
réelle  peut  s'exprimer  en  série  potentielle,  consiste  à  la  déve- 
lopper par  la  formule  limitée  de  Maclaurin  et  à  vérifier  si  le 
terme  complémentaire  tend  vers  0  quand  le  nombre  n  des  termes 
augmente  indéfiniment.  S'il  en  est  ainsi,  en  faisant  tendre  n 
vers  l'infini,  on  obtiendra  l'expression  de  f{x)  en  série  illimitée. 

Ceci  nous  amène  à.  chercher  une  nouvelle  forme  du  terme 
complémentaire  ou  du  reste.  Nous  allons  l'obtenir  en  nous  ser- 
vant du  calcul  intégral. 

Soit  f{x)  une  fonction,  continue  ainsi  que  ses  dérivées  jusqu'à 
l'ordre  n,  d'une  variable  réelle  x.  En  faisant  une  première 
intégration  par  parties,  on  a 

f{x)  -  f{0)  =  |7'(x  -  t)dt  =  xf{0)  +  jj"{x  -  t)tdt. 

On  peut  faire  une  nouvelle  intégration  par  parties  portant 
sur  tdt,  et  continuer  ainsi  de  suite,  en  faisant  toujours  porter 
l'intégration  sur  la  puissance  de  t.  Après  n  —  i  intégrations  par 
parties  consécutives,  on  obtient 


(1) 


(  f{x)  =  m  4-  xf'io)  +  ^  f"{0)  +  •..+(£!:^/^"-^'(0)  +  R« 

C'est  la  formule  de  ]V[aclaurin  avec  V expression  exacte  du 
reste.  Par  le  changement  de  variables  t  ^-=  x{i  —  u),  le  reste 
s'écrit  aussi 

Au  moyen  du  théorème  de  la  moyenne,  on  peut  obtenir  des 


DÉVELOPPEMENT  DES  FONCTIONS  EN  SÉRIES  POTENTIELLES  4^3 

expressions  plus  simples  du  reste,  mais  qui  ont  l'inconvénient 
de  renfermer  une  quantité  inconnue  9  comprise  entre  0  et  i.  Si 
l'on  fait  sortir  (^"^{ux)  du  signe  d'intégration,  on  trouve 

Rn=ff/-("'(eoc). 

C'est  l'expression  connue  (n°  i25). 

§  5.  Développement  des  fonctions  réelles  en  séries 
potentielles.  Discussion  du  reste. 

393.  Considérations  générales.  —  Lorsqu'on  se  propose  de  déve- 
lopper en  séries  potentielles  des  fonctions  qui  déj^endent  d'une 
variable  complexe,  il  existe  des  principes  généraux  qui  permet- 
tent de  supprimer  à  peu  près  toute  discussion.  Ces  principes 
font  l'objet  de  la  théorie  des  fonctions  d'une  variable  complexe. 
Pour  le  moment,  nous  considérons  exclusivement  les  variables 
réelles.  Pour  obtenir  le  développement  de  f{x)  en  série  poten- 
tielle, le  procédé  le  plus  élémentaire  consiste  à  passer  de  la 
formule  limitée  de  Maclaurin  à  la  formule  illimitée  en  faisant 
tendre  n  vers  l'infini. 

Il  faut  démontrer  que  le  terme  complémentaire  tend  vers  zéro. 
C'est  à  cela  que  servent  les  expressions  générales  de  ce  terme 
que  nous  avons  fait  connaître  au  n°  précédent.  Mais  la  discus- 
sion eët  loin  d'être  toujours  facile  sur  ces  expressions  générales. 
Elle  est  simple  pour  les  fonctions  e^,  sin  x,  cos  x.  Elle  l'est 
déjà  moins  pour  les  autres  fonctions  élémentaires,  et  pour  les 
fonctions  plus  compliquées,  elleest  le  plus  souvent  impraticable. 

Heureusement,  pour  la  plupart  des  fonctions,  on  trouve  des 
expressions  particulières  de  Rn ,  non  comprises  dans  les  for- 
mules générales,  et  qui  se  prêtent  à  une  discussion  plus  facile. 
C'est  ce  que  nous  nous  proposons  de  montrer  dans  le  paragraphe 
actuel. 

A  côté  du  procédé  qui  consiste  à  passer  de  la  série  limitée  à 
la  série  illimitée,  il  y  en  a  un  autre,  infiniment  plus  riche  en 
ressources.  On  pose  a  priori  la  série  illimitée  et  on  démontre 
directement  au  moyen  de  ses  propriétés  particulières  qu'elle  a 
pour  somme  f{x).  Ce  procédé  est  moins  élémentaire  que  le  pre- 
mier, mais,  pour  en  faire  saisir  la  portée,  nous  commencerons 
par  l'appliquer  aux  fonctions  e'^,  sin  x  et  cos  x.  28 


434  CHAPITRE  XI.  DES  SÉRIES 

394.  Fonction  exponentielle.  —  Considérons  la  série 

-Y*  -v*2  \*}X 

rw  =  i  +  f+~+...+^+... 

En  vertu  du  second  critère  de  Cauchy  (n"  364),  ^^^^  ^^^  abso- 
lument convergente  pour  toute  valeur  de  x.  En  effet,  le  module 
de  Un+ 1  :  Un  est  égal  à  |  .v  |  :  n  et  tend  vers  zéro  avec  i  :  n,  quel 
que  soit  x.  Cette  série  jouit  de  la  propriété  de  se  reproduire 
par  dérivation  et  l'on  a  f{0)  =  i.  Ces  deux  propriétés  suffisent 
pour  montrer  que  la  série  a  pour  somme  e^ .  En  effet, 

D.  f{x)e-^  -  [f'{x)  —  f{x)]e-^=  0. 

Donc  f{x)e-^  est  une  constante.  Faisant  .v  =  0,  on  voit  que 
cette  constante  est  i.  Donc  f{x)  —  e^ . 

395.  Fonctions  circulaires.  —  Considérons  les  deux  séries,  dont 
la  seconde  est  la  dérivée  de  la  première, 

Elles  convergent  pour  toute  valeur  de  .v  comme  la  précédente, 
et  l'on  a 

^"{x)  =  -<f{x),         cp(0)=^0,         cp'(0)  =  i. 

Je  dis  qu'il  en  résulte  ^(.v)  =--  siiiA*. 

Il  suffit  de  remarquer  que  l'on  aura  nécessairement 

f{x)  cos  AT  —  (p'(jc)  sin  .V  =  0,         (f{x)  sin  x  +  cp'(.Y)  cos  x  =  i. 

En  effet,  les  premiers  membres  sont  des  constantes,  car 
leurs  dérivées  s'annulent  en  vertu  des  propriétés  de  ^.  En  fai- 
sant X  =  0,  on  voit  que  ces  constantes  sont  0  et  i.  On  tire  alors 
des  deux  équations  précédentes  <f{x)  =  sin  x  et  f'{x)  =  cos  x. 

396.  Séries  logarithmiques.  —  Pour  développer  Log  (i  +  x), 
cherchons  une  expression  particulière  du  reste  En.  Pour  cela, 
partons  de  l'identité 

_L_  _  1  -  {- X)n -\-  {- x)n  _  n-i  (- ^T 

1  +  X  I-(-A')  o     ^        '''    "^      I-f  .-V    • 

Intégrons  les  deux  membres  de  0  à  x,  ce  qui  suppose  x  >  —  i  ; 
l'intégrale  du  dernier  terme  sera  Rn»  H  vient  ainsi 

(1)      Log(i  +  X)  =  .V  -^H-"^-  ...  +  (-  if-^  ^  +  I^n. 


DEVELOPPEMENT  DES  FONCTIONS  EN  SERIES  POTENTIELLES      4^5 

Servons-nous  du  théorème  do  la  moyenne  pour  simplifier  R,j  ; 
nous  pouvons  écrire 

Donc  Rw  tend  vers  0,  si  |  x  |  est  <  i  ou  si  ^  =  i.  Si  a*  =  —  i, 
la  série  devient  En-*  et  diverge.  Donc  le  rayon  de  convergence 
de  la  série  (1)  est  égal  à  l'unité. 

La  fonction  Log  (i  +  ^)  est  donc  exprimable  en  série  illimitée 
de  Maclaurin  si  l'on  a  ( —  i  <  «:  <  i),  et  la  série  illimitée  diverge 
dans  les  autres  cas. 

Faisant  x  =  i,  on  obtient  la  série  (non  absolument  conver- 
gente) 

T  1,1 

Log2=i--+3-... 

Le  développement  de  Log peut  se  déduire  de  celui  de 

I  —  X 

Log  (i  4-  x).  On  peut  aussi  l'obtenir  par  un  raisonnement  ana- 
logue au  précédent.  On  a 

T  T  V^^l-l-  v^w  «—1  /y'in 


I  —  ^'  r  —  x'-  o  I  —  x^ 

On  multiplie  par  2  et  l'on  intègre  de  0  à  x  ;  il  vient 


(2)    Logi-t5  _  J.V  +  f +  Ç  +  ...  +  fZl' 

I — AT  I  6  5  2/1 — I 


4-Rn 


Rn  =  2 =  - 

jo    I  —  X-       I 


X^n+i 


Lx^  2n  +1* 

et  R„  tend  vers  0  si  x  est  compris  entre  —  i  et  -f  i.  Dans  les 
autres  cas,  la  série  infinie  diverge. 

C'est  la  série  (2)  qu'on  applique  au  calcul  des  logarithmes  des 
nombres  entiers.  On  fait 

d  ou         ^  ' 


+  •  VA    V/U. 

9  q       i—x' 

et  l'on  choisit  les  entiers  p  et  q  de  manière  que  |  a-  |  soit  <  i . 

Cette  formule  suffit  pour  le  calcul  des  logarithmes  des  nom- 
bres entiers,  car  elle  fait  dépendre  le  calcul  du  logarithme  de7> 


4-36  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 


de  celui  d'un  nombre  inférieur  q,  et  le  logarithme  de  i  est  con- 
nu. En  particulier,  nip  =  ^i,  q  ^  i,  il  vient 


Log  2  =  2 


3^3  3^  "^5  35  ^  '" 


Cette  série,  à  convergence  rapide,  convient  beaucoup  mieux 
au  calcul  de  Log  2  que  la  première  qui  converge  lentement. 

397.  Développement  de  l'arc-tangente.  —  Ce  développement  s'ob- 
tient comme  le  précédent.  Partons  de  l'identité 

I  +  .X2  i-(-xO  ~  o  ^"''^  +"TT^~' 

Intégroiis-la  de  0  à  a*  ;  il  vient  (0  <  6  <  i) 

X^        X^  JC^'^~* 

(3)     arc  tgx  =  ;x: -  +  -^-_  ...  +  (_  i)n-i_____  +  r^^^ 


jo    I  -h  ^^      I  +  B^C^ 


;^  in  +  I 

Le  reste  R,î  est  inférieur  en  valeur  absolue  au  premier  terme 
négligé  ;  il  tend  vers  0,  si  |  x  |  ne  surpasse  pas  l'unité.  Donc 
arc  tg  .V  est  représenté  par  la  série  illimitée  si  .v  varie  entre 
—  I  et  I,  limites  comprises.  Le  rayon  de  convergence  est  égal 
à  l'unité,  car  c'est  celui  de  la  série  dérivée  D( —  ^c^)" . 

En  particulier,  pour  a-  --  i,  on  trouve  la  formule  de   Leibniz 

TC   _  I        I 

^-1-3+^-... 

Calcul  de  tc.  —  La  série  (3)  peut  servir  au  calcul  de  tz  de  la 
manière  suivante.  On  calcule  d'abord  l'arc  (f  dont  la  tangente 
est  I  :  5.  La  formule  donne 


•f=^-^ffj+.-liJ+- 


On  a  ensuite 


,               2  tg  9         5  ^    ,            2  tg  29         120 

te-  2 CD  = 5_r_  ^  —  ^o'  /  çp  = P- — î —  = , 

^    '       I  — tg**©      12'  ^^^      I— tg2  2(p       119' 
d'où 


f,        7t\      tg49  —  I         I 


47     i  +  tg4<p     239 

On  conclut  de  là,  ]jar  la  formule  (3), 


DÉVELOPPEMENT  DES  FONCTIONS  EN  SERIES  POTENTIELLES        4^7 


On  obtient  ainsi  la  formule  de  Machin  : 


i6 


Hai^- 


-4 


— -¥— Y 

289     3  V  2897 


+ 


398.  Série  du  binôme.  —  Si  m  est  égal  à  0  ou  à  un  entier  posi- 
tif, on  sait  par  l'algèbre  que  (i  4-  x)'^  se  réduit  à  i  ou  se  déve- 
loppe en  un  polynôme  ordonné  suivant  les  puissances  de  x. 
Laissons  ce  cas  de  côté.  Soit  m  un  nombre  positif  non  entier  ou 
un  nombre  négatif.  Considérons  la  série  illimitée 

^Un  =  I  +  niiX  +  /HgX*  +  ...  --h  ninX^  -\-  ... 
dont  les  coefficients,  formés  comme  ceux  du  binôme,  sont 


m. 


m  {m  —  i) ...  (m  —  n  +  i) 
i.2...n  ' 


aucun  des  coefficients  ne  sera  nul. 

Le  rayon  de  convergence  est  égal  à  la  limite  du  rapport  de 
deux  coefficients  consécutifs  pris  en  valeur  absolue  (n°  384).  ^1 
est  donc  égal  à  l'unité,  car  on  a,  pour  n  infini, 

n  4-  I 


lim 


m, 


mn+ 


=  lim 


m  —  n 


I. 


La  série  converge  si  |  x  \  est  <  i  et  diverge  si  |  .v  |  >  i.  Quant 
au  cas  où  X  =  zb  I,  nous  l'examinerons  au  n**  4t^0' 

Nous  allons  maintenant  prouver  que  st  |  x  |  est  <  i,  /a  série 
du  binôme  a  pour  somme  (i  -|-  ;x;)'"  et  en  déterminer  le  reste  Rn . 

A  cet  effet,  soit  f{x)  la  somme  des  n.  premiers  termes  : 

f{x)  =  I  +  m^x  -\-  m^x^  +  ...  -f  mn-iX'^~K 

En  observant  que  deux  coefficients  consécutifs  satisfont  à  la 
condition 

nmn —  (m  —  n  -|-  i)  mn-i  ^  0, 

on  vérifie  de  suite  l'identité 

mf{x)  —  (i  -}-  x)  f'{x)  =  {m  —  n  -\-  i)  /«„_i.y"-i  =  n  /n„ .y"-*. 

En  vertu  de  cette  identité,  on  a 

n     f^^)    =  (i  +  x)  f'{x)  —  m  f{x)  ^      jï/nnA:"-'  . 
(i  -hAry»î  (i  +  x)^+^  (i  +  «;)»»+"'  ' 

d'où,  eu  intégrant  de  0  à  .v  (ce  qui  suppose  x  >  —  i  si  m  est  >  0), 


438  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 

,.,  f(x)  r^  x""-'  dx 

et,  en  remplaçant  f{x)  par  son  développement, 

/    (i  +  x)»"  =^  I  +  m,x  4-  m,x'  -h  .,.  +  mn-  ,x''-  '  +  Rn 

En  faisant  sortir  le  dénominateur  du  signe  d'intégration 
par  le  tliéorème  de  la  mo^^enne,  on  obtient  l'expression  simpli- 
fiée (0  <  ô  <  i) 


(6)  E,„=m„5C 


(i  +  tx)"^+'  ' 


Si  X  est  >  —  I,  cette  expression  montre  que  ll„  tend  vers 
zéro,  avec  le  premier  terme  négligé  m.nX'^ ,  dans  tous  les  cas  de 
convergence,  donc,  en  particulier,  si  x  est  aussi  <  ;i. 

Cas  particulier.  —  Si  (m  -\-  i)  est  positif  et  <  i,  on  peut 
encore  mettre  l'expression  du  reste  sous  une  forme  utile.  Sup- 
posant toujours  X  >  —  I,  on  a,  par  le  cliangement  de  la  variable 
d'intégration  x  en  tx,  et  grâce  aux  deux  hypothèses  précédentes, 

dt      A-xY 


Jo(i  +  xr+'       ""    )o{i-\-txr^'     ""     Jo(i- 


la  dernière  intégrale  se  calculant  par  parties. 

Portant  cette  valeur  dans  (5),  on  obtient  la  formule  suivante, 
qui  suppose  donc  m  négatif  et  >  —  i  : 

(7)  ^n  =  ô(—  ^)"(i  +  xY^         (0  <  e  <  I). 

399.  Ordre  de  grandeur  des  coefficients  de  la  formule  du  binôme.  — 
Nous  allons  montrer  que  l'on  peut  poser 

(8)  l«'n|==-,^T> 

hn  tendant  vers  une  limite  finie  et  différente  deO  quand  n  tend 
vers  l'infini. 

A  cet  effet,  observons  que  l'on  a  (n  étant  supposé  >  m  -j-  i) 


m, 


ïi 


HL+^^eM^-"^) 


ITlu- 

D'ailleurs,  eu  développant  suivant  les  puissances  de  (i  :  n)  par 


DÉVELOPPEMENT  DES  FONCTIONS  EN  SÉRIES  POTENTIELLES      4^9 

la  formule  de  Taylor  et  en  s'arrêtant  au  deuxième  ordre,  on  peut 
poser,  \n  gardant  une  valeur  finie  quand  n  tend  vers  l'infini. 

Il  vient  donc 


m, 


^n         /        „      Nm+i      h" 


^,       (-  +  OLo«(^';+-^-^/__n_N-+»^^ 


\n  -\-  ij 


lUn- 1 

Faisant  n  =  2,  3,...  n  et  multipliant  les  résultats  entre  eux, 
on  a 


m, 


m, 


n-\-i 


m+i    S 


A2 
es: 


d'où,  en  comparant  à  la  formule  (8), 

Cette  quantité  tend  pour  n  -=  00  vers  une  limite  finie  et  non 
nulle,  car  2/1  :  (n  +  i)  tend  vers  2  et  la  série  S(X„  :  n^)  est  con- 
vergente comme  S(i  :  n}).  Notre  formule  (8)  est  donc  justifiée. 

400.  Cas  de  convergence  de  la  série  du  binôme  quand  x  =  ±1.  — 
Si  l'on  fait  x  -^  ±  1  dans  la  série  du  binôme,  elle  devient  (les 
signes  se  correspondant) 

I  rb  /ïïi  +  /Hs;  ±  /Hg  -\-  m^±  ... 

Si  m  est  positif,  la  série  est  absoliimeut  convergente  comme 
la  série  S(/i„  :  n^+*). 

Si  m  est  <  —  i,  le  rapport  |  lUn  :  m»-,  |  est  ^  i,  les  termes  ne 
tendent  pas  vers  0  et  la  série  est  divergente. 

Reste  donc  à  examiner  le  cas  où  m  est  compris  entre  —  i  et  0. 
Dans  ce  cas,  les  termes  vont  constamment  en  décroissant  en 
valeur  absolue,  car  le  rapport  |  m„  :  nin-i  \  est  <  i  ;  et  les  termes 
tendent  vers  0  comme  hn-  n^+',  de  sorte  que  la  convergence  ne 
peut  être  absolue.  La  série  converge  pour  x  =  +  i,  auquel  cas 
les  termes  sont  à  signes  alternés  ;  elle  diverge  si  x  =  —  i, 
auquel  cas  les  termes  sont  tous  positifs. 

Remarque.  —  Si  m  est  positif  et  a*  égal  à  —  i,  l'expression  (5) 
de  R,j  (n''  898)  prend  la  forme  O.oo ,  ce  qui  permet  de  se  débar- 
rasser du  signe  d'intégration.  Ou  fait  tendre  x  vers  —  i  et  l'on 


44o  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 


applique  la  règle  de  l'IIospital  à  l'expression  mise  sous  la  forme 
oo  :  00  ;  on  trouve 

(9)      R„  =  n.„li.n&-+^_:|'!=^  =  ,™„tj)'l. 

401.  Développement  de  l'arc-sinus.  —  Remplaçons  x  par  —  x-, 
faisons  m  =  —  -  dans  la  formule  du  binôme  et  prenons  la  va- 

2 

leur  (7)  du  reste  ;  nous  trouvons 


(10) 


I  ,    "-1  (2^  —  1)!!     ,^.   ,      eA:2« 


Vl  —  ^-^  1  (2^')-  \Jl—X^' 

en  désignant  par  A'!!  le  produit  des  entiers  non  supérieurs  à  k 
et  de  même  parité  que  k  (n"  235).  Intégrons  de  0  à  5C,  il  vient 

,    V(2/f  — i)!!   A^'"'+*    ,  .C''x^''dx 

(11)     arc  sm  oc  =  a:  4-   S  ^    /   ,  xir rn h^     - 

^    '  1        (2A-)!!      2A:4-i       Jo  \li—x'' 

ce  qui  montre  que  l'arc  sinus  est  développable  pour  toutes  les 
valeurs  de  a*  entre  —  i  et  4-  i.  Mais  le  développement  reste 
légitime  à  ces  limites,  car,  si  a*  =  i,  on  a  (n"  236) 
'^x^'^dx       (2/1  — i)!!k 


r 


)o\JÏ—x^  (2n)!!      2 

et  cette  quantité  tend  vers  0  avec  le  coefficient  de  a:'^"  dans  la 
série  (10). 

On  peut  donc  faire  a^  =  i  et  l'on  trouve  la  série  : 

71  _  «  (2A:  —  i)  !!       I 

2  ~  ^  "^  T      (2A:)!!       2Â+1" 

402.  Développements  en  séries  des  intégrales  elliptiques  complètes 
(n"  339).  —  Soit  A-2  une  quantité  <  i  ;  en  remplaçant  .v  par 
Asincp  dans  la  formule  (10),  il  vient 

-^z:^=:^=.-z=L  =  I  4-    -  A^  sin"cp  -I V  ^*  sin*  <o  +  ••• 

\Ji  —  k-' sin^  <f>  2  T^        2.4 

Cette  série  converge  uniformément  dans  tout  intervalle  en 
vertu  du  théorème  du  n'^  376,  car  elle  converge  si  sin  cp  =  i,  ce 
qui  maxine  tous  les  termes.  Intégrons-la  donc  de  0  à  tt  :  2,  il 
vient 

F,(A.)  ^  p____iL=^_  ^'!r, + r.' Y  k' + (^yk'+..: 


FONCTIONS  ENTIÈRES.  EXPONENTIELLES  IMAGINAIRES  44^ 

D'autre  part,  en  remplaçant  x  par  —  k^  siu^  tp  dans  le  dévelop- 
pement de  S/l  -\-  X,  on  trouve  la  série,  uniformément  conver- 
gente pour  toute  valeur  de  <f>, 

i.i  ,  .   .    .         I.I.3, 


\/i  —  k^  sin^  cp  ^  I Ai^'sin^cc ^k*sin*(û ^-^/c^sinV  — ... 

^  '2  2.4  '       2.4.6  ~ 

et,  en  intégrant  de  0  à  tt  :  2, 


Mt^)-l 


Toutes  ces  séries  convergent  rapidement  si  A"  est  petit. 

§  6.  Fonctions  entières  élémentaires. 
Exponentielles  imaginaires. 

403.  Définitions.  Formules  d'Euler.  — Nous  savons  (n°^  894  et  SgS) 
que,  z  étant  réel,  on  a 

CD  ^n  00  5;2n  00  zin-Jfi 

(1)  e'=  s  ^,     cos^=  S(-  i)\-^,     sinz  =i:(-i)"7; 


Ces  séries  convergent  pour  toutes  les  valeurs  réelles  ou  com- 
plexes de  z.  Elles  définissent  donc  des  fonctions  entières 
(n''  384).  Il  ®^*  naturel  de  conserver,  pour  représenter  ces  fonc- 
tions, les  mêmes  symboles  dans  le  cas  où  la  variable  est  com- 
plexe que  dans  celui  où  elle  est  réelle.  Nous  prendrons  donc  les 
équations  (1)  comme  définitions  de  e^ ,  sin  z  et  cos  z  pour  toutes 
les  valeurs,  réelles  ou  complexes,  de  z. 

On  vérifie  directement  par  ces  définitions  que  l'on  a 

(2)  cos  ( —  z)  =  cos  z.         sin  ( —  z)  =  —  sin  z, 

(3)  e*'  ==  cos  z  -H  I  sin  z,        e-^*  -=  cos  z  —  i  sin  z. 

De  là,  les  formules  fondamentales  d'Euler  : 

(4)  cos  2  =  -  (e"  +  e-^'),         sinz  =  -r-  (e^*  —  e-"), 

qui  ramènent  les  fonctions  circulaires  à  la  fonction  exponen- 
tielle. 

404.  Généralisation  des  propriétés  fonctionnelles  de  l'exponentielle  et 
des  fonctions  circulaires.  —  En  dérivant  les  séries  (1),  ou  obtient 
immédiatement,  comme  pour  z  réel, 

(6)        D.e*  <=  e' ,        D.cos  z  =  —  sinz,        D  sin  z  =  cos  z. 


^^2  CHAPITRE  XI.  DES  SÉRIES 


Les  règles  de  dérivations  des  fonctions  composées  subsistent 
sans  difficulté  quand  les  variables  s  nt  complexes,  car  la  défini- 
tion générale  de  la  dérivée  est  la  même  que  quand  les  variables 
sont  réelles. 

Remplaçons,  dans  la  série  e^ ,  z  par  la  somme  z  +  z'  de  deux 
quantités  complexes.  On  peut  ordonner  la  série  ainsi  obtenue 
suivant  les  puissances  de  z.  En  effet,  quand  on  a  remplacé  toutes 
les  puissances  de  (z  +  z')  par  leurs  développements,  la  série 
demeure  absolument  convergente.  Elle  converge  effectivement 
quand  on  remplace  z  et  z'  par  leurs  modules  r  et  r',  ce  qui 
donne  une  série  à  termes  positifs.  Or,  dans  une  série  absolu- 
ment convergente,  l'ordre  des  termes  est  indifférent  (n''  378). 

Le  développement  de  e'+^'  suivant  les  puissances  de  z  est 
donné  par  la  formule  de  Maclaurin.  Comme  toutes  les  dérivées 
sont  égales  à  e^'  pour  z  ~  0,  il  vient 

(6)  e^+''  =  e^'fi-\---]-  — ^  =  e^  e^'. 

Donc  toutes  les  propriétés  fonctionnelles  de  l'exponentielle 
réelle  s'étendent  à  l'exponentielle  imaginaire,  car  elles  se  dé- 
duisent de  l'équation  précédente  et  de  la  condition  e"  =  i. 

On  vérifie  l'exactitude  des  équations  : 

r-v  sin  {z  +  z')  =  sin  z  cos  z'  +  cos  z  sin  z', 

cos  {z  +  z')  -=  cos  z  cos  z^ —  sin  z  sin  z', 

en  remplaçant  les  sinus  et  cosinus  par  leurs  expressions  (4)  et 
en  tenant  compte  de  l'équation  (6).  Donc  toutes  les  propriétés 
fonctionnelles  des  lignes  trigonom étriqués  réelles  s'étendent  au 
domaine  complexe,  car  elles  se  déduisent  des  relations  précé- 
dentes en  y  joignant  les  équations  (4)  et  les  conditions  : 

sin  0  =  0,         cos  0  =  1,         sin-=i,         cos  -  =  0. 

2  2 

405.  Décomposition  des  fonctions  précédentes  en  leurs  parties  réelles 
et  imaginaires.  —  Soit  z  =  x  -\-  yi,  x  et  y  étant  réels.  Il  vient, 
par  les  équations  (6)  et  (3), 

(8)  e^  =  e^+i^i  =  e^evi  =  e^ (cos  y  +  i  sin  y). 

Cette  formule  montre  que  e^  a  pour  module  e^  et  pour  argu- 


FONCTIONS  ENTIÈRES.  EXPONENTIELLES  IMAGINAIRES  44^ 


ment  y.  Comme  e^ne  peut  s'annuler  .y  étant   réel,  e^  ne  peut 
s'annuler  pour  aucune  valeur  réelle  ou  complexe  de  z. 

L'équation  (8)  montre  que  e^  est   une  fonction  périodique  de 
période  2Tti,  c'est-à-dire  que,  si  k  est  entier,  l'on  a 

(9)  e^+2*^'  =  e^  . 

Réciproquement,  si  l'on  a  e*+^  ^  e^ ,  z  sera  un  multiple  de  27t/. 
En  effet,  cette  équation  donne 

e*  {e-  —  i)  =  0,       d'où        e^  =  i,       e^(cos  y  -f  i  sin  r)  ^  i, 

d'où  ;x  =  0  et  y  =  ^k-n. 

Les  équations  (7)  et  (4)  donnent  maintenant  : 

sin  (a:  +  yi)  =  sin  :v  cos  yi  +  cos  a-  sin  yi 

ev  -f  e-v    ,    .            ey  —  e-v 
=  sin  X h  i  cos  X . 

2  2 

COS  {x  -f  yi)  ■=  cos  x  cos  yi  —  sin  x  sin  yi 

ev  -f  e-v      .    .          ev  —  e-y 
=  cos  a: — isiua; . 

2  2 

Les  modules  du  sinus  et  du  cosinus  se  déduisent  de  là  : 

ey-^e'y\  .    ,        fev  —  e-v^"^ 


,     oxxx    ^   -p, ,     COS^   X 

'2  J  V  2 

ev  —  e-y\    ,     .    „ 

4-  sin^A", 


cos^  z\  =\ ■- I  cos^a:  -f  f ; 1  sin^  a* 

^ )  +  cos^v. 

Ces  formules  montrent  ([ue  le  sinus  et  le  cosinus  ne  peuvent 
s'annuler  que  si  3'  =  0.  Donc  toutes  les  racines  de  ces  fonctions 
sont  réelles  et,  par  conséquent,  elles  sont  connues. 

406.  Fonctions  hyperboliques.  —  On  appelle  sinus  et  cosinus 
hyperboliques  les  deux  fonctions  : 

ntw     Cl  sin  12       e^  —  e-^       ^,  .       e' +  e--» 

(10)       Shz  = r = .        Ch2  =  C0S2I^  . 

^     '  12'  a 

Ces  fonctions  ont  pour  dérivées  : 

D.  Shz  =  Chz,        D.  Chz  -  Shz. 


444  CHAPITRE  XI.  DES  SERIES 

Elles  satisfont  à  toute  une  série  de  formules  analogues  à 
celles  de  la  trigonométrie  ordinaire,  La  trigonométrie  hyper- 
bolique n'est  pas  distincte  de  la  trigonométrie  ordinaire.  A  toute 
formule  de  celle-ci  correspond  une  formule  de  la  première,  qui 
s'obtient  en  rendant  les  variables  purement  imaginaires.  En 
vertu  des  formules  (10),  le  principe  de  transformation  est  celui-ci: 

Toute  formule  de  la  trigonométrie  du  cercle  en  donne  une  de 
la  trigonométrie  hyperbolique  en  y  remplaçant  cos  z  par  Chz 
et  sin  z  par  i  Shz. 

Bien  entendu,  cette  règle  ne  s'applique  qu'aux  fonctions  ra- 
tionnelles en  sin  z  et  cos  z.  Ainsi,  on  tire  des  formules  (7) 

Sli(2+s')=Sli2Cliz'-Cli0Sli0,      Ch{z-]-z')=^ChzChz'-]-BhzShz', 

et  la  relation  sin^  z  -\-  coa^z  =  i  donne 

Ch^^— 811^2=  I. 

Les  fonctions  étudiées  dans  les  numéros  précédents  sont  les 
plus  simples  des  fonctions  d'une  véritable  complexe.  La  théorie 
générale  de  ces  fonctions  ne  sera  pas  exposée  ici. 


ERRATA. 

Errata  du  tome  I  (3^  édition) 


pages        lignes  (*) 


62 

4 

a«  lieu  de 

inferteure 

lisez 

inférieure 

72 

5' 

» 

Net,  T 

» 

NetT, 

169 

16 

j) 

JOUNG 

» 

YOUNG 

202 

1'  et  2' 

)) 

arcs  tangents 

» 

arcs  tangentes 

3g2 

3' 

» 

§5 

» 

§6 

399 

3 

» 

§ 

)) 

§  I 

Suite  de  Terrata  du  tome  II  (2"=  édition). 

pages        lignes 

I  y    au  lieu  de  Ce  contour  enveloppe  lisez  Ce  contour  C  enve- 

une  portion  C  loppeuneportionD 

10    8   »     i\j^'^^     "   \\/^^'^^ 

53  3'   Supprimez  dans  l'énoncé  les  mots  :  toujours  non  croissante 

ou  et  complétez  cet  énoncé  en  faisant  suivre  la  formule 
(2)  des  mots  :  5i  fix)  était  non  croissante,  la  formule  sub- 
sisterait sauf  qu'il  faudrait  y  permuter  A  et  B. 

,76  dernière  Ajoutez  les  mots  :  si  la  série  converge  liniformément  pour 
un  choix  arbitraire  de  bi,  b-z,...  bn  ,...,  l'intégrale  con- 
verge aussi  uniformément. 

91  9    Ajoutez  à  l'énoncé  du  lemme  les  mots  :  //  suffit  pour  cela 

que  les  côtes  du  polygone  soient  suffisamment  petits. 
III      i3  à  40    Dans  l'énoncé  et  la  démonstration  de  cette  proposition 

préliminaire,  il  faut  remplacer  la  fraction  j  par  y  (donc 

3  8  \ 

quart  par  neuvième  et  —  par  —  ),  D'autre  part,   l'ensem- 

4  Q/ 

ble  E«  pouvant  n'être  pas  mesurable  (**),  il  faut  rempla- 
cer mKn]  par  w^En . 

(*)  L'accent  signifie  qu'il  faut  compter  en  remontant. 

(")  C'est  M.  Caratheodory  qui  m'a  fait  cette  remarque,  ce  dont  je  le  remer- 
cie. Il  est  encore  facile  de  voir  que  iiieEn  tend  vers  wtE,  parce  que  chaque 
En  est  contenu  dans  un  ensemble  E„  mesurable  (B)  et  de  mesure  m«En 
(t.  I,  n»  80).  Si  les  mesures  des  E„  (qui  croissent  quand  ^n  décroît)  avaient 
une  limite  <  wtE,  l'ensemble  limite  restreint  de  la  suite  E[  ,  E^,-..  ferait 
aussi  de  mesure  <  mE  (t.  II  n°  90  ou  t.  I  n*  81),  ce  qui  est  impossible  car 
il  con tient  E. 


446  ERRATA 


pages          lignes 

112                    7' 

au 

lieu  de 

e>0 

lisez 

e  =  0 

118         y 

» 

annulle 

» 

annule 

128         7 

» 

X  infini 

» 

n  infini 

129     5'  et  10' 

» 

Pr, 

» 

DPPn 

i32    14  et  i5 

» 

a  b 

» 

fl'  b' 

i35             18 

» 

(l  —  bm)  cos  mx   » 

bm{i — COS  mx) 

i38               I 

» 

1733 

» 

1753 

142  8  »  »  j 

149  6    Ajoutez  :  En  effet,       — —  da  revient  à   la   difïérence 


r-i: 


't^'  sin  a 

û?a  de  deux  intégrales  positives,  cha- 


cune 


<   I     qui  mesure  la  première  arcade  de  la  courbe 
Jo 
y  =  sin  a  :  a  formée  d'arcades  décroissantes  de  signes 

alternés. 
i55  4     au  lieu  de        F(2tt)  —  F(0)    lisez  F(27r) 

»  5      Api^ès  le  mot  «  bornée  »  ajoutez  :  et  s'annulant  aux  li- 

mites 0  et  2"^, 
i56  II      au  lieu  de  positifs  lisez     positifs  et  ^  i, 

»  4'    Permutez  les  Z  dans  chaque  parenthèse. 

l6o  5'    au  lieu  de  dx  lisez  da 

170  10  »  Scharz  »  Schwarz 

a,  /  ^,  (X  —  Xo)^ 

»  3  »  (x  —  xoY^  » . 

171  I  »  /(^o)  »  que/(;«r)] 

172  l'  »  Rn+i— R?i  »  Rn— Rn+i 

173  7  et  8      Changez  les  signes  de  tous  les  R. 

ig6  5  au  lieu  de  \Jx^-{-y^  lisez  Sjx^  -\-y^  dx 

ao8  i5'           »  Pa                 »                   px 

223  12             »  Vu                   »                   jv" 

243  7'            »  e^^                  w                    e''^ 

zady  _  zady 

272  12  »  ±  — —  »  =F  — - 

y  y 

3oi  II'  »  {i=  1,  2...n)         »        (î  =  i,  2,...«  —  i) 


r     »      r 


3q4  II 

3o5               8            »                  Xa  »                  ;i^7i 

^/  d 

—^~  »                 - — 

dxft  ûxh 

329                10               »              +^n;r^  »         +ûn3^- 


325        dernière 


MODIFICATIONS  A  APPORTER  AUX  RENVOIS  DU  TOME  11  AU  TOME  I     447 


pages        lignes 

333              12 

Donnez  le  n»  8  à  cette  équation. 

362              i3 

Remplacez  Ap  et  A9  par  yP  et  v« 

363              i6 

au  lieu  de               2°)                Usez 

1°) 

363    dernière 

»             xiP)  ;t(P+«)             » 

xiP]   ;»;[l'+i]. 

409             20 

»                      (a)                   » 

a 

Modifications  à  apporter  aux  renvois  du  t.  II  au  t.  I 
pour  les  mettre  d'accord  avec  la  3«  édition. 


Nouvelles  références 

§9 
§3  et  4 
346 
170 
202 
33g 

232 

233 

377  à  379 

238 

2l3 

346 

23g 

242 
241 
240 

54 
Intr.  §  II 

77 
78 

8i(*) 
85 
82 
84 
82,  247,  253 
245 
Supprimez  les  notes 
^)    théor.  VI  (no  263 
257 
236 
237 
Intr.  §  i3 
88 


{♦)  Les  ensembles  Ei,  E2,,..  étant  supposés  mesurables  dans  la  3e  édit.  du 
tome  I,  on  se  bornera  aussi  à  ce  cas  dans  l'énoncé  du  tome  II  et  on  con- 
sidérera la  mesure  existante  des  ensembles-limites. 


Pages 

Lignes 

Anciennes  références 

I 

l' 

§11 

2 

l' 

§4 

i3 

20 

357 

21 

16 

175 

38 

i3' 

208 

40 

10 

348 

53 

i3 

244 

64 

8 

245 

78 

2' 

288  et  28g 

79 

14 

25o 

80 

14 

220 

91 

2 

357 

97 

i' 

253 

99 

4'  et  12' 

258 

14 

256 

100 

6' 

255 

ICI 

19 

5g 

io3 

14' 

Chap.  VI,  §3 

104 

7 

266 

— 

14 

267 

— 

23 

270 

■ — 

3o 

271 

io5 

18' 

273 

— 

10' 

273 

106 

3 

274 

107 

16 

275 

108  et  log 

117 

8 

théor.  VII  (n0  2i 

124 

22 

282 

126 

17 

248 

— 

23 

249 

147 

2' 

Chap.  IX,  §  3 

— 

i' 

36i,  60 

448     MODIFICATIONS  A  APPORTER  AUX  RENVOIS  DU  TOME  II  AU  TOME  I 


Pages 

Lignes 

170 

6 

270 

81 

196 

14 

161 

i63 

273 

8  et  5' 

3i4 

3o2 

295 

9' 

i57 

i59 

38i 

i3 

367 

356 

382 

14 

175 

169 

384 

i' 

403 

392 

398 

6' 

3i6 

304 

406 

2 

282 

321 

412 

5 

P 

.  3o2 

p.  322 

4i3 

II' 

P- 

304 

p.  323 

— 

9' 

284,  3o2 

3o3,  322 

420 

7' 

327 

320 

436 

5' 

33i 

3x8 

ADDITION  AU  TOME  II  (2«  ÉDITION) 


Complément  au  §  7  du  chapitre  IV  : 
Unicité  du  développement  trigonométrique. 

Les  résultats  que  nous  avons  exposés  sur  cette  question  dans  la 
deuxième  édition  du  tome  II  peuvent  être  considérablement  généra- 
lisés, comme  nous  l'avons  reconnu  depuis  et  montré  dans  notre  récent 
Mémoire  Sur  l'Unicité  du  développement  trigonométriqne  (*).  Il  suffit,  pour 
cela,  de  s'appuyer  sur  les  théorèmes  relatifs  à  la  dérivée  seconde  géné- 
ralisée auxquels  nous  avons  consacré  le  §  4  du  chapitre  VIII  du 
tome  I  (3e  édition). 

Nous  allons  exposer  ici  ces  généralisations,  en  indiquant  les  addi- 
tions qu'il  convient  de  faire  à  cet  effet  respectivement  aux  n*»  i5o,  i63 
et  168  du  tome  II  (2^  édition).  On  suppose  ces  additions  intercalées 
respectivement  dans  le  texte  à  la  suite  de  chacun  de  ces  r\^. 

Addition  au  11°  160.  —  Voici  un  autre  théorème,  analogue  au  théo- 
rème précédent  de  M.  Lebesgue  : 

Théorème.  —  Une  série  trigonométrique  dont  le  terme  général  est 
pm  cos  m{x  —  (Xni)  a  l'une  au  moins  de  ses  limites  d'indétermination  infinie 
presque  partout  si  pm  nest  pas  borné  (**). 

Soit  Sm  la  somme  des  m  premiers  termes  de  la  série.  Si  Sm  était  bor- 
né quel  que  soit  m,  le  terme  général  (qui  est  la  différence  de  deux  Sm 
consécutifs)  le  serait  aussi.  Il  suffit  donc  de  prouver  que  5»  pm  n'est  pas 
borné  quel  que  soit  m,  le  terme  général  pm  cos  m{x  —  «m)  ne  peut  l'être  que 
pour  un  ensemble  de  valeurs  de  x  de  mesure  nulle. 

Si  Pm  n'est  pas  borné,  on  peut  extraire  de  la  suite  positive  pi,  pi,... 
une  suite  constamment  croissante.  Il  suffit  de  démontrer  la  proposition 
par  celle-ci.  Admettons  donc  tout  de  suite  que  pm  croisse  avec  m. 

Soit  Em  l'ensemble  des  points  de  l'intervalle  (o,27t)  pour  lesquels  on  a 
I  pm  COS  m  {x  —  im)  I  >  \)pm  OU  COS  m{x  —  a,«)  >  — ^zr.. 


(♦)  Bulletin  de  V Académie  royale  de  Belgique.  (Classe  des  sciences)  n»  n,  1912 
et  no  I,  1913. 

(•♦)  C.  de  la  Vallée  Poussin,  Bulletin  de  F  Académie  royale  de  Belgique.  (Classe 
des  sciences),  igi3,  n"  i,  pp.  9-14. 


45o 


ADDITION  AU  TOME  1 1 


La  mesure  de  Km  tend  évidemment  vers  2^:  quand  m  et  pm  avec  lui 
tendent  vers  l'infini. 

Or  Pm  CCS  m{^  —  a,,,)  ne  peut  être  borné  quel  que  soit  w  si  ;*;  appar- 
tient à  une  infinité  d'ensembles  de  la  suite  Ei,  Eg,...  c'est-à-dire  à 
l'ensemble  limite  complet  E  de  cette  suite.  Mais,  quelque  petit  que 
soit  e,  cette  suite  contient  une  infinité  d'ensembles  de  mesures 
>  27T  —  e,  donc  E  est  de  mesure  >  air  —  s  (t.  I,  n°  8i)  et,  par  consé- 
quent, de  mesure  2-^,  puisque  e  est  arbitraire.  Ainsi  son  complémen- 
taire (qui  contient  tous  les  points  où  pm  est  borné)  est  de  mesure  nulle, 
C.  Q.  F.  D. 

Addition  au  n»  163.  —  Remarque.  —  On  démontre  d'une  manière 
analogue  la  proposition  suivante  : 

Si,  pour  une  valeur  donnée  de  x,  la  somme  Sn  des  n  premiers  termes  de  la 
série  (1)  est  bornée  quel  que  soit  «,  l'expression  (3)  le  sera  aussi  quand  a.  ten- 
dra vers  0  et  ses  limites  d'indétermination  ne  surpasseront  pas  en  valeur  abso- 
lue l'expression  kS,  oit  k  est  un  facteur  numérique  indépendant  de  x  et  S  la 
plus  grande  limite  de  \  Sn  \  . 


En  effet,  en  subsdtuant  Sn-\- 1  —  5n  à  An ,  l'expression  (3)  devient 

\ 

S  Sn 


sin(«  —  i)a\^       /sin  «a\2 


(,« —  ija 

Pour  déterminer  les  limites  d'indétermination  de  cette  somme,  on 
peut  faire  abstraction  d'un  nombre  de  termes  aussi  grand  qu'on  veut 
au  début,  car  tous  ces  termes  tendent  vers  0.  On  peut  donc  raisonner 
comme  si  tous  les  Sn  ne  pouvaient  surpasser  qu'infiniment  peu  S.  Les 
limites  d'indétermination  ne  surpasseront  donc  pas  en  valeur  absolue 


is  r  d('-^y  <sr\d( 


, /sina\2 


\    "^ 


ce  qui  prouve  la  proposition. 

Addition  au  n^  168.  —  La  démonstration  de  ce  théorème  de  M.  Le- 
besgue  résulte  naturellement  des  principes  exposés  dans  les  nos  précé- 
dents. Mais  on  peut  aller  beaucoup  plus  loin,  à  la  condition  d'utiliser 
les  théorèmes  plus  généraux  sur  la  dérivée  seconde  généralisée,  ex- 
posés dans  le  tome  I  (Chap.  VIII,  §4).  On  a,  en  eftet,  le  théorème 
suivant  : 

Théorème.  —  Si  une  fonction  finie  et  sommable  f{x)  de  période  21: 
admet  un  développement  trigonométrique,  ce  ne  peut  être  que  celui  de  Fourier. 

Comme /(at)  est  la  dérivée  seconde  généralisée  de  la  fonction  ¥{x) 
définie  par  (2)  en  chaque  point  de  convergence  de  la  série  (1)  (n"  i63), 
le  théorème  précédent  n'est  qu'un  cas  particulier  du  théorème  plus 
général  que  voici  : 


ADDITION  AU  TOME  II  45l 


Théorème.  —  Soit  toujours  Sn  la  somme  des  n  premiers  termes  de  la  série 
trigonométrique  quelconque  (1),  convergente  ou  non.  Si,  n  fendant  vers  Vinfini, 
les  plus  grande  et  plus  petite  limites  de  Sn  sont  des  fonctions  finies  et  somma- 
bles  de  X,  la  série  trigonométrique  (1)  est  la  série  de  Fourier  de  chacune  des 
dérivées  secondes  généralisées  (supérieure  et  inférieure)  de  F (;«;). 

Soient  4'i(^)  et  '^z{x)  les  limites  d'indétermination  (fonctions  de  x)  de 
sn  quand  n  tend  vers  l'infini.  Elles  sont  donc  finies  et  sommables  par 
hypothèse. 

La  fonction  ¥{x)  construite  par  la  formule  (2)  sera  continue  (n»  162), 
parce  que  les  coefficients  an  et  bn  seront  bornés  par  hypothèse  (en 
vertu  du  théorème  indiqué  ci-dessus  comme  addition  au  n»  160)  et, 
par  conséquent,  la  série  (2)  sera  uniformément  convergente. 

Considérons,  pour  fixer  les  idées,  la  dérivée  seconde  généralisée 
supérieure  de  ¥{x).  Cette  fonction  <ifi{x)  est  la  plus  grande  limite  de 
A2F(Ar)  :  4»^  quand  a  tend  vers  0  ;  elle  est  donc  finie  et  sommable,  parce 
qu'elle  ne  peut  surpasser  la  fonction  sommable  k  \  <\>i  \  -{-  k  \  <\i2  \  en 
vertu  de  la  remarque  ajoutée  ci-dessus  au  no  i63. 

La  primitive  de  fi{x)  se  construit  donc  par  le  théorème  du  no  276  du 
tome  I  (en  y  remplaçant/ par  cpi)  ;  il  vient  ainsi 

F{x)=  ]    dx  \    (fi{x)dx-\-px-^q, 
Ja         Ja 

F'(;r)=  fV(^)+l>. 
Ja 

Soient  «m  et  Pm  les  constantes  de  Fourier  de  fiix),  à  savoir 

I     f27V  j     /-Î7C 

am==-|     <fi{x)  cos  mxdx,        Pm  =  -  1     <fi{x)  sinmx  dx. 
''^Jo  ''^Jo 

Multiplions  par  -  cos  mx  dx  les  identités 

A2F(Ar)=        \¥\x^t)  —  W{x  —  t)'\dt=^\      dt\    <p,(Ar  +  «)rf«; 
Jo  Jo  J-t 

puis  intégrons  les  deux  membres  extrêmes  par  rapport  à  a?  de  0  à  2it. 
Observons  que  l'intégration  peut  se  faire  sous  le  signe  f  et  que  <pi 
étant  périodique,  on  a 

—  \     ^\{'(-\-u)cosmxdx  =  ~\     <fi(x)cosm{x — u)dx 
=  «m  COS  mu  +  Pm  sin  mu  ; 
nous  trouvons  ainsi  (l'intégrale  du  sinus  étant  nulle) 

I  /•2'^  fî»       C^  sin'^»»a 

-1     i!^^F{x)  cos  mx  dx  =  oL„i  \      dt  \     cos  mu  du  =  j^am 1 — • 

'^^o  jo         J-t  '» 


4^2  ADDITION  AU  TOME  II 


D'autre  part,  en  remplaçant  ^^F{x)  par  son  développement  unifor- 
mément convergent  tiré  de  (3),  à  savoir 

i^^b{x)  =  4.1  (an  cos  nx  +  bn  sm  «;ir) , 

0  V     «    y 

nous  trouverons  comme  valeur  de  la  même  intégrale 


I  r2- 

-       A2F(. 


X)  cos  w;»;  fïX  =  4am ^.3 — . 


Comparant  les  deux  résultats,  il  vient  um  =  a^j  ;  de  même,  bm  =  pm- 
Donc  la  série  (1)  est  la  série  de  Fourier  de  tpi(Ar).  C.  Q.  F.  D. 

Le  théorème  précédent  peut  encore  être  généralisé  de  la  manière 
suivante  : 

Théorème.  —  Considérons  une  série  trigonométrique  (1)  dont  les  coe-ffi- 
cients  tendent  vers  0.  5»  les  plus  grande  et  plus  petite  limites  de  Sn  pour  u 
infini  sont  des  fonctions  sommables  de  x,  finies  sauf  peut-être  dans  un  ensem- 
ble E,  la  série  trigonométrique  sera  la  série  de  Fourier  de  chacune  des  déri- 
vées secondes  généralisées  ds  V{x),  pourvu  que  Vensemble  E  n'ait  pas  la 
puissance  du  continu  ou  ne  contienne  pas  d'ensemble  parfait. 

Ce  théorème  se  démontre  comme  le  précédent  en  substituant  seule- 
ment au  théorème  du  n»  276  du  tome  I  celui  du  no  277.  On  observe  que, 
an  et  bn  tendant  vers  0  par  hypothèse,  ¥{x)  vérifie  la  condition  (K) 
invoquée  dans  ce  théorème,  en  vertu  du  deuxième  théorème  de  Rie- 
mann  (n»  164). 

Ce  théorème  fournit,  en  particulier,  l'extension  suivante  du  théorème 
d'unicité  de  Heine-Cantor  (no  i65)  : 

Corollaire.  —  Une  fonction  f{x)  périodique  de  période  2Tr  ne  peut  ad- 
mettre deux  développements  trigonométriques  qui  convergent  partout  et  cela 
vers  f{x),  sauf  dans  un  ensemble  n'ayant  pas  la  puissance  du  continu  ou  ne 
contenant  pas  d'ensemble  parfait  {en  particulier,  dans  un  ensemble  dénom- 
brable). 

On  se  débarrasse  ainsi,  comme  on  le  voit,  de  la  condition  de  réduc- 
tibilité  admise  au  no  i65. 


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